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== Citations ==
  
== Citationes ==
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« J’aimerais ''tout'' oublier et me réveiller face à la lumière d’avant les instants. »
 
 
« La société d'alors, nous le savons maintenant, était tolérante parce qu'elle manquait de la vigueur nécessaire pour persécuter, donc pour se conserver. »
 
 
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|auteur=Emil Cioran
 
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|titre de la contribution=Aveux et Anathèmes
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« Le monde antique devait être bien atteint pour avoir eu besoin d'un antidote aussi grossier que celui qu'allait lui administrer le christianisme. Le monde moderne l'est tout autant à en juger par les remèdes dont il attend des miracles. »
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« J’escomptais assister de mon vivant à la disparition de notre espèce. Mais les dieux m’ont été contraires. »
 
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« Je n'ai pas peur de la mort, j'ai peur de la mort dans la vie. »
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« Une flamme traverse le sang. Passer de l’autre côté, en contournant la mort. »
 
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« La nature, en quête d'une formule susceptible de contenter tout le monde, a fixé son choix sur la mort, laquelle, c'était à prévoir, ne devait satisfaire personne. »
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« On se démène tant — pourquoi ? Pour redevenir ce qu’on était avant d’être. »
 
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« Se débarrasser de la vie, c'est se priver du bonheur de s'en moquer.
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« L’orgasme est un paroxysme ; le désespoir aussi. L’un dure un instant ; l’autre, une vie. »
 
 
Unique réponse possible à quelqu'un qui vous annonce son intention d'en finir. »
 
 
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« Aucun sort dont j'aurais pu m'accommoder. J'étais fait pour exister avant ma naissance et après ma mort, sauf durant mon existence même. »
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« N’avoir plus rien de commun avec les hommes que le fait d’être homme ! »
 
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« On meurt depuis toujours et cependant la mort n'a rien perdu de sa fraîcheur. C'est là que gît le secret des secrets. »
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« Pourquoi les conservateurs manient-ils si bien l’invective, et écrivent en général plus soigneusement que les fervents de l’avenir ? C’est que, furieux d’être contredits par les événements, ils se précipitent, dans leur désarroi, sur le verbe dont, à défaut d’une plus substantielle ressource, ils tirent vengeance et consolation. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
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« Ignace de Loloya, tourmenté par des scrupules dont il ne précise pas la nature, raconte qu'il songea à se détruire. Même lui ! Cette tentation est décidément plus répandue et plus enracinée qu'on ne le pense. Elle est en fait l'honneur de l'homme, en attendant d'en être le devoir. »
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« Le désespoir de l’homme de gauche est de combattre au nom de principes qui lui interdisent le cynisme. »
 
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« Il est terrible de ne pas remarquer que, pour échapper à la mort, on court après ceux qui meurent ! »
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« Toujours le réactionnaire, ce conservateur qui a jeté le masque, empruntera aux sagesses ce qu’elles ont de pire, et de plus profond : la conception de l’irréparable, la vision statique du monde. Toute sagesse et, à plus forte raison, toute métaphysique, sont réactionnaires, ainsi qu’il sied à toute forme de pensée qui, en quête de constantes, s’émancipe de la superstition du divers et du possible. »
 
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« La vie et moi : deux lignes parallèles qui se rencontrent dans la mort. »
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« '''Serf, ce peuple bâtissait des cathédrales ; émancipé, il ne construit que des horreurs.''' »
 
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« Tant d'hommes ne sont séparés de la mort que par la nostalgie qu'ils en ont ! La mort s'y forge un miroir de la vie où elle puisse se contempler.
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« '''La liberté est une dépense, la liberté exténue, tandis que l’oppression fait accumuler des forces''', empêche le gaspillage d’énergie résultant de la faculté qu’a l’homme libre d’extérioriser, de projeter au-dehors ''ce qu’il a de bon''. »
 
 
La poésie : instrument d'un narcissisme funèbre. »
 
 
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« Même le suicide n'est qu'un hommage négatif que nous rendons à nous-mêmes. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|titre=Le crépuscule des pensées
 
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« La mort : le sublime à la portée de chacun. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|titre=Le crépuscule des pensées
 
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« Par la mort, l'homme devient contemporain de lui-même. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|titre=Le crépuscule des pensées
 
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|page=70}}
 
 
 
« La mort introduit de toute façon un certain ordre dans l'infini. N'est-elle pas la seule ''direction'' ? »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|titre=Le crépuscule des pensées
 
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|traducteur=Mirella Patureau-Nedelco
 
|éditeur=Le Livre de Poche
 
|collection=Essais
 
|année=1991
 
|ISBN=9782253065098
 
|page=77}}
 
 
 
« Je ne pense pas à la mort : c'est elle qui pense à soi. Tout ce qui en elle est possibilité de vie respire par moi, je n'existe quant à moi que par le ''temps'' dont son éternité est capable. Dans la mesure où elle se défend de son absolu, se refuse à la grandeur et descend de bon gré dans la déchéance temporelle, alors je ''suis''. Je cherche la vie même dans la mort, et n'ai d'autre but que de la découvrir en tout ce qui n'est pas elle. Si la charogne divine était plus vivante, depuis longtemps le me serais fixé dans ses bras. Mais Dieu a dispensé trop peu de vies pour que j'aie à chercher dans son désert. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|titre=Le crépuscule des pensées
 
|année d'origine=1940
 
|traducteur=Mirella Patureau-Nedelco
 
|éditeur=Le Livre de Poche
 
|collection=Essais
 
|année=1991
 
|ISBN=9782253065098
 
|page=78-79}}
 
  
« ''Or tout homme porte en soi non seulement sa propre vie, mais aussi sa mort''. »
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« '''La preuve que l’homme exècre l’homme ? Il suffit de se trouver au milieu d’une foule, pour se sentir aussitôt solidaire de toutes les planètes mortes.''' »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=Sur les cimes du désespoir
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|titre=Œuvres
|année d'origine=1934
+
|titre de la contribution=Écartèlement
|traducteur=André Vornic
+
|année de la contribution=1979
|éditeur=L'Herne/Le Livre de Poche
 
|collection=Biblio Essais
 
|année=1990
 
|ISBN=9782253057819
 
|page=49}}
 
 
 
« Nous ne courons pas vers la mort, nous fuyons la catastrophe de la naissance, nous nous démenons, rescapés qui essaient de l'oublier. La peur de la mort n'est que la projection dans l'avenir d'une peur qui remonte à notre premier instant. »
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Emil Cioran
 
|titre=De l'inconvénient d'être né
 
|année d'origine=1973
 
 
|éditeur=Gallimard
 
|éditeur=Gallimard
|collection=Folio essais
+
|collection=Quarto
|année=1987
+
|année=1995
|ISBN=9782070324484
+
|ISBN=9782070741663
|page=10}}
+
|page=1472}}
  
« Pourquoi craindre le néant qui nous attend alors qu'il ne diffère pas de celui qui nous précède [...]. »
+
« La base de la société, de toute société, est un certain ''orgueil d’obéir''. Quand cet orgueil n’existe plus, la société s’écroule. »
 
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{{Réf Livre
 
|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=De l'inconvénient d'être né
+
|titre=Œuvres
|année d'origine=1973
+
|titre de la contribution=Écartèlement
 +
|année de la contribution=1979
 
|éditeur=Gallimard
 
|éditeur=Gallimard
|collection=Folio essais
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|collection=Quarto
|année=1987
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|année=1995
|ISBN=9782070324484
+
|ISBN=9782070741663
|page=114}}
+
|page=1462}}
  
« Tous ces peuples étaient grands, parce qu'ils avaient de grands préjugés. Ils n'en ont plus. Sont-ils encore des nations ? Tout au plus des foules désagrégées. »
+
« Dès qu’on sort dans la rue, à la vue des gens, ''extermination'' est le premier mot qui vient à l’esprit. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=De l'inconvénient d'être né
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|titre=Œuvres
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|titre de la contribution=Écartèlement
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|année de la contribution=1979
 
|éditeur=Gallimard
 
|éditeur=Gallimard
|collection=Folio essais
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|collection=Quarto
|année=1987
+
|année=1995
|ISBN=9782070324484
+
|ISBN=9782070741663
|page=152}}
+
|page=1456}}
  
« '''Quelle malédiction l'a frappé [l'Occident] pour qu'au terme de son essor il ne produise que ces hommes d'affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l'on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu'en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l'abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d'hommes.''' »
+
« Au Zoo. — Toutes ces bêtes ont une tenue décente hormis les singes. On sent que l’homme n’est pas loin. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=Histoire et utopie
+
|titre=Œuvres
|année d'origine=1960
+
|titre de la contribution=Écartèlement
 +
|année de la contribution=1979
 
|éditeur=Gallimard
 
|éditeur=Gallimard
|collection=Folio essais
+
|collection=Quarto
|année=1987
+
|année=1995
|ISBN=9782070324071
+
|ISBN=9782070741663
|page=23}}
+
|page=1452}}
  
« Au milieu de ses perplexités et de ses veuleries, l'Europe garde néanmoins une conviction, une seule, dont pour rien au monde elle ne consentirait à se départir : celle d'avoir un avenir de victime, de sacrifiée. Ferme et intraitable pour une fois, elle se croit perdue, elle veut l'être et elle l'est. '''Du reste, ne lui a-t-on pas appris de longue date que des races fraîches viendront la réduire et la bafouer ?''' Au moment où elle semblait en plein essor, au XVIIIe siècle, l'abbé Galiani constatait déjà qu'elle était en déclin et le lui annonçait. Rousseau, de son côté, vaticinait : « Les Tartares deviendront nos maîtres : cette révolution me paraît infaillible. » Il disait vrai. Pour ce qui est du siècle suivant, on connaît le mot de Napoléon sur les Cosaques et les angoisses prophétiques de Tocqueville, de Michelet ou de Renan. Ces pressentiments ont pris corps, ces intuitions appartiennent maintenant au bagage du vulgaire. On n'abdique pas du jour au lendemain : il y faut une atmosphère de recul soigneusement entretenue, une légende de la défaite. Cette atmosphère est créée, comme la légende. Et de même que les précolombiens, préparés et résignés à subir l'invasion de conquérants lointains, devaient fléchir lorsque ceux-ci arrièrent, de même les Occidentaux, trop instruits, trop pénétrés de leur servitude future, n'entreprendront sans doute rien pour la conjurer. Ils n'en auraient d'ailleurs ni les moyens ni le désir, ni l'audace. Les croisés, devenus jardiniers, se sont évanouis en cette postérité casanière où ne subsiste plus aucune trace de l'espace et horreur du chez soi, rêve vagabon et besoin de mourir au loin..., mais l'histoire est précisément ce que nous ne voyons plus alentour. »
+
« '''Heureux tous ceux qui, nés avant la Science, avaient le privilège de mourir dès leur première maladie !''' »
 
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{{Réf Livre
 
|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=La Tentation d'exister
+
|titre=Œuvres
|année d'origine=1956
+
|titre de la contribution=Écartèlement
 +
|année de la contribution=1979
 
|éditeur=Gallimard
 
|éditeur=Gallimard
|collection=Tel
+
|collection=Quarto
|année=1986
+
|année=1995
|ISBN=9782070704514
+
|ISBN=9782070741663
|page=41-42}}
+
|page=1445}}
  
« Vivre ici c'est la mort ; ailleurs, le suicide. Où aller ? La seule partie de la planète où l'existence semblait avoir quelque justification est gagnée par la gangrène. Ces peuples archicivilisés sont nos fournisseurs en désespoir. Pour désespérer, il suffit en effet de les regarder, d'observer les agissements de leur esprit et l'indigence de leurs convoitises amorties et presque éteintes. Après avoir péché si longtemps contre leur origine et négligé le sauvage, la horde — leur point de départ —, force leur est de constater qu'il n'y a plus en eux une seule goutte de sang hun. »
+
« '''Où aller, où demeurer ? et que chercher encore dans le brouhaha d’une planète babylonisée ?''' »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=La Tentation d'exister
+
|titre=Œuvres
|année d'origine=1956
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|titre de la contribution=Écartèlement
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|année de la contribution=1979
 
|éditeur=Gallimard
 
|éditeur=Gallimard
|collection=Tel
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|collection=Quarto
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|ISBN=9782070704514
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|ISBN=9782070741663
|page=44-45}}
+
|page=1437}}
  
« En Orient, les penseurs occidentaux les plus curieux, les plus étranges, n'auraient jamais été pris au sérieux, à cause de leurs contradictions. »
+
« [...] il est légitime de se demander si l’humanité telle qu’elle est n’aurait pas intérêt à s’effacer maintenant plutôt que de s’exténuer et s’avachir dans l’attente, en s’exposant à une ère d’agonie, où elle risquerait de perdre toute ambition, même celle de disparaître. »
 
{{Réf Livre
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=De l'inconvénient d'être né
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|titre=Œuvres
|année d'origine=1973
+
|titre de la contribution=Écartèlement
 +
|année de la contribution=1979
 
|éditeur=Gallimard
 
|éditeur=Gallimard
|collection=Folio essais
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|collection=Quarto
|année=1987
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|année=1995
|ISBN=9782070324484
+
|ISBN=9782070741663
|page=58}}
+
|page=1433}}
  
« Tant que le christianisme comblait les esprits, l’utopie ne pouvait les séduire ; dès qu’il commença à les décevoir, elle chercha à les conquérir et à s’y installer. Elle s’y employait déjà à la Renaissance, mais ne devait y réussir que deux siècles plus tard, à une époque de superstitions "éclairées". Ainsi naquit l’Avenir, vision d’un bonheur irrévocable, d’un paradis dirigé, où le hasard n’a pas de place, où la moindre fantaisie apparaît comme une hérésie ou une provocation. En faire la description, ce serait entrer dans les détails de l’inimaginable. L’idée même d’une cité idéale est une souffrance pour la raison, une entreprise qui honore le cœur et disqualifie l’intellect. [...] Échafauder une société où selon une étiquette terrifiante, nos actes sont catalogués et réglés, où, par une charité poussée jusqu’à l’indécence, l’on se penche sur nos arrière-pensées elles-mêmes, c’est transporter les affres de l’enfer dans l’âge d’or, ou créer, avec le concours du diable, une institution philanthropique. [...]
+
« La société d’alors, nous le savons maintenant, était tolérante parce qu’elle manquait de la vigueur nécessaire pour persécuter, donc pour se conserver. [...]
  
À prôner les avantages du travail, les utopies devaient prendre le contre-pied de la "Genèse". Sur ce point tout particulièrement, elles sont l’expression d’une humanité engloutie dans le labeur, fière de se complaire aux conséquences de la chute, dont la plus grave demeure l’obsession du rendement. Les stigmates d’une race qui chérit la "sueur du front", qui en fait signe de noblesse, qui s’agite et peine "en exultant", nous les portons avec orgueil et ostentation ; d’où l’horreur que nous inspire, à nous autres réprouvés, l’élu qui refuse de besogner, ou d’exceller dans quelque domaine que ce soit. Le refus dont nous lui faisons grief, en est capable celui-là seul qui conserve le souvenir d’un bonheur immémorial. Dépaysé au milieu de ses semblables, il est comme eux et pourtant il ne peut communiquer avec eux ; de quelque côté qu’il regarde, il ne se sent pas d’"ici" ; tout ce qu’il y discerne lui semble usurpation : le fait même de porter un nom... Ses entreprises échouent, il s’y lance sans y croire : des simulacres dont le détourne l’image "précise" d’un autre monde. L’homme, une fois évincé du paradis, pour qu’il n’y songe plus ni n’en souffre, obtint en compensation la faculté de vouloir, de tendre vers l’acte, de s’y abîmer avec enthousiasme, avec brio. Mais pour l’aboulique, dans son détachement, dans son marasme surnaturel, quel effet produire, à quel objet se livrer ? Rien ne l’engage à sortir de son absence. Et cependant lui-même n’échappe pas entièrement à la malédiction commune : il "s’épuise" dans un regret, et y dépense plus d’énergie que nous n’en fournissons dans tous nos exploits. »
+
La Révolution fut provoquée par les abus d’une classe revenue de tout, même de ses privilèges, auxquels elle s’agrippait par automatisme, sans passion ni acharnement, car elle avait un faible ostensible pour les idées de ceux qui allaient l’anéantir. '''La complaisance pour l’adversaire est le signe distinctif de la débilité, c’est-à-dire de la tolérance, laquelle n’est, en dernier ressort, qu’une ''coquetterie d’agonisants''.''' »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
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|titre=Histoire et utopie
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|titre=Œuvres
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|titre de la contribution=Écartèlement
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|année de la contribution=1979
 
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+
|page=1416}}
  
« '''Titulaire d'un destin religieux, il a survécu à Athènes et à Rome, comme il survivra à l'Occident, et il poursuivra sa carrière, envié et haï par tous les peuples qui naissent et meurent...''' »
+
« Le monde antique devait être bien atteint pour avoir eu besoin d’un antidote aussi grossier que celui qu’allait lui administrer le christianisme. Le monde moderne l’est tout autant à en juger par les remèdes dont il attend des miracles. »
 
 
— À propos des juifs
 
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
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+
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« Ce qui est certain, c'est qu'ils apparurent pendant longtemps comme l'incarnation même du fanatisme et que leur inclination pour l'idée libérale est plutôt acquise qu'innée. '''Le plus intolérant et le plus persécuté des peuples unit l'universalisme au plus strict particularisme.''' Contradiction de nature : inutile d'essayer de la résoudre ou de l'expliquer. »
+
« Dès que les animaux n’ont plus besoin d’avoir peur les uns des autres, ils tombent dans l’hébétude et prennent cet air accablé qu’on leur voit dans les jardins zoologiques. Les individus et les peuples offriraient le même spectacle, si un jour ils arrivaient à vivre en harmonie, à ne plus trembler ouvertement ou en cachette. »
 
 
— À propos des juifs
 
 
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|auteur=Emil Cioran
 
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« La Russie et l'Espagne : deux nations enceintes de Dieu. D'autres pays de contentent de le connaître, ils ne le portent pas en eux. »
+
« Une société est condamnée quand elle n’a plus la force d’être bornée. Comment, avec un esprit ouvert, trop ouvert, se garantirait-elle des excès, des risques mortels de la liberté ? »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
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« '''Plus elle [la Russie] deviendra forte, plus elle prendra conscience de ses racines, dont, en une certaine manière, le marxisme l'aura éloignée ; après une cure forcée d'universalisme, elle se rerussifiera, au profit de l'orthodoxie. Du reste, elle a marqué d'une telle empreinte le marxisme qu'elle l'aura slavisé. Tout peuple de quelque envergure qui adopte une idéologie étrangère à ses traditions l'assimile et la dénature, l'infléchit dans le sens de sa destinée nationale, la fausse à son avantage, au point de la rendre indiscernable de son propre génie.''' »
+
« '''Tant qu’une nation conserve la conscience de sa supériorité, elle est féroce, et respectée ; — dès qu’elle la perd, elle s’humanise, et ne compte plus.''' »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
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« N'avoir plus rien de commun avec les hommes que le fait d'être homme ! »
+
« '''Tous ces peuples étaient grands, parce qu’ils avaient de grands préjugés. Ils n’en ont plus. Sont-ils encore des nations ? Tout au plus des foules désagrégées.''' »
 
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« Le savoir est un fléau, et la conscience une plaie ouverte au cœur de la vie. L'homme ne vit-il pas la tragédie d'un animal constamment insatisfait, suspendu entre la vie et la mort ? »
+
« '''L’Occident : une pourriture qui sent bon, un cadavre parfumé.''' »
 
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« En ce qui me concerne, je démissionne de l'humanité : je ne peux, ni ne veux, demeurer homme. Que me resterait-il à faire en tant que tel — travailler à un système social et politique, ou encore faire le malheur d'une pauvre fille ? Traquer les inconséquences des divers systèmes philosophiques ou m'employer à réaliser un idéal moral et esthétique ? Tout cela me paraît dérisoire : rien ne saurait me tenter. Je renonce à ma qualité d'homme, au risque de me retrouver seul sur les marches que je veux gravir. Ne suis-je pas déjà seul en ce monde dont je n'attends plus rien ? Au-delà des aspirations et des idéaux courants, une supra-conscience fournirait, probablement, un espace où l'on puisse respirer. Ivre d'éternité, j'oublierais la futilité de ce monde ; rien ne viendrait plus trouver une extase où l'être serait tout aussi pur et immatériel que le non-être. »
+
« '''Toute civilisation exténuée attend son barbare''' [...]. »
 
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« Car l'esprit est le fruit d'un détraquement de la vie, de même que l'homme n'est qu'un animal qui a trahi ses origines. ''L'existence de l'esprit est une anomalie de la vie''. »
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« '''Le Progrès est l’injustice que chaque génération commet à l’égard de celle qui l’a précédée.''' »
 
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« En permettant l'homme, la nature a commis beaucoup plus qu'une erreur de calcul : un attentat contre elle-même. »
+
« Un peuple ne fait qu’une seule révolution. Les Allemands n’ont jamais réédité l’exploit de la Réforme, ou plutôt ils l’ont réédité sans l’égaler. La France est restée pour toujours tributaire de quatre-vingt-neuf. Également vraie pour la Russie et pour tous les pays, cette tendance à se plagier soi-même en matière de révolution, est tout ensemble rassurante et affligeante. »
 
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« '''Dès que les animaux n'ont plus besoin d'avoir peur les uns des autres, ils tombent dans l'hébétude et prennent cet air accablé qu'on leur voit dans les jardins zoologiques. Les individus et les peuples offriraient le même spectacle, si un jour ils arrivaient à vivre en harmonie, à ne plus trembler ouvertement ou en cachette.''' »
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« Chaque génération vit dans l’absolu : elle se comporte comme si elle était parvenue au sommet, sinon à la fin, de l’histoire. »
 
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« En dehors de la musique, tout est mensonge, même la solitude, même l'extase. Elle est justement l'une et l'autre ''en mieux''. »
+
« L’humanité, une fois détruite ou simplement éteinte, on peut se figurer un survivant, l’unique, qui errerait sur la terre, sans même avoir ''à qui'' se livrer... »
 
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« Il n'est que la musique pour créer une complicité indesctructible entre deux êtres. »
+
« Pourquoi craindre le néant qui nous attend alors qu’il ne diffère pas de celui qui nous précède [...]. »
 
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« J'ai connu des écrivains obtus et même bêtes. Les traducteurs, en revanche, que j'ai pu approcher étaient plus intelligents et plus intéressants que les auteurs qu'ils traduisaient. C'est qu'il faut plus de réflexion pour traduire que pour "créer". »
+
« '''Il faut souffrir jusqu’au bout, jusqu’au moment où l’on cesse de ''croire'' à la souffrance.''' »
 
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« De quel entêtement l'histoire est le fruit ! »
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« En permettant l’homme, la nature a commis beaucoup plus qu’une erreur de calcul : un attentat contre elle-même. »
 
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« Si on avait pu naître avant l'homme ! »
+
« Si on avait pu naître avant l’homme ! »
 
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« Chaque génération vit dans l'absolu : elle se comporte comme si elle était parvenue au sommet, sinon à la fin, de l'histoire. »
+
« '''On ne détruit une civilisation que lorsqu’on détruit ses dieux.''' Les chrétiens, n’osant attaquer l’Empire de front, s’en prirent à sa religion. Ils ne se sont laissés persécuter que pour mieux pouvoir fulminer contre elle, pour satisfaire leur irrépressible appétit d’exécrer. Qu’ils eussent été malheureux si on n’eût pas daigné les promouvoir au rang de victimes ! Tout dans le paganisme, jusqu’à la tolérance, les exaspérait. »
 
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{{Center|Emil Cioran 2|}}
« Un peuple ne fait qu'une seule révolution. Les Allemands n'ont jamais réédité l'exploit de la Réforme, ou plutôt ils l'ont réédité sans l'égaler. La France est restée pour toujours tributaire de quatre-vingt-neuf. Également vraie pour la Russie et pour tous les pays, cette tendance à se plagier soi-même en matière de révolution, est tout ensemble rassurante et affligeante. »
+
« La nostalgie de la barbarie est le dernier mot d’une civilisation ; elle l’est par là même du scepticisme. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
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|page=1106}}
  
« Tant qu'il y aura encore un seul dieu ''debout'', la tâche de l'homme ne sera pas finie. »
+
« '''Une civilisation débute par le mythe et finit par le doute [...].''' »
 
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« J'ai beau faire, je n'arrive pas à mépriser tous ces siècles pendant lesquels on ne s'est employé à rien d'autre qumettre au point une définition de Dieu. »
+
« [...] '''le “progrès” est l’équivalent moderne de la Chute, la version profane de la damnation'''. Et ceux qui y croient et en sont les promoteurs, nous tous en définitive, que sommes-nous sinon des réprouvés en marche, prédestinés à l’immonde, à ces machines, à ces villes, dont seul un désastre exhaustif pourrait nous débarrasser. »
 
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« De tout ce qui nous fait souffrir, rien, autant que la déception, ne nous donne la sensation de toucher enfin au Vrai. »
+
« [...] '''la démocratie est tout ensemble le paradis et le tombeau d’un peuple.''' »
 
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« La vérité est une erreur exilée dans l'éternité. »
+
« Pour que la Russie s’accommodât d’un régime libéral, il faudrait qu’elle s’affaiblît considérablement, que sa vigueur s’exténuât ; mieux : qu’elle perdît son caractère spécifique et se dénationalisât en profondeur. Comment y réussirait-elle, avec ses ressources intérieures inentamées et ses mille ans d’autocratie ? À supposer qu’elle y arrivât par un bond, elle se disloquerait sur-le-champ. Plus d’une nation, pour se conserver et s’épanouir, a besoin d’une certaine dose de terreur. »
 
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« Sans le malheur, l'amour ne serait guère plus qu'une gestion de la nature. »
+
« Plus elle [la Russie] deviendra forte, plus elle prendra conscience de ses racines, dont, en une certaine manière, le marxisme l'aura éloignée ; après une cure forcée d’universalisme, elle se rerussifiera, au profit de l’orthodoxie. Du reste, elle a marqué d’une telle empreinte le marxisme qu’elle l’aura slavisé. '''Tout peuple de quelque envergure qui adopte une idéologie étrangère à ses traditions l’assimile et la dénature, l’infléchit dans le sens de sa destinée nationale, la fausse à son avantage, au point de la rendre indiscernable de son propre génie.''' »
 
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« [...] '''la démocratie est tout ensemble le paradis et le tombeau d'un peuple.''' »
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« Après la chute de Byzance, Moscou devint, pour la conscience orthodoxe, la troisième Rome, l’héritière du “vrai” christianisme, de la véritable foi. »
 
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|ISBN=9782070324071
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|ISBN=9782070741663
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+
|page=995}}
  
« '''Il faut souffrir jusqu'au bout, jusqu'au moment où l'on cesse de ''croire'' à la souffrance.''' »
+
« Une civilisation se révèle féconde par la faculté qu’elle a d’inciter les autres à l’imiter ; qu’elle finisse de les éblouir, elle se réduit à une somme de bribes et de vestiges. »
 
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+
« '''Quelle malédiction l’a frappé [l’Occident] pour qu’au terme de son essor il ne produise que ces hommes d’affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l’on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu’en Allemagne ?''' Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l’abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d’hommes. »
 
 
« La musique n'existe qu'aussi longtemps que dure l'audition, comme Dieu qu'autant que dure l'extase.
 
 
 
L'art suprême et l'être suprême ont ceci de commun qu'ils dépendent entièrement de nous. »
 
 
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|auteur=Emil Cioran
 
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« Pour certains, pour la plupart en fait, la musique est stimulante et consolatrice ; pour d'autres, elle est un dissolvant souhaité, un moyen inespéré de se perdre, de couler avec ce qu'on peut avoir de meilleur. »
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« La psychanalyse, j’y vois le phénomène le plus révélateur de la dégringolade spirituelle de l'homme. »
 
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« Le bonheur et le malheur me rendent également malheureux. Pourquoi alors m'arrive-t-il quelquefois de préférer le premier ? »
+
« '''L’Occident n’est plus attiré que par le blasphème.''' »
 
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« Les animaux, ainsi que les plantes, sont tristes, mais n'ont pas fait de la tristesse un instrument de connaissance. En cet usage précisément, l'homme cesse d'être ''nature''. »
+
« La Russie n’est peut-être pas conquérante ; mais le vide occidental l’attire et il se peut qu’un jour elle ne puisse pas résister à l’envie de le combler. »
 
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|titre=Cahiers
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|page=9-10}}
 
  
« L'amour ? Mais voyez comme chaque rayon de soleil se noie dans une larme, comme si l'astre brillant était né des pleurs de la Divinité ! »
+
« La parole — instrument de l’élévation et de la chute de l’homme.
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« Le malheur est l'était poétique par excellence. »
+
[...] ce devrait être la fonction essentielle de la société que l’extermination des bavards. »
 
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« On peut être triste n'importe où [...]. »
+
« '''À la longue, la tolérance engendre plus de maux que l’intolérance — tel est le drame ''réel'' de l’Histoire.''' »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=Sur les cimes du désespoir
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|titre=Cahiers
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|traducteur=André Vornic
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|éditeur=Gallimard
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« L'existence pourrait se justifier si chacun se comportait comme s'il était le dernier des vivants. »
+
« La Mongolie, pays que j’aime puisqu’il y a plus de chevaux que d’hommes. Un journaliste anglais raconte qu’un jeune homme indigène lui a dit, se plaignant que son pays dépassait à peine un million d’habitants : “Nous avons pourtant dominé la Russie, la Chine et l’Inde.»
 
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|auteur=Emil Cioran
 
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+
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« Seul est porté à oeuvrer celui qui se trompe sur soi, qui ignore les motifs secrets de ses actes. Le créateur devenu transparent à lui-même, ne crée plus. La connaissance de soi indispose le ''démon''. C'est là qu'il faut chercher la raison pourquoi Socrate n'a rien écrit. »
+
« '''Il y a quelque chose de pire que l’antisémitisme : c’est l’anti-antisémitisme.''' »
 
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« Ce qui est merveilleux, c'est que chaque jour nous apporte une nouvelle raison de disparaître. »
+
« Le pays dont je rêve : la Mongolie-Extérieure — où il y a plus de chevaux que d’hommes (et où les enfants apprennent à monter à cheval avant de savoir marcher). »
 
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+
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« Plus on a souffert, moins on revendique. Protester est signe qu'on n'a traversé aucun enfer. »
+
« '''Toutes ces nations occidentales — des cadavres opulents.''' »
 
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« J'aimerais ''tout'' oublier et me réveiller face à la lumière d'avant les instants. »
+
« '''Si je hais les Occidentaux, c’est qu’ils aiment qu’on les haïsse. Quelle incroyable soif de destruction ! Le paradis au milieu de cadavres !''' »
 
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« Ces instants où il suffit d'un souvenir ou de moins encore, pour glisser hors du monde. »
+
« '''Titulaire d’un destin religieux, il a survécu à Athènes et à Rome, comme il survivra à l’Occident, et il poursuivra sa carrière, envié et haï par tous les peuples qui naissent et meurent...'''
 +
 
 +
Quand les églises seront à jamais désertées, les Juifs y rentreront ou en bâtiront d’autres, ou, ce qui est plus probable, planteront la croix sur les synagogues. En attendant, ils guettent le moment où Jésus sera abandonné : verront-ils alors en lui leur véritable Messie ? [...]
 +
 
 +
Ce qui est certain, c’est qu’ils apparurent pendant longtemps comme l’incarnation même du fanatisme et que leur inclination pour l’idée libérale est plutôt acquise qu’innée. '''Le plus intolérant et le plus persécuté des peuples unit l’universalisme au plus strict particularisme.''' Contradiction de nature : inutile d’essayer de la résoudre ou de l’expliquer. »
 
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« Avoir soulevé toute la nuit des Himalayas et appeler cela sommeil. »
+
« Vivre ici c’est la mort ; ailleurs, le suicide. Où aller ? La seule partie de la planète où l’existence semblait avoir quelque justification est gagnée par la gangrène. '''Ces peuples archicivilisés sont nos fournisseurs en désespoir.''' Pour désespérer, il suffit en effet de les regarder, d’observer les agissements de leur esprit et l’indigence de leurs convoitises amorties et presque éteintes. Après avoir péché si longtemps contre leur origine et négligé le sauvage, la horde — leur point de départ , force leur est de constater qu’il n’y a plus en eux une seule goutte de sang hun. »
 
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« [...] fermer longtemps les yeux pour oublier la lumière et tout ce qu'elle dévoile. »
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« '''L’aspiration à “sauver” le monde est le phénomène morbide de la jeunesse d’un peuple.''' »
 
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« J'avais cependant omis de signaler le fait. Omission d'autant plus impardonnable que les humains se partagent en ''dormeurs'' et en ''veilleurs'', deux spécimens d'êtres, à jamais hétérogènes, qui n'ont en commun que leur aspect physique. »
+
« Au milieu de ses perplexités et de ses veuleries, l’Europe garde néanmoins une conviction, une seule, dont pour rien au monde elle ne consentirait à se départir : celle d’avoir un avenir de victime, de sacrifiée. Ferme et intraitable pour une fois, elle se croit perdue, elle veut l’être et elle l’est. '''Du reste, ne lui a-t-on pas appris de longue date que des races fraîches viendront la réduire et la bafouer ?''' Au moment où elle semblait en plein essor, au XVIIIe siècle, l’abbé Galiani constatait déjà qu’elle était en déclin et le lui annonçait. Rousseau, de son côté, vaticinait : « Les Tartares deviendront nos maîtres : cette révolution me paraît infaillible. » Il disait vrai. Pour ce qui est du siècle suivant, on connaît le mot de Napoléon sur les Cosaques et les angoisses prophétiques de Tocqueville, de Michelet ou de Renan. Ces pressentiments ont pris corps, ces intuitions appartiennent maintenant au bagage du vulgaire. On n’abdique pas du jour au lendemain : il y faut une atmosphère de recul soigneusement entretenue, une légende de la défaite. Cette atmosphère est créée, comme la légende. Et de même que les précolombiens, préparés et résignés à subir l’invasion de conquérants lointains, devaient fléchir lorsque ceux-ci arrivèrent, de même les Occidentaux, trop instruits, trop pénétrés de leur servitude future, n’entreprendront sans doute rien pour la conjurer. Ils n’en auraient d’ailleurs ni les moyens ni le désir, ni l’audace. Les croisés, devenus jardiniers, se sont évanouis en cette postérité casanière où ne subsiste plus aucune trace de l’espace et horreur du chez soi, rêve vagabond et besoin de mourir au loin..., mais l’histoire est précisément ce que nous ne voyons plus alentour. »
 
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{{Center|Emil Cioran and Ernst Jünger|[[Emil Cioran]] et [[Ernst Jünger]] à Paris, France}}
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« Une nation s’éteint quand elle ne réagit plus aux fanfares : la Décadence est la mort de la ''trompette''. »
 
 
« Le rêve, en abolissant le temps, abolit la mort. Les défunts en profitent pour nous importuner. »
 
 
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« Au-delà d'un quart d'heure, on ne peut assister sans impatience au désespoir d'un autre. »
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« Rousseau fut un fléau pour la France, comme Hegel pour l’Allemagne. Aussi indifférente à l’hystérie qu’aux systèmes, l’Angleterre a composé avec la médiocrité ; sa “philosophie” a établi la valeur de la ''sensation'' ; sa politique, celle de l’''affaire''. L’empirisme fut sa réponse aux élucubrations du Continent ; le Parlement, son défi à l’utopie, à la pathologie héroïque. »
 
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« L'orgasme est un paroxysme ; le désespoir aussi. L'un dure un instant ; l'autre, une vie. »
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« Par la barbarie, '''Hitler a essayé de sauver toute une civilisation. Son entreprise fut un échec ; — elle n’en est pas moins la dernière initiative de l’Occident.'''
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Sans doute, ce continent aurait mérité mieux. À qui la faute s’il n’a pas su produire un monstre d’une autre qualité ? »
 
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« Soyons raisonnables : à nul n'est donné de revenir complètement de tout. Faut d'une déception universelle, il ne saurait y avoir davantage une connaissance universelle. »
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« '''Mille ans de guerres consolidèrent l’Occident ; un siècle de “psychologie” l’a réduit aux abois.''' »
 
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« De même que l'apparition du Crucifié a coupé l'histoire en deux, de même cette nuit vient de couper en deux ma vie... »
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« '''Notre époque sera marquée par le romantisme des apatrides.''' Déjà se forme l’image d’un univers où plus personne n’aura ''droit de cité''.
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'''Dans tout citoyen d’aujourd’hui gît un métèque futur.''' »
 
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« Quel jugement sur les vivants s'il est vrai, comme on l'a soutenu, que ce qui périt n'a jamais existé ! »
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« Don Quichotte représente la jeunesse d’une civilisation : il ''s’inventait'' des événements ; — nous ne savons comment échapper à ceux qui nous pressent. »
 
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« On se démène tant — pourquoi ? Pour redevenir ce qu'on était avant d'être. »
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« '''C’est en vain que l’Occident se cherche une forme d’agonie digne de son passé.''' »
 
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« Les seuls événements notables d'une vie sont les ruptures. Ce sont elles aussi qui s'effacent en dernier de notre mémoire. »
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« '''Nulle civilisation ne saurait s’éteindre dans une agonie indéfinie ; des tribus rôdent alentour, flairant les relents des cadavres parfumés...''' »
 
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+
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« L'insomnie semble épargner les bêtes. Si nous les empêchions de dormir pendant quelques semaines, un changement radical surviendrait dans leur nature et leur comportement. Elles éprouveraient des sensations inconnues jusqu'alors, et qui passaient pour nous appartenir en propre. Détraquons le règne animal, si nous voulons qu'il nous rattrape et nous remplace. »
+
« Depuis que l’utilité est apparue dans le monde, le monde n’est plus. N’est plus sous le charme. Seule l’adoration respecte les choses pour elles-mêmes [...]. »
 
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« Dans aucun bavardage sur la Connaissance, dans aucune Erkenntnistheorie, dont se gargarisent tant les philosophes, allemands ou non, vous ne tomberez sur le moindre hommage à la Fatigue en soi, état le plus propre à nous faire pénétrer jusqu'au fond des choses. Cet oubli ou cette ingratitude discrédite définitivement la philosophie. »
+
« Les potions orientales ont embaumé l’homme pendant deux mille ans. Le catholicisme — judaïsme latin — a saupoudré de suie indélébile l’exubérance de la Méditerranée. »
 
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« Une flamme traverse le sang. Passer de l'autre côté, en contournant la mort. »
+
« Difficile de préciser la date à laquelle les églises deviendront de simples monuments, la date à laquelle les croix, purifiées du symbole du sang judaïque, souriront inutilement à la curiosité esthétique. »
 
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« Ces nuits où l'on se persuade que tous ont évacué cet univers, même les morts, et qu'on y est le dernier vivant, le dernier fantôme. »
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« '''Je ne me sens “chez moi” que sur les bords de la mer. Car je ne saurais me bâtir une patrie que de l’écume des vagues.''' »
 
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« Sortir indemne de la vie cela pourrait arriver mais cela n'arrive sans doute jamais. »
+
« Qu’est-ce qu’un artiste ? Un homme qui sait tout sans s’en rendre compte. Un philosophe ? Un homme qui ne sait rien, mais qui s’en rend compte. »
 
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« La conscience : somme de nos malaises depuis notre naissance jusqu'à l'état présent. Ces malaises se sont évanouis ; la conscience demeure — mais elle a perdu ses origines..., elle les ignore même. »
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« [...] le suicide n’est qu’un hommage négatif que nous rendons à nous-mêmes. »
 
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« J'escomptais assister de mon vivant à la disparition de notre espèce. Mais les dieux m'ont été contraires. »
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« '''Sans le malheur, l’amour ne serait guère plus qu’une gestion de la nature.''' »
 
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« Le passage pur du temps, le temps nu, réduit à une essence d'écoulement, sans la discontinuité des instants, c'est dans les nuits blanches qu'on le perçoit. Tout disparaît. Le silence s'insinue partout. On écoute, on n'entend rien. Les sens ne se tournent plus vers le dehors. Vers quel dehors ? Engloutissement auquel survit ce pur passage à travers nous et qui ''est'' nous, et que ne finira qu'avec le sommeil ou le jour. »
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« La mort : le sublime à la portée de chacun. »
 
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« J'étais allé loin pour chercher le soleil et le soleil, enfin trouvé, m'était hostile. Et si j'allais me jeter du haut de la falaise ? Pendant que je faisais des considérations plutôt sombres, tout en regardant ces pins, ces rochers, ces vagues, je sentis soudain à quel point j'étais rivé à ce bel univers maudit. »
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« La vérité est une erreur exilée dans l’éternité. »
 
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« Si la souffrance n'était pas un instrument de connaissance, le suicide deviendrait obligatoire. »
+
« Par la mort, l’homme devient contemporain de lui-même. »
 
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« Être malade signifie vivre dans la conscience du présent [...]. »
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« Il est des clairières où les anges viennent faire halte : au bord des déserts, j'y planterais des fleurs pour pouvoir me reposer à l'ombre de ce symbole. »
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« La vie et moi : deux lignes parallèles qui se rencontrent dans la mort. »
 
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« Le temps est un ersatz métaphysique de la mer. On ne pense à lui que pour vaincre la nostalgie. »
 
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{{Center|Ernst Jünger and Emil Cioran|Ernst Jünger et Emil Cioran à Paris}}
 
 
 
« Le monde est un Non-Lieu universel. C'est pourquoi vous n'avez nulle part où aller, jamais... »
 
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« Et qu'est donc la vie sinon le lieu des séparations ? »
 
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« Si je courais comme un fou à ma recherche, qui me dit que je ne me rencontrerais jamais ? Sur quel terrai vague de l'univers serais-je égaré ? J'irais me chercher là ù l'on ''entend'' la lumière... car, si je me souviens bien, ai-je aimé autre chose que la sonorité des transparences ? »
 
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« Or, aucun animal ne peut symboliser l'éphémère, tandis que les fleurs en sont l'expression directe — l'irrémédiable esthétique de l'éphémère. »
 
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|collection=Essais
 
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« Un naufragé battu par toutes les vagues, projeté contre tous les rochers, aspiré par toutes les obscurités — et qui tiendrait le soleil dans ses bras ! Épave errant avec la source de la vie sur le cœur, étreignant son éclat mortel, se noyant avec lui dans les vagues, car le fond de la mer attend depuis une éternité sa lumière et son fossoyeur. »
 
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« Quel homme, s'apercevant dans un miroir dans une semi-obscurité, n'a cru rencontrer le suicidé qui est en lui ? »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
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« Si nous étions ''libres'' dans la maladie, les médecins deviendraient des clochards, car les mortels sont attirés par la souffrance, mais non par son mélange torturant de la subjectivité exaspérée et de nécessité invincible.
 
 
 
La maladie est la modalité sous laquelle la mort aime la vie, et l'individu le théâtre de cette faiblesse. Dans chaque douleur, labsolu de la mort goûte au devenir, notre souffrance n'étant que la tentation, la dégradation volontaire de l'Obscurité. Ainsi, la souffrance n'est qu'un amoindrissement de l'absolu de la mort. »
 
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« La musique est du temps sonore. »
 
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« Chaque homme est son propre mendiant. »
 
« Chaque homme est son propre mendiant. »
 
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« On "tue" le temps pour le forcer à entrer dans le moule de l'existence, pour ne plus s'approprier les prérogatives de l'''existant''. »
+
« Quel homme, s’apercevant dans un miroir dans une semi-obscurité, n’a cru rencontrer le suicidé qui est en lui ? »
 
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« Le malheur de ne pas être assez malheureux... »
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« Si je courais comme un fou à ma recherche, qui me dit que je ne me rencontrerais jamais ? Sur quel terrain vague de l’univers serais-je égaré ? J’irais me chercher là où l’on ''entend'' la lumière... »
 
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« [...] le sang refuse les souffles de l'amour, et les passions jettent des flammes glacées sur vos yeux éteints. »
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« Et qu’est donc la vie sinon le lieu des séparations ? »
 
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« Quelle bizarrerie, lorsqu'on a compris que les êtres sont des ombres et que tout est vain, de s'éloigner du monde pour trouver le sens, le seul sens, dans la contemplation du Rien, quand on pouvait fort bien rester parmi les ombres et le rien de chaque jour. »
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« Si la souffrance n’était pas un instrument de connaissance, le suicide deviendrait obligatoire. »
 
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« Une passion sans limites fait regretter que les mers aient des fonds, et c'est dans l'immensité de l'azur qu'on assouvit le désir d'immersion dans l'infini. Au moins, le ciel n'a pas de frontières, et semble à la mesure du suicide. »
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« Être malade signifie vivre dans la conscience du présent [...]. »
 
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« Que les mers se mettent en colère et brisent leurs vagues contre le cœur humain ! »
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« '''Il est des clairières où les anges viennent faire halte : au bord des déserts, j’y planterais des fleurs pour pouvoir me reposer à l’ombre de ce symbole.''' »
 
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« La sexualité sans l'idée de la mort est effroyable et dégradante. »
+
« Tant d’hommes ne sont séparés de la mort que par la nostalgie qu’ils en ont ! La mort s’y forge un miroir de la vie où elle puisse se contempler. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=Le crépuscule des pensées
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|titre=Œuvres
|année d'origine=1940
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|titre de la contribution=Le Crépuscule des pensées
|traducteur=Mirella Patureau-Nedelco
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|année de la contribution=1940
|éditeur=Le Livre de Poche
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|traducteur=Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont
|collection=Essais
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|éditeur=Gallimard
|année=1991
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|collection=Quarto
|ISBN=9782253065098
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|année=1995
|page=104}}
+
|ISBN=9782070741663
 +
|page=339}}
  
« Qu'est-ce qu'un artiste ? Un homme qui sait tout — sans s'en rendre compte. Un philosophe ? Un homme qui ne sait rien, mais qui s'en rend compte. »
+
« La Russie et l’Espagne : deux nations enceintes de Dieu. D’autres pays de contentent de le connaître, ils ne le portent pas en eux. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=Le crépuscule des pensées
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|titre=Œuvres
|année d'origine=1940
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|titre de la contribution=Des larmes et des saints
|traducteur=Mirella Patureau-Nedelco
+
|année de la contribution=1937
|éditeur=Le Livre de Poche
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|traducteur=Sanda Stolojan
|collection=Essais
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|éditeur=Gallimard
|année=1991
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|ISBN=9782070741663
 +
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« Les hommes ''tombent'' vers le ciel, car Dieu est un abîme, regardé d'en bas. »
+
« Ce qu’il y a de plus sain et de plus pur dans la vie n’est qu’une apothéose de l’éphémère. L’éternité est une inépuisable pourriture et Dieu un cadavre sur qui l’homme se prélasse. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=Le crépuscule des pensées
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|titre=Œuvres
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|titre de la contribution=Des larmes et des saints
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|année de la contribution=1937
|éditeur=Le Livre de Poche
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« L'homme, dégoûté de lui-même, devient un somnanbule qui cherche à se perdre dans les déserts de Dieu. »
+
« '''La liberté est un joug trop lourd pour la nuque de l’homme.''' Même pris d’une terreur sauvage, il est plus assuré que sur les chemins de la liberté. Bien qu’il la considère comme la valeur positive par excellence, la liberté n’a jamais cessé de lui présenté son revers négatif. La route infaillible de la débâcle est la liberté. L’homme est trop faible et trop petit pour l’infini de la liberté, de sorte qu’elle devient un infini négatif. Face à l’absence de borne, l’homme perd les siennes. ''La liberté est un principe éthique d’essence démoniaque.'' Le paradoxe est insoluble.
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|auteur=Emil Cioran
 
|titre=Le crépuscule des pensées
 
|année d'origine=1940
 
|traducteur=Mirella Patureau-Nedelco
 
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|année=1991
 
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|page=148}}
 
  
« Un architecte exilé de la terre pourrait construire, de nos amertumes, un monastère au ciel. »
+
La liberté est trop grande et nous sommes trop petit. Qui, parmi les hommes, l’a méritée ? L’homme aime la liberté, mais il la craint. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
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|titre=Œuvres
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|titre de la contribution=Le Livre des leurres
|traducteur=Mirella Patureau-Nedelco
+
|année de la contribution=1936
|éditeur=Le Livre de Poche
+
|traducteur=Grazyna Klewek et Thomas Bazin
|collection=Essais
+
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|année=1991
+
|collection=Quarto
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|année=1995
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+
|ISBN=9782070741663
 
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« C'est Dieu qui nous regarde à travers toute larme. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|titre=Le crépuscule des pensées
 
|année d'origine=1940
 
|traducteur=Mirella Patureau-Nedelco
 
|éditeur=Le Livre de Poche
 
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|page=173}}
 
  
« Celui qui a vu à travers les hommes et à travers lui-même, devrait, de dégoût, bâtir une forteresse au fond des mers. »
+
« Je ne connais que deux déchirements : juif et russe (Job et Dostoïevski). D’autres peuples ont sans doute souffert infiniment ; mais eux n’avaient pas la passion de la souffrance. N’ont eu une mission que les peuples qui se sont foulés eux-mêmes aux pieds, et ont réédité Adam. Un peuple qui n’a pas enduré dans son existence historique toute la tragédie de l’histoire ne peut s’élever au messianisme et à l’universalisme. '''Un peuple qui ne croit pas qu’il a le monopole de la vérité ne laissera pas de traces dans l’histoire.''' »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=Le crépuscule des pensées
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|titre=Œuvres
|année d'origine=1940
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|titre de la contribution=Le Livre des leurres
|traducteur=Mirella Patureau-Nedelco
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|année de la contribution=1936
|éditeur=Le Livre de Poche
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|traducteur=Grazyna Klewek et Thomas Bazin
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|année=1991
 
|ISBN=9782253065098
 
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« On pense — toujours — parce qu'on manque d'une patrie : l'esprit ne peut enfermer qui n'a pas de frontières. C'est pourquoi le penseur est un émigré dans la vie. Et lorsqu'on n'a pas su s'arrêter à temps, l'errance devient le seul chemin de nos peines. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|titre=Le crépuscule des pensées
 
|année d'origine=1940
 
|traducteur=Mirella Patureau-Nedelco
 
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|collection=Essais
 
|année=1991
 
|ISBN=9782253065098
 
|page=213}}
 
 
 
« Comme il serait doux de pouvoir mourir en se jetant dans un vide absolu ! »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|titre=Sur les cimes du désespoir
 
|année d'origine=1934
 
|traducteur=André Vornic
 
|éditeur=L'Herne/Le Livre de Poche
 
|collection=Biblio Essais
 
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|ISBN=9782253057819
 
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« Les yeux de l'homme voient à l'extérieur ce qui est, en fait, une torture intérieur. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|titre=Sur les cimes du désespoir
 
|année d'origine=1934
 
|traducteur=André Vornic
 
|éditeur=L'Herne/Le Livre de Poche
 
|collection=Biblio Essais
 
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« Ce qu'il y a de plus sain et de plus pur dans la vie n'est qu'une apothéose de l'éphémère. L'éternité est une inépuisable pourriture et Dieu un cadavre sur qui l'homme se prélasse. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|titre=Des larmes et des saints
 
|année d'origine=1937
 
|éditeur=L'Herne
 
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|année=1986
 
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« S'insurger contre l'hérédité c'est s'insurger contre des milliards d'années, contre la ''première'' cellule. »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|titre=De l'inconvénient d'être né
 
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|éditeur=Gallimard
 
|éditeur=Gallimard
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|année=1995
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+
|page=29}}
  
« Gogol, dans l'espoir d'une « régénération », se rendant à Nazareth et s'y ennuyant comme « dans une gare en Russie », c'est bien ce qui nous arrive à tous quand nous cherchons au-dehors ce qui ne peut exister qu'en nous. »
+
« [...] le vertige abyssal des grandes profondeurs, l’appel d’un infini béant prêt à nous engloutir et auquel nous nous soumettons comme à une fatalité ? Comme il serait doux de pouvoir mourir en se jetant dans un vide absolu ! »
 
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|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
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+
|page=29}}
  
« A vingt ans, ces nuits où des heures durant je restais le front collé à la vitre, en regardant dans le noir... »
+
« En ce qui me concerne, je démissionne de l’humanité : je ne peux, ni ne veux, demeurer homme. Que me resterait-il à faire en tant que tel — travailler à un système social et politique, ou encore faire le malheur d’une pauvre fille ? Traquer les inconséquences des divers systèmes philosophiques ou m’employer à réaliser un idéal moral et esthétique ? Tout cela me paraît dérisoire : rien ne saurait me tenter. Je renonce à ma qualité d’homme, au risque de me retrouver seul sur les marches que je veux gravir. Ne suis-je pas déjà seul en ce monde dont je n’attends plus rien ? Au-delà des aspirations et des idéaux courants, une supra-conscience fournirait, probablement, un espace où l’on puisse respirer. Ivre d’éternité, j’oublierais la futilité de ce monde ; rien ne viendrait plus trouver une extase où l’être serait tout aussi pur et immatériel que le non-être. »
 
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+
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« '''L'humanité, une fois détruite ou simplement éteinte, on peut se figurer un survivant, l'unique, qui errerait sur la terre, sans même avoir ''à qui'' se livrer...''' »
+
« [...] l’esprit est le fruit d'un détraquement de la vie, de même que l’homme n’est qu’un animal qui a trahi ses origines. ''L’existence de l’esprit est une anomalie de la vie''. »
 
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+
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{{Center|Emil Cioran, Eugène Ionesco and Mircea Eliade on the Furstenberg square in Paris, France, 1977|[[Emil Cioran]], Eugène Ionesco et Mircea Eliade sur la place Furstenberg à Paris, France, 1977}}
+
« La Garde de fer permet à la Roumanie de prendre entièrement conscience d’elle-même. En elle, les Roumains se sont réveillés ; en elle, ils ont interrogé leur sens. »
 
+
{{Réf Article
« Pourquoi les conservateurs manient-ils si bien l’invective, et écrivent en général plus soigneusement que les fervents de l’avenir ? C’est que, furieux d’être contredits par les événements, ils se précipitent, dans leur désarroi, sur le verbe dont, à défaut d’une plus substantielle ressource, ils tirent vengeance et consolation. »
+
|titre=La Transylvanie — Prusse de la Roumanie
{{Réf Livre
 
 
|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=Essai sur la pensée réactionnaire
+
|traducteur=Gina Puică et Vincent Piednoir
|année d'origine=1957
+
|publication=Înălțarea
|éditeur=Fata Morgana
+
|date=1er janvier 1941
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+
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|ISBN=9782851949141
 
|page=73}}
 
  
« Toujours le réactionnaire, ce conservateur qui a jeté le masque, empruntera aux sagesses ce qu'elles ont de pire, et de plus profond : la conception de l'irréparable, la vision statique du monde. Toute sagesse et, à plus forte raison, toute métaphysique, sont réactionnaires, ainsi qu'il sied à toute forme de pensée qui, en quête de constantes, s'émancipe de la superstition du divers et du possible. »
+
« Un pays ne cherche pas le bonheur, mais la gloire. »
{{Réf Livre
+
{{Réf Article
 +
|titre=Ce qu’on peut faire en Roumanie
 
|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=Essai sur la pensée réactionnaire
+
|traducteur=Liliana Nicorescu
|année d'origine=1957
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|publication=Vremea
|éditeur=Fata Morgana
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|ISBN=9782851949141
 
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« Le désespoir de l'homme de gauche est de combattre au nom de principes qui lui interdisent le cynisme. »
+
« [...] '''les hommes ne méritent pas tous d’être libres.''' »
{{Réf Livre
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{{Réf Article
 +
|titre=La révolte des repus
 
|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=Essai sur la pensée réactionnaire
+
|traducteur=Alain Paruit
|année d'origine=1957
+
|publication=Vremea
|éditeur=Fata Morgana
+
|date=5 août 1934
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+
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|ISBN=9782851949141
 
|page=38}}
 
 
 
« '''Serf, ce peuple bâtissait des cathédrales ; émancipé, il ne construit que des horreurs.''' »
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Emil Cioran
 
|titre=Écartèlement
 
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|éditeur=Gallimard
 
|année=1979
 
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« '''On ne détruit une civilisation que lorsqu'on détruit ses dieux.''' Les chrétiens, n'osant attaquer l'empire de front, s'en prirent à sa religion. Ils ne se sont laissés persécuter que pour mieux pouvoir fulminer contre elle, pour satisfaire leur irrépressible appétit d'exécrer. Qu'ils eussent été malheureux si on n'eût pas daigné les promouvoir au rang de victimes ! Tout dans le paganisme, jusqu'à la tolérance, les exaspérait. Forts de leurs certitudes, ils ne pouvaient comprendre que l'on se résignât, à la manière des païens, aux vraisemblances, ni que l'on suivît un culte dont les prêtres, simples magistrats préposés aux simagrées du rituel, n'imposaient à personne la corvée de la sincérité. »
+
« Car la barbarie est le premier symptôme de l’aurore d’une culture. Pour nous qui vivons des moments essentiels de la décadence culturelle moderne, il ne peut nullement être question de l’aube d’une culture nouvelle, puisque nous vivrons pas jusque-là. Il faudra sans doute beaucoup plus qu’une centaine d’années pour que la culture moderne soit définitivement liquidée ; et l’aurore du nouveau monde ne projettera ses lumières que dans quelques siècles. »
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+
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|titre=Apologie de la barbarie
 
|auteur=Emil Cioran
 
|auteur=Emil Cioran
|titre=Le Mauvais démiurge‎
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|traducteur=Gina Puică et Vincent Piednoir
|année d'origine=1969
+
|publication=Vremea
|éditeur=Gallimard
+
|date=21 mai 1933
|année=1969
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|ISBN=9782070269082
 
|page=40}}
 
  
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{{Center|Emil Cioran et Ernst Jünger|[[Emil Cioran]] et [[Ernst Jünger]] à Paris, France}}
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{{Center|Ernst Jünger et Emil Cioran|[[Ernst Jünger]] et [[Emil Cioran]] à Paris, France}}
  
 
== Textus ==
 
== Textus ==
  
*[[De la France Emil Cioran]]
+
*[[Le profil intérieur du Capitaine - Emil Cioran]]
*[[Écartèlement Emil Cioran]]
+
*[[Lettre allemande - Emil Cioran]]
 
+
*[[De la France - Emil Cioran]]
== Bibliographia ==
+
*[[Écartèlement - Emil Cioran]]
 
 
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[[Category:Authors]]
 
 
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Emil Cioran.jpg

Citations

« J’aimerais tout oublier et me réveiller face à la lumière d’avant les instants. »

— Emil Cioran, « Aveux et Anathèmes » (1987), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1687


« J’escomptais assister de mon vivant à la disparition de notre espèce. Mais les dieux m’ont été contraires. »

— Emil Cioran, « Aveux et Anathèmes » (1987), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1682


« Une flamme traverse le sang. Passer de l’autre côté, en contournant la mort. »

— Emil Cioran, « Aveux et Anathèmes » (1987), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1663


« On se démène tant — pourquoi ? Pour redevenir ce qu’on était avant d’être. »

— Emil Cioran, « Aveux et Anathèmes » (1987), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1663


« L’orgasme est un paroxysme ; le désespoir aussi. L’un dure un instant ; l’autre, une vie. »

— Emil Cioran, « Aveux et Anathèmes » (1987), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1663


« N’avoir plus rien de commun avec les hommes que le fait d’être homme ! »

— Emil Cioran, « Aveux et Anathèmes » (1987), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1656


« Pourquoi les conservateurs manient-ils si bien l’invective, et écrivent en général plus soigneusement que les fervents de l’avenir ? C’est que, furieux d’être contredits par les événements, ils se précipitent, dans leur désarroi, sur le verbe dont, à défaut d’une plus substantielle ressource, ils tirent vengeance et consolation. »

— Emil Cioran, « Essai sur la pensée réactionnaire » (1977), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1557


« Le désespoir de l’homme de gauche est de combattre au nom de principes qui lui interdisent le cynisme. »

— Emil Cioran, « Essai sur la pensée réactionnaire » (1977), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1536


« Toujours le réactionnaire, ce conservateur qui a jeté le masque, empruntera aux sagesses ce qu’elles ont de pire, et de plus profond : la conception de l’irréparable, la vision statique du monde. Toute sagesse et, à plus forte raison, toute métaphysique, sont réactionnaires, ainsi qu’il sied à toute forme de pensée qui, en quête de constantes, s’émancipe de la superstition du divers et du possible. »

— Emil Cioran, « Essai sur la pensée réactionnaire » (1977), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1533


« Serf, ce peuple bâtissait des cathédrales ; émancipé, il ne construit que des horreurs. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1503


« La liberté est une dépense, la liberté exténue, tandis que l’oppression fait accumuler des forces, empêche le gaspillage d’énergie résultant de la faculté qu’a l’homme libre d’extérioriser, de projeter au-dehors ce qu’il a de bon. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1502


« La preuve que l’homme exècre l’homme ? Il suffit de se trouver au milieu d’une foule, pour se sentir aussitôt solidaire de toutes les planètes mortes. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1472


« La base de la société, de toute société, est un certain orgueil d’obéir. Quand cet orgueil n’existe plus, la société s’écroule. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1462


« Dès qu’on sort dans la rue, à la vue des gens, extermination est le premier mot qui vient à l’esprit. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1456


« Au Zoo. — Toutes ces bêtes ont une tenue décente hormis les singes. On sent que l’homme n’est pas loin. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1452


« Heureux tous ceux qui, nés avant la Science, avaient le privilège de mourir dès leur première maladie ! »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1445


« Où aller, où demeurer ? et que chercher encore dans le brouhaha d’une planète babylonisée ? »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1437


« [...] il est légitime de se demander si l’humanité telle qu’elle est n’aurait pas intérêt à s’effacer maintenant plutôt que de s’exténuer et s’avachir dans l’attente, en s’exposant à une ère d’agonie, où elle risquerait de perdre toute ambition, même celle de disparaître. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1433


« La société d’alors, nous le savons maintenant, était tolérante parce qu’elle manquait de la vigueur nécessaire pour persécuter, donc pour se conserver. [...]

La Révolution fut provoquée par les abus d’une classe revenue de tout, même de ses privilèges, auxquels elle s’agrippait par automatisme, sans passion ni acharnement, car elle avait un faible ostensible pour les idées de ceux qui allaient l’anéantir. La complaisance pour l’adversaire est le signe distinctif de la débilité, c’est-à-dire de la tolérance, laquelle n’est, en dernier ressort, qu’une coquetterie d’agonisants. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1416


« Le monde antique devait être bien atteint pour avoir eu besoin d’un antidote aussi grossier que celui qu’allait lui administrer le christianisme. Le monde moderne l’est tout autant à en juger par les remèdes dont il attend des miracles. »

— Emil Cioran, « Écartèlement » (1979), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1416


« Dès que les animaux n’ont plus besoin d’avoir peur les uns des autres, ils tombent dans l’hébétude et prennent cet air accablé qu’on leur voit dans les jardins zoologiques. Les individus et les peuples offriraient le même spectacle, si un jour ils arrivaient à vivre en harmonie, à ne plus trembler ouvertement ou en cachette. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1354


« Une société est condamnée quand elle n’a plus la force d’être bornée. Comment, avec un esprit ouvert, trop ouvert, se garantirait-elle des excès, des risques mortels de la liberté ? »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1352


« Tant qu’une nation conserve la conscience de sa supériorité, elle est féroce, et respectée ; — dès qu’elle la perd, elle s’humanise, et ne compte plus. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1350


« Tous ces peuples étaient grands, parce qu’ils avaient de grands préjugés. Ils n’en ont plus. Sont-ils encore des nations ? Tout au plus des foules désagrégées. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1350


« L’Occident : une pourriture qui sent bon, un cadavre parfumé. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1350


« Toute civilisation exténuée attend son barbare [...]. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1350


« Le Progrès est l’injustice que chaque génération commet à l’égard de celle qui l’a précédée. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1349


« Un peuple ne fait qu’une seule révolution. Les Allemands n’ont jamais réédité l’exploit de la Réforme, ou plutôt ils l’ont réédité sans l’égaler. La France est restée pour toujours tributaire de quatre-vingt-neuf. Également vraie pour la Russie et pour tous les pays, cette tendance à se plagier soi-même en matière de révolution, est tout ensemble rassurante et affligeante. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1349


« Chaque génération vit dans l’absolu : elle se comporte comme si elle était parvenue au sommet, sinon à la fin, de l’histoire. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1347


« L’humanité, une fois détruite ou simplement éteinte, on peut se figurer un survivant, l’unique, qui errerait sur la terre, sans même avoir à qui se livrer... »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1346


« Pourquoi craindre le néant qui nous attend alors qu’il ne diffère pas de celui qui nous précède [...]. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1329


« Il faut souffrir jusqu’au bout, jusqu’au moment où l’on cesse de croire à la souffrance. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1319


« En permettant l’homme, la nature a commis beaucoup plus qu’une erreur de calcul : un attentat contre elle-même. »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1318


« Si on avait pu naître avant l’homme ! »

— Emil Cioran, « De l’inconvénient d’être né » (1973), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1302


« On ne détruit une civilisation que lorsqu’on détruit ses dieux. Les chrétiens, n’osant attaquer l’Empire de front, s’en prirent à sa religion. Ils ne se sont laissés persécuter que pour mieux pouvoir fulminer contre elle, pour satisfaire leur irrépressible appétit d’exécrer. Qu’ils eussent été malheureux si on n’eût pas daigné les promouvoir au rang de victimes ! Tout dans le paganisme, jusqu’à la tolérance, les exaspérait. »

— Emil Cioran, « Le Mauvais démiurge » (1969), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1185-1186
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« La nostalgie de la barbarie est le dernier mot d’une civilisation ; elle l’est par là même du scepticisme. »

— Emil Cioran, « La Chute dans le temps » (1964), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1106


« Une civilisation débute par le mythe et finit par le doute [...]. »

— Emil Cioran, « La Chute dans le temps » (1964), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1096


« [...] le “progrès” est l’équivalent moderne de la Chute, la version profane de la damnation. Et ceux qui y croient et en sont les promoteurs, nous tous en définitive, que sommes-nous sinon des réprouvés en marche, prédestinés à l’immonde, à ces machines, à ces villes, dont seul un désastre exhaustif pourrait nous débarrasser. »

— Emil Cioran, « La Chute dans le temps » (1964), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 1087


« [...] la démocratie est tout ensemble le paradis et le tombeau d’un peuple. »

— Emil Cioran, « Histoire et utopie » (1960), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 998


« Pour que la Russie s’accommodât d’un régime libéral, il faudrait qu’elle s’affaiblît considérablement, que sa vigueur s’exténuât ; mieux : qu’elle perdît son caractère spécifique et se dénationalisât en profondeur. Comment y réussirait-elle, avec ses ressources intérieures inentamées et ses mille ans d’autocratie ? À supposer qu’elle y arrivât par un bond, elle se disloquerait sur-le-champ. Plus d’une nation, pour se conserver et s’épanouir, a besoin d’une certaine dose de terreur. »

— Emil Cioran, « Histoire et utopie » (1960), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 998


« Plus elle [la Russie] deviendra forte, plus elle prendra conscience de ses racines, dont, en une certaine manière, le marxisme l'aura éloignée ; après une cure forcée d’universalisme, elle se rerussifiera, au profit de l’orthodoxie. Du reste, elle a marqué d’une telle empreinte le marxisme qu’elle l’aura slavisé. Tout peuple de quelque envergure qui adopte une idéologie étrangère à ses traditions l’assimile et la dénature, l’infléchit dans le sens de sa destinée nationale, la fausse à son avantage, au point de la rendre indiscernable de son propre génie. »

— Emil Cioran, « Histoire et utopie » (1960), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 996


« Après la chute de Byzance, Moscou devint, pour la conscience orthodoxe, la troisième Rome, l’héritière du “vrai” christianisme, de la véritable foi. »

— Emil Cioran, « Histoire et utopie » (1960), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 995


« Une civilisation se révèle féconde par la faculté qu’elle a d’inciter les autres à l’imiter ; qu’elle finisse de les éblouir, elle se réduit à une somme de bribes et de vestiges. »

— Emil Cioran, « Histoire et utopie » (1960), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 994


« Quelle malédiction l’a frappé [l’Occident] pour qu’au terme de son essor il ne produise que ces hommes d’affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l’on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu’en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l’abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d’hommes. »

— Emil Cioran, « Histoire et utopie » (1960), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 989


« La psychanalyse, j’y vois le phénomène le plus révélateur de la dégringolade spirituelle de l'homme. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 840


« L’Occident n’est plus attiré que par le blasphème. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 643


« La Russie n’est peut-être pas conquérante ; mais le vide occidental l’attire et il se peut qu’un jour elle ne puisse pas résister à l’envie de le combler. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 632


« La parole — instrument de l’élévation et de la chute de l’homme.

[...] ce devrait être la fonction essentielle de la société que l’extermination des bavards. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 580


« À la longue, la tolérance engendre plus de maux que l’intolérance — tel est le drame réel de l’Histoire. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 579


« La Mongolie, pays que j’aime puisqu’il y a plus de chevaux que d’hommes. Un journaliste anglais raconte qu’un jeune homme indigène lui a dit, se plaignant que son pays dépassait à peine un million d’habitants : “Nous avons pourtant dominé la Russie, la Chine et l’Inde.” »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 363


« Il y a quelque chose de pire que l’antisémitisme : c’est l’anti-antisémitisme. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 314


« Le pays dont je rêve : la Mongolie-Extérieure — où il y a plus de chevaux que d’hommes (et où les enfants apprennent à monter à cheval avant de savoir marcher). »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 257


« Toutes ces nations occidentales — des cadavres opulents. »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 75


« Si je hais les Occidentaux, c’est qu’ils aiment qu’on les haïsse. Quelle incroyable soif de destruction ! Le paradis au milieu de cadavres ! »

— Emil Cioran, Cahiers (1957-1972), éd. Gallimard, coll. « Blanche », 1997 (ISBN 9782070749355), p. 56


« Titulaire d’un destin religieux, il a survécu à Athènes et à Rome, comme il survivra à l’Occident, et il poursuivra sa carrière, envié et haï par tous les peuples qui naissent et meurent...

Quand les églises seront à jamais désertées, les Juifs y rentreront ou en bâtiront d’autres, ou, ce qui est plus probable, planteront la croix sur les synagogues. En attendant, ils guettent le moment où Jésus sera abandonné : verront-ils alors en lui leur véritable Messie ? [...]

Ce qui est certain, c’est qu’ils apparurent pendant longtemps comme l’incarnation même du fanatisme et que leur inclination pour l’idée libérale est plutôt acquise qu’innée. Le plus intolérant et le plus persécuté des peuples unit l’universalisme au plus strict particularisme. Contradiction de nature : inutile d’essayer de la résoudre ou de l’expliquer. »

— Emil Cioran, « La Tentation d’exister » (1956), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 860-861


« Vivre ici c’est la mort ; ailleurs, le suicide. Où aller ? La seule partie de la planète où l’existence semblait avoir quelque justification est gagnée par la gangrène. Ces peuples archicivilisés sont nos fournisseurs en désespoir. Pour désespérer, il suffit en effet de les regarder, d’observer les agissements de leur esprit et l’indigence de leurs convoitises amorties et presque éteintes. Après avoir péché si longtemps contre leur origine et négligé le sauvage, la horde — leur point de départ —, force leur est de constater qu’il n’y a plus en eux une seule goutte de sang hun. »

— Emil Cioran, « La Tentation d’exister » (1956), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 843


« L’aspiration à “sauver” le monde est le phénomène morbide de la jeunesse d’un peuple. »

— Emil Cioran, « La Tentation d’exister » (1956), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 


« Au milieu de ses perplexités et de ses veuleries, l’Europe garde néanmoins une conviction, une seule, dont pour rien au monde elle ne consentirait à se départir : celle d’avoir un avenir de victime, de sacrifiée. Ferme et intraitable pour une fois, elle se croit perdue, elle veut l’être et elle l’est. Du reste, ne lui a-t-on pas appris de longue date que des races fraîches viendront la réduire et la bafouer ? Au moment où elle semblait en plein essor, au XVIIIe siècle, l’abbé Galiani constatait déjà qu’elle était en déclin et le lui annonçait. Rousseau, de son côté, vaticinait : « Les Tartares deviendront nos maîtres : cette révolution me paraît infaillible. » Il disait vrai. Pour ce qui est du siècle suivant, on connaît le mot de Napoléon sur les Cosaques et les angoisses prophétiques de Tocqueville, de Michelet ou de Renan. Ces pressentiments ont pris corps, ces intuitions appartiennent maintenant au bagage du vulgaire. On n’abdique pas du jour au lendemain : il y faut une atmosphère de recul soigneusement entretenue, une légende de la défaite. Cette atmosphère est créée, comme la légende. Et de même que les précolombiens, préparés et résignés à subir l’invasion de conquérants lointains, devaient fléchir lorsque ceux-ci arrivèrent, de même les Occidentaux, trop instruits, trop pénétrés de leur servitude future, n’entreprendront sans doute rien pour la conjurer. Ils n’en auraient d’ailleurs ni les moyens ni le désir, ni l’audace. Les croisés, devenus jardiniers, se sont évanouis en cette postérité casanière où ne subsiste plus aucune trace de l’espace et horreur du chez soi, rêve vagabond et besoin de mourir au loin..., mais l’histoire est précisément ce que nous ne voyons plus alentour. »

— Emil Cioran, « La Tentation d’exister » (1956), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 841


« Une nation s’éteint quand elle ne réagit plus aux fanfares : la Décadence est la mort de la trompette. »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 801


« Rousseau fut un fléau pour la France, comme Hegel pour l’Allemagne. Aussi indifférente à l’hystérie qu’aux systèmes, l’Angleterre a composé avec la médiocrité ; sa “philosophie” a établi la valeur de la sensation ; sa politique, celle de l’affaire. L’empirisme fut sa réponse aux élucubrations du Continent ; le Parlement, son défi à l’utopie, à la pathologie héroïque. »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 772


« Par la barbarie, Hitler a essayé de sauver toute une civilisation. Son entreprise fut un échec ; — elle n’en est pas moins la dernière initiative de l’Occident.

Sans doute, ce continent aurait mérité mieux. À qui la faute s’il n’a pas su produire un monstre d’une autre qualité ? »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 772


« Mille ans de guerres consolidèrent l’Occident ; un siècle de “psychologie” l’a réduit aux abois. »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 769


« Notre époque sera marquée par le romantisme des apatrides. Déjà se forme l’image d’un univers où plus personne n’aura droit de cité.

Dans tout citoyen d’aujourd’hui gît un métèque futur. »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 769


« Don Quichotte représente la jeunesse d’une civilisation : il s’inventait des événements ; — nous ne savons comment échapper à ceux qui nous pressent. »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 769


« C’est en vain que l’Occident se cherche une forme d’agonie digne de son passé. »

— Emil Cioran, « Syllogismes de l’amertume » (1952), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 769


« Nulle civilisation ne saurait s’éteindre dans une agonie indéfinie ; des tribus rôdent alentour, flairant les relents des cadavres parfumés... »

— Emil Cioran, « Précis de décomposition » (1949), dans Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 650


« Depuis que l’utilité est apparue dans le monde, le monde n’est plus. N’est plus sous le charme. Seule l’adoration respecte les choses pour elles-mêmes [...]. »

— Emil Cioran, « Bréviaire des vaincus » (1944), dans Œuvres, trad. Alain Paruit, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 542


« Les potions orientales ont embaumé l’homme pendant deux mille ans. Le catholicisme — judaïsme latin — a saupoudré de suie indélébile l’exubérance de la Méditerranée. »

— Emil Cioran, « Bréviaire des vaincus » (1944), dans Œuvres, trad. Alain Paruit, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 525


« Difficile de préciser la date à laquelle les églises deviendront de simples monuments, la date à laquelle les croix, purifiées du symbole du sang judaïque, souriront inutilement à la curiosité esthétique. »

— Emil Cioran, « Bréviaire des vaincus » (1944), dans Œuvres, trad. Alain Paruit, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 523


« Je ne me sens “chez moi” que sur les bords de la mer. Car je ne saurais me bâtir une patrie que de l’écume des vagues. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 494


« Qu’est-ce qu’un artiste ? Un homme qui sait tout — sans s’en rendre compte. Un philosophe ? Un homme qui ne sait rien, mais qui s’en rend compte. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 442


« [...] le suicide n’est qu’un hommage négatif que nous rendons à nous-mêmes. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 410


« Sans le malheur, l’amour ne serait guère plus qu’une gestion de la nature. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 404


« La mort : le sublime à la portée de chacun. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 395


« La vérité est une erreur exilée dans l’éternité. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 389


« Par la mort, l’homme devient contemporain de lui-même. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 386


« Le malheur de ne pas être assez malheureux... »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 371


« La vie et moi : deux lignes parallèles qui se rencontrent dans la mort. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 367


« Chaque homme est son propre mendiant. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 367


« Quel homme, s’apercevant dans un miroir dans une semi-obscurité, n’a cru rencontrer le suicidé qui est en lui ? »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 361


« Si je courais comme un fou à ma recherche, qui me dit que je ne me rencontrerais jamais ? Sur quel terrain vague de l’univers serais-je égaré ? J’irais me chercher là où l’on entend la lumière... »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 358


« Et qu’est donc la vie sinon le lieu des séparations ? »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 355


« Si la souffrance n’était pas un instrument de connaissance, le suicide deviendrait obligatoire. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 349


« Être malade signifie vivre dans la conscience du présent [...]. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 345


« Il est des clairières où les anges viennent faire halte : au bord des déserts, j’y planterais des fleurs pour pouvoir me reposer à l’ombre de ce symbole. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 340


« Tant d’hommes ne sont séparés de la mort que par la nostalgie qu’ils en ont ! La mort s’y forge un miroir de la vie où elle puisse se contempler. »

— Emil Cioran, « Le Crépuscule des pensées » (1940), dans Œuvres, trad. Mirella Patureau-Nedelco et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 339


« La Russie et l’Espagne : deux nations enceintes de Dieu. D’autres pays de contentent de le connaître, ils ne le portent pas en eux. »

— Emil Cioran, « Des larmes et des saints » (1937), dans Œuvres, trad. Sanda Stolojan, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 315


« Ce qu’il y a de plus sain et de plus pur dans la vie n’est qu’une apothéose de l’éphémère. L’éternité est une inépuisable pourriture et Dieu un cadavre sur qui l’homme se prélasse. »

— Emil Cioran, « Des larmes et des saints » (1937), dans Œuvres, trad. Sanda Stolojan, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 316


« La liberté est un joug trop lourd pour la nuque de l’homme. Même pris d’une terreur sauvage, il est plus assuré que sur les chemins de la liberté. Bien qu’il la considère comme la valeur positive par excellence, la liberté n’a jamais cessé de lui présenté son revers négatif. La route infaillible de la débâcle est la liberté. L’homme est trop faible et trop petit pour l’infini de la liberté, de sorte qu’elle devient un infini négatif. Face à l’absence de borne, l’homme perd les siennes. La liberté est un principe éthique d’essence démoniaque. Le paradoxe est insoluble.

La liberté est trop grande et nous sommes trop petit. Qui, parmi les hommes, l’a méritée ? L’homme aime la liberté, mais il la craint. »

— Emil Cioran, « Le Livre des leurres » (1936), dans Œuvres, trad. Grazyna Klewek et Thomas Bazin, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 29


« Je ne connais que deux déchirements : juif et russe (Job et Dostoïevski). D’autres peuples ont sans doute souffert infiniment ; mais eux n’avaient pas la passion de la souffrance. N’ont eu une mission que les peuples qui se sont foulés eux-mêmes aux pieds, et ont réédité Adam. Un peuple qui n’a pas enduré dans son existence historique toute la tragédie de l’histoire ne peut s’élever au messianisme et à l’universalisme. Un peuple qui ne croit pas qu’il a le monopole de la vérité ne laissera pas de traces dans l’histoire. »

— Emil Cioran, « Le Livre des leurres » (1936), dans Œuvres, trad. Grazyna Klewek et Thomas Bazin, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 29


« [...] le vertige abyssal des grandes profondeurs, l’appel d’un infini béant prêt à nous engloutir et auquel nous nous soumettons comme à une fatalité ? Comme il serait doux de pouvoir mourir en se jetant dans un vide absolu ! »

— Emil Cioran, « Sur les cimes du désespoir » (1934), dans Œuvres, trad. André Vornic et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 29


« En ce qui me concerne, je démissionne de l’humanité : je ne peux, ni ne veux, demeurer homme. Que me resterait-il à faire en tant que tel — travailler à un système social et politique, ou encore faire le malheur d’une pauvre fille ? Traquer les inconséquences des divers systèmes philosophiques ou m’employer à réaliser un idéal moral et esthétique ? Tout cela me paraît dérisoire : rien ne saurait me tenter. Je renonce à ma qualité d’homme, au risque de me retrouver seul sur les marches que je veux gravir. Ne suis-je pas déjà seul en ce monde dont je n’attends plus rien ? Au-delà des aspirations et des idéaux courants, une supra-conscience fournirait, probablement, un espace où l’on puisse respirer. Ivre d’éternité, j’oublierais la futilité de ce monde ; rien ne viendrait plus trouver une extase où l’être serait tout aussi pur et immatériel que le non-être. »

— Emil Cioran, « Sur les cimes du désespoir » (1934), dans Œuvres, trad. André Vornic et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 48-49


« [...] l’esprit est le fruit d'un détraquement de la vie, de même que l’homme n’est qu’un animal qui a trahi ses origines. L’existence de l’esprit est une anomalie de la vie. »

— Emil Cioran, « Sur les cimes du désespoir » (1934), dans Œuvres, trad. André Vornic et Christiane Frémont, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 1995 (ISBN 9782070741663), p. 51


« La Garde de fer permet à la Roumanie de prendre entièrement conscience d’elle-même. En elle, les Roumains se sont réveillés ; en elle, ils ont interrogé leur sens. »

— « La Transylvanie — Prusse de la Roumanie », Emil Cioran (trad. Gina Puică et Vincent Piednoir), Înălțarea, 1er janvier 1941


« Un pays ne cherche pas le bonheur, mais la gloire. »

— « Ce qu’on peut faire en Roumanie », Emil Cioran (trad. Liliana Nicorescu), Vremea, 1er janvier 1935


« [...] les hommes ne méritent pas tous d’être libres. »

— « La révolte des repus », Emil Cioran (trad. Alain Paruit), Vremea, 5 août 1934


« Car la barbarie est le premier symptôme de l’aurore d’une culture. Pour nous qui vivons des moments essentiels de la décadence culturelle moderne, il ne peut nullement être question de l’aube d’une culture nouvelle, puisque nous vivrons pas jusque-là. Il faudra sans doute beaucoup plus qu’une centaine d’années pour que la culture moderne soit définitivement liquidée ; et l’aurore du nouveau monde ne projettera ses lumières que dans quelques siècles. »

— « Apologie de la barbarie », Emil Cioran (trad. Gina Puică et Vincent Piednoir), Vremea, 21 mai 1933


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Emil Cioran, Eugène Ionesco et Mircea Eliade, Paris, 1977
Mircea Eliade et Emil Cioran
Emil Cioran et Ernst Jünger à Paris, France
Ernst Jünger et Emil Cioran à Paris, France

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