Différences entre les versions de « Emil Cioran »
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« La nature, en quête d'une formule susceptible de contenter tout le monde, a fixé son choix sur la mort, laquelle, c'était à prévoir, ne devait satisfaire personne. » | « La nature, en quête d'une formule susceptible de contenter tout le monde, a fixé son choix sur la mort, laquelle, c'était à prévoir, ne devait satisfaire personne. » | ||
− | ''Aveux et Anathèmes'', Gallimard, 1987 | + | *[http://fr.wikipedia.org/wiki/Cioran Emil Cioran], ''Aveux et Anathèmes'', Gallimard, 1987 |
« Se débarrasser de la vie, c'est se priver du bonheur de s'en moquer. | « Se débarrasser de la vie, c'est se priver du bonheur de s'en moquer. | ||
Unique réponse possible à quelqu'un qui vous annonce son intention d'en finir. » | Unique réponse possible à quelqu'un qui vous annonce son intention d'en finir. » | ||
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« Aucun sort dont j'aurais pu m'accommoder. J'étais fait pour exister avant ma naissance et après ma mort, sauf durant mon existence même. » | « Aucun sort dont j'aurais pu m'accommoder. J'étais fait pour exister avant ma naissance et après ma mort, sauf durant mon existence même. » | ||
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− | « Tant que le christianisme comblait les esprits, l’utopie ne pouvait les séduire ; dès qu’il commença à les décevoir, elle chercha à les conquérir et à s’y installer. Elle s’y employait déjà à la Renaissance, mais ne devait y réussir que deux siècles plus tard, à une époque de superstitions « éclairées ». Ainsi naquit l’Avenir, vision d’un bonheur irrévocable, d’un paradis dirigé, où le hasard n’a pas de place, où la moindre fantaisie apparaît comme une hérésie ou une provocation. En faire la description, ce serait entrer dans les détails de l’inimaginable. L’idée même d’une cité idéale est une souffrance pour la raison, une entreprise qui honore le cœur et disqualifie l’intellect. [ | + | « Tant que le christianisme comblait les esprits, l’utopie ne pouvait les séduire ; dès qu’il commença à les décevoir, elle chercha à les conquérir et à s’y installer. Elle s’y employait déjà à la Renaissance, mais ne devait y réussir que deux siècles plus tard, à une époque de superstitions « éclairées ». Ainsi naquit l’Avenir, vision d’un bonheur irrévocable, d’un paradis dirigé, où le hasard n’a pas de place, où la moindre fantaisie apparaît comme une hérésie ou une provocation. En faire la description, ce serait entrer dans les détails de l’inimaginable. L’idée même d’une cité idéale est une souffrance pour la raison, une entreprise qui honore le cœur et disqualifie l’intellect. [...] Échafauder une société où selon une étiquette terrifiante, nos actes sont catalogués et réglés, où, par une charité poussée jusqu’à l’indécence, l’on se penche sur nos arrière-pensées elles-mêmes, c’est transporter les affres de l’enfer dans l’âge d’or, ou créer, avec le concours du diable, une institution philanthropique. [...] |
A prôner les avantages du travail, les utopies devaient prendre le contre-pied de la /Genèse/. Sur ce point tout particulièrement, elles sont l’expression d’une humanité engloutie dans le labeur, fière de se complaire aux conséquences de la chute, dont la plus grave demeure l’obsession du rendement. Les stigmates d’une race qui chérit la « sueur du front », qui en fait signe de noblesse, qui s’agite et peine en exultant, nous les portons avec orgueil et ostentation ; d’où l’horreur que nous inspire, à nous autres réprouvés, l’élu qui refuse de besogner, ou d’exceller dans quelque domaine que ce soit. Le refus dont nous lui faisons grief, en est capable celui-là seul qui conserve le souvenir d’un bonheur immémorial. Dépaysé au milieu de ses semblables, il est comme eux et pourtant il ne peut communiquer avec eux ; de quelque côté qu’il regarde, il ne se sent pas d’/ici/ ; tout ce qu’il y discerne lui semble usurpation : le fait même de porter un nom… Ses entreprises échouent, il s’y lance sans y croire : des simulacres dont le détourne l’image précise d’un autre monde. L’homme, une fois évincé du paradis, pour qu’il n’y songe plus ni n’en souffre, obtint en compensation la faculté de vouloir, de tendre vers l’acte, de s’y abîmer avec enthousiasme, avec brio. Mais pour l’aboulique, dans son détachement, dans son marasme surnaturel, quel effet produire, à quel objet se livrer ? Rien ne l’engage à sortir de son absence. Et cependant lui-même n’échappe pas entièrement à la malédiction commune : il s’épuise dans un regret, et y dépense plus d’énergie que nous n’en fournissons dans tous nos exploits. » | A prôner les avantages du travail, les utopies devaient prendre le contre-pied de la /Genèse/. Sur ce point tout particulièrement, elles sont l’expression d’une humanité engloutie dans le labeur, fière de se complaire aux conséquences de la chute, dont la plus grave demeure l’obsession du rendement. Les stigmates d’une race qui chérit la « sueur du front », qui en fait signe de noblesse, qui s’agite et peine en exultant, nous les portons avec orgueil et ostentation ; d’où l’horreur que nous inspire, à nous autres réprouvés, l’élu qui refuse de besogner, ou d’exceller dans quelque domaine que ce soit. Le refus dont nous lui faisons grief, en est capable celui-là seul qui conserve le souvenir d’un bonheur immémorial. Dépaysé au milieu de ses semblables, il est comme eux et pourtant il ne peut communiquer avec eux ; de quelque côté qu’il regarde, il ne se sent pas d’/ici/ ; tout ce qu’il y discerne lui semble usurpation : le fait même de porter un nom… Ses entreprises échouent, il s’y lance sans y croire : des simulacres dont le détourne l’image précise d’un autre monde. L’homme, une fois évincé du paradis, pour qu’il n’y songe plus ni n’en souffre, obtint en compensation la faculté de vouloir, de tendre vers l’acte, de s’y abîmer avec enthousiasme, avec brio. Mais pour l’aboulique, dans son détachement, dans son marasme surnaturel, quel effet produire, à quel objet se livrer ? Rien ne l’engage à sortir de son absence. Et cependant lui-même n’échappe pas entièrement à la malédiction commune : il s’épuise dans un regret, et y dépense plus d’énergie que nous n’en fournissons dans tous nos exploits. » | ||
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+ | « De même que l'apparition du Crucifié a coupé l'histoire en deux, de même cette nuit vient de couper en deux ma vie... » | ||
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+ | « Les seuls événements notables d'une vie sont les ruptures. Ce sont elles aussi qui s'effacent en dernier de notre mémoire. » | ||
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+ | « L'insomnie semble épargner les bêtes. Si nous les empêchions de dormir pendant quelques semaines, un changement radical surviendrait dans leur nature et leur comportement. Elles éprouveraient des sensations inconnues jusqu'alors, et qui passaient pour nous appartenir en propre. Détraquons le règne animal, si nous voulons qu'il nous rattrape et nous remplace. » | ||
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+ | « Dans aucun bavardage sur la Connaissance, dans aucune Erkenntnistheorie, dont se gargarisent tant les philosophes, allemands ou non, vous ne tomberez sur le moindre hommage à la Fatigue en soi, état le plus propre à nous faire pénétrer jusqu'au fond des choses. Cet oubli ou cette ingratitude discrédite définitivement la philosophie. » | ||
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Version du 12 novembre 2013 à 02:01
Death
« Je n'ai pas peur de la mort, j'ai peur de la mort dans la vie. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« La nature, en quête d'une formule susceptible de contenter tout le monde, a fixé son choix sur la mort, laquelle, c'était à prévoir, ne devait satisfaire personne. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« Se débarrasser de la vie, c'est se priver du bonheur de s'en moquer.
Unique réponse possible à quelqu'un qui vous annonce son intention d'en finir. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« Aucun sort dont j'aurais pu m'accommoder. J'étais fait pour exister avant ma naissance et après ma mort, sauf durant mon existence même. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
Liberty
« La liberté est le bien suprême pour ceux-là seuls qu'anime la volonté d'être hérétiques. »
- Emil Cioran, Syllogismes de l'amertume
Patriotism
« Une nation s'éteint quand elle ne réagit plus aux fanfares ; la décadence est la mort de la trompette. »
« Tous ces peuples étaient grands, parce qu'ils avaient de grands préjugés. Ils n'en ont plus. Sont-ils encore des nations ? Tout au plus des foules désagrégées. »
- Emil Cioran, De l'inconvénient d'être né, éd. Gallimard, 2006 (ISBN 2-07-032448-6), partie VIII, p. 152
Europe
« Quelle malédiction a frappé l'Occident pour qu'au terme de son essor il ne produise que ces hommes d'affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l'on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu'en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l'abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d'hommes. »
- Emil Cioran, Histoire et utopie
« Les Blancs méritent de plus en plus le nom de pâles que leur donnaient les indiens d'Amériques. »
- Emil Cioran, De l'inconvénient d'être né, Oeuvres, Paris, 1995, p. 1350
« C'est en vain que l'Occident se cherche une forme d'agonie digne de son passé. »
- Emil Cioran, Syllogismes de l'amertume
« Don Quichotte représente la jeunesse d'une civilisation : il s'inventait des événements ; - nous ne savons comment échapper à ceux qui nous pressent. »
- Emil Cioran, Syllogismes de l'amertume
Modernity
« Être moderne, c'est bricoler dans l'Incurable. »
- Emil Cioran, Syllogismes de l'amertume
« Tant que le christianisme comblait les esprits, l’utopie ne pouvait les séduire ; dès qu’il commença à les décevoir, elle chercha à les conquérir et à s’y installer. Elle s’y employait déjà à la Renaissance, mais ne devait y réussir que deux siècles plus tard, à une époque de superstitions « éclairées ». Ainsi naquit l’Avenir, vision d’un bonheur irrévocable, d’un paradis dirigé, où le hasard n’a pas de place, où la moindre fantaisie apparaît comme une hérésie ou une provocation. En faire la description, ce serait entrer dans les détails de l’inimaginable. L’idée même d’une cité idéale est une souffrance pour la raison, une entreprise qui honore le cœur et disqualifie l’intellect. [...] Échafauder une société où selon une étiquette terrifiante, nos actes sont catalogués et réglés, où, par une charité poussée jusqu’à l’indécence, l’on se penche sur nos arrière-pensées elles-mêmes, c’est transporter les affres de l’enfer dans l’âge d’or, ou créer, avec le concours du diable, une institution philanthropique. [...]
A prôner les avantages du travail, les utopies devaient prendre le contre-pied de la /Genèse/. Sur ce point tout particulièrement, elles sont l’expression d’une humanité engloutie dans le labeur, fière de se complaire aux conséquences de la chute, dont la plus grave demeure l’obsession du rendement. Les stigmates d’une race qui chérit la « sueur du front », qui en fait signe de noblesse, qui s’agite et peine en exultant, nous les portons avec orgueil et ostentation ; d’où l’horreur que nous inspire, à nous autres réprouvés, l’élu qui refuse de besogner, ou d’exceller dans quelque domaine que ce soit. Le refus dont nous lui faisons grief, en est capable celui-là seul qui conserve le souvenir d’un bonheur immémorial. Dépaysé au milieu de ses semblables, il est comme eux et pourtant il ne peut communiquer avec eux ; de quelque côté qu’il regarde, il ne se sent pas d’/ici/ ; tout ce qu’il y discerne lui semble usurpation : le fait même de porter un nom… Ses entreprises échouent, il s’y lance sans y croire : des simulacres dont le détourne l’image précise d’un autre monde. L’homme, une fois évincé du paradis, pour qu’il n’y songe plus ni n’en souffre, obtint en compensation la faculté de vouloir, de tendre vers l’acte, de s’y abîmer avec enthousiasme, avec brio. Mais pour l’aboulique, dans son détachement, dans son marasme surnaturel, quel effet produire, à quel objet se livrer ? Rien ne l’engage à sortir de son absence. Et cependant lui-même n’échappe pas entièrement à la malédiction commune : il s’épuise dans un regret, et y dépense plus d’énergie que nous n’en fournissons dans tous nos exploits. »
- Emil Cioran, Histoire et utopie, Gallimard, 1960, V, « Mécanisme de l’utopie »
Conservatism
« Toujours le réactionnaire, ce conservateur qui a jeté le masque, empruntera aux sagesses ce qu'elles ont de pire, et de plus profond : la conception de l'irréparable, la vision statique du monde. Toute sagesse et, à plus forte raison, toute métaphysique, sont réactionnaires, ainsi qu'il sied à toute forme de pensée qui, en quête de constantes, s'émancipe de la superstition du divers et du possible. »
- Emil Cioran, Du Pape et extraits d'autres œuvres, Textes de Joseph de Maistre présentés et choisis par E. M. Cioran, éd. J.-J. Pauvert, coll. Libertés, 1957, p. 27-28
France
« Français des croisades, ils sont devenus Français de la cuisine et du bistrot : le bien-être et l'ennui. [...] Rien n'est plus gênant que de voir une nation qui a abusé - à juste titre - de l'attribution "grand" - grande nation, grande armée, la grandeur de la France - se dégrader dans le troupeau humain haletant après le bonheur. Elle était réellement grande quand elle ne le cherchait pas. [...] "Le Français moyen", "le petit-bourgeois" : types honteux de circulation courante, qui ont fleuri sur les ruines des exploits du passé. Quelle ironie de la vie : le sacrifice des héros est suivi des fades délices du médiocre, comme si les idéaux ne jaillissaient de la gloire du sang que pour être piétinés par les doutes. »
- Emil Cioran, pp. 53-54 des Cahiers de L'Herne
« Les Français ne peuvent plus mourir pour quoi que ce soit. Le scepticisme cérébral est devenu organique... Tenir davantage à sa peau qu'à une idée ; penser avec l'estomac; hésiter entre honneur et volupté ; croire que vivre est bien plus que tout, voilà la vie. Mais les Français n'aiment plus qu'elle, et ne vivent plus que par elle. Depuis longtemps, ils ne peuvent plus mourir. Ils l'ont trop souvent fait par le passé. Quelle croyance s'inventer ? Leur manque de vitalité a manqué la vie. Et la Décadence n'est que le culte exclusif de la vie... Chez les Français, les instincts sont atteints, rongés, la base de l'âme sapée. Ils furent jadis vigoureux - des croisades à Napoléon - les siècles français de l'univers. Mais les temps qui viennent seront ceux d'un vaste désert, le temps français sera lui-même le déploiement du vide. Jusqu'à l'irréparable extinction. La France est atteinte par le cafard de l'agonie. »
Happiness
« Il faut souffrir jusqu'au bout, jusqu'au moment où l'on cesse de croire à la souffrance. »
- Emil Cioran, De l'inconvénient d'être né
« Je suis un lâche, je ne puis supporter la souffrance d'être heureux. »
- John Keats, cité par Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
Human nature
« N'avoir plus rien de commun avec les hommes que le fait d'être homme ! »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
Art
« En dehors de la musique, tout est mensonge, même la solitude, même l'extase. Elle est justement l'une et l'autre en mieux. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« Il n'est que la musique pour créer une complicité indesctructible entre deux êtres. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
Culture
« J'ai connu des écrivains obtus et même bêtes. Les traducteurs, en revanche, que j'ai pu approcher étaient plus intelligents et plus intéressants que les auteurs qu'ils traduisaient. C'est qu'il faut plus de réflexion pour traduire que pour « créer ». »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
Miscellaneous
« Et avec quelle quantité d'illusions ai-je dû naître pour pouvoir en perdre une chaque jour ! »
« Il n'est pas élégant d'abuser de la malchance ; certains individus, comme certains peuples, s'y complaisent tant, qu'ils déshonorent la tragédie. »
- Emil Cioran, Syllogisme de l'amertume, Oeuvres, page 772
« La complaisance pour l'adversaire est le signe distinctif de la débilité, c'est-à-dire de la tolérance, laquelle n'est, en dernier ressort, qu'une coquetterie d'agonisants. »
« Le rêve, en abolissant le temps, abolit la mort. Les défunts en profitent pour nous importuner. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« Au-delà d'un quart d'heure, on ne peut assister sans impatience au désespoir d'un autre. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« L'orgasme est un paroxysme ; le désespoir aussi. L'un dure un instant ; l'autre, une vie. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« Soyons raisonnables : à nul n'est donné de revenir complètement de tout. Faut d'une déception universelle, il ne saurait y avoir davantage une connaissance universelle. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« De même que l'apparition du Crucifié a coupé l'histoire en deux, de même cette nuit vient de couper en deux ma vie... »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« Quel jugement sur les vivants s'il est vrai, comme on l'a soutenu, que ce qui périt n'a jamais existé ! »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« On se démène tant – pourquoi ? Pour redevenir ce qu'on était avant d'être. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« Les seuls événements notables d'une vie sont les ruptures. Ce sont elles aussi qui s'effacent en dernier de notre mémoire. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« L'insomnie semble épargner les bêtes. Si nous les empêchions de dormir pendant quelques semaines, un changement radical surviendrait dans leur nature et leur comportement. Elles éprouveraient des sensations inconnues jusqu'alors, et qui passaient pour nous appartenir en propre. Détraquons le règne animal, si nous voulons qu'il nous rattrape et nous remplace. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« Dans aucun bavardage sur la Connaissance, dans aucune Erkenntnistheorie, dont se gargarisent tant les philosophes, allemands ou non, vous ne tomberez sur le moindre hommage à la Fatigue en soi, état le plus propre à nous faire pénétrer jusqu'au fond des choses. Cet oubli ou cette ingratitude discrédite définitivement la philosophie. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« Une flamme traverse le sang. Passer de l'autre côté, en contournant la mort. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987
« Ces nuits où l'on se persuade que tous ont évacué cet univers, même les morts, et qu'on y est le dernier vivant, le dernier fantôme. »
- Emil Cioran, Aveux et Anathèmes, Gallimard, 1987