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Citations

“To the debacle of liberal science can be traced the moral schism of the modern world which so tragically divides enlightened men. For the liberals are the inheritors of the science which truly interprets the progressive principle of the industrial revolution. But they have been unable to carry forward their science; they have not wrested from it a social philosophy which is humanly satisfactory. The collectivists, on the other hand, have the zest for progress, the sympathy for the poor, the burning sense of wrong, the impulse for great deeds, which have been lacking in latter-day liberalism. But their science is founded on a profound misunderstanding of the economy at the foundation of modern society, and their actions, therefore, are deeply destructive and reactionary. So men's hearts are torn, their minds are divided, they are offered impossible choices.”

(en) Walter Lippmann, The Good Society (1937), éd. Little, Brown and Company, 1938, p. 204
« La déroute de la science libérale est à l'origine du schisme moral du monde moderne qui divise si tragiquement les esprits éclairés. [...] Il y a chez les collectivistes une passion du progrès, une sympathie pour les pauvres, un sentiment ardent de l'injustice, un désir d'accomplir de grandes choses qui manquent au libéralisme d'aujourd'hui. Mais leur science repose sur une erreur profonde [...] et leurs actes sont, par conséquent, extrêmement destructeurs et réactionnaires. Aussi le cœur des hommes est-il déchirée et leur esprit divisé ; il leur est proposé des choix impossibles. »
(fr) Walter Lippmann cité par Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 1979 (ISBN 9782020051378), t. 2, p. 5


Citations sur Walter Lippmann

“The press, by seeing its role as that of informing the public, abandons its role as an agency for carrying on the conversation of our culture.” Having embraced Lippmann’s ideal of objectivity, the press no longer serves to cultivate “certain vital habits” in the community: “the ability to follow an argument, grasp the point of view of another, expand the boundaries of understanding, debate the alternative purposes that might be pursued.” [...]

Unless information is generated by sustained public debate, most of it will be irrelevant at best, misleading and manipulative at worst. Increasingly information is generated by those who wish to promote something or someone—a product, a cause, a political candidate or officeholder—without arguing their case on its merits or explicitly advertising it as self-interested material either.”

(en) Christopher Lasch, The Revolt of the Elites and the Betrayal of Democracy (1994), éd. W. W. Norton & Company, 1996 (ISBN 9780393313710), p. 172-174
« “La presse en percevant son rôle comme celui d’informer le public abandonne le rôle d’organisme chargé de faire vivre la conversation de notre culture.” Ayant adhéré à l’idéal d’objectivité de Lippmann, la presse ne sert plus à cultiver “certaines habitudes vitales” dans la communauté : “la capacité de suivre un argument, de saisir le point de vue d’autrui, d’élargir les frontières de l’entendement, de débattre les différentes finalités que l’on pourrait choisir de viser.” [...]
Si l’information n’est pas produite par un débat public soutenu, elle sera pour l’essentiel au mieux dépourvue de pertinence, et au pire trompeuse et manipulatrice. De plus en plus, l’information est produite par des gens qui désirent promouvoir quelque chose ou quelqu’un — un produit, une cause, un candidat ou un élu — sans s’en remettre pour cela à ses qualités intrinsèques ni en faire explicitement la réclame en avouant qu’ils y ont un intérêt personnel. »
(fr) Christopher Lasch, La Révolte des élites et la trahison de la démocratie (1994), trad. Christian Fournier, éd. Flammarion, coll. « Champs Essais », 2009 (ISBN 9782081236813), p. 178-180


“Professionalism in politics meant professionalism in journalism. The connection between them was spelled out by Walter Lippmann in a notable series of books: Liberty and the News (1920), Public Opinion (1922), and The Phantom Public (1925). These provided a founding charter for moderns journalism, the most elaborate rationale for a journalism guided by the new ideal of professional objectivity. Lippmann held up standards by which the press is still judged—usually with the result that it is found wanting. [...]

The role of the press, as Lippmann saw it, was to circulate information, not to encourage argument. The relationship between information and argument as antagonistic, not complementary. He did not take the position that reliable information was a necessary precondition of argument; on the contrary, his point was that information precluded argument, made argument unnecessary. Arguments were what took place in the absence of reliable information.”

(en) Christopher Lasch, The Revolt of the Elites and the Betrayal of Democracy (1994), éd. W. W. Norton & Company, 1996 (ISBN 9780393313710), p. 167-170
« Le professionnalisme dans la politique signifiait professionnalisme dans le journalisme. La liaison entre les deux fut énoncée par Walter Lippmann dans une remarquable série d’ouvrages : Liberty and the News (1920), Public Opinion (1922) et The Phantom Public (1925). Ils ont fourni au journalisme moderne sa charte fondatrice, l’argumentation la plus élaborée en faveur d’un journalisme qui serait guidé par le nouvel idéal de l’objectivité professionnelle. [...]
Dans la vision de Lippmann, le rôle de la presse était de faire circuler de l’information et non d’encourager la discussion. La relation entre information et discussion était antagoniste, et non complémentaire. Sa position n’était pas qu’une information fiable était une condition préalable nécessaire à la discussion ; au contraire, ce qu’il voulait dire, c’est que l’information excluait la discussion, rendait toute discussion inutile. Les débats étaient ce qui se produisait en l’absence d’information fiable. »
(fr) Christopher Lasch, La Révolte des élites et la trahison de la démocratie (1994), trad. Christian Fournier, éd. Flammarion, coll. « Champs Essais », 2009 (ISBN 9782081236813), p. 173-176


« L’opinion publique n’était pas fiable, selon Lippman, car elle ne pouvait être unifiée que par le recours à des slogans et des “images symboliques”. Dans une société gouvernée par l’opinion publique, l’art de gouverner devenait l’art de la “manipulation” — la “fabrique du consentement”. “Là où toutes les nouvelles sont de seconde main, là où tout témoignage prête au doute, les hommes cessent de réagir aux vérités, et réagissent simplement aux opinions. L’environnement au sein duquel ils agissent n’est pas la réalité même, mais le pseudo-environnement des reportages, des rumeurs, et des conjectures […] Toute chose relève de l’affirmation et de la propagande.” »

Christopher Lasch, Le Seul et Vrai Paradis (1991), trad. Frédéric Joly, éd. Flammarion, coll. « Champs Essais », 2006 (ISBN 9782080801593), p. 442