Ludwig Wittgenstein
Citations
« Mais une machine est incapable de penser ! — Est-ce là une proposition basée sur l’expérience ? Non. Nous ne le pouvons affirmer que de l’homme, et de ce qui lui ressemble. Nous le disons aussi des poupées et sans doute aussi des esprits. Considérez le mot “penser” en tant qu’instrument ! »
« Une machine pourrait-elle penser ? Pourrait-elle avoir des douleurs ? — Eh bien, le corps humain doit-il se nommer pareille machine ? Il est sans doute le plus près d’être pareille machine. »
« Le langage est un labyrinthe de chemins. Vous venez par un côté et vous vous y reconnaissez ; vous venez au même endroit par un autre côté et vous ne connaissez plus votre chemin. »
« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire. »
« Le monde et la vie ne font qu’un. »
« [...] tout ce qui peut être dit peut être dit clairement ; et ce dont on ne peut parler on doit le taire. »
« Si le suicide est permis, tout est permis.
Si tout n’est pas permis, alors le suicide n’est pas permis.
Ceci jette une lumière sur la nature de l’Éthique.
Car le suicide est, pour ainsi dire, le péché élémentaire.
Et tenter de le connaître, c’est comme tenter de connaître la vapeur de mercure pour comprendre la nature des vapeurs.
Ou bien est-ce qu’en lui-même, le suicide, lui non plus, n’est ni bon ni mauvais ! »
« La manière dont tout a lieu, c’est Dieu.
Dieu est la manière dont tout a lieu.
C’est seulement de la conscience de l’unicité de ma vie que naissent la religion — la science — et l’art. »
« L’homme ne peut se rendre heureux sans plus.
Qui vit dans le présent, vit sans crainte et sans espérance. »
« Croire en un Dieu signifie comprendre la question du sens de la vie.
Croire en un Dieu signifie voir que les faits du monde ne résolvent pas tout.
Croire en un Dieu signifie voir que la vie a un sens.
Le monde m’est donné, c’est-à-dire que mon vouloir pénètre du dehors dans le monde, comme dans quelque chose de déjà prêt. [...]
C’est pourquoi nous avons le sentiment de dépendre d’une volonté étrangère.
De quoi que nous dépendions, nous sommes en tout cas, en un certain sens, dépendants, et ce dont nous dépendons, nous pouvons l’appeler Dieu.
Dieu serait, en ce sens, simplement le Destin, ou, ce qui est la même chose, le monde — indépendant de notre vouloir.
Je puis me rendre indépendant du Destin.
Il y a deux divinités : le monde et mon Je indépendant.
Je suis heureux ou malheureux, c’est tout. On peut dire : il n’y a ni bien ni mal.
Qui est heureux ne doit avoir aucune crainte. Pas même de la mort.
Seul celui qui ne vit pas dans le temps mais dans le présent est heureux.
Pour la vie dans le présent il n’est pas de mort.
La mort n’est pas un événement de la vie. Elle n’est pas un fait du monde.
Si l’on entend par éternité non pas une durée infinie mais l’intemporalité, on peut dire alors que quiconque vit dans le présent vit éternellement.
Pour vivre heureux, il faut que je sois en accord avec le monde. Et c’est bien cela que veut dire “être heureux”.
Je suis alors, pour ainsi dire, en accord avec cette volonté étrangère dont je parais dépendre. C’est-à-dire que “j’accomplis la volonté de Dieu”.
La crainte de la mort est le meilleur signe d’une vie fausse, c’est-à-dire mauvaise.
Lorsque ma conscience trouble mon équilibre, il y a quelque chose avec quoi je ne suis pas en accord. Mais quoi ? Est-ce le monde ?
Il est certainement correct de dire : la conscience est la voix de Dieu.
Par exemple, je suis malheureux à la pensée d’avoir offensé tel et tel. Est-ce là ma conscience ?
Peut-on dire : “Agis selon ta conscience, quelque forme qu’elle prenne ?”
Sois heureux ! »
« Le monde est indépendant de ma volonté.
Même si tout ce que nous désirons se trouvait réalisé, ce ne serait pourtant, pour ainsi dire, qu’une grâce du Destin, car aucune connexion logique n’existe entre le vouloir et le monde, qui garantirait ce succès, et la connexion physique supposée, nous ne pouvons assurément pas la vouloir. »
« La tendance vers le Mystique vient de ce que la science laisse nos désirs insatisfaits. Nous sentons que, lors même que toutes les questions scientifiques possibles sont résolues, notre problème n’est pas encore abordé. À vrai dire, il n’y a justement plus alors de questions, et c’est précisément cela qui constitue la réponse. »
Bibliographie