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Citations

« Comme la paix dans les États n’a pour objet que de conserver les biens des peuples en assurance, de même la paix dans l’Église n’a pour objet que de conserver en assurance la vérité qui est son bien, et le trésor où est son cœur. Et comme ce serait aller contre la fin de la paix que de laisser entrer les étrangers dans un État pour le piller, sans s’y opposer, de crainte d’en troubler le repos (parce que la paix n’étant juste et utile que pour la sûreté du bien elle devient injuste et pernicieuse, quand elle le laisse perdre, et la guerre qui le peut défendre devient et juste et nécessaire), de même, dans l’Église, quand la vérité est offensée par les ennemis de la foi, quand on veut l’arracher du cœur des fidèles pour y faire régner l’erreur, de demeurer en paix alors, serait‑ce servir l’Église, ou la trahir ? serait-ce la défendre ou la ruiner ? »

— Blaise Pascal, Petit écrit de M. Pascal touchant l’obligation de défendre la vérité (1670), éd. Brunschvicg 949 — Lafuma 974, 1670, Copie d’un fragment joint au Recueil RC2, p. 611


« La vérité est si obscurcie en ce temps, et le mensonge si établi, qu’à moins que d’aimer la vérité, on ne saurait la reconnaître. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 319


« Jésus a prié les hommes, et n’en a pas été exaucé. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 198


« Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 198


« L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 151


« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui ; l’univers n’en sait rien.

Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il faut nous relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 149-150


« Les choses du monde les plus déraisonnables deviennent les plus raisonnables à cause du dérèglement des hommes. Qu’y a-t-il de moins raisonnable que de choisir, pour gouverner un État, le premier fils d’une reine ? L’on ne choisit pas pour gouverner un bateau celui des voyageurs qui est de meilleure maison. Cette loi serait ridicule et injuste ; mais parce qu’ils le sont et le seront toujours, elle devient raisonnable et juste, car qui choisira-t-on ? Le plus vertueux et le plus habile ? Nous voilà incontinent aux mains, chacun prétend être ce plus vertueux et ce plus habile. Attachons donc cette qualité à quelque chose d’incontestable. C’est le fils aîné du roi ; cela est net, il n’y a point de dispute. La raison ne peut mieux faire, car la guerre civile est le plus grand des maux. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 141


« Il est juste que ce qui est juste soit suivi. Il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante : la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite, parce qu’il y a toujours des méchants ; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force ; et pour cela faire que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste.

La justice est sujette à dispute, la force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi on n’a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice, et a dit qu’elle était injuste, et a dit que c’était elle qui était juste. Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 137


« Mahomet s’est établi en tuant ; Jésus-Christ en faisant tuer les siens. Mahomet en défendant de lire ; Jésus-Christ en ordonnant de lire. Enfin cela est si contraire, que si Mahomet a pris la voie de réussir humainement, Jésus-Christ a pris celle de périr humainement. Et, au lieu de conclure, que puisque Mahomet a réussi, Jésus-Christ a bien pu réussir ; il faut dire, que puisque Mahomet a réussi, le Christianisme devait périr s’il n’eût été soutenu par une force toute divine. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Port-Royal, 1670, p. 133-134


« Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point [...]. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 127


« Deux excès : exclure la raison, n’admettre que la raison. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 124


« Combien de royaumes nous ignorent ! »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 110


« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 110


« Les hommes ont mépris pour la religion ; ils en ont haine et peur qu’elle soit vraie. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 101
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« Mais le divertissement nous amuse, et nous fait arriver insensiblement à la mort. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 96


« Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé et à l’avenir. Nous ne pensons presque point au présent ; et, si nous y pensons, ce n’est que pour en prendre la lumière pour disposer de l’avenir. Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 96


« Car enfin, qu’est-ce l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout. »

— Blaise Pascal, Pensées (1670), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 9782080702661), p. 66


Citations sur Blaise Pascal

« La crainte rassure : elle donne la tranquillité, elle appuie l’homme sur le souverain domaine de Dieu. La peur oublie Dieu, et divisie toutes les choses créées ; la peur est panthéiste : par elle tout devient Dieu, excepté Dieu même.

La crainte et la peur se jouent, dans ce monde invisible, sur les confins de deux royaumes ennemis. Il y a un homme qui a été immortalisé par la terreur : c’est Pascal. Pascal avait la peur, il n’avait pas la crainte. S’il avait eu la crainte, il aurait eu la joie. Ayant peur, il fut triste, et cette âme, qui avait un besoin immense de dilatation, un besoin immense de lumière, se rétrécit et se replia sur elle-même. Pascal, qui fut uniquement préoccupé de la sainteté, ne devint pas un saint. Il passa sa vie en face de lui, au lieu de la passer en face de Dieu. Acharné sur sa propre substance, il fit de lui-même sa pâture, tandis que c’est l’Infini qui est la nourriture de l’homme. Le jansénisme corrompait, dénaturait, empoisonnait la crainte : il la tournait en peur. Saint Augustin disait : Vis fugere a Deo, fuge ad Deum : Voulez-vous vous sauver de Dieu ? Sauvez-vous dans le sein de Dieu.

Voilà la crainte : si elle est distincte de l’amour, elle n’est pas séparée de lui.

La peur, au contraire, si elle se sauve de Dieu, se sauve loin de Dieu. Aussi, au lieu de se sauver, elle se perd. Elle parque l’homme au lieu de l’épanouir. Pascal, qui parla tant contre la vanité, fut victime et dupe d’une grande vanité ; car il manqua de simplicité et d’amour. Dans sa tristesse, il ne trouva que l’homme ; dans sa voie, il eût trouvé Dieu. »

Ernest Hello, L’homme (1872), éd. Victor Palmé, 1872, p. 105-106


Bibliographie

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