Ligne 52 : Ligne 52 :
  
 
« [J]e vendais quelques effets personnels, que je sortais discrètement de l’hôtel, enveloppés dans de petits paquets, et que je portais à un fripier de la rue de la Montagne Sainte-Geneviève. L’homme était un Juif aux cheveux roux, un homme extraordinairement désagréable, qui entrait parfois dans de violentes colères à la seule à la seule vue d’un client comme si celui-ci l’insultait en pénétrant dans son échoppe. « Merde ! s’écriait-il. Encore vous ? Vous me prenez pour qui ? Pour le fourneau économique ? » Et il offrait des prix dérisoires. Pour un chapeau que j’avais payé vingt-cinq shillings et à peine porté, il m’accorda cinq francs. Pour une bonne paire de chaussures, cinq francs encore. Pour des chemises, un franc la pièce. Il préférait échanger qu’acheter et avait mis au point un truc qui consistait à vous fourrer entre les mains un quelconque article sans valeur et à faire ensuite comme si vous aviez accepté l’objet en paiement. Je l’ai vu un jour prendre un très bon par-dessus à une vieille femme, lui coller dans la main deux boules de billard et la pousser vivement vers la porte sans lui laisser le temps de protester. C’eût été un véritable plaisir que d’aplatir le nez de ce Juif – pour quelqu’un, en tout cas, qui se fût trouvé en situation de le faire. »
 
« [J]e vendais quelques effets personnels, que je sortais discrètement de l’hôtel, enveloppés dans de petits paquets, et que je portais à un fripier de la rue de la Montagne Sainte-Geneviève. L’homme était un Juif aux cheveux roux, un homme extraordinairement désagréable, qui entrait parfois dans de violentes colères à la seule à la seule vue d’un client comme si celui-ci l’insultait en pénétrant dans son échoppe. « Merde ! s’écriait-il. Encore vous ? Vous me prenez pour qui ? Pour le fourneau économique ? » Et il offrait des prix dérisoires. Pour un chapeau que j’avais payé vingt-cinq shillings et à peine porté, il m’accorda cinq francs. Pour une bonne paire de chaussures, cinq francs encore. Pour des chemises, un franc la pièce. Il préférait échanger qu’acheter et avait mis au point un truc qui consistait à vous fourrer entre les mains un quelconque article sans valeur et à faire ensuite comme si vous aviez accepté l’objet en paiement. Je l’ai vu un jour prendre un très bon par-dessus à une vieille femme, lui coller dans la main deux boules de billard et la pousser vivement vers la porte sans lui laisser le temps de protester. C’eût été un véritable plaisir que d’aplatir le nez de ce Juif – pour quelqu’un, en tout cas, qui se fût trouvé en situation de le faire. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Orwell George Orwell], ''Dans la dèche à Paris et à Londres'', traduction Michel Pétris, p. 25
+
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Orwell George Orwell], ''Dans la dèche à Paris et à Londres'', trad. Michel Pétris, p. 25
  
 
Certains jours, Boris paraissait avoir touché le fond. Il restait avachi dans son lit, refoulant les sanglots qui lui montaient à la gorge pour vouer aux cent mille diables le Juif dont il partageait la chambre. Depuis quelque temps, ce Juif se faisait prier pour verser les deux francs quotidiens et, pire, affichait un air protecteur de plus en plus intolérable. À en croire Boris, un Anglais comme moi ne pouvait pas concevoir le supplice que cela représentait pour un Russe de bonne famille de se trouver à la merci d’un Juif.
 
Certains jours, Boris paraissait avoir touché le fond. Il restait avachi dans son lit, refoulant les sanglots qui lui montaient à la gorge pour vouer aux cent mille diables le Juif dont il partageait la chambre. Depuis quelque temps, ce Juif se faisait prier pour verser les deux francs quotidiens et, pire, affichait un air protecteur de plus en plus intolérable. À en croire Boris, un Anglais comme moi ne pouvait pas concevoir le supplice que cela représentait pour un Russe de bonne famille de se trouver à la merci d’un Juif.
Ligne 67 : Ligne 67 :
  
 
T’ai-je déjà dit, mon ami, que dans l’armée du tsar il était très mal vu de cracher sur un Juif ? Car l’on considérait que la salive d’un officier russe était chose trop précieuse pour être gaspillée sur cette race... », etc.
 
T’ai-je déjà dit, mon ami, que dans l’armée du tsar il était très mal vu de cracher sur un Juif ? Car l’on considérait que la salive d’un officier russe était chose trop précieuse pour être gaspillée sur cette race... », etc.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Orwell George Orwell], ''Dans la dèche à Paris et à Londres'', traduction Michel Pétris, p. 59
+
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Orwell George Orwell], ''Dans la dèche à Paris et à Londres'', trad. Michel Pétris, p. 59
  
 
== [[Miscellaneous]] ==
 
== [[Miscellaneous]] ==

Version du 4 avril 2016 à 09:01

Modèle:Social

Modèle:Column

Liberty

« Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. »

Liberalism

"It is obvious that the period of free capitalism is coming to an end and that one country after another is adopting a centralized economy that one can call Socialism or state capitalism according as one prefers. With that the economic liberty of the individual, and to a great extent his liberty to do what he likes, to choose his own work, to move to and fro across the surface of the earth, comes to an end. Now, till recently the implications of this were not foreseen. It was never fully realized that the disappearance of economic liberty would have any effect on intellectual liberty. Socialism was usually thought of as a sort of moralized liberalism. The state would take charge of your economic life and set you free from the fear of poverty, unemployment and so forth, but it would have no need to interfere with your private intellectual life.

Now, on the existing evidence, one must admit that these ideas have been falsified."

« Il est évident que l'âge du libre capitalisme touche à sa fin et qu'un pays après l'autre est en train d'adopter une économie centralisée que l'on peut appeler socialisme ou capitalisme d'État, comme on veut. Dans ce système, la liberté économique de l'individu et dans une large mesure sa liberté tout court - liberté d'agir, de choisir son travail, de circuler - disparaissent. ce n'est que tout récemment que l'on a commencé à entrevoir les implications de ce phénomène. Précédemment on n'avait jamais imaginé que la disparition de la liberté économique pourrait affecter la liberté intellectuelle. On pensait d'ordinaire que le socialisme était une sorte de libéralisme augmenté d'une morale. L'État allait prendre votre vie économique en charge et vous libérerait de la crainte de la pauvreté, du chômage, etc, mais il n'aurait nul besoin de s'immiscer dans votre vie intellectuelle privée.
Maintenant la preuve a été faite que ces vues étaient fausses. »

Truth

« Ils ne se révolteront que lorsqu'ils seront devenus conscients et ils ne pourront devenir conscients qu'après s'être révoltés. »

  • George Orwell, 1984 (1949), trad. Amélie Audiberti, éd. Gallimard, coll. Folio, 1972 (ISBN 9782070368228), p. 105

« Si tous les autres acceptaient le mensonge imposée par le Parti — si tous les rapports racontaient la même chose —, le mensonge passait dans l'histoire et devenait vérité. "Celui qui a le contrôle du passé, disait le slogan du Parti, a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé." »

  • George Orwell, 1984 (1949), trad. Amélie Audiberti, éd. Gallimard, coll. Folio, 1972 (ISBN 9782070368228), p. 54

Socialism

"So much of left-wing thought is a kind of playing with fire by people who don't even know that fire is hot."

"All animals are equal, but some animals are more equal than others."

« Tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d'autres. »
  • George Orwell, La Ferme des animaux (1945), trad. Jean Quéval, éd. Gallimard, coll. Folio, 1984 (ISBN 9782070375165), chap. 10, p. 144

Monarchism

"[I]t is even probably true - that patriotism is an inoculation against nationalism, that monarchy is a guard against dictatorship, and that organized religion is a guard against superstition."

Culture

"[...] the present political chaos is connected with the decay of language."

Race

« [J]e vendais quelques effets personnels, que je sortais discrètement de l’hôtel, enveloppés dans de petits paquets, et que je portais à un fripier de la rue de la Montagne Sainte-Geneviève. L’homme était un Juif aux cheveux roux, un homme extraordinairement désagréable, qui entrait parfois dans de violentes colères à la seule à la seule vue d’un client comme si celui-ci l’insultait en pénétrant dans son échoppe. « Merde ! s’écriait-il. Encore vous ? Vous me prenez pour qui ? Pour le fourneau économique ? » Et il offrait des prix dérisoires. Pour un chapeau que j’avais payé vingt-cinq shillings et à peine porté, il m’accorda cinq francs. Pour une bonne paire de chaussures, cinq francs encore. Pour des chemises, un franc la pièce. Il préférait échanger qu’acheter et avait mis au point un truc qui consistait à vous fourrer entre les mains un quelconque article sans valeur et à faire ensuite comme si vous aviez accepté l’objet en paiement. Je l’ai vu un jour prendre un très bon par-dessus à une vieille femme, lui coller dans la main deux boules de billard et la pousser vivement vers la porte sans lui laisser le temps de protester. C’eût été un véritable plaisir que d’aplatir le nez de ce Juif – pour quelqu’un, en tout cas, qui se fût trouvé en situation de le faire. »

  • George Orwell, Dans la dèche à Paris et à Londres, trad. Michel Pétris, p. 25

Certains jours, Boris paraissait avoir touché le fond. Il restait avachi dans son lit, refoulant les sanglots qui lui montaient à la gorge pour vouer aux cent mille diables le Juif dont il partageait la chambre. Depuis quelque temps, ce Juif se faisait prier pour verser les deux francs quotidiens et, pire, affichait un air protecteur de plus en plus intolérable. À en croire Boris, un Anglais comme moi ne pouvait pas concevoir le supplice que cela représentait pour un Russe de bonne famille de se trouver à la merci d’un Juif.

« Un Juif, mon ami, un véritable Juif ! Et qui n’a même pas la pudeur de se voiler la face ! Quand je pense que moi, ancien capitaine du tsar... T’ai-je dit, mon ami, que j’étais capitaine au 2e tirailleurs sibériens ? Oui, capitaine, et mon père était colonel. Et voilà où j’en suis, à manger le pain d’un Juif-Un Juif... Je vais te dire comment sont les Juifs. Un jour – c’était dans les premiers mois de la guerre, nous étions en campagne – nous nous arrêtons dans un village pour y passer la nuit. Un Juif horrible, un vieux Juif avec une barbe rousse de Judas Iscariote arrive à se faufiler jusqu’à mon cantonnement. Je lui demande ce qu’il veut.

— Excellence, me dit-il, je vous ai amené une jeune fille, une très belle jeune fille, pas plus de dix-sept ans.

— Merci, je lui réponds, je n’ai pas envie d’attraper des maladies.

— Des maladies ! s’écrie le Juif. Mais monsieur le capitaine, vous n’avez aucune crainte à avoir, c’est ma propre fille ! Voilà le caractère juif.

T’ai-je déjà dit, mon ami, que dans l’armée du tsar il était très mal vu de cracher sur un Juif ? Car l’on considérait que la salive d’un officier russe était chose trop précieuse pour être gaspillée sur cette race... », etc.

  • George Orwell, Dans la dèche à Paris et à Londres, trad. Michel Pétris, p. 59

Miscellaneous

"England is perhaps the only great country whose intellectuals are ashamed of their own nationality. In left-wing circles it is always felt that there is something slightly disgraceful in being an Englishman and that it is a duty to snigger at every English institution, from horse racing to suet puddings. It is a strange fact, but it is unquestionably true that almost any English intellectual would feel more ashamed of standing to attention during God save the King than of stealing from a poor box."

  • George Orwell, The Lion and the Unicorn (1941), Part I : England Your England

Source

English

Modèle:Amazon.com Modèle:Amazon.com

Français

Modèle:Amazon Modèle:Amazon

Modèle:Facebook