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Liberty

« Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. »

Liberalism

« Il est évident que l'âge du libre capitalisme touche à sa fin et qu'un pays après l'autre est en train d'adopter une économie centralisée que l'on peut appeler socialisme ou capitalisme d'État, comme on veut. Dans ce système, la liberté économique de l'individu et dans une large mesure sa liberté tout court - liberté d'agir, de choisir son travail, de circuler - disparaissent. ce n'est que tout récemment que l'on a commencé à entrevoir les implications de ce phénomène. Précédemment on n'avait jamais imaginé que la disparition de la liberté économique pourrait affecter la liberté intellectuelle. On pensait d'ordinaire que le socialisme était une sorte de libéralisme augmenté d'une morale. L'État allait prendre votre vie économique en charge et vous libérerait de la crainte de la pauvreté, du chômage, etc, mais il n'aurait nul besoin de s'immiscer dans votre vie intellectuelle privée. Maintenant la preuve a été faite que ces vues étaient fausses. »

Truth

"Speaking the Truth in times of universal deceit is a revolutionary act."

« En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire. »

« Ils ne se révolteront que lorsqu'ils seront devenus conscients et ils ne pourront devenir conscients qu'après s'être révoltés. »

  • George Orwell, 1984 (1949), trad. Amélie Audiberti, éd. Gallimard, coll. Folio, 1972 (ISBN 9782070368228), p. 105

« Si tous les autres acceptaient le mensonge imposée par le Parti — si tous les rapports racontaient la même chose —, le mensonge passait dans l'histoire et devenait vérité. "Celui qui a le contrôle du passé, disait le slogan du Parti, a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé." »

  • George Orwell, 1984 (1949), trad. Amélie Audiberti, éd. Gallimard, coll. Folio, 1972 (ISBN 9782070368228), p. 54

"Everything faded into mist. The past was erased, the erasure was forgotten, the lie became truth. Just once in his life he had possessed — after the event: that was what counted — concrete, unmistakable evidence of an act of falsification. He had held it between his fingers for as long as thirty seconds.

And if all others accepted the lie which the Party imposed-if all records told the same tale-then the lie passed into history and became truth. 'Who controls the past' ran the Party slogan, 'controls the future: who controls the present controls the past.

Day by day and almost minute by minute the past was brought up to date. In this way every prediction made by the Party could be shown by documentary evidence to have been correct; nor was any item of news, or any expression of opinion, which conflicted with the needs of the moment, ever allowed to remain on record. All history was a palimpsest, scraped clean and reinscribed exactly as often as was necessary."

Socialism

"So much of left-wing thought is a kind of playing with fire by people who don't even know that fire is hot."

"All animals are equal, but some animals are more equal than others."

« Tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d'autres. »
  • George Orwell, La Ferme des animaux (1945), trad. Jean Quéval, éd. Gallimard, coll. Folio, 1984 (ISBN 9782070375165), chap. 10, p. 144

Politics

"The old civilizations claimed that they were founded on love or justice. Ours is founded upon hatred. In our world there will be no emotions except fear, rage, triumph, and self-abasement. Everything else we shall destroy everything. Already we are breaking down the habits of thought which have survived from before the Revolution. We have cut the links between child and parent, and between man and man, and between man and woman. No one dares trust a wife or a child or a friend any longer. But in the future there will be no wives and no friends. Children will be taken from their mothers at birth, as one takes eggs from a hen. The sex instinct will be eradicated. Procreation will be an annual formality like the renewal of a ration card. We shall abolish the orgasm. Our neurologists are at work upon it now. There will be no loyalty, except loyalty towards the Party. There will be no love, except the love of Big Brother. There will be no laughter, except the laugh of triumph over a defeated enemy. There will be no art, no literature, no science. When we are omnipotent we shall have no more need of science. There will be no distinction between beauty and ugliness. There will be no curiosity, no enjoyment of the process of life. All competing pleasures will be destroyed. But always -- do not forget this, Winston -- always there will be the intoxication of power, constantly increasing and constantly growing subtler. Always, at every moment, there will be the thrill of victory, the sensation of trampling on an enemy who is helpless. If you want a picture of the future, imagine a boot stamping on a human face — for ever."

George Orwell.jpg

Monarchism

"[I]t is even probably true - that patriotism is an inoculation against nationalism, that monarchy is a guard against dictatorship, and that organized religion is a guard against superstition."

Culture

« Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n'y aura plus de mots pour l'exprimer. Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera rigoureusement délimité. Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliés. Déjà, dans la onzième édition, nous ne sommes plus loin de ce résultat, mais le processus continuera encore longtemps après que vous et moi nous serons morts. Chaque année, de moins en moins de mots, et le champ de la conscience de plus en plus restreint. Il n'y a plus, dès maintenant, c'est certain, d'excuse ou de raison au crime par la pensée. C'est simplement une question de discipline personnelle, de maîtrise de soi-même. Mais même cette discipline sera inutile en fin de compte. La Révolution sera complète quand le langage sera parfait. [...]

Vous est-il jamais arrivé de penser, Winston, qu'en 2050, au plus tard, il n'y aura plus un seul être humain vivant capable de comprendre une conversation comme celle que nous tenons maintenant ? [...]

Vers 2050, plus tôt probablement, toute la connaissance de l'ancienne langue aura disparu. Toute la littérature du passé aura été détruite. Chaucer, Shakespeare, Milton, Byron n'existeront plus qu'en version novlangue. Ils ne seront pas changés simplement en quelque chose de différent, ils seront changés en quelque chose qui sera le contraire de ce qu'ils étaient jusque-là. Même la littérature du Parti changera. Même les slogans changeront. Comment pourrait-il y avoir une devise comme La liberté c'est l'esclavage alors que le concept même de liberté aura été aboli ? Le climat total de la pensée sera autre. En fait, il n'y aura pas de pensée telle que nous la comprenons maintenant. »

"The present political chaos is connected with the decay of language."

Race

« [J]e vendais quelques effets personnels, que je sortais discrètement de l’hôtel, enveloppés dans de petits paquets, et que je portais à un fripier de la rue de la Montagne Sainte-Geneviève. L’homme était un Juif aux cheveux roux, un homme extraordinairement désagréable, qui entrait parfois dans de violentes colères à la seule à la seule vue d’un client comme si celui-ci l’insultait en pénétrant dans son échoppe. « Merde ! s’écriait-il. Encore vous ? Vous me prenez pour qui ? Pour le fourneau économique ? » Et il offrait des prix dérisoires. Pour un chapeau que j’avais payé vingt-cinq shillings et à peine porté, il m’accorda cinq francs. Pour une bonne paire de chaussures, cinq francs encore. Pour des chemises, un franc la pièce. Il préférait échanger qu’acheter et avait mis au point un truc qui consistait à vous fourrer entre les mains un quelconque article sans valeur et à faire ensuite comme si vous aviez accepté l’objet en paiement. Je l’ai vu un jour prendre un très bon par-dessus à une vieille femme, lui coller dans la main deux boules de billard et la pousser vivement vers la porte sans lui laisser le temps de protester. C’eût été un véritable plaisir que d’aplatir le nez de ce Juif – pour quelqu’un, en tout cas, qui se fût trouvé en situation de le faire. »

  • George Orwell, Dans la dèche à Paris et à Londres, traduction Michel Pétris, p. 25

Certains jours, Boris paraissait avoir touché le fond. Il restait avachi dans son lit, refoulant les sanglots qui lui montaient à la gorge pour vouer aux cent mille diables le Juif dont il partageait la chambre. Depuis quelque temps, ce Juif se faisait prier pour verser les deux francs quotidiens et, pire, affichait un air protecteur de plus en plus intolérable. À en croire Boris, un Anglais comme moi ne pouvait pas concevoir le supplice que cela représentait pour un Russe de bonne famille de se trouver à la merci d’un Juif.

« Un Juif, mon ami, un véritable Juif ! Et qui n’a même pas la pudeur de se voiler la face ! Quand je pense que moi, ancien capitaine du tsar... T’ai-je dit, mon ami, que j’étais capitaine au 2e tirailleurs sibériens ? Oui, capitaine, et mon père était colonel. Et voilà où j’en suis, à manger le pain d’un Juif-Un Juif... Je vais te dire comment sont les Juifs. Un jour – c’était dans les premiers mois de la guerre, nous étions en campagne – nous nous arrêtons dans un village pour y passer la nuit. Un Juif horrible, un vieux Juif avec une barbe rousse de Judas Iscariote arrive à se faufiler jusqu’à mon cantonnement. Je lui demande ce qu’il veut.

— Excellence, me dit-il, je vous ai amené une jeune fille, une très belle jeune fille, pas plus de dix-sept ans.

— Merci, je lui réponds, je n’ai pas envie d’attraper des maladies.

— Des maladies ! s’écrie le Juif. Mais monsieur le capitaine, vous n’avez aucune crainte à avoir, c’est ma propre fille ! Voilà le caractère juif.

T’ai-je déjà dit, mon ami, que dans l’armée du tsar il était très mal vu de cracher sur un Juif ? Car l’on considérait que la salive d’un officier russe était chose trop précieuse pour être gaspillée sur cette race... », etc.

  • George Orwell, Dans la dèche à Paris et à Londres, traduction Michel Pétris, p. 59

Miscellaneous

"England is perhaps the only great country whose intellectuals are ashamed of their own nationality. In left-wing circles it is always felt that there is something slightly disgraceful in being an Englishman and that it is a duty to snigger at every English institution, from horse racing to suet puddings. It is a strange fact, but it is unquestionably true that almost any English intellectual would feel more ashamed of standing to attention during God save the King than of stealing from a poor box."

  • George Orwell, The Lion and the Unicorn (1941), Part I : England Your England

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