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Citations

« J’aimerais tout oublier et me réveiller face à la lumière d’avant les instants. »

— Emil Cioran, « Aveux et Anathèmes » (1987), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1687


« J’escomptais assister de mon vivant à la disparition de notre espèce. Mais les dieux m’ont été contraires. »

— Emil Cioran, « Aveux et Anathèmes » (1987), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1682


« Une flamme traverse le sang. Passer de l’autre côté, en contournant la mort. »

— Emil Cioran, « Aveux et Anathèmes » (1987), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1663


« On se démène tant — pourquoi ? Pour redevenir ce qu’on était avant d’être. »

— Emil Cioran, « Aveux et Anathèmes » (1987), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1663


« L’orgasme est un paroxysme ; le désespoir aussi. L’un dure un instant ; l’autre, une vie. »

— Emil Cioran, « Aveux et Anathèmes » (1987), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1663


« N’avoir plus rien de commun avec les hommes que le fait d’être homme ! »

— Emil Cioran, « Aveux et Anathèmes » (1987), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1656


« Pourquoi les conservateurs manient-ils si bien l’invective, et écrivent en général plus soigneusement que les fervents de l’avenir ? C’est que, furieux d’être contredits par les événements, ils se précipitent, dans leur désarroi, sur le verbe dont, à défaut d’une plus substantielle ressource, ils tirent vengeance et consolation. »

— Emil Cioran, « Essai sur la pensée réactionnaire » (1977), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1557


« Le désespoir de l’homme de gauche est de combattre au nom de principes qui lui interdisent le cynisme. »

— Emil Cioran, « Essai sur la pensée réactionnaire » (1977), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1536


« Toujours le réactionnaire, ce conservateur qui a jeté le masque, empruntera aux sagesses ce qu’elles ont de pire, et de plus profond : la conception de l’irréparable, la vision statique du monde. Toute sagesse et, à plus forte raison, toute métaphysique, sont réactionnaires, ainsi qu’il sied à toute forme de pensée qui, en quête de constantes, s’émancipe de la superstition du divers et du possible. »

— Emil Cioran, « Essai sur la pensée réactionnaire » (1977), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1533


« Serf, ce peuple bâtissait des cathédrales ; émancipé, il ne construit que des horreurs. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1503


« La liberté est une dépense, la liberté exténue, tandis que l’oppression fait accumuler des forces, empêche le gaspillage d’énergie résultant de la faculté qu’a l’homme libre d’extérioriser, de projeter au-dehors ce qu’il a de bon. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1502


« La preuve que l’homme exècre l’homme ? Il suffit de se trouver au milieu d’une foule, pour se sentir aussitôt solidaire de toutes les planètes mortes. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1472


« La base de la société, de toute société, est un certain orgueil d’obéir. Quand cet orgueil n’existe plus, la société s’écroule. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1462


« Dès qu’on sort dans la rue, à la vue des gens, extermination est le premier mot qui vient à l’esprit. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1456


« Au Zoo. — Toutes ces bêtes ont une tenue décente hormis les singes. On sent que l’homme n’est pas loin. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1452


« Heureux tous ceux qui, nés avant la Science, avaient le privilège de mourir dès leur première maladie ! »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1445


« Où aller, où demeurer ? et que chercher encore dans le brouhaha d’une planète babylonisée ? »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1437


« [...] il est légitime de se demander si l’humanité telle qu’elle est n’aurait pas intérêt à s’effacer maintenant plutôt que de s’exténuer et s’avachir dans l’attente, en s’exposant à une ère d’agonie, où elle risquerait de perdre toute ambition, même celle de disparaître. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1433


« La société d’alors, nous le savons maintenant, était tolérante parce qu’elle manquait de la vigueur nécessaire pour persécuter, donc pour se conserver. [...]

La Révolution fut provoquée par les abus d’une classe revenue de tout, même de ses privilèges, auxquels elle s’agrippait par automatisme, sans passion ni acharnement, car elle avait un faible ostensible pour les idées de ceux qui allaient l’anéantir. La complaisance pour l’adversaire est le signe distinctif de la débilité, c’est-à-dire de la tolérance, laquelle n’est, en dernier ressort, qu’une coquetterie d’agonisants. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1416


« Le monde antique devait être bien atteint pour avoir eu besoin d’un antidote aussi grossier que celui qu’allait lui administrer le christianisme. Le monde moderne l’est tout autant à en juger par les remèdes dont il attend des miracles. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1416


« Dès que les animaux n’ont plus besoin d’avoir peur les uns des autres, ils tombent dans l’hébétude et prennent cet air accablé qu’on leur voit dans les jardins zoologiques. Les individus et les peuples offriraient le même spectacle, si un jour ils arrivaient à vivre en harmonie, à ne plus trembler ouvertement ou en cachette. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1354


« Une société est condamnée quand elle n’a plus la force d’être bornée. Comment, avec un esprit ouvert, trop ouvert, se garantirait-elle des excès, des risques mortels de la liberté ? »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1352


« Tant qu’une nation conserve la conscience de sa supériorité, elle est féroce, et respectée ; — dès qu’elle la perd, elle s’humanise, et ne compte plus. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1350


« Tous ces peuples étaient grands, parce qu’ils avaient de grands préjugés. Ils n’en ont plus. Sont-ils encore des nations ? Tout au plus des foules désagrégées. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1350


« L’Occident : une pourriture qui sent bon, un cadavre parfumé. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1350


« Toute civilisation exténuée attend son barbare [...]. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1350


« Le Progrès est l’injustice que chaque génération commet à l’égard de celle qui l’a précédée. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1349


« Un peuple ne fait qu’une seule révolution. Les Allemands n’ont jamais réédité l’exploit de la Réforme, ou plutôt ils l’ont réédité sans l’égaler. La France est restée pour toujours tributaire de quatre-vingt-neuf. Également vraie pour la Russie et pour tous les pays, cette tendance à se plagier soi-même en matière de révolution, est tout ensemble rassurante et affligeante. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1349


« Chaque génération vit dans l’absolu : elle se comporte comme si elle était parvenue au sommet, sinon à la fin, de l’histoire. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1347


« L’humanité, une fois détruite ou simplement éteinte, on peut se figurer un survivant, l’unique, qui errerait sur la terre, sans même avoir à qui se livrer... »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1346


« Pourquoi craindre le néant qui nous attend alors qu’il ne diffère pas de celui qui nous précède [...]. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1329


« Il faut souffrir jusqu’au bout, jusqu’au moment où l’on cesse de croire à la souffrance. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1319


« En permettant l’homme, la nature a commis beaucoup plus qu’une erreur de calcul : un attentat contre elle-même. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1318


« Si on avait pu naître avant l’homme ! »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1302


« On ne détruit une civilisation que lorsqu’on détruit ses dieux. Les chrétiens, n’osant attaquer l’Empire de front, s’en prirent à sa religion. Ils ne se sont laissés persécuter que pour mieux pouvoir fulminer contre elle, pour satisfaire leur irrépressible appétit d’exécrer. Qu’ils eussent été malheureux si on n’eût pas daigné les promouvoir au rang de victimes ! Tout dans le paganisme, jusqu’à la tolérance, les exaspérait. »

— Emil Cioran, « Le Mauvais démiurge » (1969), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1185-1186
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« La nostalgie de la barbarie est le dernier mot d’une civilisation ; elle l’est par là même du scepticisme. »

— Emil Cioran, « La Chute dans le temps » (1964), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1106


« Une civilisation débute par le mythe et finit par le doute [...]. »

— Emil Cioran, « La Chute dans le temps » (1964), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1096


« [...] le “progrès” est l’équivalent moderne de la Chute, la version profane de la damnation. Et ceux qui y croient et en sont les promoteurs, nous tous en définitive, que sommes-nous sinon des réprouvés en marche, prédestinés à l’immonde, à ces machines, à ces villes, dont seul un désastre exhaustif pourrait nous débarrasser. »

— Emil Cioran, « La Chute dans le temps » (1964), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1087


« [...] la démocratie est tout ensemble le paradis et le tombeau d’un peuple. »

— Emil Cioran, « Histoire et utopie » (1960), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 998


« Pour que la Russie s’accommodât d’un régime libéral, il faudrait qu’elle s’affaiblît considérablement, que sa vigueur s’exténuât ; mieux : qu’elle perdît son caractère spécifique et se dénationalisât en profondeur. Comment y réussirait-elle, avec ses ressources intérieures inentamées et ses mille ans d’autocratie ? À supposer qu’elle y arrivât par un bond, elle se disloquerait sur-le-champ. Plus d’une nation, pour se conserver et s’épanouir, a besoin d’une certaine dose de terreur. »

— Emil Cioran, « Histoire et utopie » (1960), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 998


« Plus elle [la Russie] deviendra forte, plus elle prendra conscience de ses racines, dont, en une certaine manière, le marxisme l'aura éloignée ; après une cure forcée d’universalisme, elle se rerussifiera, au profit de l’orthodoxie. Du reste, elle a marqué d’une telle empreinte le marxisme qu’elle l’aura slavisé. Tout peuple de quelque envergure qui adopte une idéologie étrangère à ses traditions l’assimile et la dénature, l’infléchit dans le sens de sa destinée nationale, la fausse à son avantage, au point de la rendre indiscernable de son propre génie. »

— Emil Cioran, « Histoire et utopie » (1960), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 996


« Après la chute de Byzance, Moscou devint, pour la conscience orthodoxe, la troisième Rome, l’héritière du “vrai” christianisme, de la véritable foi. »

— Emil Cioran, « Histoire et utopie » (1960), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 995


« Une civilisation se révèle féconde par la faculté qu’elle a d’inciter les autres à l’imiter ; qu’elle finisse de les éblouir, elle se réduit à une somme de bribes et de vestiges. »

— Emil Cioran, « Histoire et utopie » (1960), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 994


« Quelle malédiction l’a frappé [l’Occident] pour qu’au terme de son essor il ne produise que ces hommes d’affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l’on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu’en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l’abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d’hommes. »

— Emil Cioran, « Histoire et utopie » (1960), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 989


« La psychanalyse, j’y vois le phénomène le plus révélateur de la dégringolade spirituelle de l'homme. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 840


« L’Occident n’est plus attiré que par le blasphème. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 643


« La Russie n’est peut-être pas conquérante ; mais le vide occidental l’attire et il se peut qu’un jour elle ne puisse pas résister à l’envie de le combler. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 632


« La parole — instrument de l’élévation et de la chute de l’homme.

[...] ce devrait être la fonction essentielle de la société que l’extermination des bavards. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 580


« À la longue, la tolérance engendre plus de maux que l’intolérance — tel est le drame réel de l’Histoire. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 579


« La Mongolie, pays que j’aime puisqu’il y a plus de chevaux que d’hommes. Un journaliste anglais raconte qu’un jeune homme indigène lui a dit, se plaignant que son pays dépassait à peine un million d’habitants : “Nous avons pourtant dominé la Russie, la Chine et l’Inde.” »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 363


« Il y a quelque chose de pire que l’antisémitisme : c’est l’anti-antisémitisme. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 314


« Le pays dont je rêve : la Mongolie-Extérieure — où il y a plus de chevaux que d’hommes (et où les enfants apprennent à monter à cheval avant de savoir marcher). »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 257


« Toutes ces nations occidentales — des cadavres opulents. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 75


« Si je hais les Occidentaux, c’est qu’ils aiment qu’on les haïsse. Quelle incroyable soif de destruction ! Le paradis au milieu de cadavres ! »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 56


« Titulaire d’un destin religieux, il a survécu à Athènes et à Rome, comme il survivra à l’Occident, et il poursuivra sa carrière, envié et haï par tous les peuples qui naissent et meurent...

Quand les églises seront à jamais désertées, les Juifs y rentreront ou en bâtiront d’autres, ou, ce qui est plus probable, planteront la croix sur les synagogues. En attendant, ils guettent le moment où Jésus sera abandonné : verront-ils alors en lui leur véritable Messie ? [...]

Ce qui est certain, c’est qu’ils apparurent pendant longtemps comme l’incarnation même du fanatisme et que leur inclination pour l’idée libérale est plutôt acquise qu’innée. Le plus intolérant et le plus persécuté des peuples unit l’universalisme au plus strict particularisme. Contradiction de nature : inutile d’essayer de la résoudre ou de l’expliquer. »

— Emil Cioran, « La Tentation d’exister » (1956), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 860-861


« Vivre ici c’est la mort ; ailleurs, le suicide. Où aller ? La seule partie de la planète où l’existence semblait avoir quelque justification est gagnée par la gangrène. Ces peuples archicivilisés sont nos fournisseurs en désespoir. Pour désespérer, il suffit en effet de les regarder, d’observer les agissements de leur esprit et l’indigence de leurs convoitises amorties et presque éteintes. Après avoir péché si longtemps contre leur origine et négligé le sauvage, la horde — leur point de départ —, force leur est de constater qu’il n’y a plus en eux une seule goutte de sang hun. »

— Emil Cioran, « La Tentation d’exister » (1956), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 843


« L’aspiration à “sauver” le monde est le phénomène morbide de la jeunesse d’un peuple. »

— Emil Cioran, « La Tentation d’exister » (1956), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 


« Au milieu de ses perplexités et de ses veuleries, l’Europe garde néanmoins une conviction, une seule, dont pour rien au monde elle ne consentirait à se départir : celle d’avoir un avenir de victime, de sacrifiée. Ferme et intraitable pour une fois, elle se croit perdue, elle veut l’être et elle l’est. Du reste, ne lui a-t-on pas appris de longue date que des races fraîches viendront la réduire et la bafouer ? Au moment où elle semblait en plein essor, au XVIIIe siècle, l’abbé Galiani constatait déjà qu’elle était en déclin et le lui annonçait. Rousseau, de son côté, vaticinait : « Les Tartares deviendront nos maîtres : cette révolution me paraît infaillible. » Il disait vrai. Pour ce qui est du siècle suivant, on connaît le mot de Napoléon sur les Cosaques et les angoisses prophétiques de Tocqueville, de Michelet ou de Renan. Ces pressentiments ont pris corps, ces intuitions appartiennent maintenant au bagage du vulgaire. On n’abdique pas du jour au lendemain : il y faut une atmosphère de recul soigneusement entretenue, une légende de la défaite. Cette atmosphère est créée, comme la légende. Et de même que les précolombiens, préparés et résignés à subir l’invasion de conquérants lointains, devaient fléchir lorsque ceux-ci arrivèrent, de même les Occidentaux, trop instruits, trop pénétrés de leur servitude future, n’entreprendront sans doute rien pour la conjurer. Ils n’en auraient d’ailleurs ni les moyens ni le désir, ni l’audace. Les croisés, devenus jardiniers, se sont évanouis en cette postérité casanière où ne subsiste plus aucune trace de l’espace et horreur du chez soi, rêve vagabond et besoin de mourir au loin..., mais l’histoire est précisément ce que nous ne voyons plus alentour. »

— Emil Cioran, « La Tentation d’exister » (1956), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 841


« Une nation s’éteint quand elle ne réagit plus aux fanfares : la Décadence est la mort de la trompette. »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 801


« Rousseau fut un fléau pour la France, comme Hegel pour l’Allemagne. Aussi indifférente à l’hystérie qu’aux systèmes, l’Angleterre a composé avec la médiocrité ; sa “philosophie” a établi la valeur de la sensation ; sa politique, celle de l’affaire. L’empirisme fut sa réponse aux élucubrations du Continent ; le Parlement, son défi à l’utopie, à la pathologie héroïque. »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 772


« Par la barbarie, Hitler a essayé de sauver toute une civilisation. Son entreprise fut un échec ; — elle n’en est pas moins la dernière initiative de l’Occident.

Sans doute, ce continent aurait mérité mieux. À qui la faute s’il n’a pas su produire un monstre d’une autre qualité ? »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 772


« Mille ans de guerres consolidèrent l’Occident ; un siècle de “psychologie” l’a réduit aux abois. »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 769


« Notre époque sera marquée par le romantisme des apatrides. Déjà se forme l’image d’un univers où plus personne n’aura droit de cité.

Dans tout citoyen d’aujourd’hui gît un métèque futur. »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 769


« Don Quichotte représente la jeunesse d’une civilisation : il s’inventait des événements ; — nous ne savons comment échapper à ceux qui nous pressent. »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 769


« C’est en vain que l’Occident se cherche une forme d’agonie digne de son passé. »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 769


« Nulle civilisation ne saurait s’éteindre dans une agonie indéfinie ; des tribus rôdent alentour, flairant les relents des cadavres parfumés... »

— Emil Cioran, « Précis de décomposition » (1949), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 650


« Depuis que l’utilité est apparue dans le monde, le monde n’est plus. N’est plus sous le charme. Seule l’adoration respecte les choses pour elles-mêmes [...]. »

— Emil Cioran, « Bréviaire des vaincus » (1944), dans Œuvres, trad. Alain Paruit, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 542


« Les potions orientales ont embaumé l’homme pendant deux mille ans. Le catholicisme — judaïsme latin — a saupoudré de suie indélébile l’exubérance de la Méditerranée. »

— Emil Cioran, « Bréviaire des vaincus » (1944), dans Œuvres, trad. Alain Paruit, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 525


« Difficile de préciser la date à laquelle les églises deviendront de simples monuments, la date à laquelle les croix, purifiées du symbole du sang judaïque, souriront inutilement à la curiosité esthétique. »

— Emil Cioran, « Bréviaire des vaincus » (1944), dans Œuvres, trad. Alain Paruit, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 523


« Je ne me sens “chez moi” que sur les bords de la mer. Car je ne saurais me bâtir une patrie que de l’écume des vagues. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 494


« Qu’est-ce qu’un artiste ? Un homme qui sait tout — sans s’en rendre compte. Un philosophe ? Un homme qui ne sait rien, mais qui s’en rend compte. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 442


« [...] le suicide n’est qu’un hommage négatif que nous rendons à nous-mêmes. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 410


« Sans le malheur, l’amour ne serait guère plus qu’une gestion de la nature. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 404


« La mort : le sublime à la portée de chacun. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 395


« La vérité est une erreur exilée dans l’éternité. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 389


« Par la mort, l’homme devient contemporain de lui-même. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 386


« Le malheur de ne pas être assez malheureux... »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 371


« La vie et moi : deux lignes parallèles qui se rencontrent dans la mort. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 367


« Chaque homme est son propre mendiant. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 367


« Quel homme, s’apercevant dans un miroir dans une semi-obscurité, n’a cru rencontrer le suicidé qui est en lui ? »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 361


« Si je courais comme un fou à ma recherche, qui me dit que je ne me rencontrerais jamais ? Sur quel terrain vague de l’univers serais-je égaré ? J’irais me chercher là où l’on entend la lumière... »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 358


« Et qu’est donc la vie sinon le lieu des séparations ? »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 355


« Si la souffrance n’était pas un instrument de connaissance, le suicide deviendrait obligatoire. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 349


« Être malade signifie vivre dans la conscience du présent [...]. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 345


« Il est des clairières où les anges viennent faire halte : au bord des déserts, j’y planterais des fleurs pour pouvoir me reposer à l’ombre de ce symbole. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 340


« Tant d’hommes ne sont séparés de la mort que par la nostalgie qu’ils en ont ! La mort s’y forge un miroir de la vie où elle puisse se contempler. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 339


« La Russie et l’Espagne : deux nations enceintes de Dieu. D’autres pays de contentent de le connaître, ils ne le portent pas en eux. »

— Emil Cioran, « Des larmes et des saints » (1937), dans Œuvres, trad. Sanda Stolojan, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 315


« Ce qu’il y a de plus sain et de plus pur dans la vie n’est qu’une apothéose de l’éphémère. L’éternité est une inépuisable pourriture et Dieu un cadavre sur qui l’homme se prélasse. »

— Emil Cioran, « Des larmes et des saints » (1937), dans Œuvres, trad. Sanda Stolojan, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 316


« La liberté est un joug trop lourd pour la nuque de l’homme. Même pris d’une terreur sauvage, il est plus assuré que sur les chemins de la liberté. Bien qu’il la considère comme la valeur positive par excellence, la liberté n’a jamais cessé de lui présenté son revers négatif. La route infaillible de la débâcle est la liberté. L’homme est trop faible et trop petit pour l’infini de la liberté, de sorte qu’elle devient un infini négatif. Face à l’absence de borne, l’homme perd les siennes. La liberté est un principe éthique d’essence démoniaque. Le paradoxe est insoluble.

La liberté est trop grande et nous sommes trop petit. Qui, parmi les hommes, l’a méritée ? L’homme aime la liberté, mais il la craint. »

— Emil Cioran, « Le Livre des leurres » (1936), dans Œuvres, trad. Grazyna Klewek et Thomas Bazin, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 29


« Je ne connais que deux déchirements : juif et russe (Job et Dostoïevski). D’autres peuples ont sans doute souffert infiniment ; mais eux n’avaient pas la passion de la souffrance. N’ont eu une mission que les peuples qui se sont foulés eux-mêmes aux pieds, et ont réédité Adam. Un peuple qui n’a pas enduré dans son existence historique toute la tragédie de l’histoire ne peut s’élever au messianisme et à l’universalisme. Un peuple qui ne croit pas qu’il a le monopole de la vérité ne laissera pas de traces dans l’histoire. »

— Emil Cioran, « Le Livre des leurres » (1936), dans Œuvres, trad. Grazyna Klewek et Thomas Bazin, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 29


« [...] le vertige abyssal des grandes profondeurs, l’appel d’un infini béant prêt à nous engloutir et auquel nous nous soumettons comme à une fatalité ? Comme il serait doux de pouvoir mourir en se jetant dans un vide absolu ! »

— Emil Cioran, « Sur les cimes du désespoir » (1934), dans Œuvres, trad. André Vornic et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 29


« En ce qui me concerne, je démissionne de l’humanité : je ne peux, ni ne veux, demeurer homme. Que me resterait-il à faire en tant que tel — travailler à un système social et politique, ou encore faire le malheur d’une pauvre fille ? Traquer les inconséquences des divers systèmes philosophiques ou m’employer à réaliser un idéal moral et esthétique ? Tout cela me paraît dérisoire : rien ne saurait me tenter. Je renonce à ma qualité d’homme, au risque de me retrouver seul sur les marches que je veux gravir. Ne suis-je pas déjà seul en ce monde dont je n’attends plus rien ? Au-delà des aspirations et des idéaux courants, une supra-conscience fournirait, probablement, un espace où l’on puisse respirer. Ivre d’éternité, j’oublierais la futilité de ce monde ; rien ne viendrait plus trouver une extase où l’être serait tout aussi pur et immatériel que le non-être. »

— Emil Cioran, « Sur les cimes du désespoir » (1934), dans Œuvres, trad. André Vornic et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 48-49


« [...] l’esprit est le fruit d'un détraquement de la vie, de même que l’homme n’est qu’un animal qui a trahi ses origines. L’existence de l’esprit est une anomalie de la vie. »

— Emil Cioran, « Sur les cimes du désespoir » (1934), dans Œuvres, trad. André Vornic et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 51


« La Garde de fer permet à la Roumanie de prendre entièrement conscience d’elle-même. En elle, les Roumains se sont réveillés ; en elle, ils ont interrogé leur sens. »

— « La Transylvanie — Prusse de la Roumanie », Emil Cioran (trad. Gina Puică et Vincent Piednoir), Înălțarea, 1er janvier 1941


« Un pays ne cherche pas le bonheur, mais la gloire. »

— « Ce qu’on peut faire en Roumanie », Emil Cioran (trad. Liliana Nicorescu), Vremea, 1er janvier 1935


« [...] les hommes ne méritent pas tous d’être libres. »

— « La révolte des repus », Emil Cioran (trad. Alain Paruit), Vremea, 5 août 1934


« Car la barbarie est le premier symptôme de l’aurore d’une culture. Pour nous qui vivons des moments essentiels de la décadence culturelle moderne, il ne peut nullement être question de l’aube d’une culture nouvelle, puisque nous vivrons pas jusque-là. Il faudra sans doute beaucoup plus qu’une centaine d’années pour que la culture moderne soit définitivement liquidée ; et l’aurore du nouveau monde ne projettera ses lumières que dans quelques siècles. »

— « Apologie de la barbarie », Emil Cioran (trad. Gina Puică et Vincent Piednoir), Vremea, 21 mai 1933


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Emil Cioran, Eugène Ionesco et Mircea Eliade, Paris, 1977
Mircea Eliade et Emil Cioran
Emil Cioran et Ernst Jünger à Paris, France
Ernst Jünger et Emil Cioran à Paris, France

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