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« Le malheur est l'était poétique par excellence. »
 
« Le malheur est l'était poétique par excellence. »
 
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Cioran Emil Cioran], ''Le crépuscule des pensées'', Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco
 
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Cioran Emil Cioran], ''Le crépuscule des pensées'', Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco
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« On peut être triste n'importe où […]. »
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*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Cioran Emil Cioran], ''Sur les cimes du désespoir'' (1934), Éditions de L'Herne, 1990, traduction André Vornic
  
 
=== [[Human nature]] ===
 
=== [[Human nature]] ===

Version du 29 décembre 2013 à 18:59

Modèle:Column

Death

« Je n'ai pas peur de la mort, j'ai peur de la mort dans la vie. »

« La nature, en quête d'une formule susceptible de contenter tout le monde, a fixé son choix sur la mort, laquelle, c'était à prévoir, ne devait satisfaire personne. »

« Se débarrasser de la vie, c'est se priver du bonheur de s'en moquer.

Unique réponse possible à quelqu'un qui vous annonce son intention d'en finir. »

« Aucun sort dont j'aurais pu m'accommoder. J'étais fait pour exister avant ma naissance et après ma mort, sauf durant mon existence même. »

« On meurt depuis toujours et cependant la mort n'a rien perdu de sa fraîcheur. C'est là que gît le secret des secrets. »

« Ignace de Loloya, tourmenté par des scrupules dont il ne précise pas la nature, raconte qu'il songea à se détruire. Même lui ! Cette tentation est décidément plus répandue et plus enracinée qu'on ne le pense. Elle est en fait l'honneur de l'homme, en attendant d'en être le devoir. »

« Il est terrible de ne pas remarquer que, pour échapper à la mort, on court après ceux qui meurent ! »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« La vie et moi : deux lignes parallèles qui se rencontrent dans la mort. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Tant d'hommes ne sont séparés de la mort que par la nostalgie qu'ils en ont ! La mort s'y forge un miroir de la vie où elle puisse se contempler.

La poésie : instrument d'un narcissisme funèbre. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Même le suicide n'est qu'un hommage négatif que nous rendons à nous-mêmes. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« La mort : le sublime à la portée de chacun. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Par la mort, l'homme devient contemporain de lui-même. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« La mort introduit de toute façon un certain ordre dans l'infini. N'est-elle pas la seule direction ? »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Je ne pense pas à la mort : c'est elle qui pense à soi. Tout ce qui en elle est possibilité de vie respire par moi, je n'existe quant à moi que par le temps dont son éternité est capable. Dans la mesure où elle se défend de son absolu, se refuse à la grandeur et descend de bon gré dans la déchéance temporelle, alors je suis. Je cherche la vie même dans la mort, et n'ai d'autre but que de la découvrir en tout ce qui n'est pas elle. Si la charogne divine était plus vivante, depuis longtemps le me serais fixé dans ses bras. Mais Dieu a dispensé trop peu de vies pour que j'aie à chercher dans son désert. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

Liberty

« La liberté est le bien suprême pour ceux-là seuls qu'anime la volonté d'être hérétiques. »

Patriotism

« Une nation s'éteint quand elle ne réagit plus aux fanfares ; la décadence est la mort de la trompette. »

« Tous ces peuples étaient grands, parce qu'ils avaient de grands préjugés. Ils n'en ont plus. Sont-ils encore des nations ? Tout au plus des foules désagrégées. »

  • Emil Cioran, De l'inconvénient d'être né, éd. Gallimard, 2006 (ISBN 2-07-032448-6), partie VIII, p. 152

Europe

« Quelle malédiction a frappé l'Occident pour qu'au terme de son essor il ne produise que ces hommes d'affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l'on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu'en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l'abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d'hommes. »

« Les Blancs méritent de plus en plus le nom de pâles que leur donnaient les indiens d'Amériques. »

  • Emil Cioran, De l'inconvénient d'être né, Oeuvres, Paris, 1995, p. 1350

« C'est en vain que l'Occident se cherche une forme d'agonie digne de son passé. »

« Don Quichotte représente la jeunesse d'une civilisation : il s'inventait des événements ; - nous ne savons comment échapper à ceux qui nous pressent. »

Modernity

« Être moderne, c'est bricoler dans l'Incurable. »

« Tant que le christianisme comblait les esprits, l’utopie ne pouvait les séduire ; dès qu’il commença à les décevoir, elle chercha à les conquérir et à s’y installer. Elle s’y employait déjà à la Renaissance, mais ne devait y réussir que deux siècles plus tard, à une époque de superstitions « éclairées ». Ainsi naquit l’Avenir, vision d’un bonheur irrévocable, d’un paradis dirigé, où le hasard n’a pas de place, où la moindre fantaisie apparaît comme une hérésie ou une provocation. En faire la description, ce serait entrer dans les détails de l’inimaginable. L’idée même d’une cité idéale est une souffrance pour la raison, une entreprise qui honore le cœur et disqualifie l’intellect. [...] Échafauder une société où selon une étiquette terrifiante, nos actes sont catalogués et réglés, où, par une charité poussée jusqu’à l’indécence, l’on se penche sur nos arrière-pensées elles-mêmes, c’est transporter les affres de l’enfer dans l’âge d’or, ou créer, avec le concours du diable, une institution philanthropique. [...]

A prôner les avantages du travail, les utopies devaient prendre le contre-pied de la /Genèse/. Sur ce point tout particulièrement, elles sont l’expression d’une humanité engloutie dans le labeur, fière de se complaire aux conséquences de la chute, dont la plus grave demeure l’obsession du rendement. Les stigmates d’une race qui chérit la « sueur du front », qui en fait signe de noblesse, qui s’agite et peine en exultant, nous les portons avec orgueil et ostentation ; d’où l’horreur que nous inspire, à nous autres réprouvés, l’élu qui refuse de besogner, ou d’exceller dans quelque domaine que ce soit. Le refus dont nous lui faisons grief, en est capable celui-là seul qui conserve le souvenir d’un bonheur immémorial. Dépaysé au milieu de ses semblables, il est comme eux et pourtant il ne peut communiquer avec eux ; de quelque côté qu’il regarde, il ne se sent pas d’/ici/ ; tout ce qu’il y discerne lui semble usurpation : le fait même de porter un nom… Ses entreprises échouent, il s’y lance sans y croire : des simulacres dont le détourne l’image précise d’un autre monde. L’homme, une fois évincé du paradis, pour qu’il n’y songe plus ni n’en souffre, obtint en compensation la faculté de vouloir, de tendre vers l’acte, de s’y abîmer avec enthousiasme, avec brio. Mais pour l’aboulique, dans son détachement, dans son marasme surnaturel, quel effet produire, à quel objet se livrer ? Rien ne l’engage à sortir de son absence. Et cependant lui-même n’échappe pas entièrement à la malédiction commune : il s’épuise dans un regret, et y dépense plus d’énergie que nous n’en fournissons dans tous nos exploits. »

  • Emil Cioran, Histoire et utopie, Gallimard, 1960, V, « Mécanisme de l’utopie »
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Conservatism

« Toujours le réactionnaire, ce conservateur qui a jeté le masque, empruntera aux sagesses ce qu'elles ont de pire, et de plus profond : la conception de l'irréparable, la vision statique du monde. Toute sagesse et, à plus forte raison, toute métaphysique, sont réactionnaires, ainsi qu'il sied à toute forme de pensée qui, en quête de constantes, s'émancipe de la superstition du divers et du possible. »

  • Emil Cioran, Du Pape et extraits d'autres œuvres, Textes de Joseph de Maistre présentés et choisis par E. M. Cioran, éd. J.-J. Pauvert, coll. Libertés, 1957, p. 27-28

France

« Français des croisades, ils sont devenus Français de la cuisine et du bistrot : le bien-être et l'ennui. [...] Rien n'est plus gênant que de voir une nation qui a abusé - à juste titre - de l'attribution "grand" - grande nation, grande armée, la grandeur de la France - se dégrader dans le troupeau humain haletant après le bonheur. Elle était réellement grande quand elle ne le cherchait pas. [...] "Le Français moyen", "le petit-bourgeois" : types honteux de circulation courante, qui ont fleuri sur les ruines des exploits du passé. Quelle ironie de la vie : le sacrifice des héros est suivi des fades délices du médiocre, comme si les idéaux ne jaillissaient de la gloire du sang que pour être piétinés par les doutes. »

« Les Français ne peuvent plus mourir pour quoi que ce soit. Le scepticisme cérébral est devenu organique... Tenir davantage à sa peau qu'à une idée ; penser avec l'estomac; hésiter entre honneur et volupté ; croire que vivre est bien plus que tout, voilà la vie. Mais les Français n'aiment plus qu'elle, et ne vivent plus que par elle. Depuis longtemps, ils ne peuvent plus mourir. Ils l'ont trop souvent fait par le passé. Quelle croyance s'inventer ? Leur manque de vitalité a manqué la vie. Et la Décadence n'est que le culte exclusif de la vie... Chez les Français, les instincts sont atteints, rongés, la base de l'âme sapée. Ils furent jadis vigoureux - des croisades à Napoléon - les siècles français de l'univers. Mais les temps qui viennent seront ceux d'un vaste désert, le temps français sera lui-même le déploiement du vide. Jusqu'à l'irréparable extinction. La France est atteinte par le cafard de l'agonie. »

Happiness

« Il faut souffrir jusqu'au bout, jusqu'au moment où l'on cesse de croire à la souffrance. »

«  La musique n'existe qu'aussi longtemps que dure l'audition, comme Dieu qu'autant que dure l'extase.

L'art suprême et l'être suprême ont ceci de commun qu'ils dépendent entièrement de nous. »

« Pour certains, pour la plupart en fait, la musique est stimulante et consolatrice ; pour d'autres, elle est un dissolvant souhaité, un moyen inespéré de se perdre, de couler avec ce qu'on peut avoir de meilleur. »

« Le bonheur et le malheur me rendent également malheureux. Pourquoi alors m'arrive-t-il quelquefois de préférer le premier ? »

« Les animaux, ainsi que les plantes, sont tristes, mais n'ont pas fait de la tristesse un instrument de connaissance. En cet usage précisément, l'homme cesse d'être nature. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« L'amour ? Mais voyez comme chaque rayon de soleil se noie dans une larme, comme si l'astre brillant était né des pleurs de la Divinité ! »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Le malheur est l'était poétique par excellence. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« On peut être triste n'importe où […]. »

  • Emil Cioran, Sur les cimes du désespoir (1934), Éditions de L'Herne, 1990, traduction André Vornic

Human nature

« N'avoir plus rien de commun avec les hommes que le fait d'être homme ! »

« Le savoir est un fléau, et la conscience une plaie ouverte au cœur de la vie. L'homme ne vit-il pas la tragédie d'un animal constamment insatisfait, suspendu entre la vie et la mort ? »

  • Emil Cioran, Sur les cimes du désespoir (1934), Éditions de L'Herne, 1990, traduction André Vornic

« En ce qui me concerne, je démissionne de l'humanité : je ne peux, ni ne veux, demeurer homme. Que me resterait-il à faire en tant que tel – travailler à un système social et politique, ou encore faire le malheur d'une pauvre fille ? Traquer les inconséquences des divers systèmes philosophiques ou m'employer à réaliser un idéal moral et esthétique ? Tout cela me paraît dérisoire : rien ne saurait me tenter. Je renonce à ma qualité d'homme, au risque de me retrouver seul sur les marches que je veux gravir. Ne suis-je pas déjà seul en ce monde dont je n'attends plus rien ? Au-delà des aspirations et des idéaux courants, une supra-conscience fournirait, probablement, un espace où l'on puisse respirer. Ivre d'éternité, j'oublierais la futilité de ce monde ; rien ne viendrait plus trouver une extase où l'être serait tout aussi pur et immatériel que le non-être. »

  • Emil Cioran, Sur les cimes du désespoir (1934), Éditions de L'Herne, 1990, traduction André Vornic

« Car l'esprit est le fruit d'un détraquement de la vie, de même que l'homme n'est qu'un animal qui a trahi ses origines. L'existence de l'esprit est une anomalie de la vie. »

  • Emil Cioran, Sur les cimes du désespoir (1934), Éditions de L'Herne, 1990, traduction André Vornic

Art

« En dehors de la musique, tout est mensonge, même la solitude, même l'extase. Elle est justement l'une et l'autre en mieux. »

« Il n'est que la musique pour créer une complicité indesctructible entre deux êtres. »

Culture

« J'ai connu des écrivains obtus et même bêtes. Les traducteurs, en revanche, que j'ai pu approcher étaient plus intelligents et plus intéressants que les auteurs qu'ils traduisaient. C'est qu'il faut plus de réflexion pour traduire que pour « créer ». »

History

« De quel entêtement l'histoire est le fruit ! »

Atheism

« Tant qu'il y aura encore un seul dieu debout, la tâche de l'homme ne sera pas finie. »

Truth

« De tout ce qui nous fait souffrir, rien, autant que la déception, ne nous donne la sensation de toucher enfin au Vrai. »

« La vérité est une erreur exilée dans l'éternité. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

Love

« Sans le malheur, l'amour ne serait guère plus qu'une gestion de la nature. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

Miscellaneous

« L'existence pourrait se justifier si chacun se comportait comme s'il était le dernier des vivants. »

« Seul est porté à oeuvrer celui qui se trompe sur soi, qui ignore les motifs secrets de ses actes. Le créateur devenu transparent à lui-même, ne crée plus. La connaissance de soi indispose le démon. C'est là qu'il faut chercher la raison pourquoi Socrate n'a rien écrit. »

« Ce qui est merveilleux, c'est que chaque jour nous apporte une nouvelle raison de disparaître. »

« Plus on a souffert, moins on revendique. Protester est signe qu'on n'a traversé aucun enfer. »

« J'aimerais tout oublier et me réveiller face à la lumière d'avant les instants. »

« Ces instants où il suffit d'un souvenir ou de moins encore, pour glisser hors du monde. »

« Avoir soulevé toute la nuit des Himalayas -- et appeler cela sommeil. »

« [F]ermer longtemps les yeux pour oublier la lumière et tout ce qu'elle dévoile. »

« J'avais cependant omis de signaler le fait. Omission d'autant plus impardonnable que les humains se partagent en dormeurs et en veilleurs, deux spécimens d'êtres, à jamais hétérogènes, qui n'ont en commun que leur aspect physique. »

« Et avec quelle quantité d'illusions ai-je dû naître pour pouvoir en perdre une chaque jour ! »

« Il n'est pas élégant d'abuser de la malchance ; certains individus, comme certains peuples, s'y complaisent tant, qu'ils déshonorent la tragédie. »

  • Emil Cioran, Syllogisme de l'amertume, Oeuvres, page 772

« La complaisance pour l'adversaire est le signe distinctif de la débilité, c'est-à-dire de la tolérance, laquelle n'est, en dernier ressort, qu'une coquetterie d'agonisants. »

« Le rêve, en abolissant le temps, abolit la mort. Les défunts en profitent pour nous importuner. »

« Au-delà d'un quart d'heure, on ne peut assister sans impatience au désespoir d'un autre. »

« L'orgasme est un paroxysme ; le désespoir aussi. L'un dure un instant ; l'autre, une vie. »

« Soyons raisonnables : à nul n'est donné de revenir complètement de tout. Faut d'une déception universelle, il ne saurait y avoir davantage une connaissance universelle. »

« De même que l'apparition du Crucifié a coupé l'histoire en deux, de même cette nuit vient de couper en deux ma vie... »

« Quel jugement sur les vivants s'il est vrai, comme on l'a soutenu, que ce qui périt n'a jamais existé ! »

« On se démène tant – pourquoi ? Pour redevenir ce qu'on était avant d'être. »

« Les seuls événements notables d'une vie sont les ruptures. Ce sont elles aussi qui s'effacent en dernier de notre mémoire. »

« L'insomnie semble épargner les bêtes. Si nous les empêchions de dormir pendant quelques semaines, un changement radical surviendrait dans leur nature et leur comportement. Elles éprouveraient des sensations inconnues jusqu'alors, et qui passaient pour nous appartenir en propre. Détraquons le règne animal, si nous voulons qu'il nous rattrape et nous remplace. »

« Dans aucun bavardage sur la Connaissance, dans aucune Erkenntnistheorie, dont se gargarisent tant les philosophes, allemands ou non, vous ne tomberez sur le moindre hommage à la Fatigue en soi, état le plus propre à nous faire pénétrer jusqu'au fond des choses. Cet oubli ou cette ingratitude discrédite définitivement la philosophie. »

« Une flamme traverse le sang. Passer de l'autre côté, en contournant la mort. »

« Ces nuits où l'on se persuade que tous ont évacué cet univers, même les morts, et qu'on y est le dernier vivant, le dernier fantôme. »

« Sortir indemne de la vie – cela pourrait arriver mais cela n'arrive sans doute jamais. »

« La conscience : somme de nos malaises depuis notre naissance jusqu'à l'état présent. Ces malaises se sont évanouis ; la conscience demeure – mais elle a perdu ses origines..., elle les ignore même. »

« J'escomptais assister de mon vivant à la disparition de notre espèce. Mais les dieux m'ont été contraires. »

« Le passage pur du temps, le temps nu, réduit à une essence d'écoulement, sans la discontinuité des instants, c'est dans les nuits blanches qu'on le perçoit. Tout disparaît. Le silence s'insinue partout. On écoute, on n'entend rien. Les sens ne se tournent plus vers le dehors. Vers quel dehors ? Engloutissement auquel survit ce pur passage à travers nous et qui est nous, et que ne finira qu'avec le sommeil ou le jour. »

« J'étais allé loin pour chercher le soleil et le soleil, enfin trouvé, m'était hostile. Et si j'allais me jeter du haut de la falaise ? Pendant que je faisais des considérations plutôt sombres, tout en regardant ces pins, ces rochers, ces vagues, je sentis soudain à quel point j'étais rivé à ce bel univers maudit. »

« Si la souffrance n'était pas un instrument de connaissance, le suicide deviendrait obligatoire. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Être malade signifie vivre dans la conscience du présent […]. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Il est des clairières où les anges viennent faire halte : au bord des déserts, j'y planterais des fleurs pour pouvoir me reposer à l'ombre de ce symbole. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Le temps est un ersatz métaphysique de la mer. On ne pense à lui que pour vaincre la nostalgie. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Le monde est un Non-Lieu universel. C'est pourquoi vous n'avez nulle part où aller, jamais... »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Et qu'est donc la vie sinon le lieu des séparations ? »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Si je courais comme un fou à ma recherche, qui me dit que je ne me rencontrerais jamais ? Sur quel terrai vague de l'univers serais-je égaré ? J'irais me chercher là ù l'on entend la lumière... car, si je me souviens bien, ai-je aimé autre chose que la sonorité des transparences ? »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Or, aucun animal ne peut symboliser l'éphémère, tandis que les fleurs en sont l'expression directe – l'irrémédiable esthétique de l'éphémère. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Un naufragé battu par toutes les vagues, projeté contre tous les rochers, aspiré par toutes les obscurités – et qui tiendrait le soleil dans ses bras ! Épave errant avec la source de la vie sur le cœur, étreignant son éclat mortel, se noyant avec lui dans les vagues, car le fond de la mer attend depuis une éternité sa lumière et son fossoyeur. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Quel homme, s'apercevant dans un miroir dans une semi-obscurité, n'a cru rencontrer le suicidé qui est en lui ? »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Si nous étions libres dans la maladie, les médecins deviendraient des clochards, car les mortels sont attirés par la souffrance, mais non par son mélange torturant de la subjectivité exaspérée et de nécessité invincible.

La maladie est la modalité sous laquelle la mort aime la vie, et l'individu le théâtre de cette faiblesse. Dans chaque douleur, labsolu de la mort goûte au devenir, notre souffrance n'étant que la tentation, la dégradation volontaire de l'Obscurité. Ainsi, la souffrance n'est qu'un amoindrissement de l'absolu de la mort. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« La musique est du temps sonore. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Chaque homme est son propre mendiant. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« On « tue » le temps pour le forcer à entrer dans le moule de l'existence, pour ne plus s'approprier les prérogatives de l'existant. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Le malheur de ne pas être assez malheureux... »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« [L]e sang refuse les souffles de l'amour, et les passions jettent des flammes glacées sur vos yeux éteints. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées, Le Livre de Poche, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Quelle bizarrerie, lorsqu'on a compris que les êtres sont des ombres et que tout est vain, de s'éloigner du monde pour trouver le sens, le seul sens, dans la contemplation du Rien, quand on pouvait fort bien rester parmi les ombres et le rien de chaque jour. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Une passion sans limites fait regretter que les mers aient des fonds, et c'est dans l'immensité de l'azur qu'on assouvit le désir d'immersion dans l'infini. Au moins, le ciel n'a pas de frontières, et semble à la mesure du suicide. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Que les mers se mettent en colère et brisent leurs vagues contre le cœur humain ! »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« La sexualité sans l'idée de la mort est effroyable et dégradante. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Qu'est-ce qu'un artiste ? Un homme qui sait tout – sans s'en rendre compte. Un philosophe ? Un homme qui ne sait rien, mais qui s'en rend compte. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Les hommes tombent vers le ciel, car Dieu est un abîme, regardé d'en bas. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« L'homme, dégoûté de lui-même, devient un somnanbule qui cherche à se perdre dans les déserts de Dieu. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Un architecte exilé de la terre pourrait construire, de nos amertumes, un monastère au ciel. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« C'est Dieu qui nous regarde à travers toute larme. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Celui qui a vu à travers les hommes et à travers lui-même, devrait, de dégoût, bâtir une forteresse au fond des mers. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« On pense – toujours – parce qu'on manque d'une patrie : l'esprit ne peut enfermer qui n'a pas de frontières. C'est pourquoi le penseur est un émigré dans la vie. Et lorsqu'on n'a pas su s'arrêter à temps, l'errance devient le seul chemin de nos peines. »

  • Emil Cioran, Le crépuscule des pensées (1940), Éditions de L'Herne, 1991, traduction Mirella Patureau-Nedelco

« Comme il serait doux de pouvoir mourir en se jetant dans un vide absolu ! »

  • Emil Cioran, Sur les cimes du désespoir (1934), Éditions de L'Herne, 1990, traduction André Vornic

« Les yeux de l'homme voient à l'extérieur ce qui est, en fait, une torture intérieur. »

  • Emil Cioran, Sur les cimes du désespoir (1934), Éditions de L'Herne, 1990, traduction André Vornic

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