L’Empire soviétique et les nationalismes à l’époque de la perestroïka - Alexandre Douguine


Alexandre Douguine, Allocution prononcé au XXIVe colloque du GRECE, Paris, 24 mars 1991.


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1 - La valeur de l’empire

En tant que traditionaliste (c’est-à-dire fondant mon appréhension du monde sur les travaux de René Guénon et de Julius Evola), l’Empire, l’idée de l’Empire, m’apparaît comme la forme positive et sacrée de l’État traditionnel. À l’inverse, j’estime que le nationalisme n’est qu’une tendance idéologique de la modernité, subversive, profane, laïque, orientée contre l’unité de l’ordre supra-national de l’Empire, de la forme œcuménique.

D’autre part, en tant que russe, l’Empire me semble le mode de souveraineté le plus adapté à mon peuple et à ses frères européens, le plus naturel au fond. Peut-être sommes-nous, nous autres Russes, le dernier peuple impérial du monde. C’est pourquoi l’idée de peuple est chez nous étroitement liée à l’idée d’Empire. Quand nous disons « les Russes », nous voulons souvent signifier « les nôtres » et nous y incluons la grande multitude des peuples qui habitent nos terres et partagent avec nous cet immense espace géopolitique qu’est la Russie. Dostoïevski disait « être russe veut dire être l’homme universel ». Sans doute cette attitude est-elle responsable du sentiment qui anime aujourd’hui les Russes dans les pays baltes. En effet, ils ont fait de cette appartenance une sorte de concept politique qui transcende la question de la nationalité ou de l’idéologie politique. « Les nôtres », pour lesquels se battent et meurent les partisans de l’unité de l’URSS, ne sont pas un groupe politique, social, national ou même racial: ce sont des gens marqués par la présence de l’instinct impérial. Il ne s’agit là ni de démagogie politique ni d’hypocrisie. Ce qui est à l’œuvre dans les résistance à la décomposition soviétique, bien plus que la volonté de sauver les vestiges de l’idéologie marxiste-léniniste, c’est une « conscience impériale », le sentiment presque mystique d’être « l’homme universel ».

Pour cette raison, les Russes regardent le nationalisme et le séparatisme, revendication du particulier contre l’universel, comme quelque chose d’absolument étrange et égoïste. À vrai dire, j’éprouve moi-même de semblables sentiments devant le phénomène en question. Quand je réfléchis au nationalisme, je ressens toujours dans cette idéologie l’absence totale d’arrière-fond religieux ou, pour reprendre l’expression de Jean Parvulesco — un auteur qui vous est cher et qui m’est familier —, de tout fond « cosmique ». Le nationalisme ne pourrait trouver sa raison d’être qu’en revenant à la Tradition, à l’Esprit, à l’Unité. S’il peut servir, à moyen terme, de moyen défensif contre l’expansion du cosmopolitisme, du matérialisme et du règne de la quantité dans leurs expressions les plus grossières, les plus obscènes même, il ne saurait prétendre à la stature d’une alternative. Il s’agira toujours de quelque chose d’incomplet, de la phase préparatoire à l’action de restauration traditionnelle et intégrale, donc de la restauration impériale.

2 - Le facteur turc

L’idée de nation entendue au sens ethnique a été longtemps méconnue des Russes et n’est apparue qu’avec la révolution bolchevique. Avant 1917, étaient considérés comme Russes tous les chrétiens orthodoxes. La conscience impériale était, du fait de cette œcoumène religieux, partagée par des ethnies culturellement très différentes.

Il faut également souligner un facteur important dans la genèse de notre identité collective : la grande majorité des peuples qui habitent les terres de la Sibérie, les steppes d’Asie Centrale, les montagnes d’Oural, d’Altaï, etc., appartiennent à la famille turco-mongole. Les Turcs étaient les prédécesseurs des Russes dans la construction de l’Empire (les Huns, les Mongols de Tchinguiz Khan, etc.). Même aujourd’hui, ce sont les peuples turcs qui conservent, plus que les autres, la conscience impériale. Elle imprègne leur mentalité depuis les origines. Les Turcs se sont mêlés aux Slaves dans l’espace de l’Empire, en créant une nation impériale culturellement unie. Ces deux facteurs de l’unité naturelle des peuples qui habitent la Russie (l’orthodoxie et l’élan de la création impériale) se conservent jusqu’aujourd’hui dans la partie (qui est assez considérable) des nations non slaves étroitement liées au sort de l’Empire. La fin de l’URSS signifie pour eux aussi la fin des attitudes impériales millénaires. C’est ainsi que les peuples turcs (les Tatares, les Ouzgeuz, les Yakouts, etc.) comptent un grand nombre de russophiles, de patriotes, d’«impérialistes » au sens positif. Leur rôle est également non négligeable dans l’armée, où ils sont nombreux dans le camp des « conservateurs » à vouloir préserver l’unité des peuples de l’Union.

3 – Empire-frontière

Il faut aussi dire quelques mots sur le rôle géopolitique de la Russie pendant les milles années de son histoire. Grâce à sa position intermédiaire entre l’Europe et l’Asie, l’empire russe a eu un rôle charnière : en lui se calmaient les tourbillons (idéologiques, ethniques, religieux) venus de l’Ouest et de l’Est. La pression de l’Asie et l’expansion de l’Europe étaient en quelque sorte neutralisées en Russie. L’empire russe fut avant tout un empire-frontière. Une telle particularité a influé considérablement sur la mentalité russe, mais aussi sur le caractère de la conscience impériale en générale. On ne peut pas parler ici de synthèse ou de syncrétisme véritable entre l’Est et l’Ouest, mais on doit reconnaître au moins l’importance de cette particularité dans son rapport à la stabilité continentale du bloc eurasiatique.

Pour ce qui est de notre époque, on peut déduire de cette remarque que l’éclatement de l’empire soviétique rendra la voie libre à l’échange direct des énergies géopolitiques entre le monde asiatique et le monde européen. Mais cet échange, en l’absence du facteur stabilisant qu’est l’Empire russe, sera extrêmement violent. D’un côté, on peut prévoir l’occidentalisation à outrance et catastrophique des pays asiatiques comme la Chine, la Mongolie, aussi bien que l’Asie centrale. De l’autre, l’invasion asiatique de l’Europe pourra être pacifique (une vague de migration des peuples asiatiques, aspirant au bien-être de la civilisation techno-marchande, serait encore plus puissante que l’immigration des pays arabes et africains) ou militaire, le surplus démographique du continent asiatique y poussant logiquement.

Ainsi l’activation du facteur ethnique, opposé ou tout simplement séparé du sentiment impérial, porte en lui le danger réel du choc continental et de la rencontre agressive des deux pôles opposés de l’Eurasie. C’est pourquoi les revendications nationalistes équivalent à détruire la conscience-frontière d’une couche « civilisationnelle » considérable. Par là même, la notion de frontière devenant floue, les nations qui auront gagné une certaine indépendance (en l’absence de l’unité culturelle surplombante d’ordre impérial), se retrouveront dans une grande instabilité dont les aboutissements sont imprévisibles.

Ce qui nous semble plus grave encore, c’est l’ignorance complète de la part des nationalistes-séparatistes de la menace la plus réelle, celle du mondialisme et du nivellement des cultures. L’image de l’Occident est, chez la plupart d’entre eux, soit neutre et innocente (l’image désincarnée de l’humanisme bienveillant), soit absolument positive (le sauveur face à la terreur de l’impérialisme russe). Le complexe américain trouve là un terrain favorable, voire un terreau fertile.

4 - Les paradoxes de l’Empire soviétique

L’Empire soviétique n’a hérité de l’Empire russe que les terres et le modèle centralisateur. Au fond, c’était une parodie de l’Empire, l’Empire à rebours. Les terreurs du léviathan soviétique sont trop connues pour que je les évoque de nouveau, car je doute pouvoir apporter à cette image des précisions novatrices. Tout sens traditionnel, tout sacré étaient évidemment absents de l’Empire stalinien. L’aspect le plus frappant de la perversion de l’idée impériale qui s’est produite en URSS se révèle à mon avis surtout dans la haine de la hiérarchie communiste pour ce qui représente l’élément supérieur de toute société traditionnelle, la caste sacerdotale. Le pouvoir et les postes les plus élevés appartenaient toujours aux idéologues les plus obtus (les dirigeants de l’époque de Lénine) ou aux plus médiocres et aux plus dociles (à l’époque de Staline et de Brejnev). Et c’est justement dans ce transfert du pouvoir des mains des pires idéologues (les nihilistes russophobes de la première révolution) aux mains des médiocres qu’il faut voir la marque d’une pression intérieure de type impérial. Cette pression était assez forte pour provoquer les purges staliniennes anti-nihilistes des années trente, mais trop faible pour aboutir à une libération complète des dogmes communistes.

Ce déplacement de perspective, l’idée d’un développement du socialisme dans un seul pays, le renouveau de l’identité russe qui a culminé lors de la deuxième guerre mondiale, a pris une forme quasi-impériale, qu’on ne peut qualifier de profane (parce que le sentiment du « surnaturel » a toujours été présent dans l’attitude du peuple envers la « patrie soviétique »), mais qui n’était pas non plus sacré au sens propre du mot. L’Empire soviétique était une sorte d’hybride, dont une partie, qu’on pourrait qualifier de « négative », se résumait par la démagogie communiste, en négation ouverte des valeurs traditionnelles (religieuses, hiérarchiques et métaphysiques), tandis qu’une autre, « positive », voyait la survivance confuse, semi-consciente ou inconsciente d’éléments impériaux.

La preuve que cet Empire soviétique, dégénéré et vicié à la base, a su conserver quelques caractères impériaux se constate dans la vivacité des identités à l’intérieur de l’Union. Les structures des pouvoirs locaux, dans les Républiques, étaient composées, comme à l’époque féodale, de clans autochtones. Les coutumes, les rites populaires et religieux étaient pratiqués secrètement, non seulement par les peuples, mais aussi par les plus hautes autorités de la nomenklatura de ces Républiques. Je fus ainsi le témoins, à l’époque de Brejnev, d’une pratique mi-ironique et mi-sérieuse des représentants du Parti communiste de l’Ouzbékistan et des couches supérieures de la société. Ils avaient l’habitude de faire le geste du rite religieux musulman avant les repas (omen en arabe) et prononçaient, au lieu de la formule Allah-akbar, le mot oblispolkom (l’abréviation des mots russes Comité exécutif de la province) qui a, dans leur langue, une consonance très proche !

Les haines nationalistes et séparatistes contre l’Empire soviétique ne sont donc pas toujours justifiées, d’autant que la centralité impériale est confondue avec le centralisme bolchevique. La fin de l’Empire soviétique ne signifiera pas pour ces nationalismes le retour de l’âge d’or. Ils devront affronter la rigueur de l’ordre marchand, la terrible machine à uniformiser les âmes qu’est l’Occident. D’ailleurs, pourquoi ne s’interrogent-ils pas sur leur propre vivacité après soixante-dix ans de communisme, alors que l’Ouest qu’ils admirent tant donne l’image pitoyable du déracinement de masse, du règne tout puissant du matérialisme, du culte du marché et de l’argent ?

5 - Particularités des différents nationalismes

On peut aisément constater aujourd’hui la présence en URSS de lobbies mondialistes, qui se nomment « les démocrates » ou « la gauche ». Leur jugement sur les événements actuels est beaucoup plus précis et réfléchi que celle de notre droite, guidée à Moscou (comme souvent ailleurs) par les émotions, les instincts, les sentiments épidermiques. Cette émotivité et cette confusion occasionnent des jugements politiques contestables, flous et contradictoires, incapables de saisir les enjeux sur le long terme. C’est pourquoi il me semble à tout prendre plus utile d’écouter l’opinion des mondialistes à propos des particularités de tel ou tel nationalisme et d’en tirer les conclusions qui s’imposent.

C’est ainsi que certains nationalismes sont aujourd’hui exaltés par les « démocrates », comme autant de mouvements progressistes, « antitotalitaires ». Ce sont les nationalismes baltes, les nationalisme arménien et géorgien, voire le nationalisme moldave. Pourtant, bien que soutenus pas la « gauche » soviétique, ce ne sont pas des nationalismes de gauche au sens propre du terme. Au contraire, ils sont plutôt libre-échangistes et anti-socialistes. On doit aussi mentionner les nationalismes de certaines ethnies slaves, qui rejettent les liens de sang avec les autres slaves (surtout avec les Grands-Russes), à l’exemple de certains Ukrainiens et des Russes blancs. Malgré leur aversion pour les Slaves, le lobby mondialiste « tolère » souvent leur manifestation.

Les autres nationalismes sont regardés par nos mondialistes comme « réactionnaires » ou « fascistes » (l’épithète a traversé toutes les phases de la déstalinisation). Cette catégorie est composée principalement des irrédentismes des peuples musulmans. Paradoxalement, des mouvements de caractère nettement national-libéral, profane et « humaniste », comme le Front populaire azerbaïdjanais (pro-occidental et anti-fondamentaliste — ce qui aurait du théoriquement plaire aux « démocrates »), sont dénoncés comme dangereux pour l’établissement de la démocratie, et les groupes militaires ont écrasé hommes, femmes et enfants de Bakou sans soulever, loin s’en faut, autant d’émoi qu’en Géorgie ou, plus récemment encore, dans les pays baltes.

De cette attitude équivoque (illogique pour qui néglige la stratégie mondialiste), on peut déduire une classification opératoire des nationalismes. Les revendications baltes, arméniennes, géorgiennes et moldaves, candidates pour l’intégration dans le système capitalisme international sous la direction des États-Unis, sont regardées avec une bienveillance à peine teintée de méfiance. A l’inverse, les peuples susceptibles de constituer un bloc géopolitique autocentré avec d’autres forces centrifuges (l’alliance religieuse pour la religion musulmane, la solidarité ethnique pour les peuples turcs, etc.) sont regardés de façon hostile et leurs soulèvements sont plus sévèrement réprimés.

Il est évident que les réformateurs mondialistes comptent bien, tout en continuant à discréditer l’impérialisme russe, profiter du sentiment impérial russe pour écraser, avec les troupes soviétiques, les nationalismes indésirables d’un type traditionnel. Contraire à une alliance à notre sens souhaitable, ces conflits provoqués entre deux forces plus ou moins traditionnelles (à savoir les Russes et les nations asiatiques ou caucasiennes, musulmanes et turques) capables de résister à l’occidentalisation semblent être le fait d’une stratégie subtile d’auto-annihilation de tout destin continental pour cette partie du monde. Divide ut regnes... L’exaltation des particularismes, le « chauvinisme » comme vous le nommez, est encore préférable pour les mondialistes à la mise en forme d’un grand bloc continental susceptible d’influer sur le cours de l’histoire. Et les micro-revendications sont aussi celles qu’il est la plus facile de satisfaire.

6 - Triste réalité

Les événements actuels prennent évidemment un tour plutôt négatif. De nouveaux dogmes se sont substitués aux anciens. On déboulonne des statues de Lénine, mais on ouvre des Mc Donald’s dans la capitale russe. On culpabilise les Russes, en les accusant d’être les adeptes historiques de formes autocratiques ou totalitaires de pouvoir, incapables de saisir le sens véritable de la démocratie occidentale, sauf à être « rééduqués ». Mais cette rééducation prend souvent l’aspect d’un lavage de cerveau.

On affirme que les Russes, déresponsabilisés par la redistribution étatique des richesses, sont incapables de travailler, d’organiser leur société, de produire des biens, etc. On préférerait bien sûr que se développe une mentalité de gagneur individualiste, que l’anciens productivisme stalinien soit repeint aux couleurs du productivisme capitaliste, que toutes les entraves à la loi du profit héritées du marxisme soit abolies. On discerne dans la crise économique une punition (la « main invisible », peut-être ?) des tendances isolationnistes et autarciques, odieux blasphème contre la loi du « Laissez-faire, laissez-passer. »

Bref, une idéologie dominante se met en place avec une surprenante rapidité. Le terrain idéologique est massivement occupé par les prêcheurs du Disneyland universel. L’américanisme s’impose avec une telle force, avec une telle insistance, que les gens usuellement classés à droite (comme, tout récem ment encore, certains écrivains patriotiques tels Raspoutine ou Astafiev) se sentent obligés, par conformisme, d’exprimer leur respect et leur dévotion pour l’idéologie des droits de l’homme, les États-Unis ou le marché.

7 - Les perspectives d’avenir

La « droite impérialiste russe », pour oser une catégorie qui semblera étrange au public français, mais qui prend tout son sens dans notre pays, doit tirer les conséquences de ces analyses pour les fixer dans une perspective historique. Trois axes de réflexion et d’action s’offrent à nous :

L’organisation d’un pôle de résistance contre le réformisme mondialiste purgé de sa composante marxiste-léniniste. Il s’agit d’organiser la riposte contre les tenants de l’économie libérale et de la démocratie purement parlementaire et représentative.

La conservation de l’unité territoriale de l’Empire.

La restauration de la tradition dans les domaines politique et spirituel. Pour cela, on doit tenir compte du rôle central de l’Église orthodoxe en Russie d’une part, du renouveau islamique en Asie centrale d’autre part.

Notre position actuelle est profondément différente de la situation des pays d’Europe occidentale, voire d’Europe orientale. Le communisme a gelé notre histoire soixante-dix ans durant. Ce serait une erreur de penser que le peuple russe puisse se « reconnecter » directement au développement occidental qui, du fait de sa décadence même, est le fruit d’une lente maturation. S’il fallait trouver une comparaison, ce serait peut-être celle de l’Allemagne de Weimar : un pays à qui l’on a imposé de façon arbitraire et dans la précipitation une tradition politique étrangère. On connaît les conséquences, souvent dramatiques, de ces plaquages contre-nature.

Le nationalisme, l’ethnisme ou un quelconque irrédentisme, sils étaient des réponses nécessaires à l’époque du marxisme dominant, ne sauraient être des réponses suffisantes aux enjeux historiques et idéologiques qui s’offrent à tous les peuples de l’Union. La perestroïka a bouleversé toutes les données. L’impérialisme purement soviétique n’existe plus. Parmi les grands facteurs anti-traditionnels, il n’en reste plus qu’un seul: l’universalisme occidental. C’est lui qui accélère aujourd’hui la désintégration de l’Empire ex-soviétique, en suscitant et manipulant des forces centrifuges.

En dehors du monde islamique arabe, dont la guerre du Golfe a montré les divisions et l’incapacité, actuelle du moins, à influer sur le destin du monde, c’est l’Empire russe qui représente en définitive l’espace géopolitique, culturel et religieux encore assez unifié aujourd’hui pour servir de point de départ à une restauration traditionnelle. L’Empire russe doit renaître des cendres léninistes afin de provoquer le réveil général de l’Eurasie. C’est la prise de conscience d’une identité continentale qui se joue là. La victoire contre les forces de désintégration et de décadence n’est possible que si elle s’nscrit dans le cadre d’un Empire traditionnel et œcuménique. Notre terre russe, aux confins de l’Europe et de l’Asie, à la confluence des forces de la restauration et de la tradition, se doit d’être le berceau de ce nouvel espoir.