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Citationes

« Se vider de sa fausse divinité, se nier soi-même, renoncer à être en imagination le centre du monde, discerner tous les points du monde comme étant des centres au même titre et le véritable centre comme étant hors du monde, c’est consentir au règne de la nécessité mécanique dans la matière et du libre choix au centre de chaque âme. Ce consentement est amour. La face de cet amour tournée vers les personnes pensantes est charité du prochain ; la face tournée vers la matière est amour de l’ordre du monde, ou, ce qui est la même chose, amour de la beauté du monde. »

  • Simone Weil, Attente de Dieu (1942), éd. Seuil, colI. Livre de vie, 1977, pp. 148-149

« Ce qui permet de contempler la nécessité et de l’aimer, c’est la beauté du monde. Sans la beauté ce ne serait pas possible. »

« Dans la beauté du monde la nécessité brute devient objet d’amour. Rien n’est beau comme la pesanteur dans les plis fugitifs des ondulations de la mer ou les plis presque éternels des montagnes. La mer n’est pas moins belle à nos yeux parce que parfois des bateaux sombrent. Elle en est plus belle au contraire. Si elle modifiait le mouvement de ses vagues pour épargner un bateau, elle serait un être doué de discernement et de choix, non pas ce fluide parfaitement obéissant à toutes les pressions extérieures. C’est cette parfaite obéissance qui est sa beauté. »

  • Simone Weil, Attente de Dieu (1942), éd. Seuil, colI. Livre de vie, 1977, p. 112

« L’art est une tentative pour transporter dans une quantité finie de matière modelée par l’homme une image de la beauté infinie de l’univers entier. Si la tentative est réussie, cette portion de matière ne doit pas cacher l’univers, mais au contraire en révéler la réalité tout autour. »

  • Simone Weil, Attente de Dieu (1942), éd. Seuil, colI. Livre de vie, 1977, p. 159

« Quand on écoute du Bach ou une mélodie grégorienne, toutes les facultés de l'âme se tendent et se taisent, pour appréhender cette chose parfaitement belle, chacune à sa façon. L'intelligence entre autres : elle n'y trouve rien à affirmer et à nier, mais elle s'en nourrit.

La foi ne doit-elle pas être adhésion de cette espèce ?

On dégrade les mystères de la foi en en faisant un objet d'affirmation ou de négation, alors qu'ils doivent être un objet de contemplation. »

  • Simone Weil, La Pesanteur et la Grâce (1942), éd. Plon, coll. Agora, 1988 (ISBN 9782266045964), p. 208

« Comme il y a des milieux de culture pour certains animaux microscopiques, des terrains indispensables pour certaines plantes, de même il y a une certaine partie de l'âme en chacun et certaines manières de penser et d'agir circulant des uns aux autres qui ne peuvent exister que dans le milieu national et disparaissent quand le pays est détruit. »

« Qui est déraciné déracine, qui est enraciné ne déracine pas. »

« Le problème d'une méthode pour insuffler une inspiration à un peuple est tout neuf. [...] Il est fâcheux pour nous que ce problème, sur lequel, sauf erreur, il n'y a rien qui puisse nous guider, soit précisément le problème que nous avons aujourd'hui à résoudre de toute urgence, sous peine non pas tant de disparaître que de n'avoir jamais existé. »

« La chair n’est pas ce qui nous éloigne de Dieu, elle est le voile que nous mettons devant nous, pour faire écran entre Dieu et nous. » [La chair, n’est pas, en elle-même, "antispirituelle", mais "le voile" peut devenir un obturateur ou même un mur.]

« L'obéissance à un homme dont l'autorité n'est pas illuminée de légitimité, c'est un cauchemar. »

« - Je n'aime pas beaucoup entendre des gens parfaitement confortables ici, traiter de lâches et de traîtres ceux qui, en France, se débrouillent comme ils peuvent dans une situation terrible [...] Je crois que Pétain a fait à peu près tout ce que la situation générale et son propre état physique et mental lui permettaient de faire pour limiter les dégats. »

  • Simone Weil, New York, 1942, lettre au professeur Jean Walh, Cahiers Simone Weil, mars 1987

« Le mot de révolution est un mot pour lequel on tue, pour lequel on meurt, pour lequel on envoie les masses populaires à la mort, mais qui n'a aucun contenu. »

  • Simone Weil, Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale (1934), éd. Gallimard, coll. Folio essais, 1955, p. 39

« Le marxisme est tout à fait une religion, au sens le plus impur de ce mot. Il a notamment en commun avec toutes les formes intérieures de vie religieuse le fait d’avoir été continuellement utilisé, selon la parole si juste de Marx, comme l’opium du peuple. »

« Quand je pense que les grands chefs bolcheviks prétendaient créer une classe ouvrière libre et qu’aucun d’eux, Trotski sûrement pas, Lénine je ne crois pas non plus, n’avait sans doute mis le pied dans une usine et par suite n’avait la plus faible idée des conditions réelles qui déterminent la servitude ou la liberté des ouvriers, la politique m’apparaît comme une sinistre rigolade. »

« Un homme qui serait seul dans l’univers n’aurait aucun droit, mais seulement des obligations. »

  • Simone Weil, L’Enracinement (1943), éd. Gallimard, 1949

« La seule chose qui puisse faire de la légitimité pure, idée absolument dépourvue de force, quelque chose de souverain, c’est la pensée : cela a toujours été, cela sera toujours. C’est pourquoi une réforme doit toujours apparaître, soit comme retour à un passé qu’on avait laissé dégrader, soit comme adaptation d’une institution à des conditions nouvelles, adaptation ayant pour objet non pas un changement, mais au contraire le maintien d’un rapport invariant, comme si l’on a le rapport 12 sur 4 et que 4 devienne 5, le vrai conservateur n'est pas celui qui veut 12 sur 5, mais celui qui de 12 fait 15. »

« Le malheur rend Dieu absent pendant un temps, plus absent qu'un mort, plus absent que la lumière dans un cachot complètement ténébreux. Une sorte d'horreur submerge toute l'âme. Pendant cette absence il n'y a rien à aimer. Ce qui est terrible, c'est que si, dans ces ténèbres où il n'y a rien à aimer, l'âme cesse d'aimer, l'absence de Dieu devient définitive. Il faut que l'âme continue à aimer à vide, ou du moins à vouloir aimer, fût-ce avec une partie infinitésimale d'elle-même. Alors un jour Dieu vient se montrer lui-même à elle et lui révéler la beauté du monde, comme ce fut le cas pour Job. Mais si l'âme cesse d'aimer, elle tombe dès ici-bas dans quelque chose de presque équivalent à l'enfer. »

  • Simone Weil, Attente de Dieu (1942), éd. Seuil, colI. Livre de vie, 1977, p. 81

Bibliographia

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