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« La nature de la contrainte psychologique est telle que ses victimes ont l’impression d’agir sur leur propre initiative, elles ne savent pas qu’elles sont des victimes, les  murs de la prison leur sont invisibles et elles se croient libres. Leur servitude est strictement objective et n’apparaît qu’aux yeux d’autrui. »
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« Il est parfaitement possible qu’un homme soit hors de prison sans être libre, à l’abri de toute contrainte matérielle et pourtant captif psychologiquement, obligé de penser, de sentir et d’agir comme le veulent les représentants de l’État ou de quelque intérêt privé à l’intérieur de la nation. »
 
« Il est parfaitement possible qu’un homme soit hors de prison sans être libre, à l’abri de toute contrainte matérielle et pourtant captif psychologiquement, obligé de penser, de sentir et d’agir comme le veulent les représentants de l’État ou de quelque intérêt privé à l’intérieur de la nation. »
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La société « décrite dans ''Le Meilleur des Mondes'' est une société mondiale dans laquelle la guerre a été éliminée et où le premier but des dirigeants est d’empêcher à tout prix leurs sujets de créer des désordres. Ils y parviennent (entre autres méthodes) par la légalisation d’un degré de liberté sexuelle (rendu possible par l’abolition de la famille) qui garantit pratiquement les populations de toute forme de tension émotive destructrice (ou créatrice). '''Dans ''1984'', l’appétit de puissance se satisfait en infligeant la souffrance ; dans ''Le Meilleur des Mondes'' en infligeant un plaisir à peine moins humiliant.''' »
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La société « décrite dans ''Le Meilleur des Mondes'' est une société mondiale dans laquelle la guerre a été éliminée et où le premier but des dirigeants est d’empêcher à tout prix leurs sujets de créer des désordres. Ils y parviennent (entre autres méthodes) par la légalisation d’un degré de liberté sexuelle (rendu possible par l’abolition de la famille) qui garantit pratiquement les populations de toute forme de tension émotive destructrice (ou créatrice). Dans ''1984'', l’appétit de puissance se satisfait en infligeant la souffrance ; dans ''Le Meilleur des Mondes'' en infligeant un plaisir à peine moins humiliant. »
 
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« [...] '''il semble maintenant que l’avenir a des chances de ressembler au ''Meilleur des Mondes'' plutôt qu’à ''1984'''''.
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À la lumière de ce que nous avons récemment appris sur le comportement animal en général et sur le comportement humain en particulier, '''il est devenu évident que le contrôle par répression des attitudes non conformes est moins efficace, au bout du compte, que le contrôle par renforcement des attitudes satisfaisantes au moyen de récompenses''' et que, dans l’ensemble, la terreur en tant que procédé de gouvernement rend moins bien que la manipulation non violente du milieu, des pensées et des sentiments de l’individu. Le châtiment fait provisoirement cesser le comportement incriminé, mais ne supprime pas de façon définitive la tendance de la victime à s’y complaire. De plus, les dérivés psychophysiques de la répression peuvent être tout aussi fâcheux que l’attitude pour laquelle un individu a été châtié. La psychothérapie est en grande partie consacrée au traitement des effets débilitants ou antisociaux de sanctions passées. »
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« [...] je suis beaucoup moins optimiste que je l’étais en écrivant ''Le Meilleur des Mondes''. Les prophéties faites en 1931 se réalisent bien plus tôt que je le pensais. L’intervalle béni entre trop de désordre et trop d’ordre n’a pas commencé et rien n’indique qu’il le fera jamais. En Occident, il est vrai, hommes et femmes jouissent encore dans une appréciable mesure de la liberté individuelle, mais même dans les pays qui ont une longue tradition de gouvernement démocratique cette liberté, voire le désir de la posséder, paraissent en déclin. »
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« [...] la civilisation industrielle n’est possible que lorsqu’il n’y a pas de renoncement. La jouissance jusqu’aux limites extrêmes que lui imposent l’hygiène et les lois économiques. Sans quoi les rouages cessent de tourner. [...] la passion et la neurasthénie, c’est l’instabilité. Et l’instabilité, c’est la fin de la civilisation. On ne peut avoir une civilisation durable sans une bonne quantité de vices aimables. [...] '''la civilisation n’a pas le moindre besoin de noblesse ou d’héroïsme. Ces choses-là sont des symptômes d’incapacité politique. Dans une société convenablement organisée comme la nôtre, personne n’a l’occasion d’être noble ou héroïque.''' Il faut que les conditions deviennent foncièrement instables avant qu’une telle occasion puisse se présenter. Là où il y a des guerres, là où il y a des serments de fidélité multiples et divisés, là où il y a des tentations auxquelles on doit résister, des objets d’amour pour lesquels il faut combattre ou qu’il faut défendre, là, manifestement, la noblesse et l’héroïsme ont un sens. Mais il n’y a pas de guerres, de nos jours. On prend le plus grand soin de vous empêcher d’aimer exagérément qui que ce soit. Il n’y a rien qui ressemble à un serment de fidélité multiple ; vous êtes conditionné de telle sorte que vous ne pouvez vous empêcher de faire ce que vous avez à faire. Et ce que vous avez à faire est, dans l’ensemble, si agréable, on laisse leur libre jeu à un si grand nombre de vos impulsions naturelles, qu’il n’y a véritablement pas de tentations auxquelles il faille résister. Et si jamais, par quelque malchance, il se produisait d’une façon ou d’une autre quelque chose de désagréable, eh bien, il y a toujours le ''soma'' qui vous permet de prendre un congé, de vous évader de la réalité. Et il y a toujours le ''soma'' pour calmer votre colère, pour vous réconcilier avec vos ennemis, pour vous rendre patient et vous aider à supporter les ennuis. Autrefois, on ne pouvait accomplir ces choses-là qu’en faisant un gros effort et après des années d’entraînement moral pénible. À présent, on avale deux ou trois comprimés d’un demi-gramme, et voilà. Tout le monde peut être vertueux, à présent. On peut porter sur soi, en flacon, au moins la moitié de sa moralité. Le christianisme sans larmes, voilà ce qu’est le ''soma''. »
 
« [...] la civilisation industrielle n’est possible que lorsqu’il n’y a pas de renoncement. La jouissance jusqu’aux limites extrêmes que lui imposent l’hygiène et les lois économiques. Sans quoi les rouages cessent de tourner. [...] la passion et la neurasthénie, c’est l’instabilité. Et l’instabilité, c’est la fin de la civilisation. On ne peut avoir une civilisation durable sans une bonne quantité de vices aimables. [...] '''la civilisation n’a pas le moindre besoin de noblesse ou d’héroïsme. Ces choses-là sont des symptômes d’incapacité politique. Dans une société convenablement organisée comme la nôtre, personne n’a l’occasion d’être noble ou héroïque.''' Il faut que les conditions deviennent foncièrement instables avant qu’une telle occasion puisse se présenter. Là où il y a des guerres, là où il y a des serments de fidélité multiples et divisés, là où il y a des tentations auxquelles on doit résister, des objets d’amour pour lesquels il faut combattre ou qu’il faut défendre, là, manifestement, la noblesse et l’héroïsme ont un sens. Mais il n’y a pas de guerres, de nos jours. On prend le plus grand soin de vous empêcher d’aimer exagérément qui que ce soit. Il n’y a rien qui ressemble à un serment de fidélité multiple ; vous êtes conditionné de telle sorte que vous ne pouvez vous empêcher de faire ce que vous avez à faire. Et ce que vous avez à faire est, dans l’ensemble, si agréable, on laisse leur libre jeu à un si grand nombre de vos impulsions naturelles, qu’il n’y a véritablement pas de tentations auxquelles il faille résister. Et si jamais, par quelque malchance, il se produisait d’une façon ou d’une autre quelque chose de désagréable, eh bien, il y a toujours le ''soma'' qui vous permet de prendre un congé, de vous évader de la réalité. Et il y a toujours le ''soma'' pour calmer votre colère, pour vous réconcilier avec vos ennemis, pour vous rendre patient et vous aider à supporter les ennuis. Autrefois, on ne pouvait accomplir ces choses-là qu’en faisant un gros effort et après des années d’entraînement moral pénible. À présent, on avale deux ou trois comprimés d’un demi-gramme, et voilà. Tout le monde peut être vertueux, à présent. On peut porter sur soi, en flacon, au moins la moitié de sa moralité. Le christianisme sans larmes, voilà ce qu’est le ''soma''. »
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== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==
  
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Version actuelle datée du 12 novembre 2024 à 14:57

Aldous Huxley.jpg

Citations

« Sous la férule d’un dictateur scientifique, l’éducation produira vraiment les effets voulus et il en résultera que la plupart des hommes et des femmes en arriveront à aimer leur servitude sans jamais songer à la révolution. Il semble qu’il n’y ait aucune raison valable pour qu’une dictature parfaitement scientifique soit jamais renversée. »

— Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes (1958), trad. Denise Meunier, éd. Pocket, 2021 (ISBN 9782266172455), p. 154


« Les anciens dictateurs sont tombés parce qu’ils n’ont jamais pu fournir assez de pain, de jeux, de miracles et de mystères à leurs sujets ; ils ne possédaient pas non plus un système vraiment efficace de manipulation mentale. »

— Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes (1958), trad. Denise Meunier, éd. Pocket, 2021 (ISBN 9782266172455), p. 154


« Toute les appellations traditionnelles, tous les slogans consacrés resteront exactement ce qu’ils étaient au bon vieux temps, la démocratie et la liberté seront les thèmes de toutes les émissions radiodiffusées et de tous les éditoriaux — mais une démocratie, une liberté au sens strictement pickwickien du terme. Entre-temps, l’oligarchie au pouvoir et son élite hautement qualifiée de soldats, de policiers, de fabricants de pensée, de manipulateurs mentaux mènera tout et tout le monde comme bon lui semblera. »

— Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes (1958), trad. Denise Meunier, éd. Pocket, 2021 (ISBN 9782266172455), p. 144


« La nature de la contrainte psychologique est telle que ses victimes ont l’impression d’agir sur leur propre initiative, elles ne savent pas qu’elles sont des victimes, les murs de la prison leur sont invisibles et elles se croient libres. Leur servitude est strictement objective et n’apparaît qu’aux yeux d’autrui. »

— Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes (1958), trad. Denise Meunier, éd. Pocket, 2021 (ISBN 9782266172455), p. 142-143


« Il est parfaitement possible qu’un homme soit hors de prison sans être libre, à l’abri de toute contrainte matérielle et pourtant captif psychologiquement, obligé de penser, de sentir et d’agir comme le veulent les représentants de l’État ou de quelque intérêt privé à l’intérieur de la nation. »

— Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes (1958), trad. Denise Meunier, éd. Pocket, 2021 (ISBN 9782266172455), p. 142


« La ration de soma quotidienne était une garantie contre l’inquiétude personnelle, l’agitation sociale et la propagation d’idées subversives. »

— Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes (1958), trad. Denise Meunier, éd. Pocket, 2021 (ISBN 9782266172455), p. 92


« Le lavage de cerveau, tel qu’il est pratiqué de nos jours, est un procédé hybride dont l’efficacité dépend en partie de l’emploi systématique de la violence et en partie de manipulations psychologiques habiles. Il représente la tradition de 1984 en train de devenir la tradition du Meilleur des Mondes. Sous une dictature établie de longue date et bien organisée, nos méthodes actuelles de manipulations semi-violentes sembleront, à n’en pas douter, ridiculement élémentaires. »

— Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes (1958), trad. Denise Meunier, éd. Pocket, 2021 (ISBN 9782266172455), p. 89


La société « décrite dans Le Meilleur des Mondes est une société mondiale dans laquelle la guerre a été éliminée et où le premier but des dirigeants est d’empêcher à tout prix leurs sujets de créer des désordres. Ils y parviennent (entre autres méthodes) par la légalisation d’un degré de liberté sexuelle (rendu possible par l’abolition de la famille) qui garantit pratiquement les populations de toute forme de tension émotive destructrice (ou créatrice). Dans 1984, l’appétit de puissance se satisfait en infligeant la souffrance ; dans Le Meilleur des Mondes en infligeant un plaisir à peine moins humiliant. »

— Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes (1958), trad. Denise Meunier, éd. Pocket, 2021 (ISBN 9782266172455), p. 39


« [...] il semble maintenant que l’avenir a des chances de ressembler au Meilleur des Mondes plutôt qu’à 1984.

À la lumière de ce que nous avons récemment appris sur le comportement animal en général et sur le comportement humain en particulier, il est devenu évident que le contrôle par répression des attitudes non conformes est moins efficace, au bout du compte, que le contrôle par renforcement des attitudes satisfaisantes au moyen de récompenses et que, dans l’ensemble, la terreur en tant que procédé de gouvernement rend moins bien que la manipulation non violente du milieu, des pensées et des sentiments de l’individu. Le châtiment fait provisoirement cesser le comportement incriminé, mais ne supprime pas de façon définitive la tendance de la victime à s’y complaire. De plus, les dérivés psychophysiques de la répression peuvent être tout aussi fâcheux que l’attitude pour laquelle un individu a été châtié. La psychothérapie est en grande partie consacrée au traitement des effets débilitants ou antisociaux de sanctions passées. »

— Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes (1958), trad. Denise Meunier, éd. Pocket, 2021 (ISBN 9782266172455), p. 11-12


« [...] je suis beaucoup moins optimiste que je l’étais en écrivant Le Meilleur des Mondes. Les prophéties faites en 1931 se réalisent bien plus tôt que je le pensais. L’intervalle béni entre trop de désordre et trop d’ordre n’a pas commencé et rien n’indique qu’il le fera jamais. En Occident, il est vrai, hommes et femmes jouissent encore dans une appréciable mesure de la liberté individuelle, mais même dans les pays qui ont une longue tradition de gouvernement démocratique cette liberté, voire le désir de la posséder, paraissent en déclin. »

— Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes (1958), trad. Denise Meunier, éd. Pocket, 2021 (ISBN 9782266172455), p. 10


« [...] la civilisation industrielle n’est possible que lorsqu’il n’y a pas de renoncement. La jouissance jusqu’aux limites extrêmes que lui imposent l’hygiène et les lois économiques. Sans quoi les rouages cessent de tourner. [...] la passion et la neurasthénie, c’est l’instabilité. Et l’instabilité, c’est la fin de la civilisation. On ne peut avoir une civilisation durable sans une bonne quantité de vices aimables. [...] la civilisation n’a pas le moindre besoin de noblesse ou d’héroïsme. Ces choses-là sont des symptômes d’incapacité politique. Dans une société convenablement organisée comme la nôtre, personne n’a l’occasion d’être noble ou héroïque. Il faut que les conditions deviennent foncièrement instables avant qu’une telle occasion puisse se présenter. Là où il y a des guerres, là où il y a des serments de fidélité multiples et divisés, là où il y a des tentations auxquelles on doit résister, des objets d’amour pour lesquels il faut combattre ou qu’il faut défendre, là, manifestement, la noblesse et l’héroïsme ont un sens. Mais il n’y a pas de guerres, de nos jours. On prend le plus grand soin de vous empêcher d’aimer exagérément qui que ce soit. Il n’y a rien qui ressemble à un serment de fidélité multiple ; vous êtes conditionné de telle sorte que vous ne pouvez vous empêcher de faire ce que vous avez à faire. Et ce que vous avez à faire est, dans l’ensemble, si agréable, on laisse leur libre jeu à un si grand nombre de vos impulsions naturelles, qu’il n’y a véritablement pas de tentations auxquelles il faille résister. Et si jamais, par quelque malchance, il se produisait d’une façon ou d’une autre quelque chose de désagréable, eh bien, il y a toujours le soma qui vous permet de prendre un congé, de vous évader de la réalité. Et il y a toujours le soma pour calmer votre colère, pour vous réconcilier avec vos ennemis, pour vous rendre patient et vous aider à supporter les ennuis. Autrefois, on ne pouvait accomplir ces choses-là qu’en faisant un gros effort et après des années d’entraînement moral pénible. À présent, on avale deux ou trois comprimés d’un demi-gramme, et voilà. Tout le monde peut être vertueux, à présent. On peut porter sur soi, en flacon, au moins la moitié de sa moralité. Le christianisme sans larmes, voilà ce qu’est le soma. »

— Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes (1932), trad. Jules Castier, éd. Pocket, 2020 (ISBN 9782266283038), p. 292-294


« Dieu n’est pas compatible avec les machines, la médecine scientifique, et le bonheur universel. Il faut faire son choix. Notre civilisation a choisi les machines, la médecine et le bonheur. »

— Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes (1932), trad. Jules Castier, éd. Pocket, 2020 (ISBN 9782266283038), p. 289-290


« — [...] Ici, nous n’avons pas l’emploi des vieilles choses.
— Même si elles sont belles ?
— Surtout si elles sont belles. La beauté attire, et nous ne voulons pas qu’on soit attiré par les vieilles choses. Nous voulons qu’on aime les neuves. »

— Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes (1932), trad. Jules Castier, éd. Pocket, 2020 (ISBN 9782266283038), p. 271


« — [...] qu’est-ce que j’éprouverais si je le pouvais, si j'étais libre, si je n'étais pas asservi par mon conditionnement ? [...]

Vous n’avez pas le désir d’être libre, Lenina ?

— Je ne sais pas ce que vous voulez dire. Je le suis, libre. Libre de me payer du bon temps, le meilleur qui soit. “Tout le monde est heureux, à présent !” »

— Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes (1932), trad. Jules Castier, éd. Pocket, 2020 (ISBN 9782266283038), p. 125-126


« Il n’y a, bien entendu, aucune raison pour que les totalitarismes nouveaux ressemblent aux anciens. Le gouvernement au moyen de triques et de pelotons d’exécution, de famines artificielles, d’emprisonnements et de déportations en masse, est non seulement inhumain (cela, personne ne s’en soucie fort de nos jours) ; il est — on peut le démontrer — inefficace : et, dans une ère de technologie avancée, l’inefficacité est le péché contre le Saint-Esprit. Un État totalitaire vraiment “efficient” serait celui dans lequel le tout-puissant comité exécutif des chefs politiques et leur armée de directeurs auraient la haute main sur une population d’esclaves qu’il serait inutile de contraindre, parce qu’ils auraient l’amour de leur servitude. La leur faire aimer — telle est la tâche assignée dans les États totalitaires d’aujourd’hui aux ministères de la propagande, aux rédacteurs en chef de journaux et aux maîtres d’école. »

— Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes (1932), trad. Jules Castier, éd. Pocket, 2020 (ISBN 9782266283038), Préface Nouvelle de l’auteur de 1946, p. 17-18


Citations sur Aldous Huxley

“Such a political order is founded neither on duty nor contract but on fun. The citizens are all part of a single fun machine, like the citizens of Huxley’s Brave New World. Their affection are short-lived and pleasure-soaked; the tragic spirit has sunk entirely below their horizon; and loyalty to the state is purchased by the constant provision of soma. Conversation in such a world is a matter of smiles and snapshots, of brief excitements and squeals of delight. Some think that Western societies are approaching this condition, as consumption takes over from reproduction to become the high point of the human drama.”

(en) Roger Scruton, How to Be a Conservative (2014), éd. Bloomsbury, 2014 (ISBN 9781472924001), p. 131
« Un tel ordre politique n’est fondé ni sur le devoir ni sur le contrat mais sur le divertissement. Les citoyens font tous partie d’une seule machine à divertissement, pareils aux citoyens du Meilleur des mondes de Huxley. Leurs affections sont de courte durée et gorgées de plaisir ; l’esprit tragique a entièrement disparu de leur horizon ; leur loyauté est achetée par l’État au prix d’une drogue euphorisante. La conversation, dans un tel monde, est une question de sourires et d’instantanés, de brèves excitations et de cris de délice. Certains pensent que les sociétés occidentales se rapprochent de cette condition, car la consommation a pris la place de la reproduction comme point culminant du drame humain. »
(fr) Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur (2014), trad. Laetitia Strauch-Bonart, éd. L’Artilleur, 2016 (ISBN 9782810007103), p. 205-206


Textes

Bibliographie

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