"L'humanité est en dehors de l'économie politique, l'inhumanité est en elle." Marx, Notes 1844

Cet afflux de main-d'oeuvre étrangère « abaisse le salaire et la situation matérielle et morale de la classe ouvrière anglaise »

  • Lettre à Sigfried Meyer et August Vogt, 9 avril 1870

De nos jours ces aspirations ont été de beaucoup dépassées, grâce à la concurrence cosmopolite dans laquelle le développement de la production capitaliste a jeté tous les travailleurs du globe. Il ne s’agit plus seulement de réduire les salaires anglais au niveau de ceux de l’Europe continentale, mais de faire descendre, dans un avenir plus ou moins prochain, le niveau européen au niveau chinois.

  • Le Capital, livre 1 chapitre XXIV

« Dans la mesure où elle émet des billets non garantis par son encaisse métallique, la Banque d'Angleterre crée des signes de valeur qui constituent pour elle, jusqu'à concurrence de ces billets de banque à découvert, non seulement des moyens de circulation, mais encore du capital supplémentaire, quoique fictif. Et ce capital supplémentaire lui donne des bénéfices supplémentaires. »

  • Karl Marx, Le Capital, livre III, chapitre XXXIII, trad. française, 1929, vol. XII, p. 135 [A:316-317]

« Le système du crédit public, c’est-à-dire des dettes publiques, dont Venise et Gênes avaient, au moyen âge, posé les premiers jalons, envahit l’Europe définitivement pendant l’époque manufacturière. Le régime colonial, avec son commerce maritime et ses guerres commerciales, lui servant de serre chaude, il s’installa d’abord en Hollande.

La dette publique, en d’autres termes l’aliénation de l’État, qu’il soit despotique, constitutionnel ou républicain, marque de son empreinte l’ère capitaliste. La seule partie de la soi-disant richesse nationale qui entre réellement dans la possession collective des peuples modernes, c’est leur dette publique. Il n’y a donc pas à s’étonner de la doctrine moderne que plus un peuple s’endette, plus il s’enrichit. Le crédit public, voilà le credo du capital. Aussi le manque de foi en la dette publique vient-il, dès l’incubation de celle-ci, prendre la place du péché contre le Saint-Esprit, jadis le seul impardonnables.

La dette publique opère comme un des agents les plus énergiques de l’accumulation primitive. Par un coup de baguette, elle dote l’argent improductif de la vertu reproductive et le convertit ainsi en capital, sans qu’il ait pour cela à subir les risques, les troubles inséparables de son emploi industriel et même de l’usure privée. Les créditeurs publics, à vrai dire, ne donnent rien, car leur principal, métamorphosé en effets publics d’un transfert facile, continue fonctionner entre leurs mains comme autant de numéraire. Mais, à part la classe de rentiers oisifs ainsi créée, à part la fortune improvisée des financiers intermédiaires entre le gouvernement et la nation – de même que celle des traitants, marchands, manufacturiers particuliers, auxquels une bonne partie de tout emprunt rend le service d’un capital tombé du ciel – la dette publique a donné le branle aux sociétés par actions, au commerce de toute sorte de papiers négociables, aux opérations aléatoires, à l’agiotage, en somme, aux jeux de bourse et à la bancocratie moderne.

Dès leur naissance les grandes banques, affublées de titres nationaux, n’étaient que des associations de spéculateurs privés s’établissant à côté des gouvernements et, grâce aux privilèges qu’ils en obtenaient, à même de leur prêter l’argent du public.

Aussi l’accumulation de la dette publique n’a-t-elle pas de gradimètre plus infaillible que la hausse successive des actions de ces banques, dont le développement intégral date de la fondation de la Banque d’Angleterre, en 1694.

Celle-ci commença par prêter tout son capital argent au gouvernement à un intérêt de 8 %, en même temps elle était autorisée par le Parlement à battre monnaie du même capital en le prêtant de nouveau au public sous forme de billets qu’on lui permit de jeter en circulation, en escomptant avec eux des billets d’échange, en les avançant sur des marchandises et en les employant à l’achat de métaux précieux. Bientôt après, cette monnaie de crédit de sa propre fabrique devint l’argent avec lequel la Banque d’Angleterre effectua ses prêts à l’État et paya pour lui les intérêts de la dette publique.

Elle donnait d’une main, non seulement pour recevoir davantage, mais, tout en recevant, elle restait créancière de la nation à perpétuité, jusqu’à concurrence du dernier liard donné. Peu à peu elle devint nécessairement le réceptacle des trésors métalliques du pays et le grand centre autour duquel gravita dès lors le crédit commercial. Dans le même temps qu’on cessait en Angleterre de brûler les sorcières, on commença à y pendre les falsificateurs de billets de banque. »

  • Karl Marx, Le Capital, Livre I, Paris : Garnier-Flammarion, 1969. Première édition : 1867. Chapitre XXXI : « Genèse du capitaliste industriel », p. 556-564.

« Dans la société précapitaliste l'usurier peut s'emparer sous le nom d'intérêt de tout ce qui dépasse cet excédent deviendra plus tard le profit et la rente - ce qui est absolument indispensable à l'existence (ce qu'on appelle plus tard le salaire) de celui à qui il prête. Il est donc insensé de comparer cet intérêt, qui absorbe toute la plus-value à part ce qui revient à l'État, à l'intérêt moderne, qui, du moins à son taux normal, ne représente qu'une partie de la plus-value, le capitaliste extorquant à l'ouvrier le profit, l'intérêt et la rente. Carey établit cette comparaison absurde dans le but de démontrer que l'ouvrier retire de grands avantages du développement du capital et de la baisse du taux de l'intérêt qui l'accompagne. Il perd de vue que s'il est vrai que l'usurier ne se contente pas de prendre tout le surtravail de ses victimes et fait tout son possible pour les exproprier petit à petit de leur terre, de leur maison, etc., il est non moins vrai que cette expropriation des instruments de travail se présente également dans la société capitaliste, et non seulement comme le résultat, mais comme le point de départ et la base du système. L'esclave salarié n'est pas plus exposé que l'esclave effectif à contracter des dettes en tant que producteur, c'est seulement en tant que consommateur qu’il peut s'endetter. Le système de la petite production décentralisée, dans lequel les producteurs sont propriétaires de leurs moyens de travail et où le travail n'est pas subordonné au capital, permet donc au capitaliste usurier de s'emparer de la totalité de la plus-value ; il en résulte que le capital usuraire paralyse les forces productives au lieu de les développer et éternise cette situation misérable dans laquelle, contrairement à ce qui se passe dans la production capitaliste, la productivité sociale du travail est incapable de se développer par le travail et aux dépens du travail lui-même. »

— Karl Marx, Le Capital, Livre III, Le procès d'ensemble de la production capitaliste, § 5 : Subdivision du profit en intérêt et profit d'entreprise. Le capital productif d'intérêts, Chapître XXXVI : La période précapitaliste


« C'est ainsi, par exemple, que les rapines et les violences vénitiennes forment une des bases de la richesse en capital de la Hollande, à qui Venise en décadence prêtait des sommes considérables. A son tour, la Hollande, déchue vers la fin du XVIIe siècle de sa suprématie industrielle et commer­ciale, se vit contrainte à faire valoir des capitaux énormes en les prêtant à l'étranger et, de 1701 à 1776, spécialement à l'Angleterre, sa rivale victorieuse. Et il en est de même à présent de l'Angleterre et des États-Unis. »

— Karl Marx, Le Capital, Livre premier, Le développement de la production capitaliste, VIII° section : L'accumulation primitive, Chapitre XXXI : Genèse du capitaliste industriel


« J’irai jusqu’à détruire des mondes
Puisque je n’en puis créer aucun
Puisqu’ils n’écoutent pas mon appel
Et qu’ils tournent muets par un décret magique »

— Karl Marx, poésie

« La dette publique, en d'autres termes l'aliénation de l'État, qu'il soit despotique, constitutionnel ou républicain, marque de son empreinte l’ère capitaliste. [...]

Comme par un coup de baguette magique, elle confère à l'argent improductif un talent procréateur qui le transforme en capital, sans qu’il ait besoin de s'exposer au dérangement et aux risques des investisseurs industriels et même des placements usuraires » — Karl Marx, Le Capital