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Citationes

"It is now sixteen or seventeen years since I saw the queen of France, then the dauphiness, at Versailles, and surely never lighted on this orb, which she hardly seemed to touch, a more delightful vision. I saw her just above the horizon, decorating and cheering the elevated sphere she just began to move in — glittering like the morning star, full of life and splendor and joy. Oh! what a revolution! and what a heart must I have to contemplate without emotion that elevation and that fall! Little did I dream when she added titles of veneration to those of enthusiastic, distant, respectful love, that she should ever be obliged to carry the sharp antidote against disgrace concealed in that bosom; little did I dream that I should have lived to see such disasters fallen upon her in a nation of gallant men, in a nation of men of honor and of cavaliers. I thought ten thousand swords must have leaped from their scabbards to avenge even a look that threatened her with insult. But the age of chivalry is gone. That of sophisters, economists; and calculators has succeeded; and the glory of Europe is extinguished forever. Never, never more shall we behold that generous loyalty to rank and sex, that proud submission, that dignified obedience, that subordination of the heart which kept alive, even in servitude itself, the spirit of an exalted freedom. The unbought grace of life, the cheap defense of nations, the nurse of manly sentiment and heroic enterprise, is gone! It is gone, that sensibility of principle, that chastity of honor which felt a stain like a wound, which inspired courage whilst it mitigated ferocity, which ennobled whatever it touched, and under which vice itself lost half its evil by losing all its grossness."

  • Edmund Burke, Reflections on the Revolution in France (1790), Oxford University Press, Oxford World's Classics, 2009, pp. 75-76
« Il y a maintenant seize ou dix-sept ans que je n'ai vu la reine de France. C'était à Versailles, elle était encore la Dauphine, et certes jamais il n'y eut plus délicieuse vision sur cette terre qu'elle semblait à peine toucher. Elle ne faisait alors que paraître sur l'horizon, pour orner et égayer la sphère élevée où elle commençait de se mouvoir — scintillante comme l'étoile du matin, brillante de vie, de splendeur et de joie. Ah ! quel bouleversement ! Quel coeur me faudrait-il pour rester insensible à tant de grandeur suivie d'un telle chute ! Que j'étais loin d'imaginer, lorsque plus tard je la voyais mériter la vénération et non plus seulement l'hommage d'un amour distant et respectueux, qu'elle en serait réduite un jour à cacher dans son sein l'arme qui la préserverait du déshonneur ; je ne pouvais croire que je verrais de mon vivant tant de désastres s'abattre sur cette princesse, au milieu d'un peuple composé d'hommes d'honneur et de chevaliers ! J'aurais cru que dix mille épées bondiraient hors de leurs fourreaux pour la venger ne fût-ce que d'un regard qui aurait pu l'insulter. — Mais l'âge de la chevalerie est passé. Celui des sophistes, des économistes et des calculateurs lui a succédé ; et la gloire de l'Europe est éteinte à jamais. Jamais, jamais plus nous ne reverrons cette généreuse loyauté envers le rang et envers le sexe, cette soumission fière, cette digne obéissance, et cette subordination du coeur qui, jusque dans la servitude, conservait vivant l'esprit d'une liberté haute et grave. On ne connaîtra plus cette grâce spontanée de l'existence, cette générosité du coeur qui assurait librement la défense des peuples, tout ce qui nourrissait les sentiments virils et l'amour des entreprises héroïques. — Elle est perdue à jamais, cette délicatesse des principes, cette chasteté de l'honneur où la moindre tache brûlait comme une blessure, qui inspirait le courage tout en atténuant la cruauté, et qui ennoblissait tout ce qu'elle touchait, au point d'ôter au vice la moitié de son odieux en lui faisant perdre toute sa grossièreté. »
— Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution en France (1790), trad. Pierre Andler, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2016 (ISBN 9782251445939), p. 79


"You see, Sir, that in this enlightened age I am bold enough to confess, that we are generally men of untaught feelings; that, instead of casting away all our old prejudices, we cherish them to a very considerable degree, and, to take more shame to ourselves, we cherish them because they are prejudices; and the longer they have lasted, and the more generally they have prevailed, the more we cherish them. We are afraid to put men to live and trade each on his own private stock of reason; because we suspect that this stock in each man is small, and that the individuals would be better to avail themselves of the general bank and capital of nations, and of ages. [...] Prejudice is of ready application in the emergency; it previously engages the mind in a steady course of wisdom and virtue and does not leave the man hesitating in the moment of decision, sceptical, puzzled, and unresolved. Prejudice renders a man's virtue his habit; and not a series of unconnected acts."

  • Edmund Burke, Reflections on the Revolution in France (1790), Oxford University Press, Oxford World's Classics, 2009, p. 87
« Vous voyez, Monsieur, que dans ce siècle de lumières, je ne crains pas d'avouer que chez la plupart d'entre nous les sentiments sont restés à l'état de nature ; qu'au lieu de secouer tous les vieux préjugés, nous y tenons au contraire tendrement ; et j'ajouterai même, pour notre plus grande honte, que nous les chérissons parce que ce sont des préjugés — et que plus longtemps ces préjugés ont régné, plus ils se sont répandus, plus nous les aimons. C'est que nous craignons d'exposer l'homme à vivre et à commercer avec ses semblables en ne disposant que de son propre fonds de raison, et cela parce que nous soupçonnons qu'en chacun ce fonds est petit, et que les hommes feraient mieux d'avoir recours, pour les guider, à la banque générale et au capital constitué des nations et des siècles. [...] En cas d'urgence le préjugé est toujours prêt à servir ; il a déjà déterminé l'esprit à ne s'écarter jamais de la voie de la sagesse et de la vertu, si bien qu'au moment de la décision, l'homme n'est pas abandonné à l'hésitation, travaillé par le doute et la perplexité. Le préjugé fait de la vertu une habitude et non une suite d'actions isolées. »
— Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution en France (1790), trad. Pierre Andler, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2016 (ISBN 9782251445939), p. 90-91


« S'il est une chose certaine, c'est que dans notre monde européen les mœurs et la civilisation, et toutes les bonnes choses qui tiennent à elles, dépendent depuis des siècles de deux principes et résultent de leur combinaison : je veux dire l'esprit de noblesse et l'esprit de religion. La noblesse et le clergé, celui-ci par profession et celle-là par patronage, ont perpétué l'existence du savoir même aux époques où tout n'était que combat et confusion, et où les gouvernements existaient plutôt dans leurs éléments que dans leurs véritable forme.

[...]

Il est difficile de savoir si c'est de vous que l'Angleterre a appris ces grands et honorables principes et ces règles de conduite dont nous conservons encore des traces considérables, ou si c'est vous qui nous les avez empruntés. Je pense pour une part que c'est chez vous qu'on en découvre le mieux les origines. Il me semble que vous êtes gentis incunabula nostræ. La France a toujours influé plus ou moins sur les mœurs de l'Angleterre ; et quand chez vous cette source sera tarie et souillée, la rivière cessera vite de couler, ou ne roulera plus qu'une eau trouble, dans notre pays comme peut-être dans tous les autres. C'est ce qui explique qu'à mon avis l'Europe tout entière n’a que trop de raisons de s'intéresser de très près à ce qui se passe en France. »

— Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution en France (1790), trad. Pierre Andler, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2016 (ISBN 9782251445939), p. 82-83


« C’est la première fois qu’on voit des hommes mettre en morceaux leur patrie [la France] d’une manière aussi barbare. »

  • Edmund Burke, cité par Alexis de Tocqueville in L'Ancien Régime et la Révolution (1856), éd. Flammarion, coll. Garnier Flammarion, 1993 (ISBN 9782080705006), p. 167

"The Parisian philosophers [...] explode or render odious or contemptible, that class of virtues which restrain the appetite. [...] In the place of all this, they substitute a virtue which they call humanity or benevolence."

  • Edmund Burke, Letter to Rivarol of June 1, 1791, quoted by Leo Strauss in Natural Right and History, Chapter V, University of Chicago Press, 1953 (ISBN 9780226776941), p. 188

"It were better to forget once and for all, the Encyclopédie and the whole body of Economists and to revert to those old rules and principles which have hitherto made princes great and nations happy."

  • Edmund Burke, Letter to Chevalier Claude-Francois de Rivarol, 1 june 1791, Correspondence, vi, pp. 267-8

"[...] it shows the anxiety of the great men who influenced the conduct of affairs at that great event to make the Revolution a parent of settlement, and not a nursery of future revolutions."

  • Edmund Burke, Reflections on the Revolution in France (1790), Oxford University Press, Oxford World's Classics, 2009

Citationes de Edmund Burke

"In his Reflections on the French Revolution, Edmund Burke, argued against the 'geometrical' politics, as he called it, of the French revolutionaries — a politics that proposed a rational goal, and a collective procedure for achieving it, and which mobilized the whole of society behind the resulting programme. Burke saw society as an association of the dead, the living and the unborn. Its binding principle is not contract, but something more akin to love. Society is a shared inheritance for the sake of which we learn to circumscribe our demands, to see our own place in things as part of a continuous chain of giving and receiving, and to recognize that the good things we receive are not ours to spoil. There is a line of obligation that connects us to those who gave us what we have; and our concern for the future is an extension of that line. We take the future of our community into account not by fictitious cost-benefit calculations, but more concretely, by seeing ourselves as inheriting benefits and passing them on."

  • Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 20
« Dans ses Réflexions sur la Révolution de France, Edmund Burke critiquait la politique "géométrique", telle qu'il la nommait, des révolutionnaires français — une politique qui proposait un but rationnel et une procédure collective pour l'atteindre, et qui voulait entraîner l'ensemble de la société derrière le programme qui en résultait. Burke voyait la société comme l'association des morts, des vivants et des personnes à naîtres. Le lien à son fondement n'est pas le contrat, mais quelque chose qui s'apparente davantage à l'amour. La société est un héritage partagé pour le bien duquel nous apprenons à circonscrire nos exigences, à considérer notre place dans l'univers comme partie d'une chaîne continue du donner et du recevoir, et à reconnaître que les bonnes choses dont nous héritons ne sont pas là pour être gâchées. Une ligne d'obligation nous relie à ceux qui nous ont donné ce que nous avons, et notre souci pour l'avenir en est la prolongation. Nous prenons en compte l'avenir de notre communauté non par des calculs de coûts et bénéfices, mais plus concrètement, en nous considérant comme les héritiers de bénéfices que nous devons transmettre. »
Roger Scruton, De l'urgence d'être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L'artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 45


"Conservatives endorse Burke's view of society, as a partnership between the living, the unborn and the dead; they believe in civil association between neighbours rather than intervention by the state; and they accept that the most important thing the living can do is to settle down, to make a home for themselves, and to pass that home to theirs children."

  • Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 93
« Les conservateurs reprennent à leur compte la conception de Burke de la société — celle d'un partenariat entre les hommes vivants, morts et à naître ; ils croient dans l'association civile entre voisins plutôt qu'à l'intervention de l'État ; et ils reconnaissent que la chose la plus importante que les vivants puissent faire est de s'installer quelque part, d'y fonder un foyer et de le transmettre à leurs enfants. »
Roger Scruton, De l'urgence d'être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L'artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 150


« Burke a pu être conservateur. Les progrès du "progrès" obligent à être réactionnaire. »

Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implícito], trad. Alexandra Templier, éd. L’Arche, 2008 (ISBN 9782851816979), p. 92


« Les pronostics de Marx se sont révélés erronés, ceux de Burke véridiques.

C'est pourquoi fort peu de gens lisent Burke, et que la plupart des gens vénèrent Marx. »

Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, coll. « Anatolia », 2003 (ISBN 9782268044675), p. 270


"Burke was satisfied that the French Revolution was thoroughly evil. He condemned it as strongly and as unqualifiedly as we today condemn the Communist revolution. He regarded it as possible that the French Revolution, which conducted "a war against all sects and all religions," might be victorious and thus that the revolutionary state might exist "as a nuisance on the earth for several hundred years." He regarded it, therefore, as possible that the victory of the French Revolution might have been decreed by Providence. In accordance with his "secularized" understanding of Providence, he drew from this the conclusion that "if the system of Europe, taking in laws, manners, religion and politics" is doomed, "they, who persist in opposing this mighty current in human affairs [...] will not be resolute and firm, but pervferse and obstinate."

  • Leo Strauss, quoting Edmund Burke, Works, III, 375, 393, 443, VIII, 510, Letters, p. 308 in Natural Right and History, Chapter VI, University of Chicago Press, 1953 (ISBN 9780226776941), p. 317

Bibliographia

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