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Citationes

« Si nous ne périssons point dans la catastrophe d’une grande guerre, notre vie, inévitablement, ne va pas rester ce qu’elle est aujourd’hui, cela sous peine de périr d’elle-même. Nous n’éviterons pas la révision des définitions fondamentales de la vie humaine et de la société humaine : l’homme est-il effectivement au-dessus de tout et n’existe-t-il point au-dessus de nous un Esprit suprême ? Est-il vrai que la vie de l’homme et l’activité de la société doivent avant tout se définir en termes d’expansion matérielle ? Est-il admissible de développer celle-ci au détriment de l’ensemble de notre vie intérieure ? Le monde, aujourd’hui, est à la veille sinon de sa propre perte, du moins d’un tournant de l’Histoire qui ne le cède en rien en importance au tournant du Moyen Age sur la Renaissance : ce tournant exigera de nous une flamme spirituelle, une montée vers une nouvelle hauteur de vues, vers un nouveau mode de vie où ne sera plus livrée à la malédiction, comme au Moyen Âge, notre nature physique, mais où ne sera pas non plus foulée au pieds, comme dans l’ère moderne, notre nature spirituelle.

Cette montée est comparable au passage à un nouveau degré anthropologique. Personne, sur la Terre, n’a d’autre issue que d’aller toujours plus haut. »

— Alexandre Soljenitsyne, Le Déclin du courage (8 juin 1978), trad. Geneviève et José Johannet, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2014 (ISBN 9782251200460), p. 63-64


« [...] l’Occident a défendu avec succès, et même surabondamment, les droits de l’homme, mais l’homme a vu complètement s’étioler la conscience de sa responsabilité devant Dieu et la société. »

— Alexandre Soljenitsyne, Le Déclin du courage (8 juin 1978), trad. Geneviève et José Johannet, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2014 (ISBN 9782251200460), p. 56-57


« [...] nous avons bondi de l’Esprit vers la Matière, de façon disproportionnée et sans mesure. La conscience humaniste se proclama notre guide, dénia à l’homme l’existence du mal à l’intérieur et ne lui reconnut pas de tâche plus haute que l’acquisition du bonheur terrestre, et elle plaça à la base de la civilisation occidentale moderne une tendance dangereuse à se prosterner devant l’homme et devant ses besoins matériels. »

— Alexandre Soljenitsyne, Le Déclin du courage (8 juin 1978), trad. Geneviève et José Johannet, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2014 (ISBN 9782251200460), p. 55


« Mais, inversement, si l’on me demande si je veux proposer à mon pays, à titre de modèle, l’Occident tel qu’il est aujourd’hui, je devrai répondre avec franchise : non, je ne puis recommander votre société comme idéal pour la transformation de la nôtre. »

— Alexandre Soljenitsyne, Le Déclin du courage (8 juin 1978), trad. Geneviève et José Johannet, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2014 (ISBN 9782251200460), p. 42


« Que tout socialisme en général comme dans toutes ses nuances aboutit à l’anéantissement universel de l’essence spirituelle de l’homme et au nivellement de l’humanité dans la mort [...]. »

— Alexandre Soljenitsyne, Le Déclin du courage (8 juin 1978), trad. Geneviève et José Johannet, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2014 (ISBN 9782251200460), p. 41
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« C’est ainsi que sous prétexte de contrôle démocratique on assure le triomphe de la médiocrité. »

— Alexandre Soljenitsyne, Le Déclin du courage (8 juin 1978), trad. Geneviève et José Johannet, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2014 (ISBN 9782251200460), p. 30-31


« Moi qui ai passé toute ma vie sous le communisme, j’affirme qu’une société où il n’existe pas de balance juridique impartiale est une chose horrible. Mais une société qui ne possède en tout et pour tout qu’une balance juridique n’est pas, elle non plus, vraiment digne de l’homme. Une société qui s’est installée sur le terrain de la loi, sans vouloir aller plus haut, n’utilise que faiblement les facultés les plus élevées de l’homme. Le droit est trop froid et trop formel pour exercer sur la société une influence bénéfique. Lorsque toute la vie est pénétrée de rapports juridiques, il se crée un atmosphère de médiocrité morale qui asphyxie les meilleurs élans de l’homme. »

— Alexandre Soljenitsyne, Le Déclin du courage (8 juin 1978), trad. Geneviève et José Johannet, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2014 (ISBN 9782251200460), p. 29


« Même la biologie sait cela : il n’est pas bon pour un être vivant d’être habitué à un trop grand bien-être. Aujourd’hui, c’est dans la vie de la société occidentale que le bien-être a commencé de soulever son masque funeste. »

— Alexandre Soljenitsyne, Le Déclin du courage (8 juin 1978), trad. Geneviève et José Johannet, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2014 (ISBN 9782251200460), p. 27


« Faut-il rappeler que le déclin du courage a toujours été considéré comme le signe avant-coureur de la fin ? »

— Alexandre Soljenitsyne, Le Déclin du courage (8 juin 1978), trad. Geneviève et José Johannet, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2014 (ISBN 9782251200460), p. 24


« Le déclin du courage est peut-être ce qui frappe le plus un regard étranger dans l’Occident d’aujourd’hui. Le courage civique a déserté non seulement le monde occidental dans son ensemble, mais même chacun des pays qui le composent, chacun de ses gouvernements, chacun de ses partis, ainsi que, bien entendu, l’Organisation des Nations Unies. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société tout entière. Bien sûr, il y a encore beaucoup de courage individuel, mais ce ne sont pas ces gens-là qui donnent sa direction à la vie de la société. Les fonctionnaires politiques et intellectuels manifestent ce déclin, cette faiblesse, cette irrésolution dans leurs actes, dans leurs discours, et plus encore dans les considérations théoriques qu’ils fournissent complaisamment pour prouver que cette manière d’agir, qui fonde la politique d’un État sur la lâcheté et la servilité, est pragmatique, rationnelle et justifiée, à quelque hauteur intellectuelle et même morale qu’on se place. Ce déclin du courage, qui semble aller ici ou là jusqu’à la perte de toute trace de virilité, se trouve souligné avec une ironie particulière dans les cas où les mêmes fonctionnaires sont pris d’un accès subit de vaillance et d’intransigeance — à l’égard de gouvernements sans force, de pays faibles que personne ne soutient ou de courants condamnés par tous et manifestement hors d’état de rendre un seul coup. Alors que leur langue sèche et que leurs mains se paralysent face aux gouvernements puissants et aux forces menaçantes, face aux agresseurs et à l’Internationale de la terreur. »

— Alexandre Soljenitsyne, Le Déclin du courage (8 juin 1978), trad. Geneviève et José Johannet, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2014 (ISBN 9782251200460), p. 23-24


« Il y a relativement peu de temps encore comme le petit monde néo-européen se taillait facilement des colonies dans le monde entier, non seulement sans prévoir de résistance sérieuse, mais en général avec un profond mépris pour toutes les valeurs que pouvait receler la vision du monde des peuples conquis ! [...] Nous mesurons maintenant combien cette conquête aura été brève et précaire (ce qui témoigne également, semble-t-il, que la conception du monde qui avait engendré l’entreprise était vicieuse). Actuellement le rapport entre les métropoles et les anciennes colonies s’est inversé et souvent le monde occidental, passant à l’autre extrême, fait preuve d’une complaisance service. Cependant, il est difficile de prévoir à combien se montera la facture présentée par les anciennes colonies et de dire si l’Occident finira jamais de la payer, même quand il aura restitué ses dernières terres coloniales et donné, de surcroît, tous ses biens. »

— Alexandre Soljenitsyne, Le Déclin du courage (8 juin 1978), trad. Geneviève et José Johannet, éd. Les Belles Lettres, coll. « Le Goût des idées », 2014 (ISBN 9782251200460), p. 19
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« Le stalinisme n’existé ni en théorie ni en pratique : on ne peut parler ni de phénomène stalinien, ni d’époque stalinienne, ces concepts ont été fabriqués après 1956 par la pensée occidentale de gauche pour garder les idéaux communistes. »

— Alexandre Soljenitsyne, L’Erreur de l’Occident (1980), trad. Nikita Struve, Geneviève et José Johannet, éd. Grasset & Fasquelle, coll. « Les cahiers rouges », 2006 (ISBN 9782246094920), p. 51
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« Les fatales erreurs de l’Occident dans son comportement à l’égard du communisme ont commencé dès 1918, quand les gouvernements occidentaux n’ont pas su voir le danger mortel qu’il représentait pour eux. En Russie, toutes les forces qui s’étaient jusque-là combattues — des soutiens de l’État existant jusqu’aux Cadets et aux socialistes de droite — firent alors front commun contre le communisme. Sans rejoindre leurs rangs ni s’unir dans l’action, c’est par des milliers de soulèvements paysans et par des dizaines d’émeutes ouvrières que toute l’épaisseur du peuple manifesta son opposition. Pour constituer l’Armée rouge, il fallut fusiller des dizaines de milliers de réfractaires. Mais cette résistance nationale au communisme ne fut pas soutenue par les puissances occidentales. »

— Alexandre Soljenitsyne, L’Erreur de l’Occident (1980), trad. Nikita Struve, Geneviève et José Johannet, éd. Grasset & Fasquelle, coll. « Les cahiers rouges », 2006 (ISBN 9782246094920), p. 21
Alexandre Soljenitsyne recevant le prix Nobel de littérature en 1970 avec Friedrich Hayek en arrière-plan
Margaret Thatcher et Alexandre Soljenitsyne
Vladimir Poutine et Alexandre Soljenitsyne

Textus

Bibliographia

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