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Citationes

« [...] si le dernier âge, le kâlî-yuga, est un âge de destructions terribles, ceux qui y vivent et qui pourtant restent debout peuvent obtenir des fruits difficilement accessibles aux hommes des autres âges. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 615


« Il faut enfin envisager une troisième possibilité. Pour certains, la voie de l’accélération peut être la plus apte à les rapprocher de la solution. Dans certaines conditions, en effet, de nombreuses réactions équivalent aux crampes qui ne servent qu’à prolonger l’agonie et qui, retardant la fin, retardent aussi le recommencement. Il s’agirait d’assumer, en fonction d’une orientation intérieure particulière, les processus les plus destructeurs de l’ère moderne pour les utiliser en vue d’une libération : ce serait une manière de retourner le poison contre lui-même ou de “chevaucher le tigre”. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 613


« Durant les croisades, l’idéal de l’unité des nations représentées, en temps de paix, par l’Empire, se réalisa pour la première et dernière fois, sur le plan de l’action, dans l’Europe post-romaine : merveilleux élan, répétition mystérieuse du grand mouvement préhistorique allant du Nord au Sud et d’Ouest en Est. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 506


« Pour la dernière fois en Occident on vit se constituer aussi spontanément, et se stabiliser, la quadripartition sociale traditionnelle en serfs, bourgeoisie, noblesse guerrière et représentants de l’autorité spirituelle (le clergé dans la perspective guelfe, les Ordres ascétiques de chevalerie dans la perspective gibeline). »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 500


« Dans la féodalité, les rapports de fidélité et d’honneur ressortirent plus qu’à toute autre époque de l’Occident. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 500


« La nature cesse d’être quelque chose de vivant. La perception magico-symbolique de la nature qui servait de fondement aux sciences sacerdotales, est rejetée et bannie comme “païenne”. De fait, après le triomphe du christianisme, ces sciences sacerdotales connurent un processus rapide de dégénérescence, si l’on excepte un résidu dévitalisé constitué précisément par la tradition rituelle catholique. La nature devint quelque chose d’étranger, voire de diabolique. Et cela, de nouveau, se retrouva à l’origine d’une ascèse de type monastique, pénitentielle, ennemie du monde et de la vie, d’une ascèse typiquement chrétienne, par ailleurs ouvertement opposée à la façon de sentir classique et romaine. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 481


« [...] l’égalitarisme chrétien, avec ses principes de fraternité, d’amour, de communion, finit par être la base mystico-religieuse d’un idéal social opposé à la pure idée romaine. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 479


« La part occupée par des influences méridionales et non aryennes est également assez visible dans la morale chrétienne. Le fait que face à un Dieu, et non à une déesse, on ne reconnaisse, spirituellement parlant, aucune différence entre homme et homme, et qu’on pose l’amour comme principe suprême — cela pèse d’un poids très lourd. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 479


« En outre, on ne devrait jamais oublier que si le christianisme s’est approprié quelque chose de la vieille tradition juive, l’hébraïsme orthodoxe, lui, s’est continué de manière indépendante, avec le Talmud, sans reconnaître le christianisme, et a eu, avec la Kabbale, une tradition proprement initiatique que te christianisme n’a jamais possédée. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 476


« Ce qui s’était affirmé, c’était l’idéal d’une religion ouverte à tous, étrangère à toute idée de race, tradition et caste, donc, concrètement, d’une religion faite pour ceux qui n’avaient ni race, ni tradition, ni caste. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 475


« Rome naît dans la période critique que traversèrent, un peu partout, les anciennes civilisations traditionnelles. Et si l’on fait abstraction du Saint Empire Romain — qui fut du reste, en partie, une reprise nordico-germanique de l’idée romaine antique —, il faut voir en Rome la dernière grande réaction contre cette crise, la tentative, victorieuse pendant tout un cycle, d’arracher aux forces de la décadence déjà à l’œuvre dans les cultures méditerranéennes un ensemble de peuples, pour les organiser et réaliser sous une forme plus durable et plus grandiose ce que la puissance d’Alexandre le Grand n’avait su faire que pour une brève période. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 448


« La pensée qui cherche à rendre compte de l’universel et de l’être sous la forme qui lui est propre — à savoir en mode rationnel et philosophique — et à transcender par le concept, dans le cadre de la rhétorique, la particularité et la contingence du monde sensible, constitua la séduction et l’illusion les plus périlleuses, l’instrument d’un humanisme et, par conséquent, d’un irréalisme bien plus profond et néfaste, qui allait ensuite séduire l’Occident tout entier. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 446


« La crise de l’ancien régime aristocratique et sacral des cités grecques est presque contemporaine de l’épidémie dionysiaque. Un ferment révolutionnaire altère les fondements des vieilles institutions, l’ancienne conception de l’État, de la loi, du droit et de la propriété. Il sépare le pouvoir temporel de l’autorité spirituelle, reconnaît le principe électif et introduit des institutions qui s’ouvrent peu à peu aux couches sociales inférieures, à l’aristocratie contre-nature du cens (caste des marchands : Athènes, Cumes, etc.), et, enfin, à la plèbe protégée par les tyrans populaires (Argos, Corinthe, Sicyone, etc.). C’est la naissance du régime démocratique. Royauté, oligarchie, puis bourgeoisie, enfin dominateurs illégitimes qui tiennent leur pouvoir d’un prestige purement personnel et qui s’appuient sur le demos, telles sont les phases de l’involution qui se vérifia déjà en Grèce, qui se répéta dans la Rome antique, avant de se réaliser en grand et en entier dans l’ensemble de la civilisation moderne.

Or, dans la démocratie grecque il faut voir non pas tant une victoire du peuple grec qu’une victoire de l’Asie Mineure et, mieux du Sud, sur les ethnies helléniques originelles dispersées dans leurs forces et leurs hommes. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 439-440


« Moïse lui-même, s’il doit la vie à une femme royale, fut conçu comme un “Sauvé des Eaux”, et les péripéties de l’“Exode” sont susceptibles de recevoir une interprétation ésotérique. Si l’on met de côté Élie et Hénoch, il reste que Jacob est un vainqueur d’anges et, concomitamment, que le terme même d’“Israël” ne signifie rien d’autre que “vainqueur de Dieu”. Mais il s’agit là d’éléments sporadiques, qui accusent une oscillation curieuse, typique de l’âme judaïque en général : d’un côté, un sentiment de faute, d’auto-humiliation, de sacrilège, d’attachement à la chair ; de l’autre, un orgueil et une rébellion quasi lucifériens. Cela explique peut-être le fait que la tradition initiatique du judaïsme, qui joua un rôle important au Moyen Age européen sous la forme de la Kabbale, présente elle-même des aspects particulièrement involués et a parfois l’allure d’une “science maudite”. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 411


« Jusqu’à hier, le Japon a offert un exemple, unique en son genre, de coexistence d’une orientation traditionnelle avec l’adoption, sur le plan matériel, des structures de la civilisation technique moderne. Avec la Deuxième Guerre mondiale, une continuité millénaire a été brisée, cet équilibre a disparu, le dernier État au monde où l’on reconnaissait encore le principe de la royauté “solaire” de pur droit divin a cessé d’exister. Le destin de l’“âge sombre”, sa loi en vertu de laquelle le potentiel technique et industriel, la force matérielle organisée, a un poids déterminant dans l’affrontement des puissances mondiales, a également marqué la fin de cette tradition, avec l’issue de la dernière guerre. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 403


« Historiquement et géographiquement, l’Atlantide correspondrait en effet non au Sud, mais à l’Occident. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 355


« Ayant indiqué ces points essentiels, nous ne reviendrons pas sur la loi de solidarité entre causes physiques et causes spirituelles appliquée à un plan où l’on peut pressentir une relation profonde : entre ce qu’on peut appeler, au sens le plus large, la “chute” — la déviation d’une race absolument primordiale — et la déclinaison physique de l’axe de la Terre, facteur de changements climatiques et de catastrophes périodiques pour les continents. Nous indiquerons seulement que depuis que la région polaire est devenue déserte, on a pu constater l’altération et la disparition progressives de la tradition originelle, ce qui devait conduire jusqu’à l’âge de fer ou âge sombre, kâli-yuga, ou encore “âge du loup” (Edda), et, à la limite, jusqu’aux temps modernes proprement dits. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 334-335


« Avec Thulé se confond donc soit le légendaire pays des Hyperboréens, situé à l’extrême Nord, d’où les lignées achéennes originelles apportèrent l’Apollon delphique ; soit l’île d’Ogygie, “ombilic de la mer”, qui se trouve loin sur le vaste océan et dont Plutarque dit en effet qu’elle est située au nord de la (Grande) Bretagne. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 333


« [...] les Hyperboréens étaient précisément une race mystérieuse qui habitait dans la lumière éternelle et dont la région aurait été l’habitat et la patrie de l’Apollon de Delphes, du dieu dorien de la lumière — Φοἱβоς άπόλλου, le Pur, le Rayonnant —, représenté aussi, d'autre part, comme un dieu “d’or” et un dieu de l’âge d’or. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 324


« Le rapport avec le surnaturel conçu sous une forme personnalisée (théisme), comme dévouement, dévotion, renoncement profond à la volonté propre devant cette hypostase — ce rapport présente, sur son plan spécifique, les traits propres à la voie où peut se réaliser une nature féminine. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 299-300


« La femme traditionnelle, la femme absolue, en se donnant, en ne vivant pas pour soi, mais en voulant être tout entière pour un autre être, avec simplicité et pureté, s'accomplissait, s'appartenait, avait un héroïsme spécifique — et, au fond, s'élevait au-dessus de l’homme commun. La femme moderne, elle, s'est détruite en voulant vivre pour elle-même. La “personnalité” tant désirée lui enlève toute personnalité. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 290


« En dehors d’une fidélité seulement conformiste et bourgeoise, l’amour que l’Europe avait choisi, c’était celui n’admettant pas que l’être aimé n’aime pas. Or, quand une femme, pour se consacrer à un homme, prétend que celui-ci lui appartienne corps et âme, elle ne se contente pas d’“humaniser” et d’appauvrir son offrande ; elle commence à trahir l’essence pure de la féminité pour emprunter, sous cet aspect également, un mode d’être propre à la nature masculine — et de l’espèce la plus basse : la possession, le droit sur l’autre et l’orgueil du Moi. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 289


« [...] le “féminisme” a été incapable de concevoir pour la femme une personnalité, sinon en imitant la personnalité masculine, de sorte qu’il n’est pas excessif de dire que ses “revendications” masquent une défiance fondamentale de la nouvelle femme envers elle-même, son impuissance à être et à valoir en tant que femme, et non en tant qu’homme. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 287-288


« [...] nous voyons la civilisation moderne se tourner vers le nivellement, vers l’informe, vers un stade qui, en réalité, n’est pas au-delà, mais en-deçà de l’individuation et de la différence entre les sexes. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 287


« L’émancipation de la femme devait fatalement suivre celle du serf et compléter la glorification du sans-classe et du sans-tradition, à savoir du paria. Dans une société qui ne sait plus rien de l’Ascète, ni du Guerrier ; dans une société où les mains des derniers aristocrates semblent faites davantage pour des raquettes de tennis ou des shakers de cocktails que pour des épées ou des sceptres ; dans une société où le type de l’homme viril — quand il ne s’identifie pas à la larve blafarde appelée “intellectuel” ou “professeur”, au fantoche narcissique dénommé “artiste”, ou à cette petite machine affairée et malpropre qu’est le banquier ou le politicien — est représenté par le boxeur ou par l’acteur de cinéma ; dans une telle société, il était normal que la femme se révoltât et revendiquât pour elle aussi une “personnalité” et une liberté au sens moderne, donc anarchiste et individualiste, de ces termes. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 287


« [...] un homme purement masculin ne pourrait connaître l’amour entendu en ce sens qu’en se féminisant, donc en s’éloignant précisément de cette autonomie intérieure qui fait que la femme peut trouver en lui un soutien [...]. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 284


« L’idée, soutenue par Fustel de Coulanges, que l’apparition du “testament” au sens d’une liberté individualiste laissée aux possédants de diviser leur propriété, de la désintégrer d’une manière ou d’une autre, de la détacher de l’héritage du sang et des normes rigoureuses du droit patriarcal et du droit d’aînesse, est un des signes typiques de la dégénérescence de la mentalité traditionnelle — cette idée est tout à fait juste. Plus généralement, il faut dire que lorsque le droit de propriété cesse d’être le privilège des deux castes supérieures et passe aux deux castes inférieures — celles des marchands et des serfs —, cela entraîne obligatoirement une régression naturaliste virtuelle, cela restaure le pouvoir des “esprits de la terre” sur l’homme. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 275-276


« [...] dans toute forme supérieure de tradition, la propriété du sol comme propriété privée fut un privilège aristocratique et sacral : seuls ont droit à la terre ceux qui possèdent des rites — au sens spécifique, “patricien”, de cette expression.

[...] la propriété tend de plus en plus à passer de individuel au collectif. Parallèlement à la disparition du droit aristocratique aux terres, remplacé par l’économie devenue souveraine des terres, on voit surgir d’abord le nationalisme, puis le socialisme et enfin le communisme marxiste. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 272-276


« Dans la conception traditionnelle, le temps présentait en outre un aspect magique. Chaque moment d’un cycle ayant — en vertu de la loi des correspondances analogiques — une singularité propre, la durée déroulait la succession périodique de manifestations typiques de certaines influences, de certains pouvoirs : il y avait donc des moments propices et non propices, fastes et néfastes. Ce facteur qualitatif du temps jouait un rôle essentiel dans la science du rite : les parties du temps ne pouvaient pas être jugées indifférentes par rapport aux choses à accomplir, elles présentaient un caractère actif dont il fallait tenir compte. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 259-260


« [...] la région correspondant aujourd’hui à l’océan Arctique fut l’habitat primitif des races qui créèrent les principales cultures indo-européennes. On peut estimer qu’avec le gel arctique, la division de l’année en une seule nuit et en un seul jour, a fortement dramatisé l’expérience du cycle solaire, au point d’en faire l’un des meilleurs moyens d’exprimer les contenus métaphysiques indiqués plus haut, substituant ceux-ci à ce qui, en tant que pur symbolisme “polaire”, et non encore solaire, remontait à des époques encore plus reculées. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 257-258


« [...] l’homme moderne a besoin, comme d’une espèce de stupéfiant, de ces formes d’action dégradées ou profanées : il en a besoin pour chasser le sentiment de son vide intérieur, pour se sentir vivre, pour trouver dans des sensations exaspérées le succédané d’une existence possédant une signification authentique. Une espèce de fébrilité titanique qui franchit toutes les limites, qui pousse de fièvre en fièvre, qui trouve sans cesse de nouvelles sources d’ivresse et d’étourdissement : voilà l’une des caractéristiques de l’“âge sombre” occidental. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 247


« Toute morale — lorsqu’il s’agit de formes supérieures de morale, de ce qu’on appelle la “morale autonome” — n’est qu’ascèse sécularisée. Mais, comme telle, elle n’est plus qu’un tronçon survivant et apparaît privée de tout fondement véritable. C’est pourquoi la critique des “libres esprits” modernes, jusqu’à Nietzsche, a pu s’exercer facilement contre les valeurs et les impératifs de la morale dite, improprement, traditionnelle (improprement car, répétons-le, la morale comme domaine autonome n’existe pas dans une civilisation traditionnelle). »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 245


« [...] Jérusalem, but de la conquête des croisés, se présentait sous le double aspect d’une cité terrestre et d’une cité céleste, et la croisade devenait l’équivalent, sur le plan de la tradition héroïque, du “rite” du pèlerinage et de la “passion” de la via crucis. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 222


« [...] en Amérique la vraie misère des Noirs commença lorsqu’ils furent libérés et se retrouvèrent dans la situation de prolétaires déracinés au sein d’une société industrialisée. En tant qu’“esclaves” dans un régime paternaliste, ils jouissaient en général d’une sécurité économique et d’une protection bien plus grandes. C’est pourquoi certains estiment que la condition du “libre” travailleur blanc d’Europe fut, à l’époque, pire que la leur [...]. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 198


« [...] l’anarchie des “droits” et des “revendications” n’apparaît que lorsque cesse d’exister une profonde orientation spirituelle, que lorsque l’action accomplie dans la pureté est remplacée par la poussée des intérêts matériels et de l’individualisme, par la fièvre vaine et multiforme due à la mentalité moderne, et par une civilisation qui a fait de l’économie une démonie et un destin. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 195


« Le christianisme dut reconnaître le principe chevaleresque de l’honneur dans une mesure bien plus grande que celle possible en fonction du principe chrétien de l’amour et, malgré tout, se conformer à une morale plus héroïque et païenne qu’évangélique [...].

D’ailleurs, c’est en raison précisément de cet éloignement de l’Église par rapport aux thèmes dominants du christianisme des origines, que l'Europe connut au Moyen Âge, à plus d’un titre, la dernière image d’un monde de type traditionnel. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 166


« La Tradition, en ce sens souterrain, a toujours existé, existe encore aujourd’hui et ne sera certes pas perdue à cause d’une contingence quelconque se rapportant au destin des hommes. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 603


« Après le déclin de la chevalerie, la noblesse, elle aussi, finit par perdre en Europe l’élément spirituel comme point de référence de sa plus haute “fidélité” ; elle devint une partie de simples organismes politiques — ce qu’illustre précisément le cas des aristocraties des États nationaux apparus après la civilisation médiévale. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 161


« La vision guelfe (grégorienne et thomiste) témoigne donc de nouveau d’une spiritualité dévirilisée, qu'on entend compléter de manière extrinsèque par un pouvoir temporel, afin de la renforcer et de la rendre efficace parmi les hommes, au lieu d'opérer la synthèse entre spiritualité et puissance, entre la surnaturalité et la centralité royale propre à la pure idée traditionnelle. […] la conception “religieuse” propre au christianisme ne permit pas de concevoir rien de semblable ; dès Gélase Ier, l’Église affirma au contraire que, depuis la venue du Christ, nul ne peut être simultanément roi et prêtre. Quelle que soit sa prétention hiérocratique, l’Église n’incarne pas le pôle viril, mais le pôle féminin (lunaire) de l’esprit. La clef peut lui convenir — non le sceptre. Ce n’est pas l’Église, avec sa fonction de médiatrice d’un divin substantialisé en mode théiste et sa conception de la spiritualité comme “vie contemplative” essentiellement distincte de la “vie active” [...]. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 148-149


« De toute façon, on est passé, au fil des siècles, à des formes d’anarchie antitraditionnelle — anarchie qui présente deux aspects : soit celui d'une royauté qui est simple pouvoir temporel se révoltant contre l’autorité spirituelle ; soit l'aspect d'une spiritualité de type “lunaire” se révoltant contre une spiritualité incarnée par des monarques se souvenant encore de leur antique fonction. Des ruines du monde traditionnel, l'hétérodoxie surgira sous l'une ou l'autre forme. La première voie, c'est celle qui conduira d'abord à la prévarication politique et à la sécularisation de l’idée d'État, à la destruction de toute vraie hiérarchie et, pour finir, aux formes modernes d'une virilité et d'une puissance illusoires et matérialisées, elles-mêmes emportées par la démonie du monde des masses sous ses aspects plus ou moins collectivistes. La seconde voie courra parallèlement à l’autre, et se réalisera d’abord avec l'avènement de la “civilisation de ta Mère”, avec la spiritualité d'inspiration panthéiste ; puis avec les variantes de la religion dévotionnelle au sens propre.

Nous verrons que le dernier grand épisode du conflit aura lieu au Moyen Âge, avec l'affrontement entre l'universalisme religieux représenté par l'Église et l’idée royale incarnée, en dépit de certains compromis, par le Saint Empire Romain. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 137-138


« Lorsque c’est au contraire une caste sacerdotale ou une Église qui se présente comme détentrice exclusive de la force sacrée par laquelle seule le roi peut être habilité à sa fonction, on se trouve au commencement d’une phase descendante. Il y a une spiritualité qui, en soi, n’est plus royale et une royauté qui, en soi, n’est plus spirituelle, l’une et l’autre comme des réalités distinctes. On peut dire aussi qu’il y a, d’une part, une spiritualité “féminine”, de l’autre une virilité matérielle ; d’un côté une “sacralité” lunaire, de l’autre une “solarité” matérielle. La synthèse, correspondant à l’attribut royal et primordial de la “gloire”, feu céleste des “vainqueurs”, est brisée. Le plan de la centralité absolue est perdu. Et l’on verra que cette scission marque le début de la descente des civilisations sur la pente qui aura pour limite le monde moderne. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 129


« Dans le divin, le sang θεοι συναιμοι —, dans le divin, la famille, θεοι εγγενεις. État, communauté, famille, affections bourgeoises, devoirs au sens moderne — à savoir exclusivement laïque, humain et social : autant de “constructions”, autant de choses qui n’existent pas, qui sont en dehors de la réalité traditionnelle, qui appartiennent au monde des ombres. La lumière de la Tradition ne connut rien de tout cela. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 90


« Il est inutile de se faire des illusions avec les chimères d’un quelconque optimisme : nous nous trouvons aujourd’hui à la fin d’un cycle. »

— Julius Evola, Orientations (1950), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2011 (ISBN 9782867144509), p. 41


« [...] nous sommes aujourd’hui au milieu d’un monde de ruines. Et la question qu’il faut se poser est celle-ci : existe-t-il encore des hommes debout parmi ces ruines ? Et que doivent-ils faire, que peuvent-ils encore faire ? »

— Julius Evola, Orientations (1950), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2011 (ISBN 9782867144509), p. 43


« [...] le seul résultat de la Seconde Guerre mondiale a consisté à rabaisser l’Europe au rang d’objet de puissances et d’intérêts extra-européens. »

— Julius Evola, Orientations (1950), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2011 (ISBN 9782867144509), p. 44


« Dans un certain sens, l’américanisme, pour nous, est plus dangereux que le communisme [...]. »

— Julius Evola, Orientations (1950), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2011 (ISBN 9782867144509), p. 56


« [...] nous appartiendrons à cette patrie qu’aucun ennemi ne pourra jamais occuper ni détruire. »

— Julius Evola, Orientations (1950), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2011 (ISBN 9782867144509), p. 84


« [...] l’idée, et l’idée seule, doit représenter la vraie patrie. [...] la fidélité inconditionnelle à une idée peut servir de bouclier contre la guerre occulte ; quand cette fidélité fléchit, quand on se plie aux finalités contingentes d’une soi-disant politique réaliste, le front de la résistance est déjà miné. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 41-198


« [...] poser l’inégalité signifie dépasser la quantité, admettre la qualité. C’est là que se différencient les deux concepts d’individu et de personne. On peut concevoir l’individu comme une simple unité atomique, un simple numéro dans le règne de la quantité. D’un point de vue absolu, c’est une fiction, une abstraction : mais on peut y tendre, on peut faire en sorte que les différences qui définissent chaque individu se réduisent à un minimum, que prévalent des qualité communes et uniformes (entraînant comme conséquence des voies, des droits, des libertés également uniformes) et considérer cette uniformité comme une condition idéale et désirable, alors que cela correspond à une dégradation et à une dénaturation.

Le pur individu, en effet, appartient au monde de l’inorganique plus qu’à celui de l’organique. [...] L’“individu” atomique, non lié (solutus), “libre”, se trouve donc sous le signe de l’inorganique et se situe, analogiquement, aux degrés inférieurs de la réalité. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 47


« [...] quand on voit les catholiques d’aujourd’hui rejeter les prétendus “résidus médiévaux” de leur tradition, le Concile Vatican II et tout ce qui s’en est suivi instaurer un “aggiornamento” destructeur, le pape considérer l’O.N.U. — cette association ridicule, hybride et bâtarde — comme une sorte de préfiguration d’une future œcuménicité chrétienne vers laquelle l’Église paraît aujourd’hui entraînée, aucun doute ne subsiste, et l’on ne peut que nier péremptoirement sa capacité de fournir un soutien quelconque à un mouvement révolutionnaire conservateur et traditionaliste. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 150


« Il convient de dénoncer cette perversion, par laquelle l’universel est mis au service du particulier. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 154


« Nous nous contenterons de signaler ici la possibilité d’un troisième axe de référence, au delà de l’intellectualisme comme de l’anti-intellectualisme, pour dépasser la “culture” d’inspiration bourgeoise. Il s’agit de la vision du monde, — en allemand Weltanschaung. La vision du monde ne se fonde pas sur une connaissance livresque mais sur une configuration intérieure et une sensibilité ayant un caractère non pas acquis, mais inné. Il s’agit essentiellement d’une disposition, et d’une attitude, non de théorie ni d’érudition ; disposition et attitude qui ne concernent pas seulement le domaine mental, mais imprègnent aussi l’affectivité et la volonté, modèlent le caractère, se manifestent par des réactions qui ont la même sûreté que l’instinct, et confèrent un caractère d’évidence à une signification donnée de l’existence.

Normalement, la vision du monde n’est pas quelque chose d’individuel, mais procède d’une tradition ; elle est la résultante organique des forces auxquelles un type de civilisation doit la forme qui lui est propre. En même temps, a parte subjecti, elle apparaît comme une sorte de “race intérieure”, de structure existentielle. Dans toutes les civilisations, autres que la civilisation moderne, a existé précisément une “vision du monde”, et non pas une “culture” [...], qui pénétrait les couches les plus diverses de la société. [...] Et la vision du monde peut être plus précise chez un homme sans instruction que chez un écrivain, plus ferme chez le soldat, le membre d’une souche aristocratique ou le paysan fidèle à la terre, que chez l’intellectuel bourgeois, le “professeur” ou le journaliste. [...]

Si le brouillard se lève, il apparaîtra clairement que c’est la “vision du monde” qui, au-delà de toute “culture” doit unir ou diviser les hommes en traçant d’infranchissables frontières spirituelles ; que, même dans un mouvement politique, cette vision est primordiale, car elle a seule le pouvoir de cristalliser un type humain déterminé et de conférer ainsi un ton spécifique à une communauté donnée. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 162-165


« [...] jamais il n’y a eu, autant qu’aujourd’hui, d’individus amorphes, ouverts à toutes les suggestions et à toutes les intoxications idéologiques, au point qu’ils deviennent les succubes, souvent sans s’en douter le moins du monde, des courants psychiques et des manipulations engendrés par l’ambiance intellectuelle, politique et sociale dans laquelle nous vivons. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 164


« [...] l’une des conditions fondamentales d’un retour à la normale consiste à rompre la démonie qu’exerce l’économie dans le monde occidental moderne. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 167


« [...] le judaïsme moderne, en tant que pouvoir [...], est inséparable du capitalisme et de la finance, qui appartiennent évidemment à la civilisation du tiers état [la bourgeoisie]. Il en va de même de la maçonnerie moderne : elle a préparé idéologiquement et soutenu l’avènement du tiers état, elle apparaît aujourd’hui comme la gardienne des principes de la philosophie des Lumières et de la Révolution française, ses doctrines constituant une sorte de religion laïque de la démocratie moderne, où s’est exercée et continue de s’exercer son action militante, soit avouée, soit semi-secrète. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 191-192


« La mesure de la liberté concrète, de l’indépendance et de l’autonomie est, avant tout, la puissance. L’Europe aurait pu être encore la troisième grande force dans le monde si elle avait fait bloc et si elle avait su garder les immenses réserves de matières premières et les vastes marchés extra-européens, si un principe établi de solidarité stricte avait fait se ranger immédiatement et absolument toutes les nations européennes aux côtés de celle qui eût été, d’une façon quelconque, menacée. Mais on n’a pas suivi cette ligne de conduite qui, du reste, a peu d’antécédents dans l’histoire de l’Europe (à l’exception, par conséquent, de la période romaine et, partiellement, de celle du Moyen Age gibelin et de la Sainte-Alliance). Et les capitulations se sont succédées. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 236


« Dans une Europe unitaire, patries et nations peuvent subsister (les communautés ethniques ont été respectées, pour une part, même dans le totalitarisme de l’U.R.S.S.). Ce qui devrait être exclu, c’est le nationalisme (avec son prolongement tératologique, l’impérialisme) et le chauvinisme, c’est-à-dire l’absolutisation fanatique d’une communauté particulière. Empire, donc, et non “Europe Nation” ou “Patrie européenne” serait, doctrinalement, le terme juste. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 238


« Le schéma d’un empire, au sens vrai, organique (à distinguer soigneusement de l’impérialisme qui, nous l’avons vu, n’est qu’une fâcheuse exaspération du nationalisme) est celui qu’on vit à l’œuvre, par exemple, dans l’œcumène européen médiéval. Il concilie unité et multiplicité. Les États y ont le caractère d’unités organiques partielles, gravitant autour d’un unum quod non est pars (pour reprendre l’expression de Dante), c’est-à-dire d’un principe d’unité, d’autorité et de souveraineté supérieur à celui que chaque État particulier peut revendiquer. Mais le principe de l’Empire ne peut prétendre à pareille dignité que s’il transcende la sphère politique au sens étroit, en ce qu’il se fonde sur idée, une tradition, un pouvoir spirituel dont procède sa légitimité. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 239


« L’unité européenne serait toujours précaire si elle s’appuyait sur quelque parlement international, dépourvu d’autorité supérieure, où seraient représentés des régimes politiques particuliers de type démocratique, qui, étant toujours, et d’une façon changeante, conditionnés par le bas, ne sauraient en aucune manière assurer une continuité de volonté et de direction politique. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 240


« [...] le problème du fondement spirituel d’une Europe organiquement une reste en suspens, et si des forces révolutionnaires voulaient agir sous le signe d’une telle Europe, elles se trouveraient en quelque sorte privées d’arrières spirituels sûrs et laisseraient derrière elles un terrain mouvant et miné, à moins que l’on ne commence par combattre, de l’intérieur, sous toutes leurs formes, aiguës ou diluées, les maux qui se manifestent aujourd’hui, chez les puissances non européennes et anti-européennes, avec une ampleur macroscopique et presque comme une Némésis. Une désintoxication interne aussi poussé que possible, même s’il fallait la payait cher, apparaît donc comme une exigence fondamentale. Comment méconnaître, par exemple, abstraction faite des domaines politique et économique, l’emprise, sur le plan pratique, de l’américanisation, dans les coutumes, les goûts, les engouements des masses européennes ? »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 244


« Il serait, bien entendu, parfaitement utopique de vouloir s’opposer, en fait, à tout ce qui constitue, sur le plan matériel, la civilisation moderne ; cela impliquerait, entre autres choses, de renoncer aux armes actuelles d’attaque et de défense. Mais on peut toujours fixer une distance et une limite. On peut circonscrire ce qui est “moderne” dans un domaine concret, “physique”, bien contrôlé, sur le plan des simples moyens, en lui superposant un ordre plus élevé, défendu comme il se doit, là où les valeurs révolutionnaires-conservatrices devraient être inconditionnellement reconnues. Hier encore, le Japon avait démontré la possibilité et la fécondité d’une telle solution. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 245


« À ceux qui disent que les peuples européens ont aujourd’hui une culture commune et réalisent ainsi une des conditions requises pour en faire une seule nation, il faut répondre que cette culture est désormais commune, non seulement aux Européens, mais aussi à une grande partie du monde “civilisé”. Elle n’a pas de frontières. Des apports européens — livres, artistes, études, etc. — ont été assimilés par des pays non européens, et inversement ; ce nivellement général de fait (qui s’étend aux façons de vivre et aux goûts) associé à celui qu’entraînent la science et la technique, sert d’argument à ceux qui ne veulent pas une Europe unie mais un monde unifié, dans le cadre d’une organisation ou d’un État mondial. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 245-246


« Il est claire qu’avec tout ce qui se résume dans la formule d’“antifascisme” il ne peut y avoir de compromis ni de “colloque” d’aucune sorte. La première désintoxication européenne devrait s’appliquer à cet “antifascisme”, idée fixe et mot d’ordre de la “croisade” qui a réduit l’Europe à un champ de ruines. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 246


« Le sans-caste, le serf émancipé et le paria glorifié — “l’homme libre” moderne — se heurte à la masse des autres hommes sans caste, et, pour finir, à la force brutale du collectif. La chute se poursuit donc également par cette voie : l’homme régresse du plan personnel dans l’anonymat, le troupeau, la quantité pure, chaotique, inorganique. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. L’Âge d’Homme, 1991 (ISBN 9782825101643), p. 378


« L’aristocratie cède le pas à la ploutocratie. Le guerrier s’efface devant le banquier et l’industriel. L’économie triomphe sur toute la ligne. Le trafic avec la monnaie et l’intérêt, autrefois confiné dans les ghettos, envahi la civilisation nouvelle. Selon l’expression de Sombart, dans la terre promise du puritanisme protestant, avec l’américanisme et le capitalisme, ne vit que l’“esprit juif distillé”. Et il est naturel qu’en fonction de cette familiarité les représentants modernes du judaïsme sécularisé aient pratiquement vu s’ouvrir devant eux, pendant cette phase, la voie de la conquête du monde. Les expressions suivantes de Karl Marx sont caractéristiques : “Quel est le fond profane du judaïsme ? Le besoin pratique, l’utilité personnelle. Quel est le culte profane du juif ? Le trafic. Quel est son dieu profane ? L’argent (...). Le juif s’est émancipé d’une manière juive, non seulement en se rendant maître du marché financier, mais parce que, grâce à lui et par lui, l’argent est devenu une puissance mondiale, et l’esprit pratique juif l’esprit pratique des peuples chrétiens. Les juifs se sont émancipés dans la mesure même ou les chrétiens sont devenus juifs (...). Le dieu des juifs s’est sécularisé et est devenu le dieu mondial. Le change, voila le vrai dieu des juifs”. En fait on peut dire que la codification du trafic de l’or sous la forme du prêt et de l’intérêt, auquel le juif surtout s’était précédemment consacré, n’ayant aucun autre moyen de s’affirmer, est la base même de l’acceptation et du développement aberrant dans le monde moderne de tout ce qui est banque, finance, économie pure, jusqu’à un stade qui évoque la prolifération d’un cancer. C’est là l’étape fondamentale de l‘“ère des marchands”.

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. L’Âge d’Homme, 1991 (ISBN 9782825101643), p. 386-387


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