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Citations

« La tactique suivie par Mussolini pour s’emparer de l’État ne pouvait être conçue que par un marxiste. Il ne faut jamais oublier que l’éducation de Mussolini est marxiste. [...]

Mussolini, qui jugeait la situation en marxiste, ne croyait pas aux chances de succès d’une insurrection qui eût dû combattre à la fois les forces du gouvernement et les forces du prolétariat. Son mépris pour les chefs socialistes et communistes ne l’empêchait pas de mépriser tous ceux qui se proposaient, comme d’Annunzio, de renverser le gouvernement sans s’être assurés au moins, préalablement, l’alliance ou la neutralité des organisations ouvrières. Mussolini n’était pas homme à se faire casser les reins par une grève générale. Il ne sous-estimait pas, comme le Jupiter national, le rôle du prolétariat dans le jeu révolutionnaire. Sa sensibilité moderne, sa compréhension marxiste des problèmes politiques et sociaux de notre temps, ne lui laissaient pas d’illusions sur la possibilité de faire du blanquisme nationaliste en 1920.

Il ne faut pas voir, dans la tactique du coup d’État fasciste, une tactique de réactionnaire. Mussolini n’avait rien d’un d’Annunzio, d’un Kapp, d’un Primo de Rivera ou d’un Hitler. C’est en marxiste qu’il évaluait les forces du prolétariat et qu’il appréciait leur rôle dans la situation révolutionnaire de 1920 ; c’est en marxiste qu’il en arrivait à la conclusion qu’il fallait, avant tout, briser les syndicats ouvriers, sur lesquels le gouvernement s’appuierait, sans doute, pour défendre l’État. Il avait peur de la grève générale : la leçon de Kapp et de Bauer n’avait pas été perdue pour lui. »

— Curzio Malaparte, Technique du coup d’État (1931), éd. Grasset, 2017, p. 177-179


« [...] l’antisémitisme de Staline doit être jugé par rapport aux nécessités de la défense de l’État, et qu’on doit le considérer comme un des éléments de la tactique employée par Staline contre la tentative insurrectionnelle de Trotsky. »

— Curzio Malaparte, Technique du coup d’État (1931), éd. Grasset, 2017, p. 82


« L’insurrection est une machine, dit Trotzky : il faut des techniciens pour la mettre en mouvement, et seules des techniciens peuvent l’arrêter. La mise en mouvement de cette machine ne dépend pas des conditions politiques, sociales, économiques du pays. L’insurrection ne se fait pas avec les masses, mais avec une poignée d’hommes prêts à tout, entraînés à la tactique insurrectionnelle, exercées à frapper rapidement, durement, les centres vitaux de l’organisation technique de l’État. Cette troupe d’assaut doit être formée d’équipes d’ouvriers spécialisés, mécaniciens, électriciens, télégraphistes, radio-télégraphistes, aux ordre d’ingénieurs, de techniciens connaissant le fonctionnement technique de l’État. »

— Curzio Malaparte, Technique du coup d’État (1931), éd. Grasset, 2017, p. 78


« La lutte entre Staline et Trotzky est l’épisode le plus riche en enseignements qu’offre l’histoire politique de l’Europe au cours de ces dix dernières années. »

— Curzio Malaparte, Technique du coup d’État (1931), éd. Grasset, 2017, p. 68