Nicolas Machiavel.jpg

Citations

« Néanmoins, quiconque, pour se maintenir, ne veut point marcher dans la route du bien que nous lui avons d’abord indiquée, doit entrer nécessairement dans cette carrière funeste. Mais la plupart des hommes croient pouvoir s’avancer entre ces deux routes, et s’exposent ainsi aux plus grands dangers ; car ils ne savent être ni tout à fait bons, ni tout à fait méchants. »

— Nicolas Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live (1513-1519), trad. Jean Vincent Périès, éd. Charpentier, 1855, partie 1, chap. XXVI, p. 205


« Il faut donc qu’un prince ait grand soin qu’il ne lui sorte jamais de la bouche chose qui ne soit pleine des cinq qualités susdites, et qu’il paraisse, à le voir et l’entendre, toute miséricorde, toute bonne foi, toute droiture, toute humanité, toute religion. Et il n’y a chose plus nécessaire à paraître avoir que cette dernière qualité. Les hommes en général jugent plus par les yeux que par les mains ; car il échoit à chacun de voir, à peu de gens de percevoir. Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es ; et ce petit nombre ne se hasarde pas à s’opposer à l’opinion d’une foule qui a la majesté de l’État qui la défend ; et dans les actions de tous les hommes, et surtout des princes où il n’y a pas de tribunal à qui recourir, on considère la fin. Qu’un prince, donc, fasse en sorte de vaincre et de maintenir l’Etat : les moyens seront jugés honorables et loués d’un chacun ; car le vulgaire se trouve toujours pris dans les apparences et par l’issue de la chose ; et dans le monde, il n’y a que le vulgaire, et le petit nombre ne compte pas quand la foule a où s’appuyer. Certain prince du temps présent, qu’il n’est pas bon de nommer, ne prêche jamais autre chose que paix et bonne foi, et de l’une et l’autre il est plus grand ennemi ; et l’une et l’autre, s’il l’avait observée, l’aurait plus d’une fois privé ou de sa réputation ou de ses États. »

— Nicolas Machiavel, Le Prince (1513), trad. Yves Lévy, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080703170), p. 143


« Puis donc qu’un prince est obligé de savoir bien user de la bête, il doit parmi elles prendre le renard et le lion, car le lion ne se défend pas des rets, le renard ne se défend pas des loups. Il faut donc être renard pour connaître les rets et lion pour effrayer les loups. Ceux qui s’en tiennent simplement au lion n’y entendent rien. Un souverain prudent, par conséquent, ne peut ni ne doit observer sa foi quand une telle observance tournerait contre lui et que sont éteintes les raisons qui le firent promettre. Et si les hommes étaient tous bons, ce précepte ne serait pas bon ; mais comme ils sont méchants et ne te l’observeraient pas à toi, toi non plus tu n’as pas à l’observer avec eux. Et jamais un prince n’a manqué de motifs légitimes pour colorer son manque de foi. De cela l’on pourrait donner une infinité d’exemples modernes, et montrer combien de paix, combien de promesses ont été rendues caduques et vaines par l’infidélité des princes : et celui qui a su mieux user du renard est arrivé à meilleure fin. »

— Nicolas Machiavel, Le Prince (1513), trad. Yves Lévy, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080703170), p. 141-142


« [...] il est beaucoup plus sûr d’être craint qu’aimé [...]. »

— Nicolas Machiavel, Le Prince (1513), trad. Yves Lévy, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080703170), p. 138


« Un prince, donc, ne doit avoir autre objet ni autre pensée, ni prendre aucune chose pour son art, hormis la guerre et les institutions et science de la guerre ; car elle est le seul art qui convienne à qui commande. »

— Nicolas Machiavel, Le Prince (1513), trad. Yves Lévy, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080703170), p. 127


« Et je ne veux pas qu’on parle de présomption si un homme de basse et infime condition a la hardiesse d’examiner et régler le gouvernement des princes ; car comme ceux qui dessinent les paysages se placent en bas dans la plaine pour observer la nature des montagnes et des lieux élevés, et pour observer celle des lieux bas se placent en haut sur la montagne, de même, pour bien connaître la nature des peuples, il faut être prince, et pour bien connaître celle des princes, il faut être du peuple. »

— Nicolas Machiavel, Le Prince (1513), trad. Yves Lévy, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1992 (ISBN 9782080703170), p. 68
Nicolas Machiavel 2.jpg

Bibliographie

oeuvres-de-machiavel.jpg