Différences entre les versions de « La conquête juive - Georges Bernanos »

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'''[[Georges Bernanos]], ''La Grande Peur des bien-pensants'' (1931), éd. Kontre Kulture, 2022, p. 377-378.'''
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'''[[Georges Bernanos]], « La Grande Peur des bien-pensants » (1931), dans ''Essais et écrits de combat'', éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1972, t. I, p. 328-329.'''
  
  
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Georges Bernanos, « La Grande Peur des bien-pensants » (1931), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1972, t. I, p. 328-329.


Georges Bernanos 5.jpg


Et d’abord, il est parti d’un fait que son érudition prodigieuse a rendu évident pour tous : la conquête juive. Un petit nombre d’étrangers, d’une activité convulsive, tenus des siècles à l’écart de la vie nationale, jetés brusquement dans une société aux cadres rompus, appauvrie par la guerre, s’emparent comme à l’improviste des sources mêmes de l’argent, puis organisent aussitôt leur conquête, patiemment, silencieusement, avec un sens merveilleux de l’homme moderne, de ses préjugés, de ses tares, de ses immenses et débiles espoirs. Devenus maîtres de l’or ils s’assurent bientôt qu’en pleine démocratie égalitaire, ils peuvent être du même coup maîtres de l’opinion, c’est-à-dire des mœurs. À la bourgeoisie libérale que la vanité rend féroce, qui effacerait volontiers d’un trait toute l’histoire de France pour rien, pour le simple plaisir de venger les vieilles rancunes des grosses bedaines opulentes du Tiers, mais dont l’écrasement de l’ancien régime n’a apaisé que pour un moment la susceptibilité maladive, les méfiances hystériques, et que continue de dévorer l’envie, ils donnent des chefs, s’imposent par leurs vices mêmes qui les ont perdus tant de fois jadis, la frénésie de paraître, l’impudence, la cruauté du satrape. Dès la moitié du XIXe siècle, aux premières places de l’Administration, de la Banque, de la Magistrature, des Chemins de fer ou des Mines, partout enfin l’héritier du grand bourgeois, le polytechnicien à binocles, s’habitue à trouver ces bonshommes étranges qui parlent avec leurs mains comme des singes, traînent nonchalamment sur les colonnes de chiffres et les cotes un regard de biche en amour auquel pourtant rien n’échappe, si différents du papa bonnetier ou notaire et comme tombés d’une autre planète, avec leur poil noir, les traits ciselés par l’angoisse millénaire, le prurit sauvage d’une moelle usée depuis le règne de Salomon. prodiguée dans tous les lits de l’impudique Asie... Aux fils d’avares, élevés dans le mépris du passé, l’indifférence profonde de la tradition de leur propre race, les maîtres étrangers apportent une mystique nouvelle, admirablement accordée à celle du Progrès, au moderne Messianisme qui n’attend que de l’homme la révélation du dieu futur. Dans ce paradis d’ingénieurs, nu et lisse comme un laboratoire, l’imagination juive était seule capable de faire jaillir ces fleurs monstrueuses, carnassières, sur lesquelles se roulait si comiquement le vieux Renan rose et dodu, toutes griffes dehors, avec un grognement de terreur et de plaisir, tel un gros chat ivre de valériane.

Mais les temps héroïques de la conquête juive, dont Drumont s’est fait l’historien, sont à présent révolus : l’investissement de la monarchie de Juillet, de l’Empire, le long patriarcat des Rothschild, la presse à l’encan, l’assaut donné au boulevard, aux grands cercles, au faubourg Saint-Germain, le fanion du baron Hirsch sur la redoute du Jockey-Club, la curée des titres et des blasons — puis ces grandes orgies rituelles où la race prophétique, augurale, rejette tous ses gains sur le tapis, court de nouveau sa chance, quitte ou double, dans un véritable spasme collectif — Panama, l’Affaire — pâles images des ventrées futures : Bela Kuhn en Hongrie, Bronstein à Moscou... Cette guerre-là n’était encore qu’un jeu d’enfant. On verra bien autre chose lorsque la minuscule bête juive ayant fini de mâcher le bulbe du géant américain, le monstre inconscient se jettera sur le colosse russe, également vidé de sa cervelle.

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