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Citations

« Regardez tous ces gens qui se dressent au-dessus du peuple chrétien, n’ont-ils pas altéré l’image de Dieu et sa vérité ? Ils ont la science assujettie aux sens. Quant au monde spirituel, la moitié supérieure de l’être humain, on le repousse, on le bannit allègrement, même avec haine. Le monde a proclamé la liberté [...] ; mais que représente cette liberté ! Rien que l’esclavage et le suicide ! Car le monde dit : “Tu as des besoins, assouvis-les, tu possèdes les mêmes droits que les grands, et les riches. Ne crains pas donc pas de les assouvir, accrois-les même” ; voilà ce qu’on enseigne maintenant. Telle est leur conception de la liberté. Et que résulte-t-il de ce droit à accroître les besoins ? Chez les riches, la solitude et le suicide spirituel ; chez les pauvres, l’envie et le meurtre, car on a conféré des droits, mais on a pas encore indiqué les moyens d’assouvir les besoins. On assure que le monde, en abrégeant les distances, en transmettant la pensée dans les airs, s’unira toujours davantage, que la fraternité régnera. Hélas ! Ne croyez pas à cette union des hommes. Concevant la liberté comme l’accroissement des besoins et leur prompte satisfaction, ils altèrent leur nature, car ils font naître en eux une foule de désirs insensés, d’habitudes et d’imaginations absurdes. Ils ne vivent que pour s’envier mutuellement, pour la sensualité et l’ostentation. [...] quant aux pauvres, l’inassouvissement des besoins et de l’envie sont pour le moment noyés dans l’ivresse. Mais bientôt, au lieu de vin, ils s’enivreront de sang, c’est le but vers lequel on les mène. Dites-moi si un tel homme est libre. Un “champion de l’idée” me racontait un jour qu’étant en prison on le priva de tabac et que cette privation lui fut si pénible qu’il faillit trahir son “idée” pour en obtenir. Or cet individu prétendait “lutter pour l’humanité”. De quoi peut-il être capable ? Tout au plus d’un effort momentané, qu’il ne soutiendra pas longtemps. Rien d’étonnant à ce que les hommes aient rencontré la servitude au lieu de la liberté, et qu’au lieu de servir la fraternité et l’union ils soient tombés dans la désunion et la solitude [...]. Aussi le dévouement à l’humanité, de la fraternité, de la solidarité disparaît-elle graduellement dans le monde ; en réalité, on l’accueille même avec dérision, car comment se défaire de ses habitudes, où ira ce prisonnier des besoins innombrables par lui inventés ? Dans la solitude, il se soucie fort peu de la collectivité. En fin de compte, les biens matériels se sont accrus et la joie a diminué. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Frères Karamazov (1880), trad. Henri Montgault, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1994 (ISBN 9782070389629), p. 425-426


« Des siècles passeront et l’humanité proclamera par la bouche de ses savants et de ses sages qu’il n’y a pas de crimes, et, par conséquent, pas de péché ; qu’il n’y a que des affamés. “Nourris-les, et alors exige d’eux qu’ils soient “vertueux” ! Voilà ce qu’on inscrira sur l’étendard de la révolte qui abattra ton temple. À sa place un nouvel édifice s’élèvera, une seconde tour de Babel, qui restera sans doute inachevée, comme la première ; mais tu aurais pu épargner aux hommes cette nouvelle tentative et mille ans de souffrance. Car ils viendront nous trouver, après avoir peiné mille ans à bâtir leur tour ! [...] Aucune science ne leur donnera du pain, tant qu’ils demeureront libres, mais ils finiront par la déposer à nos pieds, cette liberté, en disant : “Réduisez-nous plutôt en servitude, mais nourrissez-nous.” »

— Fiodor Dostoïevski, Les Frères Karamazov (1880), trad. Henri Montgault, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1994 (ISBN 9782070389629), p. 352-353


« Ce n’est pas l’Église qui se convertit en État, notez-le bien, cela c’est Rome et son rêve, c’est la troisième tentation diabolique. Au contraire c’est l’État qui se convertit en Église, qui s’élève jusqu’à elle et devient une Église sur la terre entière, ce qui est diamétralement opposé à Rome, à l’ultramontanisme, à votre interprétation, et n’est que la mission sublime réservée à l’orthodoxie dans le monde. C’est en Orient que cette étoile commencera à resplendir. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Frères Karamazov (1880), trad. Henri Montgault, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1994 (ISBN 9782070389629), p. 114


« [...] plus j’aime l’humanité en général, moins j’aime les gens en particulier, comme individus. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Frères Karamazov (1880), trad. Henri Montgault, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1994 (ISBN 9782070389629), p. 101-102


« Il n’y a pas de péché sur la terre que Dieu ne pardonne à celui qui se repent sincèrement. L’homme ne peut pas commettre de péché capable d’épuiser l’amour infini de Dieu. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Frères Karamazov (1880), trad. Henri Montgault, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1994 (ISBN 9782070389629), p. 94


« [...] le socialisme, ce n’est pas seulement la question ouvrière ou celle du quatrième état, mais c’est surtout la question de l’athéisme, de son incarnation contemporaine, la question de la tour de Babel, qui se construit sans Dieu, non pour atteindre les cieux de la terre, mais pour abaisser les cieux jusqu’à la terre. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Frères Karamazov (1880), trad. Henri Montgault, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1994 (ISBN 9782070389629), p. 61-62


« [...] je déclare (et encore une fois, pour le moment, sans preuves) que l’amour de l’humanité n’est même pas concevable, compréhensible ni possible sans foi concomitante en l’immortalité de l’âme humaine. »

— Fiodor Dostoïevski, Journal d’un écrivain (1873-1881), trad. Gustave Aucouturier, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2007 (ISBN 9782070107322), p. 814


« L’homme a besoin non pas tant de son propre bonheur que de savoir et de croire à chaque instant qu’il existe déjà quelque part un bonheur absolu et une paix pour tous et pour tout... Toute la loi de l’existence humaine consiste en la possibilité pour l’homme de s’incliner devant quelque chose d’infiniment grand. Si l’on prive les hommes de cet infiniment grand, ils refuseront de vivre et mourront dans le désespoir. L’infini, l’absolu est aussi indispensable à l’homme que cette petite planète où il vit... Mes amis, tous, tous ! Vive la Grande Pensée ! La Pensée éternelle, infinie ! Il est indispensable à tout homme, quel qu’il soit, de s’incliner devant la Grande Pensée. L’homme le plus bête a besoin de quelque chose de grand. Pétroucha... Oh ! comme je voudrais les revoir tous ! Ils ne savent pas, ils ne savent pas qu’ils renferment en eux, eux aussi, cette Grande Pensée, cette Pensée éternelle ! »

— Fiodor Dostoïevski, Les Démons (1871), trad. Marthe Robert, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1997 (ISBN 9782070394166), p. 940-941


« Jusqu’ici l’homme n’a fait qu’inventer Dieu pour vivre sans se tuer ; voilà toute l’histoire du monde jusqu’à nos jours ! »

— Fiodor Dostoïevski, Les Démons (1871), trad. Marthe Robert, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1997 (ISBN 9782070394166), p. 880


« Tous vos efforts doivent tendre à ce que tout s’écroule, l’État et sa morale. Nous resterons seuls debout, nous qui nous sommes préparés depuis longtemps à prendre le pouvoir en main. Nous nous annexerons les gens intelligents, et pour ce qui est des imbéciles, nous monterons sur leur dos. Cela ne doit pas vous troubler. Il nous faudra rééduquer la génération actuelle pour la rendre digne de la liberté. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Démons (1871), trad. Marthe Robert, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1997 (ISBN 9782070394166), p. 865-866


« Partant de la liberté illimitée, j’aboutis au despotisme illimité. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Démons (1871), trad. Marthe Robert, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1997 (ISBN 9782070394166), p. 586


« Tout peuple n’est un peuple que tant qu’il possède son propre Dieu, son Dieu à lui, et nie sans admettre nul compromis tous les autres Dieux, tant qu’il croit que grâce à son Dieu, il triomphera de tous les autres Dieux et les chassera. Telle était précisément la foi de tous les grands peuples, de tous les peuples du moins qui ont joué un certain rôle dans l’histoire et ont marché à la tête de l’humanité. Impossible de lutter contre les faits. Les juifs n’ont vécu que pour attendre le vrai Dieu, et on légué au monde le vrai Dieu. Les Grecs ont divisé la nature et on légué au monde leur religion, c’est-à-dire la philosophie et la science. Rome a divinisé le peule dans l’État et a légué aux peuples l’idée de l’État. La France, incarnation du Dieu romain, n’a fait, tout au long de son histoire, que développer l’idée de ce Dieu romain, et si elle a fini par le jeter à bas et s’est précipité elle-même dans l’athéisme, qui s’intitule là-bas provisoirement socialisme, c’est uniquement parce que l’athéisme est, malgré tout, plus sain encore que le catholicisme romain. Si un grand peuple cesse de croire qu’il est le seul capable, grâce à sa vérité, de rénover et de sauver les autres peuples, il cesse aussitôt d’être un grand peuple et devient une simple matière ethnographique. Un peuple vraiment grand ne se contentera jamais d’un rôle secondaire dans l’humanité, ni même d’un rôle de premier plan : ce qu’il lui faut, c’est la toute première place, le rôle unique. Le peuple qui perd cette foi, n’est plus un peuple. Cependant la vérité est une, et, par conséquent, parmi tous les peuples il n’y en a qu’un qui détienne le vrai Dieu, si puissants que soient les Dieux des autres peuples. Le seul peuple “théophore” est le peuple russe [...]. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Démons (1871), trad. Marthe Robert, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1997 (ISBN 9782070394166), p. 379-380


« Quand les peuples commencent à avoir des dieux communs, c’est signe de mort pour ces peuples. Quand les Dieux deviennent communs à plusieurs peuples, les Dieux meurent, ainsi que les peuples et leur foi. Plus un peuple est fort, plus son Dieu diffère des autres Dieux. Jamais encore, il n’y eut de peuple sans religion, c’est-à-dire sans notion du bien et du mal. Chaque peuple possède sa propre notion du bien et du mal, son propre bien et son propre mal. Quand plusieurs peule mettent en commun leurs notion du bien et du mal, alors ces peuples tombent en décadence, alors la distinction même entre le bien et le mal s’efface et disparaît. Jamais la raison n’a été et me sera capable de définir le bien et le mal ou même de séparer le mal du bien, ne fût-ce qu’approximativement. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Démons (1871), trad. Marthe Robert, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1997 (ISBN 9782070394166), p. 378


« — Celui qui enseignera aux hommes qu’ils sont tous bons, celui-là terminera l’histoire du monde.
— Celui qui l’enseigna, on l’a crucifié.
— Il viendra et son nom sera le Dieu-Homme.
— L’Homme-Dieu ?
— Le Dieu-Homme, c’est en cela qu’est la différence. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Démons (1871), trad. Marthe Robert, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1997 (ISBN 9782070394166), p. 360


« Un homme nouveau viendra, heureux et fier. Celui auquel il sera indifférent de vivre ou de ne pas vivre, celui-là sera l’homme nouveau. Celui qui vaincra la souffrance et la terreur, celui-là sera lui-même Dieu. Quant à l’autre Dieu, il ne sera plus. [...]

Celui qui vaincra la souffrance et la peur, sera lui-même Dieu. Alors commencera une vie nouvelle, alors paraîtra l’homme nouveau. Tout sera nouveau... »

— Fiodor Dostoïevski, Les Démons (1871), trad. Marthe Robert, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1997 (ISBN 9782070394166), p. 189


« J’ai observé, me glissa un jour Stépane Trophimovitch, que tous ces socialistes enragés et ces communistes sont en même temps des êtres avares, et ont des âmes d’acquéreurs, de propriétaires, si bien que plus ils sont socialistes, plus ils se montrent avides. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Démons (1871), trad. Marthe Robert, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1997 (ISBN 9782070394166), p. 136


« Non seulement vous ne connaissiez pas le peuple, mais vous n’aviez pour lui que le plus abominable mépris, parce que le peuple pour vous c’était uniquement le peuple français, et même les seuls Parisiens, et vous étiez honteux de ce que le peuple russe ne leur ressemblât pas. C’est la vérité pure. Or celui qui n’a point de peuple, n’a point de Dieu. Sachez que tous ceux qui cessent de comprendre leur peuple, et n’ont plus de contact avec lui, perdent dans la même mesure la foi de leurs pères, et deviennent des athées ou des indifférents. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Démons (1871), trad. Marthe Robert, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1997 (ISBN 9782070394166), p. 82


« [...] l’Occident a perdu le Christ (par la faute du catholicisme), c’est pour cela qu’il chute, uniquement pour cela. »

— Fiodor Dostoïevski, Lettre à Nikolaï Strakhov, trad. Anne Coldefy-Faucard, 18 (30) mai 1871


« Toute la mission de la Russie réside dans l’orthodoxie, dans la lumière venue d’Orient qui ruissellera sur l’humanité aveugle d’Occident, laquelle a perdu le Christ. Tout le malheur de l’Europe, tout, tout, sans exception aucune, vient de ce qu’avec l’Église de Rome, ils ont perdu le Christ, puis décidé qu’ils s’en passeraient. »

— Fiodor Dostoïevski, Lettre à Apollon Maïkov, trad. Anne Coldefy-Faucard, 9 (21) octobre 1870


« Le cercle de l’avenir russe s’élargit, la pensée est fondée non seulement d’un grand État mais de tout un monde nouveau, destiné à rénover le christianisme par l’idée orthodoxe panslave et à apporter à l’humanité une pensée nouvelle lorsque l’Occident commencera à pourrir ; or il pourrira quand le pape aura définitivement mutilé le Christ et par là même engendré l’athéisme dans l’humanité occidentale souillée. »

— Fiodor Dostoïevski, Lettre à Apollon Maïkov, trad. Anne Coldefy-Faucard, 15 (27) mai 1869


« Ah ! soyez certains que ce n’est pas quand il a découvert l’Amérique, mais quand il a été sur le point de la découvrir que Colomb a été heureux. Soyez persuadés que le moment culminant de son bonheur s’est peut-être placé trois jours avant la découverte du Nouveau Monde, lorsque l’équipage au désespoir s’est rebellé et a été sur le point de faire demi-tour pour revenir en Europe. Il ne s’agissait pas ici du Nouveau Monde, qui aurait pu s’effondrer. Colomb est mort l’ayant a peine vu et sans savoir, au fond, ce qu’il avait découvert. Ce qui compte, c’est la vie, la vie seule [...]. »

— Fiodor Dostoïevski, L’Idiot (1869), trad. Albert Mousset, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2005 (ISBN 9782070389636), p. 479


« Est-il vrai, prince, que vous ayez dit un jour que la “beauté” sauverait le monde ? Messieurs, s’écria-t-il en prenant toute la société à témoin, le prince prétend que la beauté sauvera le monde ! »

— Fiodor Dostoïevski, L’Idiot (1869), trad. Albert Mousset, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2005 (ISBN 9782070389636), p. 464


« Elle est connue : le crime est une protestation contre une organisation sociale anormale ; voilà tout et rien de plus et ils n’admettent aucune autre raison, pas une...

— En voilà une erreur ! cria Porphyre Petrovitch. Il s’animait peu à peu et riait en regardant Rasoumikhine dont l’emballement ne faisait que croître.

— Ils n’admettent pas une autre cause, l’interrompit Rasoumikhine avec feu. Je ne me trompe pas ; je te montrerai leurs livres ; je te montrerai qu’ils disent : “tel individu a été perdu par son milieu” et c’est tout ; c’est leur phrase favorite. D’où la conclusion que si la société était organisée de façon normale, il n’y aurait plus de crimes car on n’aurait plus à protester et tous les hommes deviendraient des “justes”. Ils ne prennent pas en considération la nature ; ils la suppriment ; elle n’existe pas pour eux. Ils ne voient pas une humanité qui se développe par une progression historique et vivante et produit enfin une société normale, mais un système social sorti d’une tête de mathématicien et qui doit organiser, en un clin d’oeil, la société, la rendre juste et parfaite avant tout processus historique ; d’où leur haine instinctive pour l’histoire. Ils disent : “C’est un ramassis d’horreurs et d’absurdités” et tout s’explique immanquablement par l’absurdité ; d’où également leur haine de ce processus vivant qu’est l’existence ; pas besoin d’âme vivante, car l’âme vivante a ses exigences, elle n’obéit pas aveuglément à la mécanique, une âme vivante est méfiante, elle est rétrograde et celle qu’ils veulent peut puer la charogne, être faite de caoutchouc, en revanche elle est morte, dénuée de volonté ; c’est un esclave qui n’ira jamais se révolter et il en résulte que tout leur système est établi sur une superposition de briques : par la manière de disposer les corridors et les pièces d’un phalanstère ! Ce phalanstère, il est prêt, mais c’est la nature humaine qui ne l’est point ; elle veut encore vivre, traverser tout le processus de la vie avant de s’en aller au cimetière. La logique ne suffit pas à permettre ce saut par-dessus la nature. La logique ne prévoit que trois cas quand il y en a un million. Ce million, le supprimer et ramener tout à l’unique question du confort ! Voilà la solution la plus facile du problème. Une solution d’une clarté séduisante et qui rend toute réflexion inutile, voilà l’essentiel. Tout le mystère de la vie tient dans deux feuilles d’impression... »

— Fiodor Dostoïevski, Crime et châtiment (1866), trad. Doussia Ergaz, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1950 (ISBN 9782070392537), p. 272


« Les hommes aiment bâtir et se tracer des chemins, d’accord. Mais pourquoi aiment-ils aussi passionnément la destruction et le chaos ? »

— Fiodor Dostoïevski, Les Carnets du sous-sol (1864), trad. André Markowicz, éd. Actes Sud, 1992 (ISBN 9782868697998), p. 47


« Mais l’homme est à ce point esclave de son système et de ses conclusions abstraites qu’il est prêt, en toute conscience, à déformer la vérité, prêt à ne plus rien voir, à ne plus rien entendre, du moment qu’il justifie mieux cette logique. »

— Fiodor Dostoïevski, Les Carnets du sous-sol (1864), trad. André Markowicz, éd. Actes Sud, 1992 (ISBN 9782868697998), p. 35
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Citations sur Fiodor Dostoïevski

« Aujourd’hui, l’Europe occidentale, précipitée dans le rythme d’un processus catastrophique, se tourne vers Dostoïevski ; elle est plus capable de le comprendre. Par la volonté du destin, elle est sortie de cet état de consentement de soi, d’essence bourgeoise, où, jusqu’à la catastrophe de la guerre mondiale, elle espérait visiblement demeurer toujours. La société européenne s’est maintenue très longtemps aux lisières de l’être et s’est contentée d’une existence extérieure. Elle voulait s’établir jusqu’à la consommation des siècles à la surface de la terre. Mais, dans cette Europe ainsi bourgeoisement organisée, le sous-sol de la terre s’est révélé volcanique : les peuples européens se sont découvert une profondeur spirituelle. [...] Ainsi la valeur de Dostoïevski est si grande qu’il suffit au peuple russe de le nommer pour justifier son existence dans le monde. Dostoïevski témoignera pour lui au Jugement Dernier des peuples. »

Nicolas Berdiaev, L’Esprit de Dostoïevski (1923), trad. Alexis Nerville, éd. Stock, 1974, p. 286-287


« Si la fondation de Pétersbourg a été le premier acte de l’Antichrist, l’autodestruction de la société formée par Pétersbourg en est le second : tel doit être le sentiment intérieur de la paysannerie. [...] Le vrai Russe est un disciple de Dostoïewski, bien qu’il ne le lise pas, bien que et parce qu’il ne sait même pas lire. »

Oswald Spengler, Le Déclin de l’Occident (1918-1922), trad. Mohand Tazerout, éd. Gallimard, coll. « La Nouvelle Revue française », 1948 (ISBN 9782070260478), t. 2, p. 180


« Il m’est arrivé avec Dostoïevski la même chose qu’autrefois avec Stendhal : le contact le plus accidentel, un livre que l’on feuillette dans une librairie, tout vous est inconnu jusqu’au nom — et soudain votre instinct vous dit que vous avez rencontré là un proche parent... La Maison des morts et un des livres les plus humains qui soit. Mais le libre que j’ai lu d’abord… c’est l’Esprit souterrain, il se compose de deux nouvelles : la première est une sorte de musique inconnue, la seconde — un véritable coup de génie psychologique — poursuit de ses sarcasmes impitoyables le γνῶθι, mais avec tant d’audace et de satisfaction désinvoltes révélant une force supérieure, que cette lecture m’atout à fait enivré de plaisir... Du reste je constate déjà que la jeune génération des romanciers parisiens est tyrannisée par son influence et la jalousie qu’elle éprouve à l’égard Dostoïevski (par exemple Paul Bourget) [...]. »

Friedrich Nietzsche, Lettre à Peter Gast, 7 mars 1887

« L’Europe n’a aucun écrivain vivant, parmi les jeunes, à mettre en balance avec deux ou trois romanciers de génie qui périssent actuellement de misère, dans le cachot volontaire de leur probité d’artistes. La mort de Dostoïewsky a fait l’universel silence autour de Paris [...]. »

Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 373

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