Différences entre les versions de « Samuel Huntington »
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== Citations == | == Citations == | ||
− | + | « L’Afrique, quant à elle, non seulement n’a rien à offrir pour contribuer à la reconstruction de l’Europe, mais elle déverse des hordes d’immigrants résolus à se partager les restes. » | |
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+ | « Normativement, l’Occident, dans sa prétention à l’universalité, tient pour évident que les peuples du monde entier devraient adhérer aux valeurs, aux institutions et à la culture occidentale parce qu’elles constituent le mode de pensée le plus élaboré, le plus lumineux, le plus libéral, le plus rationnel, le plus moderne. | ||
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+ | Dans un monde traversé par les conflits ethniques et les chocs entre civilisations, la croyance occidentale dans la vocation universelle de sa culture a trois défauts majeurs : elle est fausse, elle est immorale et elle est dangereuse. [...] L’impérialisme est la conséquence logique de la prétention à l’universalité. [...] | ||
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+ | L’universalisme occidental est dangereux pour le reste du monde parce qu’il pourrait être à l’origine d’une guerre entre les États phares de civilisations différentes, et pour l’Ouest parce que cela pourrait le mener à sa propre défaite. » | ||
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− | + | « Quand les Américains cherchent leurs racines culturelles, ils les trouvent en Europe. » | |
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− | + | « Le rejet des principes fondamentaux et de la civilisation occidentale signifie la fin des États-Unis d’Amérique tels que nous les avons connus. Cela signifie également la fin de la civilisation occidentale. Si les États-Unis se désoccidentalisent, l’Ouest se réduira à l’Europe et à quelques zones d’implantation européenne, faiblement peuplées. Sans les États-Unis, l’Occident ne représente plus qu’une fraction minuscule et déclinante de la population mondiale, abandonnée sur une petite péninsule à l’extrémité de la masse eurasienne. » | |
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+ | « Les multiculturalistes américains rejettent [...] l’héritage culturel de leur pays. Ils [...] souhaitent créer un pays aux civilisations multiples, c’est à dire un pays n’appartenant à aucune civilisation et dépourvu d’unité culturelle. L’histoire nous apprend qu’aucun État ainsi constitué n’a jamais perduré en tant que société cohérente. » | ||
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− | « | + | « Comment les États se comporteront-ils vis-à-vis de la Chine si elle devient la puissance hégémonique en Extrême-Orient ? Les réactions seront extrêmement variables. La Chine a présenté les États-Unis comme son principal ennemi. Les Américains auront donc tendance à réagir comme des rivaux primaires et à empêcher que la Chine n’accède à cette position hégémonique. Cela serait conforme à la tradition, '''l’Amérique s’étant toujours souciée d’empêcher que l’Europe et l’Asie soient dominées par une seule puissance.''' Ce n’est plus d’actualité en Europe, mais en Asie, cet objectif reste valide. En Europe occidentale, une fédération relativement lâche, liée intimement aux États-Unis d’un point de vue culturel, politique et économique ne menacerait pas la sécurité américaine. Une Chine réunifiée, puissante et sûre d’elle le ferait. Les Américains ont-ils intérêts à se tenir prêts à entrer en guerre pour empêcher la Chine de dominer l’Extrême-Orient ? Si le développement économique de la Chine se poursuit, voilà qui devrait représenter le principal sujet de préoccupation pour les responsables de la sécurité américaine au début du XXIe siècle. » |
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− | « Le problème central pour l’Occident n’est pas le fondamentalisme islamique. C’est l’islam, civilisation différente dont les représentants sont convaincus de la supériorité de leur culture et obsédés par l’infériorité de leur puissance. | + | « Le problème central pour l’Occident n’est pas le fondamentalisme islamique. C’est l’islam, civilisation différente dont les représentants sont convaincus de la supériorité de leur culture et obsédés par l’infériorité de leur puissance. Le problème pour l’islam n’est pas la CIA ou le ministère américain de la Défense. C’est l’Occident, civilisation différente dont les représentants sont convaincus de l’universalité de leur culture et croient que leur puissance supérieure, bien que déclinante, leur confère le devoir d’étendre cette culture à travers le monde. Tels sont les ingrédients qui alimentent le conflit entre l’islam et l’Occident. » |
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« Si la démographie dicte le destin de l’histoire, les mouvements de population en sont le moteur. » | « Si la démographie dicte le destin de l’histoire, les mouvements de population en sont le moteur. » | ||
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− | « | + | « Le paradigme civilisationnel permet donc de répondre de façon nette et convaincante à la question de savoir ou finit l’Europe. Elle se termine là ou finit la chrétienté occidentale et ou commencent l’islam et l’orthodoxie. » |
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− | « | + | « En adoptant l’idéologie occidentale et en l’utilisant pour défier l’Occident, les Russes se sont rapprochés de lui plus qu’à toute autre période de leur histoire. Bien que les idéologies démocrate, libérale et communiste diffèrent beaucoup l’une de l’autre, les deux camps, en un sens, parlent le même langage. La chute du communisme et de l’Union soviétique a sonné le glas de cette interaction politico-idéologique entre l’Occident et la Russie. L’Occident espère et croit que la démocratie libérale triomphera dans tout l’ex-empire soviétique. Ce n’est pas dit. En 1995, l’avenir de la démocratie libérale en Russie et dans les autres républiques orthodoxes restait incertain. En outre, les Russes avant cessé d’agir en marxistes pour agir en Russes, le fossé entre l’Occident et la Russie s’élargit. Le conflit entre la démocratie libérale et le marxisme-léninisme opposait deux idéologies qui, malgré leurs importantes différences, étaient toutes les deux modernes et laïques, et se donnaient pour finalité la liberté, l’égalité et le bien-être matériel. '''Un démocrate occidental pouvait débattre avec un marxiste soviétique. Ce serait impossible avec un nationaliste orthodoxe russe.''' » |
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− | |page= | + | |page=204-205}} |
− | + | « '''[...] la résurgence religieuse à travers le monde est une réaction à la laïcisation, au relativisme moral et à la tolérance individuelle, et une réaffirmation des valeurs d’ordre, de discipline, de travail, d’entraide et de solidarité humaine.''' Les groupes religieux rencontrent les besoins sociaux laissés sans réponses par les bureaucraties étatiques. » | |
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+ | « '''Fondamentalement, le monde est en train de devenir plus moderne et moins occidental.''' » | ||
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− | + | « Lorsque la modernisation s’accroît, cependant, le taux d’occidentalisation décline et la culture indigène regagne en vigueur. [...] | |
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+ | À l’échelon sociétal, la modernisation renforce le pouvoir économique, militaire et politique de la société dans son ensemble et encourage la population à avoir confiance dans sa culture et à s’affirmer dans son identité culturelle. À l’échelon individuel, la modernisation engendre des sentiments d’aliénation et d’anomie à mesure que les liens et les relations sociales traditionnelles se brisent, ce qui conduit à des crises d’identité auxquelles la religion apporte une réponse » | ||
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+ | « Seule l’arrogance incite les Occidentaux à considérer que les non-Occidentaux “s’occidentaliseront” en consommant plus de produits occidentaux. '''Le fait que les Occidentaux identifient leur culture à des liquides vaisselle, des pantalons décolorés et des aliments trop riches, voilà qui est révélateur de ce qu’est l’Occident.''' » | ||
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− | |page= | + | |page=72-73}} |
« '''L’idée selon laquelle la diffusion de la culture de masse et des biens de consommation dans le monde entier représente le triomphe de la civilisation occidentale repose sur une vision affadie de la culture occidentale. L’essence de la culture occidentale, c’est le droit, pas le MacDo. Le fait que les non-Occidentaux puissent opter pour le second n’implique pas qu’ils acceptent le premier.''' » | « '''L’idée selon laquelle la diffusion de la culture de masse et des biens de consommation dans le monde entier représente le triomphe de la civilisation occidentale repose sur une vision affadie de la culture occidentale. L’essence de la culture occidentale, c’est le droit, pas le MacDo. Le fait que les non-Occidentaux puissent opter pour le second n’implique pas qu’ils acceptent le premier.''' » | ||
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|titre=Le Choc des civilisations | |titre=Le Choc des civilisations | ||
|année d'origine=1996 | |année d'origine=1996 | ||
− | |traducteur=Jean-Luc Fidel | + | |traducteur=Jean-Luc Fidel, Geneviève Joublain, Patrice Jorland, Jean-Jacques Pédussaud |
|éditeur=Odile Jacob | |éditeur=Odile Jacob | ||
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|page=72}} | |page=72}} | ||
− | « | + | « L’expansion de l’Occident a été facilitée par la supériorité de son organisation, de sa discipline, de l’entraînement de ses troupes, de ses armes, de ses moyens de transport, de sa logistique, de ses soins médicaux, tout cela étant la résultante de son leadership dans la révolution industrielle. L’Occident a vaincu le monde non parce que ses idées, ses valeurs, sa religion étaient supérieures (rares ont été les membres d’autres civilisations à se convertir), mais plutôt par sa supériorité à utiliser la violence organisée. Les Occidentaux l’oublient souvent, mais les non-Occidentaux jamais. » |
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− | |page= | + | |page=61}} |
− | « Une civilisation est le mode le plus élevé de regroupement et le niveau le plus haut d’identité culturelle dont les humains ont besoin pour se distinguer des autres espèces. Elle se définit à la fois par des éléments objectifs, comme la langue, l’histoire, la religion, les coutumes, les institutions, et par des éléments subjectifs d’auto-identification. » | + | « Une civilisation est ainsi le mode le plus élevé de regroupement et le niveau le plus haut d’identité culturelle dont les humains ont besoin pour se distinguer des autres espèces. Elle se définit à la fois par des éléments objectifs, comme la langue, l’histoire, la religion, les coutumes, les institutions, et par des éléments subjectifs d’auto-identification. » |
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|année d'origine=1996 | |année d'origine=1996 | ||
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− | |page= | + | |page=47}} |
− | + | « Dans le monde nouveau qui est désormais le nôtre, la politique locale est ethnique et la politique globale est civilisationnelle. La rivalité entre grandes puissances est remplacée par le choc des civilisations. » | |
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− | |page= | + | |page=21-23}} |
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« Samuel Huntington a décrit de façon réaliste les obstacles auxquels se heurtent inévitablement les partisans d’un monde unipolaire et les fanatiques de la fin de l’histoire. Quand le dernier ennemi formel des États-Unis, l’Union soviétique, a disparu, certains se sont imaginés que l’Occident était parvenu au terme de son évolution démocratique libérale et que l’on allait accéder au “paradis terrestre” de la société techno-marchande (dont vous avez vous-même montré à quel point elle est déjà en place). Telle était l’idée de Francis Fukuyama lorsqu’il a écrit son célèbre article sur la fin de l’histoire. Huntington a eu le mérite de montrer tout ce qui contredisait l’optimisme professé alors dans les milieux globalistes. Analysant ces phénomènes, il en est arrivé à la conclusion qu’on pouvait les subsumer sous une seule dénomination : les ''civilisations''. C’est le mot-clé. [...] | « Samuel Huntington a décrit de façon réaliste les obstacles auxquels se heurtent inévitablement les partisans d’un monde unipolaire et les fanatiques de la fin de l’histoire. Quand le dernier ennemi formel des États-Unis, l’Union soviétique, a disparu, certains se sont imaginés que l’Occident était parvenu au terme de son évolution démocratique libérale et que l’on allait accéder au “paradis terrestre” de la société techno-marchande (dont vous avez vous-même montré à quel point elle est déjà en place). Telle était l’idée de Francis Fukuyama lorsqu’il a écrit son célèbre article sur la fin de l’histoire. Huntington a eu le mérite de montrer tout ce qui contredisait l’optimisme professé alors dans les milieux globalistes. Analysant ces phénomènes, il en est arrivé à la conclusion qu’on pouvait les subsumer sous une seule dénomination : les ''civilisations''. C’est le mot-clé. [...] | ||
− | Fukuyama était un globaliste optimiste. Huntington est un globaliste pessimiste, qui analyse les risques et mesure les dangers. | + | Fukuyama était un globaliste optimiste. Huntington est un globaliste pessimiste, qui analyse les risques et mesure les dangers. On peut tirer une leçon eurasiste de ses analyses. Huntington a raison de dire que les civilisations réapparaissent, mais il a tort de s’en affliger. » |
{{Réf Livre | {{Réf Livre | ||
|auteur=[[Alexandre Douguine]] | |auteur=[[Alexandre Douguine]] |
Version actuelle datée du 3 avril 2024 à 22:13
Citations
« L’Afrique, quant à elle, non seulement n’a rien à offrir pour contribuer à la reconstruction de l’Europe, mais elle déverse des hordes d’immigrants résolus à se partager les restes. »
« Normativement, l’Occident, dans sa prétention à l’universalité, tient pour évident que les peuples du monde entier devraient adhérer aux valeurs, aux institutions et à la culture occidentale parce qu’elles constituent le mode de pensée le plus élaboré, le plus lumineux, le plus libéral, le plus rationnel, le plus moderne.
Dans un monde traversé par les conflits ethniques et les chocs entre civilisations, la croyance occidentale dans la vocation universelle de sa culture a trois défauts majeurs : elle est fausse, elle est immorale et elle est dangereuse. [...] L’impérialisme est la conséquence logique de la prétention à l’universalité. [...]
L’universalisme occidental est dangereux pour le reste du monde parce qu’il pourrait être à l’origine d’une guerre entre les États phares de civilisations différentes, et pour l’Ouest parce que cela pourrait le mener à sa propre défaite. »
« Quand les Américains cherchent leurs racines culturelles, ils les trouvent en Europe. »
« Le rejet des principes fondamentaux et de la civilisation occidentale signifie la fin des États-Unis d’Amérique tels que nous les avons connus. Cela signifie également la fin de la civilisation occidentale. Si les États-Unis se désoccidentalisent, l’Ouest se réduira à l’Europe et à quelques zones d’implantation européenne, faiblement peuplées. Sans les États-Unis, l’Occident ne représente plus qu’une fraction minuscule et déclinante de la population mondiale, abandonnée sur une petite péninsule à l’extrémité de la masse eurasienne. »
« Les multiculturalistes américains rejettent [...] l’héritage culturel de leur pays. Ils [...] souhaitent créer un pays aux civilisations multiples, c’est à dire un pays n’appartenant à aucune civilisation et dépourvu d’unité culturelle. L’histoire nous apprend qu’aucun État ainsi constitué n’a jamais perduré en tant que société cohérente. »
« Comment les États se comporteront-ils vis-à-vis de la Chine si elle devient la puissance hégémonique en Extrême-Orient ? Les réactions seront extrêmement variables. La Chine a présenté les États-Unis comme son principal ennemi. Les Américains auront donc tendance à réagir comme des rivaux primaires et à empêcher que la Chine n’accède à cette position hégémonique. Cela serait conforme à la tradition, l’Amérique s’étant toujours souciée d’empêcher que l’Europe et l’Asie soient dominées par une seule puissance. Ce n’est plus d’actualité en Europe, mais en Asie, cet objectif reste valide. En Europe occidentale, une fédération relativement lâche, liée intimement aux États-Unis d’un point de vue culturel, politique et économique ne menacerait pas la sécurité américaine. Une Chine réunifiée, puissante et sûre d’elle le ferait. Les Américains ont-ils intérêts à se tenir prêts à entrer en guerre pour empêcher la Chine de dominer l’Extrême-Orient ? Si le développement économique de la Chine se poursuit, voilà qui devrait représenter le principal sujet de préoccupation pour les responsables de la sécurité américaine au début du XXIe siècle. »
« Le problème central pour l’Occident n’est pas le fondamentalisme islamique. C’est l’islam, civilisation différente dont les représentants sont convaincus de la supériorité de leur culture et obsédés par l’infériorité de leur puissance. Le problème pour l’islam n’est pas la CIA ou le ministère américain de la Défense. C’est l’Occident, civilisation différente dont les représentants sont convaincus de l’universalité de leur culture et croient que leur puissance supérieure, bien que déclinante, leur confère le devoir d’étendre cette culture à travers le monde. Tels sont les ingrédients qui alimentent le conflit entre l’islam et l’Occident. »
« Si la démographie dicte le destin de l’histoire, les mouvements de population en sont le moteur. »
« Le paradigme civilisationnel permet donc de répondre de façon nette et convaincante à la question de savoir ou finit l’Europe. Elle se termine là ou finit la chrétienté occidentale et ou commencent l’islam et l’orthodoxie. »
« En adoptant l’idéologie occidentale et en l’utilisant pour défier l’Occident, les Russes se sont rapprochés de lui plus qu’à toute autre période de leur histoire. Bien que les idéologies démocrate, libérale et communiste diffèrent beaucoup l’une de l’autre, les deux camps, en un sens, parlent le même langage. La chute du communisme et de l’Union soviétique a sonné le glas de cette interaction politico-idéologique entre l’Occident et la Russie. L’Occident espère et croit que la démocratie libérale triomphera dans tout l’ex-empire soviétique. Ce n’est pas dit. En 1995, l’avenir de la démocratie libérale en Russie et dans les autres républiques orthodoxes restait incertain. En outre, les Russes avant cessé d’agir en marxistes pour agir en Russes, le fossé entre l’Occident et la Russie s’élargit. Le conflit entre la démocratie libérale et le marxisme-léninisme opposait deux idéologies qui, malgré leurs importantes différences, étaient toutes les deux modernes et laïques, et se donnaient pour finalité la liberté, l’égalité et le bien-être matériel. Un démocrate occidental pouvait débattre avec un marxiste soviétique. Ce serait impossible avec un nationaliste orthodoxe russe. »
« [...] la résurgence religieuse à travers le monde est une réaction à la laïcisation, au relativisme moral et à la tolérance individuelle, et une réaffirmation des valeurs d’ordre, de discipline, de travail, d’entraide et de solidarité humaine. Les groupes religieux rencontrent les besoins sociaux laissés sans réponses par les bureaucraties étatiques. »
« Fondamentalement, le monde est en train de devenir plus moderne et moins occidental. »
« Lorsque la modernisation s’accroît, cependant, le taux d’occidentalisation décline et la culture indigène regagne en vigueur. [...]
À l’échelon sociétal, la modernisation renforce le pouvoir économique, militaire et politique de la société dans son ensemble et encourage la population à avoir confiance dans sa culture et à s’affirmer dans son identité culturelle. À l’échelon individuel, la modernisation engendre des sentiments d’aliénation et d’anomie à mesure que les liens et les relations sociales traditionnelles se brisent, ce qui conduit à des crises d’identité auxquelles la religion apporte une réponse »
« Seule l’arrogance incite les Occidentaux à considérer que les non-Occidentaux “s’occidentaliseront” en consommant plus de produits occidentaux. Le fait que les Occidentaux identifient leur culture à des liquides vaisselle, des pantalons décolorés et des aliments trop riches, voilà qui est révélateur de ce qu’est l’Occident. »
« L’idée selon laquelle la diffusion de la culture de masse et des biens de consommation dans le monde entier représente le triomphe de la civilisation occidentale repose sur une vision affadie de la culture occidentale. L’essence de la culture occidentale, c’est le droit, pas le MacDo. Le fait que les non-Occidentaux puissent opter pour le second n’implique pas qu’ils acceptent le premier. »
« L’expansion de l’Occident a été facilitée par la supériorité de son organisation, de sa discipline, de l’entraînement de ses troupes, de ses armes, de ses moyens de transport, de sa logistique, de ses soins médicaux, tout cela étant la résultante de son leadership dans la révolution industrielle. L’Occident a vaincu le monde non parce que ses idées, ses valeurs, sa religion étaient supérieures (rares ont été les membres d’autres civilisations à se convertir), mais plutôt par sa supériorité à utiliser la violence organisée. Les Occidentaux l’oublient souvent, mais les non-Occidentaux jamais. »
« Une civilisation est ainsi le mode le plus élevé de regroupement et le niveau le plus haut d’identité culturelle dont les humains ont besoin pour se distinguer des autres espèces. Elle se définit à la fois par des éléments objectifs, comme la langue, l’histoire, la religion, les coutumes, les institutions, et par des éléments subjectifs d’auto-identification. »
« Dans le monde nouveau qui est désormais le nôtre, la politique locale est ethnique et la politique globale est civilisationnelle. La rivalité entre grandes puissances est remplacée par le choc des civilisations. »
Citations sur Samuel Huntington
« Samuel Huntington a décrit de façon réaliste les obstacles auxquels se heurtent inévitablement les partisans d’un monde unipolaire et les fanatiques de la fin de l’histoire. Quand le dernier ennemi formel des États-Unis, l’Union soviétique, a disparu, certains se sont imaginés que l’Occident était parvenu au terme de son évolution démocratique libérale et que l’on allait accéder au “paradis terrestre” de la société techno-marchande (dont vous avez vous-même montré à quel point elle est déjà en place). Telle était l’idée de Francis Fukuyama lorsqu’il a écrit son célèbre article sur la fin de l’histoire. Huntington a eu le mérite de montrer tout ce qui contredisait l’optimisme professé alors dans les milieux globalistes. Analysant ces phénomènes, il en est arrivé à la conclusion qu’on pouvait les subsumer sous une seule dénomination : les civilisations. C’est le mot-clé. [...]
Fukuyama était un globaliste optimiste. Huntington est un globaliste pessimiste, qui analyse les risques et mesure les dangers. On peut tirer une leçon eurasiste de ses analyses. Huntington a raison de dire que les civilisations réapparaissent, mais il a tort de s’en affliger. »
Bibliographie