« Il est pensable qu'une action internationale soit menée contre des Etats et des peuples en tant que tels ; mais il est rare que ceux-ci soient assez totalement criminels pour qu'un peuple entier puisse être déclaré « hostis generis humani » et mis au ban de l'humanité. Lorsqu'on exerce des sanctions ou des mesures punitives de portée supra-étatique, la « dénationalisation » de la guerre [ au profit d'une conception universaliste ] entraîne habituellement une différenciation interne à l'Etat et au peuple, dont l'unité et la cohésion subissent un clivage discriminatoire imposé de l'extérieur, du fait que les mesures internationales, à ce que l'on prétend du moins, ne sont pas dirigées contre le peuple, mais seulement contre les personnes se trouvant exercer le pouvoir et leurs partisans, qui cessent par là-même de représenter leur Etat et leur peuple. Les gouvernants deviennent, en d'autres termes, des « criminels de guerre », des « pirates » ou - du nom de l'espèce moderne et mégalopolitaine du pirate - des « gangsters ». Et ce ne sont pas là des expressions convenues d'une propagande survoltée : c'est la conséquence logique, en droit, de la dénationalisation de la guerre. »

— Carl Schmitt, « Le concept discriminatoire de la guerre », 1938

https://crioux.wordpress.com/2014/03/05/etat-providence/