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Citations

« [...] durant ces dix années, les milieux du pouvoir [russe] n’ont pas fait preuve d’une meilleure qualité morale que ceux de l’époque communiste. »

— « La pré-agonie de la Russie », Alexandre Soljenitsyne, Le Monde, 27 novembre 1996


« Je rappellerai que l’effroyable totalitarisme qui s’est manifesté sur cette terre, mettons à quatre reprises, n’a jamais été sécrété par un régime autoritaire, mais toujours pas des démocraties impuissantes [...]. Une grande majorité d’États, au cours de l’histoire universelle, ont possédé des régimes d’autorité, et nul d’entre eux n’a jamais donné naissance au totalitarisme. »

— Alexandre Soljenitsyne, L’Erreur de l’Occident (1980), trad. Nikita Struve, Geneviève et José Johannet, éd. Grasset & Fasquelle, coll. « Les cahiers rouges », 2006 (ISBN 9782246094920), p. 101-102


« Le stalinisme n’existé ni en théorie ni en pratique : on ne peut parler ni de phénomène stalinien, ni d’époque stalinienne, ces concepts ont été fabriqués après 1956 par la pensée occidentale de gauche pour garder les idéaux communistes. »

— Alexandre Soljenitsyne, L’Erreur de l’Occident (1980), trad. Nikita Struve, Geneviève et José Johannet, éd. Grasset & Fasquelle, coll. « Les cahiers rouges », 2006 (ISBN 9782246094920), p. 51


« Les fatales erreurs de l’Occident dans son comportement à l’égard du communisme ont commencé dès 1918, quand les gouvernements occidentaux n’ont pas su voir le danger mortel qu’il représentait pour eux. En Russie, toutes les forces qui s’étaient jusque-là combattues — des soutiens de l’État existant jusqu’aux Cadets et aux socialistes de droite — firent alors front commun contre le communisme. Sans rejoindre leurs rangs ni s’unir dans l’action, c’est par des milliers de soulèvements paysans et par des dizaines d’émeutes ouvrières que toute l’épaisseur du peuple manifesta son opposition. Pour constituer l’Armée rouge, il fallut fusiller des dizaines de milliers de réfractaires. Mais cette résistance nationale au communisme ne fut pas soutenue par les puissances occidentales. »

— Alexandre Soljenitsyne, L’Erreur de l’Occident (1980), trad. Nikita Struve, Geneviève et José Johannet, éd. Grasset & Fasquelle, coll. « Les cahiers rouges », 2006 (ISBN 9782246094920), p. 21


« Ce discours russophobe trouva d’autant plus de crédit qu’il était attesté par des témoins jugés irréfutables : ceux de la dernière émigration, à savoir celle autorisée exclusivement aux Juifs d’URSS, conformément aux accords de troc passés entre Washington et Moscou, le libre départ des uns conditionnant le plein rétablissement des échanges commerciaux entre les deux pays. Beaucoup gagnèrent Israël, un certain nombre, parmi les intellectuels, préférèrent s’établir auprès des éditeurs et des médias du Vieux et du Nouveau Continents. Là, ils ne ratèrent pas une occasion de vilipender la conscience nationale russe tout en s’abstenant de dénoncer les risques d’une coopération dont ils avaient été les bénéficiaires. On vit même, au-delà de cette diaspora, des séparatistes ukrainiens transplantés outre-Atlantique faire adopter par le Congrès américain une motion stipulant que ce n’était pas le communisme qui tenait une large partie du monde en esclavage, mais les Russes ! »

— Alexandre Soljenitsyne, L’Erreur de l’Occident (1980), trad. Nikita Struve, Geneviève et José Johannet, éd. Grasset & Fasquelle, coll. « Les cahiers rouges », 2006 (ISBN 9782246094920), p. 13-14


« Dans la vie de chaque homme, il y a un événement qui le détermine tout entier, détermine aussi bien son destin que ses convictions et ses passions. »

— Alexandre Soljenitsyne, L’Archipel du Goulag (1973), trad. Jacqueline Lafond, José Johannet, René Marichal, Serge Oswald et Nikita Struve, éd. Seuil, 1974, t. 1, p. 162


Citations sur Alexandre Soljenitsyne

« D’un geste large, embrassant les blés à venir, le grand penseur dessina deux cercles entremêlés en murmurant, tête baissée :

— Pendant longtemps, le sort de la Russie fut lié à celui de l’Europe. Dostoïevski écrivait en français. Mais aujourd’hui, c’est fini, nos routes divergent. Vous roulez à l’abîme. Alors que, tout endoloris, nous nous relevons du néant.

— Vous espérez encore pour la Russie, mais pas pour l’Europe ?

— Si, pour les deux. Mais avec un décalage dans le temps. Mon instinct me dit que la Russie va renaître dès maintenant.

Derrière le visionnaire, le bûcheron de Cavendish n’était pas loin, il battit du pied sur une souche bourgeonnante, comme pour la prendre à témoin, et ajouta d’un ton assuré :

— Ici, il reste encore des racines vivantes. Elles sont en train de donner des pousses.

Il y aura une restauration des valeurs civiques et spirituelles. Vous, en Europe, vous êtes dans une éclipse de l’intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide. J’ai senti tout cela dans le Vermont. Le système occidental va vers son état ultime d’épuisement spirituel : le juridisme sans âme, l’humanisme rationaliste, l’abolition de la vie intérieure... Toutes vos élites ont perdu le sens des valeurs supérieures. Elles ont oublié que le premier droit de l’homme, c’est le droit de ne pas encombrer son âme avec des futilités.

— Et comment croyez-vous qu’on puisse désencombrer notre âme ?

— Par l’affleurement de l’instinct de vie.

Alors le maître laissa entendre qu’il y aurait un point de retournement. À partir d’une nécessité immuable qui est dans les lois de l’Univers.

— Le gouffre s’ouvrira à la lumière. De petites lucioles dans la nuit vacilleront au loin. Au début, peu de gens les distingueront et sauront abriter ces lueurs tremblantes, fragiles, contre toutes les tempêtes hostiles. Il y aura des hommes qui se lèveront, au nom de la vérité, de la nature, de la vie ; ils cacheront, dans leurs pèlerines, des petits manifestes de refuzniks. Ils exerceront leurs enfants à penser différemment, à remettre l’esprit au-dessus de la matière. Ils briseront la spirale du déclin du courage. Ainsi viendra l’éclosion des consciences dressées. Aujourd’hui les dissidents sont à l’Est, ils vont passer à l’Ouest. »

— Alexandre Soljenitsyne cité par Philippe de Villiers, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu (2015), éd. Albin Michel, 2015, p. 


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Alexandre Soljenitsyne recevant le prix Nobel de littérature en 1970 avec Friedrich Hayek en arrière-plan
Margaret Thatcher et Alexandre Soljenitsyne

Textes

Bibliographie

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