Louis-Ferdinand Céline, Les Beaux Draps (1941), éd. Nouvelles Éditions françaises, 1941.


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A la corde sans pendu

Ça y est ! Il paraît que tout change qu’on est maintenant dans les façons, la Rédemption, les bonnes manières, la vraie vertu. Faudra surveiller son langage. Y a des décrets aussi pour ça. Je suis passé en Correctionnelle, faut pas que ça recommence ! Surtout ne dénommons personne ! Rien que des idées générales ! Madame de Broussol en a bien ! née Plumier ! Sardines à l’huile ! pudibondes ! pas à l’eau ! Pernod ! Ah ! Ah ! Je me comprends ! C’est l’astuce ! Parfaitement seul ! Je me donnerai pas ! Je mouille plus du tout, je m’hermétise, je suis bourrelé de mots secrets. Je m’occulte. Et encore tout à fait prudent ! Tout devient des plus épineux. Y a des censeurs, des délateurs dans tous les coins... Je sais plus où me mettre... Châtions, châtions nos expressions !... La France est bourrique, c’est plein la Commandatur des personnes qui viennent dénoncer... Elles vont au Parquet ensuite... le lendemain elles retournent rue de Rivoli... Au nom de la Patrie toujours ! donner le copain, la copine... comme ça ne perdant pas une minute... Le Fiel est Roi ! Regardez la gueule du trèpe, c’est du long cauchemar en figures. C’est tout obscène par le visage. Parties honteuses remontées au jour. Châtions, châtions nos expressions ! Il n’est que temps Bordel de merde ! On se méfie jamais assez ! Restaurons le respect des chastes, le pleur des vierges, la bave des blèches. Ça va nous redonner la Lorraine ! le Palatinat ! la Pologne ! que sais-je ? l’esprit invincible ! le triomphe ! la gloire de nos armées tordues ! l’esprit sacrifesse ! Ils vont remonter de la Lozère nos petits pioupious, de langue châtiée, avec la duchesse d’Israël, tous les ministres ex-les plus forts, la vraie anisette d’avant guerre, tout ce qu’il y a de terrible “comme avant” !... Ils vont vous retourner tout le bastringue, bouter le Hanovre, puis Munster ! eccetera !... On jonctionnera avec les Russes ! On leur fera un Napoléon ! On ramènera le Kremlin en pots ! Tant mieux ! Tant mieux ! Bougre de Dieu ! Hourra pour nous ! pour la frite ! On déterrera le Charlemagne ! on le rapportera dans un taxi ! Il va nous sauver la vertu, la circonspection, le menuet !

Y en avait pas beaucoup de mon temps des discrétions d’approches et de forme... Bien sûr, ça marchait pas si fort. Nous ne dépassâmes pas Ostende. On peut dire merde et être vainqueur, on peut dire zut et se faire étendre. C’est ça l’atroce ! Y a des preuves et pas des menues. Moi j’ai fait la retraite comme bien d’autres, j’ai pourchassé l’Armée Française de Bezons jusqu’à La Rochelle, j’ai jamais pu la rattraper. Ce fut une course à l’échalote comme on en a pas vu souvent. Je suis parti de Courbevoie au poil, le 13 au matin. Je voulais tout voir ! Cinquième colonne ! Vous m’entendez ! Pris entre deux feux ! Entre les feux et les derrières pour être plus exact ! Je sais pas comment disent les décrets dans des cas semblables. Je suis parti avec des petites filles, je raconterai tout ça bien plus tard, à tête reposée, des “moins de dix jours” et leur grand’mère, dans une toute petite ambulance. J’ai bien protégé leur jeunesse au pire des plus affreux périls. (On dira tout ça sur ma tombe). Croyez-moi si vous voulez, on pouvait pas aller plus vite, on a bien fait tout ce qu’on a pu, pour rattraper l’Armée Française, des routes et des routes, des zigs zags, des traites en bolides, toujours elle nous a fait du poivre, jamais elle s’est fait rattraper, l’Armée Française. Y avait du vertige dans ses roues. Ô la retraite à moteur ! Oh ! la prudence priorisée ! Oh ! les gendarmes redevenus hommes ! à la grelottine sauve-qui-peut ! J’ai vu des tanks de 40 tonnes bousculer nos orphelins, nous bazarder dans les colzas pour foncer plus vite au couvert, la foire au cul, orageante ferraille à panique. Charge aux pantoufles ! La tripotée 71 suivie de 40 ans de honte fut un fait d’armes munificient à côté de la dernière voltige. C’est pas des choses qui s’inventent. C’est pas de la vilaine perfidie. On était quinze millions pour voir. Y avait plus besoin de Paris-Soir. Il était déjà en Espagne, lui, qui prétendait tout le contraire ! Il nous avait abandonnés !... Que c’était tout cuit pour Berlin ! Quelle déconvenue ! Il était pas sincère sans doute. Pourtant on était libre alors... Oh ! ça recommencera jamais ! À présent c’est une autre époque ! Y a des bons usages, des sincères, de la vraie vertu, des tickets...

La tricherie est presque impossible, on rédempte et on se sent du Code. Je me sens renouveau rien qu’à me relire. J’ai dix ans.

Hé ! qu’as-tu fait de ton fusil ?
Il est resté au champ d’Honneur !

Ça devient curieux les soldats quand ça veut plus du tout mourir. Y a quelque chose qui se passe. L’entrain manque. Voyez ces jolis officiers emporter leur armoire à glace... déménager leur plus précieux bien... la petite amie... en torpédo priorisante... on les reverra pas de sitôt... le grand jour des décorations... Un jour de gloire comme les autres... La Terre tourne quand même nom de Dieu !... On nous refera ça au cinéma !... Les Champions du monde de la guerre !... On retournera ça tout autrement !... Vous savez la jolie nageuse qui reculbute sur son tremplin... rejaillit là-haut à l’envers... On refera ça pour l’Armée Française... De SaintJean-Pied-de-Port à Narvick... Tout à l’envers... Et ça se passera parfaitement ! Et tout le monde sera bien content. Les vaincus seront de l’autre côté... C’est tout ce qu’on demande... c’est déjà fait !...

— Vous avez pas vu un petit peu... tous les prisonniers qu’on promène ?... qui passent en camion ?...

— De la viande ! Je vous dis ! Des malheureux ! Du bétail !

L’esprit est pour nous !... C’est le principal !

Regardez-moi ces Ritals... regardez-moi si ça se défend ! à Bardia et puis ailleurs... en plein désert... coupés de tout... contre 200.000 enragés... blockhaus par blockhaus... 25 jours... Je vous demande franchement... Qui dit mieux ? Ils auront peut-être des revers mais faudra drôlement qu’ils se hâtent pour nous surclasser en pétoche... Faudrait qu’ils retraitent depuis Modane jusqu’au Tibre et bien au-delà, faudrait qu’ils arrivent en Sicile à 60 à l’heure, exorbités de panique avec quinze millions de vieillards, femmes, enfants aux trousses, en une foire encore jamais vue, les couches-culottes trempées à tordre de jactance fondue.

C’est pas encore pour demain !... On peut dormir sur nos lauriers !... On est pénards dans un sens.

C’est drôle à présent c’est la mode d’accabler en tout les civils, c’est les puants, c’est les galeux, c’est eux les infects responsables, les lâches charognards de débâcle. C’est eux, c’est eux, c’est rien que leur pied. Qu’ils s’expliquent un peu ! qu’ils se disculpent ! Pourquoi ils ont eu peur comme ça ?... Pourquoi ils furent pas héroïque ?...

Faudrait peut-être d’abord s’entendre... Qui c’est qui doit défendre la France ? les civils ou les militaires ? Les tanks 20 tonnes ou les vieillards ? Les tordus, les gnières en bas âges, les lardons morveux, les prudents affectés spéciaux, ou les régiments mitrailleurs ? Ah ! C’est pas bien net dans les propos... On arrive pas à bien comprendre. Y a de la confusion, de l’équivoque, on dit pas toute la vérité...

Elle coûtait cher l’Armée Française, 400 milliards pour se sauver, 8 mois de belotes, un mois de déroute... Des impôts en n’en plus finir... Ils ont eu raison les civils de se tailler par tous les moyens. Ils ne voulaient pas mourir non plus. Ils avaient rien à faire en ligne qu’à encombrer les batailles, si bataille il y avait eu... C’était aux militaires d’y être, de ralentir l’envahisseur, de rester mourir là, sur place, la poitrine cambrée face aux Huns, et pas le derrière en escampette. Si ils avaient été moins vite, y aurait eu moins d’embouteillage. On peut comprendre ces choses-là sans passer par l’École de Guerre. L’Armée qui fuit c’est pas convenable, ça propage des vents de panique. De Meuse à Loire c’était qu’un pouet, une foire unanime. Qui qu’a fait la plus grosse diarrhée ? les civils ou les militaires ? C’est pas une raison de pavoiser, d’afficher des souverains mépris, Scipion merde-au-cul-s’en-va-juge ? C’est tout le monde qu’a été malade, malade de bidon, de la jactance, malade de la peur de mourir. Les partout monuments aux morts on fait beaucoup de tort à la guerre. Tout un pays devenu cabot, jocrisses-paysans, tartufes-tanks, qui voulait pas mourir en scène. Au flan oui ! pour reluire ? présent ! Exécuter ?... ! Maldonne !... Toutes les danseuses qui ratent leurs danses prétendent que c’est leur tutu. Tous les militaires qui flageolent gueulent partout qu’ils sont trop trahis. C’est le cœur qui trahit là de même, c’est jamais que lui qui trahit l’homme. Ils voulaient bien tous jouer la pièce, passer sous les Arcs de Brandebourg, se faire porter dans les Triomphes, couper les bacchantes du vilain, mais pas crever pour la Nation. Ils la connaissent bien la Nation. C’est tout du fumier et consorts. C’est tout des ennemis personnels ! Pardon alors et l’après-guerre ? Qui va en jouir si ce n’est pas nous ? Les canailles démerdes ! Y a que les cons qui clabent ! L’aprèsguerre c’est le moment le meilleur ! Tout le monde veut en être ! Personne veut du sacrifice. Tout le monde veut du bénéfice. Nougat cent pour cent. Bien sûr y a eu des morts quand même ! des vraies victimes de l’imprudence. C’est rien à côté des millions, des absolus martyrs de l’autre, les calanchés du cœur nature, ceux de 14 à 18. Merde ! On peut dire qu’on les a eus ! Même les carcans de la foutue cerise qu’on peut regretter, honteux de tout, 800.000 qu’on en a butés.

En somme ça va pas brillamment... Nous voici en draps fort douteux... pourtant c’est pas faute d’optimisme... on en a eu de rudes bâfrées, des avalanches, des vrais cyclones, et les optimistes les meilleurs, tonitruant à toute radio, extatiques en presse, roucouladiers en chansons, foudroyants en Correctionnelle.

Si c’était par la force des mots on serait sûrement Rois du Monde. Personne pourrait nous surpasser question de gueule et d’assurance. Champions du monde en forfanterie, ahuris de publicité, de fatuité stupéfiante, Hercules aux jactances.

Pour le solide : la Maginot ! le Répondant : le Génie de la Race ! Cocorico ! Cocorico ! Le vin flamboye ! On est pas saouls mais on est sûrs ! En file par quatre ! Et que ça recommence !

Tout de même y a une grosse différence entre 14 et aujourd’hui. L’homme il était encore nature, à présent c’est un tout retors. Le troufion à moustagache il y allait “comptant bon argent” maintenant il est roué comme potence, rusé pitre et sournois et vache, il bluffe, il envoye des défis, il emmerde la terre, il installe, mais pour raquer il est plus là. Il a plus l’âme en face des trous. C’est un ventriloque, c’est du vent. C’est un escroc comme tout le monde. Il est crapule et de naissance, c’est le tartufe prolétarien, la plus pire espèce dégueulasse, le fruit de la civilisation. Il joue le pauvre damné, il l’est plus, il est putain et meneur, donneur fainéant, hypocrite. Le frère suçon du bourgeois. Il se goure de toutes les arnaques, on lui a fait la théorie, il sait pas encore les détails, mais il sait que tout est pourri, qu’il a pas besoin de se tâter, qu’il sera jamais assez canaille pour damer là-dessus le dirigeant, qu’il aura toujours du retard pour se farcir après tant d’autres. C’est de l’opportunisme de voyou, du “tout prendre” et plus rien donner. L’anarchisme à la petite semaine. C’est de la bonne friponnerie moyenne, celle qu’envoye les autres à la guerre, qui fait reculer les bataillons, qui fait du nombril le centre du monde, la retraite des vieux une rigolade, l’ypérite pour tous un bienfait.

Au nom de quoi il se ferait buter le soldat des batailles ? Il veut bien faire le Jacques encore, il a du goût pour la scène, les bravos du cirque, comme tous les dégénérés, mais pour mourir, alors pardon ! il se refuse absolument ! C’est pas dans le contrat d’affranchi. Monsieur se barre à vitesse folle. Que le théâtre brûle il s’en balotte ! C’est pas son business !

Et puis d’abord c’est général, les chefs veulent pas mourir non plus. Vous remarquerez que les grands despotes, les présidents, les forts ténors, les rois, les princesses, tout ça se déhotte, fonce au couvert, dès que l’aventure tourne aigre, vacille... Foudres d’escampette. Pas un qui paye de sa personne. Sauver la viande c’est le suprême serre. Pendant les plus farouches exhortes, pendant qu’ils affolent au massacre, ils quittent pas leur « Shell » du regard. C’est leur vraie Madone !

Pas si cul de se faire étendre !

De la promesse ! du microphone ! c’est dans le bon jeu ! Tout ce qu’on voudra ! du parfait texte ! Tant que ça pourra ! Pour eux aussi tout est théâtre... Ça fait une fringante ribambelle du Ras Tafari à Reynaud... Combien qui se sont trouvés pâlots sur le moment de payer la note ? Comptez un peu sur vos petits doigts. Et sans doute que c’est pas fini.

Le spectacle est permanent... Qui voulez-vous croire ? Quel tréteau ?

Regardez un petit peu chez nous si Reynaud nous avait causé de la façon belle et suivante :

« Nous vaincrons ! chers patriotes, j’en suis foutrement convaincu ! parce que nous sommes nous les plus forts ! Tambour ! Tambour ! Bordel sang ! J’en suis tellement persuadé que je reste avec vous, mes amours ! On la défendra la terre France ! Avec tous nos os s’il le faut ! La plus merveilleuse, la plus chouette, la plus eccetéra et tout ! Pas un branquignol qui flageole ! C’est vaincre ou mourir ! On s’embrasse ! On embraye tel quel ! Et c’est entendu ! C’est moi le patron ! C’est moi l’exemple ! Du sang d’Achille ! Brasier des cœurs ! Ralliez-vous à mon microphone ! Si un recule vingt centimètres de la Somme au Rhin je me brûle la pipette ! Illico ! Ici même à mon Louis XIV ! Je survis pas à la honte ! Je me bute au bureau ! Vous entendez tous, nom de Dieu ! Vous repasserez tous sur mon cadavre !... C’est plus la peine d’exister dans une France de soldats pourris !... De chiens croulés ! foireux ! immondes ! partout sous les jupes !... J’en veux plus ! J’ai dit ! Moi le ministre de la guerre ! Et pour une fois c’est pas du pour de rire ! Sonnez clairons ! Roulez tambours ! »

Ça ça en serait des Épinals ! Des fresques à reboumer l’Héroïsme ! On serait heureux dans les Manuels !...

Hélas c’est plus ainsi qu’on cause quand on est de Croisade aujourd’hui !

« Shell and Safety ! »... and « Safety first ! »

« C’est le mensonge qui nous fit tant de mal ! »

Ô Sophie ! Ce crime ! Ils en ont tous vécu les tantes ! prospérés ! engraissés, bouffis ! reluis à l’extase ! C’est à présent qu’ils se dégoûtent ? Mais ils peuvent pas vivre d’autre chose ! Ils sont foutrement incapables de vendre autre chose que du puant ! leurs lecteurs en voudraient jamais ! Le goût est fait !

De quelles volées d’étrivières faudra-t-il labourer ces chiens pour les guérir des gognos juifs ? pour les redresser à la hauteur d’homme ? À leur affaire qu’au fond des boîtes ! Fouinant, rampants unanimes ! Je veux parler des journaux et des lecteurs et des romans, des radios, du reste. Tout pourri juif et contre youtre, charlatans, canailles et consorts, à la grande curée du cheptel, chiens maçons et lopes associés. Tartufes paysans à triangles, tartufes notaires, grands auteurs. Mains dans les mains, échanges académiques de merdes, stylisées. Brossage des tatanes en tous genres. « Qui fit une fois les chaussures fera toujours les chaussures. » Que surviennent demain les Tartares, les Valaques, les Ostrogoth, qu’importe le poil, les pointures, les valets seront toujours là ! Y aura qu’à siffler qu’ils accourent avec leur petit matériel : Adjectifs, raisons en tous genres, brios dialectiques et crachats.

Tout ce qui ne ment pas est honni, traqué, chassé, vomis de haut, haï à mort. C’est le grand secret que l’on cache comment l’on pourrit jour par jour, de plus en plus ingénieusement.

Je vous le dis bande de bâtards, vous êtes plus bons qu’à l’enfer ! Chiures de mensonges ! Critiques d’art ! et ça commence un tout petit peu ! C’est ma gentille consolation. Vous aurez pas besoin de tickets ! Y aura de la torture pour tout le monde ! juifs et larbins ! laboureurs traîtres ! aryens félons ! bicots à lèpre ! tordus mondains ! tous dans le même tas ! la même charogne ! à petit feu !... à grands volcans ! à trombes de vérité ! glaciales à tout pulvériser... à menus linceuls... poudres pâles... souffle de rien...

En somme la guerre continue, on la fait désormais sans risques, sans armes ni bagages, y en a plus, dans le fond des cinémas... Sur la Meuse y avait plus personne mais au « Tarapout » c’est complet. La guerre des loufes. Ça vesse dans le noir. Ça papillone aux pissotières. C’est suffisant. Héroïsme français cent pour cent. Courage de voyous, de métis, courage de juifs, qui ont plus rien dans le tronc que des fiels, du profit retourné, des rages vaseuses de gonzesses. Qui paye finalement, je vous demande, ces foireuses esclandres ? Les prisonniers tiens c’est fatal ! De ça alors le petit Français s’en fout, pourvu qu’il joue sa comédie. « Le petit cresson, le petit duraille, le petit os terrible client. »

— Dis donc ! Dis donc ! Dis donc ! Hortense ! Ah ! dis donc ! si t’avais vu ça !...

— Quoi donc ? Quoi donc ? mon petit Mimile ?

— Sur le boulevard Magenta !...

— Alors ?... Alors ?...

— Dis donc, un Fritz !

— Ah ! Qui qui nous en débarrassera !...

— Je passe derrière... Dis donc que j’y fais : Vive de Gaulle ! Grosse vache ! Vive de Gaulle !

— Ça alors, dis donc Mimile ! T’es pirate et tout, je veux ! mais alors là, pardon quand même...

— Je les emmerde je te dis ! Je les emmerde !...

— Mimile tu me fais peur !...

Pourquoi ils se gêneraient les Anglais ? Ils auraient bien tort ! Les Français ils sont tout consentants, ils sont enthousiastes d’être battus, écrabouillés, dépecés vifs... Ça leur fait plaisir... Dakar... Dunkerque... Libreville... Mers-el-Kebir... Fouilly-les-Oies !... Ils peuvent bien prendre tout ce qu’ils veulent ! Vivent les Grandes Banques ! Et vive le Roi ! Les Antilles !... les Indes !... Mendoza !... Pays femelle vénère raclée... l’amour bien cruel... couler toute la flotte française !... On leur fait cadeau !... les Canaries... la Pucelle... TerreNeuve... Canada !... Ils veulent pas de la Corse ?... Mais voyons !... Ça n’a vraiment pas d’importance !... Pas de géographie !... de la jouissance !... Napoléon ! Fachoda !...

Il suffit que ça leur fasse plaisir ! On se trouve vengés dans notre honneur ! Vive la Reine ! Vive Madame Simpson ! abolir nos cathédrales !... Vive Dieu l’Anglais !... Nous envoyer les choléras, le bouton d’Alep, la fièvre aphteuse, le chancre mou ! Ça nous vengera bien notre honneur !... pourvu que ça emmerde les Allemands !... On souffrira tout ! Ah ! on reluira tant et plus !... C’est du dépit féminin, ça se raisonne plus !... C’est érotique... Si ils voulaient nous bombarder ! c’est ça qui nous ferait bien jouir. Oh ! l’extase alors ! cette transe ! On serait tout heureux comme à Londres !... On irait faire nos queues en cave... C’est ça qui nous vengerait l’Honneur !... Et si ils nous mettait les gaz ?... Du coup alors on se tiendrait plus ! Quelles folles délices ! Quelle jubilation jusqu’aux anges ! C’est là vraiment qu’ils nous aimeraient !... C’est ça qu’emmerderait les Allemands !... On leur ferait des trous dans leurs masques... Ils sauraient pas ce qui leur arrive !... Oh, alors ! alors ça pardon !

Ça serait pas la moitié d’un sport !...

On rigolerait de jour et nuit !...

On serait morts pour la Chambre des Lords de rire sous les gaz hilarants !...

C’est autre chose que des Colonies.

Il n’est de bosco ni tordu

Qui n’ait un peu le diable au cul

(Dicton)

Washington aimait pas les juifs, mais Roosevelt lui il les aime bien, il est leur homme cent pour cent, il a rien à leur refuser. Il entraîne tout dans la guerre, l’U.S.A., le Continent, la Lune.

Il s’en fout énormément, il jouit, il est d’âge, il s’amuse. Après moi le déluge ! C’est du Louis XV. Ce sera pas long. Je donne pas 20 ans à Broadway que les chèvres y paissent. Vous allez voir cette musique !... Ils se doutent pas les Français comme ça se présente l’Amérique. Ils se font des illusions. 40 millions de blancs bien ivrognes, sous commandement juif, parfaitement dégénérés, d’âme tout au moins, effroyables, et puis 300 millions de métis, en grande partie négroïdes, qui ne demandent qu’à tout abolir. Plus la haine des Jaunes ! On n’a qu’un tout petit peu ouvrir les portes de la Catastrophe vous allez voir cette Corrida ! C’est Carthage en beaucoup plus brute, plus arrogant, plus pourri. Ce genre d’anarchie éperdue ! Le monde sauvé par les frères Marx ! Nous sommes aux dessins animés ! Y aurait de quoi rire en d’autres temps ! Mais comme on se trouve y a de quoi se la mordre ! aux étoiles ! 36 ! 48 ! Toute la boutique ! démocratons ! 36 chandelles !

Félix-le-Canard avec nous !

La population blanche en régression aux États-Unis

New-York, le 1er février.
Il résulte d’une étude du bureau des statistiques américain qu’entre 1939 et 1940 les tendances du peuplement des États-Unis se sont complètement bouleversées.
Le dernier recensement démontre que la population blanche de l’Amérique tend à diminuer de 5% tandis qu’au cours de la même période l’augmentation de la population a été de 7 % parmi les hommes de couleur.

(Les Nouveaux-Temps, 2 février 1941.)

Il est prédit que dans cent ans les blancs habiteront à New-York un quartier réservé : les nègres iront voir au Nouvel-Harlem les « pâles » danser la polka.

Trève d’Hypocrisie !

Les Français, ils rêvent Ministères...

À quel Ministère ils rêvent ?

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