Différences entre les versions de « Charles Baudelaire »

 
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« Il n'y a de gouvernement raisonnable et assuré que l'aristocratique. »
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« Il s’agit, pour lui, de dégager de la mode ce qu’elle peut contenir de poétique dans l’historique, '''de tirer l’éternel du transitoire'''. [...] La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelaire Charles Baudelaire]
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« Malgré les secours que quelques cuistres célèbres ont apportés à la sottise naturelle de l'homme, je n'aurais jamais cru que notre patrie pût marcher avec une telle vélocité dans la voie du « progrès ». Ce monde a acquis une épaisseur de vulgarité qui donne au mépris de l'homme spirituel la violence d'une passion. »
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« Dans le trouble de ces époques quelques hommes déclassés, dégoûtés, désœuvrés  mais tous riches de force native, peuvent concevoir le projet de fonder une nouvelle espèce d'aristocratie, d'autant plus difficile à rompre qu'elle sera basée sur les facultés les plus précieuses, les plus indestructibles, et sur les dons célestes que le travail et l'argent ne peuvent conférer. »
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« Enfin, mon âme fait explosion, et sagement elle me crie : “'''N’importe où ! n’importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde !'''»
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=== [[Art]] ===
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« '''Mes chers frères, n’oubliez jamais, quand vous entendrez vanter le progrès des lumières, que la plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas !''' »
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« La musique crève le ciel. »
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« Malgré les secours que quelques cuistres célèbres ont apportés à la sottise naturelle de l’homme, '''je n’aurais jamais cru que notre patrie pût marcher avec une telle vélocité dans la voie du ''progrès'''''. Ce monde a acquis une épaisseur de vulgarité qui donne au mépris de l’homme spirituel la violence d’une passion. Mais il est des carapaces heureuses que le poison lui-même n’entamerait pas. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelaire Charles Baudelaire]
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|titre de la contribution=Projets d’une préface pour la seconde édition des ''Fleurs du mal''
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« Il s'agit, pour lui, de dégager de la mode ce qu'elle peut contenir de poétique dans l'historique, de tirer l'éternel du transitoire. […] La modernité, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable. »
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<poem>« Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelaire Charles Baudelaire], à propos de Constantin Guys, ''Peintre de la vie moderne''
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Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,
 
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Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
=== [[Perversion]] ===
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'''Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !''' »</poem>
 
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{{Réf Livre
« La volupté unique et suprême de l’amour, gît dans la certitude de faire le mal, et l’homme et la femme savent de naissance, que dans le mal se trouve toute volupté. »
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|auteur=Charles Baudelaire
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelaire Charles Baudelaire], ''Journaux intimes'', Fusées, III, 1887
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=== [[Miscellaneous]] ===
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<poem>« '''C’est la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ;'''
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'''C’est le but de la vie, et c’est le seul espoir'''
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Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,
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Et nous donne le cœur de marcher jusqu’au soir ; »</poem>
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« Il n'y a de grand parmi les hommes que le poète, le prêtre et le soldat. L'homme qui chante, l'homme qui sacrifie et se sacrifie. Le reste est fait pour le fouet. »
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« '''Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !''' »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelaire Charles Baudelaire], « Mon cœur mis à nu », ''Œuvres complètes'' (1980), éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 2004, p. 416
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« La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu'il n'existe pas. »
+
<poem>« Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelaire Charles Baudelaire]
+
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
 
+
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
« Nous causâmes aussi de l'univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c'est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l'infatuation humaine. »
+
Le navire glissant sur les gouffres amers.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelaire Charles Baudelaire]
 
 
 
<poem>« Mon berceau s'adossait à la bibliothèque,
 
Babel sombre, où roman, science, fabliau,
 
Tout, la cendre latine et la poussière grecque,
 
Se mêlaient. J'étais haut comme un in-folio.
 
Deux voix me parlaient. L'une, insidieuse et ferme,
 
Disait : "La Terre est un gâteau plein de douceur ;
 
[...]
 
Et l'autre : "Viens ! oh ! viens voyager dans les rêves,
 
Au-delà du possible, au delà du connu !"
 
[...]
 
Je te répondis : "Oui ! douce voix !" C'est d'alors
 
Que date ce qu'on peut, hélas ! nommer ma plaie
 
[...]
 
Et c'est depuis ce temps que, pareil aux prophètes,
 
J'aime si tendrement le désert et la mer ;
 
Que je ris dans les deuils et pleure dans les fêtes,
 
Et trouve un goût suave au vin le plus amer ;
 
Que je prends très souvent les faits pour des mensonges,
 
Et que, les yeux au ciel, je tombe dans des trous.
 
Mais la voix me console et dit : "Garde tes songes :
 
Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous ! »</poem>
 
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelaire Charles Baudelaire], ''Les Fleurs du Mal''
 
 
 
<poem>« Amer savoir, celui qu'on tire du voyage !
 
Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
 
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
 
Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui ! »</poem>
 
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelaire Charles Baudelaire], « Le voyage », ''Les Fleurs du mal''
 
  
« Enfin, mon âme fait explosion, et sagement elle me crie : "N’importe où ! n’importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde !" »
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À peine les ont-ils déposés sur les planches,
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelaire Charles Baudelaire], « Anywhere out of the world », ''Petits Poèmes en prose''
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Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
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Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
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Comme des avirons traîner à côté d’eux.
  
== External links ==
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Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
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Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
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L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
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L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
  
*[http://fr.wikisource.org/wiki/Assommons_les_pauvres_! Assommons les Pauvres ! de Charles Baudelaire]
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Le Poète est semblable au prince des nuées
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Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
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Version actuelle datée du 11 mai 2023 à 17:26

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Citations

« Il s’agit, pour lui, de dégager de la mode ce qu’elle peut contenir de poétique dans l’historique, de tirer l’éternel du transitoire. [...] La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. »

— Charles Baudelaire, « Le Peintre de la vie moderne » (1863), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, La Modernité, p. 797


« Toute révolution a pour corollaire le massacre des innocents. »

— Charles Baudelaire, « Pensées diverses », dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, Sur un croquis d’interview par Nadar (1854), p. 426


« Le commerce est, par son essence, satanique. »

— Charles Baudelaire, « Mon cœur mis à nu » (1887), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, p. 422


« Il n’y a rien d’intéressant sur la terre que les religions. »

— Charles Baudelaire, « Mon cœur mis à nu » (1887), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, p. 418


« Il n’y a de grand parmi les hommes que le poète, le prêtre et le soldat. L’homme qui chante, l’homme qui sacrifie et se sacrifie. Le reste est fait pour le fouet. »

— Charles Baudelaire, « Mon cœur mis à nu » (1887), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, p. 416


« Il n’y a de gouvernement raisonnable et assuré que l’aristocratique.

Monarchie ou république basées sur la démocratie sont également absurdes et faibles. »

— Charles Baudelaire, « Mon cœur mis à nu » (1887), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, p. 410


« Enfin, mon âme fait explosion, et sagement elle me crie : “N’importe où ! n’importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde !” »

— Charles Baudelaire, « Petits Poèmes en prose » (1869), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, Any Where out of the world, p. 209


« Mes chers frères, n’oubliez jamais, quand vous entendrez vanter le progrès des lumières, que la plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ! »

— Charles Baudelaire, « Petits Poèmes en prose » (1869), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, Le Joueur généreux, p. 191


« Malgré les secours que quelques cuistres célèbres ont apportés à la sottise naturelle de l’homme, je n’aurais jamais cru que notre patrie pût marcher avec une telle vélocité dans la voie du progrès. Ce monde a acquis une épaisseur de vulgarité qui donne au mépris de l’homme spirituel la violence d’une passion. Mais il est des carapaces heureuses que le poison lui-même n’entamerait pas. »

— Charles Baudelaire, « Projets d’une préface pour la seconde édition des Fleurs du mal » (1861), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, p. 131


« Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui ! »

— Charles Baudelaire, « Les Fleurs du Mal » (1857), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, Le Voyage, p. 99


« C’est la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ;
C’est le but de la vie, et c’est le seul espoir
Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,
Et nous donne le cœur de marcher jusqu’au soir ; »

— Charles Baudelaire, « Les Fleurs du Mal » (1857), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, La Mort des pauvres, p. 94


« Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais ! »

— Charles Baudelaire, « Les Fleurs du Mal » (1857), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, À une Passante, p. 69


« Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. »

— Charles Baudelaire, « Les Fleurs du Mal » (1857), dans Œuvres complètes, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2011, L’Albatros, p. 7
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