Différences entre les versions de « Nicolas Berdiaev »

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« Le sens du conservatisme consiste non pas à faire obstacle au progrès et à l’élévation, mais à s’opposer à la régression et à la descente vers la nuit du chaos […]. »
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*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev Nicolas Berdiaev], ''De l'inégalité'' (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 98
  
 
« [...] la destruction de tout hiérarchisme est aussi celle de la personne, car celle-ci est liée à celui-là. Seule la hiérarchie permet des individualités de qualités diverses. »
 
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« Les expériences d'un paradis sur la terre ont toujours abouti à un enfer [...]. »
 
« Les expériences d'un paradis sur la terre ont toujours abouti à un enfer [...]. »
 
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev Nicolas Berdiaev], ''De l'inégalité'' (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 30
 
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev Nicolas Berdiaev], ''De l'inégalité'' (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 30
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« Votre unité abstraite et négative de l’humanité anéantit tous les degrés hiérarchiques de celle-ci pour en faire une abstraction. Or, dans l’unité concrète de tous, il ne peut y avoir de contradiction entre la nation et l’humanité. Toutes les nations s’y affirment et y atteignent leur puissance et leur épanouissement. Dans votre unité abstraite de l’humanité, en revanche, l’être des nations est supprimé ; il n’y a pas plus d’humanité dans et par les nations qu’il n’y a de nation dans et par l’humanité. Celle-ci devient une abstraction de tous les niveaux de l’être individuel concret. Dans l’universalité, la nation et l’humanité sont indissolublement membres de la hiérarchie cosmique où l’une suppose l’autre. Dans l’internationalisme, elles s’excluent mutuellement pour disparaître toutes deux en fin de compte. La notion abstraite de l’homme ou d’une classe vient remplacer la réalité et une humanité abstraite, détachée de tout ce qui est organique, vivant et individuel, est substituée à l’humanité concrète. L’internationalisme est opposé non seulement au nationalisme, mais encore à l’universalité, à l’unité positive de tous ; il est mû par l’esprit du néant, qui détruit le réel en imaginant des fantômes. »
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*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev Nicolas Berdiaev], ''De l'inégalité'' (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 79
  
 
« Jean-Jacques Rousseau, l'un de vos maîtres, a inventé la théorie absurde du contrat social. Il l'avait fondée sur une conception optimiste et candide de l’homme naturellement bon et sans péché, hypothèse exactement contraire à tout ce qu’enseignent tant la religion que la science. Toutes les unités organiques y étaient décomposées, la société humaine y était atomisée, et la reconstitution de la société et de l’État était fonction d’une somme mécanique des atomes. Bien plus : '''l’homme même, cessant d’être une individualité organique, originale et à la destinée unique, devenait un atome. Ainsi l’on fait d’abord dépendre l’État de l’arbitraire de l’homme, puis l’on fait dépendre l’homme de celui de l’État. Il y a là une contradiction dévastatrice. L’identification de l’État et de la société qu’affirme la théorie du contrat social et de la souveraineté du peuple conduit à un despotisme total.''' »
 
« Jean-Jacques Rousseau, l'un de vos maîtres, a inventé la théorie absurde du contrat social. Il l'avait fondée sur une conception optimiste et candide de l’homme naturellement bon et sans péché, hypothèse exactement contraire à tout ce qu’enseignent tant la religion que la science. Toutes les unités organiques y étaient décomposées, la société humaine y était atomisée, et la reconstitution de la société et de l’État était fonction d’une somme mécanique des atomes. Bien plus : '''l’homme même, cessant d’être une individualité organique, originale et à la destinée unique, devenait un atome. Ainsi l’on fait d’abord dépendre l’État de l’arbitraire de l’homme, puis l’on fait dépendre l’homme de celui de l’État. Il y a là une contradiction dévastatrice. L’identification de l’État et de la société qu’affirme la théorie du contrat social et de la souveraineté du peuple conduit à un despotisme total.''' »
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« L’histoire n’est pas encore terminée. Son dynamisme ne faiblit point, il se renforce. Le monde ne se rapproche pas de la prospérité ici-bas, du paradis sur terre, de l’idylle de la paix éternelle. Tout nous force à penser que le monde va vers un conflit terrible, vers des heurts toujours recommencés des forces historiques, vers de nouvelles épreuves de la virilité de l’esprit, de sa trempe chevaleresque. La surface de la planète n’est pas encore organisée. Bien des problèmes historiques attendent leur solution. Il est impossible de résoudre pacifiquement la question de l’Orient. Et vous, vous voudriez rendre les peuples intérieurement impuissants à la veille d’une lutte sans merci, alors que les forces de leur esprit vont être soumises à de terribles épreuves. La négation démocratique et socialiste de la guerre est un désarmement très astucieux des peuples chrétiens et des vieilles armées, afin de former la nouvelle armées internationale du royaume terrestre. L’esprit socialiste de l’internationalisme supplante l’esprit chrétien d’universalité. Le christianisme désire lui aussi la paix dans le monde entier et la fraternité des peuples. Il veut néanmoins que ce soit une paix authentique, intérieure, et une fraternité véritable. Dans son monde et au sein de sa fraternité véritable, le mal sera vaincu. Dans les vôtres, le mal reste à jamais invaincu. Votre pacifisme est une négation du mal, la volonté de l’ignorer et de s’en accommoder comme s’il n’existait pas. Aussi n’atteindrez-vous jamais ni la fraternité mondiale ni la paix éternelle. Et votre pacifisme détruit définitivement les principes chevaleresques, ceux de la lutte active et virile contre le mal. »
 
« L’histoire n’est pas encore terminée. Son dynamisme ne faiblit point, il se renforce. Le monde ne se rapproche pas de la prospérité ici-bas, du paradis sur terre, de l’idylle de la paix éternelle. Tout nous force à penser que le monde va vers un conflit terrible, vers des heurts toujours recommencés des forces historiques, vers de nouvelles épreuves de la virilité de l’esprit, de sa trempe chevaleresque. La surface de la planète n’est pas encore organisée. Bien des problèmes historiques attendent leur solution. Il est impossible de résoudre pacifiquement la question de l’Orient. Et vous, vous voudriez rendre les peuples intérieurement impuissants à la veille d’une lutte sans merci, alors que les forces de leur esprit vont être soumises à de terribles épreuves. La négation démocratique et socialiste de la guerre est un désarmement très astucieux des peuples chrétiens et des vieilles armées, afin de former la nouvelle armées internationale du royaume terrestre. L’esprit socialiste de l’internationalisme supplante l’esprit chrétien d’universalité. Le christianisme désire lui aussi la paix dans le monde entier et la fraternité des peuples. Il veut néanmoins que ce soit une paix authentique, intérieure, et une fraternité véritable. Dans son monde et au sein de sa fraternité véritable, le mal sera vaincu. Dans les vôtres, le mal reste à jamais invaincu. Votre pacifisme est une négation du mal, la volonté de l’ignorer et de s’en accommoder comme s’il n’existait pas. Aussi n’atteindrez-vous jamais ni la fraternité mondiale ni la paix éternelle. Et votre pacifisme détruit définitivement les principes chevaleresques, ceux de la lutte active et virile contre le mal. »
 
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev Nicolas Berdiaev], ''De l'inégalité'' (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 195
 
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev Nicolas Berdiaev], ''De l'inégalité'' (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 195
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« L’inégalité est une condition du développement de la culture. »
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*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev Nicolas Berdiaev], ''De l'inégalité'' (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 163
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== Democracy ==
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« Une démocratie pure, abstraite et autocrate, est la tyrannie la plus terrible ; elle tue l’homme. Le pouvoir illimité de tous est plus effrayant que le pouvoir despotique d’un seul. »
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*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev Nicolas Berdiaev], ''De l'inégalité'' (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 142
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« La démocratie est hostile à la manifestation de personnalités fortes, brillantes et créatrices. Elle crée un milieu social qui tend à tout niveler, à s’emparer de la personne humaine pour se la soumettre. Votre opinion publique démocratique est la plus terrible des tyrannies, elle opprime l’esprit de l’homme, elle lui coupe les ailes. »
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*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev Nicolas Berdiaev], ''De l'inégalité'' (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 143
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« Ne vous laissez pas tromper par les apparences, ne cédez pas à des illusions trop indigentes. Depuis la création du monde, c’est toujours la minorité qui a gouverné, qui gouverne et qui gouvernera. Cela est vrai pour toutes les formes et tous les genres de gouvernement, pour la monarchie et pour la démocratie, pour les époques réactionnaires et pour les révolutionnaires. On ne saurait échapper au gouvernement de la minorité, et vos efforts démocratiques pour créer le règne de la majorité représentant en fait une pauvre autosuggestion. […] En réalité, il n’y a que deux types de pouvoir : l’aristocratie et l’ochlocratie, le gouvernement des meilleurs ou celui des pires. »
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*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev Nicolas Berdiaev], ''De l'inégalité'' (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), pp. 104-105
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« Les moyens démocratiques ne permettent ni l’édification des "science et des arts", ni la création d’une philosophie et d’une poésie, ni l’avènement de prophètes et d’apôtres. Couper la culture de ses sources aristocratiques, c’est les tarir toutes. Il ne reste alors plus, par l’esprit, qu’à vivre sur le capital mort du passé, tout en le niant et en le haïssant. Cependant, les sources elles-mêmes de la culture du passé commencent de plus en plus à se perdre et la rupture du passé commencent de plus en plus à se perdre et la rupture va s’approfondissant. Toute la culture européenne de haut style est liée à la tradition antique. L’antiquité gréco-romaine représente la vraie culture et il n’en existe aucune autre en Europe. »
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*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev Nicolas Berdiaev], ''De l'inégalité'' (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 217
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« Le terme libéralisme a depuis longtemps perdu tout son charme, quoiqu’il provienne de l’admirable mot : liberté. Celle-ci n’est pas quelque chose qui inspire les masses. Elles n’y font pas confiance, elles sont incapables d’y rattacher leurs intérêts immédiats. En vérité, il y a dans la liberté quelque chose d’aristocratique plutôt que de démocratique. C’est une valeur plus précieuse pour la minorité que pour la majorité, car elle s’adresse avant tout à la personne, à l’individualité. Le libéralisme n’a jamais triomphé dans les révolutions, ni dans les sociales, ni dans les politiques parce que dans toutes révolution ce sont les masses qui se soulèvent. Or elles sont toujours mues par la passion de l’égalité, non par celle de la liberté. C’est le principe de l’égalité et non celui de la liberté qui met en branle les grandes révolutions. L’esprit libéral, par nature, n’est pas révolutionnaire. Le libéralisme est un sentiment et une conception du monde propres à la couche cultivé de la société. Il n’y a pas en lui d’éléments tumultueux, de feu, qui embrase le coeur. Il contient de la mesure et trop de forme. La vérité du libéralisme est formelle. Elle ne dit rien de positif ni de négatif quant au contenu de la vie, elle voudrait en garantir un à la personne, quel qu’il soit. L’idée libérale n’est pas capable de prendre l’apparence d’une religion et ne suscite pas à son propre égard des sentiments de cet ordre. C’est là sa faiblesse mais aussi son aspect positif. »
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*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev Nicolas Berdiaev], ''De l'inégalité'' (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 119
  
 
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Version du 22 juillet 2016 à 22:00

Modèle:Social

Modèle:Column

Conservatism

« Le sens du conservatisme consiste non pas à faire obstacle au progrès et à l’élévation, mais à s’opposer à la régression et à la descente vers la nuit du chaos […]. »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 98

« [...] la destruction de tout hiérarchisme est aussi celle de la personne, car celle-ci est liée à celui-là. Seule la hiérarchie permet des individualités de qualités diverses. »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 28

Socialism

« Les expériences d'un paradis sur la terre ont toujours abouti à un enfer [...]. »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 30

« Votre unité abstraite et négative de l’humanité anéantit tous les degrés hiérarchiques de celle-ci pour en faire une abstraction. Or, dans l’unité concrète de tous, il ne peut y avoir de contradiction entre la nation et l’humanité. Toutes les nations s’y affirment et y atteignent leur puissance et leur épanouissement. Dans votre unité abstraite de l’humanité, en revanche, l’être des nations est supprimé ; il n’y a pas plus d’humanité dans et par les nations qu’il n’y a de nation dans et par l’humanité. Celle-ci devient une abstraction de tous les niveaux de l’être individuel concret. Dans l’universalité, la nation et l’humanité sont indissolublement membres de la hiérarchie cosmique où l’une suppose l’autre. Dans l’internationalisme, elles s’excluent mutuellement pour disparaître toutes deux en fin de compte. La notion abstraite de l’homme ou d’une classe vient remplacer la réalité et une humanité abstraite, détachée de tout ce qui est organique, vivant et individuel, est substituée à l’humanité concrète. L’internationalisme est opposé non seulement au nationalisme, mais encore à l’universalité, à l’unité positive de tous ; il est mû par l’esprit du néant, qui détruit le réel en imaginant des fantômes. »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 79

« Jean-Jacques Rousseau, l'un de vos maîtres, a inventé la théorie absurde du contrat social. Il l'avait fondée sur une conception optimiste et candide de l’homme naturellement bon et sans péché, hypothèse exactement contraire à tout ce qu’enseignent tant la religion que la science. Toutes les unités organiques y étaient décomposées, la société humaine y était atomisée, et la reconstitution de la société et de l’État était fonction d’une somme mécanique des atomes. Bien plus : l’homme même, cessant d’être une individualité organique, originale et à la destinée unique, devenait un atome. Ainsi l’on fait d’abord dépendre l’État de l’arbitraire de l’homme, puis l’on fait dépendre l’homme de celui de l’État. Il y a là une contradiction dévastatrice. L’identification de l’État et de la société qu’affirme la théorie du contrat social et de la souveraineté du peuple conduit à un despotisme total. »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 60

« Le socialisme est bourgeois jusque dans sa profondeur et il ne s’élève jamais au-dessus du sentiment ni des idéaux bourgeois de l’existence. Il veut seulement que l’esprit bourgeois soit étendu à tous, qu’il devienne universel et fixé dans les siècles des siècles […] »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 150

« L’histoire n’est pas encore terminée. Son dynamisme ne faiblit point, il se renforce. Le monde ne se rapproche pas de la prospérité ici-bas, du paradis sur terre, de l’idylle de la paix éternelle. Tout nous force à penser que le monde va vers un conflit terrible, vers des heurts toujours recommencés des forces historiques, vers de nouvelles épreuves de la virilité de l’esprit, de sa trempe chevaleresque. La surface de la planète n’est pas encore organisée. Bien des problèmes historiques attendent leur solution. Il est impossible de résoudre pacifiquement la question de l’Orient. Et vous, vous voudriez rendre les peuples intérieurement impuissants à la veille d’une lutte sans merci, alors que les forces de leur esprit vont être soumises à de terribles épreuves. La négation démocratique et socialiste de la guerre est un désarmement très astucieux des peuples chrétiens et des vieilles armées, afin de former la nouvelle armées internationale du royaume terrestre. L’esprit socialiste de l’internationalisme supplante l’esprit chrétien d’universalité. Le christianisme désire lui aussi la paix dans le monde entier et la fraternité des peuples. Il veut néanmoins que ce soit une paix authentique, intérieure, et une fraternité véritable. Dans son monde et au sein de sa fraternité véritable, le mal sera vaincu. Dans les vôtres, le mal reste à jamais invaincu. Votre pacifisme est une négation du mal, la volonté de l’ignorer et de s’en accommoder comme s’il n’existait pas. Aussi n’atteindrez-vous jamais ni la fraternité mondiale ni la paix éternelle. Et votre pacifisme détruit définitivement les principes chevaleresques, ceux de la lutte active et virile contre le mal. »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 195

Equality

« L’inégalité est une condition du développement de la culture. »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 163

Democracy

« Une démocratie pure, abstraite et autocrate, est la tyrannie la plus terrible ; elle tue l’homme. Le pouvoir illimité de tous est plus effrayant que le pouvoir despotique d’un seul. »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 142

« La démocratie est hostile à la manifestation de personnalités fortes, brillantes et créatrices. Elle crée un milieu social qui tend à tout niveler, à s’emparer de la personne humaine pour se la soumettre. Votre opinion publique démocratique est la plus terrible des tyrannies, elle opprime l’esprit de l’homme, elle lui coupe les ailes. »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 143

« Ne vous laissez pas tromper par les apparences, ne cédez pas à des illusions trop indigentes. Depuis la création du monde, c’est toujours la minorité qui a gouverné, qui gouverne et qui gouvernera. Cela est vrai pour toutes les formes et tous les genres de gouvernement, pour la monarchie et pour la démocratie, pour les époques réactionnaires et pour les révolutionnaires. On ne saurait échapper au gouvernement de la minorité, et vos efforts démocratiques pour créer le règne de la majorité représentant en fait une pauvre autosuggestion. […] En réalité, il n’y a que deux types de pouvoir : l’aristocratie et l’ochlocratie, le gouvernement des meilleurs ou celui des pires. »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), pp. 104-105

« Les moyens démocratiques ne permettent ni l’édification des "science et des arts", ni la création d’une philosophie et d’une poésie, ni l’avènement de prophètes et d’apôtres. Couper la culture de ses sources aristocratiques, c’est les tarir toutes. Il ne reste alors plus, par l’esprit, qu’à vivre sur le capital mort du passé, tout en le niant et en le haïssant. Cependant, les sources elles-mêmes de la culture du passé commencent de plus en plus à se perdre et la rupture du passé commencent de plus en plus à se perdre et la rupture va s’approfondissant. Toute la culture européenne de haut style est liée à la tradition antique. L’antiquité gréco-romaine représente la vraie culture et il n’en existe aucune autre en Europe. »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 217

Liberalism

« Le terme libéralisme a depuis longtemps perdu tout son charme, quoiqu’il provienne de l’admirable mot : liberté. Celle-ci n’est pas quelque chose qui inspire les masses. Elles n’y font pas confiance, elles sont incapables d’y rattacher leurs intérêts immédiats. En vérité, il y a dans la liberté quelque chose d’aristocratique plutôt que de démocratique. C’est une valeur plus précieuse pour la minorité que pour la majorité, car elle s’adresse avant tout à la personne, à l’individualité. Le libéralisme n’a jamais triomphé dans les révolutions, ni dans les sociales, ni dans les politiques parce que dans toutes révolution ce sont les masses qui se soulèvent. Or elles sont toujours mues par la passion de l’égalité, non par celle de la liberté. C’est le principe de l’égalité et non celui de la liberté qui met en branle les grandes révolutions. L’esprit libéral, par nature, n’est pas révolutionnaire. Le libéralisme est un sentiment et une conception du monde propres à la couche cultivé de la société. Il n’y a pas en lui d’éléments tumultueux, de feu, qui embrase le coeur. Il contient de la mesure et trop de forme. La vérité du libéralisme est formelle. Elle ne dit rien de positif ni de négatif quant au contenu de la vie, elle voudrait en garantir un à la personne, quel qu’il soit. L’idée libérale n’est pas capable de prendre l’apparence d’une religion et ne suscite pas à son propre égard des sentiments de cet ordre. C’est là sa faiblesse mais aussi son aspect positif. »

  • Nicolas Berdiaev, De l'inégalité (1918-1923), trad. Anne et Constantin Andronikof, éd. L'Âge d'Homme, coll. Sophia, 2008 (ISBN 9782825138601), p. 119

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