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Citations

« [...] il faudrait montrer que le christianisme est concevable sans le judaïsme, sans l’héritage d’une tradition dont l’esprit est sémite et non occidental.

[...] le christianisme a désormais cessé d’être ce qu’il avait été, de fait sinon ouvertement, pendant une assez longue période, à savoir la religion apportée par l’Europe, par la race blanche européenne, et souvent employée par celle-ci en vue d’une hégémonie et même d’un colonialisme. Parallèlement à l’écroulement impressionnant du catholicisme aujourd’hui, au pullulement d’hommes de couleur jusque dans les hautes hiérarchies de l’Église, au pseudo-œcuménisme [...], le caractère “universaliste” de la croyance chrétienne est revenu en force, une croyance qui ne faisait pas de distinction entre les peuples, entre le Romain et le Juif, entre le Grec et le barbare, et qui s’adressait à tous les hommes sans aucune discrimination. »

— Julius Evola, L’Arc et la massue (1968), trad. Philippe Baillet, éd. Guy Trédaniel/Pardès, 1984, p. 198-199


« Historiquement, la civilisation traditionnelle n’est ni orientale, ni occidentale. L’Europe médiévale du Saint Empire romain, l’œcumène médiéval européen, a été “traditionnel”, de même que l’avait été la Rome antique, centre de gravité et puissance organisatrice de l’Occident. »

— Julius Evola, L’Arc et la massue (1968), trad. Philippe Baillet, éd. Guy Trédaniel/Pardès, 1984, p. 197


« [...] partout où l’amour et le sexe prédominent, la femme commandera tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre. »

— Julius Evola, L’Arc et la massue (1968), trad. Philippe Baillet, éd. Guy Trédaniel/Pardès, 1984, p. 93


« Il ne s’agit plus de simples rythmes “syncopés”, ou de rythmes élémentaires mais intenses [...], mais de danses aux mouvements grotesques, épileptiques et simiesques, qui témoignent d’une joie de dégrader le plus possible tout ce qu’il peut y avoir de noble chez l’homme par des contorsions paroxystiques, des bonds et des convulsions de marionnettes. On peut en dire autant du véritable sadisme qu’expriment les “arrangements musicaux” de presque tous les orchestres à la mode : ce ne sont que cris et déchirements, décomposition des mélodies et numéros anarchiques de “solistes”. »

— Julius Evola, L’Arc et la massue (1968), trad. Philippe Baillet, éd. Guy Trédaniel/Pardès, 1984, p. 91-92


« [...] ce sont les natures spirituellement féminines, “matriarcales”, qui se déclarent pour le “peuple” et la “société”, qui conçoivent la démocratie comme l’apogée de toute l’histoire mondiale [...]. »

— Julius Evola, L’Arc et la massue (1968), trad. Philippe Baillet, éd. Guy Trédaniel/Pardès, 1984, p. 85-86


« C’est pourquoi la civilisation moderne ne doit pas être considérée comme une civilisation “active”, mais comme une civilisation d’agités et de névropathes. Comme compensation du “travail” et de l’usure d’une vie qui s’abrutit dans une agitation et une production vaines, l’homme moderne, en effet, ne connaît pas l’otium classique, le recueillement, le silence, l’état de calme et de pause qui permettent de revenir à soi-même et de se retrouver. Non : il ne connaît que la “distraction” (au sens littéral, distraction signifie “dispersion”) ; il cherche des sensations, de nouvelles tensions, de nouveaux excitants, comme autant de stupéfiants psychiques. Tout, pourvu qu’il échappe à lui même, tout, pourvu qu’il ne se retrouve pas seul avec lui-même, isolé du vacarme du monde extérieur et de la promiscuité avec son “prochain”. D’où radio, télévision, cinéma, croisières organisées, frénésie de meetings sportifs ou politiques dans un régime de masse, besoin d’écouter, chasse au fait nouveau et sensationnel, “supporters” en tout genre et ainsi de suite. »

— Julius Evola, L’Arc et la massue (1968), trad. Philippe Baillet, éd. Guy Trédaniel/Pardès, 1984, p. 49


« [...] il est très significatif que la “découverte copernicienne”, avec laquelle le fait que la terre soit le centre fixe et immobile des entités célestes cessa d’être “vrai” — alors que devint “vrai” le contraire, que c’est elle qui se meut, que sa loi est d’errer dans l’espace cosmique comme partie insignifiante d’un système dispersé ou en expansion dans l’indéfini — soit survenue plus ou moins à l’époque de la Renaissance et de l’humanisme, c’est-à-dire à l’époque des bouleversements les plus décisifs pour l’avènement d’une civilisation nouvelle, dans laquelle l’individu devait perdre peu à peu tout rapport avec ce qui “est”, devait déchoir de toute centralité spirituelle jusqu'à faire sien le point de vue du devenir, de l’histoire, du changement, du courant incoercible et imprévisible de la “vie” (le plus singulier, c’est qu’au début de ce tournant il y a eu au contraire la prétention — l’illusion d’avoir finalement découvert l’“homme”, de l’affirmer et de le glorifier, d’où le terme d’“humanisme” ; en réalité, ce fut une réduction à ce qui est “seulement humain”, avec un appauvrissement de la possibilité d’une ouverture et d’une intégration au “plus qu’humain”). »

— Julius Evola, L’Arc et la massue (1968), trad. Philippe Baillet, éd. Guy Trédaniel/Pardès, 1984, p. 13-14


« L’opposition entre les civilisations modernes et les civilisations traditionnelles peut s’exprimer comme suit : les civilisations modernes sont dévoratrices de l’espace, les civilisations traditionnelles furent dévoratrices du temps.

Les premières donnent le vertige par leur fièvre de mouvement et de conquête de l’espace, génératrices d’un arsenal inépuisable de moyens mécaniques capables de réduire toutes les distances, de raccourcir tout intervalle, de contenir dans une sensation d’ubiquité tout ce qui est épars dans la multitude des lieux. [...]

À l’inverse, les civilisations traditionnelles donnent le vertige par leur stabilité, leur identité, leur fermeté intangible et immuable au milieu du courant du temps et de l’histoire : si bien qu’elles furent capables d’exprimer jusqu’en des formes sensibles et tangibles comme un symbole de l’éternité. »

— Julius Evola, L’Arc et la massue (1968), trad. Philippe Baillet, éd. Guy Trédaniel/Pardès, 1984, p. 10-11


« Il faut repousser pareillement l’idéal plus général et plus atténué de la “socialité”, qui sert si souvent de mot d’ordre aujourd’hui, même dans le monde dit libre, après la disparition de l’idéal de l’État véritable. L’homme différencié dont nous nous occupons se sent absolument hors de la société, con­teste toute justification morale à la prétention de l’inclure dans un système absurde, et peut comprendre non seulement celui qui est hors de la société, mais même celui qui est contre la “so­ciété” — contre cette société. »

— Julius Evola, Chevaucher le tigre (1961), trad. Isabelle Robinet, éd. Guy Trédaniel, 2021 (ISBN 9782844453501), p. 222


« Venons-en maintenant au domaine social proprement dit. On ne peut pas, ici, ne pas tirer les conséquences du fait que tou­ tes les unités organiques se sont dissoutes ou sont en voie de l’être : caste, lignage, nation, patrie, famille même. Là où ces uni­tés n’ont pas, presque ouvertement, cessé d’exister, elles ne reposent plus sur une force vive rattachée à une signification, mais bien sur la simple force d’inerties. Nous l’avons déjà vu à propos de la personne : ce qui existe aujourd’hui, c’est essentiellement la masse instable des “individus” privés de liens organiques, masse contenue par des structures extérieu­ res ou mue par des courants collectifs informes et changeants. »

— Julius Evola, Chevaucher le tigre (1961), trad. Isabelle Robinet, éd. Guy Trédaniel, 2021 (ISBN 9782844453501), p. 219


« On a rangé le jazz parmi les formes de compensation auquel l’homme d’aujourd’hui a fait appel parce que son existence est trop pratique, aride et mécanisée ; le jazz lui aurait fourni les contenus bruts d’un rythme et d’une vitalité élémentaires. Si cette idée contient quelque chose de juste, on ne peut tenir pour insignifiant que, pour satisfaire ce besoin, l’Occidental n’ait pas créé de formes originales, ni utilisé les éléments d’un folklore musical européen offrant, comme par exemple dans nombre de rythmes de l’Europe sud-orientale, roumains ou hongrois, des ensembles intéressants, riches non seulement de rythmes mais aussi d’un authentique dynamisme. Il est au contraire allé chercher les thèmes d’inspiration dans le patrimoine des races exotiques les plus basses, chez les nègres et les métis des zones tropicales et sub-tropicales. [...]

De même que les danses modernes à musique syncopée dérivent des danses nègres extatiques, de même une grande partie des stupéfiants utilisés aujourd’hui et élaborés de façons variées en pharmacopée, correspond à des drogues que les populations primitives employaient fréquemment dans un but “sacré”, conformément à d’antiques traditions. »

— Julius Evola, Chevaucher le tigre (1961), trad. Isabelle Robinet, éd. Guy Trédaniel, 2021 (ISBN 9782844453501), p. 203-207


« L’un des principaux aspects, et l’un des plus évidents, de la décadence moderne est précisément l’avènement de l’individualisme, conséquence de l’effondrement et de la destruction des précédentes structures organiques et hiérarchiques traditionnelles remplacées, en tant qu’élément de base, par la multiplication atomique des individus dans le monde de la quantité, autant dire par la masse. »

— Julius Evola, Chevaucher le tigre (1961), trad. Isabelle Robinet, éd. Guy Trédaniel, 2021 (ISBN 9782844453501), p. 133


« La difficulté pouvait être moindre dans les sociétés qui ignoraient individualisme, dans les sociétés traditionnelles organisées en corps et en castes, où des facteurs liés à l’hérédité, à la naissance et au milieu, favorisaient un haut degré d’unité intérieure de différenciation des types, l’articulation naturelle étant ensuite renforcée et soutenue par des coutumes, une éthique, m droit, quelquefois même par des cultes particuliers, non moins différenciés. Pour l’homme occidental moderne tout ceci, depuis longtemps déjà, a cessé d’exister, a été “dépassé” sur la voie de la “liberté” ; aussi l’homme moyen des temps modernes est-il un homme changeant, instable, dépourvu de toute forme véritable. »

— Julius Evola, Chevaucher le tigre (1961), trad. Isabelle Robinet, éd. Guy Trédaniel, 2021 (ISBN 9782844453501), p. 59


« L’Orient lui-même suit désormais la voie que nous avons prise, il succombe de plus en plus aux idées et aux influences qui nous ont conduits là où nous som­mes, en se “modernisant”, et en adoptant nos propres formes de vie “laïque” et matérialiste, si bien que ce qu’il conserve encore de traditionnel et d’authentique perd de plus en plus de terrain et se trouve repoussé dans une zone marginale. »

— Julius Evola, Chevaucher le tigre (1961), trad. Isabelle Robinet, éd. Guy Trédaniel, 2021 (ISBN 9782844453501), p. 21


« La formule que nous avons choisie comme titre de ce livre : Chevaucher le Tigre peut servir de transition entre ce que nous avons dit jusqu’ici et la doctrine en question. Cette formule extrême-orientale signifie que si l’on réussit à chevaucher un tigre, on l’empêche de se jeter sur vous et, qu’en outre, si l’on ne descend pas, si l’on maintient la prise, il se peut que l’on ait, à la fin, raison de lui. »

— Julius Evola, Chevaucher le tigre (1961), trad. Isabelle Robinet, éd. Guy Trédaniel, 2021 (ISBN 9782844453501), p. 17


« Comme nous l’avons dit, les valeurs traditionnelles — ce que nous appelons les valeurs traditionnelles — ne sont pas les valeurs bourgeoises. Elles en sont l’antithèse. Reconnaître une valeur à ces survivan­ces, les associer d’une manière ou d’une autre aux valeurs tradi­tionnelles, les faire cautionner par ces dernières dans le but que nous venons d’indiquer, reviendrait donc, soit à témoigner d’une pauvre compréhension de ces mêmes valeurs traditionnelles, soit à les diminuer et à s’abaisser à une forme de compromis à la fois regrettable et dangereux. Dangereux, car le fait de lier, d’une façon ou d’une autre, les idées traditionnelles aux formes résiduelles de la civilisation bourgeoise, exposerait celles-là à subir elles-mêmes l’attaque, à plus d’un égard inévitable, légi­time et nécessaire, actuellement menée contre cette civilisation. »

— Julius Evola, Chevaucher le tigre (1961), trad. Isabelle Robinet, éd. Guy Trédaniel, 2021 (ISBN 9782844453501), p. 14


« Selon cette acception particulière, une civilisation ou une so­ciété est “traditionnelle” quand elle est régie par des prin­cipes qui transcendent ce qui n’est qu’humain et individuel, quand toutes ses formes lui viennent d’en haut et qu’elle est tout entière orientée vers le haut. »

— Julius Evola, Chevaucher le tigre (1961), trad. Isabelle Robinet, éd. Guy Trédaniel, 2021 (ISBN 9782844453501), p. 10


« Il ne fait aucun doute qu’une femme parfaitement féminine est supérieure à un homme imparfaitement masculin, de même qu’un paysan fidèle à sa terre qui assume parfaitement sa fonction est supérieur à un roi incapable de remplir la sienne. »

— Julius Evola, Métaphysique du sexe (1958), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2020 (ISBN 9782367251554), p. 69-70


« Briser la colonne vertébrale de la Russie communiste, humilier l’Amérique en la chassant de la culture et de la grande politique européennes — aucun prix n’eût été trop élevé pour atteindre de tels buts. Les “horreurs” mêmes (ramenées à leur exacte mesure) qui, dans un climat de défaite, bouleversent tant l’humanitarisme utopique, seraient devenues secondaires, à l’instar de celles, par exemple, des guerres de religion, des Croisades, de la Révolution française, de la révolution russe, devenues en effet secondaires aux yeux de ceux qui crurent dans les idées correspondant à ces phénomènes et qui placèrent ces idées au-dessus de tout. »

— Julius Evola, « Quo vadis Germania ? » (1958), dans Essais politiques, trad. Gérard Boulanger et François Maistre, éd. Pardès, 2016 (ISBN 9782867140464), p. 374


« Il est claire qu’avec tout ce qui se résume dans la formule d’“antifascisme” il ne peut y avoir de compromis ni de “colloque” d’aucune sorte. La première désintoxication européenne devrait s’appliquer à cet “antifascisme”, idée fixe et mot d’ordre de la “croisade” qui a réduit l’Europe à un champ de ruines. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 246


« À ceux qui disent que les peuples européens ont aujourd’hui une culture commune et réalisent ainsi une des conditions requises pour en faire une seule nation, il faut répondre que cette culture est désormais commune, non seulement aux Européens, mais aussi à une grande partie du monde “civilisé”. Elle n’a pas de frontières. Des apports européens — livres, artistes, études, etc. — ont été assimilés par des pays non européens, et inversement ; ce nivellement général de fait (qui s’étend aux façons de vivre et aux goûts) associé à celui qu’entraînent la science et la technique, sert d’argument à ceux qui ne veulent pas une Europe unie mais un monde unifié, dans le cadre d’une organisation ou d’un État mondial. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 245-246


« Il serait, bien entendu, parfaitement utopique de vouloir s’opposer, en fait, à tout ce qui constitue, sur le plan matériel, la civilisation moderne ; cela impliquerait, entre autres choses, de renoncer aux armes actuelles d’attaque et de défense. Mais on peut toujours fixer une distance et une limite. On peut circonscrire ce qui est “moderne” dans un domaine concret, “physique”, bien contrôlé, sur le plan des simples moyens, en lui superposant un ordre plus élevé, défendu comme il se doit, là où les valeurs révolutionnaires-conservatrices devraient être inconditionnellement reconnues. Hier encore, le Japon avait démontré la possibilité et la fécondité d’une telle solution. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 245


« [...] le problème du fondement spirituel d’une Europe organiquement une reste en suspens, et si des forces révolutionnaires voulaient agir sous le signe d’une telle Europe, elles se trouveraient en quelque sorte privées d’arrières spirituels sûrs et laisseraient derrière elles un terrain mouvant et miné, à moins que l’on ne commence par combattre, de l’intérieur, sous toutes leurs formes, aiguës ou diluées, les maux qui se manifestent aujourd’hui, chez les puissances non européennes et anti-européennes, avec une ampleur macroscopique et presque comme une Némésis. Une désintoxication interne aussi poussé que possible, même s’il fallait la payait cher, apparaît donc comme une exigence fondamentale. Comment méconnaître, par exemple, abstraction faite des domaines politique et économique, l’emprise, sur le plan pratique, de l’américanisation, dans les coutumes, les goûts, les engouements des masses européennes ? »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 244


« L’unité européenne serait toujours précaire si elle s’appuyait sur quelque parlement international, dépourvu d’autorité supérieure, où seraient représentés des régimes politiques particuliers de type démocratique, qui, étant toujours, et d’une façon changeante, conditionnés par le bas, ne sauraient en aucune manière assurer une continuité de volonté et de direction politique. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 240


« Le schéma d’un empire, au sens vrai, organique (à distinguer soigneusement de l’impérialisme qui, nous l’avons vu, n’est qu’une fâcheuse exaspération du nationalisme) est celui qu’on vit à l’œuvre, par exemple, dans l’œcumène européen médiéval. Il concilie unité et multiplicité. Les États y ont le caractère d’unités organiques partielles, gravitant autour d’un unum quod non est pars (pour reprendre l’expression de Dante), c’est-à-dire d’un principe d’unité, d’autorité et de souveraineté supérieur à celui que chaque État particulier peut revendiquer. Mais le principe de l’Empire ne peut prétendre à pareille dignité que s’il transcende la sphère politique au sens étroit, en ce qu’il se fonde sur idée, une tradition, un pouvoir spirituel dont procède sa légitimité. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 239


« Dans une Europe unitaire, patries et nations peuvent subsister (les communautés ethniques ont été respectées, pour une part, même dans le totalitarisme de l’U.R.S.S.). Ce qui devrait être exclu, c’est le nationalisme (avec son prolongement tératologique, l’impérialisme) et le chauvinisme, c’est-à-dire l’absolutisation fanatique d’une communauté particulière. Empire, donc, et non “Europe Nation” ou “Patrie européenne” serait, doctrinalement, le terme juste. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 238


« La mesure de la liberté concrète, de l’indépendance et de l’autonomie est, avant tout, la puissance. L’Europe aurait pu être encore la troisième grande force dans le monde si elle avait fait bloc et si elle avait su garder les immenses réserves de matières premières et les vastes marchés extra-européens, si un principe établi de solidarité stricte avait fait se ranger immédiatement et absolument toutes les nations européennes aux côtés de celle qui eût été, d’une façon quelconque, menacée. Mais on n’a pas suivi cette ligne de conduite qui, du reste, a peu d’antécédents dans l’histoire de l’Europe (à l’exception, par conséquent, de la période romaine et, partiellement, de celle du Moyen Age gibelin et de la Sainte-Alliance). Et les capitulations se sont succédées. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 236


« [...] le judaïsme moderne, en tant que pouvoir [...], est inséparable du capitalisme et de la finance, qui appartiennent évidemment à la civilisation du tiers état [la bourgeoisie]. Il en va de même de la maçonnerie moderne : elle a préparé idéologiquement et soutenu l’avènement du tiers état, elle apparaît aujourd’hui comme la gardienne des principes de la philosophie des Lumières et de la Révolution française, ses doctrines constituant une sorte de religion laïque de la démocratie moderne, où s’est exercée et continue de s’exercer son action militante, soit avouée, soit semi-secrète. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 191-192


« [...] l’une des conditions fondamentales d’un retour à la normale consiste à rompre la démonie qu’exerce l’économie dans le monde occidental moderne. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 167


« [...] jamais il n’y a eu, autant qu’aujourd’hui, d’individus amorphes, ouverts à toutes les suggestions et à toutes les intoxications idéologiques, au point qu’ils deviennent les succubes, souvent sans s’en douter le moins du monde, des courants psychiques et des manipulations engendrés par l’ambiance intellectuelle, politique et sociale dans laquelle nous vivons. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 164


« Nous nous contenterons de signaler ici la possibilité d’un troisième axe de référence, au delà de l’intellectualisme comme de l’anti-intellectualisme, pour dépasser la “culture” d’inspiration bourgeoise. Il s’agit de la vision du monde, — en allemand Weltanschaung. La vision du monde ne se fonde pas sur une connaissance livresque mais sur une configuration intérieure et une sensibilité ayant un caractère non pas acquis, mais inné. Il s’agit essentiellement d’une disposition, et d’une attitude, non de théorie ni d’érudition ; disposition et attitude qui ne concernent pas seulement le domaine mental, mais imprègnent aussi l’affectivité et la volonté, modèlent le caractère, se manifestent par des réactions qui ont la même sûreté que l’instinct, et confèrent un caractère d’évidence à une signification donnée de l’existence.

Normalement, la vision du monde n’est pas quelque chose d’individuel, mais procède d’une tradition ; elle est la résultante organique des forces auxquelles un type de civilisation doit la forme qui lui est propre. En même temps, a parte subjecti, elle apparaît comme une sorte de “race intérieure”, de structure existentielle. Dans toutes les civilisations, autres que la civilisation moderne, a existé précisément une “vision du monde”, et non pas une “culture” [...], qui pénétrait les couches les plus diverses de la société. [...] Et la vision du monde peut être plus précise chez un homme sans instruction que chez un écrivain, plus ferme chez le soldat, le membre d’une souche aristocratique ou le paysan fidèle à la terre, que chez l’intellectuel bourgeois, le “professeur” ou le journaliste. [...]

Si le brouillard se lève, il apparaîtra clairement que c’est la “vision du monde” qui, au-delà de toute “culture” doit unir ou diviser les hommes en traçant d’infranchissables frontières spirituelles ; que, même dans un mouvement politique, cette vision est primordiale, car elle a seule le pouvoir de cristalliser un type humain déterminé et de conférer ainsi un ton spécifique à une communauté donnée. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 162-165


« Il convient de dénoncer cette perversion, par laquelle l’universel est mis au service du particulier. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 154


« [...] quand on voit les catholiques d’aujourd’hui rejeter les prétendus “résidus médiévaux” de leur tradition, le Concile Vatican II et tout ce qui s’en est suivi instaurer un “aggiornamento” destructeur, le pape considérer l’O.N.U. — cette association ridicule, hybride et bâtarde — comme une sorte de préfiguration d’une future œcuménicité chrétienne vers laquelle l’Église paraît aujourd’hui entraînée, aucun doute ne subsiste, et l’on ne peut que nier péremptoirement sa capacité de fournir un soutien quelconque à un mouvement révolutionnaire conservateur et traditionaliste. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 150


« [...] poser l’inégalité signifie dépasser la quantité, admettre la qualité. C’est là que se différencient les deux concepts d’individu et de personne. On peut concevoir l’individu comme une simple unité atomique, un simple numéro dans le règne de la quantité. D’un point de vue absolu, c’est une fiction, une abstraction : mais on peut y tendre, on peut faire en sorte que les différences qui définissent chaque individu se réduisent à un minimum, que prévalent des qualité communes et uniformes (entraînant comme conséquence des voies, des droits, des libertés également uniformes) et considérer cette uniformité comme une condition idéale et désirable, alors que cela correspond à une dégradation et à une dénaturation.

Le pur individu, en effet, appartient au monde de l’inorganique plus qu’à celui de l’organique. [...] L’“individu” atomique, non lié (solutus), “libre”, se trouve donc sous le signe de l’inorganique et se situe, analogiquement, aux degrés inférieurs de la réalité. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 47


« [...] l’idée, et l’idée seule, doit représenter la vraie patrie. [...] la fidélité inconditionnelle à une idée peut servir de bouclier contre la guerre occulte ; quand cette fidélité fléchit, quand on se plie aux finalités contingentes d’une soi-disant politique réaliste, le front de la résistance est déjà miné. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 41-198


« Le fondement de tout véritable État c’est la transcendance de son principe, c’est-à-dire du principe de la souveraineté, de l’autorité et de la légitimité. Cette vérité essentielle s’est exprimée dans l’histoire des peuples sous des formes variées.

[...] c’est au domaine du sacré qu’appartient essentiellement l’ancienne notion romaine de l’imperium qui, avant d’exprimer un système d’hégémonie territoriale supranationale, désigne la pure puissance du commandement, la force quasi mystique et l’auctoritas propres à celui qui exerce les fonctions et possède la qualité de Chef, aussi bien dans l’ordre religieux et guerrier que dans celui de la famille patricienne — la gens — et éminemment, de l’État, de la respublica. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 29


« Pour le vrai conservateur révolutionnaire il s’agit d’être fidèle, non à des formes et à des institutions du passé mais à des principes dont elles ont pu être l’expression particulière et adéquate pendant une période et dans un pays déterminés. Autant ces expressions particulières doivent être, en soi, tenues pour caduques et changeantes, car elles sont liées à des situations historiques qui, souvent, ne peuvent se répéter, autant les principes correspondants gardent une valeur propre que n’affectent pas de telles contingences, autant ils demeurent, au contraire, d’une permanente actualité. »

— Julius Evola, Les Hommes au milieu des ruines (1953), trad. Gérard Boulanger, éd. Pardès, 1984 (ISBN 9782867140044), p. 19


« [...] des chefs d’État ont préféré la ruine de l’Europe et le fatal assujettissement de leurs patries à des peuples étrangers et “barbares” d’Orient et d’Occident, plutôt que de coopérer à une Europe nouvelle qui visait à dépasser le monde du XIXème siècle et à se réorganiser sous de nouveaux symboles d’autorité et de socialité. »

— « Sur les conditions spirituelles et structurelles de l’unité européenne », Julius Evola (trad. Paul Durand), Europa Nazione, janvier 1951


« [...] nous appartiendrons à cette patrie qu’aucun ennemi ne pourra jamais occuper ni détruire. »

— Julius Evola, Orientations (1950), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2011 (ISBN 9782867144509), p. 84


« Ce qui distingue l’américanisme, c’est que l’attaque contre la personnalité et la qualité ne s’y réalise pas par la coercition brutale d’une dictature marxiste et d’une pensée d’État, mais que les mêmes traits y ont pris forme ou y prennent forme quasi spontanément, par les canaux d’une civilisation ne connaissant pas d’idéaux plus élevés que la richesse, la consommation, le rendement, la production effrénée, donc par une exaspération et une réduction à l’absurde de ce qui eut déjà lieu en Europe. [...] Dans un certain sens, l’américanisme, pour nous, est plus dangereux que le communisme [...]. »

— Julius Evola, Orientations (1950), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2011 (ISBN 9782867144509), p. 56


« [...] nous devons avoir en propre le courage des choix radicaux, le non lancé à la décadence politique sous toutes ses formes, qu’elles soient de gauche ou d’une soi-disant droite. Et, surtout, voilà ce dont il faut être conscient : on ne pactise pas avec la subversion, car faire des concessions aujourd’hui signifie se condamner à être totalement vaincu demain. Intransigeance de l’idée, donc, et capacité de se porter immédiatement en avant, avec des forces pures, lorsque le moment opportun sera venu. »

— Julius Evola, Orientations (1950), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2011 (ISBN 9782867144509), p. 54


« [...] le seul résultat de la Seconde Guerre mondiale a consisté à rabaisser l’Europe au rang d’objet de puissances et d’intérêts extra-européens. »

— Julius Evola, Orientations (1950), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2011 (ISBN 9782867144509), p. 44


« [...] nous sommes aujourd’hui au milieu d’un monde de ruines. Et la question qu’il faut se poser est celle-ci : existe-t-il encore des hommes debout parmi ces ruines ? Et que doivent-ils faire, que peuvent-ils encore faire ? »

— Julius Evola, Orientations (1950), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2011 (ISBN 9782867144509), p. 43


« Il est inutile de se faire des illusions avec les chimères d’un quelconque optimisme : nous nous trouvons aujourd’hui à la fin d’un cycle. »

— Julius Evola, Orientations (1950), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2011 (ISBN 9782867144509), p. 41


« [...] nous sommes en guerre contre un front dont le judaïsme international est l’une des principales forces ! »

— Julius Evola, « À propos du papier imprimé inutile » (1943), dans Essais politiques, trad. Gérard Boulanger et François Maistre, éd. Pardès, 2016 (ISBN 9782867140464), p. 246


« Or, nous l’avons déjà dit, l’égalitarisme n’est qu’une phase transitoire et un instrument de subversion : il sert à aplanir les voies. Une fois détruits au nom de la “justice” les fondements d’un ordre hiérarchique précédent, une fois éliminées les barrières, se forme un autre ordre, qui est la contrefaçon et l’inversion du premier, comme une pyramide dont la pointe serait en bas. Outre ce qu’on a déjà indiqué sur la “dictature du prolétariat”, exprimant un pouvoir qui ne s’est en rien “socialisé” mais qui est devenu le monopole des couches les plus basses, le cas du judaïsme est éloquent. Le Juif a demandé et obtenu l’émancipation — lui aussi — au nom de la “justice” et de l’“égalité”. Une fois devenu libre, loin de s’assimiler et de travailler “d’égal à égal” à côté du non-Juif, il est passé sur son dos et a occupé, dans de nombreux pays, fût-ce sous une forme parfois invisible, les postes de commande sociaux, politiques et culturels les plus importants. »

— Julius Evola, « Les limites de la « justice sociale » » (1940), dans Essais politiques, trad. Gérard Boulanger et François Maistre, éd. Pardès, 2016 (ISBN 9782867140464), p. 196-197


« L’Angleterre prêche la “liberté des mers” quand celle-ci s’identifie à l’hégémonie anglaise sur les flots, afin de protéger le “libre commerce” monopolisé par les marchands judéo-britanniques. Elle se fait le paladin du “droit international” et de la “liberté des peuples”, pour la défense exclusive de ses intérêts. Incapable d’affirmer virilement, de façon “aryenne”, une volonté de domination, elle n’a pas hésité à recourir à la rhétorique de l’humanitarisme et du sentimentalisme, pour mobiliser des énergies à son service et pour inciter à participer à un conflit qui — comme celui de 1914-1918 — avait pour unique objectif de consolider et d’étendre son impérialisme. »

— Julius Evola, « L’Angleterre et la déchéance de l’idée d’empire » (1940), dans Essais politiques, trad. Gérard Boulanger et François Maistre, éd. Pardès, 2016 (ISBN 9782867140464), p. 95-96


« Politiquement et socialement parlant, Maçonnerie et judaïsme appartiennent au même front. »

— Julius Evola, « Sur les rapports entre le judaïsme et la maçonnerie » (juin 1937), dans Ecrits sur la franc-maçonnerie, trad. François Maistre, éd. Pardès, 1987 (ISBN 9782867140250), p. 50


« Il est un paradoxe aussi singulier qu’instructif : le vrai Juif est d’autant plus antitraditionnaliste à l’égard des autres et du milieu où il évolue, qu’il est par ailleurs profondément attaché à ce qui est propre à son peuple et à sa tradition. Il s’agit donc de voir si les prônes humanitaristes et démocratiques du judaïsme ne sont que des formes d’hypocrisie avisées, au sens où la liberté dont rêve le Juif au sein du monde nivelé et “fraternaliste” des idéaux maçonnico-libéraux et autres répondrait, non à l’intention des Juifs de se fondre et de disparaître dans cette bouillie subnationale, mais serait en revanche la condition nécessaire d’une action non contrariée, elle-même destinée à l’affirmation d’Israël et au renversement, au profit de ce peuple, des rapports de subordination déjà si réprouvés qu’il connut dans le monde antilibéral et traditionnel. Le fait est que partout où les Juifs ont eu les mains libres, ils ont su arriver rapidement à d’importants postes dirigeants dans la vie publique, sans pour autant cesser de maintenir des contacts, conformément à la solidarité tenace et “mutualiste” d’une secte. »

— Julius Evola, « Sur les rapports entre le judaïsme et la maçonnerie » (juin 1937), dans Ecrits sur la franc-maçonnerie, trad. François Maistre, éd. Pardès, 1987 (ISBN 9782867140250), p. 49


« [...] le Juif est spontanément porté à fomenter et à soutenir toute idée libérale, démocratique et internationaliste, tout simplement parce qu’aucun peuple n’a plus que le peuple juif, en raison de sa condition, à gagner au triomphe d’idéologies de ce genre et à l’élimination de toute ordre hiérarchique et autoritaire, national et traditionnel. En outre, le ressentiment séculaire du Juif contre le Catholicisme s’accorde à merveille avec la haine maçonnique de Rome et avec le symbole d’un Temple qui porte un nom juif, lequel, en dernière analyse, sert de point de ralliement à toutes les forces d’un front international hostile à l’autorité supranationale catholique. »

— Julius Evola, « Sur les rapports entre le judaïsme et la maçonnerie » (juin 1937), dans Ecrits sur la franc-maçonnerie, trad. François Maistre, éd. Pardès, 1987 (ISBN 9782867140250), p. 48


« Il faudra des hommes d’un courage intérieur et d’une force de volonté insoupçonnés, des hommes capables de se détacher du contingent et du passionnel, capables de tirer de l’adhésion à de vrais principes l’énergie d’une action absolue, spirituelle et pratique, pour que ce combat puisse aller jusqu’à son terme dans un sens salutaire pour le destin d’une race qui, après la race romaine, a contribué à la grandeur de l’Occident. »

— Julius Evola, « Le combat national-socialiste pour la « vision du monde » » (1934), dans Essais politiques, trad. Gérard Boulanger et François Maistre, éd. Pardès, 2016 (ISBN 9782867140464), p. 306


« [...] si le dernier âge, le kâlî-yuga, est un âge de destructions terribles, ceux qui y vivent et qui pourtant restent debout peuvent obtenir des fruits difficilement accessibles aux hommes des autres âges. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 615


« C’est le propre d’une vocation héroïque que d’affronter la vague la plus tourbillonnante et de savoir que deux destins sont à égale distance : le destin de ceux qui finiront avec la dissolution du monde moderne et le destin de ceux qui se retrouveront dans l’axe central et royal du nouveau courant. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 615


« Il faut enfin envisager une troisième possibilité. Pour certains, la voie de l’accélération peut être la plus apte à les rapprocher de la solution. Dans certaines conditions, en effet, de nombreuses réactions équivalent aux crampes qui ne servent qu’à prolonger l’agonie et qui, retardant la fin, retardent aussi le recommencement. Il s’agirait d’assumer, en fonction d’une orientation intérieure particulière, les processus les plus destructeurs de l’ère moderne pour les utiliser en vue d’une libération : ce serait une manière de retourner le poison contre lui-même ou de “chevaucher le tigre”. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 613


« Laissons [les hommes de notre temps] à leurs “vérités” et ne veillons qu’à une chose : à rester debout dans un monde de ruines. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 612


« À côté des grands courants de ce monde, il existe encore des hommes ancrés dans les “terres immobiles”. Ce sont généralement des inconnus qui se tiennent à l’écart de tous les carrefours de la notoriété et de la culture moderne. Ils gardent les lignes de crête et n’appartiennent pas à ce monde. Bien que dispersés sur la terre, s’ignorant souvent les uns les autres, ils sont invisiblement unis et forment une “chaîne” incassable dans l’esprit traditionnel. Ce noyau n’agit pas : sa fonction correspond au symbolisme du “feu éternel”. Grâce à ces hommes, la Tradition est présente malgré tout, la flamme brûle secrètement, quelque chose rattache encore le monde au supramonde. Ce sont les “veilleurs”, les έγϱηγοϱοι. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 611-612


« La prison de l’homme occidental est l’une des plus terribles, car c’est une prison sans murs. Il est difficile de se relever lorsqu’il n’y a aucun point qui tienne bon lorsqu’on s’y appuie pour prendre son élan. Avec l’affaiblissement de plus en plus net de l’influence effective du christianisme et du catholicisme, l’Occident est en train de rompre les dernières amarres avec une spiritualité qui n’est pas la sienne ; mais d’autre part, dans ses formes propres, l’esprit lui fait défaut, et il semble incapable de se donner une spiritualité. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 609


« Ne voit-on pas plutôt [que le catholicisme] cherche présentement à se réconcilier par tous les moyens avec la pensée moderne, qu’en son sein l’élément ascétique et contemplatif est de plus en plus négligé au profit de l’élément moraliste et social ? »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 606


« C’est seulement grâce au bloc de l’orthodoxie animée d’un tout autre esprit que le catholicisme, malgré sa nature composite, pourrait peut-être fournir un point de ralliement à de nombreuses forces dispersées et fractionnées. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 605-606


« [...] chez l’homme moderne, il y a un matérialisme qui, vieux de plusieurs siècles, est désormais devenu une structure, une donnée constitutive de son être. Sans que la conscience périphérique s’en aperçoive, ce matérialisme étouffe toute possibilité, dévie toute intention, paralyse tout élan, réduit tout effort même correctement orienté à une stérile et inorganique “construction”. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 603-604


« Dans tous les cas de figure, seul un retour à l’esprit traditionnel dans une nouvelle conscience unitaire européenne pourrait sauver l’Occident. [...] La Tradition, en ce sens souterrain, a toujours existé, existe encore aujourd’hui et ne sera certes pas perdue à cause d’une contingence quelconque se rapportant au destin des hommes. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 602-603


« Convaincus d’avoir une mission universelle, [...] l’Amérique expriment une réalité de fait. Dans le cadre du plan de la subversion mondiale, [...] lorsque s’accomplira ce destin, toute cette civilisation de titans, de métropoles d’acier, de verre et de béton, de masses pullulantes, d’algèbre et de machines enchaînant les énergies de la matière, de dominateurs de deux et d’océans, apparaîtra comme un monde qui oscille sur son orbite et tend à s’en détacher pour s’éloigner et se perdre à jamais dans les espaces, là où il n’y a plus aucune lumière, hormis la lumière sinistre qui naîtra de l’accélération de sa propre chute. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 599


« [...] il y a encore des gens qui perdent leur temps avec l’idée que la “démocratie” américaine est le remède contre le communisme soviétique, qu’elle incarne l’alternative du “monde libre”. En règle générale, on perçoit le danger lorsqu’il se présente sous la forme d’une attaque brutale, physique, venant de l’extérieur ; on ne le perçoit pas lorsqu’il emprunte les voies qui passent par l’intérieur. Depuis longtemps maintenant, l’Europe subit l’influence de l’Amérique, donc de la perversion des valeurs et des idéaux qui est inhérente au monde nord-américain. Cela est l’effet d’une sorte de fatal choc en retour. En effet, comme Guénon l’a dit avec raison, l’Amérique n’est autre que l’“extrême Occident”, le développement jusqu’à l’absurde des tendances fondamentales adoptées par la civilisation occidentale moderne en général. C’est pourquoi une véritable résistance est impossible tant qu’on s’en tient aux principes de cette civilisation et, surtout, tant qu’on succombe au mirage de la technique et de la production. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 598


« [...] dans le monde entier grâce au jazz, phénomène hautement significatif. Dans les grandes salles des villes américaines où des centaines de couples se secouent de concert comme des pantins épileptiques et automatiques au son des rythmes nègres syncopés, c’est vraiment un “état de foule”, la vie d’une entité collective mécanisée, qui se réveille. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 596


« On a déjà vu ce à quoi la religiosité se réduit avec le protestantisme : ayant rejeté tout principe d’autorité et de hiérarchie, s’étant libéré de tout intérêt métaphysique, des dogmes, rites, symboles et sacrements, elle s’est appauvrie en un simple moralisme qui, dans les pays anglo-saxons puritains, et surtout en Amérique, est au service de la collectivité conformiste. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 591


« La puissance dont jouit en Amérique la publicité, l’advertising, s’explique du reste par l’inconsistance interne et la passivité de l’âme américaine, qui présente à tant d’égards les caractéristiques bidimensionnelles, non de la jeunesse, mais de l’infantilisme. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 591


« Le fait est qu’aux États-Unis l’inventeur ou le découvreur de quelque engin nouveau qui multiplie le rendement sera toujours plus considéré que le type traditionnel de l’intellectuel ; que tout ce qui est profit, réalité et action au sens matériel pèsera toujours plus lourd sur la balance des valeurs qu’un comportement dicté par la dignité aristocratique. Certes, l’Amérique n’a pas officiellement banni, comme le communisme, la vieille philosophie, mais elle a fait mieux : par la bouche d’un Williams James elle a déclaré que l’utile est le critère du vrai et que la valeur de toute conception, même métaphysique, doit être mesurée à l’aune de son efficacité pratique, laquelle d’ailleurs, pour la mentalité américaine, finit toujours par vouloir dire efficacité économique et sociale. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 590


« La fin de la guerre marqua aussi la fin de cette alliance hybride ; elle eut pour véritable résultat l’élimination de l’Europe comme sujet de la grande politique mondiale, la disparition de toute forme intermédiaire, et laissa les États-Unis et la Russie face à face, en tant que représentants supra-nationaux des forces, respectivement, du Tiers et du Quatrième État. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 576


« Comme peu d’autres guerres, la guerre de 1914-1918 présente tous les traits d’un conflit entre les idéologies de castes différentes, et non entre États et nations. Ses résultats directs et voulus furent la destruction de l’Allemagne monarchique et de l’Autriche catholique, ses résultats indirects, l’écroulement de l’Empire des tsars, la révolution communiste et la création, en Europe, d’une situation politique et sociale si chaotique et contradictoire qu’elle renfermait toutes les conditions d’une nouvelle conflagration. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 574


« En 1914 les Empires centraux incarnaient encore un reste de l’Europe féodale et aristocratique au sein du monde occidental, en dépit d’indéniables aspects de militarisme hégémonique et de certaines collusions suspectes avec le capitalisme, notamment dans le cas de l’Allemagne wilhelmienne. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 574


« On tend à une fraternité universelle qui, loin d’abolir l’esprit national avec ses appétits et ses prétentions, en sera, au fond, la forme suprême. La nation s’appellera l’Homme et Dieu apparaîtra, sinon comme un ennemi du moins comme une “fiction inopérante”. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 570


« Le sport est un type de travail où l’objet et le but de la production ne comptent plus, qui est donc voulu pour lui-même, en tant que simple activité. On a pu dire à juste titre qu’il représente la religion de l’ouvrier. Il est une contrefaçon typique de l’action au sens traditionnel. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 563


« Les différentes voies convergent donc : la civilisation mécanique, l’économie souveraine, la société de production et de consommation répondent à l’exaltation du devenir et du progrès, de l’élan vital illimité — en bref : tout favorise la manifestation du “démonique” dans le monde moderne. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 563


« À l’époque des marchands, l’idéal n’est autre que l’économie pure, le profit, la prospérité et la science comme instrument de progrès technico-industriel, garant de production et de profit nouveau au sein de la “société de consommation”, idéal auquel répond, avec l’avènement des serfs, l’élévation au rang de religion du principe de l’esclave : le travail. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 555


« La guerre elle-même traverse des phases analogues : de la doctrine de la “guerre sainte” et de la mors triumphalis (première caste), on passe à la guerre pour le droit et l’honneur de son prince (caste guerrière) ; dans un troisième temps, ce sont les ambitions nationales liées aux plans et aux intérêts d’une économie et d’une industrie hégémoniques qui provoquent les conflits (caste des marchands) [...]. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 554


« La régression quadripartie n’a pas seulement une portée politique et sociale ; elle investit tous les domaines de la culture. Elle se signale, en architecture, par la transition menant du thème dominant du temple (première caste) à la forteresse et au château (caste des guerriers), à la cité communale ceinte de murailles (époque des marchands), à l’usine et aux édifices sans âme et rationalisés, aux ruches humaines de l’homme-masse. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 554


« L’aristocratie cède le pas à la ploutocratie. Le guerrier s’efface devant le banquier et l’industriel. L’économie triomphe sur toute la ligne. Le trafic avec la monnaie et l’intérêt, autrefois confiné dans les ghettos, envahi la civilisation nouvelle. Selon l’expression de Sombart, dans la terre promise du puritanisme protestant, avec l’américanisme et le capitalisme, ne vit que l’“esprit juif distillé”. Et il est naturel qu’en fonction de cette familiarité les représentants modernes du judaïsme sécularisé aient pratiquement vu s’ouvrir devant eux, pendant cette phase, la voie de la conquête du monde. Les expressions suivantes de Karl Marx sont caractéristiques : “Quel est le fond profane du judaïsme ? Le besoin pratique, l’utilité personnelle. Quel est le culte profane du juif ? Le trafic. Quel est son dieu profane ? L’argent (...). Le juif s’est émancipé d’une manière juive, non seulement en se rendant maître du marché financier, mais parce que, grâce à lui et par lui, l’argent est devenu une puissance mondiale, et l’esprit pratique juif l’esprit pratique des peuples chrétiens. Les juifs se sont émancipés dans la mesure même ou les chrétiens sont devenus juifs (...). Le dieu des juifs s’est sécularisé et est devenu le dieu mondial. Le change, voila le vrai dieu des juifs”. En fait on peut dire que la codification du trafic de l’or sous la forme du prêt et de l’intérêt, auquel le juif surtout s’était précédemment consacré, n’ayant aucun autre moyen de s’affirmer, est la base même de l’acceptation et du développement aberrant dans le monde moderne de tout ce qui est banque, finance, économie pure, jusqu’à un stade qui évoque la prolifération d’un cancer. C’est là l’étape fondamentale de l‘“ère des marchands”. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 551-552


« Par ailleurs, il n’est pas sans intérêt de souligner que le monde moderne témoigne aussi d’un retour, sous une forme transposée, des thèmes propres aux antiques cultures gynécocratiques méridionales. Le socialisme et le communisme, dans les sociétés modernes, ne sont-ils pas des réapparitions matérialisées et mécanisées de l’ancien principe tellurique-méridional de l’égalité et de la promiscuité dans la Terre Mère ? »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 547


« Le sans-caste, le serf émancipé et le paria glorifié — “l’homme libre” moderne — se heurte à la masse des autres hommes sans caste, et, pour finir, à la force brutale du collectif. La chute se poursuit donc également par cette voie : l’homme régresse du plan personnel dans l’anonymat, le troupeau, la quantité pure, chaotique, inorganique. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 540


« Avec la révolte de l’individualisme, toute conscience du supramonde est perdue. Seules demeurent la vision matérielle du monde, réputée omnicompréhensive et certaine, et la nature comme extériorité et phénomène. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 537


« On a l’un des exemptes tes plus tangibles à ce propos dans le rôle joué par la franc-maçonnerie dans les révolutions américaines, de même que dans la préparation idéologique souterraine de la Révolution française et d’une grande partie des révolutions qui suivirent (Espagne, Italie, Turquie, etc.). C’est ainsi que s’est formé ce qu’on peut appeler le front secret de la subversion mondiale et de la contre-tradition : à travers non seulement des influences générales, mais aussi à travers des centres bien précis d’action concertée servant de support à ces influences. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 536


« L'individualisme inhérent à la théorie protestante du libre examen ne fut pas, d'ailleurs, privé de relations avec un autre aspect de l'humanisme moderne, à savoir le rationalisme. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 535


« La première forme d’apparition de l’humanisme est l’individualisme. [...]

D’où un irréalisme radical, une inorganicité radicale dans tout ce qui est moderne. A l’intérieur comme à l’extérieur, plus rien ne sera vie, tout sera construction : à l’être éteint se substituent dans tous les domaines la “volonté” et le “Moi”, sinistre étayage rationaliste et mécaniste d’un cadavre. Comme dans le pullulement vermiculaire des putréfactions, se déploient alors les mille conquêtes, les mille dépassements et les mille créations de l’homme nouveau. La voie est libre pour tous les paroxysmes, toutes les manies innovatrices et iconoclastes, pour tout un monde foncièrement rhétorique où, l’image de l’esprit ayant remplacé l’esprit, les fornications incestueuses de l’homme dans la religion, la philosophie, l’art, la science et la politique ne connaîtront plus de bornes. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 526-527


« C’est une grave équivoque. La Renaissance n’emprunta au monde antique que des formes décadentes : non celles des origines, qui étaient pénétrées d’éléments sacrés et supra-personnels ; ou bien elle négligea totalement ces derniers éléments, orientant ainsi l’héritage antique dans une direction tout à fait différente. En réalité, au sein de la Renaissance, la “paganité” servit essentiellement à développer la simple affirmation de l’homme, à fomenter une exaltation de l’individu, lequel s’enivra des productions d’un art, d’une érudition et d’une spéculation privés de tout facteur transcendant et métaphysique. [...]

L’effort médiéval pour reprendre le flambeau que Rome avait reçu de la Grèce héroïque et olympienne retombe. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 522-523


« On ne conçoit plus comme chef que l’individu puissant, qui ne commande pas en fonction d’une investiture, de sa nobilitas, ou parce qu’il représente un principe supérieur et une tradition, mais en son nom propre, se servant de l’astuce et de la violence, des moyens de la “politique” désormais comprise comme un “art”, une technique sans scrupules — honneur et vérité ne signifiant rien pour lui —, se servant aussi, éventuellement, de la religion comme d’un instrument parmi tant d’autres. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 519


« [...] c’est précisément parce que la France fut la première à favoriser ce tournant et à donner un caractère de plus en plus centralisateur et nationaliste à l’idée d’État, qu’elle fut aussi la première à assister à l’écroulement du régime monarchique et à l’avènement du régime républicain en tant que passage net et franc du pouvoir au Tiers État. Un phénomène qui fit de la France, au sein des nations européennes, le principal foyer du ferment révolutionnaire et de la mentalité laïque et rationaliste, délétère pour toute survivance résiduelle de “traditionnalité”.

Un autre aspect complémentaire de la Némésis historique est lui aussi précis et intéressant. Après que tes États “absolutisés” se furent émancipés de l’Empire, ce fut au tour des individus souverains, libres et autonomes de s’émanciper de l’État. Une usurpation appela et annonça l’autre, jusqu’à ce que dans les États atomisés et devenus anarchiques en tant qu’États souverains nationaux, la souveraineté usurpée de l’État cédât à la souveraineté populaire. Dans le cadre de celle-ci, toute autorité et toute toi ne sont légitimes qu’en tant qu’expressions de la volonté des citoyens, individus particuliers seuls souverains : c’est l’État démocratisé et “libéral”, en attendant la dernière phase, la phase purement collectiviste. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 515-516


« Philippe le Bel est en effet celui qui, d’accord avec le pape, a détruit dans les Templiers l’expression la plus typique de la tendance à reconstituer l’unité de l’élément guerrier et de l’élément sacerdotal, tendance qui était l’âme secrète de la chevalerie. C’est aussi lui qui a entamé le travail d’émancipation laïque de l’État par rapport à l’Église, tâche que ses successeurs poursuivront sans interruption, tout comme sera poursuivi — surtout par Louis XI et par Louis XIV — le combat contre la noblesse féodale, et ce sans dédaigner l’appui de la bourgeoisie, ni hésiter à encourager dans ce but — l’esprit de révolte jusque dans les couches sociales les plus basses ; c’est encore Philippe le Bel qui favorisera une culture antitraditionnelle, ses “légistes” étant, avant même les Humanistes de la Renaissance, les vrais précurseurs du laïcisme moderne. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 514-515


« L’absolutisme — transposition matérialiste de l’idée unitaire traditionnelle — prépare la voie à la démagogie et aux révolutions nationales antimonarchiques. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 514


« À mesure qu’on avancera dans l’ère moderne on verra les patries se constituer ouvertement comme autant de schismes, s’opposer les unes aux autres non seulement en tant qu’entités politiques et temporelles, mais en tant qu’entités mystiques refusant d’admettre toute forme d’autorité supra-ordonnée. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 513


« L’Europe chrétienne, inerte, assiste à la chute de l’Empire Romain d’Orient et de Constantinople, vaincus par les Ottomans. Mais ce n’est pas tout : il se trouve même un roi de France, François Ier, pour porter le premier coup au mythe de la “Chrétienté” qui servait de fondement à l’unité européenne. En effet, pour combattre le représentant du Saint Empire Romain, François Ier n’hésite pas à soutenir les princes protestants révoltés, et même à s’allier avec le Sultan. [...] Chronologiquement, la Maison de France fut la première responsable, dans la politique européenne, de ce tournant dans un sens nettement anti-impérial. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 512-513


« La destruction de la civilisation médiévale emprunte toutes ces voies. Les rois commencent à réclamer pour leurs unités particulières le principe d’autorité absolue propre à l’Empire matérialisant ce principe et affirmant pour finir une idée nouvelle et subversive ; celle de l’État national. Par un processus analogue prolifère une multiplicité de communes, de villes franches et de républiques, d’entités qui cherchent, chacune, à faire bande à part, passant à la résistance et à la révolte non seulement contre l’autorité impériale, mais aussi contre la noblesse. Le centre de gravité descend, l’œcumène européen se défait. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 511


« Durant les croisades, l’idéal de l’unité des nations représentées, en temps de paix, par l’Empire, se réalisa pour la première et dernière fois, sur le plan de l’action, dans l’Europe post-romaine : merveilleux élan, répétition mystérieuse du grand mouvement préhistorique allant du Nord au Sud et d’Ouest en Est. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 506


« La chevalerie fut le complément naturel de l’idée impériale : elle était à celle-ci ce que le clergé était à l’Église. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 503


« Pour la dernière fois en Occident on vit se constituer aussi spontanément, et se stabiliser, la quadripartition sociale traditionnelle en serfs, bourgeoisie, noblesse guerrière et représentants de l’autorité spirituelle (le clergé dans la perspective guelfe, les Ordres ascétiques de chevalerie dans la perspective gibeline). »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 500


« Dans la féodalité, les rapports de fidélité et d’honneur ressortirent plus qu’à toute autre époque de l’Occident. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 500


« De fait, le christianisme ne “convertit” l’homme occidental qu’à l’extérieur ; il devint sa “foi” au sens le plus abstrait, tandis que la vie effective de cet homme continuait à obéir à des formes, plus ou moins matérialisées, de la tradition opposée de l’action. Plus tard, au Moyen Âge, cette vie allait obéir à un ethos essentiellement marqué par un retour de l’esprit nordico-aryen. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 485


« La nature cesse d’être quelque chose de vivant. La perception magico-symbolique de la nature qui servait de fondement aux sciences sacerdotales, est rejetée et bannie comme “païenne”. De fait, après le triomphe du christianisme, ces sciences sacerdotales connurent un processus rapide de dégénérescence, si l’on excepte un résidu dévitalisé constitué précisément par la tradition rituelle catholique. La nature devint quelque chose d’étranger, voire de diabolique. Et cela, de nouveau, se retrouva à l’origine d’une ascèse de type monastique, pénitentielle, ennemie du monde et de la vie, d’une ascèse typiquement chrétienne, par ailleurs ouvertement opposée à la façon de sentir classique et romaine. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 481


« [...] l’égalitarisme chrétien, avec ses principes de fraternité, d’amour, de communion, finit par être la base mystico-religieuse d’un idéal social opposé à la pure idée romaine. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 479


« La part occupée par des influences méridionales et non aryennes est également assez visible dans la morale chrétienne. Le fait que face à un Dieu, et non à une déesse, on ne reconnaisse, spirituellement parlant, aucune différence entre homme et homme, et qu’on pose l’amour comme principe suprême — cela pèse d’un poids très lourd. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 479


« En outre, on ne devrait jamais oublier que si le christianisme s’est approprié quelque chose de la vieille tradition juive, l’hébraïsme orthodoxe, lui, s’est continué de manière indépendante, avec le Talmud, sans reconnaître le christianisme, et a eu, avec la Kabbale, une tradition proprement initiatique que te christianisme n’a jamais possédée. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 476


« Ce qui s’était affirmé, c’était l’idéal d’une religion ouverte à tous, étrangère à toute idée de race, tradition et caste, donc, concrètement, d’une religion faite pour ceux qui n’avaient ni race, ni tradition, ni caste. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 475


« Rome naît dans la période critique que traversèrent, un peu partout, les anciennes civilisations traditionnelles. Et si l’on fait abstraction du Saint Empire Romain — qui fut du reste, en partie, une reprise nordico-germanique de l’idée romaine antique —, il faut voir en Rome la dernière grande réaction contre cette crise, la tentative, victorieuse pendant tout un cycle, d’arracher aux forces de la décadence déjà à l’œuvre dans les cultures méditerranéennes un ensemble de peuples, pour les organiser et réaliser sous une forme plus durable et plus grandiose ce que la puissance d’Alexandre le Grand n’avait su faire que pour une brève période. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 448


« La pensée qui cherche à rendre compte de l’universel et de l’être sous la forme qui lui est propre — à savoir en mode rationnel et philosophique — et à transcender par le concept, dans le cadre de la rhétorique, la particularité et la contingence du monde sensible, constitua la séduction et l’illusion les plus périlleuses, l’instrument d’un humanisme et, par conséquent, d’un irréalisme bien plus profond et néfaste, qui allait ensuite séduire l’Occident tout entier. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 446


« La crise de l’ancien régime aristocratique et sacral des cités grecques est presque contemporaine de l’épidémie dionysiaque. Un ferment révolutionnaire altère les fondements des vieilles institutions, l’ancienne conception de l’État, de la loi, du droit et de la propriété. Il sépare le pouvoir temporel de l’autorité spirituelle, reconnaît le principe électif et introduit des institutions qui s’ouvrent peu à peu aux couches sociales inférieures, à l’aristocratie contre-nature du cens (caste des marchands : Athènes, Cumes, etc.), et, enfin, à la plèbe protégée par les tyrans populaires (Argos, Corinthe, Sicyone, etc.). C’est la naissance du régime démocratique. Royauté, oligarchie, puis bourgeoisie, enfin dominateurs illégitimes qui tiennent leur pouvoir d’un prestige purement personnel et qui s’appuient sur le demos, telles sont les phases de l’involution qui se vérifia déjà en Grèce, qui se répéta dans la Rome antique, avant de se réaliser en grand et en entier dans l’ensemble de la civilisation moderne.

Or, dans la démocratie grecque il faut voir non pas tant une victoire du peuple grec qu’une victoire de l’Asie Mineure et, mieux du Sud, sur les ethnies helléniques originelles dispersées dans leurs forces et leurs hommes. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 439-440


« Moïse lui-même, s’il doit la vie à une femme royale, fut conçu comme un “Sauvé des Eaux”, et les péripéties de l’“Exode” sont susceptibles de recevoir une interprétation ésotérique. Si l’on met de côté Élie et Hénoch, il reste que Jacob est un vainqueur d’anges et, concomitamment, que le terme même d’“Israël” ne signifie rien d’autre que “vainqueur de Dieu”. Mais il s’agit là d’éléments sporadiques, qui accusent une oscillation curieuse, typique de l’âme judaïque en général : d’un côté, un sentiment de faute, d’auto-humiliation, de sacrilège, d’attachement à la chair ; de l’autre, un orgueil et une rébellion quasi lucifériens. Cela explique peut-être le fait que la tradition initiatique du judaïsme, qui joua un rôle important au Moyen Age européen sous la forme de la Kabbale, présente elle-même des aspects particulièrement involués et a parfois l’allure d’une “science maudite”. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 411


« Jusqu’à hier, le Japon a offert un exemple, unique en son genre, de coexistence d’une orientation traditionnelle avec l’adoption, sur le plan matériel, des structures de la civilisation technique moderne. Avec la Deuxième Guerre mondiale, une continuité millénaire a été brisée, cet équilibre a disparu, le dernier État au monde où l’on reconnaissait encore le principe de la royauté “solaire” de pur droit divin a cessé d’exister. Le destin de l’“âge sombre”, sa loi en vertu de laquelle le potentiel technique et industriel, la force matérielle organisée, a un poids déterminant dans l’affrontement des puissances mondiales, a également marqué la fin de cette tradition, avec l’issue de la dernière guerre. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 403


« Historiquement et géographiquement, l’Atlantide correspondrait en effet non au Sud, mais à l’Occident. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 355


« Ayant indiqué ces points essentiels, nous ne reviendrons pas sur la loi de solidarité entre causes physiques et causes spirituelles appliquée à un plan où l’on peut pressentir une relation profonde : entre ce qu’on peut appeler, au sens le plus large, la “chute” — la déviation d’une race absolument primordiale — et la déclinaison physique de l’axe de la Terre, facteur de changements climatiques et de catastrophes périodiques pour les continents. Nous indiquerons seulement que depuis que la région polaire est devenue déserte, on a pu constater l’altération et la disparition progressives de la tradition originelle, ce qui devait conduire jusqu’à l’âge de fer ou âge sombre, kâli-yuga, ou encore “âge du loup” (Edda), et, à la limite, jusqu’aux temps modernes proprement dits. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 334-335


« Avec Thulé se confond donc soit le légendaire pays des Hyperboréens, situé à l’extrême Nord, d’où les lignées achéennes originelles apportèrent l’Apollon delphique ; soit l’île d’Ogygie, “ombilic de la mer”, qui se trouve loin sur le vaste océan et dont Plutarque dit en effet qu’elle est située au nord de la (Grande) Bretagne. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 333


« [...] les Hyperboréens étaient précisément une race mystérieuse qui habitait dans la lumière éternelle et dont la région aurait été l’habitat et la patrie de l’Apollon de Delphes, du dieu dorien de la lumière — Φοἱβоς άπόλλου, le Pur, le Rayonnant —, représenté aussi, d'autre part, comme un dieu “d’or” et un dieu de l’âge d’or. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 324


« Le rapport avec le surnaturel conçu sous une forme personnalisée (théisme), comme dévouement, dévotion, renoncement profond à la volonté propre devant cette hypostase — ce rapport présente, sur son plan spécifique, les traits propres à la voie où peut se réaliser une nature féminine. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 299-300


« La femme traditionnelle, la femme absolue, en se donnant, en ne vivant pas pour soi, mais en voulant être tout entière pour un autre être, avec simplicité et pureté, s'accomplissait, s'appartenait, avait un héroïsme spécifique — et, au fond, s'élevait au-dessus de l’homme commun. La femme moderne, elle, s'est détruite en voulant vivre pour elle-même. La “personnalité” tant désirée lui enlève toute personnalité. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 290


« En dehors d’une fidélité seulement conformiste et bourgeoise, l’amour que l’Europe avait choisi, c’était celui n’admettant pas que l’être aimé n’aime pas. Or, quand une femme, pour se consacrer à un homme, prétend que celui-ci lui appartienne corps et âme, elle ne se contente pas d’“humaniser” et d’appauvrir son offrande ; elle commence à trahir l’essence pure de la féminité pour emprunter, sous cet aspect également, un mode d’être propre à la nature masculine — et de l’espèce la plus basse : la possession, le droit sur l’autre et l’orgueil du Moi. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 289


« [...] le “féminisme” a été incapable de concevoir pour la femme une personnalité, sinon en imitant la personnalité masculine, de sorte qu’il n’est pas excessif de dire que ses “revendications” masquent une défiance fondamentale de la nouvelle femme envers elle-même, son impuissance à être et à valoir en tant que femme, et non en tant qu’homme. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 287-288


« [...] nous voyons la civilisation moderne se tourner vers le nivellement, vers l’informe, vers un stade qui, en réalité, n’est pas au-delà, mais en-deçà de l’individuation et de la différence entre les sexes. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 287


« L’émancipation de la femme devait fatalement suivre celle du serf et compléter la glorification du sans-classe et du sans-tradition, à savoir du paria. Dans une société qui ne sait plus rien de l’Ascète, ni du Guerrier ; dans une société où les mains des derniers aristocrates semblent faites davantage pour des raquettes de tennis ou des shakers de cocktails que pour des épées ou des sceptres ; dans une société où le type de l’homme viril — quand il ne s’identifie pas à la larve blafarde appelée “intellectuel” ou “professeur”, au fantoche narcissique dénommé “artiste”, ou à cette petite machine affairée et malpropre qu’est le banquier ou le politicien — est représenté par le boxeur ou par l’acteur de cinéma ; dans une telle société, il était normal que la femme se révoltât et revendiquât pour elle aussi une “personnalité” et une liberté au sens moderne, donc anarchiste et individualiste, de ces termes. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 287


« [...] un homme purement masculin ne pourrait connaître l’amour entendu en ce sens qu’en se féminisant, donc en s’éloignant précisément de cette autonomie intérieure qui fait que la femme peut trouver en lui un soutien [...]. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 284


« L’idée, soutenue par Fustel de Coulanges, que l’apparition du “testament” au sens d’une liberté individualiste laissée aux possédants de diviser leur propriété, de la désintégrer d’une manière ou d’une autre, de la détacher de l’héritage du sang et des normes rigoureuses du droit patriarcal et du droit d’aînesse, est un des signes typiques de la dégénérescence de la mentalité traditionnelle — cette idée est tout à fait juste. Plus généralement, il faut dire que lorsque le droit de propriété cesse d’être le privilège des deux castes supérieures et passe aux deux castes inférieures — celles des marchands et des serfs —, cela entraîne obligatoirement une régression naturaliste virtuelle, cela restaure le pouvoir des “esprits de la terre” sur l’homme. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 275-276


« [...] dans toute forme supérieure de tradition, la propriété du sol comme propriété privée fut un privilège aristocratique et sacral : seuls ont droit à la terre ceux qui possèdent des rites — au sens spécifique, “patricien”, de cette expression.

[...] la propriété tend de plus en plus à passer de individuel au collectif. Parallèlement à la disparition du droit aristocratique aux terres, remplacé par l’économie devenue souveraine des terres, on voit surgir d’abord le nationalisme, puis le socialisme et enfin le communisme marxiste. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 272-276


« Dans la conception traditionnelle, le temps présentait en outre un aspect magique. Chaque moment d’un cycle ayant — en vertu de la loi des correspondances analogiques — une singularité propre, la durée déroulait la succession périodique de manifestations typiques de certaines influences, de certains pouvoirs : il y avait donc des moments propices et non propices, fastes et néfastes. Ce facteur qualitatif du temps jouait un rôle essentiel dans la science du rite : les parties du temps ne pouvaient pas être jugées indifférentes par rapport aux choses à accomplir, elles présentaient un caractère actif dont il fallait tenir compte. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 259-260


« [...] la région correspondant aujourd’hui à l’océan Arctique fut l’habitat primitif des races qui créèrent les principales cultures indo-européennes. On peut estimer qu’avec le gel arctique, la division de l’année en une seule nuit et en un seul jour, a fortement dramatisé l’expérience du cycle solaire, au point d’en faire l’un des meilleurs moyens d’exprimer les contenus métaphysiques indiqués plus haut, substituant ceux-ci à ce qui, en tant que pur symbolisme “polaire”, et non encore solaire, remontait à des époques encore plus reculées. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 257-258


« [...] l’homme moderne a besoin, comme d’une espèce de stupéfiant, de ces formes d’action dégradées ou profanées : il en a besoin pour chasser le sentiment de son vide intérieur, pour se sentir vivre, pour trouver dans des sensations exaspérées le succédané d’une existence possédant une signification authentique. Une espèce de fébrilité titanique qui franchit toutes les limites, qui pousse de fièvre en fièvre, qui trouve sans cesse de nouvelles sources d’ivresse et d’étourdissement : voilà l’une des caractéristiques de l’“âge sombre” occidental. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 247


« Toute morale — lorsqu’il s’agit de formes supérieures de morale, de ce qu’on appelle la “morale autonome” — n’est qu’ascèse sécularisée. Mais, comme telle, elle n’est plus qu’un tronçon survivant et apparaît privée de tout fondement véritable. C’est pourquoi la critique des “libres esprits” modernes, jusqu’à Nietzsche, a pu s’exercer facilement contre les valeurs et les impératifs de la morale dite, improprement, traditionnelle (improprement car, répétons-le, la morale comme domaine autonome n’existe pas dans une civilisation traditionnelle). »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 245


« [...] Jérusalem, but de la conquête des croisés, se présentait sous le double aspect d’une cité terrestre et d’une cité céleste, et la croisade devenait l’équivalent, sur le plan de la tradition héroïque, du “rite” du pèlerinage et de la “passion” de la via crucis. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 222


« [...] en Amérique la vraie misère des Noirs commença lorsqu’ils furent libérés et se retrouvèrent dans la situation de prolétaires déracinés au sein d’une société industrialisée. En tant qu’“esclaves” dans un régime paternaliste, ils jouissaient en général d’une sécurité économique et d’une protection bien plus grandes. C’est pourquoi certains estiment que la condition du “libre” travailleur blanc d’Europe fut, à l’époque, pire que la leur [...]. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 198


« [...] l’anarchie des “droits” et des “revendications” n’apparaît que lorsque cesse d’exister une profonde orientation spirituelle, que lorsque l’action accomplie dans la pureté est remplacée par la poussée des intérêts matériels et de l’individualisme, par la fièvre vaine et multiforme due à la mentalité moderne, et par une civilisation qui a fait de l’économie une démonie et un destin. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 195


« Le christianisme dut reconnaître le principe chevaleresque de l’honneur dans une mesure bien plus grande que celle possible en fonction du principe chrétien de l’amour et, malgré tout, se conformer à une morale plus héroïque et païenne qu’évangélique [...].

D’ailleurs, c’est en raison précisément de cet éloignement de l’Église par rapport aux thèmes dominants du christianisme des origines, que l'Europe connut au Moyen Âge, à plus d’un titre, la dernière image d’un monde de type traditionnel. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 166


« La Tradition, en ce sens souterrain, a toujours existé, existe encore aujourd’hui et ne sera certes pas perdue à cause d’une contingence quelconque se rapportant au destin des hommes. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 603


« Après le déclin de la chevalerie, la noblesse, elle aussi, finit par perdre en Europe l’élément spirituel comme point de référence de sa plus haute “fidélité” ; elle devint une partie de simples organismes politiques — ce qu’illustre précisément le cas des aristocraties des États nationaux apparus après la civilisation médiévale. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 161


« La vision guelfe (grégorienne et thomiste) témoigne donc de nouveau d’une spiritualité dévirilisée, qu'on entend compléter de manière extrinsèque par un pouvoir temporel, afin de la renforcer et de la rendre efficace parmi les hommes, au lieu d'opérer la synthèse entre spiritualité et puissance, entre la surnaturalité et la centralité royale propre à la pure idée traditionnelle. [...] la conception “religieuse” propre au christianisme ne permit pas de concevoir rien de semblable ; dès Gélase Ier, l’Église affirma au contraire que, depuis la venue du Christ, nul ne peut être simultanément roi et prêtre. Quelle que soit sa prétention hiérocratique, l’Église n’incarne pas le pôle viril, mais le pôle féminin (lunaire) de l’esprit. La clef peut lui convenir — non le sceptre. Ce n’est pas l’Église, avec sa fonction de médiatrice d’un divin substantialisé en mode théiste et sa conception de la spiritualité comme “vie contemplative” essentiellement distincte de la “vie active” [...]. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 148-149


« De toute façon, on est passé, au fil des siècles, à des formes d’anarchie antitraditionnelle — anarchie qui présente deux aspects : soit celui d'une royauté qui est simple pouvoir temporel se révoltant contre l’autorité spirituelle ; soit l'aspect d'une spiritualité de type “lunaire” se révoltant contre une spiritualité incarnée par des monarques se souvenant encore de leur antique fonction. Des ruines du monde traditionnel, l'hétérodoxie surgira sous l'une ou l'autre forme. La première voie, c'est celle qui conduira d'abord à la prévarication politique et à la sécularisation de l’idée d'État, à la destruction de toute vraie hiérarchie et, pour finir, aux formes modernes d'une virilité et d'une puissance illusoires et matérialisées, elles-mêmes emportées par la démonie du monde des masses sous ses aspects plus ou moins collectivistes. La seconde voie courra parallèlement à l’autre, et se réalisera d’abord avec l'avènement de la “civilisation de ta Mère”, avec la spiritualité d'inspiration panthéiste ; puis avec les variantes de la religion dévotionnelle au sens propre.

Nous verrons que le dernier grand épisode du conflit aura lieu au Moyen Âge, avec l'affrontement entre l'universalisme religieux représenté par l'Église et l’idée royale incarnée, en dépit de certains compromis, par le Saint Empire Romain. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 137-138


« Lorsque c’est au contraire une caste sacerdotale ou une Église qui se présente comme détentrice exclusive de la force sacrée par laquelle seule le roi peut être habilité à sa fonction, on se trouve au commencement d’une phase descendante. Il y a une spiritualité qui, en soi, n’est plus royale et une royauté qui, en soi, n’est plus spirituelle, l’une et l’autre comme des réalités distinctes. On peut dire aussi qu’il y a, d’une part, une spiritualité “féminine”, de l’autre une virilité matérielle ; d’un côté une “sacralité” lunaire, de l’autre une “solarité” matérielle. La synthèse, correspondant à l’attribut royal et primordial de la “gloire”, feu céleste des “vainqueurs”, est brisée. Le plan de la centralité absolue est perdu. Et l’on verra que cette scission marque le début de la descente des civilisations sur la pente qui aura pour limite le monde moderne. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 129


« Dans le divin, le sang θεοι συναιμοι —, dans le divin, la famille, θεοι εγγενεις. État, communauté, famille, affections bourgeoises, devoirs au sens moderne — à savoir exclusivement laïque, humain et social : autant de “constructions”, autant de choses qui n’existent pas, qui sont en dehors de la réalité traditionnelle, qui appartiennent au monde des ombres. La lumière de la Tradition ne connut rien de tout cela. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 90


« Seul compte, aujourd’hui, le travail de ceux qui savent se tenir sur les lignes de crête : fermes sur les principes ; inaccessibles à tout compromis ; indifférents devant les fièvres, les convulsions, les superstitions et les prostitutions sur le rythme desquelles dansent les dernières générations. Seule compte la résistance silencieuse d’un petit nombre, dont la présence impassible de “convives de pierre” sert à créer de nouveaux rapports, de nouvelles distances, de nouvelles valeurs, à construire un pôle qui, s’il n’empêchera certes pas ce monde d’égarés et d’agités d’être ce qu’il est, permettra cependant de transmettre à certains la sensation de la vérité — sensation qui sera peut-être aussi le déclic de quelque crise libératrice. »

— Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), trad. Philippe Baillet, éd. Kontre Kulture, 2019 (ISBN 9782367251400), p. 8


« [...] la formation d’une réalité supérieure, œcuménique, capable d’unir virilement les nations dans l’esprit sans les confondre dans les corps : tel nous semble être le problème fondamental de l’avenir de l’Europe. »

— Julius Evola, « Remarques critiques sur le « racisme » national-socialiste » (1933), dans Essais politiques, trad. Gérard Boulanger et François Maistre, éd. Pardès, 2016 (ISBN 9782867140464), p. 292


« [...] le christianisme fut et demeure l’Anti-Rome. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 202


« Telle est notre vérité. Tel est le “mythe” que nous, païens, opposons à la superstition galiléenne ; et que nous affirmons aujourd’hui au centre des valeurs de notre race pour la restauration de l’Empire en Occident. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 174


« Plus précisément, trois solutions se présentent. Se soustraire, pour qui le peut, à toute la réalité européenne, en abandonnant à eux-mêmes ces êtres déviés. Ou bien attendre la fin, en accélérant même le rythme du “progrès”, jusqu’à voir la catastrophe de près et, si cela ne suffit pas, jusqu’à la provoquer, afin que le terrain soit de nouveau vierge. Ou bien encore assumer dès maintenant la parole de l’alarme et de la révolte, et s’opposer lentement, avec ténacité, sans pitié, d’un côté avec une force destructrice, de l’autre avec une force créatrice, à la marée qui emporte déjà rapidement les peuples d’Europe. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 137


« Nous avons déjà dit de quelle façon l’on peut faire remonter la racine de cette perversion au tronc judéo-chrétien. L’esprit du messianisme est son esprit, sa matière originelle. L’hallucination d’un autre monde et d’une solution messianique qui échappe au présent, traduit le besoin d’évasion des ratés, des parias, des maudits, de ceux qui sont incapables d’assumer et de vouloir leur réalité ; c’est l’insuffisance des âmes qui souffrent, dont l’être est désir et passion, désespoir. Progressivement, couvée avec ténacité au sein de la race sémitique, et rendue d’autant plus vigoureuse et nécessaire que déclinait la fortune politique du “peuple élu”, cette obscure réalité s’embrasa depuis les bas-fonds de l’Empire sous la prédication du Galiléen, et servit de mythe à la grande révolte des esclaves, à la vague frénétique qui submergea la Rome païenne. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 126


« L’Angleterre et l’Amérique, redoutables foyers du danger européen, devraient être les premières [nations] à être brisées [...]. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 124


« Le démocratisme sait bien cela. Voilà pourquoi, lentement, subtilement, en serpentant par tout l’Occident, il cherche à éteindre la race des chefs, des animateurs, de ceux qui fascinent, et à créer un nivellement tel que toute puisse être réduit à l’autonomie propre aux parties d’un mécanisme économique laissé à lui-même. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 93


« En premier lieu, c’est le principe leibnizien des indiscernables qui le veut, principe qui s’exprime ainsi : un être qui serait absolument identique à un autre serait une seule et même chose avec lui. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 90


« L’inégalité des hommes est une chose trop évidente pour que l’on se répande à ce sujet : il suffit d’ouvrir les yeux et de regarder. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 90


« Tout démocratisme n’est [...] qu’un libéralisme déguisé. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 76


« [...] il n’y a de liberté vraie que dans la hiérarchie, dans la différence, dans le caractère irréductible des qualités individuelles [...]. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 72


« [...] l’abolition de l’esclavage ne peut avoir été voulue que par une race d’esclaves [...]. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 64


« La hiérarchie d’en haut fut remplacée, avec la Réforme, par la libre association des croyants émancipés du lien de l’autorité, où chacun devient anarchiquement arbitre de lui-même et, en même temps, égal à tout autre croyant. Ce fut, en d’autres termes, le commencement de la décadence libérale-démocratique moderne. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 44


« Le christianisme est à la racine même du mal qui a corrompu l’Occident. Telle est la vérité, et elle n’admet pas de doute.

La vague sombre et barbare, ennemie d’elle-même et du monde, qui dans la subversion frénétique de toute hiérarchie, dans l’exaltation des faibles, des déshérités, des sans-naissance et sans-tradition agités par le besoin d’“aimer”, de “croire”, de s’abandonner, dans la rancœur envers tout ce qui est force, autonomie, sagesse, aristocratie, dans le fanatisme intransigeant et prosélytique, fut un poison pour la grandeur de l’Empire romain — voilà la principale cause du déclin de l’Occident. »

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 32


« L’actuelle “civilisation” d’Occident est en attente d’un bouleversement essentiel sans lequel elle est destinée, tôt ou tard, à s’écrouler.

Elle a réalisé la perversion la plus complète de l’ordre rationnel des choses.

Règne de la matière, de l’or, de la machine, du nombre, en elle il n’y a plus ni souffle, ni liberté, ni lumière.

L’Occident a perdu le sens du commandement et de l’obéissance.

Il a perdu le sens de la Contemplation et de l’Action.

Il a perdu le sens des valeurs, de la puissance spirituelle, des hommes-dieux.

Il ne connaît plus la nature. Celle-ci n’est plus, pour l’Occidental, un corps vivant fait de symboles, de Dieux et de gestes rituels — une harmonie, un cosmos où l’homme se meut librement, comme un “roi en son royaume” : la nature est tombée au rang d’une extériorité opaque et fatale, dont les sciences profanes cherchent à ignorer le mystère avec de petites lois et de petites hypothèses.

L’Occident ne connaît plus la Sapience : il ne connaît plus le silence majestueux des dominateurs d’eux-mêmes, le calme illuminé des Voyants, la superbe réalité de ceux chez qui l’idée s’est faite sang, vie, puissance. À la Sapience ont succédé la rhétorique de la “philosophie” et de la “culture”, le règne des professeurs, des journalistes, des sportsmen — le schéma, le programme, la proclamation. À la Sapience ont succédé la contamination sentimentale, religieuse, humanitaire, et la race de ceux qui s’agitent en caquetant et courent, ivres, exaltant le “devenir” et la “pratique”, parce que le silence et la contemplation leur font peur.

L’Occident ne connaît plus l’État : l’État-valeur, l’Empire, comme synthèse de spiritualité et de royauté, l’État tel qu’il brilla de la Chine à l’Égypte, de la Perse à Rome, a été submergé dans la misère bourgeoise d’un trust d’esclaves et de trafiquants.

Ce qu’est la guerre — la guerre voulue en soi, comme une valeur supérieure tant à la victoire qu’à la défaite, comme la voie héroïque et sacrée de réalisation spirituelle exaltée par le Dieu Krishna dans la Bhagavad Gîta — ce qu’est une telle guerre, nos formidables “hommes d’action” d’Europe ne le savent plus, eux qui ne connaissent plus les guerriers mais seulement les soldats, et qu'une petite guéguerre a suffi à terroriser et à faire retomber dans la rhétorique de l’humanitarisme et du pathos, voire dans celle — encore pire — du nationalisme fanfaron à la D’Annunzio.

— Julius Evola, Impérialisme païen (1928), trad. Philippe Baillet, éd. Pardès, 2004 (ISBN 9782867141338), p. 25-26
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Textes

Bibliographie

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