Différences entre les versions de « Michel Houellebecq »

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Version du 12 mars 2020 à 18:13

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Citationes

« Jusqu’au bout je resterai un enfant de l’Europe, du soucis et de la honte ; je n’ai aucun message d’espérance à délivrer. Pour l’Occident je n’éprouve pas de haine, tout au plus un immense mépris. Je sais seulement que, tous autant que nous sommes, nous puons l’égoïsme, le masochisme et la mort. Nous avons créé un système dans lequel il est devenu simplement impossible de vivre ; et, de plus, nous continuons à l’exporter. »

— Michel Houellebecq, Plateforme (2001), éd. J’ai lu, 2002, p. 349


« “Nous aussi, nous sommes des produits...” poursuivit-il, “des produits culturels. Nous aussi nous serons frappés d’obsolescence. Le fonctionnement du dispositif est identique — à ceci près qu’il n’y a pas, en général, d’amélioration technique ou fonctionnelle évidente ; seule demeure l’exigence de nouveauté à l’état pur.” »

— Michel Houellebecq, La Carte et le Territoire (2010), éd. Flammarion, 2010 (ISBN 9782081246331), p. 172


« Le dôme de l’Institut avait une vraie grâce, dut-il convenir un peu malgré lui. Évidemment, donner une forme arrondie à un bâtiment ne pouvait se justifier en aucune manière ; sur le plan rationnel, c’était simplement de la place perdue. La modernité était peut-être une erreur, se dit Jed pour la première fois de sa vie. Question purement rhétorique, d’ailleurs : la modernité était terminée en Europe occidentale depuis pas mal de temps déjà. »

— Michel Houellebecq, La Carte et le Territoire (2010), éd. Flammarion, 2010 (ISBN 9782081246331), p. 348


« Qu’est-ce qui définit un homme ? Quelle est la question que l’on pose en premier à un homme, lorsqu’on souhaite s’informer de son état ? Dans certaines sociétés, on lui demande d’abord s’il est marié, s’il a des enfants ; dans nos sociétés, on s’interroge en premier lieu sur sa profession. C’est sa place dans le processus de production, et pas son statut de reproducteur, qui définit avant tout l’homme occidental. »

— Michel Houellebecq, La Carte et le Territoire (2010), éd. Flammarion, 2010 (ISBN 9782081246331), p. 158


« Le retour du fait religieux est un mouvement mondial, une lame de fond. [...] L’athéisme est trop triste. Le besoin de sens revient. [...] Je pense que nous assistons en ce moment à la fin d’un mouvement historique qui a débuté il y a très longtemps, à la fin du Moyen Age. [...] La seule théorie authentiquement perdante en ce moment, c’est l’idéologie débutée avec le protestantisme, atteignant son apogée au siècle des Lumières et aboutissant à la Révolution, fondée sur l’autonomie de l’homme et le pouvoir de sa raison. »

— « Entretien avec Jean-Marie van der Plaetsen », Jean-Marie van der Plaetsen, Le Figaro Magazine, 6 janvier 2015
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« Le 14 décembre 1967, l’Assemblée nationale adopta en première lecture la loi Neuwirth sur la légalisation de la contraception ; quoique non encore remboursée par la Sécurité sociale, la pilule était désormais en vente libre dans les pharmacies. C’est à partir de ce moment que de larges couches de la population eurent accès à la libération sexuelle, auparavant réservée aux cadres supérieurs, professions libérales et artistes — ainsi qu’à certains patrons de PME. Il est piquant de constater que cette libération sexuelle a parfois été présentée sous la forme d’un rêve communautaire, alors qu’il s’agissait en réalité d’un nouveau palier dans la montée historique de l’individualisme. Comme l’indique le beau mot de “ménage”, le couple et la famille représentaient le dernier îlot de communisme primitif au sein de la société libérale. La libération sexuelle eut pour effet la destruction de ces communautés intermédiaires, les dernières à séparer l’individu du marché. Ce processus de destruction se poursuit de nos jours. »

— Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires (1998), éd. Flammarion, coll. « J’ai Lu », 2001 (ISBN 9782290303054), p. 116


« Que l’histoire politique puisse jouer un rôle dans ma propre vie continuait à me déconcerter, et à me répugner un peu. Je me rendais bien compte pourtant, et depuis des années, que l’écart croissant, devenu abyssal, entre la population et ceux qui parlaient en son nom, politiciens et journalistes, devait nécessairement conduire à quelque chose de chaotique, de violent et d’imprévisible. La France, comme les autres pays d’Europe occidentale, se dirigeait depuis longtemps vers la guerre civile, c’était une évidence ; mais jusqu’à ces derniers jours j’étais encore persuadé que les Français dans leur immense majorité restaient résignés et apathiques — sans doute parce que j’étais moi-même passablement résigné et apathique. Je m’étais trompé. »

— Michel Houellebecq, Soumission (2015), éd. Flammarion, 2015 (ISBN 9782290303054), p. 116


« La littérature ne sert à rien. Si elle servait à quelque chose, la racaille gauchiste qui a monopolisé le débat intellectuel tout au long du XXe siècle n’aurait même pas pu exister. Ce siècle, bienheureusement, vient de s’achever ; c’est le moment de revenir une dernière fois (on peut du moins l’espérer) sur les méfaits des “intellectuels de gauche”, et le mieux est sans doute d’évoquer Les Possédés, publié en 1872, où leur idéologie est déjà intégralement exposée, où ses méfaits et ses crimes sont déjà clairement annoncés à travers la scène du meurtre de Chatov. Or, en quoi les intuitions de Dostoïevski ont-elles influencé le mouvement historique ? Absolument en rien. Marxistes, existentialistes, anarchistes et gauchistes de toutes espèces ont pu prospérer et infecter le monde connu exactement comme si Dostoïevski n’avait jamais écrit une ligne. Ont-ils au moins apporté une idée, une pensée neuve par rapport à leurs prédécesseurs du roman ? Pas la moindre. Siècle nul, qui n’a rien inventé. Avec cela, pompeux à l’extrême. Aimant à poser avec gravité les questions les plus sottes du genre : “Peut-on écrire de la poésie après Auschwitz ?” ; continuant jusqu’à son dernier souffle à se projeter dans des “horizons indépassables” (après le marxisme, le marché), alors que Comte, bien avant Popper, soulignait déjà non seulement la stupidité des historicismes, mais leur immoralité foncière. »

— « Sortir du XXe siècle », Michel Houellebecq, La Nouvelle Revue française, nº 561, avril 2002


« L’aire de parking était déserte, et je me rendis tout de suite compte que quelque chose n’allait pas ; je ralentis au maximum avant de rouler, très prudemment, jusqu’à la station-service. La vitrine avait explosé, des myriades de bouts de verre recouvraient le bitume. Je sortis de ma voiture, m’approchai : à l’intérieur de la boutique, la vitrine contenant les boissons fraîches avait elle aussi été fracassée, et les présentoirs de journaux étaient renversés. Je découvris la caissière gisant sur le sol dans une mare de sang, ses bras serrés sur sa poitrine dans un dérisoire geste de protection. Le silence était total. Je me dirigeai vers les pompes à essence, mais leur fonctionnement était bloqué. Elles devaient pouvoir être remises en marche à partir des caisses. Je revins vers la boutique, enjambai le cadavre à contrecœur, mais ne découvris aucun mécanisme paraissant commander la distribution de carburant. Après une brève hésitation, je pris dans les rayonnages un sandwich thon-crudités, une bière sans alcool et le guide Michelin. »

— Michel Houellebecq, Soumission (2015), éd. Flammarion, 2015 (ISBN 9782290303054), p. 129


« Certains êtres éprouvent très tôt une effrayante impossibilité à vivre par eux-mêmes ; au fond ils ne supportent pas de voir leur propre vie en face, et de la voir en entier, sans zones d’ombre, sans arrière-plans. Leur existence est j’en conviens une exception aux lois de la nature, non seulement parce que cette fracture d’inadaptation fondamentale se produit en dehors de toute finalité génétique mais aussi en raison de l’excessive lucidité qu’elle présuppose, lucidité évidemment transcendante aux schémas perceptifs de l’existence ordinaire. Il suffit parfois de placer un autre être en face d’eux, à condition de le supposer aussi pur, aussi transparent qu’eux-mêmes, pour que cette insoutenable fracture se résolve en une aspiration lumineuse, tendue et permanente vers l’absolument inaccessible. Ainsi, alors qu’un miroir ne renvoie jour après jour que la même désespérante image, deux miroirs parallèles élaborent et construisent un réseau net et dense qui entraîne l’œil humain dans une trajectoire infinie, sans limites, infinie dans sa pureté géométrale, au-delà des souffrances et du monde. »

— Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte (1994), éd. Flammarion, coll. « J’ai Lu », 2000 (ISBN 9782290045763), p. 146-147


« J’ai jamais pu encadrer les féministes... [...]. Ces salopes n’arrêtaient pas de parler de vaisselle et de partage des tâches ; elles étaient littéralement obsédées par la vaisselle. Parfois elles prononçaient quelques mots sur la cuisine ou les aspirateurs ; mais leur grand sujet de conversation, c’était la vaisselle. En quelques années, elles réussissaient à transformer les mecs de leur entourage en névrosés impuissants et grincheux. »

— Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires (1998), éd. Flammarion, coll. « J’ai Lu », 2001 (ISBN 9782290303054), p. 145-146


« Les falaises dominent la mer, dans leur absurdité verticale, et il n’y aura pas de fin à la souffrance des hommes. »

— Michel Houellebecq, La Possibilité d’une île (2005), éd. Fayard, 2005, p. 
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« Je suis comme un enfant qui n’a plus droit aux larmes,
Conduis-moi au pays où vivent les braves gens »

— Michel Houellebecq, « La Poursuite du bonheur (1991) », dans Poésie, éd. Flammarion, coll. « J’ai Lu », 2015, Confrontation, p. 206


« Nous voulons retourner dans l’ancienne demeure
Où nos pères ont vécu sous l’aile d’un archange,
Nous voulons retrouver cette morale étrange
Qui sanctifiait la vie jusqu’à la dernière heure.

Nous voulons quelque chose comme une fidélité,
Comme un enlacement de douces dépendances,
Quelque chose qui dépasse et contienne l’existence
Nous ne pouvons plus vivre loin de l’éternité. »

— Michel Houellebecq, « La Poursuite du bonheur (1991) », dans Poésie, éd. Flammarion, coll. « J’ai Lu », 2015, Confrontation, p. 207


« Nous refusons l’idéologie libérale parce qu’elle est incapable de fournir un sens, une voie à la réconciliation de l’individu avec son semblable dans une communauté qu’on pourrait qualifier d’humaine [...]. »

— Michel Houellebecq, « Le Sens du combat (1996) », dans Poésie, éd. Flammarion, coll. « J’ai Lu », 2015, Dernier rempart contre le libéralisme, p. 78


« Je suis en système libéral
Comme un loup dans un terrain vague »

— Michel Houellebecq, « Le Sens du combat (1996) », dans Poésie, éd. Flammarion, coll. « J’ai Lu », 2015, L’insupportable retour des minijupes, p. 62
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« Il faudra bien un jour détruire toutes les machines
Pour contempler enfin le visage de l’homme »

— Michel Houellebecq, « La Poursuite du bonheur (1991) », dans Poésie, éd. Flammarion, coll. « J’ai Lu », 2015, La déchirure, p. 


« Le but de la fête est de nous faire oublier que nous sommes solitaires, misérables et promis à la mort. Autrement dit, de nous transformer en animaux. [...] il suffit d’avoir prévu de s’amuser pour être certain de s’emmerder. L’idéal serait donc de renoncer totalement aux fêtes. Malheureusement, le fêtard est un personnage si respecté que cette renonciation entraîne une dégradation forte de l’image sociale. »

— Michel Houellebecq, Rester vivant (1991), éd. Librio, 2005, La fête, p. 71-73


« Je m’adresse à tous ceux qu’on n’a jamais aimés,
Qui n’ont jamais su plaire ;
Je m’adresse aux absents du sexe libéré,
Du plaisir ordinaire.

Ne craignez rien, amis, votre perte est minime :
Nul part l’amour n’existe.
C’est juste un jeu cruel dont vous êtes les victimes ;
Un jeu de spécialistes. »

— Michel Houellebecq, « La Poursuite du bonheur (1991) », dans Poésie, éd. Flammarion, coll. « J’ai Lu », 2015, Confrontation, p. 158


« Sur mon agenda de demain,
J’avais inscrit : “Liquide vaisselle” ;
Je suis pourtant un être humain :
Promotion sur les sacs-poubelles !

À tout instant ma vie bascule
Dans l’hypermarché Continent
Je m’élance et puis je recule,
Séduit par les conditionnements. »

— Michel Houellebecq, « Le Sens du combat (1996) », dans Poésie, éd. Flammarion, coll. « J’ai Lu », 2015, Répartition - Consommation, p. 
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