Différences entre les versions de « Juan Donoso Cortés »
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*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Juan_Donoso_Cort%C3%A9s Juan Donoso Cortés], ''Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme'', Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986, p. 411 | *[http://fr.wikipedia.org/wiki/Juan_Donoso_Cort%C3%A9s Juan Donoso Cortés], ''Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme'', Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986, p. 411 | ||
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« Les théories pénale des monarchies absolues, aux jours de leur décadence, ont donné naissance aux théories des écoles libérales, et celles-ci ont poussé les choses au point périlleux où nous les voyons. Derrière ces écoles arrivent les socialistes avec leur théorie des saintes insurrections et des crimes héroïques ; et ce n'est pas encore la fin : dans les horizons lointains commencent à poindre de plus sanglantes aurores. Le nouvel évangile du monde s'écrit peut-être dans un bagne. Le monde n'aura que ce qu'il mérite quand il sera contraint de subir ces nouveaux apôtres et leur évangile. | « Les théories pénale des monarchies absolues, aux jours de leur décadence, ont donné naissance aux théories des écoles libérales, et celles-ci ont poussé les choses au point périlleux où nous les voyons. Derrière ces écoles arrivent les socialistes avec leur théorie des saintes insurrections et des crimes héroïques ; et ce n'est pas encore la fin : dans les horizons lointains commencent à poindre de plus sanglantes aurores. Le nouvel évangile du monde s'écrit peut-être dans un bagne. Le monde n'aura que ce qu'il mérite quand il sera contraint de subir ces nouveaux apôtres et leur évangile. |
Version du 11 janvier 2014 à 19:16
Conservatism
« Je n’ignore pas que la génération actuelle, nourrie au sein de la révolution, affirme tout ce que je nie et nie tout ce que j’affirme. Je sais qu’elle admet et proclame comme une chose hors de doute le principe de la perfectibilité indéfinie de la société et de l’homme, quand je tiens pour vérifié que l’humanité est identique à elle-même dans toute la continuité... Je sais plus encore : je sais que les idées que je me propose de combattre comme fausses, comme dangereuses, ou comme absurdes, cheminent en avant triomphant de tous les obstacles. »
- Juan Donoso Cortés, Histoire de la Régence de Marie-Christine, 1843
« Le monde marche à grands pas à la constitution d'un despotisme, le plus gigantesque et le plus terrible que les hommes aient jamais vu [...]. Il n'y a, messieurs, que deux répressions possibles : l'une intérieure, l'autre extérieure ; la répression religieuse et la répression politique. Elles sont de telle nature que, lorsque le thermomètre religieux s'élève, le thermomètre de la répression baisse, et que, réciproquement, lorsque le thermomètre religieux baisse, le thermomètre politique, la répression politique, la tyrannie monte. C'est une loi de l'humanité, une loi de l'histoire. »
« Contre la révolution et le socialisme, il n'y a qu'un remède radical et souverain : le catholicisme, seule doctrine qui en soit la contradiction absolue. »
« Messieurs, les réformes économiques ne sont pas un remède suffisant à ce mal ; la chute d'un gouvernement et son remplacement par un autre gouvernement ne sont pas non plus un remède. L'erreur fondamentale en cette matière est de croire que les maux que souffre l'Europe viennent des gouvernements. Je ne nierai pas l'influence du gouvernement sur les gouvernés ; comment la nierais-je ? Qui l'a jamais niée ? Mais le mal est beaucoup plus profond, beaucoup plus grave. Le mal n'est pas dans les gouvernements, le mal est dans les gouvernés : le mal vient de ce que les gouvernés sont devenus ingouvernables. (Rires. Bien ! Bien !)
La vraie cause de ce mal grave et profond, c'est que l'idée de l'autorité divine et de l'autorité humaine a disparu. Voilà le mal qui travaille l'Europe, la société, le monde ; et voilà pourquoi, messieurs, les peuples sont ingouvernables. »
- Juan Donoso Cortés, extrait du discours sur la situation générale de l'Europe, prononcé à la chambre des députés de Madrid, le 30 janvier 1850, Revue Totalité n°26, automne 1986
« Les voies sont préparées pour un tyran gigantesque, colossal, universel ; tout est préparé pour cela. Veuillez y réfléchir : il n'y a plus maintenant de résistance soit matérielles, soit morales. Il n'y a plus de résistances matérielles, parce que avec les bateaux à vapeur et les chemins de fer, il n'y a plus de frontières et parce que, avec le télégraphe électrique, il n'y a plus de distances , et il n'y a plus de résistances morales, parce que tous les esprits sont divisés et tous les patriotismes sont morts. »
« Gouverner, ce n'est pas être servi, c'est servir; ce n'est pas jouir, c'est ramer, et vivre et mourir la main sur la rame. […] L'ordre matériel n'est rien sans l'ordre moral... C'est en vain que les philosophes s'épuisent en théorie, c'est en vain que les socialistes s'agitent ; sans l'aumône, sans la charité, il n'y a pas, il ne peut y avoir de distribution équitable de la richesse. Dieu seul pouvait résoudre ce problème, qui est le problème de l'humanité et de l'histoire. »
- Juan Donoso Cortés, Discours sur la situation de l'Espagne, 30 décembre 1850
« Je ne sais, messieurs, si je serai seul ; cela est possible ; mais, seul, absolument seul, ma conscience me dit que je suis très fort, non par ce que je suis, mais par ce que je représente. Je ne représente pas seulement les deux ou trois cents électeurs de mon district ; qu'est un district ? [...] Je ne représente pas seulement la nation ; qu'est-ce que la nation espagnole, ou toute autre, considérée dans une seule génération ou dans un seul jour d'élections générales ? Rien. Je représente quelque chose de plus grand, de beaucoup plus grand ; je représente la tradition par laquelle les nations sont ce qu'elles sont dans toute la durée des siècles. Si ma voix a quelque autorité, ce n'est pas, messieurs, parce qu'elle est mienne, c'est parce qu'elle est la voix de vos pères. Vos votes me sont indifférents ; je ne me suis pas proposé de m'adresser à vos volontés, qui votent, mais à vos consciences, qui jugent ; je ne me suis pas proposé d'incliner vos volontés vers moi, mais d'obliger vos consciences à ne pas me refuser leur estime. »
- Juan Donoso Cortés, Discours sur la situation de l'Espagne, 30 décembre 1850
Europe
« Ce n'est pas mon opinion, cependant, que l'Europe n'ait rien à redouter de la Russie, je crois tout le contraire ; mais, pour que la Russie accepte une guerre générale, pour que la Russie s'empare de l'Europe, il faut auparavant les trois événements que je vais dire, lesquels sont, remarquez-le messieurs, non seulement possibles, mais encore probables. Il faut d'abord que la révolution, après avoir dissous la société, dissolve les armées permanentes. En second lieu, que le socialisme, en dépouillant les propriétaires, éteigne le patriotisme, parce qu'un propriétaire dépouillé n'est pas, ne peut pas être patriote (dès que la question est poussée jusqu'à ce terme, jusqu'à cette angoisse, tout patriotisme meurt au cœur de l'homme). En troisième lieu, il faut que se réalise la confédération puissante de tous les peuples slaves sous l'influence et le protectorat de la Russie. Les nations slaves comptent, messieurs, quatre-vingts millions d'habitants. Eh bien, lorsque la Révolution aura détruit en Europe les armées permanentes ; lorsque les révolutions socialistes auront éteint le patriotisme en Europe ; lorsque, à l'Orient de l'Europe, se sera accomplie la grande fédération des peuples slaves, lorsque dans l'Occident il n'y aura plus que deux armées, celle des spoliés et celle des spoliateurs, alors l'heure de la Russie sonnera ; alors la Russie pourra se promener tranquillement, l'arme au bras, en Europe, alors le monde assistera au plus grand châtiment qu'ait enregistré l'histoire... De plus, messieurs, la Russie, placée au milieu de l'Europe conquise et prosternée à ses pieds, absorbera par toutes ses veines le poison que l'Europe a bu et qui la tue, puis elle ne tardera guère à tomber, elle aussi, en putréfaction. »
- Juan Donoso Cortés, extrait du discours sur la situation générale de l'Europe, prononcé à la chambre des députés de Madrid, le 30 janvier 1850, Revue Totalité n°26, automne 1986
« Mes tristes prévisions s'appliquaient à l'Europe en général ; aujourd'hui, par malheur, elles concernent aussi la nation espagnole. Je crois, messieurs, je crois avec la conviction la plus profonde que nous entrons dans une période d'angoisses ; tous les symptômes l'annoncent à la fois : l'aveuglement des intelligences, l'animosité des esprits, les discussions sans objet, les luttes sans motif ; mais par-dessus tout, - j'étonnerai sans doute beaucoup l'Assemblée, - la fureur des réformes économiques. Quand cette fureur qui vous agite tous emporte les esprits, comme elle le fait à cette heure, on peut y voir le présage assuré de grandes catastrophes et de grandes ruines. »
- Juan Donoso Cortés, extrait du discours sur la situation générale de l'Europe, prononcé à la chambre des députés de Madrid, le 30 janvier 1850, Revue Totalité n°26, automne 1986
Economy
« Nul homme, entre ceux qui sont arrivés à l'immortalité, n'a basé sa gloire sur la vérité économique ; tous ont fondé les nations sur la base de la vérité sociale, sur la base de la vérité religieuse. Cela ne veut pas dire, car je prévois les objections et je vais au-devant d'elles, cela ne veut pas dire qu'à mon avis les gouvernements doivent négliger les questions économiques, que les peuples doivent être mal administrés ; je ne suis pas assez dépourvu de raison et de cœur pour me laisser aller à une semblable extravagance. Je ne dis pas cela, mais je dis que chaque question doit être mise à son rang, et que le rang de ces questions est le troisième ou le quatrième, et non le premier : voilà ce que je dis.
Traiter ici ces questions, c'est, a-t-on prétendu, le moyen de vaincre le socialisme. Ah ! messieurs, le moyen de vaincre le socialisme! Qu'est-ce donc que le socialisme, si ce n'est une secte économique ? Le socialisme est le fils de l'économie politique, comme le vipereau est fils de la vipère, lequel, à peine né, dévore celle qui vient de lui donner la vie. Entrez dans ces questions économiques, mettez-les au premier rang, et je vous annonce qu'avant deux années vous aurez toutes les questions socialistes dans le parlement et dans la rue. »
- Juan Donoso Cortés, extrait du discours sur la situation générale de l'Europe, prononcé à la chambre des députés de Madrid, le 30 janvier 1850, Revue Totalité n°26, automne 1986
Socialism
« En supposant la bonté innée et absolue de l'homme, l'homme est en même temps réformateur universel et irréformable , il finit par se changer d'homme en dieu ; son essence cesse d'être humaine pour être divine. Il est en soi absolument bon et il produit hors de lui par ses bouleversements le bien absolu. »
- Juan Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986
« Ou le mal qui est dans la société est une essence, ou un accident ; si c'est une essence, il ne suffit pas, pour le détruire, de bouleverser les institutions sociales, il faut en outre détruire la société même qui est l'essence qui soutient toutes ces formes. Si le mal social est accidentel, alors vous êtes obligés de faire ce que vous n'avez pas fait... de m'expliquer en quels temps, par quelle cause, de quelle manière et en quelle forme est survenu cet accident, et ensuite par quelle série de déductions vous arrivez à changer l'homme en rédempteur de la société... le rationalisme qui attaque avec fureur tous les mystères catholiques, proclame ensuite, d'une autre manière et dans un autre but, ces mêmes mystères. »
- Juan Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986
« Pour ce qui est du communisme, il me semble évident qu’il procède des hérésies panthéistes et de celles qui leurs son parentes. Lorsque tout est Dieu et que Dieu est tout, Dieu est surtout démocratie et multitude ; les individus atomes divins et rien de plus, sortent du tout qui les engendre perpétuellement pour rentrer dans le tout qui perpétuellement les absorbe. Dans ce système, ce qui n'est pas le tout n'est pas Dieu, quoique participant à la divinité, et ce qui n'est pas Dieu n'est rien, parce qu'il n'y a rien hors de Dieu, qui est tout. De là, le superbe méprise des communistes pour l'homme et leur négation insolente de la liberté humaine ; de là ces aspirations immenses à la domination universelle par la future démagogie, qui s'étendra sur tous les continents et jusqu'aux dernières limites de la terre ; de là ces projets d'une folie furieuses, qui prétend mêler et confondre toutes les familles, toutes les classes, tous les peuples, toutes les races d'hommes, pour les broyer ensemble dans le grand mortier de la révolution, afin que de ce sombre et sanglant chaos sorte un jour le Dieu unique, vainqueur de tout ce qui est particulier ; le Dieu éternel, sans commencement ni fin, vainqueur de tout ce qui naît et passe ; le Dieu démagogie annoncé par les derniers prophètes, astre unique du firmament futur, qui apparaîtra porté par la tempête, couronné d'éclairs et servi par les ouragans. La démagogie est le grand Tout, le vrai Dieu, Dieu armé d'un seul attribut, l'omnipotence, et affranchi de la bonté, de la miséricorde, de l'amour, ces trois grandes faiblesses du Dieu catholique. À ces traits, qui ne reconnaîtrait le Dieu d'orgueil, Lucifer ? »
- Juan Donoso Cortés, Lettre au cardinal Fornari
« Prenez donc une autre voie ; annoncez que vous avez un argument qui renverse telle ou telle vérité mathématique, par lequel vous allez démontrer, par exemple, que deux et deux ne font pas quatre, mais cinq : que Dieu n'existe pas, ou que l'homme est Dieu ; que le monde jusqu'à cette heure a vécu sous l'empire des plus honteuses superstitions ; que la sagesse des siècles n'est que pure ignorance ; que toute révélation est une imposture ; que tout gouvernement est une tyrannie et toute obéissance une servitude ; que le beau est le laid ; que le laid est le beau suprême ; que le mal est le bien et le bien le mal ; que le diable est Dieu et que Dieu est le diable ; qu'après cette vie il n'y a ni ciel ni enfer ; que le monde que nous habitons a été jusqu'à nos jours et est encore un enfer véritable, mais que l'homme peut en faire et en fera bientôt un vrai paradis ; que la liberté, l'égalité et la fraternité, sont des dogmes incompatibles avec la superstition chrétienne ; que le vol est un droit imprescriptible, et que la propriété est un vol ; qu'il n'y a d'ordre que dans l'an-archie, et que la véritable anarchie c'est l'ordre, etc. »
- Juan Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986, p. 97
« Elle nous font voir pourquoi, lorsque Pilate lui donna le choix entre Barrabas et Jésus, le peuple juif livra Jésus aux bourreaux et délivra Barrabas ; pourquoi, ayant à choisir aujourd'hui entre la théologie catholique et la théologie socialiste, le monde prend la théologie socialiste et rejette la théologie catholique ; pourquoi les discussions humaines vont aboutir à la négation de l'évidence et à la proclamation de l'absurde. »
- Juan Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986, p. 101
« Les écoles socialistes, abstraction faite des foules grossières qui les suivent, [...] l'emportent de beaucoup sur l'école libérale, précisément parce qu'elles vont droit à tous les grands problèmes et à toutes les grandes questions, et parce qu'elles proposent toujours une solution péremptoire et décisive. Le socialiste n'est fort que parce qu'il est une théologie ; il n'est destructeur que parce qu'il est une théologie satanique. Étant donné, d'une part, ce que les écoles socialistes ont de théologique de l'autre ce que l'école libérale a d'antithéologique et de sceptique, dans la lutte entre le socialisme et le libéralisme, le socialisme doit triompher ; mais ce qu'il de satanique le fera succomber devant l'école catholique, qui est à la fois théologique et divine. Sur ce point, du reste, l'instinct socialiste paraît s'accorder avec nos affirmations, car c'est pour le catholicisme qu'il réserve ses haines ; pour le libéralisme, il n'a que du dédain. »
- Juan Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986, p. 224
Liberalism
« L'école libérale n'a fait que poser les prémices qui mènent aux conséquences socialistes, et les socialistes n'ont fat que tirer les conséquences renfermées dans les prémices libérales – ces deux écoles ne se distinguent pas entre elles par les idées, mais par la hardiesse. »
- Juan Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986
« Quant à l'école libérale, je dirai seulement que, dans sa superbe ignorance, elle méprise la théologie. Ce n'est pas qu'elle ne soit théologienne à sa manière mais elle l'est sans le savoir. Cette école n'est pas encore arrivée à comprendre, et probablement elle ne comprendra jamais quel lien étroit unit entre elles les choses divines et les choses humaines, quelle est l'affinité des questions politiques avec les questions sociales, et des unes et des autres avec les questions religieuses, et comment tous les problèmes relatifs au gouvernement des nations dépendent de ces autres problèmes qui se rapportent à Dieu, législateur suprême de toutes les associations humaines. »
- Juan Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986, p. 215
« Le libéralisme, et c'est là son erreur fondamentale n'attache d'importance qu'aux questions de gouvernement ; or, comparées aux questions sociales et religieuses, elles n'en ont véritablement aucune. Et voilà pourquoi le libéralisme est toujours et partout si complètement éclipsé dès qu'apparaissent sur la scène les catholiques et les socialistes, posant au monde leurs redoutables problèmes et le sommant de choisir entre leurs solutions contradictoires. »
- Juan Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986, p. 227
Revolution
« Les révolution sont la maladie des peuples riches. Les révolutions sont la maladie des peuples libres. »
- Juan Donoso Cortés, discours sur la dictature
Christianity
« Je suis effrayé, je vous l'avouerai franchement, de la voie où s'est jetée une certaine partie du clergé français. Sous prétexte de ne vouloir pas rendre l'Église solidaire d'un parti ou d'une forme déterminée de gouvernement, on prétend la jeter dans le champ des aventures. Comment ces malheureux ne voient-ils pas que ce chemin aboutit forcément à une catastrophe? Notre Seigneur a menacé de méconnaître dans le Ciel celui qui rougira de le confesser sur la terre. Comment ces prêtres dont je parle ne voient-ils pas qu'en conseillant à l'Église de renier ses fidèles, de rougir de ses amis, ils ne font que lui conseiller de commettre ce grand péché de la honte pusillanime et de l'ingratitude ? Cela peut-être le conseil de la prudence humaine ; mais la prudence humaine est parfois bien misérable et bien imprudente. »
- Juan Donoso Cortés, lettre au duc de Valmy, 9 juillet 1850
Human nature
« Les hommes ne sont pas moins durs les uns pour les autres que la nature ne l'est pour eux tous : partout où vous les trouvez réunis, vous voyez les faibles subir le joug des forts. Une femme distinguée par ses talents, voulant donner une preuve de son génie, se demanda un jour quel pouvait être le plus grand et le plus étrange de tous les paradoxes. Elle n'en trouva pas de plus grand et de plus étrange que d'affirmer du ton le plus convaincu que l'esclavage est chose moderne, et la liberté chose antique. »
- Juan Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986, p. 317
« Dieu a laissé un champ libre et étendu aux opinions humaines ; il a assigné un vaste empire au libre arbitre de l'homme ; il lui a donné le pouvoir de dominer la terre et les mers, de se révolter contre son Créateur, de faire la guerre au ciel, de conclure des traités et des alliances avec les puissances infernales, d'assourdir le monde du fracas des batailles, d'embraser les sociétés des feux de la discorde, de les épouvanter par les redoutables secousses des révolutions, de fermer son intelligence à la vérité et ses yeux à la lumière, d'accueillir l'erreur et de se plaire dans les ténèbres ; de fonder des empires et de les détruire, d'établir des républiques et de les renverser, de se lasser, et des républiques, et des empires, et des monarchies, de délaisser ce qu'il a voulu, de revenir à ce qu'il a laissé, d'affirmer tout, jusqu'à l'absurde, de nier tout, jusqu'à l'évidence, de dire : Il n'y a pas de Dieu, et : Je suis Dieu ; de se proclamer indépendant de toutes les puissances, et d'adorer l'astre qui l'éclaire, le tyran qui l'opprime, le reptile qui rampe sur la terre, la tempête qui remplit les airs de ses mugissements, la foudre qui le frappe, la nuée qui passe. »
- Juan Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986, p. 411
Justice
« Les théories pénale des monarchies absolues, aux jours de leur décadence, ont donné naissance aux théories des écoles libérales, et celles-ci ont poussé les choses au point périlleux où nous les voyons. Derrière ces écoles arrivent les socialistes avec leur théorie des saintes insurrections et des crimes héroïques ; et ce n'est pas encore la fin : dans les horizons lointains commencent à poindre de plus sanglantes aurores. Le nouvel évangile du monde s'écrit peut-être dans un bagne. Le monde n'aura que ce qu'il mérite quand il sera contraint de subir ces nouveaux apôtres et leur évangile.
Ceux qui ont fait croire aux peuples que la terre peut être un paradis leur ont fait croire encore plus facilement que la terre doit être un paradis où le sang ne coulera jamais. Ce n'est pas dans cette illusion qu'est le mal ; mais, au jour et à l'heure où elle serait acceptée de tous, le sang jaillirait même des rochers, et la terre deviendrait un enfer. Dans cette basse et obscure vallée, l'homme ne peut aspirer à une félicité impossible sans perdre le peu de bonheur qui lui était laissé. »
Miscellaneous
« Ceux qui prient font plus pour le monde que ceux qui combattent ; et si le monde va de mal en pis, c’est qu’il y a plus de batailles que de prières. »
« L'homme que la foi n'éclaire point se trouve inévitablement entraîné dans l'un ou l'autre des manichéismes : ou dans le manichéisme antique, suivant lequel il y a deux principes, un principe du bien et un principe du mal, incarnés chacun en un Dieu , de telle sorte que l'homme a deux Dieux suprêmes, entre lesquels la guerre est la seule loi ; ou dans le manichéisme proudhonien, qui consiste à affirmer que Dieu est le mal, que l'homme est le bien ; que le pouvoir humain et le pouvoir divin sont deux pouvoirs rivaux, et que l'unique devoir de l'homme est de vaincre Dieu, ennemi de l'homme. »
« Le mal, qui selon votre doctrine, a son principe dans la société, est une essence ou un accident ; si c'est une essence, il ne suffit pas, pour le détruire, de bouleverser les institutions sociales, il faut en outre détruire la société elle-même, puisqu'elle est l'essence qui le produit sous toutes ses formes ; si au contraire, ce n'est qu'un accident, vous êtes obligés de faire ce que vous n’avez jamais fait, ce que vous ne faites pas, ce que vous ne pouvez faire : vous êtes obligé d'abord de m'expliquer en quel temps, par quelle cause, de quelle manière et en quelle forme est survenu cet accident, et ensuite par quelle série de déductions vous parvenez à faire de l'homme le rédempteur de la société, en lui donnant le pouvoir de la guérir de ses souillures, de laver ses péchés. »
- Juan Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986, p. 253
« Je ne sais, messieurs, si votre attention a été frappée comme la mienne de la ressemblance, de la presque identité que l'on trouve entre les deux personnes au premier abord le plus distinctes et le plus contraires, de la ressemblance entre le prêtre et le soldat ? Ni le prêtre ni le soldat ne vit pour soi ; ni l'un ni l'autre ne vit pour sa famille ; pour l'un et pour l'autre la gloire est dans l'abnégation, dans le sacrifice. La charge du soldat est de veiller à l'indépendance de la société civile. La charge du prêtre est de veiller à l'indépendance de la société religieuse. Le devoir du prêtre est de mourir, de donner sa vie, comme le bon Pasteur, pour ses brebis. Le devoir du soldat est de donner, comme un bon frère, sa vie pour ses frères. Si vous considérez tout ce qu'a de laborieux et de pénible la vie sacerdotale, le sacerdoce vous paraitra, et il l'est en effet, une véritable milice. Si vous considérez la sainteté du ministère du soldat, la milice vous paraîtra comme un véritable sacerdoce. Que deviendraient l'Europe, le monde, la civilisation, s'il n'y avait ni prêtres ni soldats ? »
- Juan Donoso Cortés, extrait du discours sur la situation générale de l'Europe, prononcé à la chambre des députés de Madrid, le 30 janvier 1850, Revue Totalité n°26, automne 1986
Quotes about Juan Donoso Cortés
« La dernière période de son existence est le terme définitif du combat, la victoire du chrétien sur le philosophe enfin mis en possession de la véritable philosophie. »
- Louis Veuillot, Donoso Cortés par Louis Veuillot, 1862
« Quand d'une part le socialisme aura détruit ce qu'il doit naturellement détruire, c'est-à-dire les armées permanentes par la guerre civile, la propriété par les confiscations, la famille par les moeurs et par les lois ; et quand d'autre part le despotisme moscovite aura grandi et se sera fortifié comme il doit naturellement se fortifier et grandir, alors le despotisme absorbera le socialisme et le socialisme s'incarnera dans le Czar ; ces deux effrayantes créations du génie du mal se compléteront l'une par l'autre. »
- Louis Veuillot, Donoso Cortés par Louis Veuillot, 1862, résume la prophétie de Donoso Cortés contenue dans le Discours sur la situation générale de l'Europe
L'intuition fondamentale de toute la philosophie donosienne « c'est d'avoir pensé de façon exacte que la pseudo-religion de l'Humanité absolue est le début d'un chemin qui conduit à une terreur inhumaine. Conclusion neuve, mais plus profonde que les nombeux et grandiloquents jugements que de Maister a formulés sur la révolution, la guerre et le sang. Comparé à l'espagnol qui a admirablement sondé les abîmes de terreur de 1848, de Maistre est encore un aristocrate de la restauration de l'ancien régime un continuateur et un approfondisseur du XVIIIe siècle. »
- Carl Schmitt, à propos de Juan Donoso Cortés
« Il est temps de reconnaître dans toute sa pureté et sa grandeur cet homme extraordinaire et sympathique comme une figure importante de l'histoire de la pensée européenne et que l'on cesse de souligner les défauts et les insuffisances de ses démonstrations pour, au contraire, considérer le phénomène rare d'une intuition politique qui se meut dans des horizons séculaires. »
- Carl Schmitt, à propos de Juan Donoso Cortés
« Par-dessus toute autre considération, l'idée fondatmentale est qu'un monde en marge de Dieu est métaphysiquement impossible, que « toute grande question politique et humaine suppose et enveloppe une grande question théologique. » »
- Arnaud Imatz, « Avant-Propos » citant Juan Donoso Cortés, Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, Paris, Bibliothèque nouvelle, 1851, rééd. Bouère, Dominique Martin Morin, 1986, p. 23