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Citations

« [...] il est de par le monde infiniment de ces points spirituels qui ne sont pas encore révélés, pareils à ces âmes voilées dont nul n’a reconnu la grandeur. Combien de fois, au hasard d’une heureuse et profonde journée, n’avons-nous pas rencontré la lisière d’un bois, un sommet, une source, une simple prairie, qui nous commandaient de taire nos pensées et d’écouter plus profond que notre cœur ! Silence ! les dieux sont ici. »

— Maurice Barrès, La Colline inspirée (1913), éd. Émile-Paul frères, 1913, p. 464


« Seules les économistes libéraux orthodoxes et les socialistes collectivistes ont le droit de ne se point choquer de cette invasion des étrangers en France. Ils sont partisans de la liberté des échanges. Ils ne participent pas de cet illogisme du système actuel qui protège les produits du travail national et favorise les travailleurs étrangers. Économistes orthodoxes et socialistes collectivistes se rencontrent dans la même idée internationale : “La planète est un atelier”, dit M. Léon Say, approuvé par M. Guesde. Ces deux personnages suppriment en économie sociale l’idée de patrie. “Où je gagnerai le plus d’argent et où ma vie sera le plus confortable, là j’établirai ma patrie.” S’ils se séparent, c’est que M. Léon Say livre la planète à la livre concurrence des hommes, tandis que M. Guesde veut y régler leur travail. D’ailleurs, tous les coins de la planète ont les mêmes droits à leur sympathie. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 464


« [...] dans la civilisation moderne, les capitaux, les puissances d’argent tendent à devenir les puissances suprêmes. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 457


« On réformera la loi de naturalisation pour rendre moins accessible l’ingérence de l’étranger dans notre politique.

On réformera le régime propriétaire en empêchant l’étranger de posséder le sol de France et en limitant son droit d’exploitation industriel et commercial.

On assurera l’union de la race et de la terre en assurant un coin de terre insaisissable à chaque famille.

On protégera nos travailleurs nationaux par une loi fiscale qui frappera leurs concurrents étrangers.

On donnera la liberté d’association et la décentralisation, en sorte que les groupes professionnels (syndicats) et les communes possèdent la personnalité civile. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 452


« La question juive est liée à la question nationale. Assimilés aux Français d’origine par la Révolution, les Juifs ont conservé leurs caractères distinctifs, et, de persécutés qu’ils étaient autrefois, ils sont devenus dominateurs. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 435


« [...] tout haute civilisation naît d’une collectivité ordonnée. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 198


« Je n’ai pas besoin qu’on me dise pourquoi Dreyfus a trahi. En psychologie, il me suffit de savoir qu’il est capable de trahir et il me suffit de savoir qu’il a trahi. L’intervalle est rempli. Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race. [...]

Quand à ceux qui disent que Dreyfus n’est pas un traître, le tout, c’est de s’entendre. Soit ils ont raison : Dreyfus n’appartient pas à notre nation et dès lors comment la trahirait-il ? Les Juifs sont de la patrie où ils trouvent leur plus grand intérêt. Et par là on peut dire qu’un Juif n’est jamais un traître. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 164-165


« [...] une nation, c’est la possession en commun d’un antique cimetière et la volonté de continuer à faire valoir cet héritage indivis. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 114


« Les morts ! Ah ! que serait donc un homme à ses propres yeux s’il ne représentait que soi-même ? Quand chacun de nous tourne la tête sur son épaule, il voit une suite indéfinie de mystères, dont les âges les plus récents s’appellent la France. Nous sommes le produit d’une collectivité qui parle en nous. Que l’influence des ancêtres soit permanente, et les fils seront énergiques et droits, la nation une. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 96


« Le nationalisme, c’est de résoudre chaque question par rapport à la France. Mais comment faire, si nous n’avons pas de la France une définition et une idée communes ? »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 87


« (Hélas ! il n’y a point de race française, mais un peuple français, une nation française, c’est-à-dire une collectivité de formation politique.) Oui, malheureusement, au regard des collectivités rivales et nécessairement ennemies dans la lutte pour la vie, la nôtre n’est point arrivée à se définir à elle-même. Nous l’avouons implicitement par ce fait que, suivant les besoins du moment, pour nos publicistes, nos écrivains, nos artistes, nous sommes tantôt Latins, tantôt Gaulois, tantôt “le soldat de l’Église”, puis la grande nation, “l’émancipatrice des peuples”. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 87


« Il est d’une haute moralité d’obéir à la loi. Le cas de Socrate illustre cette conception indiscutée. Mais je ne puis accepter que la loi à laquelle mon esprit s’identifie. Plus j’ai d’honneur en moi, plus je me révolte si la loi n’est pas la loi de ma race. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 69


« Les juifs n’ont pas de patrie au sens où nous l’entendons. Pour nous, la patrie, c’est le sol et les ancêtres, c’est la terre de nos morts. Pour eux, c’est l’endroit où ils trouvent leur plus grand intérêt. Leurs “intellectuels” arrivent ainsi à leur fameuse définition : “La patrie, c’est une idée.” Mais quelle idée ? Celle qui leur est la plus utile et, par exemple, l’idée que tous les hommes sont frères, que la nationalité est un préjugé à détruire, que l’honneur militaire pue le sang, qu’il faut désarmer (et ne laisser d’autre force que l’argent), etc. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 69


« Ce kantisme de nos classes prétend régler l’homme universel, l’homme abstrait, sans tenir compte des différences individuelles. Il tend à former nos jeunes lorrains, provençaux, bretons, parisiens de cette année d’après un homme abstrait, idéal, identique partout à lui-même, tandis que nous aurions besoin d’hommes racinés solidement dans notre sol, dans notre histoire, dans la conscience nationale, et adaptés aux nécessités françaises de cette date-ci. La philosophie qu’enseigne l’État est responsable en première ligne si des personnes croient intellectuel de mépriser l’inconscient national et de faire fonctionner l’intelligence dans l’abstrait pur, hors du plan des réalités.

Un verbalisme qui écarte l’enfant de toute réalité, un kantisme qui le déracine de la terre de ses morts, une surproduction de diplômés qui crée ce que nous avons appelé, d’après Bismarck, “un prolétariat de bacheliers”, voilà ce que nous avons reproché à l’Université, voilà ce qui fait de son produit, l’“intellectuel”, un ennemi de la société. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 62


« Il ne faut point se plaindre du mouvement antisémite dans l’instant où l’on constate la puissance énorme de la nationalité juive qui menace de “chambardement” l’État français.

C’est ce que n’entendront jamais, je le crois bien, les théoriciens de l’Université ivres d’un kantisme malsain. Ils répètent comme notre Bouteiller : “Je dois toujours agir de telle sorte que je puisse vouloir que mon action serve de règle universelle.” Nullement, messieurs, laissez ces grands mots de toujours et d’universelle et puisque vous êtes Français, préoccupez-vous d’agir selon l’intérêt français à cette date. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 38


« Un nationaliste, c’est un Français qui a pris conscience de sa formation. Nationalisme est acceptation d’un déterminisme. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 13


« Nationalisme, régionalisme trop souvent demeurent des théories. Je les ferai sentir non point comme des doctrines mais comme des biographies, nos biographies à nous tous Français. »

— Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme (1902), éd. Kontre Kulture, 2015 (ISBN 9782367250717), p. 12


« Cette voix des ancêtres, cette leçon de la terre que Metz sait si bien nous faire entendre, rien ne vaut davantage pour former la conscience d'un peuple. La terre nous donne une discipline, et nous sommes le prolongement des ancêtres. Voilà sur quelle réalité nous devons nous fonder.

Que serait donc un homme à ses propres yeux, s’il ne représentait que soi-même ? Quand chacun de nous tourne la tête sur son épaule, il voit une suite indéfinie de mystères, dont les âges les plus récents s’appellent la France. Nous sommes le produit d’une collectivité qui parle en nous. Que l’influence des ancêtres soit permanente, et les fils seront énergiques et droits, la nation une. »

— Maurice Barrès, La Terre et les Morts (10 mars 1899)


« On ne fait pas l’union sur des idées, tant qu’elles demeurent des raisonnements ; il faut qu’elles soient doublées de leur force sentimentale. À la racine de tout, il y a un état de sensibilité. On s’efforcerait vainement d’établir la vérité par la raison seule, puisque l’intelligence peut toujours trouver un nouveau motif de remettre les choses en question. »

— Maurice Barrès, La Terre et les Morts (10 mars 1899)


« [...] nous, Lorrains, nous ne sommes pas Français, parce que la France est la fille “ainée de l’Église” ni parce qu’elle a fourni au monde la “Déclaration des droits de l’Homme”, nous n’avons pas adhéré à la patrie comme à un esprit, comme à un ensemble de principes. En fait, nous sommes venus à la France parce que nous avions besoin d’ordre et de paix et que nous ne pouvions en trouver ailleurs. Notre patriotisme n’a rien d’idéaliste, de philosophique ; nos pères étaient fort réalistes. Et pourtant il est bien exact que nous tendions vers la France plutôt que vers l’Allemagne, parce que celle-là est une nation catholique, et c’est encore vrai que les conquêtes civiles de la Révolution et les gloires militaires de l’Empire ont gagné le cœur de notre population. Ainsi, notre patriotisme est fait de tous les éléments que les dialecticiens s’efforcent de maintenir séparés et en opposition. »

— Maurice Barrès, La Terre et les Morts (10 mars 1899)


« Hélas ! il n’y a point de race française, mais un peuple français, une nation française, c’est-à-dire une collectivité de formation politique ; et malheureusement, au regard des collectivités rivales et nécessairement ennemies dans la lutte pour la vie, la nôtre n’est point arrivée à se définir à elle-même.

Nous l’avouons implicitement par ce fait que, suivant les besoins du moment, pour nos publicistes, nos écrivains, nos artistes, nous sommes tantôt Latins, tantôt Gaulois, tantôt “le soldat de l’Église”, puis la grande nation, “l’émancipatrice des peuples”. »

— Maurice Barrès, La Terre et les Morts (10 mars 1899)


« Cette foule où chacun porte en soi, appropriée à sa nature, une image de Hugo, conduit sa cendre de l’Arc de Triomphe au Panthéon. Chemin sans pareil ! Qui ne donnerait sa vie pour le parcourir cadavre ! Il va à l’ossuaire des grands hommes : — au caveau national et aux bibliothèques. — Ici, une fille légendaire sauva Paris, écarta les Barbares : c’est un même office qu’ont à perpétuer les écoles de la Montagne ; elles ont toujours à sauver la France, en lui donnant un principe d’action. Ici la jeunesse hérite de la tradition nationale et, en même temps, s’initie à l’état de la vérité dans le monde, aux efforts actuels de tous les peuples vers plus de civilisation. C’est ici, depuis les bégaiements du XIIe siècle, que se sont composées les formules où notre race a pris conscience et a donné communication au monde des bonnes choses qui lui sont propres.

Certains esprits sont ainsi faits que deux points les émeuvent dans Paris : — l’Arc de Triomphe, qui maintient notre rang devant l’étranger, qui rappelle comment nous donnâmes aux peuples, distribuâmes à domicile les idées françaises, les “franchises de l’humanité”, — et cette colline Sainte-Geneviève, dont les pentes portent la Sorbonne, les vieux collèges, les savantes ruelles des étudiants. L’Arc de Triomphe, c’est le signe de notre juste orgueil ; le Panthéon, le laboratoire de notre bienfaisance : orgueil de la France devant l’univers ; bienfaisance de la France envers l’univers. Le même vent qui passe et repasse sous la voûte triomphale court aussi sans trêve le long des murs immenses du Panthéon, c’est l’âme, le souffle des hauts lieux : nul n’approche le mont de l’Étoile, le mont Sainte-Geneviève qui n’en frémisse, et pour les plus dignes, ce sera le moteur d’une grande et durable activité.

De l’Étoile au Panthéon, Victor Hugo, escorté par tous, s’avance. De l’orgueil de la France il va au cœur de la France. C’est le génie de notre race qui se refoule en elle-même : après qu’il s’est répandu dans le monde, il revient à son centre ; il va s’ajouter à la masse qui constitue notre tradition. De l’Arc où le Poète fut l’hôte du César, nous l’accompagnons à l’Arche insubmersible où toutes les sortes de mérite se transforment en pensée pour devenir un nouvel excitant de l’énergie française. »

— Maurice Barrès, Les Déracinés (1897), éd. Bartillat, coll. « Omnia », 2010, p. 343-344


« La religion. — Si l’on veut, nous possédons la catholique, la protestante et la juive ; mais, à voir de plus haut, la France est divisée entre deux religions qui se contredisent violemment, et chacune impose à ses adeptes de ruiner l’autre. L’ancienne est fondée sur la révélation ; la nouvelle s’accorde avec la méthode scientifique et nous promet par elle, sous le nom de progrès nécessaire et indéfini, cet avenir de paix et d’amour dont tous les prophètes ont l’esprit halluciné. »

— Maurice Barrès, Les Déracinés (1897), éd. Bartillat, coll. « Omnia », 2010, p. 180


« Déraciner ces enfants, les détacher du sol et du groupe social où tout les relie, pour les placer hors de leurs préjugés dans la raison abstraite, comment cela le gênerait-il, lui qui n’a pas de sol, ni de société, ni, pense-t-il, de préjugés ? »

— Maurice Barrès, Les Déracinés (1897), éd. Bartillat, coll. « Omnia », 2010, p. 24


« Pour chaque être, il existe une sorte d’activité où il serait utile à la société, en même temps qu’il y trouverait son bonheur. »

— Maurice Barrès, L’Ennemi des Lois (1893), éd. Perrin, 1893, p. 97


« L’âme qui habite aujourd’hui en moi est faite des parcelles qui survécurent à des milliers de morts [...]. »

— Maurice Barrès, Un homme libre (1889), éd. Perrin, 1889, p. 223
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Bibliographie

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