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Citations

« Les hommes ne sont pas égaux, mais nous pouvons décider de combattre pour l’égalité des droits. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051378), t. 2, p. 184


« Qu’est-ce donc un mythe, sinon une tentative de rationalisation de l’irrationnel ? »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051378), t. 2, p. 164


« La civilisation occidentale doit, en effet, son fondement rationaliste, sa croyance en l’unité rationnelle de l’homme au sein d’une société ouverte, et plus spécialement son attitude scientifique, à l’antique foi socratique et chrétienne. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051378), t. 2, p. 164


« Substituer au gouvernement par la raison le gouvernement par l’amour, c’est ouvrir la voie au gouvernement par la haine, comme Socrate semble l’avoir entrevu quand il dit que la méfiance en la raison ressemble à la méfiance envers l’homme. L’amour n’est ni une garantie d’impartialité, ni un moyen d’éviter les conflits, car on peut différer sur la meilleure manière d’aimer, et plus l’amour est fort, plus fort sera le conflit. Cela ne veut pas dire que l’amour et la haine doivent être placés sur le même plan, mais seulement que nul sentiment, fût-ce l’amour, ne peut remplacer le recours à des institutions fondées sur la raison.

Le règne de l’amour présente d’autres dangers. Aimer son prochain, c’est vouloir le rendre heureux [...]. Mais vouloir le bonheur du peuple est, peut-être, le plus redoutable des idéaux politiques, car il aboutit fatalement à vouloir imposer aux autres une échelle de valeurs supérieures jugées nécessaires à ce bonheur. On verse ainsi dans l’utopie et le romantisme ; et, à vouloir créer le paradis terrestre, on se condamne inévitablement à l’enfer. De là l’intolérance, les guerres de religion, l’Inquisition, avec, à la base, une conception foncièrement erronée de nos devoirs. Que nous ayons le devoir d’aider ceux qui en ont besoin, nul ne le conteste ; mais vouloir le bonheur des autres, c’est trop souvent forcer leur intimité et attenter à leur indépendance. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051378), t. 2, p. 160-161


« L’amour abstrait du prochain n’existe guère. On ne peut vraiment aimer que ceux qu’on connaît. C’est pourquoi l’appel à nos émotions, fussent-elles les plus élevées, nous amène toujours à répartir les humains en différentes catégories. Il en sera ainsi, à plus forte raison, si cet appel s’adresse à des sentiments moins nobles. En dernière analyse, notre réaction sera de classer les humains, en distinguant les membres de notre clan ou de notre communauté spirituelle et ceux qui n’y appartiennent pas, entre croyants et incroyants, concitoyens et étrangers, camarades et ennemis de classe, dirigeants et dirigés. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051378), t. 2, p. 159-160


« [...] les principaux courants d’idées du totalitarisme moderne sont un héritage direct de Hegel. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051378), t. 2, p. 159


« Qu’il existe entre les hommes des inégalité de fait n’est pas niable, et on peut même se demander si, à certains égards, ces inégalités ne sont pas souhaitables. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051378), t. 2, p. 159


« Il existe — et c’est éclairant — une thèse opposée, que j’appellerai la thèse du complot, selon laquelle il suffirait, pour expliquer un phénomène social, de découvrir ceux qui ont intérêt à ce qu’il se produise. Elle part de l’idée erronée que tout ce qui se passe dans une société, guerre, chômage, pénurie, pauvreté, etc., résulte directement des desseins d’individus ou de groupes puissants. Idée très répandue et fort ancienne, dont découle l’historicisme ; c’est, sous sa forme moderne, la sécularisation des superstitions religieuses. Les dieux d’Homère, dont les complots expliquent la guerre de Troie, y sont remplacés par les monopoles, les capitalistes ou les impérialistes. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051378), t. 2, p. 67-68


« Les adversaires de la liberté ont toujours cherché à tirer parti des sentiments prévalents, plutôt que de gaspiller leurs forces à essayer de les détruire. Bien souvent, les idées les plus chères aux humanistes ont été chaleureusement louées par leurs pires ennemis, qui, se faisant passer pour leurs alliés, ont semé la désunion et la confusion parmi eux. Ils y ont si bien réussi que nombre d’humanistes sincères continuent à vénérer l’idée platonicienne de la justice, l’idée médiévale de l’autoritarisme chrétien, l’idée rousseauiste de “volonté générale” ou les idées de Fichte et de Hegel sur la liberté nationale. Ce procédé, revenant à introduire dans le camp humaniste une cinquième colonne intellectuelle d’autant plus dangereuse qu’elle est en grande partie inconsciente, a surtout été efficace après que l’hégélianisme fut devenu le fondement d’un mouvement réellement humaniste : le marxisme, qui est la forme d’historicisme la plus pure, la plus répandue et la plus redoutable que le monde ait connue. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051378), t. 2, p. 59


« L’influence du commerce me paraît très grande, et il n’est pas fortuit que la civilisation sumérienne, une des plus anciennes connues, ait été, pour autant qu’on le sache, une civilisation commerciale avec des tendances démocratiques marquées ; et que l’écriture, l’arithmétique et les débuts de la science y aient été étroitement liés au développement du négoce. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051361), t. 1, p. 243


« Il n’y a pas du point de vue éthique, de symétrie entre la souffrance et le bonheur, de graduation continue qui nous permettrait de considérer un certain degré de douleur comme le négatif d’un certain degré de plaisir. Aussi au lieu de revendiquer le maximum de bonheur possible pour le plus grand nombre, devrait-on demander, plus modestement, le minimum de souffrances évitables pour tous et une répartition aussi égale que possible des souffrances inévitables. Il y a un certain parallélisme entre cette façon de considérer le problème éthique et la méthodologie scientifique défendue dans La logique de la découverte scientifique. L’expression de nos revendications sous une forme négative : réduction de la souffrance, au lieu d’accroissement du bonheur, simplifie des choses, comme de considérer que la tâche de la méthode scientifique est d’éliminer les théories erronées et non d’établir la vérité. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051361), t. 1, p. 239-240


« Le paradoxe de la tolérance est moins connu : une tolérance illimitée a pour conséquence fatale la disparition de la tolérance. Si l’on est d’une tolérance absolue, même envers les intolérants, et qu’on ne défende pas la société tolérante contre leurs assauts, les tolérants seront anéantis, et avec eux la tolérance. Je ne veux pas dire par là qu’il faille toujours empêcher l’expression de théories intolérantes. Tant qu’il est possible de les contrer par des arguments logiques et de les contenir avec l’aide de l’opinion publique, on aurait tort de les interdire. Mais il faut revendiquer le droit de le faire, même par la force si cela devient nécessaire, car il se peut fort bien que les tenants de ces théories se refusent à toute discussion logique et ne répondent aux arguments que par la violence. Il faudrait alors considérer que, ce faisant, ils se placent hors la loi et que l’incitation à l’intolérance est criminelle au même titre que l’incitation au meurtre, par exemple. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051361), t. 1, p. 222


« [...] l’innocence perdue ne se retrouve pas, et jamais une société close dont le développement a été artificiellement stoppé ou un tribalisme reconstitué ne pourra se comparer à l’original. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051361), t. 1, p. 149


« La cause principale de la chute de la société close doit être recherchée dans le développement du commerce et des communications maritimes. Rien n’est plus apte à ébranler la confiance dans le caractère intangible des institutions tribales que le contact avec d’autres populations. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051361), t. 1, p. 145


« La tension entre classes sociales est la première conséquence de la désagrégation de la société close. Celle-ci en était préservée puisque, pour ses dirigeants, l’esclavage et la prépondérance d’une caste sont “naturels” et, partant, indiscutables. Avec la disparition de la société close disparaît aussi ce sentiment de sécurité que la communauté tribale incarnait pour ses membres. Entourée d’ennemis et de forces magiques hostiles, elle était pour eux ce que la famille et le foyer sont pour l’enfant. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051361), t. 1, p. 144


« Du fait même de la perte de son caractère organique, une société ouverte risque de s’acheminer progressivement vers une “société abstraite”. Elle peut en effet cesser, dans une large mesure, d’être un véritable rassemble­ment d’individus. Imaginons, au prix d’une certaine exagération, une société où les hommes ne se rencontrent jamais face à face, où les affaires sont traitées par des individus isolés communiquant entre eux par lettres ou par télégrammes, se déplaçant en voiture fermée et se reproduisant par insé­mination artificielle : pareille société serait totalement abstraite et déperson­nalisée. Or, la société moderne lui ressemble déjà sur bien des points. Dans une ville, les piétons se croisent mais s’ignorent, les membres d’un syndicat portent une carte et paient une cotisation mais peuvent ne jamais se connaître. Beaucoup d’individus ont peu ou pas de contacts humains et vivent dans l’anonymat et l’isolement. Il y sont malheureux, car, si la société tend à devenir abstraite, le tissu biologique de l’homme n’a guère changé, et il a des besoins sociaux que celle-ci est incapable de satisfaire. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051361), t. 1, p. 142-143


« La confusion de l’individualisme avec l’égoïsme permet de le condamner au nom des sentiments humanistes et d’invoquer ces mêmes sentiments pour défendre le collectivisme. En fait, en attaquant l’égoïsme, ce sont les droits de l’individu qu’on vise. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051361), t. 1, p. 90


« Je n’ignore rien des difficultés et des dangers inhérents à la démocratie, mais je n’en pense pas moins qu’elle est notre seul espoir. Bien des exemples montrent que cet espoir n’est pas vain. »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis (1945), trad. Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éd. Seuil, 2014 (ISBN 9782020051361), t. 1, p. 8
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Citations sur Karl Popper

« Certains commettent l’erreur de confondre historicisme et historisme. Le venin et l’antidote. Ou Hegel et Ranke.

Historicisme ce dont parle Popper ; historicisme ce dont parle Meinecke. »

Nicolás Gómez Dávila, Carnets d’un vaincu, trad. Alexandra Templier, éd. Seuil, 2008 (ISBN 9782851816979), p. 127


Bibliographie

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