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Citations

« L’enfant américain est, à l’âge de huit à dix ans déjà, introduit dans les mécanismes du marché : achat, vente, consommation, rémunération pour un job. Ce conditionnement du début est répercuté plus tard dans tous les actes de la vie, le businessman étant considérée comme le type idéal. »

— Thomas Molnar, Moi, Symmaque (1999), éd. L’Âge d’homme, 1999, p. 85


« [...] la “société ouverte” de Karl Popper pour caractériser l’immunité contre la décadence. Popper ne fait que choisir la formule de sa préférence — la démocratie libérale telle qu’elle a été à l’honneur en 1945, l’année de la défaite des alternatives — lui coller une étiquette de valeur positive, et l’appeler norme. Nous observons, cependant, que dans la société de type poppérien la décadence est un thème encore plus fréquent que dans les “société closes”, peut-être parce que, tout en étant ouvertes dans la dimension horizontale, elles sont bloquées dans la dimension verticale. »

— Thomas Molnar, Moi, Symmaque (1999), éd. L’Âge d’homme, 1999, p. 76


« Ce qui est nouveau est la liquidation forcée, étatique mais déjà mondiale, des structure familiales, sociales, d’homme à homme, d’homme à femme. Familles de lesbiennes avec droit d’adopter des enfants ; cultes orgasmiques ; jeux sexuels à l’école primaire ; interdiction aux parents d’avoir leur mot à dire lorsque leur fille conçoit, puis se fait avorter ; sectes sataniques ; scènes de viol suivi de torture et de meurtre autorisées sur vidéo par la Cour Suprême, au nom de la liberté d’expression. Voilà ce que Maritain n’avait pas prévu. »

— Thomas Molnar, Moi, Symmaque (1999), éd. L’Âge d’homme, 1999, p. 33


« Le Concile était l’américanisation de Rome, le pendant historique de sa romanisation il y a deux mille ans. Mais Rome avait été simplement, je dirais humainement, païenne, l’Église arrivait dans un milieu déjà sacralisé, meublé de ces Grands Objets sans lesquels une civilisation compte pour être mutilée. Voilà aussi la raison pour laquelle Symmaque pouvait se sauver du désespoir : le milieu changeait de dieux, mais le sacré restait. Par contre, l’Amérique dans la seconde moitié du XXe siècle n’est même pas païenne, elle est essentiellement antiromaine (dans les deux sens), une société civile plate et matérialiste, une puissance planétaire occupée uniquement par le business et la sécularisation que celui-ci existe et impose. Bref, un impérialisme sans empire. Rien de plus naturel, mais en même temps de plus catastrophique, que la victoire de l’esprit américaniste au Concile, que la démocratisation de son discours, que son option dissimulant à peine le futur pluralisme. »

— Thomas Molnar, Moi, Symmaque (1999), éd. L’Âge d’homme, 1999, p. 32


« [...] l’Église propose un monde laïcisé, marchand et social-démocrate, et vend la globalisation planétaire avec le même contenu et la même ferveur glacée que l’ONU, l’OTAN et les bureaucrates de Bruxelles. »

— Thomas Molnar, Moi, Symmaque (1999), éd. L’Âge d’homme, 1999, p. 29


« Jacques Maritain qui faisait le pont (pontifex maximus d’une religion nouvelle ?) entre le catholicisme “féodal” de l’Europe et le catholicisme “démocratique” des États-Unis [...].

[...] le culte de Maritain, à l’opposé de celui de Bernanos, battait son plein, et que les catholiques américains avaient, vers 1960, une double raison de célébrer : l’élection du premier président de souche catholique et l’ouverture de Vatican II [...]. »

— Thomas Molnar, Moi, Symmaque (1999), éd. L’Âge d’homme, 1999, p. 26-31


« Aussi, la France, coupable déjà d’avoir détruit, en 1920, l’équilibre de l’Europe de l’Est, se rend-elle coupable une nouvelle fois d’anéantir l’Europe et sa diversité. Cela s’appelle Maastricht. »

— Thomas Molnar, Moi, Symmaque (1999), éd. L’Âge d’homme, 1999, p. 23


« On discute depuis longtemps de la “signification” de Mai 68 ; aujourd’hui, le diagnostic s’offre de lui-même : le début de l’américanisation de la France et de l’Europe : rupture des structures et des liens sociaux, failles apparues dans la famille et à l’école, banalisation des aspects de la vie, et un peu plus tard les effets néfastes dans l’architecture (Pyramide, Beaubourg, colonnes de Buren, Opéra-Bastille). »

— Thomas Molnar, Moi, Symmaque (1999), éd. L’Âge d’homme, 1999, p. 20


« Entre les bastions exclusivement économiques et l’internationalisme au nom du marché planétaire, la nation reste la seule entité authentiquement pluraliste, faisant obstacle à la fois à l’ancien égoïsme de classe et à l’unité informe, artificielle d’une société de consommation. Face à l’américanisme, il n’y a pas de place pour une “doctrine européenne”, par conséquent pour une autre idéologie. Il n’y a que des nations européennes, en bonne ou mauvaise entente, en prise aux vicissitudes de l’histoire et à la Providence. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 97


« Le programme des partis de droite dans bon nombre de pays européens est une copie conforme de celui du conservatisme américain, lequel, entre-temps, s’est transformé en un “néo-conservatisme”, c’est-à-dire en une idéologie du capitalisme pure et simple, avec quelques slogans “culturels” en supplément pour faire peau neuve et surtout pour des raisons de publicité. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 82


« Ces économistes libéraux et leurs partenaires philosophiques affirment que la nation est une idée vague, que l’homme n’appartient qu’à lui-même, que l’appartenance à une race, à un langage, à un pays est secondaire (Mises) et que les frontières sont périmées car seule la mobilité de la marchandise compte. Hayek voit le grand mérite du système du libre marché dans le fait que celui-ci ne reconnaît aucune finalité [...] autre que le bonheur personnel. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 63


« Une fois établi que parler d’un modèle pour l’Europe équivaut à son asservissement — car l’Europe n’est pas une et elle n’a pas besoin de modèles, autre terme pour désigner l’uniformité [...]. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 62


« [...] la nation doit l’emporter sur l’internationalisme [...]. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 61


« Reste l’internationalisme américain dont nous avons dit qu’il allait installer des chevaux de Troie en Europe qui déverseront des légions d’agents, non pas en une seule nuit mais sans cesse, au nom de la paix, du libéralisme, des entreprises transnationales, de la pédagogie modernisée, de la liberté du commerce et autres cadeaux — que l’Europe n’osera même pas craindre à l’instar des Troyens plus prudents. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 60


« [...] l’internationalisme n’est jamais de bon aloi, il dissimule toujours les intérêts économiques ou idéologiques d’un peuple momentanément plus puissant que les autres. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 59


« La modernité aujourd’hui porte le visage de l’Amérique. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 54


« Dan les siècles passés, l’uniformisation se faisait par la pratique religieuse ; de nos jours, elle s’effectue par la consommation. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 53


« Nous devrions appeler de nos vœux le jour où il y aura des “américanologues” au même titre qu’il y a eu des “soviétologues” pendant des décennies. La raison de ce vœu est que les années qui suivent connaîtront un accroissement très considérable de l’influence américaine qui n’aura sa marée basse que bien après le retrait militaire des troupes du continent européen. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 29


« Il y avait certainement l’intérêt d’une société essentiellement marchande à veiller sur la liberté des mers, des ports, des voies de communication — tous menacés en cas de victoire allemande. Car celle-ci aurait fait du continent européen un rival de l’Amérique, perspective inacceptable pour Washington — comme c’est d’ailleurs aussi l’organisation du Pacifique par le Japon en ce moment. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 28


« Les deux tentations sont l’utopisme libéral qui vise à une société civile pluraliste avec un État faible et une religion désinstitutionnalisée, marginalisée — voilà les idées incarnées aux États-Unis —, et la théocratie socialiste, qui supprime la société civile comme lieu de mouvements incontrôlables, crée une poignée d’élus (le Parti, la nomenklatura), et imposte l’idéologie en tant que religion. C’est l’Union soviétique. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 17


« [...] l’Europe, le XXe siècle, les temps modernes sont devenus “américanomorphes”. On ne peut scruter la face ouverte ou cachée de l’Occident sans rencontrer à chaque moment une référence à l’Amérique. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 14


« Nous avons dit ce que les États-Unis ne sont pas. Que sont-ils donc ? D’abord, un conglomérat d’individus immigrés, ayant coupé leurs racines dans le temps et dans l’espace, et par conséquent modelables, maniables. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 13


« [...] les États-nations de l’Europe — et cette constatation est valable pour le reste du monde — ne se sentent pas investis d’une mission, ils ne songent pas, même en fouillant leur for intérieur, à améliorer l’état moral de l’humanité, et ils se cantonnent, idéologiquement, à l’intérieur de frontières qui ne ses déplacent que selon l’intérêt national, tenant forcément compte de l’intérêt national du voisin. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 13


« Le terme de “société occidentale”, est par ailleurs, assez ambigu, et dans le temps et dans l’espace. Dans l’espace, parce que la société occidentale ne reconnaît pas de frontières ni de limites véritables, elle porte son impact, ses marchandises et ses techniques partout sur la planète ; elle plante, sinon son drapeau à la manière des anciens impérialismes, du moins son mode de vie et sa vision du monde. »

— Thomas Molnar, L’Américanologie : Triomphe d’un modèle planétaire ? (1991), éd. L’Âge d’homme, 1991, p. 11


« Autrement dit, la position contre-révolutionnaire est restée une position de réaction, et non d’initiative. La littérature contre-révolutionnaire s’épuise à examiner scrupuleusement les raisons pour lesquelles une situation et une société données ne répondent pas au schéma rationnel des révolutionnaires. Autrement dit, elle se limite à des réfutations qui, si brillantes soient-elles, tombent à plat dans le climat actuel parce qu’elles sont concrètes et peuvent être jour après jour plus exactement vérifiées. Ils n’ont pas la passion qui détermine les révolutionnaires à l’action et qui, selon les contre-révolutionnaires, est une détermination insuffisantes. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 293-294


« La psychanalyse, le marxisme, l’existentialisme, le structuralisme, ou bien réduisent l’homme à des éléments dans lesquels il ne se reconnaît plus lui-même, vers lesquels le sens du moi, la conscience, ne peuvent jeter aucun pont ou bien diminuent l’homme jusqu’à le dissoudre dans une structure indépendante de lui et qui le dépasse. L’entreprise radicalement terroriste dont il s’agit a commencé avec le marquis de Sade qui, incapable de s’attaquer à Dieu, a tenté de détruire son image dans ses créatures ; les descendants modernes de Sade ne font plus à Dieu ce compliment de l’attaquer directement, mais, toujours incapables de détruire l’homme, ils se rabattent sur les propres créations de l’homme, celles de sa raison : la philosophie, l’histoire, l’art et la littérature. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 285-286


« En deux cents ans, les révolutionnaires ont réussi à couvrir le monde d’un manteau d’idées fausses. Le monde vit, en conséquence, dans un état de conflit permanent entre ces idées et la réalité, qui les rejette sans cesse, se révolte contre elles et les défie. Selon la description de l’historien français Jean-Richard Bloch, “L’ère des guerres de religion est la nôtre, race contre race, continent contre continent, philosophie contre philosophie. Ces guerres sont plus cruelles et impitoyables que les guerres traditionnelles entre les nations. Nous sommes aujourd’hui les témoins d’une immense guerre civile à l’échelle du monde”. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 275-276


« N’oublions pas qu’en 1945 la propagande révolutionnaire n’a pas seulement célébré une victoire politique, elle a annoncé, dans un enthousiasme utopiste caractéristique, le nouvel âge d’une humanité refondue où seul leur monopole ne serait plus remis en question : le monopole politico-culturel allait se transformer en orthodoxie religieuse, avec droit d’inquisition sur les manifestations sporadiques de ce qui survivrait de la pensée contre-révolutionnaire. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 239


« [...] après 1945 le pouvoir est aux mains des agents de propagande qui détiennent les moyens communication [...]. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 236


« Les premières générations de contre-révolutionnaires avaient placé leurs espoirs dans la restauration de la monarchie. Derrière cette aspiration il y avait plus que de la loyauté envers la personne du monarque et la dynastie ; il y avait, au premier chef, l’option philosophique pour une société d’ordre, d’ordre parce qu’en un point — en la personne du monarque — elle communiquait avec une sphère plus élevé que celle de la politique, avec un principe d’ordre, et finalement avec l’ordre transcendantal. [...]

La génération contre-révolutionnaire d’après 1945, tout en conservant une certaine couleur monarchique du fait de la piété familiale et de la loyauté de camaraderie, était néanmoins prête à accepter d’autres voies que la personne d’un roi pour la recherche du sacré. Même auprès des contre-révolutionnaires monarchistes, un roi remonté sur le trône de sa famille n’était guère plus considéré comme autre chose qu’une version renforcée — ou souhaitée telle — de l’“homme fort” qui, bien que sans doute davantage capable d’occuper le sommet de l’édifice national, était empêché au départ par son incapacité d’assurer la continuité, et donc la légitimité. Les contre-révolutionnaires français de 1958 virent dans le comte de Paris une sorte de de Gaulle de longue durée, et les contre-révolutionnaires espagnols voient en Don Juan, le prétendant, une possibilité de perpétuer le général Franco. Ceux d’entre les contre-révolutionnaires français et espagnols qui restèrent opposés à l’idée d’une telle succession, l’étaient non par hostilité à la monarchie en tant que telle, mais parce qu’ils comprenaient que ces prétendants, comme d’autres prétendants (leur nombre va s’amenuisant), pourraient bien se révéler ne pas être des “hommes providentiels”, mais au contraire se montrer moins contre-révolutionnaires que les “hommes forts” qui les ont précédés. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 230-232


« Après 1945 les contre-révolutionnaires se retrouvent sensiblement dans la même position qu’auparavant. Tous les dangers qui menacent leurs idéaux — la nation, l’Occident, la religion, la culture — ont augmenté, ils ont en fait atteint un stade avancé et leur influence combinée est devenue capable de décomposer et de détruire ces idéaux. C’est aujourd’hui un lieu commun de la contre-révolution que le processus de décomposition a atteint le moment critique et qu’il s’accélère à mesure que s’approche la décadence finale. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 229


« Arrivé à ce point, l’État libéral-démocratique est en train d’adopter une nouvelle forme, que nombre de respectables observateurs politiques affirment n’être ni de “gauche” ni de “droite” : l’État du “management”, de la “production centralisée », la “société de consommation”, ou simplement l’“État industriel” de toute manière, neutre sur le plan idéologique. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 226


« La restauration contre-révolutionnaire a régulièrement échoué, non en raison de quelque faiblesse intrinsèque dans la philosophie contre-révolutionnaire, mais parce que les contre-révolutionnaires étaient largement incapables d’utiliser des méthodes modernes, une organisation, des slogans, des partis politiques et la presse. Le processus publicitaire était abandonné aux révolutionnaires, si bien que les contre-révolutionnaires se sont toujours montrés sous une lumière défavorable, quand du moins ils parvenaient à se faire connaître. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 179


« Par conséquent, l’intention principale de la doctrine politique des contre-révolutionnaires étaient de prouver que la nature organique des sociétés s’oppose à la révolution comme une destruction brutale de la vie nationale, c’est-à-dire de l’harmonie qui relie la communauté au citoyen, le gouvernement à la nation, le passé au présent, l’histoire à l’avenir. Le centre de gravitation de cette thèse est la croyance que le rythme authentique des sociétés est contraire à la fièvre révolutionnaire ; que le gouvernement est le garant de ce rythme ; et que le progrès suppose la paix sociale, une légifération prudente et minimale, la protection contre le risque de révolte. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 165


« L’inspiration collectiviste est inséparable de la discipline, et la discipline de la hiérarchie. Quiconque a essayé d’organiser les contre-révolutionnaires a dû constater que ces gens tendent à placer leurs intérêts personnels au-dessus de l’appartenance à une organisation. La plupart des association de contre-révolutionnaires font commencer leurs demandes de soutien par une excuse pour cette intrusion dans la vie privée du membre éventuel, et les terminent en l’assurant que ses services ne lui seront demandés qu’avec modération. Le son de trompette des activistes hégéliens n’est pas aussi vague. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 131-132


« Ce qui est essentiel, les révolutionnaires ont rapidement compris que bien que 1789 ait ouvert la porte du pouvoir aux masses, celles-ci ne l’utiliseront jamais pour elles-mêmes, mais permettront seulement qu’il passe entre les mains de ces nouveaux privilégiés que sont les entraîneurs de foules, les faiseurs d’opinion et les idéologues. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 119


« La considération dans laquelle on tient la révolution à notre époque vient principalement de la pénétration progressive des idées d’extrême gauche dans les classes moyennes. Celles-ci les cultivent pour les répandre ensuite dans toutes les directions par tous les moyens de communication disponibles. L’intellectuel issu d’une classe moyenne représente, en tant que membre de la république des lettres, aussi bien individuellement que sur le plan corporatif, un banc d’essai et un champ de bataille pour ces idées ; il n’a pas même besoin de faire du prosélytisme : sa profession de professeur, d’écrivain, de politicien ou de journaliste conserve ces idées en vitrine, tandis que la considération dont il bénéficie, reflet de valeurs et d’une conduite plus traditionnelles, témoigne pour la justesse ou du moins la pertinence de ses propos. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 99-100


« Il faut distinguer entre les intellectuels qui forment les concepts révolutionnaires et ceux qui viennent à leur appui en amplifiant leur voix, en allongeant leurs griffes, en élargissant leur public, en préparant ce dernier à recevoir des idées qu’il n’aurait autrement considérées qu’avec méfiance ou indifférence. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 68


« À mesure que les années passaient, les idées proposées par le parti révolutionnaire paraissaient de plus en plus attrayantes, non pas en raison de leurs mérites intrinsèques, mais parce qu’elles imprégnaient le climat intellectuel, acquéraient un monopole, isolaient les idées contraires en arguant de leur modération pour prouver leur impotence. »

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 59


« L’édifice monarchique s’écroula sous les coups de canon des marchands de formules. »

— Reformulant la thèse de Hippolyte Taine à propos de la révolution française

— Thomas Molnar, La Contre-révolution (1969), trad. Olivier Postel-Vinay, éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1972, p. 59

Textus

Bibliographie

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