Wilhelm von Humboldt
Citationes
« Le soin de l’État pour le bien matériel des citoyens est nocif aussi parce qu’il s’exerce nécessairement sur une foule hétérogène, et il nuit ainsi à l’individu en définissant des règles générales, des règles qui ne s’appliquent à chacun qu’au prix d’erreurs considérables. »
« [L'État] devrait s’abstenir de toute action sur le mariage, le laisser entièrement au libre arbitre des individus et aux divers contrats qu’ils concluent autour, autant en général que dans leurs modifications. La crainte de bouleverser par ce procédé tous les rapports de famille, ou peut-être d’en empêcher la seule formation — quelque fondée qu’elle soit, à cause de telles ou telles circonstances locales — ne m’effraye point, en tant que je considère exclusivement la nature des hommes et des États en général. Car l’expérience nous montre souvent que les mœurs restreignent ce que la loi libère ; l’idée de contrainte extérieure est entièrement étrangère à ces rapports qui, comme le mariage, reposent uniquement sur le penchant et le devoir intérieur. D’ailleurs, les conséquences des institutions coercitives ne répondent en rien aux intentions. »
« [...] l’État ne doit pas s’occuper du bien-être des citoyens ; pour la conservation de leur bonheur, rien ne peut être nécessaire de ce qui détruit la liberté, et par suite la sûreté. »
« Je crois maintenant avoir suffisamment démontré pour mon dessein combien est dangereux tout effort de l’État cherchant à combattre ou seulement à prévenir la corruption des mœurs, pourvu qu’elle ne porte pas directement atteinte au droit d’autrui ; combien peu on doit en attendre de conséquences salutaires sur la moralité elle-même, et combien une pareille action, exercée sur le caractère du peuple, est peu nécessaire, même pour le seul maintien de la sûreté. »
« Chaque âge qui suit doit être en dessous de ceux qui l’ont précédé en termes de variété ; — et avec quelle rapidité cette décadence ne s’augmentera-telle pas dans l’avenir ! — Il est en dessous pour la variété de la nature, les immenses forêts sont défrichées, les marais desséchés, etc. ; pour la variété de l’homme, elle se détruit par le progrès de communication et d’union dans les œuvres humaines [...]. »
L'éducation publique « reste totalement en dehors des limites dans lesquelles le rôle de l'État doit rester enfermé. »
— Wilhelm von Humboldt, Gesammelte Schriften: Ausgabe Der Preussischen Akademie Der Wissenschaften. Bd. I—XVII, Berlin 1903–36, I, p. 146