Joseph de Maistre
Citationes
« Mais qu'est-ce qu'une nation ? mon cher ami. C'est le souverain et l'aristocratie. Il faut peser les voix et non les compter. Je ne sais combien tu as de domestiques, mais quand tu en aurais cinquante, je prendrais la liberté d'estimer leurs voix réunies un peu moins que la tienne. Tu me dis un grand mot en me disant : Je sais qu'ils ont des amis dans la haute classe ; mais c'est précisément dans les hautes classes que résident les principes conservateurs et les véritables maximes d'État. »
« [...] l'homme en général, s'il est réduit à lui-même, est trop méchant pour être libre. »
« Mais les fausses opinions ressemblent à la fausse monnaie qui est frappée d'abord par de grands coupables, et dépensée ensuite par d'honnêtes gens qui perpétuent le crime sans savoir ce qu'ils font. »
« Mais de tous les monarques, le plus dur, le plus despotique, le plus intolérable, c'est le monarque peuple. »
« Le peuple est souverain, dit-on ; et de qui ? — De lui-même apparemment. Le peuple est donc sujet. Il y a sûrement ici quelque équivoque s’il n’y a pas une erreur, car le peuple qui commande n’est pas le peuple qui obéit. Il suffit donc d’énoncer la proposition générale : le peuple est souverain, pour sentir qu’elle a besoin d’un commentaire. »
« La guerre est donc divine en elle-même, puisque c'est une loi du monde. [...]
La guerre est divine dans la gloire mystérieuse qui l'environne, et dans l'attrait non moins inexplicable qui nous y porte.
La guerre est divine dans la protection accordée aux grands capitaines, même aux plus hasardeux, qui sont rarement frappés dans les combats, et seulement lorsque leur renommée ne peut plus s'accroître et que leur mission est remplie. »
- Joseph de Maistre, Du pape et extraits d'autres œuvres, Textes de Joseph de Maistre présentés et choisis par Emil Cioran, éd. J.-J. Pauvert, coll. Libertés, 1957, septième entretien, p. 83-84
« [...] jamais le christianisme, si vous y regardez de près, ne vous paraîtra plus sublime, plus digne de Dieu, et plus fait pour l'homme qu'à la guerre. »
- Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), Éditions Saint-Remi, 2006, (ISBN 9782845196261), chap. VII, p. 275
« Nul ne sait ce que c'est que la guerre s'il n'y a pas son fils. »
« C'est l'imagination qui perd les batailles. »
- Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. VII, p. 283
« [...] le glaive de la justice n'a point de fourreau ; toujours il doit menacer ou frapper. »
- Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. I, p. 35
« Nous flétrissons celui qui vole un centime dans la poche de son ami ; s'il ne lui prend que sa femme, ce n'est rien. Tous les crimes brillants qui supposent un développement de qualités grandes ou aimables ; tous ceux surtout qui sont honorés par le succès, nous les pardonnons, si même nous n'en faisons pas des vertus ; tandis que les qualités brillantes qui environnent le coupable, le noircissent aux yeux de la véritable justice, pour qui le plus grand crime est l'abus de ses dons. »
"All grandeur, all power, all subordination to authority rests on the executioner: he is the horror and the bond of human association. Remove this incomprehensible agent from the world and at that very moment order gives way to chaos, thrones topple and society disappears."
- Joseph de Maistre, The Works of Joseph de Maistre, ed. Jack Lively (1965). The Count, in Les Soirées de Saint-Pétersbourg, "First Dialogue," (1821)
« La constitution de 1795, tout comme ses aînées, est faite pour l'homme. Or, il n'y a point d'homme dans le monde. J'ai vu, dans ma vie, des Français, des Italiens, des Russes, etc. ; je sais même, grâce à Montesquieu, qu'on peut être Persan : mais quant à l'homme, je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie ; s'il existe, c'est bien à mon insu. [...] une constitution qui est faite pour toutes les nations, n'est faite pour aucune : c'est une pure abstraction, une œuvre scolastique faite pour exercer l'esprit d'après une hypothèse idéale, et qu'il faut adresser à l'homme, dans les espaces imaginaires où il habite. »
« Plus on écrit et plus l'institution est faible, la raison en est claire. Les lois ne sont que des déclarations de droits, et les droits ne sont déclarés que lorsqu'ils sont attaqués ; en sorte que la multiplicité des lois constitutionnelles écrites ne prouve que la multiplicité des chocs et le danger d'une destruction.
Voilà pourquoi l'institution la plus vigoureuse de l'antiquité profane fut celle de Lacédémone, où l'on n'écrivit rien. »
« Le peuple le mieux constitué est celui qui a le moins écrit de lois constitutionnelles ; et toute constitution écrite est NULLE. »
- Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. IX, p. 335
« Il y a dans la révolution française un caractère satanique qui la distingue de tout ce qu'on a vu et peut-être de tout ce qu'on verra. [...] Il n'y a plus de prêtres, on les a chassés, égorgés, avilis; on les a dépouillés. Et ceux qui ont échappé à la guillotine, aux buchers, aux poignards, aux fusillades, aux noyades, à la déportation, reçoivent aujourd'hui l'aumône qu'ils donnaient jadis. Les autels sont renversés, on a promené dans les rues des animaux immondes sous des vêtements des pontifes. Les coupes sacrées ont servi à d'abominables orgies. Et sur ces autels que la foi antique environne de chérubins éblouis, on a fait monter des prostituées nues. »
« On ne saurait trop le répéter, ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution ; c'est la révolution qui emploie les hommes. »
« La Contre-Révolution ne sera pas une révolution contraire, mais le contraire de la Révolution. »
« Que si l'on veut savoir le résultat probable de la Révolution française, il suffit d'examiner à quoi toutes les factions se sont réunies ; toutes ont voulu l'avilissement, la destruction même du Christianisme universel et de la Monarchie ; d'où il suit que tous leurs efforts n'aboutiront qu'à l'exaltation du Christianisme et de la Monarchie. »
- Joseph de Maistre, Du pape et extraits d'autres œuvres, Textes de Joseph de Maistre présentés et choisis par Emil Cioran, éd. J.-J. Pauvert, coll. Libertés, 1957, chap. IX, p. 200
« Il est infiniment probable que la franc-maçonnerie de France a servi à la Révolution ; non point, à ce que je pense, comme franc-maçonnerie, mais comme association de clubs. Les quatre cinquièmes des gens qui les composaient étaient des révolutionnaires. Ils se trouvaient rassemblés. Leur Chef était à la tête de la Révolution; il est assez naturel qu'il se soit servi de cette association pour favoriser ses vues, et que les loges françaises se soient converties en clubs. »
- Joseph de Maistre, Franc-maçonnerie Et Révolution française, 30 avril 1793, Journal
« Il n’y a pas d’homme d’esprit en France qui ne se méprise plus ou moins. L’ignominie nationale pèse sur tous les coeurs (car jamais le peuple ne fut méprisé par des maîtres plus méprisables) ; on a donc besoin de se consoler, et les bons citoyens le font à leur manière. Mais l’homme vil et corrompu, étranger à toutes les idées élevées, se venge de son abjection passée et présente, en contemplant, avec cette volupté ineffable qui n’est connue que de la bassesse, le spectacle de la grandeur humiliée. »
« Ce qui distingue la Révolution française et ce qui en fait un événement unique dans l'histoire, c'est qu'elle est mauvaise radicalement, aucun élément de bien n'y soulage l'œil de l'observateur. C'est le plus haut degré de corruption, comme c'est la pure impureté. »
"Every country has the government it deserves."
- Joseph de Maistre, Letter 76, on the topic of Russia's new constitutional laws (27 August 1811); published in Lettres et Opuscules'
- « Toute nation a le gouvernement qu'elle mérite. »
- Joseph de Maistre, Correspondance diplomatique, Albert Blanc (éd.), éd. Michel Lévy, 1861, t. 2, XLV, Saint-Petersbourg, 18/30 avril 1816, p. 196
« [...] toute dégradation individuelle ou nationale est sur-le-champ annoncée par une dégradation rigoureusement proportionnelle dans le langage. »
- Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. II, p. 54
"Wherever an altar is found, there civilization exists."
- Joseph de Maistre, St. Petersburg Dialogues (1821), McGill-Queen's University Press, 1993
- « Partout où vous verrez un autel, là se trouve la civilisation. »
- Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. II, p. 65
« Je ne vis plus qu'à demi. D'autres épines encore s'enfoncent dans mon coeur, mon esprit s'en ressent : de petit il est devenu nul, hic jacet ; mais je meurs avec l'Europe, je suis en bonne compagnie. »
- Joseph de Maistre, Lettre au compte de Marcellus (9 août 1819), Œuvres complètes, t. XIV, éd. Vitte, 1884, p. 183
« [...] il n'y aurait rien de si infortuné qu'un homme qui n'aurait jamais éprouvé l'infortune : car jamais un tel homme ne pourrait être sûr de lui-même, ni savoir ce quil vaut. »
- Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. VIII, p. 315
« Qu'on rie de ces idées [les idées religieuses] ou qu'on les vénère, n'importe : elles ne forment pas moins (vraies ou fausses) la base unique de toutes les institutions durables. »
Citationes de Joseph de Maistre
« De Maistre et Edgar Poe m'ont appris à raisonner. »
- Charles Baudelaire, « Hygiène », dans Œuvres complètes (1980), éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 2004, p. 401
« Joseph de Maistre disait, il y a plus d’un siècle, que l’homme est trop méchant pour mériter d’être libre.
Ce Voyant était un contemporain de la Révolution dont il contemplait, en prophète, la grandiose horreur, et il lui parlait face à face.
Il mourut dans l’épouvante et le mépris de ce colloque, en prononçant l’oraison funèbre de l’Europe civilisée.
Il n’aurait donc rien de plus à dire aujourd’hui, et les finales porcheries de notre dernière enfance n’ajouteraient absolument rien à la terrifiante sécurité de son diagnostic. »
« Aussi réactionnaires qu'ils aient été sur un plan politique, des hommes tels que Coleridge, Bonald, de Maistre, Justus Möser ou Donoso Cortès ont fait preuve d'une compréhension de l'importance d'institutions à croissance spontanée telles que le langage, le droit, la morale et les coutumes qui anticipait des analyses scientifiques récentes et dont les libéraux auraient pu profiter. »
- Friedrich von Hayek, « Pourquoi je ne suis pas un conservateur », extrait de la Constitution de la liberté (trad. française 1994)
Textus
- Jugement sur Voltaire — Joseph de Maistre
- Plaidoyer pour l’Inquisition — Joseph de Maistre
- Considérations sur la France — Joseph de Maistre
- Lettre à sa fille — Joseph de Maistre