Différences entre les versions de « Jean-Jacques Rousseau »

 
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== Citationes ==
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== Citations ==
  
« [...] la dépravation réelle, et nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection. »
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« '''L’amour de l’humanité donne beaucoup de vertus, comme la douceur, l’équité, la modération, l’indulgence ; mais il n’inspire point le courage ni la fermeté, etc. et ne leur donne point cette énergie qu’elles reçoivent de l’amour de la patrie qui les élève jusqu’à l’héroïsme.''' »
 
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|auteur=Jean-Jacques Rousseau
 
|auteur=Jean-Jacques Rousseau
|titre=Discours sur les sciences et les arts
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|titre de la contribution=Fragments politiques
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« [...] '''qu’un bon système économique ne soit pas un système de finance et d’argent.''' »
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|auteur=Jean-Jacques Rousseau
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|titre=Considérations sur le gouvernement de Pologne
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|année d'origine=1782, posthume
 
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|année=2011
|ISBN=9782080702432
+
|ISBN=9782081275249
|page=34}}
+
|page=223-224}}
  
« [...] cette douceur de caractère et cette urbanité de mœurs qui rendent parmi vous le commerce si liant et si facile ; en un mot, les apparences de toutes les vertus sans en avoir aucune. »
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« '''Le meilleur mobile d’un gouvernement est l’amour de la patrie, et cet amour se cultive avec les champs.''' »
 
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|auteur=Jean-Jacques Rousseau
 
|auteur=Jean-Jacques Rousseau
|titre=Discours sur les sciences et les arts
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|titre=Projet de constitution pour la Corse
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|année d'origine=1765
 
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+
|page=150}}
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« Monseigneur, je suis Chrétien, et sincèrement Chrétien, selon la doctrine de l’Evangile. Je suis Chrétien, non comme un disciple des Prêtres, mais comme un disciple de Jésus-Christ. »
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— Jean-Jacques Rousseau, Lettre à Christophe de Beaumont, 1er janvier 1763
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« '''Tout patriote est dur aux étrangers''' : ils ne sont qu’hommes, ils ne sont rien à ses yeux. Cet inconvénient est inévitable, mais il est faible. L’essentiel est d’être bon aux gens avec qui l’on vit [...]. '''Méfiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin de leur pays des devoirs qu'ils dédaignent accomplir chez eux. Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d'aimer ses voisins'''. »
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« Les Français d’aujourd’hui ne sont plus ces grands corps blonds et blancs d’autrefois ; les Grecs ne sont plus ces beaux hommes faits pour servir de modèles à l’art ; la figure des Romains eux-mêmes a changé de caractère, ainsi que leur naturel ; les Persans, originaires de Tartarie, perdent chaque jour de leur laideur primitive par le mélange du sang circassien ; les Européens ne sont plus Gaulois, Germains, Ibériens, Allobroges ; ils ne sont tous que des Scythes diversement dégénérés quant à la figure, et encore plus quant aux mœurs. »
 
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|auteur=Jean-Jacques Rousseau
 
|auteur=Jean-Jacques Rousseau
|titre de la contribution=Émile, ou De l'éducation (1762)
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|titre de la contribution=Émile, ou De l’éducation (1762)
 
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|titre=Œuvres complètes de J.-J. Rousseau
 
|éditeur=A. Houssiaux
 
|éditeur=A. Houssiaux
 
|année=1852-1853
 
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|tome=II
 
|tome=II
|section=livre I
+
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+
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« Nos gouvernements modernes doivent incontestablement au christianisme leur plus solide autorité et leurs révolutions moins fréquentes ; il les a rendus eux-mêmes moins sanguinaires : cela se prouve par le fait en les comparant aux gouvernements anciens. »
 
« Nos gouvernements modernes doivent incontestablement au christianisme leur plus solide autorité et leurs révolutions moins fréquentes ; il les a rendus eux-mêmes moins sanguinaires : cela se prouve par le fait en les comparant aux gouvernements anciens. »
 
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|titre de la contribution=Émile, ou De l'éducation (1762)
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|titre=Œuvres complètes de J.-J. Rousseau
 
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|éditeur=A. Houssiaux
 
|éditeur=A. Houssiaux
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|titre=Œuvres complètes de J.-J. Rousseau
 
|titre=Œuvres complètes de J.-J. Rousseau
 
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|section=livre II
 
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« '''Tout patriote est dur aux étrangers''' : ils ne sont qu’hommes, ils ne sont rien à ses yeux. Cet inconvénient est inévitable, mais il est faible. L’essentiel est d’être bon aux gens avec qui l’on vit. [...] '''Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d’aimer ses voisins'''. »
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« De cela seul qu’'''on mettait Dieu à la tête de chaque société politique, il s’ensuivit qu’il y eut autant de Dieux que de peuples.''' Deux peuples étrangers l’un à l’autre, et presque toujours ennemis, ne purent longtemps reconnaître un même maître : Deux armées se livrant bataille ne sauraient obéir au même chef. '''Ainsi des divisions nationales résulta le polythéisme''', et de là l’intolérance théologique et civile qui naturellement est la même, comme il sera dit ci-après. »
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« [...] '''habiter le territoire, c’est se soumettre à la souveraineté.''' »
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« Quand ceux-ci sont avares, lâches, pusillanimes, plus amoureux du repos que de la liberté, ils ne tiennent pas longtemps contre les efforts redoublés du Gouvernement ; c’est ainsi que la force résistante augmentant sans cesse, l’autorité souveraine s’évanouit à la fin, et que la plupart des cités tombent et périssent avant le temps. »
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« Mais si l’Aristocratie exige quelques vertus de moins que le Gouvernement populaire, elle en exige aussi d’autres qui lui sont propres ; comme la modération dans les riches et le contentement dans les pauvres ; car il semble qu’une égalité rigoureuse y serait déplacée ; elle ne fut pas même observée à Sparte. »
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« Les premières sociétés se gouvernèrent aristocratiquement. Les chefs des familles délibéraient entre eux des affaires publiques ; Les jeunes gens cédaient sans peine à l’autorité de l’expérience. De là les noms de ''Prêtres'', d’''anciens'', de ''Sénat'', de ''Gérontes''. Les sauvages de l’Amérique septentrionale se gouvernent encore ainsi de nos jours, et sont très bien gouvernés.
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Mais à mesure que l’inégalité d’institution l’emporta sur l’inégalité naturelle, la richesse ou la puissance fut préférée à l’âge, et l’Aristocratie devint élective. Enfin, la puissance transmise avec les biens du père aux enfants rendant les familles patriciennes, rendit le Gouvernement héréditaire, et l’on vit des Sénateurs de vingt ans. »
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« Si l’on recherche en quoi consiste précisément le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation, on trouvera qu’il se réduit à ces deux objets principaux : la ''liberté'' et l’''égalité''. La liberté, parce que toute dépendance particulière est autant de force ôtée au corps de l’État ; l’égalité, parce que la liberté ne peut subsister sans elle. »
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« '''J’ai quelque pressentiment qu’un jour cette petite île étonnera l’Europe.''' »
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« '''Pierre avait le génie imitatif''' ; il n’avait pas le vrai génie, celui qui crée et fait tout de rien. Quelques-unes des choses qu’il fit étaient bien, la plupart étaient déplacées. '''Il a vu que son peuple était barbare''', il n’a point vu qu’il n’était pas mûr pour la police ; il l’a voulu civiliser quand il ne fallait que l’aguerrir. '''Il a d’abord voulu faire des Allemands, des Anglais, quand il fallait commencer par faire des Russes''' ; il a empêché ses sujets de jamais devenir ce qu’ils pourraient être, en leur persuadant qu’ils étaient ce qu’ils ne sont pas. »
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« Comme la nature donne à chaque homme un pouvoir absolu sur tous ses membres, le pacte social donne au corps politique un pouvoir absolu sur tous les siens, et c’est ce même pouvoir, qui, dirigé par la volonté générale porte, comme j’ai dit, le nom de souveraineté. »
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« '''Par la même raison que la souveraineté est inaliénable, elle est indivisible.''' Car la volonté est générale, ou elle ne l’est pas ; elle est celle du corps du peuple, ou seulement d’une partie. »
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« Le vrai sens de ce mot s’est presque entièrement effacé chez les modernes ; la plupart prennent une ville pour une Cité et un bourgeois pour un Citoyen. Ils ne savent pas que les maisons font la ville mais que les Citoyens font la Cité. Cette même erreur coûta cher autrefois aux Carthaginois. »
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« '''Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme''' [...]. »
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« On dira que le despote assure à ses sujets la tranquillité civile. Soit ; mais qu’y gagnent-ils, si les guerres que son ambition leur attire, si son insatiable avidité, si les vexations de son ministère les désolent plus que ne feraient leurs dissensions ? Qu’y gagnent-ils, si cette tranquillité même est une de leurs misères ? '''On vit tranquille aussi dans les cachots ; en est-ce assez pour s’y trouver bien ?''' Les Grecs enfermés dans l’antre du Cyclope y vivaient tranquilles, en attendant que leur tour vînt d’être dévorés. »
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« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. De là le droit du plus fort [...]. »
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« L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. »
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« Je me souviens d’avoir été frappé dans mon enfance d’un spectacle assez simple, et dont pourtant l’impression m’est toujours restée, malgré le temps et la diversité des objets. Le régiment de Saint-Gervais avait fait l’exercice et, selon la coutume, on avait soupé par compagnies. La plupart de ceux qui les composaient se rassemblèrent, après le souper, dans la place de Saint-Gervais, et se mirent à danser tous ensemble, officiers et soldats, autour de la fontaine, sur le bassin de laquelle étaient montés les tambours, les fifres, et ceux qui portaient les flambeaux. Une danse de gens égayés par un long repas sembleraient n’offrir rien de fort intéressant à voir ; cependant l’accord de cinq ou six cents hommes en uniformes, se tenant tous par la main, et formant une longue bande qui serpentait en cadence et sans confusion, avec mille tours et retours, mille espèce d’évolutions figurées, le choix des airs qui les animaient, le bruit des tambours, l’éclat des flambeaux, un certain appareil militaire au sein du plaisir, tout cela formait une sensation très vive qu’on ne pouvait supporter de sang-froid. Il était tard, les femmes étaient couchées ; toutes se relevèrent. Bientôt les fenêtres furent plein de spectatrices qui donnaient un nouveau zèle aux acteurs : elles ne purent tenir longtemps à leurs fenêtres, elles descendirent ; les maitresses venaient voir leurs maris, les servantes apportaient du vin ; les enfants, même, éveillés par le bruit, accoururent demi-vêtus entre les pères et les mères. La danse fut suspendue ; ce ne furent qu’embrassements, ris, santés, caresses. Il résulta de tout cela un attendrissement général que je ne saurais peindre, mais que, dans l’allégresse universelle, on éprouve assez naturellement au milieu de tout ce qui nous est cher. Mon père, en m’embrassant, fut saisi d’un tressaillement que je crois sentir et partager encore. '''Jean-Jacques, me disait-il, aime ton pays. Vois-tu ces bons Genevois ? Ils sont tous amis, ils sont tous frères, la joie et la concorde règnent au milieu d’eux. Tu es Genevois ; tu verras un jour d’autres peuples ; mais, quand tu voyagerais autant que ton père, tu ne trouveras jamais leurs pareils.''' »
 
« Je me souviens d’avoir été frappé dans mon enfance d’un spectacle assez simple, et dont pourtant l’impression m’est toujours restée, malgré le temps et la diversité des objets. Le régiment de Saint-Gervais avait fait l’exercice et, selon la coutume, on avait soupé par compagnies. La plupart de ceux qui les composaient se rassemblèrent, après le souper, dans la place de Saint-Gervais, et se mirent à danser tous ensemble, officiers et soldats, autour de la fontaine, sur le bassin de laquelle étaient montés les tambours, les fifres, et ceux qui portaient les flambeaux. Une danse de gens égayés par un long repas sembleraient n’offrir rien de fort intéressant à voir ; cependant l’accord de cinq ou six cents hommes en uniformes, se tenant tous par la main, et formant une longue bande qui serpentait en cadence et sans confusion, avec mille tours et retours, mille espèce d’évolutions figurées, le choix des airs qui les animaient, le bruit des tambours, l’éclat des flambeaux, un certain appareil militaire au sein du plaisir, tout cela formait une sensation très vive qu’on ne pouvait supporter de sang-froid. Il était tard, les femmes étaient couchées ; toutes se relevèrent. Bientôt les fenêtres furent plein de spectatrices qui donnaient un nouveau zèle aux acteurs : elles ne purent tenir longtemps à leurs fenêtres, elles descendirent ; les maitresses venaient voir leurs maris, les servantes apportaient du vin ; les enfants, même, éveillés par le bruit, accoururent demi-vêtus entre les pères et les mères. La danse fut suspendue ; ce ne furent qu’embrassements, ris, santés, caresses. Il résulta de tout cela un attendrissement général que je ne saurais peindre, mais que, dans l’allégresse universelle, on éprouve assez naturellement au milieu de tout ce qui nous est cher. Mon père, en m’embrassant, fut saisi d’un tressaillement que je crois sentir et partager encore. '''Jean-Jacques, me disait-il, aime ton pays. Vois-tu ces bons Genevois ? Ils sont tous amis, ils sont tous frères, la joie et la concorde règnent au milieu d’eux. Tu es Genevois ; tu verras un jour d’autres peuples ; mais, quand tu voyagerais autant que ton père, tu ne trouveras jamais leurs pareils.''' »
  
— Jean-Jacques Rousseau, Lettre à M. d’Alembert, Montmorency, 15 Octobre 1758
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— Jean-Jacques Rousseau, Lettre à M. d’Alembert, Montmorency, 15 octobre 1758
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« Recherchons la première source des désordres de la société, nous trouverons que tous les maux des hommes leur viennent de l’erreur bien plus que de l’ignorance [...]. »
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|auteur=Jean-Jacques Rousseau
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|titre=Réponse à [[Voltaire]]
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|année d'origine=10 septembre 1755
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« C’est une chose extrêmement remarquable que depuis tant d’années que les Européens se tourmentent pour amener les sauvages des diverses contrées du monde à leur manière de vivre, ils n’aient pas pu encore en gagner un seul, non pas même à la faveur du christianisme ; car nos missionnaires en font quelquefois des chrétiens, mais jamais des hommes civilisés. »
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|auteur=Jean-Jacques Rousseau
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|titre=Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes
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« Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : ''Ceci est à moi'', et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne. »
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« [...] '''il est facile de voir que le moral de l’amour est un sentiment factice ; né de l’usage de la société, et célébré par les femmes avec beaucoup d’habileté et de soin pour établir leur empire, et rendre dominant le sexe qui devrait obéir.''' »
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« [...] '''vous qui pouvez laisser au milieu des villes vos funestes acquisitions, vos esprits inquiets, vos cœurs corrompus et vos désirs effrénés, reprenez, puisqu’il dépend de vous, votre antique et première innocence ; allez dans les bois perdre la vue et la mémoire des crimes de vos contemporains et ne craignez point d’avilir votre espèce, en renonçant à ses lumières pour renoncer à ses vices.''' »
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« [...] '''toutes ces grandes choses, savoir, les arts, les sciences et les lois, ont été très sagement inventées par les hommes, comme une peste salutaire pour prévenir l’excessive multiplication de l’espèce''' [...]. »
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« De la société et du luxe qu’elle engendre, naissent les arts libéraux et mécaniques, le commerce, les lettres ; et toutes ces inutilités, qui font fleurir l’industrie, enrichissent et perdent les États. »
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 +
« Qu’on pénètre donc au travers de nos frivoles démonstrations de bienveillance ce qui se passe au fond des cœurs et qu’on réfléchisse à ce que doit être un état de choses où tous les hommes sont forcés de se caresser et de se détruire mutuellement et où ils naissent ennemis par devoir et fourbes par intérêt. »
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« '''Que peut-on penser d’un commerce où la raison de chaque particulier lui dicte des maximes directement contraires à celles que la raison publique prêche au corps de la société et où chacun trouve son compte dans le malheur d’autrui ?''' »
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« [...] l’homme est naturellement bon [...]. »
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« [...] un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? »
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« Le cheval, le chat, le taureau, l’âne même ont la plupart une taille plus haute, tous une constitution plus robuste, plus de vigueur, de force, et de courage dans les forêts que dans nos maisons ; ils perdent la moitié de ces avantages en devenant domestiques, et l’on dirait que tous nos soins à bien traiter et nourrir ces animaux n’aboutissent qu’à les abâtardir. Il en est ainsi de l’homme même : en devenant sociable et esclave, il devient faible, craintif, rampant, et sa manière de vivre molle et efféminée achève d’énerver à la fois sa force et son courage. »
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« Quand on songe à la bonne constitution des sauvages, au moins de ceux que nous n’avons pas perdus avec nos liqueurs fortes, quand on sait qu’ils ne connaissent presque d’autres maladies que les blessures, et la vieillesse, on est très porté à croire qu’on ferait aisément l’histoire des maladies humaines en suivant celle des sociétés civiles. »
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« La nature en use précisément avec eux comme la loi de Sparte avec les enfants des citoyens ; elle rend forts et robustes ceux qui sont bien constitués et fait périr tous les autres ; différente en cela de nos sociétés, où l’État, en rendant les enfants onéreux aux pères, les tue indistinctement avant leur naissance.
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Le corps de l’homme sauvage étant le seul instrument qu’il connaisse, il l’emploie à divers usages, dont, par le défaut d’exercice, les nôtres sont incapables, et c’est notre industrie qui nous ôte la force et l’agilité que la nécessité l’oblige d’acquérir. »
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« ''Les mœurs et les lois sont la seule source du véritable héroïsme.'' »
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« [...] la philosophie de l’âme conduit à la véritable gloire, mais celle-là ne s’apprend point dans les livres. »
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« '''Si l’homme est méchant par sa nature, il est clair que les sciences ne feront que le rendre pire''' [...]. »
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« '''Quand l’agriculture était en honneur, il n’y avait ni misère ni oisiveté, et il y avait beaucoup moins de vices.''' »
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« [...] on n’a jamais vu de peuple, une fois corrompu, revenir à la vertu. En vain vous prétendriez détruire les sources du mal ; en vain vous ôteriez les aliments de la vanité, de l’oisiveté et du luxe ; en vain même vous ramèneriez les hommes à cette première égalité, conservatrice de l’innocence et source de toute vertu : leurs cœurs une fois gâtés le seront toujours ; il n’y a plus de remède, à moins de quelque grande révolution presque aussi à craindre que le mal qu’elle pourrait guérir, et qu’il est blâmable de désirer et impossible de prévoir. »
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« '''Le luxe corrompt tout ; et le riche qui en jouit, et le misérable qui le convoite.''' »
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« La première source du mal est l’inégalité ; de l’inégalité sont venues les richesses ; car ces mots de pauvre et de riche sont relatifs, et partout où les hommes seront égaux, il n’y aura ni riches ni pauvres. Des richesses sont nés le luxe et l’oisiveté ; du luxe sont venus les beaux-arts, et de l’oisiveté les sciences. ''Dans aucun temps les richesses n’ont été l’apanage des savants''. C’est en cela même que le mal est plus grand, les riches et les savants ne servent qu’à se corrompre mutuellement. »
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« [...] '''ces puériles subtilités de la scolastique avec lesquelles, sous prétexte d’éclaircir les principes de la religion, on en anéantit l’esprit en substituant l’orgueil scientifique à l’humilité chrétienne. [...] nous sommes tous devenus docteurs, et nous avons cessé d’être chrétiens.''' »
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« [...] '''le progrès des sciences et des arts n’a rien ajouté à notre véritable félicité ; [...] il a corrompu nos mœurs, et [...] a porté atteinte à la pureté du goût''' [...]. »
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« '''Nous avons des physiciens, des géomètres, des chimistes, des astronomes, des poètes, des musiciens, des peintres ; nous n’avons plus de citoyens ; ou, s’il nous en reste encore, dispersés dans nos campagnes abandonnées, ils y périssent indigents et méprisés.''' Tel est l’état où sont réduits, tels sont les sentiments qu’obtiennent de nous ceux qui nous donnent du pain, et qui donnent du lait à nos enfants. »
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« [...] l’étude des sciences est bien plus propre à amollir et efféminer les courages qu’à les affermir et les animer. »
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« [...] '''la dissolution des mœurs, suite nécessaire du luxe, entraîne à son tour la corruption du goût.''' »
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« Les anciens politiques parlaient sans cesse de mœurs et de vertu ; les nôtres ne parlent que de commerce et d’argent. »
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« [...] '''Rome se remplit de philosophes et d’orateurs ; on négligea la discipline militaire, on méprisa l’agriculture, on embrassa des sectes, et l’on oublia la patrie.''' »
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« [...] '''la dépravation réelle, et nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection.''' »
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 +
« [...] '''cette douceur de caractère et cette urbanité de mœurs qui rendent parmi vous le commerce si liant et si facile ; en un mot, les apparences de toutes les vertus sans en avoir aucune.''' »
 +
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|auteur=Jean-Jacques Rousseau
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|titre=Discours sur les sciences et les arts
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|page=31}}
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== Citations sur Jean-Jacques Rousseau ==
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 +
« Rousseau a remis sur ses pieds ce qui marchait la tête en bas. Il a renvoyé dos à dos la pensée de la théocratie monarchiste et du positivisme des Lumières. Cette dé-construction lui a permis la synthèse, c’est-à-dire de reprendre les fondamentaux de la pensée en une unité de la conscience [...]. »
 +
{{Réf Livre
 +
|auteur=[[Michel Clouscard]]
 +
|titre=Critique du libéralisme libertaire
 +
|année d'origine=1986
 +
|éditeur=Delga
 +
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 +
|ISBN=9782915854015
 +
|page=349-350}}
 +
 
 +
« Les premiers accords de la symphonie contre-révolutionnaire sont audibles dans la prose de Rousseau. »
 +
 
 +
— [[Nicolás Gómez Dávila]], ''Escolios a un texto implícito'', éd. Villegas Editores, 2006 (ISBN 9789588156705)
  
== Citationes de Jean-Jacques Rousseau ==
 
  
« '''[[Jean-Jacques Rousseau]], l'un de vos maîtres, a inventé la théorie absurde du contrat social. Il l'avait fondée sur une conception optimiste et candide de l’homme naturellement bon et sans péché, hypothèse exactement contraire à tout ce qu’enseignent tant la religion que la science.''' Toutes les unités organiques y étaient décomposées, la société humaine y était atomisée, et la reconstitution de la société et de l’État était fonction d’une somme mécanique des atomes. Bien plus : l’homme même, cessant d’être une individualité organique, originale et à la destinée unique, devenait un atome. Ainsi l’on fait d’abord dépendre l’État de l’arbitraire de l’homme, puis l’on fait dépendre l’homme de celui de l’État. Il y a là une contradiction dévastatrice. L’identification de l’État et de la société qu’affirme la théorie du contrat social et de la souveraineté du peuple conduit à un despotisme total. »
+
« [[Jean-Jacques Rousseau]], l’un de vos maîtres, a inventé la théorie absurde du contrat social. Il l’avait fondée sur une conception optimiste et candide de l’homme naturellement bon et sans péché, hypothèse exactement contraire à tout ce qu’enseignent tant la religion que la science. Toutes les unités organiques y étaient décomposées, la société humaine y était atomisée, et la reconstitution de la société et de l’État était fonction d’une somme mécanique des atomes. Bien plus : l’homme même, cessant d’être une individualité organique, originale et à la destinée unique, devenait un atome. Ainsi l’on fait d’abord dépendre l’État de l’arbitraire de l’homme, puis l’on fait dépendre l’homme de celui de l’État. Il y a là une contradiction dévastatrice. L’identification de l’État et de la société qu’affirme la théorie du contrat social et de la souveraineté du peuple conduit à un despotisme total. »
 
{{Réf Livre
 
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|auteur=[[Nicolas Berdiaev]]
 
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|traducteur=Anne et Constantin Andronikof
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« '''Quand, par malheur, en suivant l’école de Rousseau et de tous les républicains français ses adeptes, on se sert indifféremment des mots gouvernement et société, on décide implicitement, d’avance, sans examen, que l’État peut et doit absorber l’activité privée tout entière, la liberté, la responsabilité individuelles''' ; on décide que tous les services privés doivent être convertis en services publics ; on décide que l’ordre social est un fait contingent et conventionnel auquel la loi donne l’existence ; on décide l’omnipotence du législateur et la déchéance de l’humanité. »
+
« Quand, par malheur, en suivant l’école de Rousseau et de tous les républicains français ses adeptes, on se sert indifféremment des mots gouvernement et société, on décide implicitement, d’avance, sans examen, que l’État peut et doit absorber l’activité privée tout entière, la liberté, la responsabilité individuelles ; on décide que tous les services privés doivent être convertis en services publics ; on décide que l’ordre social est un fait contingent et conventionnel auquel la loi donne l’existence ; on décide l’omnipotence du législateur et la déchéance de l’humanité. »
 
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Citations

« L’amour de l’humanité donne beaucoup de vertus, comme la douceur, l’équité, la modération, l’indulgence ; mais il n’inspire point le courage ni la fermeté, etc. et ne leur donne point cette énergie qu’elles reçoivent de l’amour de la patrie qui les élève jusqu’à l’héroïsme. »

— Jean-Jacques Rousseau, « Fragments politiques », dans Œuvres complètes, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1964, t. III, p. 536


« [...] qu’un bon système économique ne soit pas un système de finance et d’argent. »

— Jean-Jacques Rousseau, Considérations sur le gouvernement de Pologne (1782, posthume), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2011 (ISBN 9782081275249), p. 223-224


« Le meilleur mobile d’un gouvernement est l’amour de la patrie, et cet amour se cultive avec les champs. »

— Jean-Jacques Rousseau, Projet de constitution pour la Corse (1765), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2011 (ISBN 9782081275249), p. 150


« Monseigneur, je suis Chrétien, et sincèrement Chrétien, selon la doctrine de l’Evangile. Je suis Chrétien, non comme un disciple des Prêtres, mais comme un disciple de Jésus-Christ. »

— Jean-Jacques Rousseau, Lettre à Christophe de Beaumont, 1er janvier 1763


« Les Français d’aujourd’hui ne sont plus ces grands corps blonds et blancs d’autrefois ; les Grecs ne sont plus ces beaux hommes faits pour servir de modèles à l’art ; la figure des Romains eux-mêmes a changé de caractère, ainsi que leur naturel ; les Persans, originaires de Tartarie, perdent chaque jour de leur laideur primitive par le mélange du sang circassien ; les Européens ne sont plus Gaulois, Germains, Ibériens, Allobroges ; ils ne sont tous que des Scythes diversement dégénérés quant à la figure, et encore plus quant aux mœurs. »

— Jean-Jacques Rousseau, « Émile, ou De l’éducation (1762) », dans Œuvres complètes de J.-J. Rousseau, éd. A. Houssiaux, 1852-1853, t. II, livre V, p. 702


« Nos gouvernements modernes doivent incontestablement au christianisme leur plus solide autorité et leurs révolutions moins fréquentes ; il les a rendus eux-mêmes moins sanguinaires : cela se prouve par le fait en les comparant aux gouvernements anciens. »

— Jean-Jacques Rousseau, « Émile, ou De l’éducation (1762) », dans Œuvres complètes de J.-J. Rousseau, éd. A. Houssiaux, 1852-1853, t. II, livre IV, p. 601


« Mais où Jésus avait-il pris chez les siens cette morale élevée et pure dont lui seul a donné les leçons et l’exemple ? Du sein du plus furieux fanatisme la plus haute sagesse se fit entendre ; et la simplicité des plus héroïques vertus honora le plus vil de tous les peuples. La mort de Socrate, philosophant tranquillement avec ses amis, est la plus douce qu’on puisse désirer ; celle de Jésus expirant dans les tourments, injurié, raillé, maudit de tout un peuple, est la plus horrible qu’on puisse craindre. Socrate prenant la coupe empoisonnée bénit celui qui la lui présente et qui pleure ; Jésus, au milieu d’un supplice affreux, prie pour ses bourreaux acharnés. Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu. »

— Jean-Jacques Rousseau, « Émile, ou De l’éducation (1762) », dans Œuvres complètes de J.-J. Rousseau, éd. A. Houssiaux, 1852-1853, t. II, livre IV, p. 597


« Il n’y a point d’assujettissement si parfait que celui qui garde l’apparence de la liberté ; on captive ainsi la volonté même. »

— Jean-Jacques Rousseau, « Émile, ou De l'éducation (1762) », dans Œuvres complètes de J.-J. Rousseau, éd. A. Houssiaux, 1852-1853, t. II, livre II, p. 460


« Tout patriote est dur aux étrangers : ils ne sont qu’hommes, ils ne sont rien à ses yeux. Cet inconvénient est inévitable, mais il est faible. L’essentiel est d’être bon aux gens avec qui l’on vit. [...] Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d’aimer ses voisins. »

— Jean-Jacques Rousseau, « Émile, ou De l’éducation (1762) », dans Œuvres complètes de J.-J. Rousseau, éd. A. Houssiaux, 1852-1853, t. II, livre I, p. 401


« De cela seul qu’on mettait Dieu à la tête de chaque société politique, il s’ensuivit qu’il y eut autant de Dieux que de peuples. Deux peuples étrangers l’un à l’autre, et presque toujours ennemis, ne purent longtemps reconnaître un même maître : Deux armées se livrant bataille ne sauraient obéir au même chef. Ainsi des divisions nationales résulta le polythéisme, et de là l’intolérance théologique et civile qui naturellement est la même, comme il sera dit ci-après. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 169


« [...] habiter le territoire, c’est se soumettre à la souveraineté. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 147


« Quand ceux-ci sont avares, lâches, pusillanimes, plus amoureux du repos que de la liberté, ils ne tiennent pas longtemps contre les efforts redoublés du Gouvernement ; c’est ainsi que la force résistante augmentant sans cesse, l’autorité souveraine s’évanouit à la fin, et que la plupart des cités tombent et périssent avant le temps. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 132


« Mais si l’Aristocratie exige quelques vertus de moins que le Gouvernement populaire, elle en exige aussi d’autres qui lui sont propres ; comme la modération dans les riches et le contentement dans les pauvres ; car il semble qu’une égalité rigoureuse y serait déplacée ; elle ne fut pas même observée à Sparte. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 109


« Les premières sociétés se gouvernèrent aristocratiquement. Les chefs des familles délibéraient entre eux des affaires publiques ; Les jeunes gens cédaient sans peine à l’autorité de l’expérience. De là les noms de Prêtres, d’anciens, de Sénat, de Gérontes. Les sauvages de l’Amérique septentrionale se gouvernent encore ainsi de nos jours, et sont très bien gouvernés.

Mais à mesure que l’inégalité d’institution l’emporta sur l’inégalité naturelle, la richesse ou la puissance fut préférée à l’âge, et l’Aristocratie devint élective. Enfin, la puissance transmise avec les biens du père aux enfants rendant les familles patriciennes, rendit le Gouvernement héréditaire, et l’on vit des Sénateurs de vingt ans. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 108


« Si l’on recherche en quoi consiste précisément le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation, on trouvera qu’il se réduit à ces deux objets principaux : la liberté et l’égalité. La liberté, parce que toute dépendance particulière est autant de force ôtée au corps de l’État ; l’égalité, parce que la liberté ne peut subsister sans elle. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 91


« J’ai quelque pressentiment qu’un jour cette petite île étonnera l’Europe. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 91


« Pierre avait le génie imitatif ; il n’avait pas le vrai génie, celui qui crée et fait tout de rien. Quelques-unes des choses qu’il fit étaient bien, la plupart étaient déplacées. Il a vu que son peuple était barbare, il n’a point vu qu’il n’était pas mûr pour la police ; il l’a voulu civiliser quand il ne fallait que l’aguerrir. Il a d’abord voulu faire des Allemands, des Anglais, quand il fallait commencer par faire des Russes ; il a empêché ses sujets de jamais devenir ce qu’ils pourraient être, en leur persuadant qu’ils étaient ce qu’ils ne sont pas. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 85


« Comme la nature donne à chaque homme un pouvoir absolu sur tous ses membres, le pacte social donne au corps politique un pouvoir absolu sur tous les siens, et c’est ce même pouvoir, qui, dirigé par la volonté générale porte, comme j’ai dit, le nom de souveraineté. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 70


« Par la même raison que la souveraineté est inaliénable, elle est indivisible. Car la volonté est générale, ou elle ne l’est pas ; elle est celle du corps du peuple, ou seulement d’une partie. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 66


« Le vrai sens de ce mot s’est presque entièrement effacé chez les modernes ; la plupart prennent une ville pour une Cité et un bourgeois pour un Citoyen. Ils ne savent pas que les maisons font la ville mais que les Citoyens font la Cité. Cette même erreur coûta cher autrefois aux Carthaginois. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 57


« Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme [...]. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 51


« On dira que le despote assure à ses sujets la tranquillité civile. Soit ; mais qu’y gagnent-ils, si les guerres que son ambition leur attire, si son insatiable avidité, si les vexations de son ministère les désolent plus que ne feraient leurs dissensions ? Qu’y gagnent-ils, si cette tranquillité même est une de leurs misères ? On vit tranquille aussi dans les cachots ; en est-ce assez pour s’y trouver bien ? Les Grecs enfermés dans l’antre du Cyclope y vivaient tranquilles, en attendant que leur tour vînt d’être dévorés. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 50


« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. De là le droit du plus fort [...]. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 49


« L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. »

— Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2001 (ISBN 9782080710581), p. 46


« Je me souviens d’avoir été frappé dans mon enfance d’un spectacle assez simple, et dont pourtant l’impression m’est toujours restée, malgré le temps et la diversité des objets. Le régiment de Saint-Gervais avait fait l’exercice et, selon la coutume, on avait soupé par compagnies. La plupart de ceux qui les composaient se rassemblèrent, après le souper, dans la place de Saint-Gervais, et se mirent à danser tous ensemble, officiers et soldats, autour de la fontaine, sur le bassin de laquelle étaient montés les tambours, les fifres, et ceux qui portaient les flambeaux. Une danse de gens égayés par un long repas sembleraient n’offrir rien de fort intéressant à voir ; cependant l’accord de cinq ou six cents hommes en uniformes, se tenant tous par la main, et formant une longue bande qui serpentait en cadence et sans confusion, avec mille tours et retours, mille espèce d’évolutions figurées, le choix des airs qui les animaient, le bruit des tambours, l’éclat des flambeaux, un certain appareil militaire au sein du plaisir, tout cela formait une sensation très vive qu’on ne pouvait supporter de sang-froid. Il était tard, les femmes étaient couchées ; toutes se relevèrent. Bientôt les fenêtres furent plein de spectatrices qui donnaient un nouveau zèle aux acteurs : elles ne purent tenir longtemps à leurs fenêtres, elles descendirent ; les maitresses venaient voir leurs maris, les servantes apportaient du vin ; les enfants, même, éveillés par le bruit, accoururent demi-vêtus entre les pères et les mères. La danse fut suspendue ; ce ne furent qu’embrassements, ris, santés, caresses. Il résulta de tout cela un attendrissement général que je ne saurais peindre, mais que, dans l’allégresse universelle, on éprouve assez naturellement au milieu de tout ce qui nous est cher. Mon père, en m’embrassant, fut saisi d’un tressaillement que je crois sentir et partager encore. Jean-Jacques, me disait-il, aime ton pays. Vois-tu ces bons Genevois ? Ils sont tous amis, ils sont tous frères, la joie et la concorde règnent au milieu d’eux. Tu es Genevois ; tu verras un jour d’autres peuples ; mais, quand tu voyagerais autant que ton père, tu ne trouveras jamais leurs pareils. »

— Jean-Jacques Rousseau, Lettre à M. d’Alembert, Montmorency, 15 octobre 1758


« Recherchons la première source des désordres de la société, nous trouverons que tous les maux des hommes leur viennent de l’erreur bien plus que de l’ignorance [...]. »

— Jean-Jacques Rousseau, Réponse à Voltaire (10 septembre 1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 64


« C’est une chose extrêmement remarquable que depuis tant d’années que les Européens se tourmentent pour amener les sauvages des diverses contrées du monde à leur manière de vivre, ils n’aient pas pu encore en gagner un seul, non pas même à la faveur du christianisme ; car nos missionnaires en font quelquefois des chrétiens, mais jamais des hommes civilisés. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 229


« Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 222


« [...] il est facile de voir que le moral de l’amour est un sentiment factice ; né de l’usage de la société, et célébré par les femmes avec beaucoup d’habileté et de soin pour établir leur empire, et rendre dominant le sexe qui devrait obéir. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 216


« [...] vous qui pouvez laisser au milieu des villes vos funestes acquisitions, vos esprits inquiets, vos cœurs corrompus et vos désirs effrénés, reprenez, puisqu’il dépend de vous, votre antique et première innocence ; allez dans les bois perdre la vue et la mémoire des crimes de vos contemporains et ne craignez point d’avilir votre espèce, en renonçant à ses lumières pour renoncer à ses vices. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 188


« [...] toutes ces grandes choses, savoir, les arts, les sciences et les lois, ont été très sagement inventées par les hommes, comme une peste salutaire pour prévenir l’excessive multiplication de l’espèce [...]. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 188


« De la société et du luxe qu’elle engendre, naissent les arts libéraux et mécaniques, le commerce, les lettres ; et toutes ces inutilités, qui font fleurir l’industrie, enrichissent et perdent les États. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 187


« Qu’on pénètre donc au travers de nos frivoles démonstrations de bienveillance ce qui se passe au fond des cœurs et qu’on réfléchisse à ce que doit être un état de choses où tous les hommes sont forcés de se caresser et de se détruire mutuellement et où ils naissent ennemis par devoir et fourbes par intérêt. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 185


« Que peut-on penser d’un commerce où la raison de chaque particulier lui dicte des maximes directement contraires à celles que la raison publique prêche au corps de la société et où chacun trouve son compte dans le malheur d’autrui ? »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 184


« [...] l’homme est naturellement bon [...]. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 184


« [...] un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 182


« Le cheval, le chat, le taureau, l’âne même ont la plupart une taille plus haute, tous une constitution plus robuste, plus de vigueur, de force, et de courage dans les forêts que dans nos maisons ; ils perdent la moitié de ces avantages en devenant domestiques, et l’on dirait que tous nos soins à bien traiter et nourrir ces animaux n’aboutissent qu’à les abâtardir. Il en est ainsi de l’homme même : en devenant sociable et esclave, il devient faible, craintif, rampant, et sa manière de vivre molle et efféminée achève d’énerver à la fois sa force et son courage. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 180-181


« Quand on songe à la bonne constitution des sauvages, au moins de ceux que nous n’avons pas perdus avec nos liqueurs fortes, quand on sait qu’ils ne connaissent presque d’autres maladies que les blessures, et la vieillesse, on est très porté à croire qu’on ferait aisément l’histoire des maladies humaines en suivant celle des sociétés civiles. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 180


« La nature en use précisément avec eux comme la loi de Sparte avec les enfants des citoyens ; elle rend forts et robustes ceux qui sont bien constitués et fait périr tous les autres ; différente en cela de nos sociétés, où l’État, en rendant les enfants onéreux aux pères, les tue indistinctement avant leur naissance.

Le corps de l’homme sauvage étant le seul instrument qu’il connaisse, il l’emploie à divers usages, dont, par le défaut d’exercice, les nôtres sont incapables, et c’est notre industrie qui nous ôte la force et l’agilité que la nécessité l’oblige d’acquérir. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 174


« Les mœurs et les lois sont la seule source du véritable héroïsme. »

— Jean-Jacques Rousseau, Réponse à M. Bordes (1752), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 110


« [...] la philosophie de l’âme conduit à la véritable gloire, mais celle-là ne s’apprend point dans les livres. »

— Jean-Jacques Rousseau, Réponse à M. Bordes (1752), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 110


« Si l’homme est méchant par sa nature, il est clair que les sciences ne feront que le rendre pire [...]. »

— Jean-Jacques Rousseau, Réponse à M. Bordes (1752), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 108


« Quand l’agriculture était en honneur, il n’y avait ni misère ni oisiveté, et il y avait beaucoup moins de vices. »

— Jean-Jacques Rousseau, Réponse à M. Bordes (1752), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 108


« [...] on n’a jamais vu de peuple, une fois corrompu, revenir à la vertu. En vain vous prétendriez détruire les sources du mal ; en vain vous ôteriez les aliments de la vanité, de l’oisiveté et du luxe ; en vain même vous ramèneriez les hommes à cette première égalité, conservatrice de l’innocence et source de toute vertu : leurs cœurs une fois gâtés le seront toujours ; il n’y a plus de remède, à moins de quelque grande révolution presque aussi à craindre que le mal qu’elle pourrait guérir, et qu’il est blâmable de désirer et impossible de prévoir. »

— Jean-Jacques Rousseau, Réponse au roi de Pologne, duc de Lorraine (1751), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 94


« Le luxe corrompt tout ; et le riche qui en jouit, et le misérable qui le convoite. »

— Jean-Jacques Rousseau, Réponse au roi de Pologne, duc de Lorraine (1751), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 88


« La première source du mal est l’inégalité ; de l’inégalité sont venues les richesses ; car ces mots de pauvre et de riche sont relatifs, et partout où les hommes seront égaux, il n’y aura ni riches ni pauvres. Des richesses sont nés le luxe et l’oisiveté ; du luxe sont venus les beaux-arts, et de l’oisiveté les sciences. Dans aucun temps les richesses n’ont été l’apanage des savants. C’est en cela même que le mal est plus grand, les riches et les savants ne servent qu’à se corrompre mutuellement. »

— Jean-Jacques Rousseau, Réponse au roi de Pologne, duc de Lorraine (1751), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 87


« [...] ces puériles subtilités de la scolastique avec lesquelles, sous prétexte d’éclaircir les principes de la religion, on en anéantit l’esprit en substituant l’orgueil scientifique à l’humilité chrétienne. [...] nous sommes tous devenus docteurs, et nous avons cessé d’être chrétiens. »

— Jean-Jacques Rousseau, Réponse au roi de Pologne, duc de Lorraine (1751), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 80-85


« [...] le progrès des sciences et des arts n’a rien ajouté à notre véritable félicité ; [...] il a corrompu nos mœurs, et [...] a porté atteinte à la pureté du goût [...]. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts (1750), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 53


« Nous avons des physiciens, des géomètres, des chimistes, des astronomes, des poètes, des musiciens, des peintres ; nous n’avons plus de citoyens ; ou, s’il nous en reste encore, dispersés dans nos campagnes abandonnées, ils y périssent indigents et méprisés. Tel est l’état où sont réduits, tels sont les sentiments qu’obtiennent de nous ceux qui nous donnent du pain, et qui donnent du lait à nos enfants. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts (1750), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 50


« [...] l’étude des sciences est bien plus propre à amollir et efféminer les courages qu’à les affermir et les animer. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts (1750), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 47


« [...] la dissolution des mœurs, suite nécessaire du luxe, entraîne à son tour la corruption du goût. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts (1750), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 45


« Les anciens politiques parlaient sans cesse de mœurs et de vertu ; les nôtres ne parlent que de commerce et d’argent. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts (1750), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 44


« [...] Rome se remplit de philosophes et d’orateurs ; on négligea la discipline militaire, on méprisa l’agriculture, on embrassa des sectes, et l’on oublia la patrie. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts (1750), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 38


« [...] la dépravation réelle, et nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts (1750), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 34


« [...] cette douceur de caractère et cette urbanité de mœurs qui rendent parmi vous le commerce si liant et si facile ; en un mot, les apparences de toutes les vertus sans en avoir aucune. »

— Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts (1750), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080702432), p. 31


Citations sur Jean-Jacques Rousseau

« Rousseau a remis sur ses pieds ce qui marchait la tête en bas. Il a renvoyé dos à dos la pensée de la théocratie monarchiste et du positivisme des Lumières. Cette dé-construction lui a permis la synthèse, c’est-à-dire de reprendre les fondamentaux de la pensée en une unité de la conscience [...]. »

Michel Clouscard, Critique du libéralisme libertaire (1986), éd. Delga, 2013 (ISBN 9782915854015), p. 349-350


« Les premiers accords de la symphonie contre-révolutionnaire sont audibles dans la prose de Rousseau. »

Nicolás Gómez Dávila, Escolios a un texto implícito, éd. Villegas Editores, 2006 (ISBN 9789588156705)


« Jean-Jacques Rousseau, l’un de vos maîtres, a inventé la théorie absurde du contrat social. Il l’avait fondée sur une conception optimiste et candide de l’homme naturellement bon et sans péché, hypothèse exactement contraire à tout ce qu’enseignent tant la religion que la science. Toutes les unités organiques y étaient décomposées, la société humaine y était atomisée, et la reconstitution de la société et de l’État était fonction d’une somme mécanique des atomes. Bien plus : l’homme même, cessant d’être une individualité organique, originale et à la destinée unique, devenait un atome. Ainsi l’on fait d’abord dépendre l’État de l’arbitraire de l’homme, puis l’on fait dépendre l’homme de celui de l’État. Il y a là une contradiction dévastatrice. L’identification de l’État et de la société qu’affirme la théorie du contrat social et de la souveraineté du peuple conduit à un despotisme total. »

Nicolas Berdiaev, De l’inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L’Âge d’Homme, coll. « Sophia », 2008 (ISBN 9782825138601), p. 60


« Quand, par malheur, en suivant l’école de Rousseau et de tous les républicains français ses adeptes, on se sert indifféremment des mots gouvernement et société, on décide implicitement, d’avance, sans examen, que l’État peut et doit absorber l’activité privée tout entière, la liberté, la responsabilité individuelles ; on décide que tous les services privés doivent être convertis en services publics ; on décide que l’ordre social est un fait contingent et conventionnel auquel la loi donne l’existence ; on décide l’omnipotence du législateur et la déchéance de l’humanité. »

Frédéric Bastiat, « Harmonies Économiques (1850) » (1850), dans L’Etat, c’est toi !, éd. L’Arche, coll. « Tête-à-tête », 2004, p. 81


Bibliographie

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