Différences entre les versions de « Carl Schmitt »
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− | *[http://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_Schmitt Carl Schmitt], ''La Notion de politique et Théorie du partisan'', éd. Flammarion, 2006, partie II, p. 64 | + | *[http://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_Schmitt Carl Schmitt], ''La Notion de politique et Théorie du partisan'', éd. Flammarion, 2006 (ISBN 9782081228733), partie II, p. 64 |
« L'ennemi ne saurait être qu'un ennemi public, parce que tout ce qui est relatif à une collectivité, et particulièrement à un peuple tout entier, devient de ce fait affaire publique. Ennemi, c'est ''hostis'' et non ''inimicus'' au sens plus large ; ''polemios'' et non ''ekhthrós''. À l'instar de certaines autres langues, la langue allemande ne fait pas de distinction entre l'ennemi privé et l'ennemi politique, ce qui rend possible bien des malentendus et des falsifications. Le passage bien connu : "Aimez vos ennemis" (Matth. 5, 44 ; Luc 6, 27) signifie ''diligite inimicos vestros'', ''ἀγαπᾶτε τοὺς ἐχθροὺς ὑμῶν'' et non : ''diligite hostes vestros'' ; il n'y est pas question d'ennemi politique. Et dans la lutte millénaire entre le christianisme et l'Islam, il ne serait venu à l'idée d'aucun chrétien qu'il fallait, par amour pour les Sarrasins ou pour les Turcs, livrer l'Europe à l'Islam au lieu de la défendre. L'ennemi au sens politique du terme n'implique pas une haine personnelle, et c'est dans la sphère du privé seulement que cela a un sens d'aimer son ennemi, c'est-à-dire son adversaire. » | « L'ennemi ne saurait être qu'un ennemi public, parce que tout ce qui est relatif à une collectivité, et particulièrement à un peuple tout entier, devient de ce fait affaire publique. Ennemi, c'est ''hostis'' et non ''inimicus'' au sens plus large ; ''polemios'' et non ''ekhthrós''. À l'instar de certaines autres langues, la langue allemande ne fait pas de distinction entre l'ennemi privé et l'ennemi politique, ce qui rend possible bien des malentendus et des falsifications. Le passage bien connu : "Aimez vos ennemis" (Matth. 5, 44 ; Luc 6, 27) signifie ''diligite inimicos vestros'', ''ἀγαπᾶτε τοὺς ἐχθροὺς ὑμῶν'' et non : ''diligite hostes vestros'' ; il n'y est pas question d'ennemi politique. Et dans la lutte millénaire entre le christianisme et l'Islam, il ne serait venu à l'idée d'aucun chrétien qu'il fallait, par amour pour les Sarrasins ou pour les Turcs, livrer l'Europe à l'Islam au lieu de la défendre. L'ennemi au sens politique du terme n'implique pas une haine personnelle, et c'est dans la sphère du privé seulement que cela a un sens d'aimer son ennemi, c'est-à-dire son adversaire. » |
Version du 14 mai 2016 à 11:44
Politics
« La distinction spécifique du politique, à laquelle peuvent se ramener les actes et les mobiles politiques, c'est la discrimination de l'ami et de l'ennemi. Elle fournit un principe d'identification qui a valeur de critère, et non une définition exhaustive ou compréhensive. »
- Carl Schmitt, La Notion de politique et Théorie du partisan, éd. Flammarion, 2006 (ISBN 9782081228733), partie II, p. 64
« L'ennemi ne saurait être qu'un ennemi public, parce que tout ce qui est relatif à une collectivité, et particulièrement à un peuple tout entier, devient de ce fait affaire publique. Ennemi, c'est hostis et non inimicus au sens plus large ; polemios et non ekhthrós. À l'instar de certaines autres langues, la langue allemande ne fait pas de distinction entre l'ennemi privé et l'ennemi politique, ce qui rend possible bien des malentendus et des falsifications. Le passage bien connu : "Aimez vos ennemis" (Matth. 5, 44 ; Luc 6, 27) signifie diligite inimicos vestros, ἀγαπᾶτε τοὺς ἐχθροὺς ὑμῶν et non : diligite hostes vestros ; il n'y est pas question d'ennemi politique. Et dans la lutte millénaire entre le christianisme et l'Islam, il ne serait venu à l'idée d'aucun chrétien qu'il fallait, par amour pour les Sarrasins ou pour les Turcs, livrer l'Europe à l'Islam au lieu de la défendre. L'ennemi au sens politique du terme n'implique pas une haine personnelle, et c'est dans la sphère du privé seulement que cela a un sens d'aimer son ennemi, c'est-à-dire son adversaire. »
- Carl Schmitt, La Notion de politique, éd. Calman-Lévy, 1972, p. 69
"Sovereign is he who decides on the exception."
- Carl Schmitt, Political Theology: Four Chapters on the Concept of Sovereignty (1922), George Schwab, trans. Cambridge, Mass.: MIT Press, 1985
"All significant concepts of the modern theory of the state are secularized theological concepts not only because of their historical development—in which they were transferred from theology to the theory of the state, whereby, for example, the omnipotent God became the omnipotent lawgiver—but also because of their systematic structure, the recognition of which is necessary for a sociological consideration of these concepts. The exception in jurisprudence is analogous to the miracle in theology."
- Carl Schmitt, Political Theology: Four Chapters on the Concept of Sovereignty (1922), George Schwab, trans. Cambridge, Mass.: MIT Press, 1985
"All law is "situational law." The sovereign produces and guarantees the situation in its totality. He has the monopoly over this last decision."
- Carl Schmitt, Political Theology: Four Chapters on the Concept of Sovereignty (1922), George Schwab, trans. Cambridge, Mass.: MIT Press, 1985
"To be sure, Protestant theology presents a different, supposedly unpolitical doctrine, conceiving of God as the "wholly other," just as in political liberalism the state and politics are conceived of as the "wholly other." We have come to recognize that the political is the total, and as a result we know that any decision about whether something is unpolitical is always a political decision, irrespective of who decides and what reasons are advanced. This also holds for the question whether a particular theology is a political or an unpolitical theology."
- Carl Schmitt, Political Theology: Four Chapters on the Concept of Sovereignty (1922), George Schwab, trans. Cambridge, Mass.: MIT Press, 1985
"The metaphysical image that a definite epoch forges of the world has the same structure as what the world immediately understands to be appropriate as a form of its political organization."
- Carl Schmitt, Political Theology: Four Chapters on the Concept of Sovereignty (1922), George Schwab, trans. Cambridge, Mass.: MIT Press, 1985
"Liberalism, with its contradictions and compromises, existed for Donoso Cortés only in that short interim period in which it was possible to answer the question “Christ or Barabbas?” with a proposal to adjourn or appoint a commission of investigation."
- Carl Schmitt, Political Theology: Four Chapters on the Concept of Sovereignty (1922), George Schwab, trans. Cambridge, Mass.: MIT Press, 1985
"The essence of liberalism is negotiation, a cautious half measure, in the hope that the definitive dispute, the decisive bloody battle, can be transformed into a parliamentary debate and permit the decision to be suspended forever in an everlasting discussion."
- Carl Schmitt, Political Theology: Four Chapters on the Concept of Sovereignty (1922), George Schwab, trans. Cambridge, Mass.: MIT Press, 1985
"All genuine political theories presuppose man to be evil."
- Carl Schmitt, Political Theology: Four Chapters on the Concept of Sovereignty (1922), George Schwab, trans. Cambridge, Mass.: MIT Press, 1985
War
« Il est pensable qu'une action internationale soit menée contre des Etats et des peuples en tant que tels ; mais il est rare que ceux-ci soient assez totalement criminels pour qu'un peuple entier puisse être déclaré « hostis generis humani » et mis au ban de l'humanité. Lorsqu'on exerce des sanctions ou des mesures punitives de portée supra-étatique, la « dénationalisation » de la guerre [ au profit d'une conception universaliste ] entraîne habituellement une différenciation interne à l'Etat et au peuple, dont l'unité et la cohésion subissent un clivage discriminatoire imposé de l'extérieur, du fait que les mesures internationales, à ce que l'on prétend du moins, ne sont pas dirigées contre le peuple, mais seulement contre les personnes se trouvant exercer le pouvoir et leurs partisans, qui cessent par là-même de représenter leur Etat et leur peuple. Les gouvernants deviennent, en d'autres termes, des « criminels de guerre », des « pirates » ou - du nom de l'espèce moderne et mégalopolitaine du pirate - des « gangsters ». Et ce ne sont pas là des expressions convenues d'une propagande survoltée : c'est la conséquence logique, en droit, de la dénationalisation de la guerre. »
- Carl Schmitt, « Le concept discriminatoire de la guerre », 1938