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Citationes

« “Populisme” sert à désigner ce que veut le peuple, sans l’aide des intellectuels de gauche pour le définir. »

— « Roger Scruton: «En France, l’intellectuel de gauche est un prêtre sans Dieu» », Eugénie Bastié, Le Figaro, 12 mars 2019 (lire en ligne)


« Il faut introduire dans le cerveau des français l’idée que l’État n’est qu’une association de bureaucrates qui ne s’occupent, à la fin, que de leurs intérêts à eux. Ce sont les initiatives civiles qui comptent. »

— « Entretien avec Roger Scruton. Au royaume du conservatisme », Thomas Hennetier, Éléments, nº 163, décembre 2016


« La laideur vient d’un désir de profanation. Avec la perte des rites de passages et de la culture religieuse, les hommes sont perdus. Ils commencent alors à vouloir se venger des anciens idéaux qui les ont trahis. »

— « Entretien avec Roger Scruton. Au royaume du conservatisme », Thomas Hennetier, Éléments, nº 163, décembre 2016


“Conservatism starts from a sentiment that all mature people can readily share: the sentiment that good things are easily destroyed, but not easily created. This is especially true of the good things that come to us as collective assets: peace, freedom, law, civility, public spirit, the security of property and family life, in all of which we depend on the cooperation of others while having no means singlehandedly to obtain it. In respect of such things, the work of destruction is quick, easy and exhilarating; the work of creation is slow, laborious and dull. That is one of the lessons of the twentieth century. It is also one reason why conservatives suffer such a disadvantage when it comes to public opinion. Their position is true but boring, that of their opponents exciting but false.

Because of this rhetorical disadvantage, conservatives often present their case in the language of mourning.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. viii-ix
« Le point de départ du conservatisme est ce sentiment que toutes les personnes d’âge mûr partagent sans mal : le sentiment que les choses bonnes peuvent être aisément détruites, mais non aisément créées. C’est particulièrement vrai de ce qui se présente à nous comme des biens collectifs : la paix, la liberté, le droit, la civilité, l’esprit public, la protection de la propriété, la famille, tous domaines où nous dépendons de la coopération des autres tout en n’ayant aucun moyen de l’obtenir sans leur aide. Concernant ces biens, l’œuvre de destruction est rapide, aisée et exaltante ; l’œuvre de création lente, laborieuse et maussade. C’est une des leçons du XXe siècle. C’est aussi une raison pour laquelle les conservateurs subissent un tel désavantage quand il s’agit de l’opinion publique. Leur position est vraie mais ennuyeuse ; celle de leurs adversaires enthousiasmante mais fausse.
En raison de cet inconvénient rhétorique, les conservateurs défendent souvent leur cause dans la langue du deuil. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 15-16


Take any aspect of the Western inheritance of which our ancestors were proud, and you will find university courses devoted to deconstructing it. Take any positive feature of our political and cultural inheritance, and you will find concerted efforts in both the media and the academy to place it in quotation marks, and make it look like an imposture or a deceit. And there is an important segment of political opinion on the left that seeks to endorse these critiques and to convert them into policies.

It is to this ‘culture of repudiation’, as I call it, that we should attribute the recent attacks on the nation state and the national idea. But conservatism is a culture of affirmation. It is about the things we value and the things we wish to defend.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 40
« Prenez n’importe quel aspect de l’héritage occidental dont nos ancêtres étaient fiers, et vous trouverez des cours, à l’université, consacrés à sa déconstruction. Prenez n’importe quel caractère positif de notre héritage politique et culturel, et vous trouverez des efforts concertés, à la fois dans les médias et l’université, pour le placer entre guillemets et lui donner l’air d’une imposture ou d’une supercherie. Or un important segment de l’opinion politique, à gauche, cherche à promouvoir ces critiques et à les transformer en actions politiques.
C’est à cette “culture de la répudiation”, comme je la nomme, que nous devrions attribuer les récentes attaques contre l’État-nation et l’idée nationale. Le conservatisme est quant à lui une culture de l’affirmation. Il concerne ce à quoi nous accordons de la valeur et que nous souhaitons défendre. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L'Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 73


“It is not an arbitrary cultural imperialism that leads us to value Greek philosophy and literature, the Hebrew Bible, Roman law, and the medieval epics and romances, and to teach these things in our schools. They are ours, in just the way that the legal order and the political institutions are ours: they form part of what made us, and convey the message that it is right to be what we are.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 91
« Ce n’est pas un impérialisme culturel arbitraire qui nous conduit à apprécier la philosophie et la littérature grecques, la Bible hébraïque, le droit romain et les épopées et romans d'amour médiévaux, et de les enseigner dans nos écoles. Ils sont nôtres, exactement de la même façon que l’ordre juridique et les institutions politiques sont les nôtres : ils font partie de ce que nous a faits, et portent le message que nous avons raison d’être ce que nous sommes. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 148


“But the relentless desire to erase the sacred face persists almost every city now has its equivalent of Paris’s Centre Pompidou, implanting a facetious playground among vistas of order and grace. From that centre of start, for a new kind of city — the city of unbelief, in which meanings will be openly satirized in mirror glass. All across Asia and the Middle East we see the building of this new kind of city — a city without corners, without shadows, without secrets. We Europeans resist the disease as best we can, knowing that the loss of the city will be a loss too far. And we are surely right: for we are fighting for the home that we love against those who profit from destroying it.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 178
« Mais le désir inlassable d’effacer le sacré persiste : presque chaque ville a sa version du Centre Pompidou parisien, une aire de jeu facétieuse implantée au milieu d’un panorama d’ordre et de grâce. Depuis ce centre de profanation irradie l’appel du Corbusier à la démolition totale, à un nouveau départ, à une nouvelle forme de ville, la ville de l’incroyance où le sens sera ouvertement tourné en dérision dans le miroir. Partout en Asie et au Moyen-Orient, nous assistons à l’érection de cette nouvelle forme de ville, sans recoins, sans ombres, sans secrets. Nous Européens résistons à cette maladie du mieux que nous pouvons, sachant que la perte de la ville sera la perte de trop. Et nous avons sûrement raison : car nous nous battons pour le foyer que nous aimons, contre ceux qui profitent de sa destruction. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 273


We tell ourselves comforting stories about the innocence of former times, and cherish the ambition to curl up in the past — but a doctored past, from which the grim bits have been carefully excised. And then, when we wake up, we mourn the loss of a dream.

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 173
« Nous nous racontons à nous-mêmes des histoires réconfortantes sur l’innocence des temps anciens, et caressons l’ambition de nous pelotonner dans le passé — un passé enjolivé, dont la grisaille a été ôtée avec précaution. Alors, quand nous nous réveillons, nous pleurons la perte d’un rêve. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 265


“From time to time, egalitarians have sought to make the public schools illegal, so that all education is subsumed by the state. But the wiser among them have recognized that this will not change things very much. If you compel all children to attend state schools, then wealthier parents will compensate through private tuition, through reading at home, and through all the advantages that parents naturally and defiantly pass on to their children out of love. Plato’s solution was to regard children as property of the state, to be raised in collective farms under the rule of impartial guardians. But there is a resilience in parental affection that defeats all attempts to extinguish it, and the middle classes will always manage to pass on their advantages, as they did under communism [...].”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 122-123
« Plusieurs fois dans le passé, les égalitaristes ont cherché à faire interdire les écoles privées, de sorte que l’éducation soit assumée entièrement par l’État. Mais les plus sages d’entre eux ont reconnu que cela ne changerait pas grand-chose. Si l’on oblige tous les enfants à fréquenter les écoles publiques, les parents contrebalanceront cette obligation par des cours particuliers, des séances de lecture à la maison et tous les avantages que les parents transmettent naturellement et jalousement à leurs enfants par amour. La solution de Platon était de considérer les enfants comme des biens de l’État, à élever dans des fermes collectives sous la direction de gardiens impartiaux. Mais la résilience de l’affection parentale vainc toutes les tentatives de l’éteindre, et les classes moyennes réussissent toujours à transmettre leurs avantages, comme elles l’ont fait sous le communisme [...]. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 193
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National sovereignty is a precondition of democracy. And national sovereignty involves the right to determine who resides within the national borders, who controls the nation’s assets, and who is entitled to the advantages of citizenship. It presupposes a ’we’ from which our bargaining begins and whose interests that bargaining serves.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 111
« La souveraineté nationale est une condition préalable à la démocratie. Et la démocratie nationale implique le droit de déterminer qui réside à l’intérieur des frontières nationales, qui contrôle les biens de la nation et qui peut prétendre aux avantages de la citoyenneté. Elle présuppose un “nous” d’où commencent nos relations, et dont les intérêts sont servis par ces relations. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 175-176


“To put the point in another way, the Enlightenment displaced theology from the heart of the curriculum, in order to put the disinterested pursuit of truth in place of it. Within a very short time, however, we find the university dominated by theology of another kind — a godless theology, to be sure, but one no less insistent upon unquestioning submission to doctrine, and no less ardent in its pursuit of heretics, sceptics and debunkers. People are no longer burned at the stake for their views: they simply fail to get tenure, or, if they are students, they flunk the course. But the effect is similar, namely to reinforce an orthodoxy in which nobody really believes.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 88-89
« Pour le dire autrement, les Lumières ont ôté la théologie du cœur de la culture et de l’enseignement, afin d’y mettre à la place la poursuite désintéressée de la vérité. En un temps très court, cependant, l’université s’est trouvée dominée par une théologie d’une autre sorte — une théologie sans dieu, pour sûr, mais qui n’est pas moins insistante sur la nécessité de ne pas remettre en question la soumission à la doctrine, ni moins ardente dans sa poursuite des hérétiques, des sceptiques et des iconoclastes. On ne brûle plus les gens pour leurs opinions : on leur refuse simplement des postes de professeur, ou, si ce sont des étudiants, il ratent leurs examens. Mais l’effet est le même, à savoir renforcer une orthodoxie en laquelle personne ne croit véritablement. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 145


“When the French Revolutionaries burst onto the stage of world politics it was with the declaration that henceforth it is not the sovereign, or the law, or the deity that will command the allegiance of the citizen, but the nation. The Abbé Sieyès, in his inflammatory pamphlet, What is the Third Estate? of 1789, expressed the point succinctly. ’The nation is prior to everything. It is the source of everything. Its will is always legal ... The manner in which a nation exercises its will does not matter; the point is that it does exercise it; any procedure is adequate, and its will is always the supreme law.’ Twenty years and two million deaths later, when the will of the French nation had been spread across Europe by Napoleon’s conquests, it was clear that a wholly new conception of political life had entered the consciousness of Europe. All across the continent, nationalist movements were calling people to arms against local monarchs and imperial settlements, rallying them in the name of fictitious ideas of race and kinship, championing one language against another and one way of life against its neighbour, and in general unsettling whatever remained to be unsettled after the mess that Napoleon had made.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 31
« Lorsque les révolutionnaires français firent irruption sur la scène politique mondiale, ce fut en déclarant que, dorénavant, l’allégeance du citoyen ne serait plus ordonnée par le souverain, la loi ou la divinité, mais par la nation. L’abbé Sieyès, dans son pamphlet incendiaire de 1789 Qu’est-ce que le tiers-État ?, en donna l’argument succinctement : “La nation existe avant tout, elle est à l’origine de tout. Sa volonté est toujours légale [...]. De quelque manière qu’une nation veuille, il suffit qu’elle veuille ; toutes les formes sont bonnes, et sa volonté est toujours la loi suprême.”
Vingt ans et deux millions de morts plus tard, lorsque la volonté de la nation française eut été répandue à travers l’Europe par les conquêtes de Napoléon, il était clair qu’une conception entièrement nouvelle de la vie politique avait pénétré la conscience européenne. Partout sur le continent, les mouvements nationalistes en appelaient aux hommes pour qu’ils s’arment contre les rois locaux et les régimes impériaux, les ralliant au nom des idées fictives de la race et de la parenté, prenant la défense d’une langue contre une autre et d’une culture contre celle du voisin, et en général perturbant tout ce qui pouvait encore l’être après le désordre causé par Napoléon. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 60-61
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“But was the reaction against nationalism right? To put my answer in a nutshell: nationalism, as an ideology, is dangerous in just the way that ideologies are dangerous. It occupies the space vacated by religion, and in doing so excites the true believer both to worship the national idea and to seek in it for what it cannot provide — the ultimate purpose of live, the way to redemption and the consolation for all our woes.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 32
« Mais la réaction contre le nationnalisme était-elle justifée ? Pour le dire en un mot : le nationalisme, comme idéologie, est aussi dangereux que le sont les autres idéologies. Il occupe la place laissée vacante par la religion et, ce faisant, il pousse le croyant à vénérer l’idée nationale tout en y cherchant ce qu’elle ne peut pas fournir — la finalité ultime de la vie, le chemin de la rédemption et la consolation de tous nos malheurs. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 61


“Those defects are serious enough. However, it seems to me that the real perversion of socialism is not to be found in the topsy-turvy economic theories that fascinated Marx, nor in the theories of social justice proposed by thinkers like John Rawls. The real perversion is a peculiar fallacy that sees life in society as one in which every success is someone else’s failure. According to this fallacy, all gains are paid for by the losers. Society is a zero-sum game, in which costs benefits balance out, and in which the winners’ winning causes the losers’ loss. [...]

It seems to me that this zero-sum fallacy underlies the widespread belief that equality and justice are the same idea [...].”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 46
« Ces imperfections sont déjà suffisamment graves. Cependant, il me semble que la véritable perversion du socialisme ne réside pas dans les théories économiques sans dessus dessous qui fascinaient Marx, ni dans celles de la justice sociale proposées par des penseurs comme John Rawls. Sa véritable perversion est celle d’une erreur particulière, selon laquelle la vie en société est faite de telle sorte que le succès des uns implique l’échec des autres. Selon cette erreur, les gains des uns se paient des pertes des autres. La société est un jeu à somme nulle, où les coûts et les profits s’équilibrent et la victoire des gagnants cause la perte des perdants. [...]
Il me semble que cette erreur de la somme nulle sous-tend la croyance répandue que l’égalité et la justice sont une seule et même idée [...]. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 82


“The ’down with us’ mentality is devoted to rooting out old and unsustainable loyalties. And when the old loyalties die, so does the old form of membership. Enlightenment, which seems to lead of its own accord to a culture of repudiation, thereby destroys enlightenment, by undermining the certainties on which citizenship is founded. This is what we have witnessed in the intellectual life of the West.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 83
« “À bas notre culture” : cette mentalité se consacre à déraciner des loyautés considérées comme vieilles et intenables. Lorsque meurent les anciennes loyautés, l’ancienne forme d’appartenance fait de même. Ainsi les Lumières, qui semblent mener de leur propre chef à une culture de la répudiation, détruisent les Lumières, en portant atteinte aux certitudes sur lesquelles se fonde la citoyenneté. C’est ce que nous avons observé dans la vie intellectuelle de l’Ouest. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 136


“As I remarked, in the wake of the Second World War the political elite in the defeated nations became sceptical towards the nation state. The European Union arose from the belief that the European wars had been caused by national sentiment, and that what is needed is a new, trans-national form of government, which will unite people around their shared interest in peaceful coexistence. Unfortunately, people don’t identify themselves in that way. There is no first-person plural of which the European institutions are the political expression. The Union is founded in a treaty, and treaties derive their authority from the entities that sign them. Those entities are the nation states of Europe from which the loyalties of the European people derive. The Union, which has set out to transcend those loyalties, therefore suffers from a permanent crisis of legitimacy.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 35
« Comme je l’ai noté, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’élite politique des nations défaites devint sceptique vis-à-vis de l’État-nation. L’UE naquit de la croyance que les guerres européennes avaient été causées par le sentiment national et que l’on avait besoin d’une forme nouvelle et transnationale de gouvernement, qui unirait les hommes autour de leur intérêt commun pour la coexistence pacifique. Malheureusement, ce n’est pas ainsi que les peuples conçoivent leur identité. Il n’y a pas de première personne du pluriel dont les institutions européennes seraient l’expression politique. L’Union est fondée sur un traité et les traités tirent leur autorité des entités qui les signent. Ces entités sont les États-nations d’Europe, dont émane la loyauté des peuples européens. L’Union, qui a entrepris de transcender cette loyauté, souffre par conséquent d’une crise permanent de légitimité. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 66


We should perhaps be more amazed that we are that, 200 years after Hume and Kant demolished the claims of Christian theology, we can enter a village church anywhere in Europe and still watch people whose daily lives are conducted under a blazing secular sun, as they nurture their God in the darkness. The Enlightenment has been with us for two or three centuries, but so too has been the resistance to it.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 177
« Peut-être devrions-nous nous étonner davantage que deux cents ans après la démolition par Hume et Kant des prétentions de la théologie chrétienne, nous puissions toujours entrer dans une église de village partout en Europe et y trouver des hommes adorant leur Dieu dans l’obscurité — alors même que leur vie quotidienne se déroule sous un soleil séculier. Les Lumières sont présentes depuis deux ou trois siècles, mais il en est tout autant de la résistance à leur endroit. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 271-272


“My argument has implied that the virtues of the Western democracies are inseparable from the secular rule of law, and that secular law is inherently territorial. Only such a law can accommodate differences of religion, lifestyle and ethnicity under a shared form of civil obedience. Hence we are committed to the nation state, and the continuing attempt by trans-national bodies to confiscate the legislative powers of sovereign nations must be resisted. Some say that, in the case of Europe, this is a lost cause. But that is only because our political class has refused to act on the opportunities available, seeing the advantages to itself in the ability to pass all difficult questions to a committe of unaccountable bureaucrats, housed in some spectral tower of glass in the dispossessed city of Brussels.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 165-166
« Mon propos, jusqu’ici, implique que les vertus des démocraties occidentales sont inséparables de l’état de droit séculier, et que le droit séculier est intrinsèquement territorial. Un tel droit est le seul à pouvoir faire vivre ensemble des différences de religion, de style de vie et d’ethnicité sous une forme commune d’obéissance civile. C’est pourquoi nous sommes attachés à l’État-nation, et résistons à la tentative continue des entités transnationales de confisquer les pouvoirs législatifs des nations souveraines. Pour certains ce serait, dans le cas de l’Europe, une cause perdue. Mais c’est seulement parce que notre classe politique a refusé de se saisir des opportunités possibles, voyant quels avantages elle pouvait tirer de la capacité à transférer toutes les questions difficiles à un comité de bureaucrates irresponsables, logés dans quelque tour de verre spectrale de Bruxelles, cette ville déracinée. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 254
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“Those who believe that social order should place constraints on the market are therefore right. But in a true spontaneous order the constraints are already there, in the form of customs, laws and morals. If those good things decay, then there is no way, according to Hayek, that legislation can replace them. For they arise spontaneously or not at all, and the imposition of legislative edicts for the ’good society’ may threaten what remains of the accumulated wisdom that makes such a society possible. [...]

In other words, legal order arose spontaneously, and not through a rational plan, just as the economic order did. We should not be surprised therefore if British conservative thinkers — notably Hume, Smith, Burke and Oakeshott — have tended to see no tension between a defence of the free market and a traditionalist vision of social order. For they have put their faith in the spontaneous limits placed on the market by the moral consensus of the community and have seen both the market and the constraints as the work of the same invisible hand. Maybe that moral consensus is now breaking down. But the breakdown is in part the result of state interference, and certainly unlikely to be cured by it.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 56-57
« Ceux qui estiment que l’ordre social devrait imposer des contraintes au marché ont donc raison. Mais dans un ordre réellement spontané, ces contraintes sont déjà présentes, sous la forme de coutumes, de lois et de morale. Si ces bonnes choses déclinent, selon Hayek, la législation ne peut en aucune façon les remplacer. Car elles émergent de façon spontanée ou n’émergent pas, et l’imposition de lois en vue d’une “société bonne” peut menacer ce qui reste de la sagesse accumulée qui rend cette société possible. [...]
En d’autres termes, l’ordre juridique est né spontanément, et non selon un plan rationnel, comme ce fut le cas de l’ordre économique. Nous ne devrions pas être surpris, par conséquent, que les penseurs conservateurs de notre pays — en particulier Hume, Smith, Burke et Oakeshott — aient eu tendance à ne pas voir de contradiction entre la défense du marché et une vision traditionaliste de l’ordre social. Car ils avaient foi dans les limites spontanées apposées au marché par le consensus moral de la communauté et voyaient aussi bien dans le marché dans les contraintes à son endroit l’œuvre de la même main invisible. Peut-être ce consensus moral s’effondre-t-il aujourd’hui. Mais cet effondrement est en partie le résultat de l’intervention de l’État ; il y a donc peu de chances que l’État puisse y remédier. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 98-99


“Such a political order is founded neither on duty nor contract but on fun. The citizens are all part of a single fun machine, like the citizens of Huxley’s Brave New World. Their affection are short-lived and pleasure-soaked; the tragic spirit has sunk entirely below their horizon; and loyalty to the state is purchased by the constant provision of soma. Conversation in such a world is a matter of smiles and snapshots, of brief excitements and squeals of delight. Some think that Western societies are approaching this condition, as consumption takes over from reproduction to become the high point of the human drama.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 131
« Un tel ordre politique n’est fondé ni sur le devoir ni sur le contrat mais sur le divertissement. Les citoyens font tous partie d’une seule machine à divertissement, pareils aux citoyens du Meilleur des mondes de Huxley. Leurs affections sont de courte durée et gorgées de plaisir ; l’esprit tragique a entièrement disparu de leur horizon ; leur loyauté est achetée par l’État au prix d’une drogue euphorisante. La conversation, dans un tel monde, est une question de sourires et d’instantanés, de brèves excitations et de cris de délice. Certains pensent que les sociétés occidentales se rapprochent de cette condition, car la consommation a pris la place de la reproduction comme point culminant du drame humain. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 205-206
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“One Christian response is to say simply that the state can define marriage as it will, can confer whatever legal privileges on whatever couples it should single out for its protection, but that this has no bearing on the reality, which is a matter of metaphysics, not convention. Marriage, in this view, is a sacrament, and can be neither made nor unmade by the state. Nothing, therefore, is changed by the new legal order. [...]

That response is understandable, but also short-sighted. In our secular society, the state has perforce assumed many of the functions for religion. [...]

The whole history of marriage since the state assumed the right to create it has been a history of unsettlement.

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 143-145
« Une réponse, chrétienne, est de dire simplement que l’État peut définir le mariage comme bon lui semble, peut conférer n’importe quels privilèges juridiques à n’importe quels couples qu’il choisit de distinguer pour leur offrir sa protection, mais que cela n’a pas de portée sur la réalité, qui est une question de métaphysique, non de convention. Le mariage, dans cette perspective, est un sacrement, et ne peut être ni fait ni défait par l’État. Rien, par conséquent, n’est modifié par le nouvel ordre juridique. [...]
Dans notre société séculière, l’État a pris en charge, inévitablement, bien des fonctions de la religion. [...]
Toute l’histoire du mariage, depuis que l’État a assumé le droit de le créer, est une histoire de déracinement. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 222-224


“The de-skilling of society has come about in part because the educational system has changed in response to the supply rather than the demand for its product. The growth of junk degrees and phony expertise has been amplified by the availability of state funding for those who can claim a rent on the educational process. The victims of this are the students, seduced into thinking that a degree in media, or a degree in peace studies a way to rectify the world. There is a great need throughout the Western world for a freer system of higher education, which offers students qualifications that will be useful to them, and in which teachers have to prove their expertise.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 147-148
« La déqualification de la société s’est produite en partie parce que le système éducatif a changé en réponse à l’offre plutôt qu’à la demande de son produit. La croissance des diplômes de pacotille et de l’expertise charlatanesque a été amplifiée par la disponibilité du financement public pour les rentiers de l’éducation. Les victimes en sont les étudiants, séduits par la pensée d’un diplôme en sociologie des médias permet de travailler dans les médias, ou qu’un diplôme en “peace studies” de corriger le monde. Le besoin est immense, dans le monde occidental, d’un système d’enseignement supérieur plus libre, qui offre aux étudiants des qualifications qui leur seront utiles, et où les enseignants doivent faire la preuve de leur expertise. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 228


There is a great hunger for beauty in our world, and it is a hunger that popular art often fails to recognize and much serious art defies.

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 161
« Notre monde a grand faim de beauté — une faim que l’art populaire échoue souvent à reconnaître et que l’art sérieux le plus souvent défie. »
— Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 248
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