« Le marchand et le héros : ils constituent les deux grandes oppositions, les deux pôles de toute l’orientation humaine. Le marchand entre dans la vie en lui disant : que peux-tu me donner ? Il veut prendre, il veut, en échange du moindre effort, avoir le plus possible, il veut conclure avec la vie une affaire avantageuse. Bref : il est pauvre. Le héros entre dans la vie en lui demandant : que puis-je te donner ? Il veut faire des cadeaux, il veut se dépenser sans contrepartie. Bref : il est riche. Le marchand ne parle que de ses “droits”, le héros ne parle que de ses “devoirs” […] Nous pouvons dire encore que la mentalité mercantile tourne autour de l’intérêt, la mentalité héroïque autour de l’idée ; l’essence de celle-là est de réclamer, l’essence de celle-ci est de se sacrifier. »

Werner Sombart, Händler und Helden, 1915