« Un des grands malheurs de la vie moderne, c’est le manque d’imprévu, l’absence d’aventures. »

« La vie moderne autorise les voyages, mais ne procure pas d’aventure. »

"The tragedy of modern man is not that he knows less and less about the meaning of his own life, but that it bothers him less and less."

« L'élément tragique pour l'homme moderne, ce n'est pas qu'il ignore le sens de sa vie, mais que ça le dérange de moins en moins. »

« Nos pères détruisirent joyeusement, parce qu'ils vivaient à une époque qui conservait quelques vestiges de la solidité du passé. C'était cela même qu'ils détruisaient qui donnait assez de force à la société pour qu'ils puissent détruire sans sentir l'édifice se disjoindre. Nous héritons de la destruction et de ses résultats. De nos jours, le monde appartient aux imbéciles, aux coeurs secs et aux agités. Le droit de vivre et de triompher s'acquiert aujourd'hui par les mêmes moyens que s'obtient un internement à l'asile : l'incapacité de penser, l'amoralité et l'hyperexcitation. »

« Ici, nous n'avons pas l'emploi des vieilles choses. [...] Surtout si elles sont belles. La beauté attire, et nous ne voulons pas qu'on soit attiré par les vieilles choses. Nous voulons qu'on aime les neuves. »

« Tout d’un coup, il m’est devenu indifférent de ne pas être moderne. »

  • Roland Barthes, « Délibération », in Tel Quel, note du 13 août 1977

« La crise consiste justement dans le fait que l'ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés. »

  • Antonio Gramsci, Cahiers de prison, trad. Monique Aymard et Françoise Bouillot, éd. Gallimard, Cahier 3, §34, p. 283

« Je crois que le monde moderne est une entreprise de dénaturation de l’homme et de la création. Je crois à l’inégalité parmi les hommes, à la malfaisance de certaines formes de la liberté, à l’hypocrisie de la fraternité. Je crois à la force et à la générosité. Je crois à d’autres hiérarchies que celle de l’argent. Je crois le monde pourri par ses idéologies. Je crois que gouverner c’est préserver notre indépendance, puis nous laisser vivre à notre gré. »

« Les trois grands éléments de la civilisation moderne sont la poudre, l'imprimerie et la religion protestante. »

"In fundamental ways, much of the world is becoming more modern and less Western."

  • Samuel Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order (1996), Simon & Schuster, 1997 (ISBN 9780684844411), p. 78
« Fondamentalement, le monde est en train de devenir plus moderne et moins occidental. »

"The religious resurgence throughout the world is a reaction against secularism, moral relativism and self-indulgence, and a reaffirmation of the values of order, discipline, work, mutual help and human solidarity."

  • Samuel Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order (1996), Simon & Schuster, 1997 (ISBN 9780684844411), p. 96
« La résurgence religieuse à travers le monde est une réaction à la laïcisation, au relativisme moral et à la tolérance individuelle, et une réaffirmation des valeurs d'ordre, de discipline, de travail, d'entraide et de solidarité humaine. »

« On dirait que les hommes, plus ils se connaissent, moins ils s’aiment, plus ils se touchent et plus ils se rétractent, plus ils prennent une conscience exclusive d’eux-mêmes et plus ils s’attachent à leurs caractères propres et à leurs différences fondamentales. »

  • Paul Claudel, notant dans les années 30, l’étonnante concomitance entre la montée des nationalismes européens et les progrès de la communication, de la radio, du téléphone, de la photographie, du rail

« Le canon a tué la féodalité ; l’encre tuera la société moderne. »

« [...] la dépréciation du passé est devenue l’un des symptômes les plus significatifs de la crise culturelle à laquelle ce livre est consacré. Je ferai souvent appel à l’expérience historique pour expliquer nos errements présents. Le refus du passé, attitude superficiellement progressiste et optimiste, se révèle, à l’analyse, la manifestation du désespoir d’une société incapable de faire face à l’avenir. »

« Je n’ai aucune foi dans le "progrès", ni dans la "modernité", ni dans la "bonté de l’homme". Au contraire, je suis un démolisseur de ces mythes. Je n'aime que les grands hommes, car ils sont la seule lueur dans les bois. »

« Notre temps est si rongé de bonnes intentions, si désireux de faire le bien qu’il voit le mal partout [...]. »

  • Philippe Muray, Après l’Histoire, in Essais, éd. Les Belles Lettres, 2010 (ISBN 9782251443935), p. 178

« Vous vivez lâchement, sans rêve, sans dessein,
Plus vieux, plus décrépis que la terre inféconde,
Châtrés dès le berceau par le siècle assassin
De toute passion vigoureuse et profonde.

Votre cervelle est vide autant que votre sein,
Et vous avez souillé ce misérable monde
D’un sang si corrompu, d’un souffle si malsain,
Que la mort germe seule en cette boue immonde.

Hommes, tueurs de Dieux, les temps ne sont pas loin
Où, sur un grand tas d’or vautrés dans quelque coin,
Ayant rongé le sol nourricier jusqu’aux roches,

Ne sachant faire rien ni des jours ni des nuits,
Noyés dans le néant des suprêmes ennuis,
Vous mourrez bêtement en emplissant vos poches. »

« Il ne fait aucun doute que la raison profonde de tout ce qui se passe actuellement réside dans le vide colossal laissé par le christianisme défunt dans l'humanité européenne (russe comprise) ; tout s'écroule dans ce vide... tout s'écroule dans le vide d'une âme privée de son contenu antique. »

  • Vassili Rozanov, L'apocalypse de notre temps, trad. Jacques Michaut, éd. L'Âge d'Homme, 1976, p. 35

« Pour les hommes d’aujourd’hui la gloire n’est plus depuis longtemps que la célébrité, et par suite quelque chose de très douteux, un acquit jeté et distribué ici et là par les journaux et la radio – presque le contraire de l’être. »

  • Martin Heidegger, Introduction à la métaphysique [Einführung in die Metaphysik], 1935, 1958 (trad.)

« La civilisation industrielle n’est possible que lorsqu’il n’y a pas de renoncement. La jouissance jusqu’aux limites extrêmes que lui imposent l’hygiène et les lois économiques. Sans quoi les rouages cessent de tourner. […] La passion et la neurasthénie, c’est l’instabilité. Et l’instabilité, c’est la fin de la civilisation. On ne peut avoir une civilisation durable sans une bonne quantité de vices aimables. […] La civilisation n'a pas le moindre besoin de noblesse ou d'héroïsme. Ces choses-là sont des symptômes d'incapacité politique. Dans une société convenablement organisée comme la nôtre, personne n'a l'occasion d'être noble ou héroïque. Il faut que les conditions deviennent foncièrement instables avant qu'une telle occasion puisse se présenter. Là où il y a des guerres, là où il y a des serments de fidélité multiples et divisés, là où il y a des tentations auxquelles on doit résister, des objets d'amour pour lesquels il faut combattre ou qu'il faut défendre, là, manifestement, la noblesse et l'héroïsme ont un sens. Mais il n'y a pas de guerres, de nos jours. On prend le plus grand soin de vous empêcher d'aimer exagérément qui que ce soit. Il n'y a rien qui ressemble à un serment de fidélité multiple ; vous êtes conditionné de telle sorte que vous ne pouvez vous empêcher de faire ce que vous avez à faire. Et ce que vous avez à faire est, dans l'ensemble, si agréable, on laisse leur libre jeu à un si grand nombre de vos impulsions naturelles, qu'il n'y a véritablement pas de tentations auxquelles il faille résister. Et si jamais, par quelque malchance, il se produisait d'une façon ou d'une autre quelque chose de désagréable, eh bien, il y a toujours le soma qui vous permet de prendre un congé, de vous évader de la réalité. Et il y a toujours le soma pour calmer votre colère, pour vous réconcilier avec vos ennemis, pour vous rendre patient et vous aider à supporter les ennuis. Autrefois, on ne pouvait accomplir ces choses-là qu'en faisant un gros effort et après des années d'entraînement moral pénible. A présent, on avale deux ou trois comprimés d'un demi-gramme, et voilà. Tout le monde peut être vertueux, à présent. On peut porter sur soi, en flacon, au moins la moitié de sa moralité. Le christianisme sans larmes, voilà ce qu'est le soma. »

  • Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, trad. Jules Castier, éd. Pocket, 1977 (ISBN 9782266023108), chap. 17, p. 262

"Nowadays people know the price of everything, and the value of nothing."

  • Oscar Wilde, The Picture of Dorian Gray (1891), in The Major Works, Oscar Wilde, éd. Penguin, 2000 (ISBN 9780192840547), p. 82
« Aujourd'hui, chacun sait le prix de toutes choses, et nul ne connaît la valeur de quoi que ce soit. »
  • Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray (1891), trad. Eugène Tardieu et Georges Maurevert, éd. A. Savine, 1895, chap. IV, p. 68

"To be really mediæval one should have no body. To be really modern one should have no soul. To be really Greek one should have no clothes."

  • Oscar Wilde, A Few Maxims for the Instruction of the Over-Educated (1894)
« Pour être vraiment médiéval, il ne faut pas avoir de corps. Pour être vraiment moderne, il ne faut pas avoir d'âme. Pour être vraiment grec, il faut être nu. »

« Au surplus, a toujours vécu dans un recoin de l'esprit cet espoir étrange d'une destruction totale, seul remède à l'ennui qui consume l'homme moderne. »

  • Jean Raspail, Le Camp des Saints (1973), éd. Robert Laffont, 2011 (ISBN 9782221123966), p. 310

« [...] notre époque, grossièrement matérialiste et utilitaire, a pour prétention de faire disparaître toute espèce de friche et de broussailles aussi bien du globe que de l’âme humaine. Asservie aux idées de rapport, la société, cette vieille ménagère qui n’a plus de jeune que ses besoins et qui radote de ses lumières, ne comprend pas plus les divines ignorances de l’esprit, cette poésie de l’âme qu’elle veut échanger contre de malheureuses connaissances toujours incomplètes, qu’elle n’admet la poésie des yeux, cachée et visible sous l’apparente inutilité des choses. Pour peu que cet effroyable mouvement de la pensée moderne continue, nous n’aurons plus, dans quelques années, un pauvre bout de lande où l’imagination puisse poser son pied pour rêver, comme le héron sur une de ses pattes. Alors, sous ce règne de l’épais génie des aises physiques qu’on prend pour de la civilisation et du progrès, il n’y aura ni ruines, ni mendiants, ni terres vagues, ni superstitions [...]. »

« Par le mot de décadence, on désigne volontiers l’état d’une société qui produit un trop petit nombre d’individus propres aux travaux de la vie commune. Une société doit être assimilée à un organisme. Comme un organisme, en effet, elle se résout en une fédération d’organismes moindres, qui se résolvent eux-mêmes en une fédération de cellules. L'individu est la cellule sociale. Pour que l'organisme total fonctionne avec énergie, il est nécessaire que les organismes moindres fonctionnent avec énergie, mais avec une énergie subordonnée [...]. Si l'énergie des cellules devient indépendante [...], l’anarchie qui s’établit constitue la décadence de l’ensemble. »

  • Paul Bourget, Théorie de la décadence, in Essai de psychologie contemporaine (1885), éd. Gallimard, coll. Tel, 1993, pp. 13-19

"[...] by relieving the individual of the need to have ‘private virtues,’ you’ll ensure that they wither away to the edges of society... Almost by definition, secularism cannot be a future: it’s a present-tense culture that over time disconnects a society from cross-generational purpose."

  • Mark Steyn, America Alone: The End of the World as We Know It, Regnery Publishing, 2008 (ISBN 9781596985278), p. xxix

« Ce qu'il faut dire, et c'est peut-être le plus piquant, c'est que, si ces penseurs se réclament de l'athéisme, c'est par un inconscient atavisme chrétien, qui leur interdit d'user du mot "dieu" pour une divinité aussi païenne qu'est la leur : un "Deus sive Natura".

C'est la même courte vue, colmatée toujours par un christianisme rémanent, qui persuade tant de modernes que notre temps est particulièrement athée. En fait, de nos jours comme à bien d'autres époques, les hommes oscillent d'un panthéisme instinctif à un athéisme de tête. »

  • Louis Bouyer, Religieux et clercs contre Dieu, éd. Aubier Montaigne, 1975

« L'athéisme a partie liée avec la mythologie et avec les philosophies de l'irrationnel [...] c'est une foi irrationnelle. [...] Le rationalisme, c'est le monothéisme. »

« L'athéisme n'est pas un doctrine stable en elle-même. L'athéisme vire nécessairement en panthéisme, dès lors qu'il prend conscience de son propre contenu, dès lors qu'il prend conscience de ses implications, et dès lors qu'il tient compte du monde. »

« Le problème avec le mythe de la violence religieuse n'est pas qu'il condamne certains types de violence, mais qu'il détourne l'analyse morale des autres types de violence. La violence classée "religieuse" serait toujours répréhensible ; la violence classée "séculière" serait souvent nécessaire et parfois digne de louange. »

  • William Cavanaugh, Le mythe de la violence religieuse, éd. L'Homme Nouveau, 2009 (ISBN 9782915988291), p. 185

« En donnant le conflit de la foi et de l’incroyance pour le thème le plus profond, voire pour le seul thème de l’histoire du monde et des hommes, en ajoutant que toute époque où règne la foi est pour les contemporains et la postérité, brillante, fructueuse et enthousiasmante tandis que celle où l’incroyance proclame son misérable triomphe fait naufrage aux yeux de la postérité parce que nul ne se soucie de se consacrer à la connaissance de la stérilité – devant ce dilemme goethéen, pas un instant on ne peut douter du côté où il convient de ranger l’époque des Lumières. »

  • Ernst Cassirer, La philosophie des Lumières, éd. Fayard, 1966, p. 154

« Après vous avoir déclaré, monsieur, combien je suis docile à l'autorité de la religion, je dois vous avouer combien je suis indocile à toute autorité de philosophie. »

  • Fénelon, Lettres sur la religion, 1718, lettre IV

« L’Église sans l’État c’est une âme sans corps.

L’État sans l’Église c’est un corps sans âme. »

« L’athéisme, c’est le culte de l’État. »

« En premier lieu, arrachez à la franc-maçonnerie le masque dont elle se couvre et faites la voir telle qu'elle est.

Secondement, [...] instruisez vos peuples ; faites leur connaître les artifices employés par ces sectes pour séduire les hommes et les attirer dans leurs rangs, montrez leur la perversité de leur doctrine et l'infamie de leurs actes. »

« Ils marchent sur les traces des impies qui, au siècle dernier, se parèrent du titre de philosophes, ceux qui, aujourd'hui, disent, que tout pouvoir vient du peuple... »

[...] Nier cette souveraineté de Dieu et refuser de s’y soumettre, ce n’est pas la liberté, c’est abus de la liberté et révolte ; et c’est précisément d’une telle disposition d’âme que se constitue et que naît le vice capital du Libéralisme. On peut, du reste, en distinguer plusieurs espèces ; car il y a pour la volonté plus d’une forme et plus d’un degré dans le refus de l’obéissance due à Dieu ou à ceux qui participent à son autorité divine. [...]

Le modernisme est « l'égout collecteur de toutes les hérésies. »

« Les modernistes sont les pires ennemis de l'Église. »

« Que votre foi ait pour témoins non seulement les murs du foyer domestique ou des réunions privées, mais les églises, les places publiques, les grands foules, les assemblées populaires… Rendez hommage à Dieu en quelque lieu et devant quelque personne que ce soit. N'ayez jamais la lâcheté de craindre les moqueries de ceux qui voudraient fermer les lèvres ouvertes à la louange de Dieu. »

  • Saint Pie X, Allocution Réconforté, 25 septembre 1904

« Ce qui exige surtout que Nous parlions sans délai, c'est que les artisans d'erreurs, il n'y a pas à les chercher aujourd'hui parmi les ennemis déclarés. Ils se cachent et c'est un sujet d'appréhension et d'angoisse très vives, dans le sein même et au cœur de l'Église, ennemis d'autant plus redoutables qu'ils le sont moins ouvertement. Nous parlons, Vénérables Frères, d'un grand nombre de catholiques laïques, et, ce qui est encore plus à déplorer, de prêtres, qui, sous couleur d'amour de l'Église, absolument courts de philosophie et de théologie sérieuses, imprégnés au contraire jusqu'aux moelles d'un venin d'erreur puisé chez les adversaires de la foi catholique, se posent, au mépris de toute modestie, comme rénovateurs de l'Église ; qui, en phalanges serrées, donnent audacieusement l'assaut à tout ce qu'il y a de plus sacré dans l'œuvre de Jésus-Christ, sans respecter sa propre personne, qu'ils abaissent, par une témérité sacrilège, jusqu'à la simple et pure humanité. »

« On ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l’a bâtie ; on n'édifiera pas la société, si l'Eglise n'en jette les bases et ne dirige les travaux ; non, la civilisation n’est plus à inventer ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est ; c’est la civilisation chrétienne, c’est la cité catholique. Il ne s’agit que de l’instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie malsaine, de la révolte et de l’impiété : "Omnia instaurare in Christo" [Tout restaurer en Christ]. »

« L'absence de Dieu signifie l'abandon du monde, mais dans ce monde abandonné, l'homme découvrira qu'il est lui-même absent. »

« L'homme sans Dieu n'aboutit qu'à immoler l'homme. »

"Almost by definition, secularism cannot be a future: it’s a present-tense culture that over time disconnects a society from cross-generational purpose. Which is why there are no examples of sustained atheist civilizations. "Atheistic humanism" became inhumanism in the hands of the Fascists and Communists and, in its less malign form in today's European Union, a kind of dehumamism in which a present-tense culture amuses itself to extinction. Post-Christian European culture is already post-cultural and, with its surging Muslim populations, will soon be post-European."

  • Mark Steyn, America Alone: The End of the World as We Know It, Regnery Publishing, 2008 (ISBN 9781596985278), p. 98

« Est séculier celui qui croit que l'horizon ultime de la vie humaine est un siècle, et qui, par ses comportements, fait en sorte que cela soit vrai. »

  • Rémi Brague, « Sept leçons sur le Dieu des chrétiens », 12 avril 2008

« L'hérésie est la vie de la religion. C'est la foi qui fait les hérétiques. Dans une religion morte, il n'y a plus d'hérésies. »

« L’athéisme dans les lois, l’indifférence en matière de religion et les maximes pernicieuses, appelées catholiques-libérales, sont, oui, elles sont véritablement la cause de la ruine des États ; elles l’ont été de la perte de la France. Croyez-moi, le mal que je vous dénonce est plus terrible que la Révolution, plus terrible même que la Commune. J’ai toujours condamné le catholicisme-libéral et je le condamnerai encore quarante fois si c’est nécessaire. »

  • Pie IX, répondant à une députation de catholiques français, 18 juin 1871

« Si l'Homme n'était pas devenu criminel, il n'y aurait pas eu de Christ ? Et donc, dans cette hypothèse, dans cette conjecture, le chef-d'oeuvre de Dieu, le summum opus Dei, serait un accident, un fait qui résulte d'un accident, occasionatum. En somme, dans cette conjecture, le plus grand des biens, le Christ, proviendrait, résulterait de la faute de l'Homme. C'est tout à fait déraisonnable, irrationnel, valde irrationabile. »

« Nous vénérons un Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l'Unité, sans confondre les Personnes ni diviser la substance : autre est en effet la Personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit ; mais une est la divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, égale la gloire, coéternelle la majesté.

Comme est le Père, tel est le Fils, tel est aussi le Saint-Esprit […] ils ne sont pas trois éternels, mais un éternel ; tout comme ils ne sont pas trois incréés, ni trois infinis, mais un incréé et un infini. […] ils ne sont pas trois tout-puissants, mais un tout-puissant. Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu ; et cependant ils ne sont pas trois Dieux, mais un Dieu. […] chacune des personnes en particulier est Dieu et Seigneur, de même la religion catholique nous interdit de dire qu'il y a trois Dieux ou trois Seigneurs.

Le Père n'a été fait par personne et il n'est ni créé ni engendré ; le Fils n'est issu que du Père, il n'est ni fait, ni créé, mais engendré ; le Saint-Esprit vient du Père et du Fils, il n'est ni fait, ni créé, ni engendré, mais il procède. […] Et dans cette Trinité il n'est rien qui ne soit avant ou après, rien qui ne soit plus grand ou plus petit, mais les Personnes sont toutes trois également éternelles et semblablement égales. Si bien qu'en tout, comme on l'a déjà dit plus haut, on doit vénérer, et l'Unité dans la Trinité, et la Trinité dans l'Unité. »

« L'Église est Israël, et elle le sait. Mais elle est Israël ouvert à toutes les nations qui viennent chercher la connaissance du Dieu vivant. L'Église a dû se séparer de l'Israël-peuple pour accomplir la vocation même d'Israël, et la promesse faite à Abraham : en toi seront bénies toutes les nations de la terre. »

« Mes enfants le sel vient de l'eau, et s'il est en contact avec l'eau, il se dissout et disparaît. De même le moine naît de la femme, et s'il approche d'une femme, il se dissout et cesse d'être moine. »

« Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. » ou « Dieu vomit les tièdes. » Apocalypse, 3:15

« Nos gouvernements modernes doivent incontestablement au christianisme leur plus solide autorité et leurs révolutions moins fréquentes. Il les a rendus eux-mêmes moins sanguinaires : cela se prouve par le fait, en les comparant aux gouvernements anciens. »

  • Jean-Jacques Rousseau, Émile, ou De l'éducation (1762), livre IV, dans la dix-neuvième note de la Profession de foi du vicaire savoyard

« Mais où Jésus avait-il pris chez les siens cette morale élevée et pure dont lui seul a donné les leçons et l’exemple ? Du sein du plus furieux fanatisme la plus haute sagesse se fit entendre, et la simplicité des plus héroïques vertus honora le plus vil de tous les peuples. La mort de Socrate philosophant tranquillement avec ses amis est la plus douce qu’on puisse désirer ; celle de Jésus expirant dans les tourments, injurié, raillé, maudit de tout un peuple est la plus horrible qu’on puisse craindre ; Socrate prenant la coupe empoisonnée bénit celui qui la lui présente et qui pleure ; Jésus au milieu d’un supplice affreux prie pour ses bourreaux acharnés. Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu. »

« La tour de Babel, comme plus tard les pyramides sont autant de constructions inhumaines dans lesquelles la pierre a plus d’importance que les âmes. Ces sociétés qui les fabriquent n’écoutent plus l’individu, le réduisent au silence. Après ces essais de paroles voués à l’échec depuis Adam et Eve jusqu’à Babel, le dialogue reprend avec Abraham, premier homme qui s’adresse à sa femme Sarah en disant "Tu". »

« Le christianisme dans sa véritable signification détruit l’État. C’est ainsi qu’il fut compris dès le début et c’est pourquoi le Christ a été crucifié. Il a été compris ainsi de tout temps par les hommes que ne liait pas la nécessité de justifier l’État chrétien. Ce n’est qu'à partir du moment où les chefs d’État ont accepté le christianisme nominal extérieur qu’on a commencé à inventer les théories subtiles d’après lesquelles on peut concilier le christianisme avec l’État. Mais, pour tout homme sincère de notre époque, il ne peut pas ne pas être évident que le véritable christianisme — la doctrine de la résignation, du pardon, de l’amour — ne peut pas se concilier avec l’État, avec son despotisme, sa violence, sa justice cruelle et ses guerres. Non seulement le véritable christianisme ne permet pas de reconnaître l’État, mais il en détruit les principes mêmes.

Mais, s’il en est ainsi, s’il est vrai que le christianisme est inconciliable avec l’État, une question se pose tout naturellement : Qu’est-ce qui est plus nécessaire pour le bien de l’humanité, qu’est-ce qui lui assure le plus de bonheur ? Est-ce l’organisation gouvernementale ou le christianisme ? »

  • Léon Tolstoï, Le salut est en vous (1893), éd. Perrin, 1893, p. 249

« Écoute, Israël, l'Éternel, notre Dieu, l'Éternel est UN.
Béni soit à jamais le nom de Son règne glorieux.
Tu aimeras l'Éternel ton Dieu, de tout ton cœur,
de toute ton âme
et de tous tes moyens
Que les commandements que je te prescris aujourd'hui
soient gravés dans ton cœur
tu les inculqueras à tes enfants, tu en parleras (constamment),
dans ta maison ou en voyage, en te couchant et en te levant.
Attache les en signe sur ta main,
et porte les comme un fronteau entre tes yeux
Écris-les sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. »

שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד.


וְאָהַבְתָּ, אֵת יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בְּכָל-לְבָבְךָ
וּבְכָל-נַפְשְׁךָ,
וּבְכָל-מְאֹדֶךָ.ּ
וְהָיוּ הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה,
אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוְּךָ הַיּוֹם--עַל-לְבָבֶךָ ּ
וְשִׁנַּנְתָּם לְבָנֶיךָ, וְדִבַּרְתָּ בָּם, בְּשִׁבְתְּךָ בְּבֵיתֶךָ וּבְלֶכְתְּךָ בַדֶּרֶךְ, וּבְשָׁכְבְּךָ וּבְקוּמֶךָ
וּקְשַׁרְתָּם לְאוֹת, עַל-יָדֶךָ; וְהָיוּ לְטֹטָפֹת, בֵּין עֵינֶיך

וּכְתַבְתָּם עַל-מְזֻזוֹת בֵּיתֶךָ, וּבִשְׁעָרֶיך

Dès lors, Jésus Christ, considérait cet exhortation la plus pure, née du silence des hommes, comme le plus grand des commandements.

"For the Son of God became man so that we might become God."

« Dieu est devenu homme afin que l'homme devienne Dieu. »

« Par ailleurs, il ne peut y avoir ni un plus grand ni un plus petit nombre d'Évangiles (que quatre). En effet, puisqu'il existe quatre régions du monde dans lequel nous sommes et quatre vents principaux, et puisque, d'autre part, l'Église est répandue sur toute la terre et qu'elle a pour colonne et pour soutien l'Évangile et l'Esprit de vie, il est naturel qu'elle ait quatre colonnes qui soufflent de toutes parts l'incorruptibilité et rendent la vie aux hommes. D'où il appert que le Verbe, Artisan de l'univers, qui siège sur les Chérubins et maintient toutes choses, lorsqu'il s'est manifesté aux hommes, nous a donné un Évangile à quadruple forme, encore que maintenu par un unique Esprit. »

« Quant au reste, pour ma modeste part, j'incline beaucoup à partager les raisonnables sentiments du Führer quand il écrivait : "Les idées et les institutions religieuses de son peuple doivent toujours rester inviolables pour le chef politique ; sinon, qu'il cesse d'être un homme politique et qu'il devienne un réformateur, s'il en a l'étoffe." Il n'est pas de conducteur de peuples, en Occident, qui puisse rejeter du premier mouvement l'immense force, frein et moteur, que fut le christianisme, qui ne songe à canaliser cette force, à la [ici la phrase n'est pas terminée dans mon édition] Mais si les Eglises persistent à trahir la société, il est fatal que les Etats se substituent de plus en plus largement à elles, et qu'ils prêtent leur assistance à un réformateur. Les Eglises posséderaient encore en elles-mêmes le secret de leur salut et d'un rayonnement nouveau, le moyen de remplir leur plus belle mission parmi les hommes. Elles pourraient redevenir les parvis du monde surnaturel, restaurer leur métaphysique et leur mystique lézardées. Elles collaboreraient ainsi magnifiquement à cette réfection gigantesque du monde que nous sommes tenus aujourd'hui d'accomplir. Elles apparaissent bien mal préparées à ce rôle. Il leur faudrait assurément des chefs d'une autre envergure qu'un pape Pacelli, fouine oblique qui temporise et prend le vent, réchauffe des camomilles de nonnes, quand il lui faudrait sur l'heure fulminer l'encyclique "Errore judaïco". [...] Si j'étais le pape, à Dieu ne plaise, les six lettres L.U.T.H.E.R. hanteraient souvent mon sommeil. Mais il se pourrait bien cette fois que Luther ne surgît point d'entre les clercs. »

"Then you will know the truth, and the truth will set you free."

« Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libre. »

« Le temps des mille ans s'achève. Voilà que sortent les nations qui sont aux quatre coins de la terre et qui égalent en nombre le sable de la mer. Elles partiront en expédition sur la surface de la terre, elles investiront le camp des saints et la ville bien-aimée. »

« Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui et ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. »

« Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier la pierre. »

« Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des nids ; mais le Fils de l'homme n'a pas où poser sa tête. »

  • Saint Luc, IX, 58, cité par Emil Cioran dans Le crépuscule des pensées (1940), trad. Mirella Patureau-Nedelco, éd. Le Livre de Poche, coll. Essais, 1991 (ISBN 9782253065098), p. 72

"If you don’t work, you don’t eat."

« Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus. »

« Ne vous conformez pas au siècle présent. »

« Il y a sans doute beaucoup de langues différentes dans le monde, mais aucune n’est sans signification ; et si je ne connais pas le sens des mots, je serais un barbare pour celui qui parle, et celui qui parle, à mon sens, sera un barbare. »

  • Saint Paul, Première épître, lettre aux Corinthiens, 14:10-11, Oltramare

« [...] Prêche la parole, insiste en toute occasion favorable ou non, reprends, censure, exhorte avec toute douceur et en instruisant. Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables. »

« Eh bien ! si un jour quelqu’un, même nous, même un ange du ciel, vient annoncer un Évangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit maudit ! [et c'est un Apôtre amoureux de Dieu et des hommes qui l'écrit !] Nous l’avons déjà dit, et je le répète encore : si quelqu’un vient vous annoncer un Évangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit maudit ! Est-ce que, maintenant, je veux me faire approuver des hommes ou bien par Dieu ? Est-ce que c’est aux hommes que je cherche à plaire ? Si j’en étais encore à plaire aux hommes, je ne serais pas serviteur du Christ. »

  • Saint Paul, Épitre aux Galates, chapitre 1, versets 8 à 11

« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ?

Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est saint, et c'est ce que vous êtes. »

  • Saint Paul, Première épître, lettre aux Corinthiens, 3:16-17

« Pendant l'instruction, la femme doit garder le silence, en toute soumission. Je ne permets pas à la femme d'enseigner ni de faire la loi à l'homme. Qu'elle se tienne tranquille. C'est Adam en effet qui fut formé le premier, Ève ensuite. Et ce n'est pas Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui séduite, se rendit coupable de transgression. Néanmoins, elle sera sauvée en devenant mère, à condition de persévérer avec modestie dans la foi, la charité et la sainteté. »

  • Saint Paul, Première épître à Timothée, 2, 11:15

« C'est Paul qui a été le maître accoucheur de l'Église naissante, c'est lui qui a coupé le cordon ombilical qui retenait l'Église au Judaïsme [...]. Mais ce schisme dans le peuple de Dieu n'est pas définitif. Quand les nations seront toutes entrées dans le sein du peuple de la promesse, alors tout Israël sera sauvé. »

« Que votre oui soit oui, que votre non soit non, tout le reste vient du diable. »

« On vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom. »

« Lors donc que tu fais l'aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d'être glorifiés par les hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. »

« Vous avez appris qu'il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui l'autre aussi. »

« Lesquels ? lui dit-il. Et Jésus répondit : Tu ne tueras point ; tu ne commettras point d'adultère ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage. »

« Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton frère. »

« Vous ressemblez à des sépulcres blanchis. Au-dehors, ils paraissent beaux ; au-dedans, ils sont pleins d’ossements, de cadavres et de toute sorte de pourriture. Vous de même, vous paraissez justes ; au-dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité. »

« Je ne suis pas venu apporter la paix sur terre, mais le glaive. »

"Civilization is not inherited; it has to be learned and earned by each generation anew; if the transmission should be interrupted for one century, civilization would die, and we should be savages again."

This much I believe to be also true: there is more civilization lying around unused in the crannies, zenanas, interstices of that dusty and baroque fabric [i. e. Church of Rome] than in all the other institutions of the occident.

« Autre point dont je suis fermement convaincu : c'est qu'il reste davantage de lambeaux de civilisation encore utilisable dans les lézardes, le foutoir, les interstices de ce monument baroque et poussiéreux [i. e. l'Église de Rome] que dans toutes les autres institutions de l'Occident. »

"Civilizations die from suicide, not by murder."

« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »

« Mais pourquoi toute notre civilisation ne disparaîtrait-elle pas ? Si on continue le mouvement de l’après-guerre, nous y allons tout droit. Certains arts ont disparu au cours des âges : l’enluminure par exemple. Pourquoi pas la peinture, l’architecture ? Ce n’est pas d’artistes que nous manquons. On ne manque jamais d’artistes ! Mais il faut des gens qui aient besoin d’artistes. »

« Élam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux noms. Et nous voyons maintenant que l'abîme de l'histoire est assez grand pour tout le monde. »

« Une civilisation est le mode le plus élevé de regroupement et le niveau le plus haut d’identité culturelle dont les humains ont besoin pour se distinguer des autres espèces. Elle se définit à la fois par des éléments objectifs, comme la langue, l’histoire, la religion, les coutumes, les institutions, et par des éléments subjectifs d’auto-identification. »

« L'Asie est le chaudron des civilisations. Rien qu’en Extrême-Orient, on trouve des sociétés qui appartiennent à six civilisations - japonaise, chinoise, orthodoxe, bouddhiste, musulmane et occidentale -, plus l’Hindouisme en Asie du Sud. Les Etats phares de quatre civilisations, le Japon, la Chine, la Russie et les Etats-Unis, sont des acteurs de poids en Extrême-Orient ; l’Inde joue également un rôle majeur en Asie du Sud, tandis que l’Indonésie, pays musulman, monte de plus en plus en puissance. »

"You know what the fellow said – in Italy, for thirty years under the Borgias, they had warfare, terror, murder and bloodshed, but they produced Michelangelo, Leonardo da Vinci and the Renaissance. In Switzerland, they had brotherly love, they had five hundred years of democracy and peace – and what did that produce? The cuckoo clock. So long Holly."

  • The Third Man (1949), Harry Lime, Orson Welles

« Pour un esprit philosophique, c’est-à-dire pour un esprit préoccupé des origines, il n’y a vraiment dans le passé de l’humanité que trois histoires de premier intérêt : l’histoire grecque, l’histoire d’Israël, l’histoire romaine. Ces trois histoires réunies constituent ce qu’on peut appeler l’histoire de la civilisation, la civilisation étant le résultat de la collaboration alternative de la Grèce, de la Judée et de Rome. »

  • Ernest Renan, Histoire du peuple d’Israël, Paris, Calmann-Lévy, 1887, tome I, p. 1

« Nous savons, sans qu'on nous le dise, que le Perse a des forces mille fois plus importantes que les nôtres. Cependant, la liberté nous est si chère que nous nous défendrons comme nous pourrons. [...] Les Lacédémoniens ont eu peur que nous ne traitions avec les Barbares, et leur crainte est fort naturelle, mais c'est, semble-t-il, bassement mettre en doute la noblesse d'Athènes, quand vous la connaissez bien, quand vous savez qu'il n'y a pas au monde assez d'or, une terre assez extraordinaire par sa richesse et sa beauté, pour que nous consentions à ce prix à nous ranger du côté du Perse et à réduire la Grèce en esclavage. Il existe de nombreuses raisons graves pour nous en empêcher, quand nous voudrions le faire, et la première et la plus grave, ce sont les images et les demeures de nos dieux, incendiées, gisant à terre, qui exigent de nous une vengeance éclatante plutôt qu'un accord avec l'auteur de ce crime ; ensuite, il y a le monde grec, uni par la langue et par le sang, les sanctuaires et les sacrifices qui nous sont communs, nos moeurs qui sont les mêmes, et cela, des Athéniens ne sauraient le trahir. Sachez donc, si par hasard vous ne le saviez pas encore, qu'aussi longtemps qu'il y aura sur terre un Athénien, nous ne pactiserons pas avec Xerxès. »

  • Hérodote, L'Enquête, VIII, 143-144, trad. Andrée Barguet

« Une civilisation est une continuité qui, lorsqu’elle change, même aussi profondément que peut l’impliquer une nouvelle religion, s’incorpore des valeurs anciennes qui survivent à travers elle et restent sa substance. »

« En général, aucune civilisation n’est détruite du dehors sans s’être tout d’abord ruinée elle-même, aucun empire n’est conquis de l’extérieur, qu’il ne se soit préalablement suicidé. Et une société, une civilisation ne se détruisent de leurs propres mains que quand elles ont cessé de comprendre leurs raisons d’être, quand l’idée dominante autour de laquelle elles s’étaient naguère organisées leur est redevenue comme étrangère. À bien lire l’histoire, on s’aperçoit que le plus souvent, un empire, un État, une civilisation, une société ne sont détruits par l’adversaire qu’autant qu’ils se sont préalablement suicidés. »

« À qui veut régénérer une société quelconque en décadence, on prescrit avec raison de la ramener à ses origines. La perfection de toute société consiste, en effet, à poursuivre et à atteindre la fin en vue de laquelle elle a été fondée, en sorte que tous les mouvements et tous les actes de la vie sociale naissent du même principe d'où est née la société. Aussi, s'écarter de la fin, c'est aller à la mort ; y revenir, c'est reprendre vie. »

"If you are not prepared to use force to defend civilization, then be prepared to accept barbarism."

  • Thomas Sowell, Is Reality Optional? (1993), Hoover Institution Press, 1993 (ISBN 9780817992620), p. 191

« Cependant, les crimes de l'extrême civilisation sont, certainement, plus atroces que ceux de l'extrême barbarie par le fait de leur raffinement, de la corruption qu'ils supposent, et de leur degré supérieur d'intellectualité. »

  • Jules Barbey d'Aurevilly, Les Diaboliques (1874), éd. Gallimard, coll. Folio classique, 2003 (ISBN 9782070302758), p. 296

« Les idées de droite, exclues de la politique, rejetées dans les lettres, s’y cantonnent, y militent, exercent par elles, tout de même, un contrôle, exactement comme les idées de gauche le faisaient, dans les mêmes conditions, au XVIIIe siècle, ou sous les régimes monarchiques du XIXe siècle. »

« S’il est vrai, comme nous l’avons observé pour la droite orléaniste et le bonapartisme, que la droite est en général formée de traditions de gauche qui sont passées à droite, le moment ne serait pas venu en 1954 ou plus tard, d’enregistrer le passage à droite de nouvelles tendances ? »

  • Jules Monnerot, « La droite, la gauche et la logique de monsieur Rémond », in Inquisitions, éd. José Corti, 1974, p. 51

« Seraient de gauche, du point de vue de la trans-histoire et de l'esprit, ceux qui pensent que le monde est tel qu'il apparaît, qu'il n'y a pas d'« autre monde ». La droite, au contraire, ne verrait dans ce monde qu'un passage, une sorte de figure chiffrée d'un autre monde, invisible, hors d'atteinte. »

  • Dominique de Roux, « N'est pas de droite qui l'on pensait », in L'ouverture de la chasse, éd. L'Âge d'Homme, coll. Mobiles, 1968, p. 147

« Dans nos sociétés occidentales, soixante ans après la chute de Hitler et Mussolini, le fascisme relève de l’hallucination. Mais l’antifascisme – figure de propagande mise au point par les communistes – reste efficace puisqu’il sert à intimider une droite intellectuellement dominée par la gauche. »

  • Jean Sévillia, Le terrorisme intellectuel, éd. Perrin, coll. Tempus, 2004, p. 259

« Cependant, à des époques où se trouve déjà perdu ce qui ne devait pas l’être, déjà détruit, ce n’est pas conservateur qu’il s’agirait d’être, mais bel et bien réactif, voire réactionnaire. »

  • Renaud Camus, « Conservateur, conservatoire », in Etc. Abécédaire, éd. P.O.L, 1998, p. 53

« Je vois monter à l’horizon avec la lenteur de tous les processus dont se compose la vraie histoire de l’homme, un grand mécontentement qui ne ressemble à aucun de ceux que l’on a connus jusqu’ici. On ne s’insurgera plus seulement, comme dans le passé, contre le règne d’une tendance déterminée, pour faire triompher d’autres tendances. On s’insurgera pour l’amour de l’authenticité dans la réalisation contre la fausse manière de réaliser une grande aspiration de l’aspiration à la communauté. On luttera contre la distorsion et pour la pureté de la forme, telle que l’ont vu les générations de la foi et de l’espoir. » Un « nouveau Moyen Âge » comme l’ont entrevu Berdiaeff et Chesterton ? Les ricorsi ne sont pas de pures répétitions ni même de simples renouvellements. Sûrement : une manière de rendre vaine l’opposition de l’individualisme et du collectivisme, telle qu’en usent, pour leurs courtes ambitions, les barbares et les freluquets. L’âge des héros rebâtira un pouvoir ; il n’est pas de grand siècle du passé qui ne se soit donné cette tâche même aux âges simplement humains, où les familles, lassées de grandeur, confiaient à quelque César leur destin, à charge de maintenir le droit commun, le pouvoir reconstruit gardait quelque saveur du monde précédent. Notre société n'a que des banques pour cathédrales ; elle n'a rien à transmettre qui justifie un nouvel « appel aux conservateurs » ; il n'y a, d'elle proprement dite, rien à conserver. Aussi sommes-nous libres de rêver que le premier rebelle, et serviteur de la légitimité révolutionnaire, sera le Prince chrétien... »

« L'impasse dans laquelle se fourvoient beaucoup d'idéalistes consiste à refuser le monde tel qu'il est. S'opposer au monde, je suis d'accord ; mais refuser ce n'est pas possible. Ou alors, il faut s'isoler dans sa chaumière, et ne rien faire, attendre. Attendre quoi d'ailleurs ? Quelle fée nous aurait promis quoi que ce soit à notre berceau ? Je crois en la providence, dans une proportion que vous ne pourriez imaginer. Mais l'œuvre est confiée à nos mains. »

« L’ignorance des complexités de la société contemporaine provoque un état d’incertitude et d’anxiété générales, qui constitue le terrain idéal pour le type moderne de mouvement de masse réactionnaire. De tels mouvements sont toujours "populistes" et volontairement anti-intellectuels. »

« De tant de nouveautés je ne suis curieux, il me plaît d'imiter le train de mes aïeux. »

« Vouloir être de son temps, c'est être déjà dépassé. »

« Pas de libération sans un minimum de rigueur, de règles, d'interdits consentis, assumés, pour être ensuite surmontés et distancés. »

« Le moyen d'avoir raison dans l'avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé. »

  • Ernest Renan, Qu'est-ce qu'une nation ?, dernière phrase, 1882

"True men of progress are those who take a deep-seated respect for the past."

« Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond du passé. »

"The Liberal says, in despairing disbelief: Can't you sense the world around us? Don't you care about its disapproval? The Conservative says, in despairing disbelief: Can't you sense the generations behind us? Don't you care about their disapproval? Liberals live "horizontally," spiritually in touch (they believe) with all the world's nations. Conservatives live "vertically," spiritually in touch (they believe) with their forebears and with generations to come."

« Si les modérés souhaitent se réconcilier avec leurs adversaires, c’est sans doute parce qu’ils ont peur de se battre et que leur naïve duplicité leur murmure que pour désarmer un rival qu’on redoute, le mieux est de l’embrasser. »

« Ils sont aussi opiniâtres dans leurs sentiments qu’incertains dans leurs opinion et débiles dans leurs volonté [...] L’esprit qui survit en eux est condamné à être vaincu parce qu’il n’a pas eu l’audace de se connaître [...] Les modérés paraissent comme une troupe d’indécis, leurs têtes tournant au vent des discours comme les girouettes des cheminées qui cherchent à quel souffle obéir. »

« Le réactionnaire, en bien des cas, ce n'est pas l'homme qui veut corriger les excès du présent par les vertus du passé, c'est l'homme toujours en avant parce fidèle à des lois immuables, à une expérience nourrie dans le cœur et dans la saine raison. Il n'est pas un homme d'ancien régime. Il est l'homme d'avant le déluge, c'est-à-dire de toujours. »

  • Louis Chaigne, Bernanos, Paris, Editions universitaires, 1960, p 79

« Le nouveau est un de ces poisons excitants qui finissent par être plus nécessaire que toute nourriture ; dont il faut, une fois qu’ils sont maîtres de nous, toujours augmenter la dose et la rendre mortelle à peine de mort.

Il est étrange de s’attacher ainsi à la partie périssable des choses, qui est exactement leur qualité d’être neuves. »

« Relativité

Dans un temps où tout se détruit, le beau nom de "conservateur". Voire : dans un temps où tout furieux court à la ruine, le fier nom de "réactionnaire".

Or il demeure une grande répugnance à user de ces deux mots, dans une époque où, du patrimoine naturel — l’eau, les plantes, les espèces, etc. — au patrimoine culturel — les monuments, les bibliothèques, les archives —, il serait urgent, plus qu’à tout autre, de prendre des mesures conservatoires. »

  • Jean Clair, « Relativité », in Journal atrabilaire, éd. Gallimard, coll. L’Un et l’Autre, 2006, p. 133

« Droite et gauche sont des valeurs incomplètes et stériles. La droite, à force de vouloir ignorer l’angoisse économique des temps présents, a fini par priver de valeur humaine ses invocations religieuses et patriotiques. La gauche, à force de fermer les âmes populaires à tout ce qui est spirituel et national, a fini par faire dégénérer la lutte économique en un acharnement de bêtes fauves. »

Dans le numéro 3 du journal clandestin de la Phalange, No importa, daté du 20 juin 1936, José Antonio Primo de Rivera, alors en prison, écrit : « A gauche, on nous assassine. [...] le gouvernement du Front Populaire nous asphyxie. Mais, attention camarades, tout le danger n’est pas à gauche. Il y a encore des gens à droite ne suscitant en nous que colère et dégoût […]. De temps en temps, les chefs provinciaux reçoivent de mystérieuses visites de conspirateurs de droite qui leur demandent : "pourriez-vous nous donner tant d’hommes ?". Qu’imagine donc cette canaille ? que la Phalange est une boucherie où l’on acquiert des hommes au poids ? [...] Aucun camarade ne doit verser une goutte de sang pour un complot obscur ou une machination plus ou moins de droite dont l’information n’est pas parvenue par la voie normale de la hiérarchie. […] Nous ne serons ni l’avant-garde, ni la force de choc, ni l’axillaire d’aucun mouvement confusément réactionnaire. Nous préférerons même la claire lutte d’aujourd’hui à l’apathie d’un conservatisme vulgaire qui renaîtrait au profit de réactionnaires ambitieux ».

  • José Antonio Primo de Rivera, cité dans Jean-Claude Valla, in Ledesma Ramos et la Phalange espagnole. 1931-1936, éd. Editions de la Librairie Nationale, 2002, p. 100

« L’enjeu : rappeler à l’existence la mentalité aristocratique, ressusciter l’esprit de la vieille Europe. Il ne s’agit pas d’un retour en arrière. Il ne s’agit pas de réanimer artificiellement des choses mortes. Mais de reprendre conscience d’un héritage pour le recréer sous des formes nouvelles. »

  • Louis Pauwels, Comment devient-on ce que l’on est ?, éd. Stock, 1978

« Être de droite, non par conviction bon marché, pour des visées vulgaires, mais de tout son être, c’est céder à la puissance supérieure d’un souvenir, qui s’empare de l'être humain, et pas tant du citoyen, qui l’isole et l’ébranle au milieu des rapports modernes et éclairés où il mène son existence habituelle. Cette pénétration n’a pas besoin de la mascarade abominable et ridicule d’une imitation servile, ni qu’on aille fouiller la brocante de l’histoire du malheur. Il s’agit d’un acte de soulèvement autre : soulèvement contre la domination totalitaire du présent qui veut ravir à l’individu et extirper de son champ toute présence d’un passé inexpliqué, d’un devenir historique, d’un temps mythique. À la différence de l’imagination de gauche qui parodie l’histoire du Salut, l’imagination de droite ne se brosse pas le tableau d’un royaume à venir, elle n’a pas besoin d’utopie, mais elle cherche le rattachement à la longue durée, celle que rien n’ébranle, elle est selon son essence souvenir de ce qui gît au fond de nous, et dans cette mesure elle est une initiation religieuse ou protopolitique. Elle est toujours et existentiellement une imagination de la Perte et non de la Promesse (terrestre). C’est donc une imagination de poète, depuis Homère jusqu’à Hölderlin. »

  • Botho Strauss, Le Soulèvement contre le monde secondaire, éd. L’Arche, 1996 (ISBN 9782851813701), pp. 69-70

"We are living in a condition of permanent revolution... revolutions are here to stay and will grow much worse in scope and intensity unless men can be persuaded to return to Christianity, to practise its precepts and to obey the Gospel in its full implications for human life and civilized society. Barring such a revival, the future would belong to socialism and communism, which on this view were but the most consistent sects of the new secular religion. To Groen, therefore, the political spectrum that presented itself to his generation offered no meaningful choice. "In terms of his analysis, the 'radical left' was composed of fanatical believers in the godless ideology; the 'liberal centre,' by comparison, by warm believers who warned against excesses and preached moderation; while the 'conservative right' embraced all those who lacked either the insight, the prudence, or the will to break with the modern tenets yet who recoiled from the consequences whenever the ideology was practised and implemented in any consistent way. None of the shades or 'nuances of secular liberalism represented a valid option for Christian citizens." Groen called for a rejection of the entire available spectrum of political positions, calling for a "radical alternative in politics, along anti-revolutionary, Christian-historical lines"."

  • Guillaume Groen van Prinsterer, summarized by Harry Van Dyke, in Groen van Prinsterer's Lectures on Unbelief and Revolution (1989), Jordan Station, Ont: Wedge Pub. Foundation, 1989, pp. 3–4

"[...] when it is not necessary to change, it is necessary not to change."

« Lorsqu'il n'est pas nécessaire de changer, il est nécessaire de ne pas changer. »
Lucius Cary

« On peut anéantir le caractère original d’un peuple si, en le colonisant, on impose à son sang ce que celui-ci ne peut supporter. »

« Les mots vitaux et les actes des esprits d'autrefois
Que ni temps, ni changement ne peuvent dompter,
Les sombres et séculaires traditions, sources de mauvaises croyances,
Dont l'ombre obscure alimente un fleuve de poison. »

« Toute vraie culture s'appuie sur la race et sur le sang. »

« Tous les pays qui n'ont plus de légendes seront condamnés à mourir de froid. »

« L’extrémisme consiste à pousser jusqu’à l’absurde même les idées les plus justes... il est réducteur, simpliste, borné. [...] La radicalité est tout autre chose. Elle implique de chercher toujours à comprendre plus loin, en remontant à la racine (radix) [...]. Être radical, ce n’est pas seulement refuser le compromis, c’est s’intéresser aux causes lointaines [...]. La recherche des principes premiers, la méditation sur les choses ultimes font partie de la radicalité. Ce qui exige d’être intellectuellement structuré. »

"There will come an age in the far-off years when Ocean shall unloose the bonds of things, when the whole broad earth shall be revealed, when Tethys shall disclose new worlds and Thule not be the limit of the lands."

  • Seneca, Medea, Translated by Frank Justus Miller, v. 379
« Un temps viendra, dans le cours des siècles, où l’Océan élargira la ceinture du globe, pour découvrir à l’homme une terre immense et inconnue ; la mer nous révélera de nouveaux mondes, et Thulé ne sera plus la borne de l’univers. »
  • Sénèque, Médée, trad. Charles-Louis-Fleury Panckoucke, 1834, acte II, scène 2

« J'ai toujours lu que le monde - terre et eau - était sphérique, et les autorités et les expériences que Ptolémée et tous les autres ont décrites sur ce point prouvent et enseignent cela aussi bien par les éclipses de Lune que par les autres démonstrations qu'ils font depuis l'Orient jusqu'à l'Occident, et par l'élévation du pôle, du nord au midi. A ce moment, je trouvai, comme je l'ai dit, une telle dissemblance à ces vues que je réexaminai cette idée du monde et trouvai qu'il n'était pas rond de la manière qu'on le décrit, mais de la forme d'une poire qui serait toute très ronde, sauf à l'endroit où se trouve la queue qui est le point plus élevé ; ou bien encore, comme une balle très ronde sur un point de laquelle serait posé comme un téton de femme, et que la partie de ce mamelon fût la plus élevée et la plus voisine du ciel, et située sous la ligne équinoxiale en cette mer Océane, à la fin de l'Orient. [...]

Ptolémée et les autres savants qui écrivirent des choses de ce monde crurent qu'il était sphérique, estimant que cet hémisphère était rond comme celui où ils se trouvaient, dont le centre est dans l'île d'Arin située sous la ligne équinoxiale, entre le golfe Arabique et le golfe Persique, avec la circonférence qui passe au ponant par le cap Saint-Vincent au Portugal, et à l'orient par Cangara et par les Seras. Pour cet hémisphère, je ne trouve aucune difficulté à ce qu'il soit d'une rondeur sphérique comme ils le disent. Mais pour cet autre, je soutiens qu'il est comme serait la moitié d'une poire bien ronde qui aurait l'extrémité élevée comme je l'ai dit, ou comme serait un téton de femme sur une pelote ronde. Ainsi donc ni Ptolémée ni les autres qui écrivirent à propos du monde, n'eurent connaissance de cette moitié qui était alors très ignorée. Ils établirent leur jugement à partir seulement de l'hémisphère où ils se trouvaient, qui est d'une rondeur sphérique comme je l'ai dit plus haut. Maintenant que Vos Altesses ont fait naviguer, chercher et découvrir cet autre hémisphère, il se révèle à l'évidence. [...] L'Écriture sainte témoigne que Notre Seigneur fit le Paradis terrestre, qu'il y mit l'arbre de vie et que de là sort une source d'où naissent en ce monde quatre fleuves principaux : le Gange aux Indes, le Tigre et l'Euphrate en [Asie] lesquels séparent les montagnes forment la Mésopotamie et coulent ensuite en Perse, et le Nil qui naît en Éthiopie et se jette dans la mer à Alexandrie. Je ne trouve pas ni n'ai jamais trouvé un écrit des Latins ou des Grecs qui, d'une manière certaine, dise en quel point de ce monde est le Paradis Terrestre. [...] je suis convaincu que là est le Paradis terrestre, où personne ne peut arriver si ce n'est par la volonté divine. Je crois que cette terre dont Vos Altesses ont ordonné maintenant la découverte sera immense et qu'il y en aura beaucoup d'autres dans le Midi dont on n'a jamais eu connaissances. je ne conçois pas que le Paradis terrestre ait la forme d'une montagne abrupte, comme les écrits à son propos nous le montrent, mais bien qu'il est sur ce sommet, en ce point que j'ai dit, qui figure le mamelon de la poire, où l'on s'élève, peu à peu, par une pente prise de très loin.

  • Christophe Colomb, « Lettre aux Rois Catholiques sur le troisième voyage aux Indes » (1498), La découverte de l’Amérique, trad. Michel Lequenne et Soledad Estorach, éd. La Découverte, 1984, tome 11, pp. 123-156

« Oh ! soyez sûrs que si Colomb a été heureux, ce n’est pas après avoir découvert l’Amérique, mais lorsqu’il était en train de la découvrir ; soyez sûrs que son bonheur a atteint le point culminant trois jours peut-être avant la découverte du nouveau monde, alors que les matelots révoltés voulaient dans leur désespoir virer de bord et retourner en Europe ! Qu’importe ici le nouveau monde ? Colomb l’avait à peine vu, quand il est mort, et il ignorait, au fond, ce qu’il avait découvert. L’important, c’est la vie, la vie seule ! »

« Nous avons procédé à la première décolonisation jusqu’à l’an dernier. Nous allons passer maintenant à la seconde. Après avoir donné l’indépendance à nos colonies, nous allons prendre la nôtre. L’Europe occidentale est devenue, sans même s’en apercevoir, un protectorat des Américains. Il s’agit maintenant de nous débarrasser de leur domination. Mais la difficulté, dans ce cas, c’est que les colonisés ne cherchent pas vraiment à s’émanciper. Depuis la fin de la guerre, les Américains nous ont assujettis sans douleur et sans guère de résistance.

En même temps, ils essaient de nous remplacer dans nos anciennes colonies d’Afrique et d’Asie, persuadés qu’ils sauront faire mieux que nous. Je leur souhaite bien du plaisir.

Les capitaux américains pénètrent de plus en plus dans les entreprises françaises. Elles passent l’une après l’autre sous leur contrôle.

Il devient urgent de secouer l’apathie générale, pour monter des mécanismes de défense. Les Américains sont en train d’acheter la biscuiterie française. Leurs progrès dans l’électronique française sont foudroyants. Qu’est-ce qui empêchera IBM de dire un jour : « Nous fermons nos usines de France, parce que l’intérêt de notre firme le commande » ? Qu’est-ce qui empêchera que recommence ce qui s’est passé l’autre année pour Remington à Vierzon ? Les décisions se prennent de plus en plus aux États-Unis. Il y a un véritable transfert de souveraineté. C’est comme dans le monde communiste, où les pays satellites se sont habitués à ce que les décisions se prennent à Moscou.

Les vues du Pentagone sur la stratégie planétaire, les vues du business américain sur l’économie mondiale nous sont imposées.

Bien des Européens y sont favorables. De même que bien des Africains étaient favorables au système colonial : les colonisés profitaient du colonialisme. Les nations d’Europe reçoivent des capitaux, certes ; mais elles ne veulent pas se rendre compte que ces capitaux, c’est la planche à dollars qui les crée ; et qu’en même temps, elles reçoivent aussi des ordres. Elles veulent être aveugles. Pourtant, à la fin des fins, la dignité des hommes se révoltera. »

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« Je ne crois pas que l'Europe puisse avoir aucune réalité vivante si elle ne comporte pas la France avec ses Français, l'Allemagne avec ses Allemands, l'Italie avec ses Italiens, etc. Dante, Goethe, Chateaubriand appartiennent à toute l'Europe, dans la mesure même où ils étaient respectivement et éminemment Italien, Allemand et Français. Ils n'auraient pas beaucoup servi l'Europe s'ils avaient été des apatrides et qu'ils avaient pensé et écrit en quelque espéranto ou volapük intégré… »

« Pourquoi cette Europe, qui a conquis les cinq parties du monde a-t-elle honte de les avoir colonisées ? Nous nous reprochons d'avoir bâti Casablanca, alors que les Romains étaient tout fiers d'avoir détruit Carthage. »

« L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire un petit cap du continent asiatique ? Ou bien l’Europe restera-t-elle ce qu’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps ? »

« Partout où l'Esprit européen domine, on voit apparaître le maximum de besoins, le maximum de travail, le maximum de capital, le maximum de rendement, le maximum d'ambition, le maximum de modifications de la nature extérieure, le maximum de relations et d'échanges. Cet ensemble de maxima est Europe, ou image de l'Europe. »

« Chaque geste que vous ferez vers une Europe unifiée protègera un peu plus le trésor du monde. Taxez-moi de romantisme, qu’importe ! Pour moi, le trésor du monde, c’est une infante de Vélasquez, un opéra de Wagner ou une cathédrale gothique. C’est un calvaire breton ou une nécropole de Champagne. C’est le Romancero du Cid ou le visage hugolien de "l’enfant grec". C’est un tombeau des Invalides ou le Grand Aigle de Schönbrunn, l’Alcazar de Tolède ou le colisée de Rome, la Tour de Londres ou celle de Galata, le sang de Budapest ou le quadrige orgueilleux de la Porte de Brandebourg devenue le poste frontière de l’Europe mutilée. Pour toutes ces pierres, pour tous ces aigles et pour toutes ces croix, pour la mémoire de l’héroïsme et du génie de nos pères, pour notre terre menacée d’esclavage et le souvenir d’un grand passé, la lutte ne sera jamais vaine. Frêle Geneviève de Paris, patronne de l’Europe, seule contre les hordes mongoles, tu symbolises notre esprit de résistance. Et toi, vainqueur blond au visage de dieu, macédonien aux dix milles fidèles, Alexandre, toi qui conquis le monde oriental avec ta foi et ton épée, dressé contre le destin et le sens de l’Histoire, tu symboliseras peut-être un jour le triomphe de l’Europe impériale. »

« Je sens peser sur mes épaules misérables le poids démesuré du plus glorieux des héritages. A moi, qui ne suis rien et qui n’apporte rien, la civilisation fait un cadeau gigantesque : le patrimoine de l’Europe. Il est fait de trésors et de souvenirs. Chacun de nous, je crois, à Londres et à Vienne, à Berlin et à Madrid, à Athènes et à Varsovie, à Rome et à Paris, à Sofia et à Belgrade, doit ressentir le même drame. Chacun de nous est le dernier des Européens. Je suis le prince débile issu d’une lignée de colosses et qui va peut-être clore une race. Je mourrai sans postérité, stérilisé par l’atome ou égorgé par un fanatique. Et mes frères auront le même sort. Des géants nous précèdent, des héros et des savants, des explorateurs de la terre et des explorateurs de l’âme, des César et des Antoine, des monarques et des capitaines, des silhouettes sévères en robe de bure, de belles courtisanes ou des brutes implacables. Tout un cortège de grandes figures, resplendissantes de splendeur et de puissance, se déroule à nos yeux, immense fardeau pour nos contemporains dérisoires. Voici que s’amassent à l’Orient les nuages sinistres de la ruée païenne et barbare. Je vais mourir. Je meurs. Et la race Europe avec moi. Avec nous. Je ne laisserai rien. Depuis cinquante ans j’ai dispersé l’héritage. Et laissé le royaume du ciel en friche. Je n’aurais pas d’héritiers dans ce monde hostile et chaotique. Je ne puis laisser qu’un message : l’histoire, la très belle histoire d’une civilisation mortelle, qui se croyait invincible. Une civilisation pour laquelle des milliards d’hommes ont lutté et vaincu pendant trente siècles. Personne ne sera là pour me lire. Qu’importe. Voici comme un dernier cri de rage et d’amertume. »

« Un millénaire d'histoire européenne, de joie et de sacrifice, d'héroïsme et de noblesse nous appellent à cette tâche. Au sang qui a coulé sur le sol sacré de l'Europe, nous ajouterons le sang de nos ennemis. »

"Europe is equal to its historical task. Against the anti-spiritual, anti-heroic 'ideals' of America-Jewry, Europe pits its metaphysical ideas, its faith in its Destiny, its ethical principles, its heroism. Fearlessly, Europe falls in for battle, knowing it is armed with the mightiest weapon ever forged by History: the superpersonal Destiny of the European organism. Our European Mission is to create the Culture-State-Nation-Imperium of the West, and thereby we shall perform such deeds, accomplish such works, and so transform our world that our distant posterity, when they behold the remains of our buildings and ramparts, will tell their grandchildren that on the soil of Europe once dwelt a tribe of gods."

« Il y a toute l'histoire de l'Europe [...] dans ce fleuve des guerriers et des penseurs, dans cette vague superbe qui fait bondir la France, dans ce murmure profond qui fait rêver l'Allemagne. Le Rhin réunit tout. »

« Il est en tout cas salutaire de se rappeler l'humilité de ses origines [l'Europe]. Non pour mesurer avec satisfaction la distance parcourue. Mais pour savoir à quoi et à qui on doit d'avoir accompli ces progrès. Il existe un devoir de réminiscence. Il est bon aussi de rappeler d'ou l'Europe a tiré les sucs nourriciers dont elle s'est engraissée. La réponse est simple : elle les a pris en dehors d'elle. Elle les a empruntés au monde gréco-romain qui l'a précédée, puis au monde de culture arabe qui s'est développé en parrallèle avec elle, enfin au monde byzantin. C'est du monde arabe, en particulier, que sont venus les textes arabes d'Aristote, de Galien, et de bien d'autres, qui, traduits en latin, ont nourri la Renaissance du XIIe siècle. C'est du monde byzantin que vinrent les originaux de ces mêmes textes, qui en permirent une étude plus précise et alimentèrent la floraison scholastique du XIIIe siècle. Que serait Thomas d'Aquin s'il n'avait trouvé en Averroès un adversaire à sa mesure ? Que serait Duns Scott s'il n'avait trouvé en Avicenne, pour reprendre la formule de Gilson, un "point de départ" ? Et bien des textes dont l'Europe s'est nourrie lui sont venues par l'intermédiaire des traducteurs juifs. L'Europe doit ainsi prendre conscience de l'immensité de la dette culturelle qu'elle a envers ces truchements (c'est d'ailleurs un mot arabe...) : envers les Juifs, en dehors d'elle comme en son intérieur, ainsi qu'envers le monde de culture arabe, chrétiens comme musulmans. »

  • Rémi Brague, Au moyen du Moyen Age : Philosophies médiévales en chrétienté, judaïsme et islam, éd. Transparence, 2006, Les leçons du Moyen Age, p. 52

« Il n’existe aucune garantie que les protections qui prévalent dans les sociétés occidentales seront préservées dans celles qui deviennent non-occidentales. Aucune raison historique ne force à croire que des gouvernements basés sur les libertés individuelles survivront à la disparition des peuples occidentaux. L’Afrique post-coloniale est révélatrice. Dans sa plus grande partie, le continent Noir retourne à ses mœurs ancestrales, renforcées par une infusion d’armes occidentales modernes, comme cela a été montré par les carnages somalien et rwandais. Ce qui bouleverse notre très profond sens de la compassion est compréhensible. Mais le sentimentalisme ne devrait pas nous aveugler quant aux implications à long terme que cela aura sur notre propre survie. De même que de donner de la nourriture à des populations incapables de se nourrir ne fait que hâter l’inévitable catastrophe démographique, déverser en Occident des populations du Tiers Monde accélère simplement la transformation de l’Occident en une extension du Tiers Monde. »

« [...] l'habituel mépris des universalistes, persuadés que dans sa culture l'Autre est finalement inférieur à l'Occidental raisonnable et cartésien, et que mettre sur un même plan le "savoir anthropologique" avec des coutumes traditionnelles ou des croyances ne peut tourner qu'au désavantage des secondes. Le vrai racisme est là bien sûr [...]. »

  • Ludovic Maubreuil, « Qu'est-ce que l'ethnopsychiatrie ? La réponse inconvenante de Tobie Nathan », Éléments (revue), nº 111, décembre 2003, p. 56

[...] l'humanitarisme, concept vague, mais essentiellement désorganisateur au point de vue national, en ce que, transporté par les propagandistes dans les milieux populaires et jeté dans les cerveaux incultes, il y engendre, en même temps qu'un antimilitarisme aveugle, la haine et le mépris de l'idée de patrie.

Le terme humanitarisme est pris au sens d'universalisme et non d'aide humanitaire. »

  • Paul Copin-Albancelli, La Guerre occulte, les sociétés secrètes contre les nations, éd. Perrin et Cie, Paris, 1925, chap. III, une énigme, pp. 71-72

"Infinitus est numerus stultorum
Damnant quodnon intelligunt
Alenda lux ubi orta libertas
Ave, Europa, nostra vera patria!"

"Infinite is the number of fools
They condemn what they do not understand
Where light has arisen there liberty should be sustained
Hail, Europe, our true Fatherland!"

"Take up the White Man's burden
Send forth the best ye breed
Go bind your sons to exile
To serve your captives' need;
To wait in heavy harness,
On fluttered folk and wild
Your new-caught, sullen peoples,
Half-devil and half-child.

Take up the White Man's burden
In patience to abide,
To veil the threat of terror
And check the show of pride;
By open speech and simple,
An hundred times made plain
To seek another's profit,
And work another's gain.

Take up the White Man's burden
The savage wars of peace
Fill full the mouth of Famine
And bid the sickness cease;
And when your goal is nearest
The end for others sought,
Watch sloth and heathen Folly
Bring all your hopes to nought.

Take up the White Man's burden
No tawdry rule of kings,
But toil of serf and sweeper
The tale of common things.
The ports ye shall not enter,
The roads ye shall not tread,
Go mark them with your living,
And mark them with your dead.

Take up the White Man's burden
And reap his old reward:
The blame of those ye better,
The hate of those ye guard
The cry of hosts ye humour
(Ah, slowly!) toward the light:
"Why brought he us from bondage,
Our loved Egyptian night?"

Take up the White Man's burden
Ye dare not stoop to less
Nor call too loud on Freedom
To cloke your weariness;
By all ye cry or whisper,
By all ye leave or do,
The silent, sullen peoples
Shall weigh your gods and you.

Take up the White Man's burden
Have done with childish days
The lightly proferred laurel,
The easy, ungrudged praise.
Comes now, to search your manhood
Through all the thankless years
Cold, edged with dear-bought wisdom,
The judgment of your peers!"

« Ô Blanc, reprends ton lourd fardeau :
Envoie au loin ta génération choisie,
Jette tes fils dans l'exil
Pour servir les besoins de tes captifs,
Pour, bien harnachés, veiller
Sur les peuples sauvages, errants,
Tes peuples récemment conquis,
Mi-diables, mi-enfants.

Ô Blanc, reprends ton lourd fardeau,
Pour dans la patience demeurer,
Pour voiler la menace de la terreur,
Réprimer ce spectacle de fierté
Par des paroles ouvertes et simples,
Maintes fois prononcées,
Pour veiller au profit d’un autre,
Et, pour lui, travailler.

Ô Blanc, reprends ton lourd fardeau,
Les sauvages guerres de la paix
Nourris la bouche de la famine
Fais la maladie cesser ;
Et lorsque tu toucheras au but
Que pour ces autres tu désires,
Regarde les indigents et les païens
Par leur folie tous tes espoirs anéantir.

Ô Blanc, reprends ton lourd fardeau :
Non pas quelque oeuvre royale,
Mais un travail de serf, de tâcheron,
Un labeur commun et banal.
Les ports où nul ne t'invite,
Les routes dont tu ne t’approches,
Va, construis-les de ta vie,
Marque-les de tes morts.

Ô Blanc, reprends ton lourd fardeau ;
Tes récompenses sont dérisoires :
Le blâme de ceux que tu ne veux qu’aider,
La haine de ceux sur qui tu veilles.
Les cris de ceux que tu assistes
Que tu guides (ô, doucement !) vers la lumière :
"Pourquoi nous délivrer de nos liens,
Chère nuit égyptienne ?"

Ô Blanc, reprends ton lourd fardeau ;
N’ose pas courber le dos sous un poids moins rude,
Ni appeler trop fort la liberté
Pour déguiser ta lassitude ;
Par tous tes murmures et toutes tes larmes,
Par tes actions, tes omissions,
Les peuples silencieux et maussades
Tes dieux et toi t’écraseront.

Ô Blanc, reprends ton lourd fardeau,
Abandonne les voies de l’enfance
Le laurier négligemment offert,
La facile louange de complaisance.
Viennent maintenant, pour trouver ta maturité,
Après toutes ces années d’ingratitude,
Froids, aiguisés de sagesse durement acquise,
Tes semblables qui te jugent ! »

« Seule l’arrogance incite les Occidentaux à considérer que les non-Occidentaux "s’occidentaliseront" en consommant plus de produits occidentaux. Le fait que les Occidentaux identifient leur culture à des liquides vaisselle, des pantalons décolorés et des aliments trop riches, voilà qui est révélateur de l’Occident. »

« L'idée selon laquelle la diffusion de la culture de masse et des biens de consommation dans le monde entier représente le triomphe de la civilisation occidentale repose sur une vision affadie de la culture occidentale. L'essence de la culture occidentale, c'est le droit, pas le MacDo. Le fait que les non-Occidentaux puissent opter pour le second n'implique pas qu'ils acceptent le premier. »

« Le paradigme civilisationnel permet donc de répondre de façon nette et convaincante à la question de savoir ou finit l'Europe. Elle se termine là ou finit la chrétienté occidentale et ou commencent l'islam et l'orthodoxie. »

"The West won the world not by the superiority of its ideas or values or religion (to which few members of other civilizations were converted) but rather by its superiority in applying organized violence. Westerners often forget this fact; non-Westerners never do."

  • Samuel Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order (1996), Simon & Schuster, 1997 (ISBN 9780684844411), p. 51
« L’expansion de l’Occident a été facilitée par la supériorité de son organisation, de sa discipline, de l’entraînement de ses troupes, de ses armes, de ses moyens de transport, de sa logistique, de ses soins médicaux, tout cela étant la résultante de son leadership dans la révolution industrielle. L’Occident a vaincu le monde non parce que ses idées, ses valeurs, sa religion étaient supérieures mais plutôt par sa supériorité à utiliser la violence organisée. Les Occidentaux l’oublient souvent, mais les non-Occidentaux jamais. »

« Le rejet des principes fondamentaux et de la civilisation occidentale signifie la fin des Etats-Unis d’Amérique tels que nous les avons connus. Cela signifie également la fin de la civilisation occidentale. Si les Etats-Unis se désoccidentalisent, l’Ouest se réduira à l’Europe et à quelques zones d’implantation européenne, faiblement peuplées. Sans les Etats-Unis, l’Occident ne représente plus qu’une fraction minuscule et déclinante de la population mondiale, abandonnée sur une petite péninsule à l’extrémité de la masse eurasienne. »

"In the emerging world of ethnic conflict and civilizational clash, Western belief in the universality of Western culture suffers three problems: it is false; it is immoral; and it is dangerous … Imperialism is the necessary logical consequence of universalism."

  • Samuel Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order (1996), Simon & Schuster, 1997 (ISBN 9780684844411), p. 310
« Normativement, l'Occident, dans sa prétention à l’universalité, tient pour évident que les peuples du monde entier devraient adhérer aux valeurs, aux institutions et à la culture occidentale parce qu’elles constituent le mode de pensée le plus élaboré, le plus lumineux, le plus libéral, le plus rationnel, le plus moderne. Dans un monde traversé par les conflits ethniques et les chocs entre civilisations, la croyance occidentale dans la vocation universelle de sa culture a trois défauts majeurs : elle est fausse, elle est immorale et elle est dangereuse. [...] L’impérialisme est la conséquence logique de la prétention à l’universalité. »
  • Samuel Huntington, Le choc des civilisations (1996), éd. Odile Jacob, 2007, pp. 343-344

« Le tiers monde n'est pas une réalité mais une idéologie. »

« [...] Vient le moment où des nations autres, des religions, des croyances, des langues différentes, plus vigoureuses, plus sûres d'elles-mêmes, font la vidange et prennent la place. Soutiers, boueux, balayeurs, hommes des peine et femmes de ménage, tous chargés du soin des vieilles sociétés d'Occident, déposeront bientôt le corps affaibli dont ils ont la charge. Un pays qui n'est plus conscient ni fier de ses propres idéaux finit seulement par appeler pluralisme ou tolérance ce qui n'est qu'impuissance. »

  • Jean Clair, Journal atrabilaire, éd. Gallimard, coll. L’Un et l’Autre, 2006

"[...] much of what we loosely call the Western world will not survive the twenty-first century, and much of it will effectively disappear within our lifetimes, including many if not most European countries."

  • Mark Steyn, America Alone: The End Of The World As We Know It, Regnery Publishing, 2008 (ISBN 9781596985278), p. xxix

« [...] la majeure partie du monde occidental ne survivra pas au XXIe siècle et une grande partie, dont la plupart sinon la totalité des pays européens, disparaîtra pendant notre génération. Nous assistons à la fin du monde tel que nous le connaissons. »

  • Mark Steyn, America Alone: The End Of The World As We Know It, Regnery Publishing, 2006, p. xiii

"Europe by the end of this century will be a continent after the neutron bomb; the grand buildings will still be standing, but the people who built them will be gone. We are living through a remarkable period: the self-extinction of the race who, for good or ill, shaped the modern world."

  • Mark Steyn, It's the Demography, Stupid, column, 4 January 2006

"The crisis of the West is a collapsing culture and vanishing peoples, as a Third World that grows by 100 million people, the equivalent of a new Mexico, every 18 months, mounts the greatest invasion in history of the world. If we do not shake off our paralysis, the West comes to an end."

"Islamization of Europe is an unavoidable consequence, indeed, an inevitability, once Europe ceased to reproduce itself. The descendants of the men who went out from Europe to conquer and Christianize the world have decided to leave the world. The culture of death triumphs, as the poor but fecund Muslims, expelled centuries ago, return to inherit the estate."

«- L'Europe a détruit le monde entier, dit Port. Dois-je lui en être reconnaissant ou lui en vouloir ? J'espère qu'elle va se rayer elle-même de la surface du globe.
[...]
- Pourquoi n'étends-tu pas ton souhait délicieux à toute l'humanité pendant que tu y es ? demanda-t-elle.
- L'humanité ? s'écria Port. Qu'est-ce que c'est ? Qui est l'humanité ? Je vais te le dire. L'humanité c'est tout le monde, excepté soi. Par conséquent, quel intérêt chacun peut-il lui porter ? »

« Nous vivons dans un déni du collectif et du symbolique qui confine à la négation de la réalité de la condition humaine et des conditions de l’expérience humaine, la pesanteur, la durée, l’origine, l’appartenance, cette réalité jamais aussi présente sans doute qu’au moment où elle est refusée davantage. Nous, Européens, qui avons refusé de mentionner l’origine chrétienne de l’Europe et prétendons interdire à l’Italie d’accrocher des crucifix dans ses écoles, faisons comme si l’argent faisait société, comme si la bulle de l’assistance et de l’argent public pouvait remplacer la frontière, oublier l’origine et se substituer à l’unité politique. Et nous, Français, faisons comme si ce n’était pas les arrière-petits-enfants des esclaves de la traite, les descendants lointains des royaumes et des empires assujettis et ruinés, qui nous demandent des comptes en raison des liens, des origines et du sang ! Ils ont été ceux que nous serons, expulsés de notre origine, interdits de notre identité, suspectés de résistance à notre disparition, rebelles à devenir colonie de nos colonies. L’étrange consentement de l’Europe à sa fin n’est pas étranger aux attaques dont elle fait l’objet : le partage des dépouilles attire les appétits… »

  • Hervé Juvin, Le renversement du monde – Politique de la crise, éd. Gallimard, 2010

« Il n’est pas vrai que le religieux puisse devenir une simple question privée, anecdotique. La proposition chrétienne garde toute sa place dans la conversation contemporaine, parce que les autres propositions, j’ose le dire, proposent une version de l’universel qui me semble moins convaincante. La peur du conflit a fait que toute réflexion sur le sujet est très mal vue. Nous sommes tenus de supposer que la présence de millions de musulmans parmi nous est sans conséquence politique ou spirituelle. Camus montre très bien, dans une de ses nouvelles sur l’Algérie, à quel point la condition coloniale aboutissait à ce que les deux communautés se croisaient là-bas sans se voir. Eh bien, au nom du respect de l’islam, on nous demande au fond de rééditer en Europe cette situation. Circulez, faites comme s’il ne se passait rien. Il s’agit pourtant de la plus énorme transformation de la substance européenne depuis des siècles. »

  • Pierre Manent, « La France est sous sédatif », Le Nouvel Observateur, propos recueillis par Aude Lancelin, 11 novembre 2010

« Je crois que l'Europe n'interviendra plus. Elle contiendra tant bien que mal l'Armée Rouge aux frontières polonaises. Elle refuse de voir qu'une autre guerre a commencé en 1917. Si cela va trop mal sur le vieux continent, les patrons briseront les grèves et les généraux prendront le pouvoir. Mais ce sera pour recommencer les erreurs des bourgeois et des officiers de la Russie impériale. la Réaction ne peut à elle seule triompher de la la Révolution. Il faut opposer à cette force une autre force, à cette idée une autre idée, à ce rêve un autre rêve. Tout se trouve en Asie. L'Europe devient sénile, incapable de vivre une grande aventure. Elle a eu sa chance au XVIII° siècle et l'a perdue avec Napoléon. Elle est vouée à la balkanisation confortable. Le XIX° a été celui de l'Amérique. Le XX° sera celui de l'Asie. Tout peut se jouer ici. L'Asie est jeune, violente, pure. Il faut créer deux bastions de résistance entre la subversion russe et le chaos chinois : la Mongolie et la Mandchourie. Deux peuples ressuscités prouveront à l'Internationale qu'il existe encore des patrie. Ici doivent régner l'ordre, c'est-à-dire la différence et la hiérarchie. Puis nous rallierons les Bouriates et les Kirghiz, nous pousserons vers le Turkestan, le Tibet, la Corée, le Cachemire... Je vais sonner le grand réveil des peuples qui se joindront à nous pour rester libres, pour devenir eux-mêmes, pour conserver leur héritage et leur foi. Face à l'Internationale de Moscou, je veux fonder l'Internationale d'Ourga. »

Quotes about European Union

« Aujourd'hui, les politiques, qui ont la charge disent-ils de "faire l'Europe", ne semblent chez eux nulle part. Souvent peu cultivés, peu lettrés, indifférents à ce que fut ce passé, soucieux plutôt d'en effacer la trace, acharnés à dénier un héritage qui leur paraît être un fardeau, ils sont les inventeurs à Bruxelles et à Strasbourg d'une nouvelle Babel, bruissante des milliers de traducteurs que leurs discours supposent. Mais celle-ci, privée d'espoir, est plus proche du cône imaginé par Dante, qui s'enfonçait dans la Terre au fond duquel Lucifer s'ennuie, que de l'édifice orgueilleux dépeint par Bruegel et quelques autres qui, du moins, s'élevait vers les cieux, et vers Dieu. »

  • Jean Clair, Lait noir de l'aube (2007), éd. Gallimard, « Printemps, La Chine », novembre 2006

« À quelle profondeur d'illusion ou de parti pris faudrait-il plonger, en effet, pour croire que des nations européennes, forgées au long des siècles par des efforts et des douleurs sans nombre, ayant chacune sa géographie, son histoire, sa langue, ses traditions, ses institutions, pourraient cesser d'être elles-mêmes et n'en plus former qu'une seule ? »

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« L'Angleterre est un empire, l'Allemagne un pays, une race ; la France est une personne. »

  • Jules Michelet, Histoire de France, éd. Chamerot, 1861, t. 2, livre III (« Tableau de la France »), « Centralisation », p. 103

« Un Français est un condensé d’Européen. »

« Prenez garde que la France ne devienne la colonie de ses colonies. »

« Ainsi, Dieu choisit la France de préférence à toutes les autres nations de la terre pour la protection de la foi catholique et pour la défense de la liberté religieuse. Pour ce motif, le royaume de France est le royaume de Dieu ; les ennemis de la France sont les ennemis du Christ. De même qu'autrefois la tribu de Juda reçut d'en-haut une bénédiction toute spéciale parmi les autres fils du patriarche Jacob ; de même le Royaume de France est au-dessus de tous les autres peuples, couronné par Dieu lui-même de prérogatives extraordinaires. La tribu de Juda était la figure anticipée du royaume de France. »

« En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. »

« France, mère des arts, des armes et des loix,
Tu m’as nourri long temps du laict de ta mammelle :
Ores, comme un aigneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.

Si tu m’as pour enfant advoué quelquefois,
Que ne me respons-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, respons à ma triste querelle :
Mais nul, sinon Écho, ne respond à ma voix.

Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine,
Je sens venir l’hyver, de qui la froide haleine
D’une tremblante horreur fait herisser ma peau.

Las, tes autres aigneaux n’ont faute de pasture,
Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troppeau. »

« Des Turcs, des Mammelus, des Perses, des Tartares ;
Bref, par tout l'univers tant craint et redouté,
Faut-il que par les siens luy-mesme soit donté ?
France, de ton malheur tu es cause en partie ;
Je t'en ay par mes vers mille fois advertie :
Tu es marastre aux tiens et mère aux estrangers,
Qui se mocquent de toy quand tu es aux dangers,
Car sans aucun travail les estrangers obtiennent
Les biens qui à tes fils justement appartiennent. »

  • Pierre de Ronsard, Discours à Guillaume des-Autels, Œuvres complètes de Ronsard, éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome II, p. 568

« Maintenant que j'ai hélas, le temps de méditer, je me demande si l'erreur initiale de la France, ne date pas de l'exécution de Louis XVI. »

  • Raymond Poincaré, à un visiteur dans les derniers jours de sa vie, cité dans La Revue de Paris du 15 décembre 1936

« La France est morte au champ d’honneur en 1918. »

« En même temps, il ne faut en aucun cas oublier que, mystérieusement, c'est en France et à partir de la France que la partie finale va devoir se jouer, parce que c'est ainsi qu'il en a été décidé "depuis les ultimes hauteurs des cieux". Ce sera donc dans les soubassements inconscients d'une certaine France profonde, dissimulée, que réside la décision salvatrice, et peu importe alors l'état d'abominable dégénérescence spirituelle et politico-historique de la France, parce que des puissances d'un autre ordre vont avoir à y mener la "bataille finale". Il est donc urgent que les nôtres – quel que soit leur nombre – se rassemblent déjà, et se tiennent prêts à se saisir de la grande vague montante. »

  • Jean Parvulesco, « La troisième guerre mondiale est commencée », Rébellion, n° 26, septembre-octobre 2007

« Deux mille ans de culpabilité chrétienne relayée par les droits de l’homme se sont réinvestis, au nom de la défense des individus, dans la mise en accusation et la disqualification radicale de la France. Et l’école publique s’est engouffrée dans la brèche avec d’autant plus d’ardeur qu’à la faveur du multiculturalisme elle a trouvé dans cette repentance et ce masochisme national une nouvelle mission. Après avoir été le vaisseau pilote de l'humanité, la France est devenue ainsi l'avant-garde de la mauvaise conscience universelle. Lourde rançon. Singulier privilège. »

« La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts. »

« Hélas ! Il n'y a point de race française, mais un peuple français, une nation française. »

  • Maurice Barrès, Scènes et Doctrines du nationalisme (1902), éd. Plon-Nourrit, 1925, t. 1, p. 85

« Je ne puis assez blasmer la sotte arrogance et temerité d'aucuns de nostre nation, qui, n'estans rien moins que Grecz ou Latins, desprisent toutes choses escriptes en françois. »

  • Joachim du Bellay, I, 3, verso, extrait du Dictionnaire de la langue française (Littré), article « rien »

« Nous devons chercher ce qui reste de la vieille France et nous y rattacher par toutes nos fibres, retrouver la province d’unité naturelle et héréditaire sous le département artificiel et morcelé, l’autonomie municipale sous la centralisation administrative, les Universités locales et fécondes sous notre Université officielle et morte, reconstituer la famille terrienne par la liberté de tester, protéger le travail par le rétablissement des corporations, rendre à la vie religieuse sa vigueur et sa dignité par la suppression du budget des cultes et le droit de posséder librement assuré aux associations religieuses, en un mot, sur ce point comme sur les autres, défaire systématiquement l’oeuvre meurtrière de la révolution française. »

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Le Gaulois mourant - The Dying Gaul

« Dans la lettre à Jaubert elle affirme : "Nous parlons ici le berrichon pur et le français le plus primitif." Elle le redit en 1846 dans son article de L'Éclaireur : "C'est dans la Vallée-Noire qu'on parle le vrai, le pur berrichon, qui est le vrai français de Rabelais." Dans Les Noces de campagne elle complète l'idée en assurant : " Le Berry est resté stationnaire et je crois qu'après la Bretagne et quelques provinces de l'extrême midi de la France, c'est le pays le plus conservé qui se puisse trouver à l'heure qu'il est." En 1844 avaient paru les trois premiers volumes de l'Histoire du Berry de Raynal qui lui ont appris qu'on retrouvait dans le Berry des traces de la civilisation gauloise. »

  • George Sand, La Mare au diable, Notice de Léon Céllier, Folio, p. 221

« Les français sont des lions dirigés par des ânes. »

  • Citation apocryphe

« Pour moi, l'histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis, nous avons la Préhistoire gallo-romaine et gauloise. L'élément décisif pour moi, c'est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l'histoire de France à partir de l'accession d'un roi chrétien qui porte le nom des Francs. »

  • Charles de Gaulle, cité par David Schœnbrun, in Les trois vies de Charles de Gaulle (1965), trad. Guy Le Clec'h, éd. Julliard
"For me, the history of France begins with Clovis, elected as king of France by the tribe of the Franks, who gave their name to France. Before Clovis, we have Gallo-Roman and Gaulish prehistory. The decisive element, for me, is that Clovis was the first king to have been baptized a Christian. My country is a Christian country and I reckon the history of France beginning with the accession of a Christian king who bore the name of the Franks."
  • Charles de Gaulle, quoted by David Schœnbrun, in The Three Lives of Charles de Gaulle (1965), Publisher Atheneum, 1965

« C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont les Arabes, les Français sont les Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de Musulmans, qui demain seront peut-être vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisons l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! »

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« Nous avons une responsabilité, celle de jouer le rôle de la France ; ce rôle, dans mon esprit comme dans le vôtre, se confond avec un rôle chrétien. Notre pays ne serait pas ce qu'il est, c'est presque banal de le dire, s'il n'était pas d'abord un pays catholique. »

« La France reviendra aux traditions de saint Louis, ou elle périra dans la honte et la ruine. »

"Long live our sacred Germany!"

« Vive l'Allemagne sacrée ! »
Es lebe das heilige Deutschland!

« S’il n’y avait pas eu l’Allemagne, nous vivrions aujourd’hui sous la domination des Rouges. »

  • Philip K. Dick, Le Maître du Haut Château (1962), éd. Flammarion, trad. J. Parsons, coll. J'ai Lu, 1974

"[The Jews] have enjoyed rather too much history and too little geography."

« [Les juifs] ont eu trop d'histoire et pas assez de géographie. »

« Nous ne connaissons point de nation plus ancienne que la juive. Outre son antiquité, elle a sur les autres une seconde prérogative qui n’est pas moins importante : c’est de n’avoir point passé par le polythéisme, et la suite des superstitions naturelles et générales pour arriver à l’unité de Dieu. La révélation et la prophétie ont été les deux premières sources de la connaissance de ses sages. Dieu se plut à s’entretenir avec Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse et ses successeurs. La longue vie qui fut accordée à plusieurs d’entre eux ajouta beaucoup à leur expérience. Le loisir de l’état de pâtre qu’ils avaient embrassé était très favorable à la méditation et à l’observation de la nature. Chefs de familles nombreuses, ils étaient très versés dans tout ce qui tient à l’économie rustique et domestique et au gouvernement paternel. A l’extinction du patriarcat on voit paraître parmi eux un Moïse, un David, un Salomon, un Daniel, hommes d’une intelligence peu commune, et à qui on ne refusera pas le titre de grands législateurs. Qu’ont su les philosophes de la Grèce, des hiérophantes de l’Egypte et les gymnosophistes de l’Inde qui les élèvent au-dessus des prophètes ? »

  • Denis Diderot, Œuvres complètes, éd. Garnier frères, 1876, tome XV, p. 318

« Le peuple juif, en revenant en Israël, a accompli sa "sortie d'Europe". Je veux dire: grâce au rétablissement de son État, il a cessé d'être dépendant spirituellement des nations européennes dans lesquelles il vivait ou vit encore. C'est l'issue d'une très longue séquence historique. Ce n'est pas seulement la conséquence de la destruction des Juifs d'Europe ; c'est aussi la suite de l'effacement de soi auquel les nations européennes travaillent depuis vingt ans avec un zèle qui étonne. Étant ainsi "sorti d'Europe", le peuple juif invite l'Europe à dire son nom. Il lui demande son nom. »

« Le monde n'a été créé qu'en vue d'Israël, voilà pourquoi la terre entière est un lieu qui lui sied. »

« Quand les juifs tentent de s'assimiler et de s'intègrer,
ils sont accusés de réussir et de diriger le monde.

Quand ils revendiquent la richesse de la diaspora,
ils sont alors un peuple apatride et bâtard.

Quand ils veulent s'installer en Israël,
ils sont une sale race d'impérialistes et de colonisateurs. »

« [...] Israël est la croix même sur laquelle Jésus est éternellement cloué ; il est donc le peuple porte-salut, le peuple sacré dans la lumière et sacré dans l'abjection, tel que l'ignominieux et resplendissant gibet du Calvaire. »

« La Russie est un État européen, et géographiquement, et mentalement. Qu'est-ce que l'Europe ? C'est la culture de la Rome Antique, c'est la culture de la Grèce Antique, c'est la culture de Byzance, c'est-à-dire du christianisme oriental. La Russie est pleinement et entièrement incorporée dans toutes ces trois composantes et ne pense pas son développement sans l'Europe. [...]

Je crois que l'Europe ne peut à long terme affermir sa réputation de puissant et indépendant centre de la politique mondiale seulement si elle unifie ses moyens avec les hommes, le territoire et les ressources naturelles russes ainsi qu'avec le potentiel économique, culturel, et de Défense de la Russie. »

"England has saved herself by her exertions, and will, as I trust, save Europe by her example."

"In old days men had the rack. Now they have the Press. That is an improvement certainly. But still it is very bad, and wrong, and demoralizing. Somebody — was it Burke? — called journalism the fourth estate. That was true at the time no doubt. But at the present moment it is the only estate. It has eaten up the other three. The Lords Temporal say nothing, the Lords Spiritual have nothing to say, and the House of Commons has nothing to say and says it. We are dominated by Journalism."

  • Oscar Wilde, "The Soul of Man under Socialism" (February 1891), Fortnightly Review 49 (290): 292–319
« Au temps jadis, on avait le chevalet de torture. Aujourd’hui on a la presse. Assurément c’est un progrès. Mais c’est encore chose mauvaise, nuisible, démoralisante.
Quelqu’un — était-ce Burke, — a dit que la presse est le quatrième État. Évidemment c’était vrai alors. Mais à l’heure actuelle, c’est en réalité le seul État, il a mangé les trois autres. Les lords temporels ne disent rien, les lords ecclésiastiques n’ont rien à dire. La Chambre des Communes n’a rien à dire, et elle le dit ; nous sommes dominés par le journalisme. »
  • Oscar Wilde, « L’Âme humaine sous le régime socialiste » (1891), Le Portrait de Mr. W. H., trad. Albert Savine, éd. P.-V. Stock, 1906, pp. 304-305

« La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres. »

  • Stéphane Mallarmé, Poésies, « Brise marine », Nouvelle Revue française, 1914, 8e éd., pp. 43-44

« Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes [...]. »

  • Arthur Rimbaud, Une saison en enfer (1873), in Poésies - Une saison en enfer - Illuminations, éd. Gallimard, coll. Folio, 1999 (ISBN 9782070409006), p. 204

« Ainsi que l'ennemi par livres a séduit
Le peuple dévoyé qui faussement le suit,
Il faut, en disputant, par livres lui répondre,
Par livres l'assaillir, par livres le confondre. »

« Qui ne connaît pas de langues étrangères ne sait rien de la sienne. »

„Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß nichts von seiner eigenen.“

« Ni Kafka, ni Joyce, ni Proust n'ont eu besoin de l'appui de l'État pour écrire ce qu'ils ont écrit, ni l'œuvre d'un Wajda, d'un Tadeusz Kantor ou d'un Grotowski n'a résulté des subventions culturelles du socialisme. Et ces six créateurs, bien qu'ils ne soient pas faciles et qu'ils exigent de leurs lecteurs ou spectateurs un effort intellectuel, ont trouvé un public qui pour les six est allé en s'élargissant, comme les cercles concentriques. Une société doit avoir l'art et la littérature qu'elle mérite : ceux qu'elle est capable de produire et ceux qu'elle est prête à payer. Et il est bon que les citoyens assument aussi dans ce domaine leurs propres responsabilités sans y renoncer devant les fonctionnaires, pour éclairés qu'ils soient. [...] Cela ne signifie évidemment pas que l'État n'ait aucune responsabilité culturelle. Il en a une, l'éducation. [...] Mais en matière d'éducation non plus l'État ne doit pas seul avoir voix au chapitre. »

  • Mario Vargas Llosa, Les enjeux de la liberté (1991), trad. Albert Bensoussan, éd. Gallimard, 1997 (ISBN 9782070745562), p. 40

« J'ai appris bien des choses en lisant ce qu'ont écrit, en écoutant ce qu'ont composé, en voyant ce qu'ont produit les meilleurs créateurs. Et le plus admirable leçon que j'ai reçue d'eux a été de savoir que les cultures n'ont pas besoin d'être protégées par des bureaucrates ou des policiers, ni confinées derrière des barreaux, ni isolées par des douanes, pour demeurer vivantes et fécondes, car cela les folklorise, plutôt, et les flétrit. Elles ont besoin de vivre en liberté, de se frotter constamment aux cultures différentes, grâce à quoi elles se renouvellent et s'enrichissent, elles évoluent et s'adaptent au flot continu de la vie. Ce ne sont pas les dinosaures de Jurassic Park qui menancent l'honneur culturel de la terre qui a donné au monde Flaubert et les frères Lumières, Debussy et Cézanne, Rodin et Marcel Carné, mais la bande de petits démagogues et cocardiers qui parlent de la culture française comme si c'était une momie qui ne peut être exposée à l'air du monde parce que la liberté la ferait tomber en poussière. »

  • Mario Vargas Llosa, Les enjeux de la liberté (1991), trad. Albert Bensoussan, éd. Gallimard, 1997 (ISBN 9782070745562), p. 348

« Le salut du monde viendra de la pensée populaire. »

"The very stone one kicks with one's boot will outlast Shakespeare."

« À cela sont merveilleusement propres la fréquentation des hommes et la visite des pays étrangers [...] pour frotter et limer notre cervelle contre celle d'autrui. »

« Il n'y a pas de "philosophie islamique", pas plus qu'il n'y a ou a eu une "philosophie juive" ou une "philosophie chrétienne". Ce que, sans conteste, il y a eu, c'est un usage de pensées philosophiques de la part de musulmans, de chrétiens et de Juifs. »

  • Rémi Brague, Au moyen du Moyen Age : Philosophies médiévales en chrétienté, judaïsme et islam, éd. Transparence, 2006, « Les leçons du Moyen Age », p. 122

« L'activité philosophique, au Moyen Age, n'a nulle part été institutionnalisée ailleurs qu'en chrétienté. »

« Voilà près d'un siècle que dans les arts et dans les sciences, pour ne rien dire du reste, on prétend tout refaire ; sans doute parce qu'au fond personne ne sait plus rien faire. »

« Plus ils sont intelligents, plus ils élaborent subtilement leur erreur. »

"It is absurd to have a hard and fast rule about what one should read and what one shouldn't. More than half of modern culture depends on what one shouldn't read."

« Il est absurde d'avoir une règle rigoureuse sur ce qu'on doit lire ou pas. Plus de la moitié de la culture intellectuelle moderne dépend de ce qu'on ne devrait pas lire. »

« La beauté est une promesse de bonheur. »

« L'art du clown va bien au-delà de ce qu'on pense. Il n'est ni tragique, ni comique ; Il est le miroir comique de la tragédie et le miroir tragique de la comédie. »

« L'art, pas plus qu'il ne réclame, par essence, un mécénat étatique, ne souffre une quelconque "intermittence". »

  • Aldo Ciccolini, Le Figaro, août 2003, suite à une grève des intermittents du spectacle

« L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible. »

« La vie n'est pas belle, les images de la vie sont belles. »

« L'art n'est sûrement qu'une vision plus directe de la réalité. »

  • Henri Bergson, Le rire (1900), éd. Presses Universitaires de France, coll. Quadrige, 2002 (ISBN 9782130530893), chapitre III, p. 120

« Quel est l'objet de l'art ? Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l'art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait alors continuellement à l'unisson de la nature. »

  • Henri Bergson, Le rire (1900), éd. Presses Universitaires de France, coll. Quadrige, 2002 (ISBN 9782130530893), chapitre III, p. 115

« L'art est un anti-destin. »

  • André Malraux, l'art peut permettre à l'homme de surmonter sa condition d'être mortel. Dans l'oeuvre, l'homme se dépasse en maîtrisant la matière et, peut-être en laissant derrière lui une trace qui lui survit et témoigne de son passage dans la mémoire des hommes. L'art devient alors un moyen de conjurer la mort et de dépasser la condition de l'homme

« La beauté n'est qu'un piège tendu par la nature à la raison. »

"Life imitates art far more than art imitates Life."

« Ce n'est pas l'art qui imite la nature mais la nature qui imite l'art. »

« L'Art trouve sa perfection en lui-même et non au dehors. On ne saurait le juger d'après aucun modèle extérieur. C'est un voile plutôt qu'un miroir. Il a des fleurs que ne connaît aucune forêt, des oiseaux que nul bois ne possède. Il crée et détruit bien des mondes et peut tirer du ciel la lune avec un fil écarlate. A lui les "formes plus réelles qu'un vivant", à lui les grands archétypes dont les choses existantes ne sont que d'imparfaites copies. »

L'art contemporain est une « vidange généralisée des valeurs. »

  • Jean Clair, De Immundo (2004), éd. Galilée, 2004, p. 40

« Le temps du dégoût a remplacé l’âge du goût. »

  • Jean Clair, De Immundo (2004), éd. Galilée, 2004, « Présentation »

"Skill without imagination is craftsmanship and gives us many useful objects such as wickerwork picnic baskets. Imagination without skill gives us modern art."

« Le talent sans l'imagination nous a donné l'artisanat à qui nous devons tant d'objets utiles, comme le panier de pique-nique en osier. L'imagination sans le talent nous a donné l'art moderne. »

« Or l'Église autant que l'État ne semblent plus agir que mus par la haine de la Beauté. »

  • Jean Clair, L’hiver de la culture, éditions Flammarion, 2011

« Là où il n’y a plus de dieux, règnent des spectres » : la formule de Novalis s’applique mieux à notre temps qu’au sien. Là où le sacré, qui était la fécondation du réel par le mythe, a disparu, ne demeurent que les vestiges profanés du monde, dépouilles séchées et ternies. La peinture aura traduit dans son cours récent, cette dessiccation et cette perte de substance. De corps glorieux qu’elle était, elle a pris la condition du zombie. »

  • Jean Clair, Considérations sur l’état des beaux arts, Critique de la modernité, Éditions Gallimard, 2001

« Intermittents

Manie des artistes de se dire « artistes vivants », d’appeler les spectacles « spectacles vivants ». Clameurs d’outre-tombe pour attirer le badaud. En fait cela signifie qu’ils sont déjà morts. Des morts vivants. Tout le monde est un artiste, c’est entendu — mais certains plus que d’autres. »

  • Jean Clair, Journal atrabilaire, éd. Gallimard, coll. L’Un et l’Autre, 2006

« La haine de l’autre, le fantasme de la maîtrise absolue qu’on prétend exercer sur cet autre, la satanocratie du mal [...] se manifestent dans une société qui a vu advenir ce que Marcel Gauchet appelle l’"individu total"(1). C’est une civilisation de nature fécale, dans laquelle tout individu estime ne plus rien devoir à la société mais, d’elle, pouvoir exiger tout.

À l’État total que nous avons connu au siècle dernier succéderait aujourd’hui l’individu total. Et au culte du sang, qui a fondé la société totalitaire – avec ses valeurs singulières, verser le sang, être de même sang, protéger la pureté du sang —, succéderait un culte de l’excrémentiel, où s’affirme la puissance de l’individu total. L’individu total, l’artiste raté, le plasticien des derniers jours, celui qui impose aux autres sa merde, c’est l’enfant des permiers jours. Quand Charles Baudelaire avançait que "le génie n’est que l’enfance retrouvée", la chute "à volonté" cachait encore la dimension tragique de pareille régression.

Dans un monde où les élites ont disparu au nom de l’égalité, bien souvent décimées par la plèbe, mais dans lequel on attribue "à l’Art un pouvoir de connaissance spécifique et supérieur qui nous ramène hors des religions constituées, dans la sphère d’un religieux primordial et indifférencié"(2), l’Artiste, étrangement, garde seul l’étonnant privilège d’être considéré comme un être à part, au point d’apparaître comme le maître fantasmé du monde, son bouffon excrémentiel et tout-puissant. »

  • Jean Clair, De immundo, pp. 121-123
  • (1) Marcel Gauchet, La Condition historique
  • (2) Marcel Gauchet, La religion dans la démocratie

« Jamais on n'a autant discuté des tableaux et jamais ceux-ci n'ont eu aussi peu d'influence sur l'âme et l'esprit de l'homme, sur la société, l'économie et l’État ; et il en est ainsi non seulement des œuvres modernes, mais de tous les tableaux en général. »

  • Max Picard, De la désintégration des formes dans l'art moderne (1954), trad. Tony Faivre, éd. E. Vitte, 1960, p. 26

« Mon travail combat la nécessité d'une fonction critique de l'art et cherche à abolir le jugement afin que l'on puisse regarder le monde et l'accepter dans sa globalité. »

  • Jeff Koons, à l'occasion de sa rétrospéctive à Beaubourg au printemps 2015, lors d'un entretien avec Bernard Blistène, commissaire de l'exposition

« L'art contemporain spécule sur la culpabilité de ceux qui n'y comprennent rien ou qui n'ont pas compris qu'il n'y avait rien à comprendre. »

  • Jean Baudrillard, « L'art contemporain est-il nul ? », Libération, octobre 1996

« Un cendrier a pour moi autant de valeur que la Piéta de Michel-Ange [...] Je veux renouer avec cet art facile, immédiat et amusant que tout le monde comprend. L'esthétique est pour moi un grand facteur discriminant pour les gens. Ils pensent que l'art est au-dessus d'eux, et cela je n'aime pas. »

« [...] il ne peut exister de culture de I'interrogation seule. »

  • André Malraux, « Un humanisme universel », Liberté de l'esprit, nº 11-12, juin-juillet 1950

« Pour donner de l’art une définition correcte, il est donc nécessaire, avant tout, de cesser d’y voir une source de plaisir, pour le considérer comme une des conditions de la vie humaine. Et si on le considère à ce point de vue, on ne peut manquer de constater, tout de suite, que l’art est un des moyens qu’ont les hommes de communiquer entre eux.

L’humanité, par sa nature, est portée à aller sans cesse d’une conception plus basse, plus partielle et plus obscure de la vie à une autre plus haute, plus générale, et plus claire.

[...] comme c’était le cas chez les Grecs, la religion fait consister le sens de la vie dans le bonheur terrestre, dans la force et dans la beauté, on considère alors comme étant le bon art celui qui exprime la joie et l’énergie de la vie, et, comme étant le mauvais art, celui qui exprime des sentiments de mollesse ou de dépression. Si, comme c’était le cas chez les Romains, le sens de la vie consiste dans la collaboration à la grandeur d’une nation ou si, comme c’est le cas chez les Chinois, il consiste dans l’honneur rendu aux ancêtres et la continuation de leur mode de vie, on tient alors pour bon l’art qui exprime la joie du sacrifice du bien-être personnel au profit du bien de la nation, ou celui qui exprime le respect des ancêtres et le désir de les imiter ; et tout art qui exprime des sentiments opposés est tenu pour mauvais.

Dès le moment où les classes supérieures de la société européenne perdirent leur foi dans le christianisme d’Église, la beauté, c’est-à-dire le plaisir artistique, devint pour eux la mesure du bon et du mauvais art. »

  • Léon Tolstoï, Qu’est-ce que l’art ? (1898), trad. Teodor de Wyzewa, éd. Librairie Académique Didier, 1898, pp. 54-73

« J’ai lu quelque part qu’à Paris seulement le nombre des peintres dépasse vingt mille : il y en a probablement autant en Angleterre, autant en Allemagne, autant dans le reste des pays de l’Europe. C’est donc environ cent mille peintres qu’il y a en Europe ; et sans doute on y trouverait aussi cent mille musiciens, et cent mille littérateurs. Si ces trois cent mille individus produisent par an chacun trois œuvres, on peut compter chaque année près d’un million de soi-disant œuvres d’art. [...]

Et maintenant, combien y a-t-il de connaisseurs d’art qui soient impressionnés par ce million d’œuvres ? Sans parler des classes travailleuses, qui n’ont aucune idée de ces productions, c’est à peine si les hommes des classes supérieures même connaissent, de ces œuvres, une sur mille, et peuvent s’en rappeler une sur dix mille. »

  • Léon Tolstoï, Qu’est-ce que l’art ? (1898), trad. Teodor de Wyzewa, éd. Librairie Académique Didier, 1898, pp. 186-187

Mass education, which began as a promising attempt to democratize the higher culture of the privileged classes, has ended by stupefying the privileged themselves. Modern society has achieved unprecedented rates of formal literacy, but at the same time has produced new forms of illiteracy. People increasingly find themselves unable to use language with ease and precision, to recall the basic facts of their country’s history, to make logical deductions, to understand any but the most rudimentary written texts, or even to grasp their constitutional rights.”

  • Christopher Lasch, The Culture of Narcissism: American Life in an Age of Diminishing Expectations (1979), W.W. Norton & Company, 1979, pp. 127-128
« L’éducation de masse, qui se promettait de démocratiser la culture, jadis réservée aux classes privilégiées, a fini par abrutir les privilégiés eux-mêmes. La société moderne, qui a réussi à créer un niveau sans précédent d’éducation formelle, a également produit de nouvelles formes d’ignorance. Il devient de plus en plus difficile aux gens de manier leur langue avec aisance et précision, de se rappeler les faits fondamentaux de l’histoire de leur pays, de faire des déductions logiques, de comprendre des textes écrits autres que rudimentaires, et même de concevoir leurs droits constitutionnels. Les traditions populaires d’autonomie de l’individu ont fait place à des connaissance ésotériques gérées par des experts ; comment ne pas croire, dès lors, qu’une compétence suffisante, dans quelque domaine que ce soit, y compris l’art de se gouverner soit-même, est hors de la portée de l’homme ordinaire ? Les niveaux scolaires baissent, les victimes d’un enseignement médiocre en viennent à croire à la mauvaise opinion que les experts ont de leur capacité ; pendant ce temps, les pédagogues se plaignent d’avoir des élèves à qui l’on ne peut rien enseigner. »
  • Christopher Lasch, La culture du narcissisme, trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, coll. Champs Essais, 2008

« Chez ces nouveaux fétichistes de la marchandise, c'est le même phénomène qui s'expose sous différents angles : dans le caractère sadomasochiste aussi bien que dans la résignation dont témoigne l'art de masse contemporain. La culture de masse masochiste est la manifestation nécessaire de la production toute-puissante elle-même. L'opération par laquelle on investit affectivement de la valeur d'échange n'est pas une transsubstantiation mystique. Elle correspond au comportement du prisonnier qui aime sa cellule parce qu'on ne lui laisse rien d'autre à aimer. Sacrifier son individualité en l'ajustant à ce qui a régulièrement du succès, faire comme tout le monde, cela découle du fait qu'au départ, c'est plus ou moins la même chose que la production standardisée des marchandises destinées à la consommation offre à tout le monde. Comme il est nécessaire de dissimuler cette uniformité, on en vient à manipuler le goût et à donner une apparence individuelle à la culture officielle, le terrain que gagne cette dernière étant nécessairement proportionnel à la liquidation de l'individu à laquelle elle contribue. »

  • Theodor W. Adorno, Le caractère fétiche dans la musique et la régression de l'écoute, éd. Allia, 2001, p. 33

« Le professeur de belles-lettres me fit ses doléances : "C'en est fait, m'a-t-il dit, de la culture française. Nos élèves ne savent plus écrire ; ils sont plats et lourds ; ils n'ont plus cette délicatesse dans l'expression des sentiments, ni cette invention ingénieuse des images, que nous prenions à la lecture des grands écrivains. On dirait qu'ils n'ont point d'opinion sur Corneille, Racine ou Pascal ; et, le plus étrange, c'est qu'ils se passent très bien d'en avoir une. […] Même les plus intelligents ont une peine infinie à aligner là-dessus quelques phrases épaisses sans mouvement, sans chaleur, sans vie. Serait-ce qu'ils n'ont plus de jeunesse ? Quand j'étais Corneille, et que j'écrivais à Richelieu, mon sang bouillait. Mais on dit qu'ils ne rêvent que d'aéroplanes. Le positif chasse l'idéal. Nous vivons sous le règne du médiocre et des médiocres. La Démocratie, hélas, a donné ce qu'elle promettait.". »

  • Alain, Le règne du médiocre, 1909

« De toutes parts, le flot de peinture arrive, vomi on ne sait d’où, roulant on ne sait quoi. Et cela monte, s’enfle, déborde, déferle tumultueusement. Nous nageons dans l’huile diluvienne ; nous nous noyons dans des vagues de cadmium, nous nous précipitons dans des cataractes d’outre-mer, nous tournoyons emportés comme des maelströms de laque garance. Où donc est l’arche qui nous recueillera et nous sauvera de ces cataclysmes ? »

« Nous ne pourrons plus manger, nous vêtir, nous loger. Il n’y aura que des tableaux. Nous peindrons… D’abord, dans les salons de peinture, il y a bien trop de peintures, bien trop de sculptures, bien trop d’architecture, bien trop de tout… Depuis longtemps, je ne me hasarde plus dans les salons de peinture. Par peur de la folie et par ordonnance du médecin, j’ai renoncé à tourner, à tourner dans ces salles, parmi ces œuvres qui m’effarent et ces foules qui me neurasthénisent. »

"You don't have to burn books to destroy a culture. Just get people to stop reading them."

« Le rap a tué la poésie. »

« Le rap a fait énormément de mal à la scène musicale française. C’est une véritable catastrophe, un gouffre culturel. La pauvreté de l’idéologie que ça véhicule : la violence, le racisme anti-Blancs, anti-occidental, anti-femmes... C’est affreux. »

‎« [...] c'est toujours ce qu'il y a de plus inepte qui rencontre le plus d'admirateurs. »

« Contrairement aux années 1930, nous ne sommes plus une nation où l’on se donnait du "mister" et du "madam", où même les plus démunis portaient veste et cravate et parlaient un anglais compréhensible, où les clochards vous disaient merci et où, en général, il y avait une culture et des valeurs communes. Nous sommes devenus une nation de voyous avec des flammes tatouées dans le cou, une nation de malotrus qui s’interpellent par des "motherfucker" et dont la seule compétence est de jouer à des jeux vidéo simulant des meurtres de masse. »

« Pour liquider les peuples, on commence par leur enlever la mémoire. On détruit leurs livres, leur culture, leur histoire. Puis quelqu’un d’autre leur écrit d’autres livres, leur donne une autre culture, leur invente une autre histoire. Ensuite, le peuple commence lentement à oublier ce qu’il est, et ce qu’il était. Et le monde autour de lui l’oublie encore plus vite. »

  • Milan Hübl

« Nous vivrons bientôt une époque où chacun aura le droit de dire ce qu’il pense, et ce sera sans problème, car alors tout le monde pensera la même chose. »

« Les destructeurs de peuples, ce sont les mages noirs qui ne travaillent qu’à leur profit personnel, détruisent les communautés et engloutissent tout ce qui fait la vie d’un peuple. »

« Non, j'accorde que je ne suis pas un paladin de mon époque, pas plus qu'un "guide", ni ne veux l'être. Je n'aime pas les guides, les Führer, ni non plus les "professeurs", par exemple, les "professeurs de démocratie". J'aime et j'estime encore moins ces petits, ces médiocres, ces nez creux qui vivent d'informations récoltées et de pistes flairées, cette racaille de valets et d'estafettes du temps qui trottent aux côtés de tout ce qui est nouveau, en manifestant sans cesse leur dédain pour ceux qui sont moins dispos et moins agiles. Ou encore les freluquets et conformistes de leur époque, ces gens chics, ces élégants intellectuels, qui portent les dernières idées et les dernières paroles à la mode comme ils portent leur monocle, qui, par exemple, manient les concepts "esprit, amour, démocratie" _ en sorte qu'il est aujourd'hui déjà difficile d'entendre ce jargon sans avoir la nausée. Tous ceux-là, ceux qui hurlent avec les loups ainsi que les snobs, savourent la liberté que leur confère leur insignifiance. Ils ne sont rien, comme je le disais dans le texte, et donc, parfaitement libres de penser et de trancher de haut, et toujours de la manière la plus moderne et à la mode. Je les méprise sincèrement - ou bien mon dédain ne serait-il qu'une forme d'envie déguisée, parce que leur liberté écervelée m'est étrangère ? »

« Une nation dégénère si son langage s’altère. »

« La transformation de la musique en bruit est un processus planétaire, qui fait entrer l'humanité dans la phase historique de la laideur totale. »

« Cette crise de la culture n’est pas le résultat d’un problème de moyens, de financement ou de gestion ; c’est un bouleversement intérieur. Il s’est produit, dans nos sociétés occidentales, un phénomène unique, une rupture inédite: une génération s’est refusée à transmettre à la suivante ce qu’elle avait à lui donner, l’ensemble du savoir, des repères, de l’expérience humaine immémoriale qui constituait son héritage. Il y a là une ligne de conduite délibérée, jusqu’à l’explicite: j’étais loin d’imaginer, en commençant à enseigner, l’impératif essentiel qui allait structurer ma formation de jeune professeur. « Vous n’avez rien à transmettre » : ces mots, prononcés à plusieurs reprises par un inspecteur général qui nous accueillait dans le métier le jour de notre première rentrée, avaient quelque chose de si étonnant qu’ils ont profondément marqué ma mémoire. « Vous n’avez rien à transmettre. » La culture est proprement ce qui se transmet. Ne plus faire subir à nos successeurs ce fardeau périmé que le passé jetterait sur leur liberté nouvelle, voilà le projet qui nous est proposé.

Désormais, il faut faire en sorte que chaque enfant puisse, pour créer un chemin personnel, produire son propre savoir. Écartés, le « cours magistral » et le « par cœur » ; refusée, l’idée qu’une conception du monde pourrait être transmise aux enfants par leurs parents. Nous avons perdu le sens de la culture. Elle est pour nous, au mieux, un luxe inutile ; au pire, un bagage encombrant. Bien sûr, nous continuons de visiter les musées, d’aller au cinéma, d’écouter de la musique ; et en ce sens, nous n’avons pas consciemment rejeté loin de nous la culture. Mais elle ne nous intéresse plus que sous la forme d’une distraction superficielle, d’un plaisir intelligent ou d’un agrément décoratif. »

"A general State education is a mere contrivance for moulding people to be exactly like one another: and the mould in which it casts them is that which pleases the predominant power in the government, whether this be a monarch, a priesthood, an aristocracy, or the majority of the existing generation; in proportion as it is efficient and successful, it establishes a despotism over the mind, leading by natural tendency to one over the body. »

« Une éducation générale donnée par l'État, n'est autre chose qu'une combinaison pour jeter tous les hommes dans le même moule, et comme le moule dans lequel on les jette est celui qui plaît au pouvoir dominant (que ce soit un monarque, une théocratie, une aristocratie ou la majorité de la génération existante), plus ce pouvoir est efficace et puissant, pllus il établit un despotisme sur l'esprit qui tend naturellement à s'étendre sur le corps. Une éducation établit un despotisme sur l'esprit qui tend naturellement à s'étendre sur le corps. »

"For if you suffer your people to be ill-educated, and their manners to be corrupted from their infancy, and then punish them for those crimes to which their first education disposed them, what else is to be concluded from this, but that you first make thieves and then punish them."

« C'est justement pour préserver ce qui est neuf et révolutionnaire dans chaque enfant que l'éducation doit être conservatrice ; elle doit protéger cette nouveauté et l'introduire comme un ferment nouveau dans un monde déjà vieux qui, si révolutionnaires que puissent être ses actes, est, du point de vue de la génération suivante, suranné et proche de la ruine. »

  • Hannah Arendt, La Crise de la culture (1961), éd. Gallimard, coll. Folio, 1972 (ISBN 9782070325030), p. 241

« L'éducation publique doit se borner à l'instruction. »

« Le but de l'instruction n'est pas de faire admirer aux hommes une législation toute faite, mais de les rendre capables de l'apprécier et de la corriger. Il ne s'agit pas de soumettre chaque génération aux opinions comme à la volonté de celle qui la précède, mais de les éclairer de plus en plus, afin que chacun devienne de plus en plus digne de se gouverner par sa propre raison. »

  • Nicolas de Condorcet, « Sur l'instruction publique » (1791-1792), dans Œuvres, Condorcet, éd. Firmin-Didot, 1847

"A tax-supported, compulsory educational system is the complete model of the totalitarian state."

  • Isabel Paterson, The God of the Machine (1943), G. P. Putnam’s Sons, New York, 1943, p. 258
« Un système éducatif obligatoire et financé par l’impôt est le modèle complet de l’État totalitaire. »

« L'abdication de l'autorité par les parents intensifie la peur de la punition au lieu de l'affaiblir ; elle ancre plus fermement que jamais chez l'enfant l'idée que la punition est un acte arbitraire, d'une violence irrésistible. [...] Dans une société permissive, les gens sont très surpris d'apprendre que d'être privé d'une souffrance peut être ressenti comme une frustration. Pourtant, il est beaucoup plus douloureux, pour certains enfants, d'avoir à porter une culpabilité impunie que de recevoir une fessée. »

« Les journaux ! les chemins de fer du mensonge. »

  • Jules Barbey d'Aurevilly, Pensées détachées, Fragments sur les femmes (1889), éd. Alphonse Lemerre, 1889, LXVII, p. 36

"In order to conduct a propaganda there must be some barrier between the public and the event. Access to the real environment must be limited [...]"

« Afin de mener à bien une propagande, il doit y avoir une barrière entre le public et les événements. L'accès à l'environnement réel doit être limité [...] »
  • Walter Lippmann, Public Opinion (1922), éd. Project Gutenberg, 2004, partie II, chap. II, 3, p. 21

« La lumière est de l’information sans "contenu" »

« L’imprimé a rendu possible l’unité politique par l’homogénéité pour la première fois. »

« Avant que l’usage du papyrus et de l’alphabet ne provoque la construction de routes pavées et rapides, la ville fortifiée et la cité-État étaient des formes naturelles durables. […] Quand les sources d’approvisionnement en papier firent défaut, les routes devinrent désertes, comme à notre époque pendant le rationnement de l’essence. La cité-État resurgit du passé et le féodalisme submergea les républiques. »

« Grand est le journalisme. Chaque éditeur capable n'est-il pas un gouverneur du monde, étant l'un de ceux qui le persuadent, quoique élu personnellement et cependant sanctionné par la vente de ses numéros ? »

« La presse est le quatrième État du royaume. »

« Mort, c'est tout ce que nous voyons éveillés ; songes, ce que nous voyons en dormant. »

  • Héraclite, Penseurs grecs avant Socrate. De Thalès de Milet à Prodicos, éd. Flammarion, coll. Garnier Flammarion, 1993 (ISBN 9782080700315), Fragments d'Héraclite, p. 75

« L'homme, dans la nuit, allume une lumière pour lui-même ; mort, il s'éteint. Or, au cours de sa vie, quand il dort, les yeux éteints, il ressemble à un mort ; éveillé, il semble dormir. »

  • Héraclite, Penseurs grecs avant Socrate. De Thalès de Milet à Prodicos, éd. Flammarion, coll. Garnier Flammarion, 1993 (ISBN 9782080700315), Fragments d'Héraclite, p. 75

« Ce qui attend les hommes après la mort, ce n'est ni ce qu'ils espèrent, ni ce qu'ils croient. »

  • Héraclite, Penseurs grecs avant Socrate. De Thalès de Milet à Prodicos, éd. Flammarion, coll. Garnier Flammarion, 1993 (ISBN 9782080700315), Fragments d'Héraclite, p. 75

« Accoutume-toi sur ce point à penser que pour nous la mort n'est rien, puisque tout bien et tout mal résident dans la sensation, et que la mort est privation de nos sensations. Dès lors la juste prise de conscience que la mort ne nous est rien autorise à jouir du caractère mortel de la vie: non pas en lui conférant une durée infinie, mais en l'amputant du désir d'immortalité. Il s'ensuit qu'il n'y a rien d'effrayant dans le fait de vivre, pour qui est radicalement conscient qu'il n'existe rien d'effrayant non plus dans le fait de ne pas vivre.

Stupide est donc celui qui dit avoir peur de la mort non parce qu'il souffrira en mourant, mais parce qu'il souffre à l'idée qu'elle approche. Ce dont l'existence ne gêne point, c'est vraiment pour rien qu'on souffre de l'attendre ! Le plus effrayant des maux, la mort, ne nous est rien, disais-je : quand nous sommes, la mort n'est pas là, et quand la mort est là, c'est nous qui ne sommes pas ! Elle ne concerne donc ni les vivants ni les trépassés, étant donné que pour les uns, elle n'est point, et que les autres ne sont plus. »

« Lors donc qu'un homme se lamente sur lui-même à la pensée de son sort mortel qui fera pourrir son corps abandonné, ou le livrera aux flammes, ou le donnera en pâture aux bêtes sauvages, tu peux dire que sa voix sonne faux, qu'une crainte secrète tourmente son coeur, bien qu'il affecte de ne pas croire qu'aucun sentiment puisse résister en lui à la mort. Cet homme, à mon avis, ne tient pas ses promesses et cache ses principes ; ce n'est pas de tout son être qu'il s'arrache à la vie ; à son insu peut-être il suppose que quelque chose de lui doit survivre. Tout vivant en effet qui se représente son corps déchiré après la mort par les oiseaux de proie et les bêtes sauvages se prend en pitié ; car il ne parvient pas à se distinguer de cet objet, le cadavre, et croyant que ce corps étendu, c'est lui-même, il lui prête encore, debout à ses côtés, la sensibilité de la vie. Alors il s'indigne d'avoir été créé mortel, il ne voit pas que dans la mort véritable il n'y aura plus d'autre lui-même demeuré vivant pour pleurer sa fin et, resté debout, gémir de voir sa dépouille devenue la proie des bêtes et des flammes. »

  • Lucrèce, De la nature, Livre III, vers 870-893

« La mort est moins à craindre que rien, s'il y avait quelque chose de moins... Elle ne vous concerne ni mort, ni vif ; vif parce que vous êtes ; mort parce que vous n'êtes plus. Nul ne meurt avant son heure. Ce que vous laissez de temps n'était non plus le vôtre que celui qui s'est passé avant votre naissance ; et ne vous touche non plus... Où que votre vie finisse, elle y est toute. L'utilité du vivre n'est pas en l'espace, elle est en l'usage : tel a vécu longtemps, qui a peu vécu : attendez-vous-y pendant que vous y êtes. Il gît en votre volonté, non au nombre des ans, que vous ayez assez vécu. Pensiez-vous jamais n'arriver là où vous alliez sans cesse Encore n'y a-t-il chemin que n'ait son issue. Et si la compagnie vous peut soulager, le monde ne va-t-il pas même train que vous allez ? »

  • Michel de Montaigne, Essais, Livre I, Chapitre 19, « Que philosopher c’est apprendre à mourir »

« L'expérience de la mort, dans la disparition de l'individu ou dans la prise de conscience de sa propre condition mortelle, est sans doute aux antipodes de toute réflexion politique. Elle signifie que nous devrons quitter ce monde des apparences et nous séparer des hommes, nos compagnons, qui sont la condition de toute politique. La mort, dans l'expérience humaine, est la limite extrême de la solitude et de l'impuissance. Mais regardée en face et dans l'action collective, la mort change d'aspect ; notre vitalité paraît alors s'intensifier à l'extrême du fait même de son voisinage. Une réalité dont nous sommes d'ordinaire à peine conscients, à savoir notre propre mort s'accompagne de l'immortalité potentielle du groupe auquel nous appartenons et, en fin de compte, de l'espèce humaine, va s'inscrire alors au centre de notre expérience. Tout se passe comme si la vie elle-même, l'immortelle existence de l'espèce, nourrie pour ainsi dire par la mort continuelle de ses membres vivants, "surgissait dans toute sa force", et devenait une réalité grâce à la pratique de la violence. »

  • Hannah Arendt, « Sur la violence », in Du mensonge à la violence, 1972, tr. fr., Guy Durand, Pocket, p. 167

« L'humanité se compose de plus de morts que de vivants. »

« C'est la vie et non pas la mort qui divise l'âme du corps. »

« Si tu veux vivre, tu veux aussi mourir ; ou bien tu ne conçois pas ce qu'est la vie. »

« — Mon fils, m'a-t-il dit, êtes-vous préparé ?

Je lui ai répondu d'une voix faible :

— Je ne suis pas préparé, mais je suis prêt. »

« Les êtres nobles aiment rarement la vie, ils lui préfèrent les raisons de vivre, et ceux qui se contentent de la vie sont toujours des ignobles. La vie qu'a-t-elle de si désirable, lorsqu'elle n'est sublime ? »

« Qui [...] érige la vie d’un homme en principe supérieur à toute justice et à tout ordre arrête la marche du monde. »

  • Charles Maurras, « La Mort ? », L'Action française, 12 octobre 1909, repris en 1923 dans l'ouvrage L'Allée des Philosophes

« On multiplie partout les manifestations sportives, hein ? Vraiment, quel signe de décadence ! Le genre de spectacle qu’il faudrait montrer aux gens, on ne le leur fait jamais voir ; ce qu’il faudrait leur montrer, ce sont les exécutions capitales. Pourquoi ne sont-elles pas publiques ? »

  • Yukio Mishima, Le Pavillon d’Or (1956), éd. Gallimard, coll. Folio, p. 168

« Tandis que nous connaissons des peines adoucies, administrées avec hésitation, le Moyen Age ne connaît que deux extrêmes : la punition complète ou la grâce. La vie était si violente et si contrastée qu'elle répandait l'odeur mêlée du sang et des roses. Les hommes de cette époque, géants à têtes d'enfants, oscillent entre la peur de l'enfer et les plaisirs naïfs, entre la cruauté et la tendresse. L'homme du Moyen Age convertit immédiatement son émotion esthétique en sentiment de piété ou en joie de vivre. »

  • Johan Huizinga, L'Automne du Moyen Âge, Paris, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2002 (ISBN 2-228-89602-0)

« Lors de la dernière réunion de la société archéologique, le professeur Bernard Peyronne a parlé de "la peine de mort sous l'Ancien Régime". En introduction, il a expliqué qu'à chaque société ses délits, ses crimes et ses manières de les sanctionner. Chaque société affirme un goût très prononcé pour les violences faites aux contrevenants, délinquants ou criminels. On doit tenir cela de Caïn : le premier homme né sur cette terre est un assassin, il a tué son frère cadet Abel. Le mythe fondateur est là : l'homme tue. Qui ? Son frère. Tout meurtrier tue son frère, tout un symbole. Sous l'Ancien Régime, l'exécution est mise en scène selon la nature du crime et la classe sociale. S'ensuivent les tortures infligées pour passer les criminels à la question, puis le châtiment extrême : la pendaison, la roue, le bûcher ou l'écartèlement. La Révolution française abolit ces châtiments, elle généralise la guillotine, égalitaire et humanitaire. Victime de son succès, le spectacle cesse d'être public en juin 1939. Dorénavant, les exécutions se feraient au petit matin, dans une cour de prison. Le 9 octobre 1981, Marcel Chevalier, 60 ans, bourreau en chef, fut mis à la retraite d'office suite à l'abolition de la peine de mort en France. Le dernier criminel exécuté en France le fut le 10 septembre 1977. »

« Pour moi les nations qui ont légalisé l’avortement sont les pays les plus pauvres. »

  • Mère Teresa, extrait du discours lors de la réception du Prix Nobel de la paix, 10 décembre 1979

« Je suis contre l'avortement. Tuer un être humain avant qu'il ne soit né est impardonnable. C'est une preuve d'impatience. »

« La contraception, qui est faire l'amour sans faire l'enfant ; la fécondation extracorporelle, qui est faire l'enfant sans faire l'amour ; l'avortement, qui est défaire l'enfant et la pornographie qui est défaire l'amour, se trouvent à des degrés divers, incompatibles avec la morale naturelle. »


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