Différences entre les versions de « Friedrich Nietzsche »

 
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{{Image|Friedrich Nietzsche|}}
=== [[Liberty]] ===
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== Citations ==
  
« On appelle esprit libre celui qui pense autrement qu'on ne s'y attend de sa part en raison de son origine, de son milieu, de son état et de sa fonction, ou en raison des opinions régnantes de son temps. Il est l'exception, les esprits asservis sont la règle. Ce que ceux-ci lui reprochent, c'est que ses libres principes, ou bien ont leur source dans le désir de surprendre ou bien permettent de conclure à des actes libres, c'est-à-dire de ceux qui sont inconciliables avec la morale asservie. »
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« '''Encore un siècle de journalisme — et tous les mots pueront.''' »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Humain, trop humain''
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{{Réf Livre
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|auteur=Friedrich Nietzsche
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|titre de la contribution=Fragments posthumes
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|année de la contribution=Été 1882-printemps 1884
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|titre=Œuvres philosophiques complètes
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|traducteur=Anne-Sophie Astrup et Marc de Launay
 +
|éditeur=Gallimard
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|collection=Œuvres philosophiques complètes
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|année=1997
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|ISBN=9782070732098
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« L’homme devenu libre, combien plus encore l’esprit devenu libre, foule aux pieds cette sorte de bien-être méprisable dont rêvent les épiciers, les chrétiens, les vaches, les femmes, les Anglais et d’autres démocrates. L’homme libre est guerrier. »
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« Nos institutions ne valent plus rien : là-dessus tout le monde est d’accord. Pourtant, cela ne tient pas à elles, mais à ''nous''. Une fois que nous avons perdu tous les instincts d’où naissent les institutions, les institutions nous échappent à leur tour, parce que ''nous'' ne sommes plus dignes d’elles. '''Le démocratisme a toujours été la forme décadente de la force organisatrice.''' Dans ''Humain, trop humain'' (I, 318), j’ai déjà caractérisé la démocratie moderne, y compris ses simulacres, tels que le “Reich allemand”, comme une forme de ''dégénérescence de l’État''. Pour qu’il y ait des institutions, il faut qu’il y ait une sorte de volonté, d’instinct, d’impératif, antilibéral jusqu’à la cruauté : la volonté de tradition, d’autorité, de responsabilité étendue sur des siècles, de ''solidarité'' des chaînes de générations, en aval et en amont, ''in infinitum''. Si cette volonté existe, c’est quelque chose comme l’''Imperium Romanum'' qui se fonde, ou bien comme '''la Russie, la ''seule'' puissance qui ait actuellement la durée dans le sang, la seule qui puisse attendre, qui puisse encore promettre quelque chose. La Russie est l’antithèse du piteux particularisme, de la nervosité européenne''', qui, avec la fondation du “''Reich''” allemand, est entrée dans une phase critique... '''L’Occident tout entier a perdu ces instincts d’où naissent les institutions, d’où naît un ''avenir'' : rien qui aille plus à rebours de son “esprit moderne”.''' On vit au jour le jour, on vit très vite, on vit de manière très irresponsable : c’est précisément cela que l’on appelle “liberté”. Ce qui ''fait'' que les institutions sont des institutions, on le méprise, on le déteste, on le repousse : '''on se croit menacé d’une nouvelle servitude dès que le mot “autorité” est prononcé à haute voix. La ''décadence'' de l’instinct des valeurs chez nos politiciens, dans nos partis politiques, va si loin qu’ils ''préfèrent d’instinct'' tout ce qui hâte la décomposition, la fin...''' »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Crépuscule des idoles''
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|auteur=Friedrich Nietzsche
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|titre de la contribution=Crépuscule des idoles
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|année de la contribution=1888
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|traducteur=Jean-Claude Hémery
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|collection=Œuvres philosophiques complètes
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« Ma conception de la liberté. La valeur d'une cause se mesure parfois non à ce qu'on atteint par elle, mais à ce qu'il faut payer, à ce qu'elle nous coûte. En voici un exemple. Les institutions libérales cessent d'être libérales dès qu'elles sont acquises : ensuite, rien n'est plus systématiquement néfaste à la liberté que les institutions libérales. On ne sait que trop à quoi elles aboutissent : elles minent la volonté de puissance, elles érigent en système moral le nivellement des cimes et des bas-fonds, elles rendent mesquin, lâche et jouisseur – en elles, c'est l'animal grégaire qui triomphe toujours. Libéralisme : en clair, cela signifie abêtissement grégaire... Ces mêmes institutions produisent de tout autres effets aussi longtemps que l'on se bat pour les imposer ; alors, elle font puissamment progresser la liberté. A y regarder de plus près, c'est la guerre qui provoque ses effets, la guerre pour obtenir des institutions libérales, qui, en tant que guerre, prolonge l'existence des instincts antilibéraux. - Et la guerre est une école de liberté. Car qu'est-ce que la liberté ? C'est d'avoir la volonté d'être responsable de soi-même. De maintenir la distance qui nous isole des autres. De devenir plus indifférent aux peines, aux épreuves, aux privations, et même à la vie. D'être prêt à sacrifier des hommes à sa cause, sans s'en excepter soi-même. La liberté signifie que les instincts virils, les instincts belliqueux et victorieux, ont le pas sur les autres instincts, par exemple, celui du ''bonheur''. L'homme affranchi, et à plus forte raison l'esprit affranchi, foule aux pieds l'espèce de bien-être dont rêvent les boutiquiers, les chrétiens, les ruminants, les femmes, les Anglais et autres démocrates. L'homme libre est un guerrier. A quoi mesure-t-on la liberté, chez les individus comme chez les peuples ? A la résistance qu'il faut surmonter, à la peine qu'il en coûte pour garder le dessus. Le type supérieur d'homme libre, il faudrait le chercher la où il s'agit constamment de vaincre la résistance la plus forte : à quelques pas de la tyrannie, tout près du seuil qui marque le risque d'asservissement. C'est vrai en psychologie, si l'on entend par ''tyrans'' les instincts impitoyables et terribles qui exigent que l'on mobilise contre eux le maximum d'autorité et de discipline (type le plus accompli : Jules César) ; c'est également vrai en politique : il suffit de parcourir l'Histoire. Les peuples qui eurent une certaine valeur, qui acquirent une certaine valeur ne le firent jamais sous des institutions libérales : c'est le grave péril qui fit d'eux quelque chose qui mérite le respect, le péril qui seul nous permet ne connaître nos moyens, nos vertus, nos armes et nos défenses, notre esprit, -bref qui nous oblige à être forts... Premier principe : il faut avoir besoin d'être fort : autrement, on ne le devient jamais. Ces pépinières d'hommes forts, ces serres chaudes d'où sortit l'espèce d'hommes la plus forte qu'il y ait jamais eu, les communautés aristocratiques à la manière de Rome et de Venise, entendaient la liberté exactement au sens où je prends ce mot : comme quelque chose que l'on a et que l'on n'a pas, que l'on veut, et que l'on conquiert... »
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« Ce qui est de féminine sorte, ce qui est de servile race, singulièrement le populacier salmigondis, ''voilà'' ce qui se veut à présent le maître de toute humaine destinée, — ô nausée, nausée, nausée ! »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Crépuscule des idoles''
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« La liberté c'est savoir danser dans ses chaînes. »
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« Que vous ayez méprisé, vous les hommes supérieurs, voilà qui me donne espoir. Car '''ceux qui méprisent sont ceux qui grandement vénèrent.''' »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
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=== [[History]] ===
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« Malheur ! Tout à présent va de travers !
  
« L’avenir sera aux peuples qui auront la plus grande mémoire. »
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Déchéance ! Déchéance ! Jamais le monde ne toucha si bas !
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
« Les peuples qui n'ont pas de passé n'ont pas d'avenir. »
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Rome se fit putain et finit au bordel ;
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
=== [[Journalism]] ===
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Le César romain est tombé au rang de bétail, Dieu même — s’est fait juif ! »
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« Encore un siècle de journalisme, et tous les mots pueront. »
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« '''Tout part, tout revient ; éternellement roule la roue de l’être. Tout meurt, tout refleurit, à tout jamais court l’an de l’être.'''
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
=== [[Democracy]] ===
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Tout se brise, tout se remet en place ; éternellement se rebâtit la même maison de l’être. Tout se sépare, tout à nouveau se salue ; éternellement fidèle reste à lui-même l’anneau de l’être.
  
« Le parlementarisme, c'est à dire la permission publique de choisir entre cinq opinions politiques fondamentales flatte le grand nombre de ceux qui aimeraient paraître indépendants et individuels et combattre pour leurs opinions. Mais, à la fin, il est indifférent qu'une seule opinion soit imposée au troupeau ou que cinq opinions lui soient permises - quiconque s'écarte des cinq opinions fondamentales, aura toujours contre lui le troupeau tout entier. »
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À chaque instant l’être commence ; autour de chaque ici roule la sphère Là-bas. Le centre est partout. Courbe est la sente de l’éternité. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Le gai savoir''
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=== [[Human nature]] ===
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« Hélas ! où dois-je encore monter maintenant, avec ma nostalgie ? De toutes les montagnes je scrute l’horizon pour y trouver patries et terres maternelles.
  
« L'Humanité ! Fut-il jamais entre toutes les vieilles, une vieille plus horrible (si ce n'est peut-être la "Vérité" ; un problème à l'usage des philosophes ?). Non, nous n'aimons pas l'Humanité. »
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Mais pays ne trouvai nulle part, errant je suis en toute ville et, devant toutes portes, séparation.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Le gai savoir''
 
  
« Je vous enseigne le Surhomme. L'homme est quelque chose qui doit être dépassé. »
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Me sont étrangers et dérision ces contemporains vers qui mon cœur naguère me poussait ; et je suis exilé des patries et des terres maternelles.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Ainsi parlait Zarathoustra''
 
  
=== [[Woman]] ===
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Ainsi je n’aime plus que le ''pays de mes enfants'', l’inexploré, au plus lointain des mers ; à ma voile c’est celui-là que je commande de chercher et de chercher.
  
"Behind all their personal vanity, women themselves always have an impersonal contempt for woman."
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Par mes enfants me veux racheter d’être l’enfant de mes pères, et par tout l’avenir veux racheter — ce présent ! »
*[http://en.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
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« Des chattes, voilà ce que sont toujours les femmes. Des chattes et des oiseaux. Ou quand cela va bien, des vaches ! Elles sont une propriété, un bien qu'il faut mettre sous clé, des être faits pour la domesticité et qui n'atteignent leur perfection que dans la situation subalterne. »
+
« '''Avec ces prêcheurs d’égalité je ne veux être confondu ni mêlé. Car ainsi me parle, ''à moi'', la justice : “''Égaux ne sont les hommes''.”'''
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
=== [[Europe]] ===
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Et ne le doivent devenir non plus ! Que serait, en effet, mon amour de surhomme si d’autre manière je parlais ?
  
« Un animal grégaire, un être docile, maladif, médiocre, l'Européen d'aujourd'hui ! »
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Sur mille ponts et passerelles vers l’avenir ils se doivent presser, et que la guerre entre eux, et l’inégalité, toujours davantage règnent, ainsi me fait parler mon grand amour ! »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
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« L’Europe se fera au bord du tombeau. »
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« “'''''Morts sont tous dieux ; maintenant nous voulons que vive le surhomme !''” — tel soit un jour, au grand midi, notre ultime vouloir !''' »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
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=== [[Government]] ===
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« Beaucoup meurent trop tard, et quelques-uns meurent trop tôt. »
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« Beaucoup trop d’hommes viennent au monde : l'État a été inventé pour ceux qui sont superflus. »
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« Aucun peuple ne pourrait vivre qui d’abord n’évaluât ; mais se veut-il conserver, lors ne doit évaluer comme évalue le voisin. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Ainsi parlait Zarathoustra''
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« L'État, c'est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche: "Moi, l'État, je suis le Peuple." [...] Ce sont des destructeurs, ceux qui placent des pièges pour le grand nombre et qui appellent cela un État : ils suspendent au-dessus d'eux un glaive et cent appétits. »
+
« Si l’on veut un ami il faut aussi pour lui partir en guerre, et pour partir en guerre d’être ennemi il faut ''être capable''.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Ainsi parlait Zarathoustra''
 
  
=== [[Equality]] ===
+
En son ami à l’ennemi l’on doit encore faire honneur. Sans passer à son bord peux-tu de près l’aborder ?
  
« L'injustice ne se trouve jamais dans les droits inégaux, elle se trouve dans la prétention à des droits égaux. »
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En son ami on doit avoir l’ennemi le meilleur. Lorsque tu lui résistes, de son cœur tu dois être le plus proche. »
*[http://en.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
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"The doctrine of equality! There exists no more poisonous poison: For it seems to be preached by justice itself, while it is the end of justice."
+
« Où que ce soit, il est encore des peuples et des troupeaux, mais non chez nous, mes frères ; il n’est ici que des États.
*[http://en.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
=== [[Anti-communism]] ===
+
États ? Qu’est-ce que cela ? Ouvrez-moi maintenant les oreilles, car maintenant je vous dis mon mot quant à la mort des peuples.
  
« Le socialisme est le fantastique frère cadet du despotisme presque défunt, dont il veut recueillir l’héritage ; ses efforts sont donc, au sens le plus profond, réactionnaires. Car il désire une plénitude de puissance de l’État telle que le despotisme seul ne l’a jamais eue, il dépasse même tout ce que montre le passé, car il travaille à l’anéantissement formel de l’individu : c’est que celui-ci lui apparaît comme un luxe injustifiable de la nature, qui doit être par lui corrigé en un organe utile de la communauté. »
+
État, de tous les monstres froids ainsi se nomme le plus froid. Et c’est avec froideur aussi qu’il ment, et suinte de sa bouche ce mensonge : “Moi, l’État, je suis le peuple.[...]
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Humain, trop humain''
 
  
=== [[Art]] ===
+
Là où le peuple encore existe, il n’entend point l’État et comme un méchant œil le hait, et comme un péché contre les mœurs et contre les droits. [...]
  
« Sans la musique, la vie serait une erreur. »
+
Naissent de bien-trop-nombreux ; c’est pour ces superflus que l’État fut inventé ! »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Crépuscule des idoles''
+
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« Nous avons l'art pour en pas périr de la vérité. »
+
« Je leur veux parler de ce qui est le plus méprisable ; or c’est ''le dernier homme''. [...]
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
« Créer - voilà la grande délivrance de la souffrance, voilà ce qui rend la vie légère. »
+
Et de la sorte parlait au peuple Zarathoustra :
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
« Il serait possible que la véritable nature des choses fut tellement nuisible, tellement hostile aux conditions mêmes de la vie, que l'apparence fût nécessaire pour pouvoir vivre. »
+
Le temps est venu pour l’homme de se fixer sa fin. De sa plus haute espérance le temps est venu pour l’homme de semer le grain.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Volonté de puissance''
 
  
=== [[Perversion]] ===
+
Riche assez est encore pour cela son terreau. Mais pauvre un jour et domestiqué sera ce terreau et lors n’en pourra naître arbre de haute stature.
  
« [Si] la sensualité croit plus vite que l’amour, la racine en demeure alors faible et facile à arracher. »
+
Malheur ! Arrive le temps où l’homme au-dessus de l’homme plus ne lancera la flèche et le temps où de vibrer désapprendra la corde de son arc !
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
« Le bas ventre est cause que l’homme ait quelque peine à se prendre pour un dieu. »
+
Je vous le dis, pour pouvoir engendrer une étoile qui danse il faut en soi-même encore avoir quelque chaos. Je vous le dis, en vous-mêmes il est encore quelque chaos.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
=== [[Russia]] ===
+
'''Malheur ! Arrive le temps où de l’homme ne naîtra plus aucune étoile. Malheur ! Arrive le temps du plus méprisable des hommes, qui lui-même plus ne se peut mépriser.'''
  
« […] Pour qu'il y ait des institutions, il faut qu'il y ait une sorte de volonté, d'instinct, d'impératif, antilibéral jusqu'à la cruauté: la volonté de tradition, d'autorité, de responsabilité, étendue sur les siècles, de solidarité des chaînes des générations, en aval et en amont, in infinitum. Si cette volonté existe,c'est quelque chose comme l'Imperium Romanum qui se fonde, ou bien comme la Russie, la seule puissance qui ait actuellement la durée dans le sang, la seule qui puisse attendre, qui puisse encore promettre quelque chose. La Russie est l'antithèse du piteux particularisme, de la nervosité européenne, qui, avec la fondation du ''Reich'' allemand, est entrée dans une phase critique... L'occident tout entier a perdu ses instincts d'où naissent des institutions, d'où naît un avenir: rien qui aille plus à rebours de son ''esprit moderne''. »
+
Voyez ! Je vous montre ''le dernier homme''.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Crépuscule des idoles''
 
  
"Evil men have no songs. How is it that the Russians have songs?"
+
'''“Qu’est-ce qu’amour ? Qu’est-ce que création ? Qu’est-ce que nostalgie ? Qu’est-ce qu’étoile ?” — ainsi demande le dernier homme, et il cligne de l’œil.'''
*[http://en.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
=== [[Power]] ===
+
'''''La Terre alors est devenue petite'', et sur elle clopine le dernier homme, qui rapetisse tout.''' Inépuisable est son engeance, comme le puceron ; le dernier homme vit le plus vieux.
  
« Celui qui sait commander trouve toujours ceux qui doivent obéir. »
+
“De l’heur nous avons fait, la découverte”, — disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
=== [[Truth]] ===
+
Ils ont abandonné les régions où dur était de vivre, car de chaleur on a besoin. On aime encore le voisin et l’on se frotte à lui, car de chaleur on a besoin.
  
« Je ne crois qu'aux vérités qui dansent. »
+
Maladie et méfiance sont à leurs yeux péché ; on les aborde précautionneusement. Bien fou celui que font encore broncher pierres ou hommes !
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
« Nul ne ment autant qu'un homme indigné. »
+
'''Ça et là de poison une petite dose, ce qui fait agréablement rêver. Et, à la fin, force poison, pour agréablement mourir.'''
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
=== [[Happiness]] ===
+
Encore l’on travaille, car le travail distrait. Mais on prend soin que distraction ne soit fatigue.
  
« Nous avons inventé le bonheur, dit le dernier homme. Et il cligne de l'oeil. »
+
On ne devient plus pauvre et riche ; les deux sont trop pénibles. Qui encore veut commander ? Qui encore obéir ? Les deux sont trop pénibles.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Ainsi parlait Zarathoustra''
 
  
=== [[Nationalism]] ===
+
'''Pas de pasteur, un seul troupeau ! Chacun veut même chose, tous sont égaux !''' Qui sent d’autre manière, à l’asile des fous il entre de plein gré !
  
« Il n'est vraiment pas en Allemagne de clique plus effrontée et plus stupide que ces antisémites. Cette racaille ose avoir dans la bouche le nom Zarathoustra. Dégoût ! Dégoût ! Dégoût ! »
+
“Jadis tout le monde était fou” — disent les plus fins, et ils clignent de l’œil.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], à propos de [http://fr.wikipedia.org/wiki/Theodor_Fritsch Theodor Fritsch]
 
  
=== [[Reason]] ===
+
On est prudent, et l’on sait tout ce qui est advenu ; sans fin l’on peut ainsi railler. Encore on se chamaille, mais vite on se réconcilie — sinon l’on gâte l’estomac.
  
« Contre maint défenseur. La plus perfide façon de nuire à une cause est de la défendre intentionnellement avec de mauvaises raisons. »
+
Pour le jour on a son petit plaisir, et pour la nuit son petit plaisir, mais on vénère la santé.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
 
  
« La folie est quelque chose de rare chez l'individu ; elle est la règle pour les groupes, les partis, les peuples, les époques. »
+
“De l’heur, nous avons fait la découverte” — disent les derniers hommes et ils clignent de l’œil. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
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|ISBN=9782070280315
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|page=27-28}}
  
"God is dead."
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'''Le « grouillement des mal venus, des malades, des épuisés qui commencent à infester l’Europe [...].''' »
*[http://en.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''The Gay Science''
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{{Réf Livre
:« Dieu est mort. »
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|auteur=Friedrich Nietzsche
:*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Le Gai Savoir''
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|titre de la contribution=Par-delà bien et mal
::„Gott ist tot.“
+
|année de la contribution=1886
::*[http://de.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Die fröhliche Wissenschaft''
+
|titre=Œuvres philosophiques complètes
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|traducteur=Cornélius Heim
 +
|éditeur=Gallimard
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|année=2019
 +
|ISBN=9782070279456
 +
|page=240}}
  
« Il n'y a pas de faits, rien que des interprétations. »
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« '''Il existe aujourd’hui, dans presque toute l’Europe, une sensibilité et une susceptibilité maladives à la souffrance en même temps qu’une odieuse intempérance dans la plainte, un amollissement douillet''' qui à l’aide de la religion et de je ne sais quel bric-à-brac philosophique voudrait se faire passer pour quelque chose de plus élevé, — il existe un véritable culte de la souffrance. Ce qui, à mon sens, saute toujours d’emblée aux yeux, c’est le ''manque de virilité'' de ce que ces cercles d’échauffé baptisent du nom de “compassion”. — Il faut proscrire avec la dernière rigueur cette forme récente du mauvais goût [...]. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''La Volonté de puissance''
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|traducteur=Cornélius Heim
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« Ce qui doit d'abord être démontré ne vaut pas grand-chose. »
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« L’aversion maladive, le fossé que la folie nationaliste a créés et crée encore entre les peuples européens, les politiciens au regard myope et aux décisions promptes qui se sont élevés à la faveur de cette aversion et qui ne soupçonnent pas à quel point leur politique de division constitue simplement un intermède, tous ces facteurs et bien d’autres dont il n’est pas encore possible de parler aujourd’hui font qu’on ne veut pas voir ou qu’on interprète arbitrairement et mensongèrement les signes indubitables où se manifeste ''le désir d’unité de l’Europe''. Tous les hommes vastes et profonds de ce siècle aspirèrent au fond, dans le secret travail de leur âme, à préparer cette ''synthèse'' nouvelle et voulurent incarner, par anticipation, l’Européen de l’avenir : les “patries” ne furent pour eux qu’un prétexte et ils ne leur appartinrent qu’aux heures de faiblesse, par exemple dans leur vieillesse ; devenir des “patriotes” n’a été pour eux qu’une manière de se reposer d’eux-mêmes.  Je songe à des hommes comme Napoléon, Goethe, Beethoven, Stendhal, Heinrich Heine, Schopenhauer ; qu’on ne m’en veuille pas si je joins à leurs noms celui de Richard Wagner, sur le compte duquel les malentendus qu’il a lui-même créés ne doivent pas nous égarer, — des génies comme le sien ont rarement le droit de se comprendre eux-mêmes. [...] Ils sont fondamentalement consanguins dans leurs aspirations les plus hautes et les plus profondes : dans leur art complexe et tumultueux, c’est l’âme de l’Europe, de l’Europe tout entière qui se presse, s’élance, aspire... »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Le Crépuscule des idoles'', « Le problème de Socrate », traduction de Patrick Wotling, éditions Flammarion
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{{Réf Livre
:„Was sich erst beweisen lassen muss, ist wenig werth.
+
|auteur=Friedrich Nietzsche
:*[http://de.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Götzen-Dämmerung oder Wie man mit dem Hammer philosophiert'', „Das Problem des Sokrates“
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|titre de la contribution=Par-delà bien et mal
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|année de la contribution=1886
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|titre=Œuvres philosophiques complètes
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|éditeur=Gallimard
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=== [[Miscellaneous]] ===
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« [...] la noblesse européenne — noblesse du sentiment, du goût, des mœurs, bref la noblesse à tous les sens élevés du mot — est l’œuvre et l’invention de la ''France'' ; la vulgarité européenne, la bassesse plébéienne des idées modernes est l’œuvre de l’''Angleterre''. »
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"In heaven, all the interesting people are missing."
+
« Qu’on nomme “civilisation” ou “humanisation” ou “progrès” ce que l’on tient maintenant pour la marque distinctive des Européens ; que, recourant à un terme politique qui n’implique ni louange ni blâme, on nomme simplement cette évolution le mouvement ''démocratique'' de l’Europe, on voit se dérouler, derrière les phénomènes moraux et politiques exprimés par ces formules, un immense processus ''physiologique'' qui ne cesse de gagner en ampleur : les Européens se ressemblent toujours davantage, ils s’émancipent toujours plus des conditions qui font naître des races liées au climat et aux classes sociales, ils s’affranchissent dans une mesure accrue de tout milieu ''déterminé'', générateur de besoins identiques, pour l’âme et le corps, durant le cours des siècles ; ils donnent naissance peu à peu à un type d’humanité essentiellement supranationale et nomade qui, pour employer un terme de physiologie, possède au plus haut degré et comme un trait distinctif le don et le pouvoir de s’adapter. Ce processus d’''européanisation'', dont le rythme sera peut-être ralenti par d’importantes régressions, mais qui de ce fait même croîtra peut-être en violence et en profondeur — les furieuses poussées de “sentiment nationale” qui sévissent encore font partie de ces régressions, de même que la montée de l’anarchisme —, ce processus aboutira vraisemblablement à des résultats que ses naïfs promoteurs et ses thuriféraires, les apôtres des “idées modernes”, étaient très loin d’escompter. Les conditions nouvelles qui entraîneront en gros l’apparition d’hommes tout pareils et pareillement médiocres — hommes grégaires utiles, laborieux, diversement utilisables et adroits — sont éminemment propres à donner naissance à des hommes d’exception du genre le plus dangereux et le plus séduisant. En effe, alors que ce pouvoir d’adaptation qui affronte des circonstances sans cesse changeantes et se remet à l’oeuvre à chaque génération, presque tous les dix ans, ne permet pas au type humain de s’affirmer ''avec force'' ; alors que ces Européens à venir offriront probablement dans l’ensemble l’apparence d’ouvriers bons à tout, bavards, faibles de volonté et utilisables à toutes fins, qui ont ''besoin'' d’un maître, d’un chef autant que de leur pain quotidien ; bref, alors que la démocratisation de l’Europe engendrera un type d’hommes préparés à l’esclavage au sens le plus raffiné du mot, l’homme ''fort'', qui représente le cas isolé et exceptionnel, devra pour ne pas avorter être plus fort et mieux doué qu’il ne l’a peut-être jamais été, et ceci grâce à une éducation sans préjugés, grâce à la prodigieuse diversité de son expérience, de ses talents, et de ses masques. Je veux dire : que '''la démocratisation de l’Europe est en même temps, et sans qu’on le veuille, une école des ''tyrans''''', ce mot étant pris dans toutes ses acceptions, y compris la plus spirituelle. »
*[http://en.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
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"Egoism is the very essence of a noble soul."
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« La femme veut s’émanciper, et pour cela elle a entrepris d’éclairer les hommes sur “la femme en soi” : c’est là un des pires aspects de l’''enlaidissement'' général de l’Europe. »
*[http://en.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
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« Les grands méprisants sont aussi les grands vénérants. »
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« '''Comme le cavalier sur une monture qui s’emballe, nous lâchons les rênes devant l’infini, nous autres modernes, nous autres semi-barbares, et nous ne goûtons ''notre'' béatitude qu’au moment où notre ''péril'' est à son comble.''' »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
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« Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse. »
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« Aimer ses ennemis ? Je crois que cet enseignement a été bien appris : de nos jours on l’applique de mille manières, en grand et en petit ; déjà même il se produit parfois quelque chose de plus haut et de plus sublime : nous apprenons à ''mépriser'' ce que nous aimons, surtout ce que nous aimons le mieux, mais tout cela inconsciemment, sans bruit, sans ostentation, avec cette pudeur et cette retenue de la bonté qui interdit de prononcer des paroles pompeuses et des formules vertueuses. Aujourd’hui la pose morale nous dégoûte. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
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« Le fanatisme est la seule forme de volonté qui puisse être insufflée aux faibles et aux timides. »
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« [...] '''le plus grand sera celui qui saura être le plus solitaire, le plus impénétrable, le plus à l’écart, l’homme par-delà bien et mal, l’homme maître de ses vertus, en qui surabonde l’énergie du vouloir''' ; il nommera ''grandeur'' le pouvoir d’unir la totalité à la multiplicité, l’ampleur à la plénitude. Et, demandons-le encore une fois : la grandeur est-elle aujourd’hui ''possible'' ? »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche]
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« Tu es du moins le dernier de mes amis à trouver le chemin de la sagesse. Enfin pour toi aussi je nourris maintenant les meilleures espérances ; bien des nuées se dissiperont devant tes yeux. Certes tu te sentiras alors plus isolé que jamais, comme c’est mon cas. En outre bien de brillantes situations et qui frappent les yeux ne nous seront plus accessibles, mais en revanche, elles ne mériteront même plus pour nous d’être convoitées. L’isolement spirituel et, à l’occasion, un entretien avec des êtres qui partagent nos sentiments, tel est notre lot ; plus que d’autres nous avons besoin des consolations de l’art. Nous ne voulons pas non plus convertir les gens, car le fossé qui nous sépare nous semble institué par la nature. La pitié nous devient un sentiment familier. Nous sommes de plus en plus silencieux – il y a des jours, et très nombreux, où je n’ouvre la bouche que pour les exigences de mon métier, sans plus. »
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« Peut-être ne faudra-t-il pas seulement des guerres aux Indes et des imbroglios en Asie pour délivrer l’Europe du plus grand danger qui la menace, mais des bouleversements intérieurs, l’éclatement de l’empire russe en une mosaïque de petits États et avant tout l’introduction de l’imbécilité parlementaire jointe à l’obligation pour chacun de lire son journal au petit-déjeuner. Ce n’est pas que je souhaite une pareille évolution, je souhaite plutôt le contraire, une telle aggravation de la menace russe qu’elle contraigne enfin l’Europe à devenir tout aussi menaçante, à ''se forger sa propre volonté'', par le moyen d’une nouvelle caste régnant sur l’Europe, une volonté redoutable et à longue portée capable de se fixer des buts pour des millénaires. '''Ainsi l’Europe en finirait une bonne fois avec la comédie trop prolongée de sa division en petits États et de ses velléités divergentes, dynastiques ou démocratiques. Le temps de la petite politique est passé : le siècle prochain déjà apportera la lutte pour la domination universelle — l’''obligation'' d’une grande politique.''' »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Lettre à Peul Deussen'', février 1870
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« Rien ne vaut rien, il ne se passe rien et cependant tout arrive et c'est indifférent. »
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« La ''dégénérescence générale de l’humanité'', son abaissement au niveau de ce que les rustres et les têtes plates du socialisme tiennent pour “l’homme futur”, — leur idéal ! — cette déchéance et ce rapetissement de l’homme transformé en bête de troupeau (l’homme, comme ils disent, de la “société libre”), cette bestialisation des hommes ravalés au rang de gnomes ayant tous les mêmes droits et les mêmes besoins, c’est là une chose ''possible'', nous ne pouvons en douter ! Quiconque a pensé jusqu’au bout cette possibilité connaît un dégoût de plus que les autres hommes — et peut-être aussi une ''tâche'' nouvelle ! »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche Friedrich Nietzsche], ''Ainsi parlait Zarathoustra''
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« [...] le mouvement ''démocratique'' est l’héritier du mouvement chrétien. »
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« '''L’homme d’une époque de dissolution qui mélange toutes les races, l’homme qui recèle dans son corps l’héritage d’une ascendance composite, autrement dit des instincts et des jugements de valeur contradictoires, sinon plus, lesquels s’affrontent entre eux et le laissent rarement en repos, cet homme des civilisations tardives et de la clarté déclinante sera en gros un individu plutôt débile''' ; son vœu le plus profond sera de mettre fin une bonne fois à la guerre qu’il ''est'' lui-même ; son bonheur s’accordera à la médecine sédative qui est le fond de la pensée épicurienne ou chrétienne, par exemple, et lui apparaîtra comme un repos, un état de satiété que rien ne dérange, une réconciliation définitive comme le “sabbat des sabbats” du saint rhéteur Augustin, qui fut lui-même un homme de ce genre. »
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« Les Juifs — peuple “né pour l’esclavage”, comme dit Tacite et avec lui toute l’Antiquité, peuple “élu parmi les nations”, comme ils le disent et le croient eux-mêmes — les Juifs ont réussi ce prodigieux renversement des valeurs qui, pour quelques millénaires, a donné à la vie terrestre un attrait nouveau et dangereux : leurs prophètes ont fondu en une seule notion celles de “riche”, “impie”, “méchant”, “violent”, “sensuel” et pour la première fois ont donné un sens infamant au mot “monde”. Ce renversement des valeurs (qui veut aussi que “pauvre” soit synonyme de “saint” et d’“ami”) fait toute l’importance du peuple juif : avec lui commence ''dans l’ordre moral la révolte des esclaves''. »
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« Ce qui est fait par amour s’accomplit toujours par-delà bien et mal. »
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« [...] le bilan total montre que les religions existantes, les religions ''souveraines'', ont contribué dans une large mesure à maintenir le type “homme” à un niveau inférieur, car elles ont conservé trop d’êtres qui ''devaient périr''. [...] tandis qu’ils consolaient les affligés, réconfortaient les opprimés et les désespérés, soutenaient les débiles, offraient aux individus atteints dans leur santé mentale et aux furieux le refuge des cloîtres ou des asiles, que durent-ils faire au surplus, pour travailler par principe et avec bonne consciences à la conservation de tous les êtres malades et souffrants, c’est-à-dire, en fait et en vérité, à ''la détérioration de la race européenne'' ? »
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« La foi chrétienne est essentiellement un sacrifice, sacrifice de toute liberté, de toute fierté, de toute confiance de l’esprit en soi-même ; elle est en même temps asservissement et dépréciation de soi-même, mutilation de soi-même. Il entre de la cruauté et du phénicisme religieux dans cette foi qui se propose à une conscience fatiguée, complexe et blasée ; elle implique que la soumission de l’esprit soit inexprimablement ''douloureuse'', que tout le passé et les habitudes d’un tel esprit se rebellent contre le comble d’absurdité qui s’offre à lui sous le nom de “foi”. Les modernes, devenus insensibles à toute la terminologie chrétienne, ne ressentent plus la suprême horreur que comportait, pour le goût antique, le paradoxe du “Dieu sur la croix”. Jamais et nulle part on n’avait vu un retournement aussi prodigieux, jamais on n’avait rien conçu d’aussi effroyable et qui soulevait autant de problèmes : cette formule annonçait le renversement de toutes les valeurs antiques. C’est l’Orient, le ''profond'' Orient, c’est l’esclave orientale qui se vengeait ainsi de Rome et de sa tolérance aristocratique et frivole, de la romaine “catholicité” de la foi : en tout temps ce ne fut pas la foi, mais le détachement de la foi, cette insouciance mi-stoïque mi-souriante à l’endroit du sérieux de la foi qui indigna les esclaves et les dressa contre leurs maîtres. La philosophie “éclairée” indigne : l’esclave veut de l’absolu, il ne comprend que ce qui est tyrannique, en morale comme ailleurs, il aime comme il hait, profondément, jusqu’à la douleur, jusqu’à la maladie ; ses souffrances nombreuses et ''cachées'' se révoltent contre le goût aristocratique qui semble ''nier'' la souffrance. Le scepticisme à l’égard de la souffrance, simple attitude, au fond, de la morale aristocratique, n’a pas peu contribué à susciter la dernière grande révolte d’esclaves qui a commencé avec la révolution française. »
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'''Ce « goût de l’“hospitalité”, péril par excellence des âmes nobles et riches qui sont prodigues et comme insoucieuses d’elles-mêmes et portent jusqu’au vice la vertu de générosité.''' On doit savoir ''se garder'' ; c’est la plus forte preuve d’indépendance. »
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« Les livres pour tout le monde sentent toujours mauvais ; une odeur de petites gens s’élève de leurs pages. Là où le peuple mange et boit, même là où il adore, l’air s’empuantit. N’entrez pas dans les églises si vous voulez respirer un air ''pur''.
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== Textus ==
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*[[Le désenchantement de la femme - Friedrich Nietzsche]]
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== Bibliographie ==
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{{Affiliation|https://europa-diffusion.com/fr/philosophie/2500-par-dela-bien-et-mal.html|https://europa-diffusion.com/10269-home_default/par-dela-bien-et-mal.jpg}}
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Citations

« Encore un siècle de journalisme — et tous les mots pueront. »

— Friedrich Nietzsche, « Fragments posthumes » (Été 1882-printemps 1884), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Anne-Sophie Astrup et Marc de Launay, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 1997 (ISBN 9782070732098), p. 85


« Nos institutions ne valent plus rien : là-dessus tout le monde est d’accord. Pourtant, cela ne tient pas à elles, mais à nous. Une fois que nous avons perdu tous les instincts d’où naissent les institutions, les institutions nous échappent à leur tour, parce que nous ne sommes plus dignes d’elles. Le démocratisme a toujours été la forme décadente de la force organisatrice. Dans Humain, trop humain (I, 318), j’ai déjà caractérisé la démocratie moderne, y compris ses simulacres, tels que le “Reich allemand”, comme une forme de dégénérescence de l’État. Pour qu’il y ait des institutions, il faut qu’il y ait une sorte de volonté, d’instinct, d’impératif, antilibéral jusqu’à la cruauté : la volonté de tradition, d’autorité, de responsabilité étendue sur des siècles, de solidarité des chaînes de générations, en aval et en amont, in infinitum. Si cette volonté existe, c’est quelque chose comme l’Imperium Romanum qui se fonde, ou bien comme la Russie, la seule puissance qui ait actuellement la durée dans le sang, la seule qui puisse attendre, qui puisse encore promettre quelque chose. La Russie est l’antithèse du piteux particularisme, de la nervosité européenne, qui, avec la fondation du “Reich” allemand, est entrée dans une phase critique... L’Occident tout entier a perdu ces instincts d’où naissent les institutions, d’où naît un avenir : rien qui aille plus à rebours de son “esprit moderne”. On vit au jour le jour, on vit très vite, on vit de manière très irresponsable : c’est précisément cela que l’on appelle “liberté”. Ce qui fait que les institutions sont des institutions, on le méprise, on le déteste, on le repousse : on se croit menacé d’une nouvelle servitude dès que le mot “autorité” est prononcé à haute voix. La décadence de l’instinct des valeurs chez nos politiciens, dans nos partis politiques, va si loin qu’ils préfèrent d’instinct tout ce qui hâte la décomposition, la fin... »

— Friedrich Nietzsche, « Crépuscule des idoles » (1888), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Jean-Claude Hémery, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2022 (ISBN 9782070289240), p. 134-135


« Ce qui est de féminine sorte, ce qui est né de servile race, singulièrement le populacier salmigondis, voilà ce qui se veut à présent le maître de toute humaine destinée, — ô nausée, nausée, nausée ! »

— Friedrich Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra » (1883–1885), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Maurice de Gandillac, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070280315), p. 308


« Que vous ayez méprisé, vous les hommes supérieurs, voilà qui me donne espoir. Car ceux qui méprisent sont ceux qui grandement vénèrent. »

— Friedrich Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra » (1883–1885), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Maurice de Gandillac, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070280315), p. 308


« Malheur ! Tout à présent va de travers !

Déchéance ! Déchéance ! Jamais le monde ne toucha si bas !

Rome se fit putain et finit au bordel ;

Le César romain est tombé au rang de bétail, Dieu même — s’est fait juif ! »

— Friedrich Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra » (1883–1885), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Maurice de Gandillac, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070280315), p. 267


« Tout part, tout revient ; éternellement roule la roue de l’être. Tout meurt, tout refleurit, à tout jamais court l’an de l’être.

Tout se brise, tout se remet en place ; éternellement se rebâtit la même maison de l’être. Tout se sépare, tout à nouveau se salue ; éternellement fidèle reste à lui-même l’anneau de l’être.

À chaque instant l’être commence ; autour de chaque ici roule la sphère Là-bas. Le centre est partout. Courbe est la sente de l’éternité. »

— Friedrich Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra » (1883–1885), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Maurice de Gandillac, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070280315), p. 239


« Hélas ! où dois-je encore monter maintenant, avec ma nostalgie ? De toutes les montagnes je scrute l’horizon pour y trouver patries et terres maternelles.

Mais pays ne trouvai nulle part, errant je suis en toute ville et, devant toutes portes, séparation.

Me sont étrangers et dérision ces contemporains vers qui mon cœur naguère me poussait ; et je suis exilé des patries et des terres maternelles.

Ainsi je n’aime plus que le pays de mes enfants, l’inexploré, au plus lointain des mers ; à ma voile c’est celui-là que je commande de chercher et de chercher.

Par mes enfants me veux racheter d’être l’enfant de mes pères, et par tout l’avenir veux racheter — ce présent ! »

— Friedrich Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra » (1883–1885), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Maurice de Gandillac, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070280315), p. 141


« Avec ces prêcheurs d’égalité je ne veux être confondu ni mêlé. Car ainsi me parle, à moi, la justice : “Égaux ne sont les hommes.”

Et ne le doivent devenir non plus ! Que serait, en effet, mon amour de surhomme si d’autre manière je parlais ?

Sur mille ponts et passerelles vers l’avenir ils se doivent presser, et que la guerre entre eux, et l’inégalité, toujours davantage règnent, ainsi me fait parler mon grand amour ! »

— Friedrich Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra » (1883–1885), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Maurice de Gandillac, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070280315), p. 117-118


« “Morts sont tous dieux ; maintenant nous voulons que vive le surhomme !” — tel soit un jour, au grand midi, notre ultime vouloir ! »

— Friedrich Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra » (1883–1885), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Maurice de Gandillac, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070280315), p. 93


« Beaucoup meurent trop tard, et quelques-uns meurent trop tôt. »

— Friedrich Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra » (1883–1885), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Maurice de Gandillac, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070280315), p. 86


« Aucun peuple ne pourrait vivre qui d’abord n’évaluât ; mais se veut-il conserver, lors ne doit évaluer comme évalue le voisin. »

— Friedrich Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra » (1883–1885), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Maurice de Gandillac, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070280315), p. 71


« Si l’on veut un ami il faut aussi pour lui partir en guerre, et pour partir en guerre d’être ennemi il faut être capable.

En son ami à l’ennemi l’on doit encore faire honneur. Sans passer à son bord peux-tu de près l’aborder ?

En son ami on doit avoir l’ennemi le meilleur. Lorsque tu lui résistes, de son cœur tu dois être le plus proche. »

— Friedrich Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra » (1883–1885), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Maurice de Gandillac, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070280315), p. 69


« Où que ce soit, il est encore des peuples et des troupeaux, mais non chez nous, mes frères ; il n’est ici que des États.

États ? Qu’est-ce que cela ? Ouvrez-moi maintenant les oreilles, car maintenant je vous dis mon mot quant à la mort des peuples.

État, de tous les monstres froids ainsi se nomme le plus froid. Et c’est avec froideur aussi qu’il ment, et suinte de sa bouche ce mensonge : “Moi, l’État, je suis le peuple.” [...]

Là où le peuple encore existe, il n’entend point l’État et comme un méchant œil le hait, et comme un péché contre les mœurs et contre les droits. [...]

Naissent de bien-trop-nombreux ; c’est pour ces superflus que l’État fut inventé ! »

— Friedrich Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra » (1883–1885), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Maurice de Gandillac, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070280315), p. 61-62


« Je leur veux parler de ce qui est le plus méprisable ; or c’est le dernier homme. [...]

Et de la sorte parlait au peuple Zarathoustra :

Le temps est venu pour l’homme de se fixer sa fin. De sa plus haute espérance le temps est venu pour l’homme de semer le grain.

Riche assez est encore pour cela son terreau. Mais pauvre un jour et domestiqué sera ce terreau et lors n’en pourra naître arbre de haute stature.

Malheur ! Arrive le temps où l’homme au-dessus de l’homme plus ne lancera la flèche et le temps où de vibrer désapprendra la corde de son arc !

Je vous le dis, pour pouvoir engendrer une étoile qui danse il faut en soi-même encore avoir quelque chaos. Je vous le dis, en vous-mêmes il est encore quelque chaos.

Malheur ! Arrive le temps où de l’homme ne naîtra plus aucune étoile. Malheur ! Arrive le temps du plus méprisable des hommes, qui lui-même plus ne se peut mépriser.

Voyez ! Je vous montre le dernier homme.

“Qu’est-ce qu’amour ? Qu’est-ce que création ? Qu’est-ce que nostalgie ? Qu’est-ce qu’étoile ?” — ainsi demande le dernier homme, et il cligne de l’œil.

La Terre alors est devenue petite, et sur elle clopine le dernier homme, qui rapetisse tout. Inépuisable est son engeance, comme le puceron ; le dernier homme vit le plus vieux.

“De l’heur nous avons fait, la découverte”, — disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil.

Ils ont abandonné les régions où dur était de vivre, car de chaleur on a besoin. On aime encore le voisin et l’on se frotte à lui, car de chaleur on a besoin.

Maladie et méfiance sont à leurs yeux péché ; on les aborde précautionneusement. Bien fou celui que font encore broncher pierres ou hommes !

Ça et là de poison une petite dose, ce qui fait agréablement rêver. Et, à la fin, force poison, pour agréablement mourir.

Encore l’on travaille, car le travail distrait. Mais on prend soin que distraction ne soit fatigue.

On ne devient plus pauvre et riche ; les deux sont trop pénibles. Qui encore veut commander ? Qui encore obéir ? Les deux sont trop pénibles.

Pas de pasteur, un seul troupeau ! Chacun veut même chose, tous sont égaux ! Qui sent d’autre manière, à l’asile des fous il entre de plein gré !

“Jadis tout le monde était fou” — disent les plus fins, et ils clignent de l’œil.

On est prudent, et l’on sait tout ce qui est advenu ; sans fin l’on peut ainsi railler. Encore on se chamaille, mais vite on se réconcilie — sinon l’on gâte l’estomac.

Pour le jour on a son petit plaisir, et pour la nuit son petit plaisir, mais on vénère la santé.

“De l’heur, nous avons fait la découverte” — disent les derniers hommes et ils clignent de l’œil. »

— Friedrich Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra » (1883–1885), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Maurice de Gandillac, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070280315), p. 27-28


Le « grouillement des mal venus, des malades, des épuisés qui commencent à infester l’Europe [...]. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 240


« Il existe aujourd’hui, dans presque toute l’Europe, une sensibilité et une susceptibilité maladives à la souffrance en même temps qu’une odieuse intempérance dans la plainte, un amollissement douillet qui à l’aide de la religion et de je ne sais quel bric-à-brac philosophique voudrait se faire passer pour quelque chose de plus élevé, — il existe un véritable culte de la souffrance. Ce qui, à mon sens, saute toujours d’emblée aux yeux, c’est le manque de virilité de ce que ces cercles d’échauffé baptisent du nom de “compassion”. — Il faut proscrire avec la dernière rigueur cette forme récente du mauvais goût [...]. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 206


« L’aversion maladive, le fossé que la folie nationaliste a créés et crée encore entre les peuples européens, les politiciens au regard myope et aux décisions promptes qui se sont élevés à la faveur de cette aversion et qui ne soupçonnent pas à quel point leur politique de division constitue simplement un intermède, tous ces facteurs et bien d’autres dont il n’est pas encore possible de parler aujourd’hui font qu’on ne veut pas voir ou qu’on interprète arbitrairement et mensongèrement les signes indubitables où se manifeste le désir d’unité de l’Europe. Tous les hommes vastes et profonds de ce siècle aspirèrent au fond, dans le secret travail de leur âme, à préparer cette synthèse nouvelle et voulurent incarner, par anticipation, l’Européen de l’avenir : les “patries” ne furent pour eux qu’un prétexte et ils ne leur appartinrent qu’aux heures de faiblesse, par exemple dans leur vieillesse ; devenir des “patriotes” n’a été pour eux qu’une manière de se reposer d’eux-mêmes. Je songe à des hommes comme Napoléon, Goethe, Beethoven, Stendhal, Heinrich Heine, Schopenhauer ; qu’on ne m’en veuille pas si je joins à leurs noms celui de Richard Wagner, sur le compte duquel les malentendus qu’il a lui-même créés ne doivent pas nous égarer, — des génies comme le sien ont rarement le droit de se comprendre eux-mêmes. [...] Ils sont fondamentalement consanguins dans leurs aspirations les plus hautes et les plus profondes : dans leur art complexe et tumultueux, c’est l’âme de l’Europe, de l’Europe tout entière qui se presse, s’élance, aspire... »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 177


« [...] la noblesse européenne — noblesse du sentiment, du goût, des mœurs, bref la noblesse à tous les sens élevés du mot — est l’œuvre et l’invention de la France ; la vulgarité européenne, la bassesse plébéienne des idées modernes est l’œuvre de l’Angleterre. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 174


« Qu’on nomme “civilisation” ou “humanisation” ou “progrès” ce que l’on tient maintenant pour la marque distinctive des Européens ; que, recourant à un terme politique qui n’implique ni louange ni blâme, on nomme simplement cette évolution le mouvement démocratique de l’Europe, on voit se dérouler, derrière les phénomènes moraux et politiques exprimés par ces formules, un immense processus physiologique qui ne cesse de gagner en ampleur : les Européens se ressemblent toujours davantage, ils s’émancipent toujours plus des conditions qui font naître des races liées au climat et aux classes sociales, ils s’affranchissent dans une mesure accrue de tout milieu déterminé, générateur de besoins identiques, pour l’âme et le corps, durant le cours des siècles ; ils donnent naissance peu à peu à un type d’humanité essentiellement supranationale et nomade qui, pour employer un terme de physiologie, possède au plus haut degré et comme un trait distinctif le don et le pouvoir de s’adapter. Ce processus d’européanisation, dont le rythme sera peut-être ralenti par d’importantes régressions, mais qui de ce fait même croîtra peut-être en violence et en profondeur — les furieuses poussées de “sentiment nationale” qui sévissent encore font partie de ces régressions, de même que la montée de l’anarchisme —, ce processus aboutira vraisemblablement à des résultats que ses naïfs promoteurs et ses thuriféraires, les apôtres des “idées modernes”, étaient très loin d’escompter. Les conditions nouvelles qui entraîneront en gros l’apparition d’hommes tout pareils et pareillement médiocres — hommes grégaires utiles, laborieux, diversement utilisables et adroits — sont éminemment propres à donner naissance à des hommes d’exception du genre le plus dangereux et le plus séduisant. En effe, alors que ce pouvoir d’adaptation qui affronte des circonstances sans cesse changeantes et se remet à l’oeuvre à chaque génération, presque tous les dix ans, ne permet pas au type humain de s’affirmer avec force ; alors que ces Européens à venir offriront probablement dans l’ensemble l’apparence d’ouvriers bons à tout, bavards, faibles de volonté et utilisables à toutes fins, qui ont besoin d’un maître, d’un chef autant que de leur pain quotidien ; bref, alors que la démocratisation de l’Europe engendrera un type d’hommes préparés à l’esclavage au sens le plus raffiné du mot, l’homme fort, qui représente le cas isolé et exceptionnel, devra pour ne pas avorter être plus fort et mieux doué qu’il ne l’a peut-être jamais été, et ceci grâce à une éducation sans préjugés, grâce à la prodigieuse diversité de son expérience, de ses talents, et de ses masques. Je veux dire : que la démocratisation de l’Europe est en même temps, et sans qu’on le veuille, une école des tyrans, ce mot étant pris dans toutes ses acceptions, y compris la plus spirituelle. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 161-162


« La femme veut s’émanciper, et pour cela elle a entrepris d’éclairer les hommes sur “la femme en soi” : c’est là un des pires aspects de l’enlaidissement général de l’Europe. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 151


« Comme le cavalier sur une monture qui s’emballe, nous lâchons les rênes devant l’infini, nous autres modernes, nous autres semi-barbares, et nous ne goûtons notre béatitude qu’au moment où notre péril est à son comble. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 143


« Aimer ses ennemis ? Je crois que cet enseignement a été bien appris : de nos jours on l’applique de mille manières, en grand et en petit ; déjà même il se produit parfois quelque chose de plus haut et de plus sublime : nous apprenons à mépriser ce que nous aimons, surtout ce que nous aimons le mieux, mais tout cela inconsciemment, sans bruit, sans ostentation, avec cette pudeur et cette retenue de la bonté qui interdit de prononcer des paroles pompeuses et des formules vertueuses. Aujourd’hui la pose morale nous dégoûte. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 136


« [...] le plus grand sera celui qui saura être le plus solitaire, le plus impénétrable, le plus à l’écart, l’homme par-delà bien et mal, l’homme maître de ses vertus, en qui surabonde l’énergie du vouloir ; il nommera grandeur le pouvoir d’unir la totalité à la multiplicité, l’ampleur à la plénitude. Et, demandons-le encore une fois : la grandeur est-elle aujourd’hui possible ? »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 133


« Peut-être ne faudra-t-il pas seulement des guerres aux Indes et des imbroglios en Asie pour délivrer l’Europe du plus grand danger qui la menace, mais des bouleversements intérieurs, l’éclatement de l’empire russe en une mosaïque de petits États et avant tout l’introduction de l’imbécilité parlementaire jointe à l’obligation pour chacun de lire son journal au petit-déjeuner. Ce n’est pas que je souhaite une pareille évolution, je souhaite plutôt le contraire, une telle aggravation de la menace russe qu’elle contraigne enfin l’Europe à devenir tout aussi menaçante, à se forger sa propre volonté, par le moyen d’une nouvelle caste régnant sur l’Europe, une volonté redoutable et à longue portée capable de se fixer des buts pour des millénaires. Ainsi l’Europe en finirait une bonne fois avec la comédie trop prolongée de sa division en petits États et de ses velléités divergentes, dynastiques ou démocratiques. Le temps de la petite politique est passé : le siècle prochain déjà apportera la lutte pour la domination universelle — l’obligation d’une grande politique. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 127


« La dégénérescence générale de l’humanité, son abaissement au niveau de ce que les rustres et les têtes plates du socialisme tiennent pour “l’homme futur”, — leur idéal ! — cette déchéance et ce rapetissement de l’homme transformé en bête de troupeau (l’homme, comme ils disent, de la “société libre”), cette bestialisation des hommes ravalés au rang de gnomes ayant tous les mêmes droits et les mêmes besoins, c’est là une chose possible, nous ne pouvons en douter ! Quiconque a pensé jusqu’au bout cette possibilité connaît un dégoût de plus que les autres hommes — et peut-être aussi une tâche nouvelle ! »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 117


« [...] le mouvement démocratique est l’héritier du mouvement chrétien. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 115


« L’homme d’une époque de dissolution qui mélange toutes les races, l’homme qui recèle dans son corps l’héritage d’une ascendance composite, autrement dit des instincts et des jugements de valeur contradictoires, sinon plus, lesquels s’affrontent entre eux et le laissent rarement en repos, cet homme des civilisations tardives et de la clarté déclinante sera en gros un individu plutôt débile ; son vœu le plus profond sera de mettre fin une bonne fois à la guerre qu’il est lui-même ; son bonheur s’accordera à la médecine sédative qui est le fond de la pensée épicurienne ou chrétienne, par exemple, et lui apparaîtra comme un repos, un état de satiété que rien ne dérange, une réconciliation définitive comme le “sabbat des sabbats” du saint rhéteur Augustin, qui fut lui-même un homme de ce genre. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 111


« Les Juifs — peuple “né pour l’esclavage”, comme dit Tacite et avec lui toute l’Antiquité, peuple “élu parmi les nations”, comme ils le disent et le croient eux-mêmes — les Juifs ont réussi ce prodigieux renversement des valeurs qui, pour quelques millénaires, a donné à la vie terrestre un attrait nouveau et dangereux : leurs prophètes ont fondu en une seule notion celles de “riche”, “impie”, “méchant”, “violent”, “sensuel” et pour la première fois ont donné un sens infamant au mot “monde”. Ce renversement des valeurs (qui veut aussi que “pauvre” soit synonyme de “saint” et d’“ami”) fait toute l’importance du peuple juif : avec lui commence dans l’ordre moral la révolte des esclaves. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 108


« Ce qui est fait par amour s’accomplit toujours par-delà bien et mal. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 92


« [...] le bilan total montre que les religions existantes, les religions souveraines, ont contribué dans une large mesure à maintenir le type “homme” à un niveau inférieur, car elles ont conservé trop d’êtres qui devaient périr. [...] tandis qu’ils consolaient les affligés, réconfortaient les opprimés et les désespérés, soutenaient les débiles, offraient aux individus atteints dans leur santé mentale et aux furieux le refuge des cloîtres ou des asiles, que durent-ils faire au surplus, pour travailler par principe et avec bonne consciences à la conservation de tous les êtres malades et souffrants, c’est-à-dire, en fait et en vérité, à la détérioration de la race européenne ? »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 77


« La foi chrétienne est essentiellement un sacrifice, sacrifice de toute liberté, de toute fierté, de toute confiance de l’esprit en soi-même ; elle est en même temps asservissement et dépréciation de soi-même, mutilation de soi-même. Il entre de la cruauté et du phénicisme religieux dans cette foi qui se propose à une conscience fatiguée, complexe et blasée ; elle implique que la soumission de l’esprit soit inexprimablement douloureuse, que tout le passé et les habitudes d’un tel esprit se rebellent contre le comble d’absurdité qui s’offre à lui sous le nom de “foi”. Les modernes, devenus insensibles à toute la terminologie chrétienne, ne ressentent plus la suprême horreur que comportait, pour le goût antique, le paradoxe du “Dieu sur la croix”. Jamais et nulle part on n’avait vu un retournement aussi prodigieux, jamais on n’avait rien conçu d’aussi effroyable et qui soulevait autant de problèmes : cette formule annonçait le renversement de toutes les valeurs antiques. C’est l’Orient, le profond Orient, c’est l’esclave orientale qui se vengeait ainsi de Rome et de sa tolérance aristocratique et frivole, de la romaine “catholicité” de la foi : en tout temps ce ne fut pas la foi, mais le détachement de la foi, cette insouciance mi-stoïque mi-souriante à l’endroit du sérieux de la foi qui indigna les esclaves et les dressa contre leurs maîtres. La philosophie “éclairée” indigne : l’esclave veut de l’absolu, il ne comprend que ce qui est tyrannique, en morale comme ailleurs, il aime comme il hait, profondément, jusqu’à la douleur, jusqu’à la maladie ; ses souffrances nombreuses et cachées se révoltent contre le goût aristocratique qui semble nier la souffrance. Le scepticisme à l’égard de la souffrance, simple attitude, au fond, de la morale aristocratique, n’a pas peu contribué à susciter la dernière grande révolte d’esclaves qui a commencé avec la révolution française. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 64-65


Ce « goût de l’“hospitalité”, péril par excellence des âmes nobles et riches qui sont prodigues et comme insoucieuses d’elles-mêmes et portent jusqu’au vice la vertu de générosité. On doit savoir se garder ; c’est la plus forte preuve d’indépendance. »

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 59


« Les livres pour tout le monde sentent toujours mauvais ; une odeur de petites gens s’élève de leurs pages. Là où le peuple mange et boit, même là où il adore, l’air s’empuantit. N’entrez pas dans les églises si vous voulez respirer un air pur.

— Friedrich Nietzsche, « Par-delà bien et mal » (1886), dans Œuvres philosophiques complètes, trad. Cornélius Heim, éd. Gallimard, coll. « Œuvres philosophiques complètes », 2019 (ISBN 9782070279456), p. 50


Textus

Bibliographie

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