Différences entre les versions de « Platon »
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+ | « La liberté, répondis-je. Ce bien-là, tu entendras dire dans une cité gouvernée démocratiquement que c’est le bien le plus beau et que pour cette raison, la cité démocratique est la seule où un homme libre par sa naissance jugera digne de s’établir. […] | ||
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+ | Quand une cité gouvernée démocratiquement et assoiffée de liberté tombe par hasard sous la coupe de mauvais échansons et s’enivre du vin pur de la liberté, dépassant les limites de la mesure, alors ceux qui sont au pouvoir, s’ils ne sont pas entièrement complaisants et ne lui accordent pas une pleine liberté, elle les met en accusation pour les châtier comme des criminels et des oligarques. [...] | ||
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+ | Quant à ceux, repris-je, qui respectent l’autorité des gouvernants, on les invective en les traitant d’hommes serviles et de vauriens, mais les gouvernants qui passent pour des gouvernés, et les gouvernés qui passent pour des gouvernants, ce sont eux dont on fait l’éloge en privé comme en public, ce sont eux auxquels on accorde du respect. N’est-il pas inévitable que dans une telle cité l’esprit de liberté s’étende à tout ? [...] | ||
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+ | Et qu’il se propage, cher ami, continuai-je, jusqu’à l’intérieur des maisons privées, de telle sorte qu’au bout du compte l’anarchie s’implante même chez les animaux sauvages ? [...] | ||
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+ | Vois, par exemple, quand le père prend l’habitude de se comporter comme s’il était semblable à son enfant et se met à craindre ses fils, et réciproquement quand le fils se fait l’égal de son père et ne manifeste plus aucun respect ni soumission à l’endroit de ses parents. Dans quel but ? Devenir libre. Et pareillement pour le métèque qui se fait l’égal du citoyen, et le citoyen l’égal du métèque, et de même pour l’étranger. [...] | ||
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+ | Et la conséquence principale de tous ces facteurs conjugués, repris-je, tu peux la concevoir : tout cela rend l’esprit des citoyens irritable, avec le résultat qu’ils se fâchent et se révoltent à la moindre occasion où se présente pour eux un élément de contrainte. Tu sais bien qu’au bout du compte, d’une certaine manière, ils ne manifestent plus aucun respect ni pour les lois écrites, ni pour les lois non écrites, tant ils sont désireux que personne ne soit, de quelque façon, leur maître. [...] | ||
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+ | Tel est donc, mon ami, repris-je, l’amorce belle et juvénile, à partir de laquelle se développe selon moi la tyrannie. [...] | ||
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+ | Une liberté excessive ne peut donc apparemment se muer qu’en une servitude excessive, et cela aussi bien pour l’individu que pour la cité. » | ||
+ | {{Réf Livre | ||
+ | |auteur=Platon | ||
+ | |titre=La République | ||
+ | |traducteur=Georges Leroux | ||
+ | |éditeur=Flammarion | ||
+ | |collection=Garnier Flammarion | ||
+ | |année=2016 | ||
+ | |ISBN=9782081386693 | ||
+ | |page=431-434}} | ||
« D’où il résultera que vos jeunes seront dépourvus de culture. Les gouvernants issus de cette génération ne s’installeront pas comme de véritables gardiens, ils seront incapables de discerner les races d’or, d’argent, de bronze et de fer, qui sont les races d’Hésiode autant que les races de chez vous. Le fer s’étant mélangé à l’argent, et le bronze à l’or, il en résultera un défaut d’homogénéité et d’harmonie qui, lorsqu’il se produit et où que ce soit, engendre toujours la guerre et la haine. ‘Voici la génération’, il faut le dire, dont procède la discorde civile, partout où elle surgit et toujours. » | « D’où il résultera que vos jeunes seront dépourvus de culture. Les gouvernants issus de cette génération ne s’installeront pas comme de véritables gardiens, ils seront incapables de discerner les races d’or, d’argent, de bronze et de fer, qui sont les races d’Hésiode autant que les races de chez vous. Le fer s’étant mélangé à l’argent, et le bronze à l’or, il en résultera un défaut d’homogénéité et d’harmonie qui, lorsqu’il se produit et où que ce soit, engendre toujours la guerre et la haine. ‘Voici la génération’, il faut le dire, dont procède la discorde civile, partout où elle surgit et toujours. » |
Version du 16 novembre 2024 à 23:39
Citations
« La liberté, répondis-je. Ce bien-là, tu entendras dire dans une cité gouvernée démocratiquement que c’est le bien le plus beau et que pour cette raison, la cité démocratique est la seule où un homme libre par sa naissance jugera digne de s’établir. […]
Quand une cité gouvernée démocratiquement et assoiffée de liberté tombe par hasard sous la coupe de mauvais échansons et s’enivre du vin pur de la liberté, dépassant les limites de la mesure, alors ceux qui sont au pouvoir, s’ils ne sont pas entièrement complaisants et ne lui accordent pas une pleine liberté, elle les met en accusation pour les châtier comme des criminels et des oligarques. [...]
Quant à ceux, repris-je, qui respectent l’autorité des gouvernants, on les invective en les traitant d’hommes serviles et de vauriens, mais les gouvernants qui passent pour des gouvernés, et les gouvernés qui passent pour des gouvernants, ce sont eux dont on fait l’éloge en privé comme en public, ce sont eux auxquels on accorde du respect. N’est-il pas inévitable que dans une telle cité l’esprit de liberté s’étende à tout ? [...]
Et qu’il se propage, cher ami, continuai-je, jusqu’à l’intérieur des maisons privées, de telle sorte qu’au bout du compte l’anarchie s’implante même chez les animaux sauvages ? [...]
Vois, par exemple, quand le père prend l’habitude de se comporter comme s’il était semblable à son enfant et se met à craindre ses fils, et réciproquement quand le fils se fait l’égal de son père et ne manifeste plus aucun respect ni soumission à l’endroit de ses parents. Dans quel but ? Devenir libre. Et pareillement pour le métèque qui se fait l’égal du citoyen, et le citoyen l’égal du métèque, et de même pour l’étranger. [...]
Et la conséquence principale de tous ces facteurs conjugués, repris-je, tu peux la concevoir : tout cela rend l’esprit des citoyens irritable, avec le résultat qu’ils se fâchent et se révoltent à la moindre occasion où se présente pour eux un élément de contrainte. Tu sais bien qu’au bout du compte, d’une certaine manière, ils ne manifestent plus aucun respect ni pour les lois écrites, ni pour les lois non écrites, tant ils sont désireux que personne ne soit, de quelque façon, leur maître. [...]
Tel est donc, mon ami, repris-je, l’amorce belle et juvénile, à partir de laquelle se développe selon moi la tyrannie. [...]
Une liberté excessive ne peut donc apparemment se muer qu’en une servitude excessive, et cela aussi bien pour l’individu que pour la cité. »
« D’où il résultera que vos jeunes seront dépourvus de culture. Les gouvernants issus de cette génération ne s’installeront pas comme de véritables gardiens, ils seront incapables de discerner les races d’or, d’argent, de bronze et de fer, qui sont les races d’Hésiode autant que les races de chez vous. Le fer s’étant mélangé à l’argent, et le bronze à l’or, il en résultera un défaut d’homogénéité et d’harmonie qui, lorsqu’il se produit et où que ce soit, engendre toujours la guerre et la haine. ‘Voici la génération’, il faut le dire, dont procède la discorde civile, partout où elle surgit et toujours. »
« Ceux qui dans la cité, dis-je, auront de fait dépassé l’âge de dix ans, ils les enverront tous à la campagne, et ils protégeront leurs propres enfants des mœurs de l’époque actuelle qui sont justement les mœurs de leurs parents, et ils les élèveront selon leurs propres conceptions et selon leurs lois, celles-là mêmes que nous avons exposées à l’instant. De cette manière, la cité s’établira elle-même très rapidement et très aisément selon la constitution politique que nous avons élaborée, et elle atteindra au bonheur, et le peuple qui l’accueillera en tirera le plus grand profit ? »
« Recevant donc les enfants de ceux qui sont excellents, je pense qu’ils les conduiront dans l’enclos auprès de certaines nourrices qui habitent à l’écart, dans un endroit réservé de la cité. Quant à la progéniture de ceux qui ont moins de valeur, et dans tous les cas où naîtrait chez les premiers un enfant malformé, ils les cacheront comme il convient dans un endroit secret et isolé. »
« [...] que les hommes les meilleurs s’unissent aux femmes les meilleures le plus souvent possible, et le plus rarement possible pour les plus médiocres s’unissant aux femmes les plus médiocres ; il faut aussi nourrir la progéniture des premiers, et non celle des autres, si on veut que le troupeau soit de qualité tout à fait supérieure [...]. »
Textes
Bibliographie