« Mais le terme même d’«Occident» a perdu aujourd’hui sa signification traditionnelle. Il ne désigne plus une culture historique héritée, mais un mode de vie fondé sur le mythe de la «croissance», l’obsession de la consommation et le primat des valeurs marchandes. L’«Occident» n’est plus, hors de toute autre référence, que l’ensemble des pays développés, c’est-à-dire des pays dont la structure économique se révèle comme la plus productive. En dernière analyse, le «monde libre» n’est plus rien d’autre qu’une société économique, où la servitude à la quantité est posée comme synonyme de la «liberté». Comment l’Europe, dans la mesure où elle veut encore avoir une histoire, une culture, un destin, pourrait-elle accepter de n’être qu’une partie de cet «Occident ? »

« La religion s’est constituée au carrefour de trois grandes fonctions : comme explication générale du monde, comme compréhension de la nature de l’homme, comme lieu d’expression du sacré. Les sciences physiques ont pris le relais dans le premier domaine, les sciences humaines dans le second. Il reste le sacré, pour lequel personne n’est preneur. C’est là qu’il faut rebâtir. »