Frédéric Bastiat 4.jpg

Citations

« [...] dans les sociétés modernes, la spoliation par l’impôt s’exerce sur une immense échelle. »

— Frédéric Bastiat, « Harmonies Économiques » (1850), dans L’État, c’est toi !, éd. L’Arche, coll. « Tête-à-tête », 2004, p. 80


« Ce n’est pas parce que les hommes ont édicté des Lois que la Personnalité, la Liberté et la Propriété existent. Au contraire, c’est parce que la Personnalité, la Liberté et la Propriété préexistent que les hommes font des Lois. »

— Frédéric Bastiat, « La Loi » (1850), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. IV, p. 


« [...] la Propriété est un droit antérieur à la Loi, puisque la Loi n’aurait pour objet que de garantir la Propriété. »

— Frédéric Bastiat, « Propriété et loi » (1848), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. IV, p. 


« Cela est si vrai qu’ainsi qu’un de mes amis me le faisait remarquer, dire que le but de la Loi est de faire régner la Justice, c’est se servir d’une expression qui n’est pas rigoureusement exacte. Il faudrait dire : Le but de la Loi est d’empêcher l’Injustice de régner. En effet, ce n’est pas la Justice qui a une existence propre, c’est l’Injustice. L’une résulte de l’absence de l’autre. »

— Frédéric Bastiat, « La Loi » (1850), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. IV, p. 


« L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.

Car, aujourd’hui comme autrefois, chacun, un peu plus, un peu moins, voudrait bien profiter du travail d’autrui. Ce sentiment, on n’ose l’afficher, on se le dissimule à soi-même ; et alors que fait-on ? On imagine un intermédiaire, on s’adresse à l’État, et chaque classe tour à tour vient lui dire : “Vous qui pouvez prendre loyalement, honnêtement, prenez au public, et nous partagerons.” »

— Frédéric Bastiat, « Journal des débats » (25 septembre 1848), dans L’État, c’est toi !, éd. L’Arche, coll. « Tête-à-tête », 2004, p. 15


« N’attendez de moi [l’État] que deux choses : Liberté, Sécurité, — et comprenez bien que vous ne pouvez, sans les perdre toutes deux, m’en demander une troisième. »

— Frédéric Bastiat, « Harmonies économiques » (1850), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. VI, p. 113


« Faire intervenir l’État, lui donner pour mission de pondérer les profits et d’équilibrer les fortunes, en prenant aux uns, sans consentement, pour donner aux autres, sans rétribution, le charger de réaliser l’œuvre du nivellement par voie de spoliation, assurément c’est bien là du Communisme. Les procédés employés par l’État, dans ce but, non plus que les beaux noms dont on décore cette pensée, n’y font rien. Qu’il en poursuive la réalisation par des moyens directs ou indirects, par la restriction ou par l’impôt, par les tarifs ou par le Droit au travail ; qu’il la place sous invocation de l’égalité, de la solidarité, de la fraternité, cela ne change pas la nature des choses ; le pillage des propriétés n’en est pas moins du pillage parce qu’il s’accomplit avec régularité, avec ordre, systématiquement et par l’action de la loi. »

— Frédéric Bastiat, « Protectionisme et communisme » (1849), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. IV, p. 515


« [...] le plus pressé, ce n’est pas que l’État enseigne, mais qu’il laisse enseigner. Tous les monopoles sont détestables, mais le pire de tous, c’est le monopole de l’enseignement. »

— Frédéric Bastiat, « Protectionisme et communisme » (1849), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. V, p. 93


« On parle beaucoup, depuis la république, de crédit gratuit, d’instruction gratuite. Mais il est clair qu’on enveloppe un grossier sophisme dans ce mot. Est-ce que l’État peut faire que l’instruction se répande, comme la lumière du jour, sans qu’il en coûte aucun effort à personne ? Est-ce qu’il peut couvrir la France d’institutions et de professeurs qui ne se fassent pas payer de manière ou d’autre ? Tout ce que l’État peut faire, c’est ceci : au lieu de laisser chacun réclamer et rémunérer volontairement ce genre de services, l’État peut arracher, par l’impôt, cette rémunération aux citoyens, et leur faire distribuer ensuite l’instruction de son choix, sans exiger d’eux une seconde rémunération. En ce cas, ceux qui n’apprennent pas payent pour ceux qui apprennent, ceux qui apprennent peu pour ceux qui apprennent beaucoup, ceux qui se destinent aux travaux manuels pour ceux qui embrasseront les carrières libérales. C’est le communisme appliqué à une branche de l’activité humaine. Sous ce régime, que je n’ai pas à juger ici, on pourra dire, on devra dire : l’instruction est commune, mais il serait ridicule de dire : l’instruction est gratuite. Gratuite ! oui, pour quelques-uns de ceux qui la reçoivent, mais non pour ceux qui la payent, sinon au professeur, du moins au percepteur.

Il n’est rien que l’État ne puisse donner gratuitement à ce compte ; et si ce mot n’était pas une mystification, ce n’est pas seulement l’instruction gratuite qu’il faudrait demander à l’État, mais la nourriture gratuite, le vêtement gratuit, le vivre et le couvert gratuits, etc. Qu’on y prenne garde. Le peuple en est presque là ; du moins il ne manque pas de gens qui demandent en son nom le crédit gratuit, les instruments de travail gratuits, etc., etc. Dupes d’un mot, nous avons fait un pas dans le communisme ; quelle raison avons-nous de n’en pas faire un second, puis un troisième, jusqu’à ce que toute liberté, toute propriété, toute justice y aient passé ? Dira-t-on que l’instruction est si universellement nécessaire qu’on peut, en sa faveur, faire fléchir le droit et les principes ? Mais quoi ! est-ce que l’alimentation n’est pas plus nécessaire encore ? Primo vivere, deinde philosophari [Vivre d’abord, philosopher ensuite], dira le peuple, et je ne sais en vérité ce qu’on aura à lui répondre. »

— Frédéric Bastiat, « Protectionisme et communisme » (1849), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. VI, p. 264-265


« Dans mon domaine, il y a beaucoup à apprendre et peu à faire. Beaucoup à apprendre, puisque l’enchaînement des effets ne peut être suivi qu’avec une grande application ; peu à faire, puisque de l’effet définif sort l’harmonie du phénomène tout entier. »

— Frédéric Bastiat, « Journal des Économistes » (15 juin 1848), dans L’État, c’est toi !, éd. L’Arche, coll. « Tête-à-tête », 2004, p. 48


« Si j’avais le malheur de ne voir dans le capital que l’avantage de capitalistes, et de ne saisir ainsi qu’un côté, et, assurément, le côté le plus étroit et le moins consolant de la science économique, je me ferais Socialiste ; car de manière ou d’autre, il faut que l’inégalité s’efface progressivement, et si la liberté ne renfermait pas cette solution, comme les socialistes je la demanderais à la loi, à l’État, à la contrainte, à l’art, à l’utopie. »

— Frédéric Bastiat, « Gratuité du crédit », dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. V, p. 


« Le peuple sera écrasé d’impôts, on fera emprunt sur emprunt ; après avoir épuisé le présent, on dévorera l’avenir. »

— Frédéric Bastiat, « Journal des Économistes » (15 juin 1848), dans L’État, c’est toi !, éd. L’Arche, coll. « Tête-à-tête », 2004, p. 37


« Il faut le dire : il y a trop de grands hommes dans le monde ; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères des nations, etc. Trop de gens se placent au-dessus de l’humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s’occuper d’elle. »

— Frédéric Bastiat, « La Loi » (1850), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. IV, p. 392


« La communauté seule doit décider de tout, régler tout : éducation, nourriture, salaires, plaisirs, locomotion, affections, familles, etc., etc. — Or la société s’exprime par la loi, la loi c’est le législateur. Donc voilà un troupeau et un berger, — moins que cela encore, une matière inerte et un ouvrier. On voit où mène la suppression de la Responsabilité et de l’individualisme. »

— Frédéric Bastiat, « Harmonies économiques » (1850), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. VI, p. 


« Eh quoi ! est-il donc si difficile de laisser les hommes essayer, tâtonner, choisir, se tromper, se rectifier, apprendre, se concerter, gouverner leurs propriétés et leurs intérêts, agir pour eux-mêmes, à leurs périls et risques, sous leur propre responsabilité ; et ne voit-on pas que c’est ce qui les fait hommes ? Partira-t-on toujours de cette fatale hypothèse, que tous les gouvernants sont des tuteurs et tous les gouvernés des pupilles ? »

— Frédéric Bastiat, « Harmonies économiques » (1850), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. VI, p. 


« Dieu a mis aussi dans l’humanité tout ce qu’il faut pour qu’elle accomplisse ses destinées. Il y a une physiologie sociale providentielle comme il y a une physiologie humaine providentielle. Les organes sociaux sont aussi constitués de manière à se développer harmoniquement au grand air de la Liberté. Arrière donc les empiriques et les organisateurs ! Arrière leurs anneaux, leurs chaînes, leurs crochets, leurs tenailles ! arrière leurs moyens artificiels ! arrière leur atelier social, leur phalanstère, leur gouvernementalisme, leur centralisation, leurs tarifs, leurs universités, leurs religions d’État, leurs banques gratuites ou leurs banques monopolisées, leurs compressions, leurs restrictions, leur moralisation ou leur égalisation par l’impôt ! Et puisqu’on a vainement infligé au corps social tant de systèmes, qu’on finisse par où l’on aurait dû commencer, qu’on repousse les systèmes, qu’on mette enfin à l’épreuve la Liberté, — la Liberté, qui est un acte de foi en Dieu et en son œuvre. »

— Frédéric Bastiat, « La Loi » (1850), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. IV, p. 392-393


« Aujourd’hui, je me trouve en face d’une autre illusion. Il ne s’agit plus de privilèges particuliers, il s’agit de transformer le privilège en droit commun. La nation tout entière a conçu l’idée étrange qu’elle pouvait accroître indéfiniment la substance de sa vie, en la livrant à l’État sous forme d’impôts, afin que l’État la lui rende en partie sous forme de travail, de profits et de salaires. On demande que l’État assure le bien-être à tous les citoyens; et une longue et triste procession, où tous les ordres de travailleurs sont représentés, depuis le roi des banquiers jusqu'à l'humble blanchisseuse, défile devant le grand organisateur pour solliciter une assistance pécuniaire. »

— Frédéric Bastiat, « Journal des Économistes » (mars 1848), dans L’Etat, c’est toi !, éd. L’Arche, coll. « Tête-à-tête », 2004, p. 50


« C’est la déplorable manie de notre époque de vouloir donner une vie propre à de pures abstractions, d’imaginer une cité en dehors des citoyens, une humanité en dehors des hommes, un tout en dehors de ses parties, une collectivité en dehors des individualités qui la composent. »

— Frédéric Bastiat, « Harmonies Économiques » (1850), dans L’Etat, c’est toi !, éd. L’Arche, coll. « Tête-à-tête », 2004, p. 93


« Malheureuse, trois fois malheureuse la nation où les questions se posent ainsi ; où nul ne songe à faire de la loi la règle de la justice ; où chacun n’y cherche qu’un instrument de vol à son profit, et où toutes les forces intellectuelles s’appliquent à trouver des excuses dans les effets éloignés et compliqués de la spoliation ! »

— Frédéric Bastiat, « Harmonies Économiques » (1850), dans L’Etat, c’est toi !, éd. L’Arche, coll. « Tête-à-tête », 2004, p. 101


« En vérité, réformateurs modernes, quand vous voulez remplacer cet ordre admirable par un arrangement de votre invention, il y a deux choses (et elles n’en font qu’une) qui me confondent : votre manque de foi en la Providence et votre foi en vous-mêmes ; votre ignorance et votre orgueil. »

— Frédéric Bastiat, « Harmonies Économiques » (1850), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. VI, p. 


« Ici je me heurte au plus populaire des préjugés de notre époque. On ne veut pas seulement que la Loi soit juste ; on veut encore qu’elle soit philanthropique. On ne se contente pas qu’elle garantisse à chaque citoyen le libre et inoffensif exercice de ses facultés, appliquées à son développement physique, intellectuel et moral ; on exige d’elle qu’elle répande directement sur la nation le bien-être, l’instruction et la moralité. C’est le côté séduisant du Socialisme. »

— Frédéric Bastiat, « La Loi » (1850), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. IV, p. 357


« Les socialistes nous disent : puisque la Loi organise la justice, pourquoi n’organiserait-elle pas le travail, l’enseignement, la religion ?

Pourquoi ? Parce qu’elle ne saurait organiser le travail, l’enseignement, la religion, sans désorganiser la Justice. »

— Frédéric Bastiat, « La Loi » (1850), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. IV, p. 359


« Suffrage universel veut dire : suffrage universel des capables. Restent ces questions de fait : quels sont les capables ? l’âge, le sexe, les condamnations judiciaires sont-ils les seuls signes auxquels on puisse reconnaître l’incapacité ?

Si l’on y regarde de près, on aperçoit bien vite le motif pour lequel le droit de suffrage repose sur la présomption de capacité, le système le plus large ne différant à cet égard du plus restreint que par l’appréciation des signes auxquels cette capacité peut se reconnaître, ce qui ne constitue pas une différence de principe, mais de degré. »

— Frédéric Bastiat, « La Loi » (1850), dans Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, éd. Guillaumin, 1862-1864, t. IV, p. 350
Frédéric Bastiat 2.jpg

Citations sur Frédéric Bastiat

« Un célèbre économiste français [Frédéric Bastiat] a exposé comme en un tableau les bienfaits multiples que l’homme trouve dans la société et c’est une merveille digne d’être admirée. »

— Léon XIII [Cardinal Pecci, futur Léon XIII] cité par Joachim Pecci, L’Église et la civilisation, trad. Paul Lapeyre, éd. Société générale de Librairie catholique, 1878, p. 35


« Dans trois ans tous les Français peuvent savoir lire. Croyez-vous que nous en serons plus avancés ? Imaginez au contraire que, dans chaque commune, il y ait un bourgeois, un seul, ayant lu Bastiat, et que ce bourgeois-là soit respecté, les choses changeraient ! »

Gustave Flaubert, Lettre à George Sand, 7 octobre 1871