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France

« Elle a quinze ans aujourd’hui, notre République, et elle a l’air d’avoir quinze siècles. Elle paraît plus vieille que les Pyramides, cette pubère sans virginité, tombée du vagin sanglant de la trahison. La décrépitude originelle de cette bâtarde de tous les lâches est à faire vomir l'univers. Jézabel de lupanar, fardée d'immondices, monstrueusement engraissée de fornications, toute bestialité de goujat s'est assouvie dans ses bras et elle ressemble à quelque très antique Luxure qu'on aurait peinte sur la muraille d'une hypogée. »

  • Léon Bloy, « La République des Vaincus », Le Pal, mars 1935

« Dans cette Légende d'or de l'histoire de France qu'il s'imaginait toujours entendre chuchoter à son oreille, comme un grand conte plein de prodiges, et qui lui semblait la plus synthétiquement étrange, la plus centralement mystérieuse de toutes les histoires – rien ne l'avait autant fasciné que cet énorme, terrible et enfantine épopée des temps Mérovingiens. La France préludait, alors, à l'apostolat des monarchies occidentales. Les évêques étaient des saints, dans la main desquels la Gentilité barbare s'assouplissait lentement, comme une cire vierge, pour former, avec la masse hétérogène du monde gallo-romain, les rayons mystiques de la ruche de Jésus-Christ. Du milieu de ce chaos de peuples vagissants, au dessus desquels planait l'Esprit du Seigneur, on vit s'élever, à travers le brouillard tragique des prolégomènes du Moyen-Age, une candide rangée de cierges humains dont les flammes dardées au ciel, commencèrent, au sixième siècle, la grande illumination du catholicisme dans l'Occident. »

  • Léon Bloy, Le Désespéré, 1887, rééd. Flammarion, 2010, p.179

God

« Plus on approche de Dieu plus on est seul. C'est l'infini de la solitude. »

« Nous demandons à Dieu ce qu'il nous plaît et il nous donne ce qu'il nous faut. »

« [Q]uand on parle amoureusement de Dieu, tous les mots humains ressemblent à des lions devenus aveugles qui chercheraient une source dans le désert. »

Truth

« Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Il y en a d'autres en plus grand nombre qui ne sont pas meilleurs à entendre. »

Modernity

« Le monde moderne : une Atlantide submergée dans un dépotoir. »

« J’attends les Cosaques et le Saint-Esprit. »

« Au fait, que diable voulez-vous que puisse rêver, aujourd'hui, un adolescent, que les disciplines modernes exaspèrent et que l'abjection commerciale fait vomir ? Les croisades ne sont plus, ni les nobles aventures lointaines d'aucune sorte. Le globe entier est devenu raisonnable et on est assuré de rencontrer un excrément anglais à toutes les intersections de l'infini. Il ne reste plus que l'art. Un art proscrit, il est vrai, méprisé, subalternisé, famélique, fugitif, guenilleux, et catacombal. Mais, quand même, c'est l'unique refuge pour quelques âmes altissimes condamnées à traîner leur souffrante carcasse dans les charogneux carrefours du monde. »

« C'est peut-être l'effet le moins aperçu d'une dégringolade française de quinze années, d'avoir produit ces dominateurs, inconnus des antérieures décadences, qui règnent sur nous sans y prétendre et sans même s'en apercevoir. C'est la surhumaine oligarchie des inconscients et le Droit Divin de la Médiocrité absolue.

Ils ne sont, nécessairement, ni des eunuques, ni des méchants, ni des fanatiques, ni des hypocrites, ni des imbéciles affolés. Ils ne sont ni des égoïstes avec assurance, ni des lâches avec précision. Ils n'ont pas même l'énergie du scepticisme. Ils ne sont absolument rien. Mais la terre est à leurs pieds et cela leur paraît très simple.

En vertu de ce principe qu'on ne détruit bien que ce qu'on remplace, ilfallait boucher l'énorme trou par lequel les anciennes aristocratiess'étaient évadées comme des ordures, en attendant qu'elles refluassentcomme une pestilence. Il fallait condamner à tout prix cette dangereuseporte et les Acéphales furent élus pour chevaucher un peuple dedécapités !

Aussi, la Fille aînée de l'Église, devenue la Salope du monde, les a triésavec une sollicitude infinie, ces lys d'impuissance, ces nénuphars bleusdont l'innocence ravigote sa perverse décrépitude ! Si l'Exterminateur ar-rivait enfin, il ne trouverait plus une âme vivante dans les quartiers opu-lents de Paris, rien aux Champs-Élysées, rien au Trocadéro, rien au ParcMonceau, trois fois rien au Faubourg Saint-Germain et, sans doute, il dé-daignerait angéliquement de frapper du glaive les simulacres humainspavés de richesses qu'il y découvrirait ! »

« Le trait le plus saillant et le plus caractéristique des chrétiens modernes, écrivais-je au lendemain de la mort de Louis Veuillot, c'est la haine de l'Art, une haine carthaginoise auprès de laquelle les haines ordinaires ressemblent à de l'amour. »

  • Léon Bloy, extrait d'un article paru dans le numéro 4 du Pal, « Le Christ au dépotoir »

« Il est vrai qu'on a pas encore abattu toutes les croix, ni remplacé les cérémonies du culte par des spectacles antiques de prostitution. On a pas non plus tout à fait installé des latrines et des urinoirs publics dans les cathédrales transformées en tripots ou en salles de café-concert. Evidemment, on ne traîne pas assez de prêtres dans dans les ruisseaux, on ne confie pas assez de jeunes religieuses à la sollicitudes maternelles de patronnes de lupanars de barrière. On ne pourrit pas assez tôt l'enfance, on assomme pas un assez grand nombre de pauvres, on ne se sert pas encore assez du visage paternel comme d'un crachoir ou d'un décrottoir...Sans doute. Mais toutes ces choses sont sur nous et peuvent déjà être considérées comme venues, puisqu'elles arrivent comme la marée et que rien n'est capable de les endiguer. »

  • Léon Bloy, Le Désespéré, 1887, rééd. Flammarion, 2010, p. 234

« Au dix-huitième siècle, qui fut, sans comparaison, le plus sot des siècles, on s'était persuadé que tous les moines vivaient dans les délices, que l'hypocrite pénombre des cloîtres cachait de tortueuses conspirations contre le genre humain, et que les murailles épaisses des monastères étouffaient les gémissements des victimes sans nombre de l'arbitraire ecclésiastique.

Au dix-neuvième, la bêtise universelle ayant été canalisée d'une autre sorte,cette facétie lugubre devint insoutenable. L'horreur se changeât en pitié et les criminels devinrent de touchants infortunés. C’est ce courant romantique qui dure encore. Rien de plus grotesque, et, au fond, de plus lamentable que les airs de miséricorde hautaine ou de compassion navrée des gens gavés du monde pour ces pénitents qui les protègent du fond de leur solitude et sans l'intercession desquels , peut-être, ils n'auraient même pas la sécurité d'une digestion. »

  • Léon Bloy, Le Désespéré, 1887, rééd. Flammarion, 2010, pp. 163-164

Human nature

« Combien d'âmes réellement vivantes dans ce grouillement d'êtres humains ? »

« Il est inutile de respecter les vivants à moins qu'ils ne soient les plus forts. Dans ce cas l'expérience conseille plutôt de lécher leurs bottes fussent-elles merdeuses. Mais les morts doivent être respectés. »

« Plus on est semblable à tout le monde plus on est comme il faut. C'est le sacre de la multitude. »

« Lorsque les hommes se réunissent, ils ne font ordinairement rien de noble. »

  • Léon Bloy, Mon journal, éd. Mercure de France, 1904, p. 201

Morality

« Je l’ai déjà dit et je serai bien forcé de le dire encore : préférer ce qui est noble à ce qui est ignoble et ce qui est beau à ce qui est hideux ; chercher à comprendre, tenter la conquête de n’importe quoi, en sautant par-dessus bornes et clôtures ; vouloir vivre enfin ; voilà ce qui tombe sous l’anathème. »

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Happiness

« Malheur à celui qui ne pleure pas. »

« Je n'ai pas subi la misère, je l'ai épousée par amour ayant pu choisir une autre compagne. »

« Mon existence est une campagne triste où il pleut toujours. »

Perversion

« Les plaisirs de ce monde pourraient bien être les supplices de l'enfer vus à l'envers dans un miroir. »

Journalism

« A force d'avilissement, les journalistes sont devenus si étrangers à tout sentiment d'honneur qu'il est absolument impossible, désormais, de leur faire comprendre qu'on les vomit et qu'après les avoir vomis, on les réavale avec fureur pour les déféquer. La corporation est logée à cet étage d'ignominie où la conscience ne discerne plus ce que c'est que d'être un salaud. »

  • Léon Bloy, Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 1999, p. 472

Death

« Tel est, du moins, l’avis du Premier Homme qui ne veut pas que les mourants soient avertis de la mort « même s’ils le désirent ». Cela il ne le veut absolument pas. Le coma lui semble préférable à l’action de se préparer à mourir et « l’usage atroce » de l’extrême-onction le révolte singulièrement. »

Miscellaneous

« Ce sera la Pentecôte, si souvent annoncée, des massacres et des exterminations, l'ablution du feu sur des sociétés excessives et disgrégées qu'il s'agira de réamalgamer dans le creuset d'une surhumaine conflagration, après les avoir écumées dans la chaudière d'une Méditerranée de sang ! »

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