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Version du 26 juillet 2013 à 17:11

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Europe

« La civilisation occidentale apparaît dans l’histoire comme une anomalie : parmi toutes celles qui nous sont connues plus ou moins complètement, cette civilisation est la seule qui se soit développée dans un sens purement matériel, et ce développement monstrueux, dont le début coïncide avec ce qu’on est convenu d’appeler la Renaissance a été accompagné, comme il devait l’être fatalement, d’une régression intellectuelle correspondante ; nous ne disons pas équivalente, car il s’agit de deux ordre de choses entre lesquels il ne saurait y avoir aucune commune mesure. Cette régression en est arrivée à un tel point que les Occidentaux d’aujourd’hui ne savent plus ce que peut-être l’intellectualité pure, qu’ils ne soupçonnent même pas que rien de tel puisse exister : de là leur dédain, non seulement pour les civilisations orientales, mais même pour le Moyen Age européen, dont l’esprit ne leur échappe guère moins complètement. »

Modernity

« [S]i tous les hommes comprenaient ce qu’est vraiment le monde moderne, celui-ci cesserait aussitôt d’exister [...]. »

« Le monde moderne trouve son expression la plus correcte dans le règne de la quantité. »

« Qui dit individualisme dit nécessairement refus d'admettre une autorité supérieure à l'individu, aussi bien qu'une faculté de connaissance supérieure à la raison individuelle ; les deux choses sont inséparables l'une de l'autre. Par conséquent, l'esprit moderne devait rejeter toute autorité spirituelle au vrai sens du mot, prenant sa source dans l'ordre supra-humain, et toute organisation traditionnelle, qui se base essentiellement sur une autorité, quelle que soit la forme qu'elle revêt, forme qui diffère naturellement suivant les civilisations. »

Democracy

« [L]'avis de la majorité ne peut être que l'expression de l'incompétence [...] »

« Si l’on définit la "démocratie" comme le gouvernement du peuple par lui-même, c’est là une véritable impossibilité, une chose qui ne peut pas même avoir une simple existence de fait, pas plus à notre époque qu’à n’importe quelle autre ; il ne faut pas se laisser duper par les mots, et il est contradictoire d’admettre que les mêmes hommes puissent être à la fois gouvernants et gouvernés, parce que, pour employer le langage aristotélicien, un même être ne peut être "en acte" et "en puissance" en même temps et sous le même rapport. »

Truth

« [I]l semble même que, pour les philosophes, il s'agisse de poser des « problèmes », fussent-ils artificiels et illusoires, bien plus que de les résoudre, ce qui est un des aspects du besoin désordonné de la recherche pour elle-même, c'est-à-dire de l'agitation la plus vaine dans l'ordre mental, aussi bien que dans l'ordre corporel. Il s'agit aussi, pour ces mêmes philosophes, d'attacher leur nom à un « système », c'est-à-dire à un ensemble de théories strictement borné et délimité, et qui soit bien à eux, qui ne soit rien d'autre que leur oeuvre propre ; de là le désir d'être original à tout prix, même si la vérité doit être sacrifiée à cette originalité : mieux vaut, pour la renommée d'un philosophe, inventer une erreur nouvelle que de redire une vérité qui a déjà été exprimée par d'autres. Cette forme de l'individualisme, à laquelle on doit tant de « systèmes » contradictoires entre eux, quand ils ne le sont pas en eux-mêmes, se rencontre d'ailleurs tout aussi bien chez les savants et les artistes modernes ; mais c'est peut-être chez les philosophes qu'on peut voir le plus nettement l'anarchie intellectuelle qui en est l'inévitable conséquence. »

« Ceux qui seraient tentés de céder au découragement doivent penser que rien de ce qui est accompli dans cet ordre ne peut jamais être perdu, que le désordre, l’erreur et l’obscurité ne peuvent l’emporter qu’en apparence et d’une façon toute momentanée, que tous les déséquilibres partiels et transitoires doivent nécessairement concourir au grand équilibre total, et que rien ne saurait prévaloir finalement contre la puissance de la vérité ; leur devise doit être celle qu’avaient adoptée autrefois certaines organisations initiatiques de l’Occident : Vincit omnia Veritas. »

Islam

« La plupart des Européens n’ont pas exactement évalué l’importance de l’apport qu’ils ont reçu de la civilisation islamique, ni compris la nature de leurs emprunts à cette civilisation dans le passé et certains vont jusqu’à totalement méconnaître tout ce qui s’y rapporte. [...] s'il est généralement connu que l'Espagne est restée sous la loi islamique pendant plusieurs siècles, on ne dit jamais qu'il en fut de même d'autres pays, tels que la Sicile et la partie la plus méridionale de la France actuelle. [...] Le plus étrange [...], c'est de voir les Européens se considérer comme les héritiers directs de la civilisation héllénique, alors que la vérité des faits infirme cette prétention. La réalité tirée de l'histoire même établit que la science et la philosophie grecques ont été transmises aux Européens par des intermédiaires musulmans. En d'autre termes, le patrimoine intellectuel des Héllènes n'est parvenu à l'Occident qu'après avoir été sérieusement étudié par le Proche-Orient, et n'étaient les savants de l'Islam et ses philosophes, les Européens seraient restés dans l'ignorance totale de ces connaissances pendant fort longtemps, si tant est qu'ils soient jamais parvenus à les connaitre. Il convient de faire remarquer que nous parlons ici de l'influence de la civilisation islamique et non spécialement arabe comme on le dit quelquefois à tort. Car la plupart de ceux qui ont exercé cette influence en Occident n'étaient pas de race arabe. »

  • René Guénon, Aperçus sur l’ésotérisme islamique et le taoïsme, éd. Gallimard, 1973, Influence de la civilisation islamique en Occident (1950), p. 76-77

Christianity

« Pour ce que j’ai dit dans Orient et Occident au sujet du rôle possible de l’Eglise catholique (comme représentant une forme traditionnelle occidentale pouvant servir de base à certaines réalisations, ainsi que cela a d’ailleurs eu lieu au moyen âge), je dois dire que je ne me suis jamais fait d’illusions sur ce qu’il pouvait en résulter en fait des circonstances actuelles ; mais il ne fallait pas qu’on puisse me reprocher d’avoir pu négliger certaines possibilités, au moins théoriques, ou de ne pas en tenir compte. »

« Vous devez bien penser que je ne suis pas si naïf que cela ; mais pour des raisons qu’il ne m’est malheureusement pas possible d’expliquer par lettre, il était nécessaire de dire ce que j’ai dit et d’envisager cette possibilité, ne fût-ce que pour établir une situation nette, et cela a eu pleinement le résultat (négatif) que j’attendais. »

« [...] c'est toujours la même chose : affirmation que le christianisme possède le monopole du surnaturel et est seul à avoir un caractère "transcendant", et, par conséquent, que toutes les autres traditions sont "purement humaines", ce qui, en fait, revient à dire qu'elles ne sont nullement des traditions, mais qu'elles seraient plutôt assimilables à des "philosophies" et rien de plus [...] autrement dit, le christianisme seul est une expression de la Sagesse divine ; mais malheureusement ce ne sont là que des affirmations [...] tout cela s'accompagne d'une argumentation purement verbale, qui ne peut paraître convaincante qu'à ceux qui sont déjà persuadés d'avance, et qui vaut tout juste autant que celle que les philosophes modernes emploient, avec d'autres intentions, quand ils prétendent imposer des limites à la connaissance et veulent nier tout ce qui est d'ordre supra-rationnel. »

« [...] aucune entente n'est réellement possible avec quiconque a la prétention de réserver à une seule et unique forme traditionnelle, à l'exclusion de toutes les autres, le monopole de la révélation et du surnaturel. »

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