Léon Degrelle, Appel aux jeunes européens (8 août 1992), éd. Avalon, 1992.


Léon Degrelle.jpg


En exil, le 8 août 1992

Aux jeunes Européens,

I. — Contre les farceurs démocratiques

Nous aussi nous avons eu vingt ans. Nos jours ne reverdiront plus. Mais nos esprits, nos cœurs, sont encore vibrants des idées et des élans spirituels qui, sans doute, vous enflamment encore, vous aussi, nos jeunes camarades européens d’aujourd’hui.

Nationalistes fervents, nous avions remué jusqu’au fond de sa conscience l’âme de notre patrie. Nous voulions la retirer des marécages politiciens où elle étouffait, lui rendre foi dans sa mission, remettre de l’ordre dans ses institutions, rétablir la justice sociale dans une indissoluble collaboration des classes et, surtout, réaliser la révolution des âmes, qui libérerait les hommes d’un matérialisme envahissant.

Puis, en juin 1941, sonnant de clochers en clochers, avait retenti l’heure des grandes possibilités européennes.

Simple soldat, puis caporal, puis sergent, puis officier, puis Commandeur de la 28e Division des Waffen SS Wallonie, j’avais, comme des centaines de milliers de volontaires de notre vieux Continent, aidé, au front de l’Est, à la création, peu comprise au début mais inévitable, d’une Europe fédérant les forces diverses mais complémentaires de nos patries. Elles étaient alors menacées de mort par le communisme soviétique, acharné, depuis 1917, à faire passer sous son knout tous les peuples du monde entier.

Certes, aux premiers temps, nous, Combattants non allemands, étions tous très différents d’un pays à l’autre ; les Espagnols, des Norvégiens ; les Français, des Bosniaques ; les Hollandais, des Estoniens. Mais, vite, les épreuves, les souffrances, nous avaient rapprochés. Puis elles avaient scellé notre unité.

Amitié, mais diversité. L’Europe respirait en nous. Après la tourmente, chacune de nos patries, fière de l’honneur de ses armes et du sacrifice de ses morts, eût, dans la gerbe de nos civilisations réunies, fait rayonner et magnifié la personnalité de son peuple.

Vaincus, drapant nos tambours, nous avons vu notre Europe naissante de 1942 se recroqueviller après 1945 dans la banalité, la médiocrité, se livrer éperdument — sans même en deviner la fragilité éphémère — à un besoin furieux de jouir.

Celui-ci lui a terni l’âme. Il en a décomposé les caractéristiques morales et spirituelles.

Demain, tout devra être recréé.

Ce dévouement à nos patries et à l’Europe qui les fédérerait, nous l’avons, nous, vos aînés de la Seconde Guerre mondiale, payé terriblement cher. Nous avons été traités à la fourche, nous avons empoché mille coups, connu des ruisseaux d’amertume. On nous a traînés dans la boue. On a assassiné nos êtres les plus aimés. On nous a traqués, partout, avec une rage démoniaque. Mais notre foi est restée entière. Non seulement, l’endurant, nous ne regrettons rien. Malgré nos corps envieillis, si l’occasion de redresser nos drapeaux revenait, nous repartirions sans débrider vers le devoir, avec la même vigueur, le même plaisir et la même résolution inébranlée.

S’il nous faut encore, à présent, ronger notre frein au fond d’un exil aussi interminable que cruel, nous restons, nous resterons, chers camarades d’Europe, vos compagnons jusqu’à notre dernier souffle.

À dire la vérité, vous non plus n’avez pas aujourd’hui la vie facile. Dans tous les pays, des juges affairés et serviles, carcaillant, glougloutant, trottent à vos trousses, tous jupons flottants. Ils réinventent chaque jour le Code civil et le Code pénal pour découvrir — démocratiquement, bien sûr ! — de nouveaux prétextes permettant de vous encager dans leurs ergastules, et d’accabler sous des amendes dédaléennes ceux qui n’acceptent pas de baiser pieusement la plante des pieds de la virago sacro-sainte qu’est leur « démocratie » de foutriquet.

En effet, tout le système acrobatique du parlementarisme repose sur le maintien de ses rites. Dans cette larronnièrerie de potagistes électoraux, des centaines de députés ne sont élus, ou réélus, qu’en s’appuyant sur le ratissage préalable de millions, de centaines de millions, voire parfois de milliards qui assurent la survie et le conditionnement financier de leur machinerie électorale.

Les foules, blasées, croient de moins en moins en ces pantalonnades où l’on doit donner un bœuf pour avoir un œuf.

Forlancés dans leur gîte, les troupeaux politiciens — on le voit partout — sont aux abois. Ils se débattent sur des épines. On vote de moins en moins parce qu’on ne croit plus, nulle part, à ces repêchages tapageurs.

On ne brait plus avec les ânes ; Dans les nouveaux États libérés de l’Est, en Pologne, qui devrait encore être émerveillée du cadeau « démocratique » tout récent, 65 % du public n’est pas allé voter ! Idem en Hongrie ! Quant au Liban, les électeurs se sont déclarés en grève ! Dans la France de 1992, 18 % seulement des votants — des socialistes — ont constitué à eux seuls l’assise officielle du gouvernement. C’est d’ailleurs le fils d’un juif ukrainien, flanqué du rejeton d’un autre juif extrait des ghettos polonais, qui se sont adjugé le soin d’assurer le bonheur de la France stupéfaite.

Ces frelanpiers à l’esprit en écharpe défendent avec une fureur presque risible leur pouvoir de plus en plus branlant.

Mais oser leur lancer au museau que leurs équipes gouvernementales sont tapissées de fausses factures et nourries d’extorsions couvert du sang des hémophiles, qu’en Belgique notamment, un exPremier ministre socialiste nommé Cools, à la patte trop avide, s’est fait flinguer par le nervi d’un de ses collègues ministériels spécialisé dans les rackets, vous vaut d’être considéré sur l’heure comme un « criminel fasciste ».

Faire remarquer que les neuf dixièmes des parlementaires, inconnus et incapables, ne servent absolument à rien, sinon à empocher des émoluments fastueux, vous convertit en un intolérable trouble-fête !

Aux opposants qui dénoncent la stérilité des radoteries des assemblées à trois cents, à quatre cents, ou à cinq cents têtes (le plus souvent creuses !), on interdit tout accès constructif à la télévision, ainsi qu’aux meetings multitudinaires où ils pourraient éclairer le peuple berné.

Pour défendre, auprès de la foule bêtasse, leur virginité démocratique, les intrigailleurs du régime, tapissant pompeusement leur bedondaine d’un grand cordon officiel bleu blanc rouge, ameutent des hordes de parasites multiraciaux et multicolores, arrivés à la billebaude de leurs déserts roussis !

Partout, politiquement, socialement, économiquement, moralement, c’est le gâchis : 68 % des Français, selon les dernières enquêtes de presse, se déclarent écœurés.

Chaque pays est accablé d’impôts de folie qui tuent toute envie de créer du neuf.

Vingt mille fonctionnaires irresponsables et hautains, que nul n’a élus, coiffent de leur impuissance la demi-Europe flageolante d’un Marché commun autocratique, ballotté dans des crises à répétitions, étouffé de surplus par les injonctions des roitelets syndicaux, ne manipulant que des pétards démagogiques.

On n’y pondra jamais que des œufs couvis.

Tranche-montagnes, le Marché commun traîne piteusement derrière ses nigauderies seize millions de chômeurs irrécupérables.

Vous, jeunes garçons, jeunes filles de l’Europe réelle, vous voulez substituer à cette gabegie et à ce filoutage ruineux une union d’États sains, sous l’autorité d’un vrai chef, aimé, respecté et choisi librement par le peuple.

Elle sera juste socialement et protégée racialement.

Elle seule mettra fin à la domination arbitraire, aux dragonnades et aux disputailleries d’usurpateurs qui ne méritent même pas l’eau qu’ils boivent et qui ont profité de la défaite de 1945 pour faire le rodomont, mentir à la journée, abêtir les peuples et les domestiquer.

Mais toucher à l’omnipotence des pachas « démocratiques », brassant des intrigues dans leurs escargotières, c’est manipuler de la dynamite. Souvent, vous devez en avoir jusque par-dessus la tête de devoir braver tant d’écornifleurs et de cancres. Il n’empêche, il faut faire face, avec une constance inébranlable, et ne jamais se manquer à soi-même. Le peuple doit savoir que notre doctrine — responsabilité, durée, propreté et compétence d’un pouvoir fort, coopération intelligente des classes, exaltation des vertus fondamentales de la société — est nécessaire. La vie ne vaut que si elle est tendue vers la perfection et vers la grandeur. Nous croyons à l’étincellement des étoiles.

La chasse à l’homme que vous subissez en cette extrémité du siècle, les poires d’angoisse qu’il vous faut avaler, nous, vos aînés, les avons connues comme vous, ou même peut-être plus que vous. Nous aussi avons été privés maintes fois de tout usage des libertés publiques. Notre courage eût pu s’émousser. Alors qu’un million de Belges, par exemple, avaient choisi le Rexisme et qu’en 1936 trente-trois députés et sénateurs avaient, sous ma bannière, été élus démocratiquement, au suffrage universel, nous n’avons jamais pu utiliser une seule fois, de 1936 à 1940, la radio officielle à la disposition pourtant de tous les partis hantant la baraque parlementaire !

Telle était, dès avant la Deuxième Guerre mondiale, l’intolérance imbécile et le ratissage des cervelles dans les « démocraties » !

Dès alors, nous étions des pestiférés parce que nous voulions substituer à un régime corrompu, anarchique et ruineux, un État propre, fort et populaire.

Et aussi, parce que — crime suprême ! — nous refusions d’être les complices du déclenchement d’une Deuxième Guerre mondiale « inutile et imbécile » (Spaak dixit), celle-là que les boute-feux du marxisme et de la juiverie mondiale, soutenus par un hyper-capitalisme apatride aux appétits canins, imposèrent, par haine et par frousse, à l’Europe de Septembre 1939.

Cette énorme guerre civile, il nous a fallu l’affronter, surtout lorsque le communisme s’ébranla vers nos pays occidentaux, décidé à convertir l’Europe ensanglantée de 1940-1941 en sa pâtée de choix.

Nous avons lutté durement, offert pendant des années terribles notre jeunesse et notre sang. Nous avons connu le froid, la faim, et d’interminables souffrances dans les immensités glacées du front de l’Est. Plusieurs millions de nos camarades de combat sont tombés. Des milliers d’autres, après tant de sacrifices, ont enduré pendant des années les horreurs des prisons dans leur propre patrie.

Les escrocs de la canaillocratie dite « démocratique » parlent souvent aux gobe-mouches des cruautés d’alors. En prenant grand soin de les faire endosser à leurs adversaires !

Les cruautés, c’est bien l’URSS, l’alliée très chérie qui, battant tous les records, les avait perpétrées depuis 1917 à des dizaines de millions d’exemplaires, sur son propre sol !

Les Anglais, premiers venus outre-Atlantique, et les nouveaux venus américains s’étaient fait la main en massacrant, dans les USA tout neufs, plus de quatre millions d’Indiens (200.000 survivants sur 5 millions), afin d’extirper cette race grâce à cet énorme génocide. Ce sont eux, en outre, qui avaient aussi estampé plusieurs millions de Noirs afin de marquer dans leur chair leur esclavage.

Ils avaient inauguré, en Europe et en Asie, entre 1941 et 1945, leur unique tactique de guerre du XXe siècle : le terrorisme, massacrant des centaines de milliers de civils sous leurs bombardements éléphantesques à Hambourg, à Cologne, à Berlin, à Dresde, puis à Hiroshima et à Nagasaki.

Ce sont eux aussi qui, après le 8 mai 1945, livrèrent à la tyrannie des Soviets, pour près de cinquante ans, les cent millions de nos compatriotes de l’Est !

Ce sont eux encore qui, en 1945 et 1946, firent périr de misère et de faim, dans leurs camps du Reich et de la France, un million de prisonniers allemands, alors que leurs dépôts regorgeaient de vivres délibérément inemployées.

Ce sont eux enfin, qui, après la guerre, ont permis que plusieurs millions de civils en fuite, des Prussiens, des Silésiens, des Allemands, des Sudètes, fussent exterminés au cours d’un « nettoyage racial » terriblement sauvage !

Les Américains, les Anglais — et leurs amis russes, récemment reblanchis à la machine à laver ! — peuvent bien dénoncer le racisme des Serbes assassinant des populations civiles de Croatie et de Bosnie, afin de posséder de nouveaux territoires « purgés racialement », ce n’est que la répétition mathématique des exterminations que les « démocraties » avaient déployées lors du génocide de plus de quatre millions d’Indiens, puis, après la Seconde Guerre mondiale, sur les terres confisquées à l’État allemand ! On connaît à présent les horribles chiffres : près de 2.280.000 réfugiés du Reich périrent sur les routes de l’exil, mourant de faim ou assassinés par les Soviétiques et par leurs séides ; 80.000 autres disparurent ; plus d’un million de survivants furent déportés en Sibérie. L’historien Jacques de Launay a narré en détail ces abominations dans son livre célèbre, La Grande Débâcle.

On comprend qu’en Croatie et en Bosnie, en 1992, les Américains et les Anglais — les Russes se faisant tout petits ! — n’aient réagi contre les conquérants yougoslaves qu’en recourant à des palinodies. Ce que les Serbes faisaient, eux-mêmes et leurs chers alliés soviétiques l’avaient fait, à plusieurs reprises et à très grande échelle, ou l’avaient laissé faire ! Leurs larmes hypocrites, c’étaient de vieux crocodiles qui les versaient. Les Serbes, en vidant, en 1992, de leurs populations civiles les terres qu’ils envahissaient, n’avaient été que leurs modestes imitateurs !

Staline, Churchill, Roosevelt avaient été leurs maîtres, les maîtres-tueurs de la première moitié du XXe siècle.

II. — Les guerres terroristes et l’impérialisme américain

Encore, si les troupes de la Seconde Guerre mondiale n’avaient été que des tueurs occasionnels ! Mais, depuis 1945, on a vu se renouveler sans cesse cette tactique ravageante de la guerre terroriste partout où l’impérialisme américain a voulu s’imposer.

Que ce fût au Vietnam, avec des hordes de femmes et d’enfants fuyant sur les routes, tout nus et brûlés vivants au napalm !

Ou en Irak, où cent mille ou deux cent mille civils (on ne sait pas combien exactement !) ont été fauchés systématiquement, et sans risque, par les monstrueuses rafales terroristes — réglées par ordinateur ! — des fusées USA !

Pourquoi ?...

Pour que subsistent intacts la machinerie moyenâgeuse et raciste d’un pays bidon, récemment fabriqué par les Anglais, le Koweit, ainsi que les émirs lèche-pieds, rapaces comme des vautours, matelassés de milliards de dollars, détenteurs officieux des puits pétroliers si chers aux gangsters américains de l’hyper-capitalisme, éternels grippe-argent et coupe-jarrets !

Saddam Hussein, le chef incontestablement populaire de l’Irak, voulait récupérer cette province perdue de la vieille Mésopotamie. Et, surtout, il dirigeait l’État solide d’une région très riche en pétrole, il était le gêneur des chefs américains à forlancer, à chouriner, à déjucher !

Dès le printemps de 1989, la provocation avait commencé.

Encore fallait-il arriver à fourvoyer Saddam Hussein dans une intervention qui donnerait un semblant d’excuse à une offensive militaire.

Certes, la création artificielle, toute récente (1962), d’un État du Koweit avait été inventée tout spécialement pour maintenir sous le contrôle des Anglo-Américains les puits d’où le pétrole jaillissait en masse dans cette région.

Ce Koweit avait été inventé tout autant pour barrer l’accès principal du golfe Persique aux pétroles irakiens grâce à la possession, par le Koweit, de l’île de Bouliban, principal obstacle aux exportations du pétrole irakien. Le Koweit avait accordé, en 1969, la cession, pour 99 ans, de cette île à l’Irak. Mais, tancé par les Américains et les Anglais, le Koweit s’était peureusement rétracté l’année d’après.

Le 25 juillet 1990, l’ambassadeur américain, April Glappi, traitant de ces problèmes avec Saddam Hussein, avait paru très compréhensive, comme si un retour irakien au Koweit lui paraissait assez normal. Saddam Hussein crut alors qu’était balayée l’épouvantable « intox » menée contre lui les mois précédents aux USA. Il tomba dans le piège diplomatique. Le 2 août suivant, il récupéra, presque sans heurts, le Koweit, d’où l’Émir, au premier roulement de char irakien, avait pris glorieusement la poudre d’escampette !

L’affaire était assez banale en soit, pareille à des dizaines d’autres qui, antérieurement, s’étaient développées en terres arabes : au Liban, occupé partiellement par les troupes d’Israël sans que nul ne les fit rentrer dans leur gîte ; en Jordanie, à La Mecque, au Yémen, en Syrie aussi où furent envahis les Monts du Golan ; sans oublier les terres des Hachémites ! Mais Washington avait trouvé là l’occasion rêvée d’affirmer en Orient sa suprématie. À cris stridents, il ameuta le monde entier.

Il s’agissait, en camouflant derrière les barils de pétrole, de sauver la Liberté ! Le Droit ! La Civilisation ! Qui ne serait pas accouru en entendant de si vertueux appels ?...

La terre entière fut conviée à l’hallali. Des ardélions accoururent de toutes les latitudes. Les rivaux arabes, espérant succéder à Saddam Hussein, furent les plus zélés. Contre dollars, bien sûr ! À l’Égypte, qui s’empressa d’accepter, Bush annonça que, si elle le suivait, il passerait l’éponge sur les sept milliards de dollars que ce pays devait aux États-Unis !

Le danger, expliquait Washington, était extrême. L’International Herald Tribune annonça même, sous la signature de W. Safire, qu’une bombe atomique de Saddam Hussein pouvait tomber d’un moment à l’autre sur New York ! Portée par le diable lui-même, très certainement !

Quand, le 15 janvier 1992, tout le monde fut prêt, le carnage guerrier se déclencha. En quelques jours, les épouvantables armes de M. Bush, mille fois supérieures à celles que Saddam Hussein avait jamais pu détenir, exterminèrent des milliers de civils, de tous côtés, en Irak. Le Koweit se retrouva presque aussitôt libéré, sans grands combats. C’est, d’ailleurs, à grand peine, que le roi d’Arabie Séoudite avait alors obtenu, de son compère américain d’aventure, d’arrêter le massacre puisque le but officiel, hypocritement proclamé par Bush dans l’International Herald Tribune était atteint :« Notre but n’est pas la conquête de l’Irak mais la libération du Koweit. »

Cette libération replaça le Koweit sous la domination pétrolière des États-Unis, en laissant cet État fantôme empêtré comme avant en plein moyen-âge.

Elle n’avait été obtenue, sous le déluge américain d’armes terroristes d’une abondance inouïe, qu’en intoxiquant les foules par des bobards fabuleux.

La plus affreuse intox servie aux Américains fut l’histoire des bébés koweitiens. Dans mille journaux fut lancée la nouvelle qui devait révolter des millions de personnes : trois cents bébés, au Koweit, avaient été sortis de leurs couveuses et assassinés !

La chaîne CNN en fit ses délices le 17 janvier 1991 ; la presse entière la distilla à cent millions d’exemplaires :

« La description des troupes irakiennes sortant les bébés prématurés de leurs couveuses a dégoûté la conscience de la communauté mondiale. »

Exactement, mais en lui donnant encore un caractère plus monstrueux, Bush répétait l’histoire des enfants belges à qui les Allemands avaient coupé les mains lors de la Première Guerre mondiale. Après la victoire alliée de 1918, on n’avait jamais pu exposer au public, étoffant d’indignation, une de ces prétendues victimes. Pour l’excellente raison qu’il n’y en avait pas existé une seule ! Le bourrage de crâne, total !

Bush confirma, et même dépassa la nouvelle version. La grande revue française Identité — où abondent les professeurs d’université et les maîtres de la Sorbonne — a révélé cette supercherie dans son numéro 16 de 1992 :

« George Bush lui-même devait se faire l’écho de cet acte barbare en déclarant en Arabie séoudite : “Les bébés ont été arrachés des couveuses et jetés sur le sol comme du bois à brûler” ! Terrible image destinée à préparer les opinions publiques occidentales à la grande croisade à venir. Cette affaire qui révolta l’"opinion internationale" fit même l’objet d’un film et d’un rapport d’Amnesty international. La guerre terminée, on apprit, par une mission de l’Organisation Mondiale de la Santé conduite par le Dr David Chiu, qu’il s’agissait d’un montage orchestré par la société américaine de relations publiques Hill and Knowton, à la demande de l’émirat du Koweit, pour un montant de soixante millions de francs ! Pourquoi des bébés ? Parce qu’il fallait “obtenir un effet émotionnel tel que les gens approuvent les résolutions de l’ONU” Faux témoins, fausses biographies ont ainsi été exhibés, en particulier le témoignage poignant d’une jeune fille présentée comme une réfugiée et qui était en réalité la fille de l’ambassadeur du Koweit aux États-Unis ! L’ignominie atteint ici des sommets (Identité n° _ de 1992).

Même en France, on vit à la télévision le grand spécialiste des provocations et des interviews truquées, M. Patrick Poivre d’Arvor, dénigrer Saddam Hussein en amenant à l’écran un de ses prétendus gardes du corps ! Poivre d’Arvor l’avait baptisé, pour la circonstance, capitaine Karim, alors qu’il s’agissait d’un vulgaire figurant fourni par l’ambassade du Koweit.

Ces escroqueries furent fécondes en résultats puisque Saddam Hussein fut battu. Mais il ne l’avait été que partiellement, au grand déplaisir de M. Bush. Celui-ci ne pouvait se présenter en novembre 1992 aux électeurs américains, encore bouleversés par le souvenir des « trois cents bébés arrachés des couveuses » et « jetés sur le sol comme du bois à brûler », sans avoir scalpé M. Saddam Hussein, comme s’il s’était agi d’un Sioux des temps heureux où les glorieux ancêtres procédaient aux nettoyages raciaux des États-Unis.

Le président américain Bush, à la face de carême, n’a rêvé, depuis 1991, qu’à remettre le mauvais coup.

Il a multiplié, une nouvelle fois en 1992, cyniquement, les prétextes en vue de provoquer un conflit nouveau.

D’abord, il inonda l’Irak de délégués-inquisiteurs de l’ONU, prétendant découvrir partout les armes d’une puissance fantastique qu’on prêtait à Saddam Hussein (alors que les États-Unis, eux, en débordent D. Il exigea qu’on en dénichât, jusque dans les caves du ministère de l’Agriculture irakien, où on ne découvrit que des pommes de terre et des choux ! Finalement, les centaines d’enquêteurs tatillons de l’ONU conclurent leurs quatorze inspections sévères en affirmant officiellement, dans leur rapport final, que leurs recherches n’avaient rien donné, qu’aucune preuve d’installation militaire n’était apparue. Ils n’avaient même pas découvert le fameux canon de deux kilomètres de longueur destiné certainement à faire dévier les balles de golf de M. Bush ou à culbuter sa trottinette tout-terrain.

Le canon doublement kilométrique, après un an d’enquêtes acharnées, étant resté invisible aux yeux du monde, il fallait, à M. Bush, trouver un autre prétexte : ce fut l’affaire des Chiites...

Ces Chiites appartiennent à un clan religieux distinct des Sunnites qui, eux, sont des musulmans orthodoxes. Le tout est d’ailleurs très compliqué, les Chiites se décomposant en six sectes différentes, et les Sunnites en quatre.

Bush, fouille-au-pot, ignorant tout, à dix mille kilomètres de distance, des avatars politicoreligieux des Irakiens, avait trouvé très malin d’envoyer, à la veille de la guerre du Koweit, des agents de la CIA chez les Kurdes, dans l’Irak du Nord, et chez les Chiites, dans l’Irak du Sud, afin d’exciter ces minorités contre le sunnite Saddam Hussein qu’il entendait bien culbuter en cinq secs, tout en morcelant en trois semi-états son pays.

Bush s’attendait donc à une révolte simultanée, dès sa première fusée, en 1991.

En réalité, les Kurdes et les Chiites ne s’agitèrent que très peu. Malgré le double piège et l’écrasement terroriste de son territoire, Saddam Hussein se tira assez bien d’affaire dans ce pot-au-noir. Les Kurdes, au Nord, se retrouvèrent gros-Jean comme devant en face des Turcs, leurs ennemis mortels, bien décidés à les broyer le jour venu ; quant aux Chiites du Sud, lâchés par les agents provocateurs yankees, ils pataugèrent de nouveau seuls dans les marais spongieux de Bassorah.

Évidemment, cette double trahison, en pleine guerre, devait avoir des suites sur le terrain. Certains meneurs chiites furent arrêtés ; l’un d’eux fut, affirme-t-on, pendu. C’était triste mais assez compréhensible. Et, en tout cas, c’était une affaire politico-religieuse intérieure à un État, et qui ne regardait que lui. De toute façon, si sévices il y eut, ils furent cent fois moins sévères que le traitement que les faux vainqueurs français et belges, alliés des Américains, firent subir, en 1944 et en 1945, à des centaines de milliers de « collaborateurs », massacrés en très grand nombre, ou incarcérés interminablement (à Bruxelles, mon chef d’état-major à la Division Wallonie, un officier d’une correction exemplaire, fils et petit-fils de ministres de la Guerre, se morfondit dans un cachot pendant dix-sept ans !).

En Irak du Sud, l’ayatollah Abolkassem Khoeï avait, pendant la guerre du Golfe, créé en Irak du Sud, à l’instigation des émissaires américains, un Conseil provisoire qui devait remplacer l’Administration centrale. À l’heure des comptes, il eût pu payer sa collaboration d’une corde de chanvre ourlant sa barbe roussie au henné. Mais il avait quatre-vingt-douze ans. Il se retrouva simplement en « résidence surveillée ». il ne dut pas spécialement manquer de soins : on le dota même d’un stimulateur cardiaque ! Rassasié d’années, le saint homme finit, il y a peu, par rendre tranquillement au Dieu de Mahomet sa belle âme particulièrement batailleuse.

À comparer avec l’ignominie que connut, en France, en 1945, son équivalent, le glorieux Maréchal Pétain, devenu le plus vieux bagnard du monde, succombant, à l’ile de Ré, à l’âge de quatre-vingt-quinze ans !

Qui a-t-on jamais entendu parler, à cette époque, d’un quelconque porte-avions américain venant croiser, menaçant, à proximité de ce bagne français ? Et détachant ses avions en rafales au-dessus du cachot du plus illustre vainqueur de la Première Guerre mondiale ?

Le Maréchal Pétain, hélas, n’était pas chiite ! Depuis cinquante ans, son corps attend toujours d’être porté en terre à Verdun, parmi ses soldats. Mais voilà, le pétrole de l’hile de Ré ne débouche pas à Bassorah !

Abandonnés en 1991, ces Chiites allaient donc être ressuscités en 1992.

Pendant des mois, la presse, la radio, la télévision avaient très peu parlé d’eux. On ignorait même ce qu’il en était advenu. Brusquement, ils allaient réapparaître, en toutes grandes vedettes.

Après qu’eût été ratée la conquête finale de l’Irak en 1991, puis, au printemps et à l’été 1992, la mise au ban du monstre Saddam Hussein, présumé camoufleur du canon de deux kilomètres, le turban des Chiites, tout à coup, refit surface. En un tournemain, en Amérique comme en Europe, les forgeurs de bobards l’agitèrent, remplissant de leurs feux d’artifices les écrans mondiaux. M. Bush voulait à tout prix améliorer sa pauvre moyenne électorale en ressortant le criminel Hussein, repeint en anti-Chiite pour la circonstance ! En quelques jours, M. Bush se révéla le défenseur juré de ses ex compagnons chiites qui avaient si vite été oubliés en 1991 !

Pourquoi, grand Dieu, se lancer dans cette bagarre confuse ? Alors que pas un Américain sur mille ne pourrait citer les noms des sectes qui opposent les Sunnites et les Chiites !

Peu importe ! En quelques jours, à la fin d’août 1992, le porte-avions américain Indépendance, battant la chamade, fut catapulté au fond du golfe Persique, avec ses soixante-dix bombardiers, sillonnant en tout sens l’Irak chiite, vite relayés par les Mirage 2000 et les Tornados, dépêchés en hâte par les Français et par les Anglais, valets entre tous dociles.

Quelle galéjade ! Imagine-t-on, au-dessus de la France républicaine, le survol menaçant d’une flotte aérienne américaine au temps où M. Combes chassait de son pays des milliers de religieux et de religieuses catholiques qui déplaisaient à son anticléricalisme ?

Mais, dans l’Irak de 1992, au nom de la protection sacrée d’une secte inconnue de presque tous, les avions américains, anglais et français guettent sans répit l’incident militaire qui permettrait de déclencher un nouveau massacre terroriste ! Ils veulent à tout prix forlancer dans son gîte le SaddamHussein hérétique et lui casser le sabot ! Anxieux aussi d’asphyxier définitivement l’Irak en lui coupant tout accès pétrolier au golfe Persique, désormais fief des USA.

Saddam Hussein sait bien que la lutte serait inégale, que ses troupes et son peuple seraient broyés. Il avale sa langue. Il attend.

Mais que penser d’un chef d’État qui, sentant l’électorat le lâcher, se lance au Sud de l’Irak dans une insane bravacherie terroriste, afin de pouvoir échanger de solides monceaux de cadavres arabes contre quelques votes de plus à Chicago ou dans l’Arkansas ?

Le voilà qui ressuscite à cette fin les furieuses guerres de religion du XVIe siècle, des Charles IX et des Catherine de Médicis, avec un amiral de Coligny réapparaissant coiffé d’un turban chiite !

Quitte à scandaliser au plus au point, en Asie et en Afrique, des centaines de millions de Sunnites.Et à déclencher — on ne sait jamais — un conflit international d’une bien plus grande ampleur, renvoyant les Arabes, fidèles à leur foi, du côté de leurs frères spirituels de l’Irak dont ils s’étaient provisoirement détachés en 1991 sous la pression de Bush et consorts !

Juste à l’inverse, en pleine Europe, lorsqu’il eût fallu mettre fin à l’élimination raciste, en 1992, de plusieurs millions de Bosniaques — dépourvus, malheureusement, de naphte —, pas un Casque bleu américain — M. Bush l’a répété avec une impassibilité de croque-mort ! — ne serait envoyé au secours de Sarajevo, ne fût-ce •que pour protéger le parcours des camions de ravitaillement humanitaire de la Croix-Rouge !

Avec le matériel terroriste, unique au monde, que possèdent les Américains, le balayage des agresseurs serbes, aussi faux chiens que pauvres en armements sophistiqués, eût très probablement été réglé en un tournemain. Ne pas oublier qu’avec des moyens beaucoup moindres, en mai 1941, Hitler avait submergé la Yougoslavie entière en dix jours, après qu’eût été monté contre lui, àBelgrade, un coup d’État particulièrement perfide par le fils de Churchill et par l’espion américain Donovan (alors que les États-Unis n’étaient même pas en guerre à cette époque là !)

Mais cette fois, face au drame bosniaque, M. Bush, avec une assurance presque ostentatoire, a dit sèchement : non !

La Bosnie n’est pas intéressante financièrement. Ni électoralement. Résultat : on l’a condamnée à mourir. Elle ne s’en sortira pas.

Par contre, des cadavres irakiens et, surtout, la liquidation physique de Saddam Hussein, aideraient grandement à la propagande électorale : aussitôt le fourreau a été jeté ! M. Bush, faisant le fendant, renflant ses plumes, le fer de la vengeance au poing, a entonné la trompette !

Les bombardiers volent depuis la fin d’août 1992, vingt quatre heures sur vingt quatre, en traversde tout l’Irak du Sud !

Pourvu, se dit Bush, que Saddam Hussein riposte ! Et qu’on puisse à nouveau frapper fort ! Unpeu de sang irakien sur les bulletins de vote ne ferait pas mal du tout lors de l’élection périlleuse du mois de novembre !

Jamais dans l’histoire de l’univers on n’a connu une si grimaçante hypocrisie. De Sarajevo à Bassorah, en 1992, se sera déroulé, en guirlandes terroristes, tout le jeu fielleux des refus froidement intéressés et des pires compromissions impudiquement religioso-pétrolières !

On en est là, dans la putridité du monde actuel.

Première loi : le vulgaire profit matériel. Puis le désordre, l’impuissance et l’hypocrisie des États, si immorale fût-elle !

L’horizon de l’économie est partout envahi par des flots de rêves noirs.

Internationalement, les friponneries s’accouplent aux raisonnailleries sournoises. Vingt faux «Traités de paix » ont été violés, le soir même, chaque fois ! Des centaines d’écornifleurs diplomatiques, gâchant des millions en frais fabuleux de prestige, y paonnent devant les flaireurs de la télévision. Des millions de spectateurs impuissants ouvrent, devant ces retournements reptatoires, des yeux grands comme des salières.

Pas l’ombre d’un plan pour repêcher trois cents millions de Russes en perdition ! Le pataugeage européen est total face à l’insolence assurée des agresseurs serbes.

Des Casques bleus s’affairent pour convoyer des camions de vivres, ou, parfois, pour prendre la poudre d’escampette ! Chacun sait parfaitement que la Bosnie est fichue, que les Serbes l’occupent déjà aux trois quarts, qu’ils la videront de ses habitants et qu’ils ne céderont jamais un arpent du sol conquis « racialement purifié » !

Pourquoi se gêneraient-ils ? Ils savent que si les démocraties s’agitent de temps en temps, c’est uniquement pour sauver les apparences et calmer les gogos !

Ils se réuniront solennellement cent fois dans des abouchements dont on sait très bien qu’ils ne conduiront absolument à rien. Ils signeront de lourdes et prétentieuses paperasses, annulées avant même que n’ait été débouché le capuchon des stylos. C’est tout. On n’ira pas plus loin dans l’exécution de ce pitoyable camaval.

C’est ainsi. Ce monde actuel, hypocrite, impuissant, farceur en pleine tragédie, est celui qu’on vous a bâti en 1945 ; c’est lui, suant l’inutilité et la nocivité, que vous, jeunes Européens d’aujourd’hui, allez avoir à abattre.

III. — L’Europe dans la mélasse

La démocratie que nous voyons se décomposer sous nos yeux, c’est l’anarchie, ce sont les chemins rompus d’ornières, c’est la flibusterie.

Des centaines d’aventuriers, des rhétoriqueurs, des demeurés infestés d’ignorance, perchés surdes strapontins parlementaires ou ministériels, caquettent, font la roue, agitent du vent. Les États vont de bourrasque en bourrasque. les budgets dégringolent au fond de précipices béants comme des gueules de volcan. On ne calcule plus les dettes nationales par millions mais par milliards, emportés comme les grains de sable ourlant l’immensité des mers.

La chute des principes est tout aussi impressionnante : l’homme ne croit plus qu’au fric, au seul fric, le bouddha à qui tout revient et dont tout dépend. L’idéal, c’est de la blague ! Quiero vivir !commentent les Espagnols. Je veux vivre ! En fait on ne vit plus que les pieds en l’air, sur un sol qui partout s’éboule. le tapage des saxophones rythme la dégringolade, dégringolade des nations, dégringolade des mœurs, dégringolade du divin et de l’humain. le tout, d’ailleurs, dans une euphorie que chacun croit réelle. La vie, vous l’entendez, fait boum ! Et la société ! Et les États, le nez barbotant dans la mélasse.

Dans ce tohu-bohu, une Europe administrative, dite Marché commun, a succédé, sur des pattes de tortue, à l’Europe unifiée de nos combats. Elle campe à Bruxelles. Elle n’a pas de figure. Elle est avant tout un conglomérat, un pot-pourri de quelque vingt mille fonctionnaires omnipotents, de budgétivores bigarrés aux privilèges matériels sans cesse accrus. Nulle communauté populaire ne les a élus. C’est un congrès de chefs de bureau. La démocratie, dans toute cette affaire, n’est qu’une bulle incolore, inconsistante, qui, au moindre courant d’air, s’éteint et disparaît.

Déifiée jadis, la Démocratie n’est plus, en cette fin du vingtième siècle, qu’un attrape-nigauds. Les partis politiques, qu’ils soient rouges, blancs, jaunes, verts, qu’ils soient de gauche, de centre, de droite, sont tous identiques dans leur inutilité tapageuse.

Ils ont même été incapables, où que ce fût, de résorber ou simplement d’atténuer le chômage, problème social élémentaire. Ils l’ont, au contraire, accru fabuleusement. Chaque année, dans leurEurope naine du Marché commun, un million, deux millions de chômeurs de plus — des jeunes surtout — accrochent leur misère aux porte-manteaux d’une économie en faillite.

Les États écrasent les populations — celles qui travaillent encore ! — sous des impôts d’extermination. Ils dévorent, dans la gabegie, la moitié, ou davantage, des fruits du labeur de tout créateur audacieux.

Les mêmes partis appelés « démocratiques », qui eussent dû apporter une solution économique àla misère d’un tiers-monde qu’ils avaient eux-mêmes projeté comme un sac de détritus dans leur libération bradée de 1945, ont été tout aussi impuissants en face de l’invasion multitudinaire et multiraciale d’énormes contingents guenilleux de populations étrangères, déboussolées par leur faute, débordant à présent tous les garde-fous sociaux.

Par-dessus le marché, ces liquidateurs politiques sont redoutablement corrompus, soit par nécessité électorale (au stade national une élection, avec tout son tintamarre publicitaire, coûte des fortunes !), soit par boulimie personnelle ou familiale (les épouses, souvent sorties de rien et vite accoutumées aux voitures de service et aux voyages à l’œil à Los Angeles et à Tokyo, ne veulent pas redevenir des concierges, des femmes à journée !).

Aussi les politiciens barbotent-ils dans les magouilles, les factures de complaisance, les pots-devin. Ils prélèvent des pourcentages de rapine sur les contrats d’État, sur les fournitures officielles, sur les travaux publics, sur toutes les opérations où le trafic d’influence peut planter ses pompes aspirantes. Ils n’inspirent plus parmi les électeurs — tous peuvent le constater — qu’une immense lassitude et même, chez beaucoup, une répugnance croissante.

Qu’en Europe, ou dans les immensités russes, surgisse demain, balai au poing, un réformateur de génie, apportant aux masses un vrai programme économique et social de salut populaire, et les maffias pseudo démocratiques verront balayer rapidement leur grouillement visqueux de cloportes repus ! La démocratie ne se survit encore, vaille que vaille, à cette heure, que parce qu’il y a, pour l’instant, pénurie de fossoyeurs !

L’échec démocratique, depuis 1945, a été total, politiquement, économiquement, socialement, moralement. Et cela juste au moment où, à demi ruinée, étouffée entre les ambitions mondiales desAméricains fous de leur réussite momentanée, l’Europe devrait faire face dans tous les domaines, sous peine de périr, à des obligations inéluctables.

Le monde communiste, insensé dès le départ (1917), parce que basé sur une lutte des classes suicidaire, avait fait massacrer, avec une sauvagerie délirante, des dizaines de millions de récalcitrants.

Heureusement, dès 1942, l’ordre européen avait mis en déroute ces Soviets, depuis le golfe deFinlande jusqu’au sommet des pics caucasiens. Vingt peuples de l’Est eussent pu dès lors être sauvés, sans l’imbécillité criminelle des Américains de Roosevelt, comblant Staline d’un matériel de guerre absolument anéantissant.

Ces gangs alliés non seulement ont permis à ce tyran de gagner la seconde Guerre mondiale, mais ils lui livrèrent en plus, en mai 1945, en cadeau inouï, toute l’Europe de l’Est. Il fallut attendre presque un demi-siècle pour que les esclaves de Varsovie, de Prague, de Bucarest, de Sofia, puis tous les peuples de Russie à leur suite, parvinssent à se libérer d’eux-mêmes, sans qu’un seul gouvernement« démocratique » de l’Ouest les eût aidés en quoi que ce fût, à faire sauter leurs garrots.

Maintenant, il s’agit de remettre en état ce fabuleux champ de ruines.

Rien que pour redresser l’Allemagne de l’Est, l’Allemagne de l’Ouest s’est saignée jusqu’au fond des veines entre 1989 et 1992. Tout était à refaire. Les vieilles usines polluantes installées par lesSoviets empestaient l’air. Leurs machines vétustes étaient incapables de lutter contre toute concurrence moderne. Il allait falloir tout raser, trouver des milliers de reconstructeurs privés, non dépourvus d’audace. Entre-temps, la masse ouvrière, réduite au chômage pendant les années de restructuration, ne pourrait subsister physiquement que grâce à des indemnités atteignant des sommes astronomiques.

Et, surtout, l’ouvrier de l’Allemagne de l’Est, dégoûté pendant cinquante ans de toute initiative personnelle, tuée à l’avance par l’égalitarisme soviétique, avait perdu le vieux goût du travail bien fait, à la manière allemande, que le laisser-aller communiste et l’absence de tout stimulant avaient gâché stupidement.

C’est — œuvre immense — tout une texture sociale qu’il faudrait reconstituer comme si, avant, elle n’avait jamais existé. L’Allemagne de l’Ouest, pourtant redevenue très riche et très entreprenante, a consacré à ce travail de géant toutes ses forces. Elle a fait face à l’épreuve vaillamment, mais très difficilement. Elle devra encore suer sang et eau pendant des années avant d’avoir rendu vie et dynamisme à l’Allemagne de l’Est, totalement dénaturée après 1945, par l’aberration stalinienne que les Alliés eux-mêmes avaient installée sur place à la fin des hostilités.

L’Allemagne de l’Est avait été, toutefois, le pays le moins arriéré dominé par l’URSS ; mais elle ne représente à peine que le vingtième de ceux-ci (19 millions d’habitants sur 400 millions !). Qui, quand, comment se charge-t-on de remettre sur pied les autres dix-neuf vingtièmes, complètement démantibulés, en proie à l’incohérence ?

Or, si on ne les sauve pas rapidement, et avec une vigueur exemplaire, ils sombreront dans l’anarchie...

Alors ?...

Les États-Unis les repêcheront-ils ? Eux qui, durant la seconde Guerre mondiale, aidèrent si puissamment Staline à les noyer ?... Ils sont eux-mêmes en pleine crise économique. Dans le mince effort mondial tenté pour venir en aide aux peuples de Russie en 1991, la participation américaine n’a été que de quelque 3 %, presque insignifiante !

Les États-Unis forment la nation la plus matérialiste de la terre. Pour s’assurer les pétroles du Koweit, oui, ils ont mobilisé les hommes et l’argent de toute la terre. Mais c’était un placement, non une opération philanthropique.

Peut-être le pétrole de la Sibérie les tentera-t-il, pour le plus grand profit de leur hyper-capitalisme aux dents de requin, et pour la gloire de leur nouvel « ordre mondial » ?En sera-t-il ainsi ? De toute façon, l’ex-URSS n’est pas que du pétrole. Il n’y a pas, là-bas, que des barils à remplir, mais trois cents millions d’êtres humains à nourrir et à régénérer.

Le vrai, c’est l’Europe, l’Europe branlante d’aujourd’hui, qui aura, qu’elle le veuille ou non, à faire l’essentiel.

Or, redresser les ruines de l’URSS représente, nous l’avons vu, un effort au moins vingt fois supérieur à celui que fournit à grand peine aujourd’hui l’Allemagne de l’Ouest.

Celle-ci a dû, à cette fin, vider dangereusement ses caisses. Pourra-t-elle les remplir et les déverser vingt fois de plus, pour recréer économiquement et industriellement le gigantesque espace russe, complément indispensable d’une Europe forte.

En dehors des Allemands, qui ?

La France, méfiante — on la comprend —, est séculairement tout près de ses sous. Elle hésite déjà à recevoir une poignée de réfugiés croates ou bosniaques, alors que l’Allemagne, malgré tous ses soucis, en a accueilli, avec une générosité critiquée, plus de deux cents mille ! Alors, repêcher demain trois cents millions de faillis de l’Est ?...

Les Anglais ?...

Ils ont des plis de pantalons impeccables, des parapluies raides comme des aiguillons de bouviers ; leurs femmes portent des chapeaux floquetés de rubans imposantes comme des transatlantiques. À part cela, leurs portefeuilles sont caparaçonnés d’élastiques ! Et, d’ailleurs, ils sonteux aussi en pleine dégringolade depuis que Churchill, ivrognant et pétaradant, a bradé leur empire en 1945...

Qui d’autre, de prime face, a envie de bouger ?

Et, surtout, de « casquer » ?

Les conférences à grand tralala se multiplient, où l’on n’accouche jamais que de fœtus. Jusqu’à présent, la collaboration financière aux Russes déconfits n’a été qu’un pourboire lâché péniblement par des râcle-deniers à un Gorbatchev et à un Eltsine trottant de pays en pays en tendant la casquette...

IV. — Les milliards de la drogue et l’avenir de la Russie

Ensuite ?...

On en vient à se demander si ce n’est pas le gigantesque consortium de la drogue, un des plus puissants du monde, qui, finalement, prendra en main l’énorme terre en friche de l’ex-URSS...

Cela pourrait, à prime abord, paraître biscornu. Ça ne l’est point. La maffia mondiale des stupéfiants possède des milliards de dollars provenant de mille fraudes gigantesques. Elle étend partout ses tentacules. On en coupe de ci de là quelques-unes, mais sans résultat très significatif.

Néanmoins, en Occident et en Amérique, la maffia se sent à présent traquée. On surveille les banques, les blanchiments d’argent faisandé, les trafiquants un peu trop voyants. Certes, on n’a pas empêché la drogue de devenir une des industries les plus riches de l’univers et de gagner, cette année-ci, plus d’argent que n’importe quel trust. Toutefois, après qu’un certain nombre de coups eussent été portés contre elle, en Occident et aux États-Unis, une certaine prudence s’est imposée dans le magouillis européen de la drogue.

C’est alors, précisément, que la maffia des stupéfiants vient de découvrir en Russie dévastée d’immenses possibilités nouvelles.

La loi du marché libre concédée aux Russes a facilité énormément le trafic des drogues dites douces, dont les récoltes couvrent chez eux trente-cinq fois plus d’espace qu’au Maroc, qui pourtant, à lui seul, alimente dangereusement l’Europe entière.

La frontière de la nouvelle unité russe jouxte toute une série de pays producteurs de drogues fortes, notamment l’Afghanistan, le plus important fournisseur du monde. Jadis, ces trafics étaient plus ou moins surveillés. Maintenant, les frontières orientales ne sont plus qu’une passoire. Elles permettent de faire entrer à l’intérieur de la Russie, c’est-à-dire vers la maffia, des stocks de drogues fortes d’une importance jamais imaginée.

La maffia internationale, qui ne savait plus bien où investir encore ses montagnes de milliards, a trouvé ainsi, en un an, le pays de cocagne qui, contre ses chèques archangéliques, lui fournit tout à la fois le champ de manœuvres, la marchandise et des réseaux tout neufs de diffusion vers l’Occident.

Ces capitaux pourris vont ainsi fournir à l’ex-URSS une partie importante des milliards que son relèvement réclame et que toutes les démocraties lui refusent, poliment, certes, mais avec un égoïsme et une manque de vision politique qui stupéfie.

Ce stade est maintenant dépassé.

La maffia s’est rendu compte — c’est vieux seulement de quelques mois — que ce refuge immense, presque intouchable, pourrait, en plus des drogues naturelles, lui permettre la fabrication des drogues chimiques, de loin les plus mortifères.

De nombreuses usines soviétiques sont désaffectées. Des milliers d’ingénieurs et de savants, ayant perdu leur situation, acculés à la pire misère, devaient se laisser tenter. On leur offrait de gros traitement à eux qui ne gagnaient plus, au mieux, que l’équivalent de sept dollars par mois (le rouble, en août 1992, valait deux cent cinq fois moins qu’un dollar). Beaucoup se sont laissé entortiller et ont flanché.

L’industrie de la drogue chimique en Russie va pouvoir prendre des dimensions fabuleuses.

Elle pourrit la jeunesse russe, déjà orientée par la misère vers des évasions dangereuses, et que la télévision nouvelle mode, bourrée de films américains sur la violence et sur la drogue, est en train de doper tragiquement.

Le trafic ira beaucoup plus loin. vers la Pologne où elle contamine déjà gravement . la population.Et vers la Bohême. De là, en un an ou deux, elle passera en Allemagne, puis dans toute l’Europe.

Cette dernière avait comme un vague espoir de pouvoir contenir la masse des stupéfiants d’Amérique et d’Afrique, malgré que la maffia employât tous les subterfuges pour les camoufler, jusqu’à les présenter aux frontières sous forme de faux légumes secs, colorés nature. Mais en laissant la maffia prendre financièrement la place de l’Europe en Russie, les démocraties occidentales — et les États-Unis — viennent de lui fournir, pour rien, un formidable tremplin nouveau. De là, les drogues végétales et les drogues chimiques en provenance de l’Est pourront, un jour prochain, les submerger tous.

Un détail supplémentaire : profitant de l’abandon des vastes terres qui entourent l’ex-station nucléaire de Tchernobyl, de plantations de pavots ont, là aussi, dressé leurs fleurs de mort. Mais ce sont des fleurs énormes, pareilles à des grands œillets évasés, se dressant sur des épis de un mètre et demi de hauteur. À croire que ces terrains corrompus par les émanations d’origine nucléaire, sont imprégnés de substances radioactives qui favorisent de façon sensationnelle la croissance de ces pavots aux dimensions tout à fait anormales !

J’ai vu des photos de ces récoltes géantes. C’est effrayant. La drogue de Tchernobyl va-t-elle apporter au monde des méfaits supplémentaires, s’ajoutant à tous les autres ?

On connaît la maffia mondiale des stupéfiants, ses possibilités presque sans limites, la force de son organisation secrète, le cynisme de ses crimes. Vous étiez déjà, vous les Jeunes d’Europe, la proie guettée par ces trafiquants de malheur. À cause de la faillite communiste, ceux-ci vont disposer d’une puissance de fabrication extraordinaire. La Russie et l’Europe qui la prolonge vont connaître demain un nouveau bourreau, succédant au Lénine et au Staline à peine culbutés.

Qui, parmi tous nos pays défaillants, avait jamais pensé à l’apparition d’un tel concurrent, dans laRussie échiquetée, affamée, prête à tout ? Il est là, les autres n’y sont pas. Telle est la vérité, et, pour un proche avenir, la terrible menace, une de plus...

En attendant, l’Europe, ne se décidant à rien, se déshonore à patauger, depuis deux ans, dans la putréfaction russe et dans les Balkans convulsés. Dans un cas comme dans l’autre, elle est arrivée à une piteuse cacade.

Les États-Unis accrochent leurs fusées aux soutes des avions-espions de l’Indépendance et alignent des centaines de chasseurs bombardiers en Arabie séoudite, avec l’intention bien arrêtée d’obtenir coûte que coûte la riposte qui leur permettrait de conclure victorieusement leur guerre terroriste duGolfe ! Sans oublier qu’en forçant la route du pétrole jusqu’à Bassorah, Bush rendra, un jour ou l’autre, accessibles au messianisme juif les vastes espaces Nil-Euphrate dont leurs prophètes ont toujours rêvé. Cette aventure de Bassorah allèche au plus haut point les tenants barbifères de l’expansionnisme hébreu.

Pour s’attirer définitivement — outre l’électorat anti Saddam Hussein — un électorat juif parfois réticent, Bush n’a pas hésité à allonger un aval fantastique de dix milliards de dollars à Israël, pourtant maintes fois condamné par l’ONU, pour ses expéditions de brigandage en Palestine, à Jaffa, au Liban, en Syrie.

Dès avant l’aval récent des dix milliards de dollars, un Israélien recevait chaque année, des ÉtatsUnis, un subside trois cents fois plus élevé que celui d’un Africain !

C’est à se demander de qui, dans l’avenir, M. Bush sera le président. Des États-Unis ? D’Israël ?Ou des deux ensemble ?...

Bosniaques et Croates sont mitraillés à mort par les Serbes. Deux millions cinq cents mille hommes, femmes et enfants sont chassés de leur sol natal. Israël, lui, est gros et gras, luisant comme un veau d’or : pour les lobbies juifs aux États-Unis, cela seul compte !

Les juifs de Russie désirent dévaler de l’ex-URSS vers l’Israël messianique. Ils se sont vu allouer, en 1992, par les États-Unis, dix fois plus de dollars que n’en ont reçus, tous ensemble, les quatre cents millions d’habitants des peuples de Russie et des peuples de l’Est !

Ceux-ci attendront en vain que l’« ordre mondial » de M. Bush entreprenne de les dépanner !

Ce dernier a d’autres chats à fouetter, d’autres bidons de pétrole à remplir, et d’autres juifs à cajoler. Au guichet des Irakiens et des Bosniaques, à la Maison-Blanche, est accrochée une grande pancarte : « closed » ! Fermé ! Vouloir pénétrer plus loin, c’est être sûr de se casser le nez.

Européens, n’insistez pas : une fois pour toutes, l’affaire est réglée.

V. — La puissance de l’Asie et le drame de l’Afrique

Les bousilleurs de l’Europe de l’Est et de l’Europe de l’Ouest, ainsi que les loups-cerviers desÉtats-Unis (que M. Bush continue ou non à promener à la Maison-Blanche sa bobine en pot de vinaigre) auront, tombés dans tous le grand ravalement que nous avons décrit, à faire face, à l’extérieur, dès à présent, à d’importantes forces nouvelles qui risquent de leur scier le dos au cours du siècle prochain.

Le XXIe siècle, en effet, sera, avant tout, le siècle de l’Océan Pacifique.

Non seulement celui du Japon, de la Corée, de Taïwan, de Hong-Kong, de Singapour, féconds en expédients et déjà en pleine efflorescence. Mais aussi d’un milliard et demi de Chinois, travailleurs, sobres, portant dans leur intellect la synthèse de plusieurs milliers d’années de très haute civilisation.

Ces Chinois, déportés, sous Mao, par cinquante ans de marxisme, ont entrepris, avec beaucoup de sagesse, de réussir d’abord leur modernisation économique, au lieu d’opérer sottement, comme les Gorbatchev et les Eltsine, une révolution politique, automatiquement condamnée à l’échec parce que la substance même de ces pays avait disparu, et parce qu’on ne leur offrait, comme substituts au communisme, que des modèles désuets, corrompus et ayant échoué partout.

Les Chinois agirent exactement à l’inverse de Moscou : ils rebâtirent l’économie avant de jouer aux réformateurs politiques. Ils inventèrent, comme l’avaient fait les Japonais, des méthodes de pointe. Et ils créèrent, comme eux, une solidarité sociale qui double autant le rendement du travailleur que celui de l’industriel.

Résultat : restructurés, les Chinois pourront, avant vingt-cinq ans, rejoindre, de leurs vastes cohortes, la masse des deux milliards d’Asiates, tenaces, possédant la technique la plus avancée du monde.

Tous ensemble dresseront leur unité richissime face à une Europe des « démocraties », mal unie, ou désunie, cinq fois moins nombreuse, au sang soufflé par le sida, gangrenée par des millions de nouveaux venus insolites fuyant l’Afrique ou s’infiltrant de l’Est.

Elle sera, au surplus, vidée de sens moral, d’idéal social, de foi en elle-même. Elle ne fera plus le poids.

Malgré tout, nous ne pouvons pas nous acagnarder stupidement dans notre veminière européenne. Nous devons tirer les leçons, de dure digestion, des découvertes techniques et des méthodes sociales si efficaces du monde jaune. Le tout, sous peine de périr... politiquement déséquilibrés ?

Les États-Unis, dérapant dans leur boulimie tapageuse (et, eux aussi, finalement, saignés à blanc par des déficits astronomiques) ne feront pas de cadeaux si ceux-ci ne rapportent pas. Or, que pourraient-ils rapporter ?

Ils laisseront aux ex-colonies quelques rebuts agricoles, généralement invendables ; histoire de sauver les apparences. Le robinet se refermera aussitôt après.

L’Europe, prise à la gorge par ses propres problèmes, ne se fourvoiera pas exagérément, elle non plus, dans ces immensités désormais désolées.

La Croix-Rouge, les médecins volontaires, les quelques livraisons chaotiques de rations de survie à deux ou trois pour cent des nécessiteux africains, ne seront que de pauvres emplâtres sur des os desséchés.

Là encore, on voit quelle a été la folie des vainqueurs de 1945, jetant à l’aveugle le quart de l’humanité à l’abîme. Russie, Asie, Afrique, problèmes gigantesques que les 6 % d’Européens auront à affronter tout au long du siècle prochain.

VI. — Le passé et le bonheur

Sous nos propres yeux, le passé a été liquidé.

Voilà cinquante ans, le monde ouvrier, peu payé, jouissait d’une certaine stabilité. Il n’y avait pas de banques rutilantes tous les trente mètres, dans les ruelles populaires, mais les économies, modestes — presque générales — assuraient de nombreuses tranquillités.

Quant au paysan, il se tirait plus ou moins d’affaire avec son blé, ses choux, ses olives, ses carottes, ses cochons. Il se rendait à son champ en fredonnant une vieille ritournelle, perché sur la croupe de son âne aux oreilles dressées comme des porte-voix.

C’était l’Europe des champs, des champs purs, des champs simples, nœud et subsistance de la vie.À la Première Guerre mondiale, plus de la moitié des morts « tombés pour la France » ou « tombés pour l’Allemagne » étaient des paysans. Ce n’est presque plus croyable. Mais c’était ainsi, plus de 50 %.À présent, il reste dans les campagnes moins de 7 % de villageois.

Et encore, c’est provisoire. Bientôt, dans toute l’Europe, ils ne seront plus que 5 %, ou 4 %. Au surplus, ils seront menacés d’inondation, à des prix bradés, des immenses surplus américains. Ils représentent une charge croissante pour les États. Ils ne pourront plus subsister en Europe qu’à coups de subventions, représentant, à elles seules, 60 % des soutiens accordés par les caissiers duMarché commun.

Aux États-Unis, aujourd’hui, les agriculteurs ne sont plus que 3 % de la population. Et encore s’agit-il d’une paysannerie faussée, qui s’est industrialisée presque complètement, et qui ne s’en sort matériellement qu’à force de griller, de moudre, de triturer, de surgeler des produits créés à la chaîne, trafiqués, hâtifs, ayant perdu leur saveur, enrobés dans un plastique brillant qui ne sert qu’à engamer l’acheteur.

Le monde de l’agriculture était, avant la Seconde Guerre mondiale, l’essence même des peuples européens. Ceux-ci veillaient avec un soin jaloux à la beauté et à la qualité des produits de leurs récoltes, chefs-d’œuvre de patience. Ils se sentent, à cette heure, submergés par l’affairisme américain.

Le travailleur des villes, de son côté, a été converti en un complément imparfait de la machine. La machine travaille mieux que lui, plus vite que lui, prend souvent sa place. Acquérir une machine ultra-modeme, c’est employer 50 % ouvriers en moins, c’est créer 50 % de chômeurs en plus ; La machine sera la maîtresse inhumaine du XXIe siècle.

En prévision d’une mise à pied toujours possible du travailleur, il a fallu, dans des milliers de foyers, doubler la possibilité de survie, mettre la femme au labeur afin que son salaire supplée si l’autre, un jour, faisait défaut.

D’où le désordre des intimités : fatigue des couples, lassitude en face des travaux ménagers, heurts et incompréhension des caractères recrus, divorces, enfants chaque fois moins nombreux, confiés à des crèches anonymes.

Pourtant, la tendresse est nécessaire aux tout petits, aliment irremplaçable de l’équilibre enfantin.D’autre part, l’usage constant des supermarchés, devenus le complément indispensable des foyers à double rendement et des enfants délaissés, a éliminé des millions de commerces modestes, élément stabilisateur essentiel de la société ; ils annoncent la disparition des classes moyennes.

L’État est devenu le monstre financier du monde moderne, raflant à grand coups de râteaux une part, chaque année accrue, du bénéfice familial, souvent factice mais cependant durement acquis, qu’un quelconque soubresaut économique peut inopinément aplatir.

L’humanité se croit libre ; mais en quoi l’est-elle ? L’hyper-capitalisme domine la société. Il est la forme nouvelle de l’esclavage, un esclavage dont les dorures ne camouflent guère la cruauté. Le pauvre, si pauvre fût-il, pouvait jadis tenir plus ou moins le coup. Un rien suffisait. Aujourd’hui, larigueur implacable de la vie moderne, avec sa super-consommation, et ses dépenses sans cesseaccrues, domine. ou étrangle le démuni ; L’homme foncièrement honnête finit par être considéré comme un niais. C’est le plus malin, le plus combinard, le moins scrupuleux qui l’emporte. Si l’argent fait défaut, on emprunte, bien au-delà de ses possibilités, quitte, l’épée à la gorge, à être tyrannisé parses créanciers ; les cartes de crédit sont devenues, pour les neuf dixièmes des ménages, des faux passeports vers le piège de la richesse, qui fuit sans cesse et qu’on veut sans cesse happer une nouvelle fois.

Un jeune ne comprend même plus que, jadis, on eût pu vivre autrement.

La vie moderne, certes, théoriquement, est plus aisée que jadis, mais pour certains seulement. Elle rejette à la géhenne des peuples entiers, non évolués. Quant à la plupart des hommes et des femmes qui travaillent dur, ils ne sont riches que d’un argent qui s’éclipse, qui leur court entre les doigts et disparaît comme l’eau sous les sables.

L’homme moderne se meut dans des millions d’autos fourre-tout qui lui donnent l’illusion d’échapper au réel. Mais ces routes sont aberrantes. L’asphalte empeste, dans les villes les plus surpeuplées. L’air salit les poumons, souille le sang. Dans nos avenues bruyantes, sur les arbres eux mêmes, au feuillage décoloré, les derniers oiseaux fuient.

La pollution noirâtre des usines surgit partout, de plus en plus asphyxiante.

Au siècle prochain, il y aura des fabriques plantées jusque dans les champs de riz ou de manioc les plus lointains, au Laos, chez les Mandchous, en Polynésie.

L’immense tohu-bohu humain dévale de toute part comme un fleuve aux odeurs rances. La nature elle-même est devenue une hirondelle aux ailes flasques.

Face aux difficultés presque surhumaines qui guettent l’entrée de Europe dans le XXIe siècle, celles-ci seront-elles, au moins, soulagées par des découvertes nouvelles, qui donneront des moyens extraordinaires de réagir ?...

Question capitale !

VII. — Les découvertes modernes

Les découvertes modernes ne vont-elles pas tout sauver ?

Les progrès scientifiques du monde contemporain sont souvent éblouissants. Mais leur brillance ne cache-t-elle pas leurs déficiences ?

Grâce aux trouvailles génétiques et pharmaceutiques de la recherche contemporaine et à leur éparpillement mondial, on vit plus vieux ; les femmes qui, on le sait, ne meurent jamais, ont dépassé maintenant la moyenne d’âge de quatre-vingts ans Elles adorent être prises pour de frétillantes bergerettes. C’est merveilleux ! Mais qui paiera les pensions de ces millions d’intrépides octogénaires ? Et celles des hommes qui, vite, voudront en faire autant ?

Et les millions de tonnes de médicaments supplémentaires que ces perclus, ces chevrotants, ces bronchiteux, ces tordus, réclameront en chœur à la Sécurité sociale ?... Et les milliers d’immeubles où héberger ces vieillesses prolongées ?

Et les distractions, les voyages qu’il faudra organiser pour adorner de rêves romantiques les cerveaux affaiblis et les corps brinqueballants ?...

Les États, écrasés sous leurs charges actuelles, auront à affronter à l’avenir ces charges supplémentaires. Celles-ci doubleront le fardeau sous lequel, déjà, les gouvernements s’écroulent.

Pour alimenter ces fonds de vieillesse sans cesse prolongée, insondables comme le tonneau desDanaïdes, il n’y aura plus, faute de naissances, qu’une moitié de travailleurs cotisant à la Sécurité sociale. Alors, là encore, d’où sortiront-ils bien les milliards des vieux et des vieilles indestructibles ?...

Les cervelles des chercheurs distillent des centaines d’autres merveilles, étoilant l’ombre.

C’est vrai.

On est parvenu, par exemple, à doubler la production du lait. Résultat : les Américains jettent celui-ci dans leurs rivières ! Et les Européens ont dû stocker dans leurs frigos du Marché commun un milliard de kilos de beurre invendable !

Entre-temps, d’ailleurs, des centaines de milliers de femmes et de gosses meurent de faim et de soif dans un monde où les avions vont de Paris à Tokyo en quelques heures, mais où une boîte de lait en poudre, ou un pot de yogourt, mettront un an pour arriver, ou pour ne pas arriver, dans les pays affamés !

Souvent, on ne s’y retrouve plus. En Russie, on fait du café avec des briques ; au Brésil, on fait des briques avec du café !

D’autres inventeurs ont fait pousser à leur croissance maximale, en un demi-laps de temps, d’honnêtes bestiaux de toutes les espèces. Résultat : on ne sait plus où fourrer tant de viande saignante, et on se bagarre aux frontières pour assaillir et pour brûler les demi-moutons et les demi cochons dont les Anglais et les Danois ne savent plus que faire !

À force d’astuces, d’intelligence, de passion du neuf, on est arrivé à faire de la télévision une véritable merveille. Résultat encore : les foules restent collées devant leur écran pendant trois heures et demie par jour ; elles finissent par être complètement déboussolées, à la merci de n’importe quelle langue d’aspic ou de n’importe quel baragouineur. Elles gobent, ravies, les insanités les plus déconcertantes. Elles décident de leur sort et de celui des autres, selon des déversements de racontars, de bobards, d’affabulations. Elles ne pensent plus, guidées non plus par des idées mais par des images, répétées, hallucinantes souvent, et presque toujours destructrices de la personnalité.Trois minutes de télé ont mille fois plus d’impact que cent études objectives de savants ou des pécialistes, qui, eux, atteindront à grand peine deux ou trois milliers de lecteurs, alors que le gigolode l’écran aura deux ou trois millions de spectateurs béats, conquis à l’avance à ses sornettes.

La télévision est la grande empoisonneuse du siècle. Il suffit que quelques speakers soient installés à ses postes-clés par quelques personnalités politiques bien placées ou par des manipulateurs d’argent, jonglant avec les milliards qui règlent la vie des chaînes. Ces donneurs d’embrassades font l’opinion, dominent l’opinion, tourneboulent l’opinion. En vertu de quel droit ?... Que reste-t-il de «démocratie » au bout de tel embobelinage de foules encagées ?

Zéro !

Les confituriers du micro et ceux qui sont au-dessus d’eux font la loi, la seule loi. Chaque jour, cette domination est plus étouffante.

Les hommes filent comme des flèches à la Lune, à Neptune, à Jupiter, comme on irait à Lourdesou à Sestrières.

La force nucléaire peut déployer des milliers de bolides de feux, étincelants, foudroyants, entre les déserts de l’Arizona, les glaces de Sibérie et les sables à pétrole du Koweit !

Mille découvertes ahurissantes mettent ainsi le monde, les affaires, les foyers à la portée de chaque chercheur ou de chaque gêneur.

Mais le bilan ?

Avance-t-on ?

Est-on plus heureux ?

Ou le bonheur se dégrade-t-il ?...

Dernièrement, à la frontière mexico-américaine, on a constaté que vingt-huit ouvrières d’une fabrique de cosmétiques avaient, en une seule année, accouché de vingt-huit enfants sans cerveau !

Hasards ?

Contre-coups d’inventions mal calculées ?

En tout cas vingt-huit mères désolées ont pu bercer pendant quelques heures dans leurs bras des bébés amorphes dont le cerveau avait été sucé par des inventions monstrueuses ou miraculeuses !

Le monde futur sera perché, sans nul doute, sur un énorme point d’interrogation.

Malgré tout, ce monde nouveau, un jeune doit, sans regrets vains, l’assumer tel qu’il est. Avec ses tares, mais aussi avec ce qu’il peut avoir d’exaltant, ces horizons infiniment élargis ; ces sports, défigurés souvent par l’usage des drogues mais régénérés par les disciplines et les harmonies de l’émulation ; ces possibilités de connaissances nouvelles recueillies grâce aux voyages, sa culture plus exacte et plus étendue, même si elle bafouille parfois dans le méli-mélo et dans l’absurde.

Les réformateurs de génie grimperont sur le char du XXIe siècle, mais ils n’empêcheront pas que d’énormes problèmes d’ordre économique et social assaillent un monde déjà submergé par les complications politiques, sociales et raciales.

Ces complications, si l’Europe veut survivre, elle devra coûte que coûte les surmonter. Tel est le défi d’aujourd’hui, le défi tout cru, qui effraie les faibles mais qui doit stimuler le cœur des forts.

Défi qui ne relève pas seulement des circonstances d’un jour ou d’un temps, mais qui s’étend àtout ce qu’il y a de plus profond et de plus permanent au fond de l’être humain, quel qu’il soit.

Si Hitler redescendait demain du Walhalla et réapparaissait à boulevue à la Chancellerie du Reich, il aurait certainement à recourir à de nouvelles conceptions, à de nouvelles méthodes et à transformer profondément son œuvre de création. Il ne reprendrait pas tous les vieux projets restés en route, il maintiendrait fermement ses principes mais il les moulerait sur les nécessités du présent.Ses vues sur le problème de l’agriculture, ou sur la collaboration des femmes à la vie publique, ou sur l’écologie — dont il fut, en 1933, le véritable fondateur — et sur la répartition raciale des peuples, voire même sur l’ajustement planétaire des richesses, subiraient, sans nul doute, des retouches ou mêmes des réalisations différentes de celles qui ont marqué la première moitié du XXe siècle.

VIII. — Rendre aux âmes une vie spirituelle

Reste-t-il peu de chances de sauver la mise européenne ?...

Le jeu est serré, c’est exact.

Mais il subsiste cent motifs de lutter et d’espérer. Une volonté d’acier vaut plus que mille impuissances.

En 1940, un Reynaud, Premier ministre cocoriquant de la France « démocratique », s’écriait, paonnant : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts. » Un mois plus tard, sur toute la hauteur de l’Occident, les démocraties au grand complet s’écroulaient comme des châteaux de cartes ! Reynaud, atterré, s’enfuyait (avec vingt-neuf kilos d’or) jusqu’aux Pyrénées, où il se démolissait la figure sur un rocher inopportun !

L’affairé était flambée ! Le bonhomme Demos était knock-out ! Son compte avait été réglé en quelques semaines. On le voit, tout peut s’écrouler, mais un vrai caractère peut tout redresser.

Pour opérer la rénovation des temps futurs, il ne suffit point que les volontés se tendent vers un puissant effort de rénovation matérielle. Ce n’est pas seulement l’économie mondiale qui est malade, ni la société politique ; C’est l’univers moral des peuples qui est atteint, empoisonné par une course folle vers le confort, apparemment aimable mais, souvent, tragiquement dévastateur.

L’être humain de notre époque a laissé tomber les mille ans de Chrétienté et de religiosité ; Chacun a voulu « vivre », jouir surabondamment des aises et des plaisirs. Il est devenu, sans même s’en rendre compte, l’esclave de joies médiocres, limitées à un bien-être superficiel. Il ne se meut plus qu’au ras du sol.

Comment rendre une vie spirituelle à des âmes presque éteintes, où la flamme ne monte plus, étouffée sous des cendres qui se refroidissent peu à peu ? Qui la ranimera ? Qui fera souffler sur ces braises devenues terreuses l’inspiration d’où rejaillira le feu spirituel ?

Sans lui, pourtant, tout est perdu. Il faut que le don, la générosité, l’amour des hommes, la volonté de donner, et la ferveur sacrée d’un idéal regorgeant de vérité renouvellent la vie intérieure de chaque être. Le cœur de l’homme n’est pas seulement un réceptacle à jouissances passagères. Il est un jardin enchanté, avec ses couleurs et ses parfums. Il veut s’élever à travers les taillis confus de l’existence. Révolution politique ? Oui ! Révolution économique et technique ? Oui ! Sociale ? Oui ! Mais surtout, dominant l’existence de ses effluves, révolution des âmes !

Le bonheur n’est pas qu’un sous-produit de discothèque. L’homme doit redevenir d’abord un être spirituel, tendu vers tout ce qui élève et ce qui anoblit. Sinon, si agréable que soit le décor, la vie n’est plus qu’une mangeoire où on se repaît et où l’essentiel n’existe plus.

IX. — Le siècle des élites

Il y a l’âme.

Il y a aussi l’intelligence.

Une révolution ne se fait pas à coups de bravades, et moins encore à coups d’injonctions creuses aux résonances de fer blanc. Toute révolution enrichissante est le fruit d’une longue préparation intellectuelle. Plus que jamais, le siècle futur sera le siècle des élites, et de la coordination de leurs découvertes. Ce sont les meilleurs, les plus capables — et eux seuls —, qui emporteront, qui dirigeront et qui changeront la société. Le temps est fini où l’être humain pouvait préparer son essor dans le laisser-aller, la facilité, l’ignorance, la paresse.

L’ouvrier lui-même devra cesser d’être, comme il le fut trop longtemps, un manœuvre ignorant. Il devra se transformer, à force de travail et de préparation mentale, en un technicien hautement qualifié. L’industrie moderne, très coûteuse, ne recrutera que des collaborateurs de choix. Il n’y aura plus de place, demain, pour les médiocres. Ceux-ci iront rejoindre l’énorme foutoir des cancres et des parasites, fermé à tout avenir.

Au siècle prochain, il faudra vous hisser, à force de labeur, de constance, de souplesse de l’esprit et de puissance du caractère, au niveau intellectuel et aux connaissances techniques qui marqueront de leur sceau indélébile les futurs conducteurs d’hommes et de peuples.

Que les jeunes se mettent bien dans la tête que c’est dans la mesure où leur cerveau travaillera, où leurs connaissances techniques s’accroîtront, et où ils seront devenus une part vivante de l’élite, qu’ils pourront réussir la rénovation de la société.

Des temps nouveaux jailliront, dans la mesure où vous, jeunes garçons et jeunes filles du XXIe siècle déjà campés à notre porte, vous vous attellerez — avec des méthodes et des idées nouvelles, mais aussi avec un idéal brûlant comme celui de vos aînés des temps héroïques — à la tâche grandiose de renouvellement d’une société désorbitée.

Jeunes camarades d’Europe, votre tour est venu.

Matériellement, bien sûr, mais surtout spirituellement et intellectuellement, soyez prêts, dispos pour tous les sacrifices, le cerveau parfaitement nourri et structuré, le corps fort pour les plus durs duels, l’âme illuminant votre projection. Alors, quelle qu’ait été. L’âpreté de la lutte, vos bras solides pourront hisser sur vos boucliers cette victoire que les faiblards croyaient devenue inaccessible.

Seuls ceux qui ont la foi retournent et bravent le destin ! Croyez ! Luttez !

Le monde, ça se perd, où ça se prend. Prenez-le !

Dans le désert humain où bêlent tant de moutons, soyez des lions !

Forts comme eux ! Intrépides comme eux !Et que Dieu vous aide !

Salut, camarades !


Léon Degrelle

Août 1992