Différences entre les versions de « Joseph de Maistre »

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« La monarchie est une aristocratie ''centralisée''. Dans tous les temps et dans tous les lieux l’aristocratie commande. Quelque forme qu’on donne aux gouvernements, toujours la naissance et les richesses se placent au premier rang, et nulle part elles ne règnent plus durement que là où leur empire n’est pas fondé sur la loi. Mais, dans la monarchie, le roi est le centre de cette aristocratie ; c’est bien elle qui commande comme partout ; mais elle commande au nom du roi, ou, si l’on veut, c’est le roi éclairé par les lumières de l’aristocratie. »
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Les adversaires de l’origine divine en veulent toujours aux ''rois'' et ne parlent que de ''rois''. Ils ne veulent pas croire que l’autorité des rois vienne de Dieu ; mais il ne s’agit point de ''royauté'' en particulier ; il s’agit de ''souveraineté'' en général. Oui, toute souveraineté vient de Dieu ; sous quelque forme qu’elle existe, elle n’est point l’ouvrage de l’homme. Elle est une, absolue, et inviolable de sa nature. »
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« Partout où la raison individuelle domine, il ne peut exister rien de grand : car tout ce qu’il y a de grand repose sur une croyance, et le choc des opinions particulières livrées à elles-mêmes ne produit que le scepticisme qui détruit tout. Morale universelle et particulière, religion, loix, coutumes vénérées, préjugés utiles, rien ne subsiste, tout se fond devant lui ; c’est le dissolvant universel. [...]
 
« Partout où la raison individuelle domine, il ne peut exister rien de grand : car tout ce qu’il y a de grand repose sur une croyance, et le choc des opinions particulières livrées à elles-mêmes ne produit que le scepticisme qui détruit tout. Morale universelle et particulière, religion, loix, coutumes vénérées, préjugés utiles, rien ne subsiste, tout se fond devant lui ; c’est le dissolvant universel. [...]

Version du 3 mars 2024 à 14:24

Joseph de Maistre.jpg

Citations

« Mais de tous les monarques, le plus dur, le plus despotique, le plus intolérable, c’est le monarque peuple. »

— Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple (posthume, 1870), éd. Presses Universitaires de France, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 245


« La monarchie est une aristocratie centralisée. Dans tous les temps et dans tous les lieux l’aristocratie commande. Quelque forme qu’on donne aux gouvernements, toujours la naissance et les richesses se placent au premier rang, et nulle part elles ne règnent plus durement que là où leur empire n’est pas fondé sur la loi. Mais, dans la monarchie, le roi est le centre de cette aristocratie ; c’est bien elle qui commande comme partout ; mais elle commande au nom du roi, ou, si l’on veut, c’est le roi éclairé par les lumières de l’aristocratie. »

— Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple (posthume, 1870), éd. Presses Universitaires de France, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 190


« Il faut toujours rappeler les hommes à l’histoire qui est le premier maître en politique, ou pour mieux dire le seul. Quand on dit que l’homme est né pour la liberté, on dit une phrase qui n’a point de sens. »

— Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple (posthume, 1870), éd. Presses Universitaires de France, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 186


« [...] il n’y a pas de véritable souverain partout où il n’y a pas de roi. [...]

Les adversaires de l’origine divine en veulent toujours aux rois et ne parlent que de rois. Ils ne veulent pas croire que l’autorité des rois vienne de Dieu ; mais il ne s’agit point de royauté en particulier ; il s’agit de souveraineté en général. Oui, toute souveraineté vient de Dieu ; sous quelque forme qu’elle existe, elle n’est point l’ouvrage de l’homme. Elle est une, absolue, et inviolable de sa nature. »

— Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple (posthume, 1870), éd. Presses Universitaires de France, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 185-186


« Partout où la raison individuelle domine, il ne peut exister rien de grand : car tout ce qu’il y a de grand repose sur une croyance, et le choc des opinions particulières livrées à elles-mêmes ne produit que le scepticisme qui détruit tout. Morale universelle et particulière, religion, loix, coutumes vénérées, préjugés utiles, rien ne subsiste, tout se fond devant lui ; c’est le dissolvant universel. [...]

Or, si l’on recherche quelles sont les grandes et solides bases de toutes les institutions possibles du premier ou du second ordre, on trouve toujours la religion et le patriotisme.

Et si l’on y réfléchit encore plus attentivement, on trouvera que ces deux choses se confondent ; car il n’y a pas de véritable patriotisme sans religion [...]. »

— Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple (posthume, 1870), éd. Presses Universitaires de France, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 172


« Il faut qu’il y ait une religion de l’État comme une politique de l’État ; ou, plutôt, il faut que les dogmes religieux et politiques mêlés et confondus forment ensemble une raison universelle ou nationale assez forte pour réprimer les aberrations de la raison individuelle qui est, de sa nature, l’ennemie mortelle de toute association quelconque, parce qu’elle ne produit que des opinions divergentes.

Tous les peuples connus ont été heureux et puissants à mesure qu’ils ont obéi plus fidèlement à cette raison nationale qui n’est autre chose que l’anéantissement des dogmes individuels et le règne absolu et général des dogmes nationaux, c’est-à-dire des préjugés utiles. »

— Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple (posthume, 1870), éd. Presses Universitaires de France, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 147-148


« La raison humaine réduite à ses forces individuelles est parfaitement nulle, non seulement pour la création, mais encore pour la conservation de toute association religieuse ou politique, parce qu’elle ne produit que des disputes, et que l’homme pour se conduire, n’a pas besoin de problèmes, mais de croyances. [...]

Il n’y a rien de si important [...] que les préjugés. Ne prenons point ce mot en mauvaise part. Il ne signifie point nécessairement des idées fausses, mais seulement, suivant la force du mot, des opinions quelconques adoptées avant tout examen. Or ces sortes d’opinions sont le plus grand besoin de l’homme, les véritables éléments de son bonheur, et le Palladium des empires. Sans elles, il ne peut y avoir ni culte, ni morale, ni gouvernement. »

— Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple (posthume, 1870), éd. Presses Universitaires de France, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 147


« Plus la raison humaine se confie en elle-même, plus elle cherche à tirer tous ses moyens d’elle-même ; et plus elle est absurde, plus elle montre son impuissance. Voilà pourquoi le plus grand fléau de l’univers a toujours été, dans tous les siècles, ce qu’on appelle Philosophie, attendu que la Philosophie n’est que la raison humaine agissant toute seule, et que la raison humaine réduite à ses forces individuelles n’est qu’une brute dont toute la puissance se réduit à détruire. »

— Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple (posthume, 1870), éd. Presses Universitaires de France, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 132-133


« Tel est le caractère de Rousseau : il rencontre souvent des vérités particulières, et les exprime mieux que personne ; mais ces vérités sont stériles entre ses mains : presque toujours il conclut mal, parce que son orgueil l’éloigne constamment des routes battues du bon sens pour le jeter dans la singularité. Personne ne taille mieux que lui les matériaux, et personne ne bâtit plus mal. Tout est bon sans ses ouvrages, excepté ses systèmes. »

— Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple (posthume, 1870), éd. Presses Universitaires de France, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 118


« La société et la souveraineté naquirent [...] ensemble ; il est impossible de séparer ces deux idées. [...] Le premier homme fut roi de ses enfants [...].

[...] sans la souveraineté, il ne peut y avoir d’ensemble ni d’unité politique. »

— Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple (posthume, 1870), éd. Presses Universitaires de France, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 104-105


« Toute question sur la nature de l’homme doit se résoudre par l’histoire. Le philosophe qui veut nous prouver par des raisonnements à priori ce que doit être l’homme, ne mérite par d’être écouté : il substitue des raisons de convenance à l’expérience, et ses propres décisions à la volonté du Créateur. »

— Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple (posthume, 1870), éd. Presses Universitaires de France, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 96


« Le peuple est souverain, dit-on ; et de qui ? — De lui-même apparemment. Le peuple est donc sujet. Il y a sûrement ici quelque équivoque s’il n’y a pas une erreur, car le peuple qui commande n’est pas le peuple qui obéit. Il suffit donc d’énoncer la proposition générale : le peuple est souverain, pour sentir qu’elle a besoin d’un commentaire. »

— Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple (posthume, 1870), éd. Presses Universitaires de France, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 91


« [...] il faut nous tenir prêts pour un événement immense dans l’ordre divin, vers lequel nous marchons avec une vitesse accélérée qui doit frapper tous les observateurs. Il n’y a plus de religion sur la terre : le genre humain ne peut demeurer dans cet état. Des oracles redoutables annoncent d’ailleurs que les temps sont arrivés. »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 762


« Le sceptre de la science n’appartient à l’Europe que parce qu’elle est chrétienne. Elle n’est parvenue à ce haut point de civilisation et de connaissance que parce qu’elle a commencé par la théologie ; parce que les universités ne furent d’abord que des écoles de théologie, et parce que toutes les sciences greffées sur ce sujet divin ont manifesté la sève divine par une immense végétation. »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 740


« Le peuple le mieux constitué est celui qui a le moins écrit de lois constitutionnelles ; et toute constitution écrite est NULLE. »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 705


« [...] il n’y aurait rien de si infortuné qu’un homme qui n’aurait jamais éprouvé l’infortune : car jamais un tel homme ne pourrait être sûr de lui-même, ni savoir ce qu’il vaut. »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 690


« Je crois de plus en mon âme et conscience que si l’homme pouvait vivre dans ce monde exempt de toute espèce de malheurs, il finirait par s’abrutir au point d’oublier complètement toutes les choses célestes et Dieu même. Comment pourrait-il, dans cette supposition, s’occuper d’un ordre supérieur, puisque dans celui-même où nous vivons, les misères qui nous accablent ne peuvent nous désenchanter des charmes trompeurs de cette malheureuse vie ? »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 689


« Les hommes ne peuvent être réunis pour un but quelconque, sans une loi ou une règle qui les prive de leur volonté : il faut être religieux ou soldat. »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 685


« La guerre est donc divine en elle-même, puisque c’est une loi du monde. »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 661


« [...] jamais le christianisme, si vous y regardez de près, ne vous paraîtra plus sublime, plus digne de Dieu, et plus fait pour l’homme qu’à la guerre. »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 658-659


« Il y a une règle sûre pour juger les livres comme pour les hommes, même sans les connaître : il suffit de savoir par qui ils sont aimés, et par qui ils sont haïs. Cette règle ne trompe jamais, et déjà je vous l’ai proposée à l’égard de Bacon. Dès que vous le voyez mis à la mode par les encyclopédistes, traduit par un athée et loué sans mesure par le torrent des philosophes du dernier siècle, tenez pour sûr, sans autre examen, que sa philosophie est, du moins dans ses bases générales, fausse et dangereuse. »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 634


« Partout où vous verrez un autel, là se trouve la civilisation. »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 494


« [...] toute dégradation individuelle ou nationale est sur-le-champ annoncée par une dégradation rigoureusement proportionnelle dans le langage. »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 485


« [...] le glaive de la justice n’a point de fourreau ; toujours il doit menacer ou frapper. »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 471


« Mais les fausses opinions ressemblent à la fausse monnaie qui est frappée d’abord par de grands coupables, et dépensée ensuite par d’honnêtes gens, qui perpétuent le crime sans savoir ce qu’ils font. »

— Joseph de Maistre, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg » (1821), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 464


« Je ne vis plus qu’à demi. D’autres épines encore s’enfoncent dans mon cœur, mon esprit s’en ressent : de petit il est devenu nul, hic jacet ; mais je meurs avec l’Europe, je suis en bonne compagnie. »

— Joseph de Maistre, Lettre au comte de Marcellus, 9 août 1819


« Mais qu’est-ce qu’une nation mon cher ami ? C’est le souverain et l’aristocratie. Il faut peser les voix, et non les compter. Je ne sais combien tu as de domestiques ; mais quand tu en aurais cinquante, je prendrais la liberté d’estimer leurs voix réunies un peu moins que la tienne. Tu me dis un grand mot en me disant : Je sais qu’ils ont des amis dans la haute classe ; mais c’est précisément dans les hautes classes que résident les principes conservateurs et les véritables maximes d’État. »

— Joseph de Maistre, Lettre à M. Le Chevalier de Saint-Réal, Saint-Pétersbourg, 22 décembre 1816-3 janvier 1817


« [...] il faut se préparer à une grande révolution, dont celle qui vient de finir (à ce qu’on dit) n’était que la préface. Le monde fermente, et l’on verra d’étranges choses : le spectacle, à la vérité, ne sera ni pour vous, ni pour moi [...]. »

— Joseph de Maistre, Lettre à Tadeusz Brzozowski, Saint-Pétersbourg, 22 janvier 1817-3 février 1817


« Jusqu’à présent les nations ont été tuées par la conquête, c’est-à-dire par voie de pénétration ; mais il se présente ici une grande question : — Une nation peut-elle mourir sur son propre sol sans transplantation, ni pénétration, uniquement par voie de putréfaction, en laissant parvenir la corruption jusqu’au point central et jusqu’aux principes originaux et constitutifs qui font ce qu’elle est ? C’est un grand et redoutable problème. Si vous en êtes là, il n’y a plus de Français, même en France ; Rome n’est plus dans Rome, et tout est perdu. »

— Joseph de Maistre, Lettre à M. Le Vicomte de Bonald, Saint-Pétersbourg, 1er décembre 1814-13 décembre 1814


« [...] jamais il n’y avait eu, avant le dix-huitième siècle, et au sein du christianisme, une insurrection contre Dieu ; jamais surtout on n’avait vu une conjuration sacrilège de tous les talents contre leur auteur [...]. »

— Joseph de Maistre, « Essai sur le principe générateur des constitutions politiques » (1814), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 399


« Ma philosophie théologique va toujours son train. Tout ce que nous voyons n’est qu’une révolution religieuse. Le reste, qui paraît immense, n’est qu’un appendice. »

— Joseph de Maistre, Lettre à Pierre Louis Jean Casimir de Blacas d’Aulps, Saint-Pétersbourg, 3 juillet 1811


« On a fait sur cet objet important précisément le même sophisme que sur les institutions politiques : on a regardé l’homme comme un être abstrait, le même dans tous les temps et dans tous les pays, et l’on a tracé pour cet être imaginaire des plans de gouvernement tout aussi imaginaires ; tandis que l’expérience prouve, de la manière la plus évidente, que toute nation a le gouvernement qu’elle mérite, de manière que tout plan de gouvernement n’est qu’un rêve funeste, s’il n’est pas en harmonie parfaite avec le caractère de la nation. »

— Joseph de Maistre, Lettre à Alexeï Razoumovski, juin 1811


« Le plus grand défaut pour une femme, mon cher enfant, c’est d’être un homme. »

— Joseph de Maistre, Lettre à sa fille Adèle de Maistre, 26 décembre 1804


« Il était aisé de prévoir que l’abolition du catholicisme menait droit à celle du christianisme, et que le système des Réformateurs en dernière analyse se réduisait à la singulière prétention de vouloir tout à la fois maintenir les lois d’un empire et renverser le pouvoir qui les fait exécuter. »

— Joseph de Maistre, « Sur le protestantisme » (1798), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 318


« On ne s’exprime point exactement lorsque l’on dit que le protestantisme est, en général, favorable à la république ; il n’est favorable à aucun gouvernement : il les attaques tous ; mais comme la souveraineté n’existe pleinement que dans les monarchies, il déteste particulièrement cette forme de gouvernement, et il cherche les républiques où il a moins à ronger. Mais, là comme ailleurs, il fatigue la souveraineté et ne peut supporter le joug social. Il est républicain dans les monarchies et anarchiste dans les républiques. [...] l’union constitutionnelle du sceptre et de la crosse le fait rugir. Il sait bien qu’il ne peut les briser qu’en les séparant, et c’est à quoi il travaille sans relâche. »

— Joseph de Maistre, « Sur le protestantisme » (1798), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 326


« Les souverainetés surtout n’ont de force, d’unité et de stabilité qu’en proportion qu’elles sont divinisés par la religion. Or le christianisme, c’est-à-dire le catholicisme, étant le ciment de toutes les souverainetés européennes, le protestantisme, en leur enlevant le catholicisme sans leur donner une autre foi, a miné la base de toutes celles qui ont eu le malheur d’embrasser la Réforme : en sorte que, plus tôt ou plus tard, il doit les laisser en l’air.

Le mahométisme, le paganisme même auraient fait politiquement moins de mal, s’ils s’étaient substitués au christianisme avec leur espèce de dogmes et de foi. Car ce sont des religions, et le protestantisme n’en n’est point une. »

— Joseph de Maistre, « Sur le protestantisme » (1798), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 329


« Qu’est-ce qu’un protestant ? Il semble d’abord qu’il est aisé de répondre ; mais si l’on réfléchit, on hésite. Est-ce un anglican, un luthérien, un calviniste, un zwinglien, un anabaptiste, un quaker, un méthodiste, un morave, etc. (je suis las). C’est tout cela, et ce n’est rien. Le protestant est un homme qui n’est pas catholique, en sorte que le protestantisme n’est qu’une négation. [...]

Ainsi, le protestantisme est positivement, et au pied de la lettre, le sans-culottisme de la religion. L’un invoque la parole de Dieu ; l’autre, les droits de l’homme ; mais dans le fait c’est la même théorie, la même marche et le même résultat. Ces deux frères ont brisé la souveraineté pour la distribuer à la multitude. »

— Joseph de Maistre, « Sur le protestantisme » (1798), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 329-330


« Louis XIV foula au pied le protestantisme et il mourut dans son lit, brillant de gloire et chargé d’années. Louis XVI le caressa et il est mort sur l’échafaud. »

— Joseph de Maistre, « Sur le protestantisme » (1798), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 320


« [...] le principe fondamental de cette religion [le christianisme], l’axiome primitif sur lequel elle reposait dans tout l’univers avant les novateurs du XVIe siècle, c’était l’infaillibilité de l’enseignement d’où résulte le respect aveugle pour l’autorité, l’abnégation de tout raisonnement individuel, et par conséquent l’universalité de croyance.

Or ces novateurs sapèrent cette base : ils substituèrent le jugement particulier au jugement catholique ; ils substituèrent follement l’autorité exclusive d’un livre à celle du ministère enseignant plus ancien que le livre et chargé de nous l’expliquer.

De là vient le caractère particulier de l’hérésie du XVIe siècle. Elle n’est point seulement une hérésie religieuse, mais une hérésie civile, parce qu’en affranchissant le peuple du joug de l’obéissance et lui accordant la souveraineté religieuse, elle déchaîne l’orgueil général contre l’autorité, et met la discussion à la place de l’obéissance. »

— Joseph de Maistre, « Sur le protestantisme » (1798), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 312


« [...] l’empire est sacré, la religion est civile ; les deux puissances se confondent ; chacune emprunte de l’autre une partie de sa force, et, malgré les querelles qui ont divisé ces deux sœurs, elles ne peuvent vivre séparées. »

— Joseph de Maistre, « Sur le protestantisme » (1798), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 312


« [...] depuis l’époque de de la Réformation, il existe en Europe un esprit d’insurrection qui lutte d’une manière tantôt publique, tantôt secrète, mais toujours réelle, contre toutes les souverainetés et surtout contre toutes les monarchies.

Le grand ennemi de l’Europe qu’il importe d’étouffer par tous les moyens qui ne sont pas des crimes, l’ulcère funeste qui s’attache à toutes les souverainetés et qui les ronge sans relâche ; le fils de l’orgueil, le père de l’anarchie, le dissolvant universel, c’est le protestantisme.

Qu’est-ce que le protestantisme ? C’est l’insurrection de la raison individuelle contre la raison générale [...]. »

— Joseph de Maistre, « Sur le protestantisme » (1798), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 311


« [...] le rétablissement de la Monarchie, qu’on appelle contre-révolution, ne sera point une révolution contraire, mais le contraire de la Révolution. »

— Joseph de Maistre, « Considérations sur la France » (1796), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 276


« La constitution de 1795, tout comme ses aînées, est faite pour l’homme. Or, il n’y a point d’homme dans le monde. J’ai vu, dans ma vie, des Français, des Italiens, des Russes, etc., je sais même, grâce à Montesquieu, qu’on peut être Persan : mais quant à l’homme, je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie ; s’il existe, c’est bien à mon insu.

[...] une constitution qui est faite pour toutes les nations, n’est faite pour aucune : c’est une pure abstraction, une œuvre scolastique faite pour exercer l’esprit d’après une hypothèse idéale, et qu’il faut adresser à l’homme dans les espaces imaginaires où il habite. »

— Joseph de Maistre, « Considérations sur la France » (1796), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 235


« Plus on écrit, et plus l’institution est faible, la raison en est claire. Les lois ne sont que des déclarations de droits, et les droits ne sont déclarés que lorsqu’ils sont attaqués ; en sorte que la multiplicité des lois constitutionnelles écrites ne prouve que la multiplicité des chocs et le danger d’une destruction.

Voilà pourquoi l’institution la plus vigoureuse de l’antiquité profane fut celle de Lacédémone, où l’on n’écrivit rien. »

— Joseph de Maistre, « Considérations sur la France » (1796), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 233


« Il n’y a plus de prêtres ; on les a chassés, égorgés, avilis ; on les a dépouillés ; et ceux qui ont échappé à la guillotine, aux bûchers, aux poignards, aux fusillades, aux noyades, à la déportation, reçoivent aujourd’hui l’aumône qu’ils donnaient jadis. [...] Les autels sont renversés ; on a promené dans les rues des animaux immondes sous les vêtements des pontifes ; les coupes sacrées ont servi à d’abominables orgies ; et sur ces autels que la foi antique environne de chérubins éblouis, on a fait monter des prostituées nues. »

— Joseph de Maistre, « Considérations sur la France » (1796), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 231


« Qu’on rie des idées religieuses, ou qu’on les vénère, n’importe : elles ne forment pas moins, vraies ou fausses, la base unique de toutes les institutions durables. »

— Joseph de Maistre, « Considérations sur la France » (1796), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 227


« Il y a dans la Révolution française un caractère satanique qui la distingue de tout ce qu’on a vu et peut-être de tout ce qu’on verra. »

— Joseph de Maistre, « Considérations sur la France » (1796), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 226


« Or, ce qui distingue la révolution française, et ce qui en fait un événement unique dans l’histoire, c’est qu’elle est mauvaise radicalement ; aucun élément de bien n’y soulage l’œil de l’observateur : c’est le plus haut degré de corruption ; c’est la pure impureté. »

— Joseph de Maistre, « Considérations sur la France » (1796), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 224


« [...] il ne peut exister une grande nation libre sous un gouvernement républicain. »

— Joseph de Maistre, « Considérations sur la France » (1796), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 219


« Un des plus grands crimes qu’on puisse commettre, c’est sans doute l’attentat contre la souveraineté, nul n’ayant des suites plus terribles. [...]

Il faut encore faire une observation importante : c’est que tout attentat commis contre la souveraineté, au nom de la nation, est toujours plus ou moins un crime national [...].

Or, tous les crimes nationaux contre la souveraineté sont punis sans délai et d’une manière terrible ; c’est une loi qui n’a jamais souffert d’exception. [...] Chaque goutte de sang de Louis XVI en coûtera des torrents à la France ; quatre millions de Français, peut-être, payeront de leurs têtes le grand crime national d’une insurrection anti-religieuse et anti-sociale, couronnée par un régicide. »

— Joseph de Maistre, « Considérations sur la France » (1796), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 204-205


« Chaque nation, comme chaque individu, a reçu une mission qu’elle doit remplir. »

— Joseph de Maistre, « Considérations sur la France » (1796), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 202


« Enfin, plus on examine les personnages en apparence les plus actifs de la Révolution, et plus on trouve en eux quelque chose de passif et de mécanique. On ne saurait trop le répéter, ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution, c’est la révolution qui emploie les hommes. On dit fort bien, quand on dit qu’elle va toute seule. »

— Joseph de Maistre, « Considérations sur la France » (1796), dans Œuvres, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007 (ISBN 9782221095430), p. 202


« Il faut avoir le courage de l’avouer, Madame : longtemps nous n’avons point compris la révolution dont nous sommes les témoins ; longtemps nous l’avons prise pour un événement. Nous étions dans l’erreur : c’est une époque ; et malheur aux générations qui assistent aux époques du monde ! »

— Joseph de Maistre, Discours à Mme la marquise de Costa sur la vie et la mort de son fils Alexis Louis Eugène de Costa, 1er septembre 1794

Citations sur Joseph de Maistre

« Joseph de Maistre disait, il y a plus d’un siècle, que l’homme est trop méchant pour mériter d’être libre.

Ce Voyant était un contemporain de la Révolution dont il contemplait, en prophète, la grandiose horreur, et il lui parlait face à face.

Il mourut dans l’épouvante et le mépris de ce colloque, en prononçant l’oraison funèbre de l’Europe civilisée.

Il n’aurait donc rien de plus à dire aujourd’hui, et les finales porcheries de notre dernière enfance n’ajouteraient absolument rien à la terrifiante sécurité de son diagnostic. »

Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 235


« De Maistre et Edgar Poe m’ont appris à raisonner. »

Charles Baudelaire, « Hygiène » (1887), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, p. 401


Textes

Bibliographie

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