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== Citationes ==
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== Citations ==
  
« Parlé, avec la sage-femme, de la vaccination, qui est, parait-il, exigée par la loi, car toute liberté décampe. J’exprime fortement, quoique bien inutilement, mon horreur pour cette ordure, dont l’humanité s’est si bien passée, jusqu’au dernier siècle, et dont l’Angleterre nous gratifia. Le courant moderne est, d’ailleurs, aux inoculations de tout genre. '''On finira par putréfier les petits enfants de quarante sorte de vaccins.''' »
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« '''Malheur à celui qui ne pleure pas.''' »
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Léon Bloy, Journal, 2 octobre 1895
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« '''Combien d’âmes réellement vivantes dans ce grouillement d’êtres humains ?''' Une par cent mille, peut-être, ou par cent millions. On ne sait pas. Il y a des supérieurs, des hommes de génie même, si on veut, dont l’âme n’a pas été vivifiée et qui meurent sans avoir vécu. Un cœur simple dira chaque jour, en pleurant d’angoisse : “Où en suis-je avec l’Esprit de Dieu, l’Esprit-Saint ? Suis-je vraiment un vivant ou suis-je un mort à porter en terre ?”
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C’est effrayant de penser qu’on subsiste au milieu d’une foule de morts qu’on croit des vivants ; que l’ami, le compagnon, le frère peut-être qu’on a vu ce matin et qu’on reverra ce soir, n’a qu’une vie organique, un semblant de vie, une caricature d’existence et qu’il est à peine distinct, en réalité, de ceux qui se liquéfient dans les tombeaux.
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C’est intolérable de se dire, par exemple, qu’on a pu naître d’un père et d’une mère qui ne vivaient pas ; que ce prêtre que voici à l’autel n’est peut-être pas très différent d’un décédé et que le Pharmaque d’immortalité, le Pain qu’il a consacré pour que votre âme en reçoive la Vie éternelle, il va vous le donner d’une main de cadavre, en proférant d’une voix défunte les saintes paroles de la liturgie ! »
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« Je n’ai pas subi la misère, je l’ai épousée par amour, ayant pu choisir une autre compagne. »
  
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— Léon Bloy, Journal, 6 mars 1917
  
« '''Il m’arrive de penser que le célèbre ''Microbe'', explicatif de tous les maux, dont la médecine contemporaine fait si grand état, doit être et ne peut pas être autre chose que le plus subtil mensonge du vieil Ennemi.''' De quoi s’agit-il, en effet, sinon de ''prouver'' (!) que toutes les causes morbides sont ''naturelles'', au lieu d’être SPIRITUELLES, comme l’avaient toujours cru les hommes en qui habitait le Dieu vivant ? Les physiologistes l’ont vu, ce microbe. Ils l’ont ''vu'' de leurs gros yeux. Ah ! les braves gens, qui se sont donné tant de peine pour arriver à ne pas comprendre que telle est la ''forme'' que prend ''pour eux'' le Principe même du Mal, l’antique Démon qui fut un Esprit céleste, et que leur microbe est le dernier travestissement de la Désobéissance ! »
 
  
Léon Bloy, Journal, 29 mai 1892
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« '''Plus on s’approche de Dieu, plus on est seul. C’est l’infini de la solitude.''' »
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« [...] '''je croasse dans les ténèbres au fond d’un désert où ne viendront m’entendre que ceux qui se sont éloignés de tous les chemins de la multitude.''' »
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« Je n’ai pas subi la misère, je l’ai épousée par amour ayant pu choisir une autre compagne. »
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« '''Toute grandeur est exilée au fond de l’Histoire''' et si Dieu veut agir manifestement, il faudra bien qu’il agisse ''de Lui-même'', victorieusement comme il y a deux mille ans, lorsqu’il ressuscita d’entre les morts.
  
— Léon Bloy, Journal, 6 mars 1917
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'''J’attends les Cosaques et le Saint-Esprit.''' »
  
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— Léon Bloy, Journal, octobre 1915
  
« '''Les plaisirs de ce monde pourraient bien être les supplices de l’enfer vus ''à l’envers'' dans un miroir.''' »
 
  
Léon Bloy, Journal, 29 mai 1908
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« '''Le Sang du Pauvre, c’est l’argent.''' »
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« '''Les plaisirs de ce monde pourraient bien être les supplices de l’enfer vus ''à l’envers'', dans un miroir.''' »
  
« '''Me voyez-vous, moi, Léon Bloy, passant entre deux rangées de voyous à pieds sales pour aller déposer un papier dans une urne, par-devant un cocu ceinturonné de tricolore ! Votez ! mais pour qui ? Je vote pour Dieu.''' Ma règle est l’obédience enfantine au pape. [...]
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Léon Bloy, Journal, 29 mai 1908
  
I. Je suis pour la Théocratie absolue, telle qu’elle est affirmée dans la Bulle ''Unam Sanctam'' de Boniface VIII.
 
  
II. Je pense que l’Église doit tenir en main les Deux Glaives, le Spirituel et le Temporel, que ''tout'' lui appartient, les âmes et les corps, et qu’en dehors d’Elle il ne peut y avoir de salut ni pour les individus ni pour les sociétés. »
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« '''Qu’est-ce que le Bourgeois ? C’est un cochon qui voudrait mourir de vieillesse.''' »
  
— Léon Bloy, Journal, 19 mai 1897
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— Léon Bloy, Journal, 20 septembre 1904
  
  
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« '''Elle a quinze ans aujourd’hui, notre République, et elle a l’air d’avoir quinze siècles.'''
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« '''Tous les bourgeois vous diront qu’il n’y a pas l’épaisseur d’un cheveu entre les extrêmes. C’est pour cela qu’ils en ont horreur et qu’ils préconisent la médiocrité, le juste milieu, la bonne moyenne, le fil à couper le beurre''' [...]. »
 
 
'''Elle paraît plus vieille que les Pyramides, cette pubère sans virginité, tombée du vagin sanglant de la trahison.'''
 
 
 
La décrépitude ''originelle'' de cette bâtarde de tous les lâches est à faire vomir l’univers. Jézabel de lupanar, fardée d’immondices, monstrueusement engraissée de fornications, toute bestialité de goujat s’est assouvie dans ses bras et elle ressemble à quelque très antique Luxure qu’on aurait peinte sur la muraille d’une hypogée. »
 
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|titre=La République des Vaincus
 
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|publication=Le Pal
 
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|date=25 mars 1885
 
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« '''Plus on s’approche de Dieu, plus on est seul. C’est l’infini de la solitude.''' »
 
 
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« '''Malheur à celui qui ne pleure pas.''' »
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« '''Je l’ai déjà dit et je serai bien forcé de le dire encore : préférer ce qui est noble à ce qui est ignoble et ce qui est beau à ce qui est hideux ; chercher à comprendre, tenter la conquête de n’importe quoi, en sautant par-dessus bornes et clôtures ; vouloir vivre enfin ; voilà ce qui tombe sous l’anathème.''' »
 
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|page=537}}
  
« '''Le Sang du Pauvre, c’est l’argent.''' »
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« '''Plus on est semblable à tout le monde, plus on est comme il faut. C’est le sacre de la multitude.''' »
 
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« À propos du Sacrifice perpétuel '''sur notre globe où une messe est toujours célébrée quelque part, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit : — C’est, sans doute, ce qui fait tourner la terre''', me dit quelqu’un. Parole d’une simplicité angélique. »
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— Léon Bloy, Journal, 16 juillet 1899
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« Les francs-maçons, les protestants, les juifs, les catholiques ont bien pu enterrer le Catholicisme, — et sous quelle matière ! — mais ils n’ont pu le tuer tout à fait. L’indestructible générosité française ne le permet pas. « Dieu a besoin de la France », a dit de Maistre, qui n’était pas un Français. Il faudra bien, dans les ténèbres et les poussières du XXe siècle, qu’il y ait au moins une nation qui conserve, en quelques-unes de ses unités raisonnables, ce que l’Europe entière semble avoir perdu : le besoin vivant de la Lumière et de la Beauté. »
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— Léon Bloy, Journal, mars 1899
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« I. Je suis pour la Théocratie absolue, telle qu’elle est affirmée dans la Bulle ''Unam Sanctam'' de Boniface VIII.
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II. Je pense que l’Église doit tenir en main les Deux Glaives, le Spirituel et le Temporel, que ''tout'' lui appartient, les âmes et les corps, et qu’en dehors d’Elle il ne peut y avoir de salut ni pour les individus ni pour les sociétés. »
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— Léon Bloy, Journal, 19 mai 1897
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« Combien en faudra-t-il encore de ces reniements, pour que se décide enfin à chanter le “Coq” de France ? Car c’est la France qui est désignée par le Texte Saint. La France dont le Paraclet a besoin ; la France où il se promène comme dans son jardin, et qui est la Figure la plus expressive du Royaume des cieux ; '''la France réservée, quand même, et toujours aimée par-dessus les autres nations, précisément parce qu’elle paraît être la plus déchue''', et que l’Esprit vagabond ne résiste pas aux prostituées ! »
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La Marianne, « '''le buste plâtreux d’une salope en bonnet phrygien qu’on trouvait partout''' [...]. »
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« [...] '''la ''folie'' des Croisades est ce qui a le plus honoré la raison humaine.''' »
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« Mon existence est une campagne triste où il pleut toujours. »
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« Parlé, avec la sage-femme, de la vaccination, qui est, paraît-il, exigée par la loi, car toute liberté décampe. J’exprime fortement, quoique bien inutilement, mon horreur pour cette ordure, dont l’humanité s’est si bien passée, jusqu’au dernier siècle, et dont l’Angleterre nous gratifia. Le courant moderne est, d’ailleurs, aux inoculations de tout genre. '''On finira par putréfier les petits enfants de quarante sorte de vaccins.''' »
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— Léon Bloy, Journal, 2 octobre 1895
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« '''Il m’arrive de penser que le célèbre ''Microbe'', explicatif de tous les maux, dont la médecine contemporaine fait si grand état, doit être et ne peut pas être autre chose que le plus subtil mensonge du vieil Ennemi.''' De quoi s’agit-il, en effet, sinon de ''prouver'' (!) que toutes les causes morbides sont ''naturelles'', au lieu d’être SPIRITUELLES, comme l’avaient toujours cru les hommes en qui habitait le Dieu vivant ? Les physiologistes l’ont vu, ce microbe. Ils l’ont ''vu'' de leurs gros yeux. Ah ! les braves gens, qui se sont donné tant de peine pour arriver à ne pas comprendre que telle est la ''forme'' que prend ''pour eux'' le Principe même du Mal, l’antique Démon qui fut un Esprit céleste, et que leur microbe est le dernier travestissement de la Désobéissance ! »
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— Léon Bloy, Journal, 29 mai 1892
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« [...] '''je croasse dans les ténèbres au fond d’un désert ne viendront m’entendre que ceux qui se sont éloignés de tous les chemins de la multitude.''' »
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« '''L’histoire des Juifs barre l’histoire du genre humain comme une digue barre un fleuve, pour en élever le niveau. Ils sont immobiles à jamais et tout ce qu’on peut faire c’est de les franchir en bondissant avec plus moins de fracas, sans aucun espoir de les démolir.''' »
 
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|auteur=Léon Bloy
 
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|titre de la contribution=Méditations d’un solitaire en 1916
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|titre de la contribution=Le Salut par les Juifs
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|année=2017
 
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|ISBN=9782221193303
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« '''Jamais, sans doute, dans aucune société, l’héroïsme ne fut aussi généralement cocufié par la nature humaine.''' »
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« Il voyait le monde moderne, avec toutes ses institutions et toutes ses idées, dans un océan de boue. C’était, à ses yeux, une '''Atlantide submergée dans un dépotoir'''. »
 
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|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
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|année=2010
 
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|ISBN=9782080712561
 
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|page=233}}
+
|page=341}}
  
« On est bien forcé d’avouer que c’est tout à fait fini, maintenant, le spiritualisme chrétien, puisque, depuis trois siècles, rien n’a pu restituer un semblant de verdeur à la souche calcinée des vieilles croyances. Quelques formules sentimentales donnent encore l’illusion de la vie, mais on est mort, en réalité, vraiment mort. Le Jansénisme, cet infâme arrière-suint de l’émonctoire calviniste, n’a-t-il pas fini par se pourlécher lui-même, avec une langue de Jésuite sélectivement obtenue, et la racaille philosophique n’a-t-elle pas fait épouser sa progéniture aux plus hautes nichées du gallicanisme ? La Terreur elle-même, qui aurait dû, semble-t-il, avoir la magnifiante efficacité des persécutions antiques, n’a servi qu’à rapetisser encore les chrétiens qu’elle a ''raccourcis''. »
+
« Je vois très clairement, reprit alors Marchenoir, le mal horrible de ce monde exproprié de la foi chrétienne, et je ne me connais pas d’autres pensées, quels que puissent être les mots qui me servent à exprimer celle-ci, que je porte comme un couteau dans la gaine de ma poitrine. »
 
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|auteur=Léon Bloy
 
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|page=291}}
  
« Je quitte votre maison dans une ignorance absolue de ce que je vais faire, mais avec la plus inflexible résolution de ne pas laisser la Vérité sans témoignage. Il est écrit que les affamés et les mourants de soif de justice seront saturés. Je puis donc espérer une ébriété sans mesure. Jamais, je ne pourrai m’accommoder ni me consoler de ce que je vois. Je ne prétends point réformer un monde irréformable, ni faire avorter Babylone. Je suis de ceux qui clament dans le désert et qui dévorent les racines du buisson de feu, quand les corbeaux oublient de leur porter leur nourriture. »
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« En attendant, le Christ est indubitablement traîné au dépotoir. »
 
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|auteur=Léon Bloy
 
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« — Je vois très clairement, reprit alors Marchenoir, le mal horrible de ce monde exproprié de la foi chrétienne, et je ne me connais pas d’autres pensées, quels que puissent être les mots qui me servent à exprimer celle-ci, que je porte comme un couteau dans la gaine de ma poitrine. »
+
« On est bien forcé d’avouer que c’est tout à fait fini, maintenant, le spiritualisme chrétien, puisque, depuis trois siècles, rien n’a pu restituer un semblant de verdeur à la souche calcinée des vieilles croyances. Quelques formules sentimentales donnent encore l’illusion de la vie, mais on est mort, en réalité, vraiment mort. Le Jansénisme, cet infâme arrière-suint de l’émonctoire calviniste, n’a-t-il pas fini par se pourlécher lui-même, avec une langue de Jésuite sélectivement obtenue, et la racaille philosophique n’a-t-elle pas fait épouser sa progéniture aux plus hautes nichées du gallicanisme ? La Terreur elle-même, qui aurait dû, semble-t-il, avoir la magnifiante efficacité des persécutions antiques, n’a servi qu’à rapetisser encore les chrétiens qu’elle a ''raccourcis''. »
 
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|auteur=Léon Bloy
 
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« Un homme couvert de crimes est toujours intéressant. C’est une cible pour la Miséricorde. C’est une unité dans l’immense troupeau des boucs pardonnables, pouvant être blanchis pour de salutaires immolations.
 
« Un homme couvert de crimes est toujours intéressant. C’est une cible pour la Miséricorde. C’est une unité dans l’immense troupeau des boucs pardonnables, pouvant être blanchis pour de salutaires immolations.
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|page=237}}
  
« '''Le mal est plus universel et paraît plus grand, à cette heure, qu’il ne fut jamais, parce que, jamais encore, la civilisation n’avait pendu si près de terre, les âmes n’avaient été si avilies, ni le bras des maîtres si débile. Il va devenir plus grand encore.''' La République des Vaincus n’a pas mis bas toute sa ventrée de malédiction. »
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« '''Les catholiques déshonorent leur Dieu, comme jamais les juifs et les plus fanatiques antichrétiens ne furent capables de le déshonorer.''' »
 
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|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
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|ISBN=9782080712561
 
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|page=234}}
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|page=236}}
  
« '''Le christianisme, quand il en reste, n’est qu’une surenchère de bêtise ou de lâcheté. On ne vend même plus Jésus-Christ, on le ''bazarde'', et les pleutres enfants de l’Église se tiennent humblement à la porte de la Synagogue, pour mendier un petit bout de la corde de Judas''' qu’on leur décerne, enfin, de guerre lasse, avec accompagnement d’un nombre infini de coups de souliers. »
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« Il est vrai qu’on a pas encore abattu toutes les croix, ni remplacé les cérémonies du culte par des spectacles antiques de prostitution. On a pas non plus tout à fait installé des latrines et des urinoirs publics dans les cathédrales transformées en tripots ou en salles de café-concert. Évidemment, on ne traîne pas assez de prêtres dans dans les ruisseaux, on ne confie pas assez de jeunes religieuses à la sollicitudes maternelles de ''patronnes'' de lupanars de barrière. On ne pourrit pas assez tôt l’enfance, on assomme pas un assez grand nombre de pauvres, on ne se sert pas encore assez du visage paternel comme d’un crachoir ou d’un décrottoir... Sans doute. Mais toutes ces choses sont sur nous et peuvent déjà être considérées comme venues, puisqu’elles arrivent comme la marée et que rien n’est capable de les endiguer. »
 
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|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
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« C’est la pente moderne attestée par le renflement scientifique de la plus turgescente vanité universelle. »
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« '''Le mal est plus universel et paraît plus grand, à cette heure, qu’il ne fut jamais, parce que, jamais encore, la civilisation n’avait pendu si près de terre, les âmes n’avaient été si avilies, ni le bras des maîtres si débile. Il va devenir plus grand encore.''' La République des Vaincus n’a pas mis bas toute sa ventrée de malédiction. »
 
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|auteur=Léon Bloy
 
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|année=2010
 
|ISBN=9782080712561
 
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|page=234}}
 
 
« '''Notre liberté est solidaire de l’équilibre du monde''' et c’est là ce qu’il faut comprendre pour ne pas s’étonner du profond mystère de la Réversibilité qui est le nom philosophique du grand dogme de la Communion des Saints. '''Tout homme qui produit un acte libre projette sa personnalité dans l’infini.''' S’il donne de mauvais cœur un sou à un pauvre, ce sou perce la main du pauvre, tombe, perce la terre, troue les soleils, traverse le firmament et compromet l’univers. S’il produit un acte impur, il obscurcit peut-être des milliers de cœurs qu’il ne connaît pas, qui correspondent mystérieusement à lui et qui ont besoin que cet homme soit pur, comme un voyageur mourant de soif a besoin du verre d’eau de l’Évangile. Un acte charitable, un mouvement de vraie pitié chante pour lui les louanges divines, depuis Adam jusqu’à la fin des siècles ; il guérit les malades, console les désespérés, apaise les tempêtes, rachète les captifs, convertit les infidèles et protège le genre humain.
 
  
Toute la philosophie chrétienne est dans l’importance inexprimable de l’acte libre et dans la notion d’une enveloppante et indestructible solidarité. Si Dieu, dans une éternelle seconde de sa puissance, voulait faire ce qu’il n’a jamais fait, anéantir un seul homme, il est probable que la création s’en irait en poussière.
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« Jamais, sans doute, dans aucune société, l’héroïsme ne fut aussi généralement cocufié par la nature humaine. »
 
 
Mais ce que Dieu ne ''peut'' pas faire, dans la rigoureuse plénitude de sa justice, étant volontairement ''lié'' par sa propre miséricorde, de faibles hommes, en vertu de leur liberté et dans la mesure d’une équitable satisfaction, le peuvent accomplir pour leurs frères. Mourir au monde, mourir à soi, mourir, pour ainsi parler, au Dieu terrible, en s’anéantissant devant lui dans l’effrayante irradiation solaire de sa justice, — voilà ce que peuvent faire des chrétiens, quand la vieille machine de terre craque dans les cieux épouvantés et n’a presque plus la force de supporter les pécheurs. Alors, ce que le souffle de miséricorde balaie comme une poussière, c’est l’horrible création qui n’est pas de Dieu, mais de l’homme seul, c’est sa trahison énorme, c’est le mauvais fruit de sa liberté, c’est tout un arc-en-ciel de couleurs infernales sur le gouffre éclatant de la Beauté divine. »
 
 
{{Réf Livre
 
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|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
Ligne 215 : Ligne 318 :
 
|année=2010
 
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|ISBN=9782080712561
 
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|page=233}}
  
« '''Plus que jamais, il fut un désespéré, mais un de ces désespérés sublimes qui jettent leur cœur dans le ciel, comme un naufragé lancerait toute sa fortune dans l’océan pour ne pas sombrer tout à fait, avant d’avoir au moins entrevu le rivage.''' »
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« '''Le christianisme, quand il en reste, n’est qu’une surenchère de bêtise ou de lâcheté. On ne vend même plus Jésus-Christ, on le ''bazarde'', et les pleutres enfants de l’Église se tiennent humblement à la porte de la Synagogue, pour mendier un petit bout de la corde de Judas''' qu’on leur décerne, enfin, de guerre lasse, avec accompagnement d’un nombre infini de coups de souliers. »
 
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{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
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|année=2010
 
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|ISBN=9782080712561
 
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+
|page=233}}
  
« Dans cette Légende d’or de l’histoire de France qu’il s’imaginait toujours entendre chuchoter à son oreille, comme un grand conte plein de prodiges, et qui lui semblait la plus synthétiquement étrange, la plus centralement mystérieuse de toutes les histoires — rien ne l’avait autant fasciné que cet énorme, terrible et enfantine épopée des temps Mérovingiens. La France préludait, alors, à l’apostolat des monarchies occidentales. Les évêques étaient des saints, dans la main desquels la Gentilité barbare s’assouplissait lentement, comme une cire vierge, pour former, avec la masse hétérogène du monde gallo-romain, les rayons mystiques de la ruche de Jésus-Christ. Du milieu de ce chaos de peuples vagissants, au dessus desquels planait l’Esprit du Seigneur, on vit s’élever, à travers le brouillard tragique des prolégomènes du Moyen-Age, une candide rangée de cierges humains dont les flammes dardées au ciel, commencèrent, au sixième siècle, la grande illumination du catholicisme dans l’Occident. »
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« '''Ce monsieur Nathan était une petite putridité judaïque, comme on en verra, paraît-il, jusqu’à l’abrogation de notre planète.''' Le Moyen Âge, au moins, avait le bon sens de les cantonner dans des chenils réservés et de leur imposer une défroque spéciale qui permît à chacun de les éviter. Quand on avait absolument affaire à ces puants, on s’en cachait, comme d’une infamie, et on se purifiait ensuite comme on pouvait. La honte et le péril de leur contact étaient l’antidote chrétien de leur pestilence, puisque Dieu tenait à la perpétuité d’une telle vermine. »
 
{{Réf Livre
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
Ligne 237 : Ligne 340 :
 
|année=2010
 
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|ISBN=9782080712561
 
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« '''L’histoire des Juifs barre l’histoire du genre humain comme une digue barre un fleuve, pour en élever le niveau. Ils sont immobiles à jamais et tout ce qu’on peut faire c’est de les franchir en bondissant avec plus où moins de fracas, sans aucun espoir de les démolir.''' »
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« Je quitte votre maison dans une ignorance absolue de ce que je vais faire, mais avec la plus inflexible résolution de ne pas laisser la Vérité sans témoignage. Il est écrit que les affamés et les mourants de soif de justice seront saturés. Je puis donc espérer une ébriété sans mesure. Jamais, je ne pourrai m’accommoder ni me consoler de ce que je vois. Je ne prétends point réformer un monde irréformable, ni faire avorter Babylone. Je suis de ceux qui clament dans le désert et qui dévorent les racines du buisson de feu, quand les corbeaux oublient de leur porter leur nourriture. »
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|auteur=Léon Bloy
 
|titre=Essais et pamphlets
 
|titre de la contribution=Le Salut par les Juifs
 
|année de la contribution=1892
 
|éditeur=Robert Laffont
 
|collection=Bouquins
 
|année=2017
 
|ISBN=9782221193303
 
|page=977}}
 
 
 
Le monde moderne : « '''une Atlantide submergée dans un dépotoir.''' »
 
 
{{Réf Livre
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
Ligne 260 : Ligne 351 :
 
|année=2010
 
|année=2010
 
|ISBN=9782080712561
 
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+
|page=202}}
  
« Au fait, que diable voulez-vous que puisse rêver, aujourd’hui, un adolescent, que les disciplines modernes exaspèrent et que l’abjection commerciale fait vomir ? Les croisades ne sont plus, ni les nobles aventures lointaines d’aucune sorte. Le globe entier est devenu raisonnable et on est assuré de rencontrer un excrément anglais à toutes les intersections de l’infini. Il ne reste plus que l’art. Un art proscrit, il est vrai, méprisé, subalternisé, famélique, fugitif, guenilleux, et catacombal. Mais, quand même, c’est l’unique refuge pour quelques âmes altissimes condamnées à traîner leur souffrante carcasse dans les charogneux carrefours du monde. »
+
« Dans cette Légende d’or de l’histoire de France qu’il s’imaginait toujours entendre chuchoter à son oreille, comme un grand conte plein de prodiges, et qui lui semblait la plus synthétiquement étrange, la plus centralement mystérieuse de toutes les histoires — rien ne l’avait autant fasciné que cet énorme, terrible et enfantine épopée des temps Mérovingiens. La France préludait, alors, à l’apostolat des monarchies occidentales. Les évêques étaient des saints, dans la main desquels la Gentilité barbare s’assouplissait lentement, comme une cire vierge, pour former, avec la masse hétérogène du monde gallo-romain, les rayons mystiques de la ruche de Jésus-Christ. Du milieu de ce chaos de peuples vagissants, au dessus desquels planait l’Esprit du Seigneur, on vit s’élever, à travers le brouillard tragique des prolégomènes du Moyen-Age, une candide rangée de cierges humains dont les flammes dardées au ciel, commencèrent, au sixième siècle, la grande illumination du catholicisme dans l’Occident. »
 
{{Réf Livre
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
Ligne 271 : Ligne 362 :
 
|année=2010
 
|année=2010
 
|ISBN=9782080712561
 
|ISBN=9782080712561
|page=93-94}}
+
|page=179}}
  
« C’est peut-être l’effet le moins aperçu d’une dégringolade française de quinze années, d’avoir produit ces dominateurs, inconnus des antérieures décadences, qui règnent sur nous sans y prétendre et sans même s’en apercevoir. C’est la surhumaine oligarchie des inconscients et le Droit Divin de la Médiocrité absolue.
+
« C’est la pente moderne attestée par le renflement scientifique de la plus turgescente vanité universelle. »
 
 
Ils ne sont, ''nécessairement'', ni des eunuques, ni des méchants, ni des fanatiques, ni des hypocrites, ni des imbéciles affolés. Ils ne sont ni des égoïstes avec assurance, ni des lâches avec précision. Ils n’ont pas même l’énergie du scepticisme. Ils ne sont absolument rien. Mais la terre est à leurs pieds et cela leur paraît très simple.
 
 
 
En vertu de ce principe qu’on ne détruit bien que ce qu’on remplace, il fallait boucher l’énorme trou par lequel les anciennes aristocraties s’étaient évadées comme des ordures, en attendant qu’elles refluassent comme une pestilence. Il fallait condamner à tout prix cette dangereuse porte et les Acéphales furent élus pour chevaucher un peuple de décapités !
 
 
 
Aussi, la Fille aînée de l’Église, devenue la Salope du monde, les a triés avec une sollicitude infinie, ces lys d’impuissance, ces nénuphars bleus dont l’innocence ravigote sa perverse décrépitude ! Si l’Exterminateur arrivait enfin, il ne trouverait plus une âme vivante dans les quartiers opulents de Paris, rien aux Champs-Élysées, rien au Trocadéro, rien au Parc Monceau, trois fois rien au Faubourg Saint-Germain et, sans doute, il dé-daignerait angéliquement de frapper du glaive les simulacres humains pavés de richesses qu’il y découvrirait ! »
 
 
{{Réf Livre
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
Ligne 288 : Ligne 373 :
 
|année=2010
 
|année=2010
 
|ISBN=9782080712561
 
|ISBN=9782080712561
|page=79-80}}
+
|page=178}}
 +
 
 +
« Au dix-huitième siècle, qui fut, sans comparaison, le plus sot des siècles, on s’était persuadé que tous les moines vivaient dans les délices, que l’hypocrite pénombre des cloîtres cachait de tortueuses conspirations contre le genre humain, et que les murailles épaisses des monastères étouffaient les gémissements des victimes sans nombre de l’arbitraire ecclésiastique.
  
« Il est vrai qu’on a pas encore abattu toutes les croix, ni remplacé les cérémonies du culte par des spectacles antiques de prostitution. On a pas non plus tout à fait installé des latrines et des urinoirs publics dans les cathédrales transformées en tripots ou en salles de café-concert. Évidemment, on ne traîne pas assez de prêtres dans dans les ruisseaux, on ne confie pas assez de jeunes religieuses à la sollicitudes maternelles de ''patronnes'' de lupanars de barrière. On ne pourrit pas assez tôt l’enfance, on assomme pas un assez grand nombre de pauvres, on ne se sert pas encore assez du visage paternel comme d’un crachoir ou d’un décrottoir... Sans doute. Mais toutes ces choses sont sur nous et peuvent déjà être considérées comme venues, puisqu’elles arrivent comme la marée et que rien n’est capable de les endiguer. »
+
Au dix-neuvième, la bêtise universelle ayant été canalisée d’une autre sorte, cette facétie lugubre devint insoutenable. L’horreur se changeât en pitié et les criminels devinrent de touchants infortunés. C’est ce courant romantique qui dure encore. Rien de plus grotesque, et, au fond, de plus lamentable que les airs de miséricorde hautaine ou de compassion navrée des gens gavés du monde pour ces pénitents qui les protègent du fond de leur solitude et sans l’intercession desquels, peut-être, ils n’auraient même pas la sécurité d’une digestion ! »
 
{{Réf Livre
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
Ligne 299 : Ligne 386 :
 
|année=2010
 
|année=2010
 
|ISBN=9782080712561
 
|ISBN=9782080712561
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+
|page=164}}
 +
 
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« '''Notre liberté est solidaire de l’équilibre du monde''' et c’est là ce qu’il faut comprendre pour ne pas s’étonner du profond mystère de la Réversibilité qui est le nom philosophique du grand dogme de la Communion des Saints. '''Tout homme qui produit un acte libre projette sa personnalité dans l’infini.''' S’il donne de mauvais cœur un sou à un pauvre, ce sou perce la main du pauvre, tombe, perce la terre, troue les soleils, traverse le firmament et compromet l’univers. S’il produit un acte impur, il obscurcit peut-être des milliers de cœurs qu’il ne connaît pas, qui correspondent mystérieusement à lui et qui ont besoin que cet homme soit pur, comme un voyageur mourant de soif a besoin du verre d’eau de l’Évangile. Un acte charitable, un mouvement de vraie pitié chante pour lui les louanges divines, depuis Adam jusqu’à la fin des siècles ; il guérit les malades, console les désespérés, apaise les tempêtes, rachète les captifs, convertit les infidèles et protège le genre humain.
  
« Au dix-huitième siècle, qui fut, sans comparaison, le plus sot des siècles, on s’était persuadé que tous les moines vivaient dans les délices, que l’hypocrite pénombre des cloîtres cachait de tortueuses conspirations contre le genre humain, et que les murailles épaisses des monastères étouffaient les gémissements des victimes sans nombre de l’arbitraire ecclésiastique.
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Toute la philosophie chrétienne est dans l’importance inexprimable de l’acte libre et dans la notion d’une enveloppante et indestructible solidarité. Si Dieu, dans une éternelle seconde de sa puissance, voulait faire ce qu’il n’a jamais fait, anéantir un seul homme, il est probable que la création s’en irait en poussière.
  
Au dix-neuvième, la bêtise universelle ayant été canalisée d’une autre sorte, cette facétie lugubre devint insoutenable. L’horreur se changeât en pitié et les criminels devinrent de touchants infortunés. C’est ce courant romantique qui dure encore. Rien de plus grotesque, et, au fond, de plus lamentable que les airs de miséricorde hautaine ou de compassion navrée des gens gavés du monde pour ces pénitents qui les protègent du fond de leur solitude et sans l’intercession desquels, peut-être, ils n’auraient même pas la sécurité d’une digestion ! »
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Mais ce que Dieu ne ''peut'' pas faire, dans la rigoureuse plénitude de sa justice, étant volontairement ''lié'' par sa propre miséricorde, de faibles hommes, en vertu de leur liberté et dans la mesure d’une équitable satisfaction, le peuvent accomplir pour leurs frères. Mourir au monde, mourir à soi, mourir, pour ainsi parler, au Dieu terrible, en s’anéantissant devant lui dans l’effrayante irradiation solaire de sa justice, — voilà ce que peuvent faire des chrétiens, quand la vieille machine de terre craque dans les cieux épouvantés et n’a presque plus la force de supporter les pécheurs. Alors, ce que le souffle de miséricorde balaie comme une poussière, c’est l’horrible création qui n’est pas de Dieu, mais de l’homme seul, c’est sa trahison énorme, c’est le mauvais fruit de sa liberté, c’est tout un arc-en-ciel de couleurs infernales sur le gouffre éclatant de la Beauté divine. »
 
{{Réf Livre
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
Ligne 312 : Ligne 401 :
 
|année=2010
 
|année=2010
 
|ISBN=9782080712561
 
|ISBN=9782080712561
|page=164}}
+
|page=161-162}}
 
 
« '''Combien d’âmes réellement vivantes dans ce grouillement d’êtres humains ?''' Une par cent mille, peut-être, ou par cent millions. On ne sait pas. Il y a des supérieurs, des hommes de génie même, si on veut, dont l’âme n’a pas été vivifiée et qui meurent sans avoir vécu. Un cœur simple dira chaque jour, en pleurant d’angoisse : “Où en suis-je avec l’Esprit de Dieu, l’Esprit-Saint ? Suis-je vraiment un vivant ou suis-je un mort à porter en terre ?”
 
 
 
C’est effrayant de penser qu’on subsiste au milieu d’une foule de morts qu’on croit des vivants ; que l’ami, le compagnon, le frère peut-être qu’on a vu ce matin et qu’on reverra ce soir, n’a qu’une vie organique, un semblant de vie, une caricature d’existence et qu’il est à peine distinct, en réalité, de ceux qui se liquéfient dans les tombeaux.
 
 
 
C’est intolérable de se dire, par exemple, qu’on a pu naître d’un père et d’une mère qui ne vivaient pas ; que ce prêtre que voici à l’autel n’est peut-être pas très différent d’un décédé et que le Pharmaque d’immortalité, le Pain qu’il a consacré pour que votre âme en reçoive la Vie éternelle, il va vous le donner d’une main de cadavre, en proférant d’une voix défunte les saintes paroles de la liturgie ! »
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|titre=Essais et pamphlets
 
|titre de la contribution=Dans les Ténèbres
 
|année de la contribution=posthume, 1918
 
|éditeur=Robert Laffont
 
|collection=Bouquins
 
|année=2017
 
|ISBN=9782221193303
 
|page=1312}}
 
  
« '''Tous les bourgeois vous diront qu’il n’y a pas l’épaisseur d’un cheveu entre les extrêmes. C’est pour cela qu’ils en ont horreur et qu’ils préconisent la médiocrité, le juste milieu, la bonne moyenne, le fil à couper le beurre''' [...]. »
+
« Plus que jamais, il fut un désespéré, mais un de ces désespérés sublimes qui jettent leur cœur dans le ciel, comme un naufragé lancerait toute sa fortune dans l’océan pour ne pas sombrer tout à fait, avant d’avoir au moins entrevu le rivage. »
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|titre=Essais et pamphlets
 
|titre de la contribution=Exégèse des lieux communs
 
|année de la contribution=1902
 
|éditeur=Robert Laffont
 
|collection=Bouquins
 
|année=2017
 
|ISBN=9782221193303
 
|page=717}}
 
 
 
« '''Plus on est semblable à tout le monde, plus on est comme il faut. C’est le sacre de la multitude.''' »
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|titre=Essais et pamphlets
 
|titre de la contribution=Exégèse des lieux communs
 
|année de la contribution=1902
 
|éditeur=Robert Laffont
 
|collection=Bouquins
 
|année=2017
 
|ISBN=9782221193303
 
|page=531}}
 
 
 
« '''Je l’ai déjà dit et je serai bien forcé de le dire encore : préférer ce qui est noble à ce qui est ignoble et ce qui est beau à ce qui est hideux ; chercher à comprendre, tenter la conquête de n’importe quoi, en sautant par-dessus bornes et clôtures ; vouloir vivre enfin ; voilà ce qui tombe sous l’anathème.''' »
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|titre=Essais et pamphlets
 
|titre de la contribution=Exégèse des lieux communs
 
|année de la contribution=1902
 
|éditeur=Robert Laffont
 
|collection=Bouquins
 
|année=2017
 
|ISBN=9782221193303
 
|page=537}}
 
 
 
« '''Les catholiques déshonorent leur Dieu, comme jamais les juifs et les plus fanatiques antichrétiens ne furent capables de le déshonorer.''' »
 
 
{{Réf Livre
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
Ligne 375 : Ligne 412 :
 
|année=2010
 
|année=2010
 
|ISBN=9782080712561
 
|ISBN=9782080712561
|page=236}}
+
|page=99}}
  
« En attendant, le Christ est indubitablement traîné au dépotoir. »
+
« Au fait, que diable voulez-vous que puisse rêver, aujourd’hui, un adolescent, que les disciplines modernes exaspèrent et que l’abjection commerciale fait vomir ? Les croisades ne sont plus, ni les nobles aventures lointaines d’aucune sorte. Le globe entier est devenu raisonnable et on est assuré de rencontrer un excrément anglais à toutes les intersections de l’infini. Il ne reste plus que l’art. Un art proscrit, il est vrai, méprisé, subalternisé, famélique, fugitif, guenilleux, et catacombal. Mais, quand même, c’est l’unique refuge pour quelques âmes altissimes condamnées à traîner leur souffrante carcasse dans les charogneux carrefours du monde. »
 
{{Réf Livre
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
Ligne 386 : Ligne 423 :
 
|année=2010
 
|année=2010
 
|ISBN=9782080712561
 
|ISBN=9782080712561
|page=250}}
+
|page=93-94}}
 +
 
 +
« C’est peut-être l’effet le moins aperçu d’une dégringolade française de quinze années, d’avoir produit ces dominateurs, inconnus des antérieures décadences, qui règnent sur nous sans y prétendre et sans même s’en apercevoir. C’est la surhumaine oligarchie des inconscients et le Droit Divin de la Médiocrité absolue.
  
« Mon existence est une campagne triste où il pleut toujours. »
+
Ils ne sont, ''nécessairement'', ni des eunuques, ni des méchants, ni des fanatiques, ni des hypocrites, ni des imbéciles affolés. Ils ne sont ni des égoïstes avec assurance, ni des lâches avec précision. Ils n’ont pas même l’énergie du scepticisme. Ils ne sont absolument rien. Mais la terre est à leurs pieds et cela leur paraît très simple.
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|titre=La Femme pauvre
 
|année d'origine=1897
 
|éditeur=Mercure de France
 
|année=1972
 
|page=70}}
 
  
« '''Toute grandeur est exilée au fond de l’Histoire''' et si Dieu veut agir manifestement, il faudra bien qu’Il agisse ''de Lui-même'', victorieusement comme il y a deux mille ans, lorsqu’Il d’entre les morts.
+
En vertu de ce principe qu’on ne détruit bien que ce qu’on remplace, il fallait boucher l’énorme trou par lequel les anciennes aristocraties s’étaient évadées comme des ordures, en attendant qu’elles refluassent comme une pestilence. Il fallait condamner à tout prix cette dangereuse porte et les Acéphales furent élus pour chevaucher un peuple de décapités !
  
'''J’attends les Cosaques et le Saint-Esprit.''' »
+
Aussi, '''la Fille aînée de l’Église, devenue la Salope du monde''', les a triés avec une sollicitude infinie, ces lys d’impuissance, ces nénuphars bleus dont l’innocence ravigote sa perverse décrépitude ! Si l’Exterminateur arrivait enfin, il ne trouverait plus une âme vivante dans les quartiers opulents de Paris, rien aux Champs-Élysées, rien au Trocadéro, rien au Parc Monceau, trois fois rien au Faubourg Saint-Germain et, sans doute, il dé-daignerait angéliquement de frapper du glaive les simulacres humains pavés de richesses qu’il y découvrirait ! »
 
{{Réf Livre
 
{{Réf Livre
 
|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
|titre=Au Seuil de l’Apocalypse
+
|titre=Le Désespéré
|année d'origine=1916
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|année d'origine=1887
|éditeur=Mercure de France
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|éditeur=Flammarion
|année=1935
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|collection=Garnier Flammarion
|section=octobre 1915
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|année=2010
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|ISBN=9782080712561
 +
|page=79-80}}
  
« Combien en faudra-t-il encore de ces reniements, pour que se décide enfin à chanter le "Coq" de France ? Car c’est la France qui est désignée par le Texte Saint. La France dont le Paraclet a besoin ; la France où il se promène comme dans son jardin, et qui est la Figure la plus expressive du Royaume des cieux ; '''la France réservée, quand même, et toujours aimée par-dessus les autres nations, précisément parce qu’elle paraît être la plus déchue''', et que l’Esprit vagabond ne résiste pas aux prostituées ! »
+
« '''Elle a quinze ans aujourd’hui, notre République, et elle a l’air d’avoir quinze siècles.'''
{{Réf Livre
+
 
|auteur=Léon Bloy
+
'''Elle paraît plus vieille que les Pyramides, cette pubère sans virginité, tombée du vagin sanglant de la trahison.'''
|titre=La Femme pauvre
 
|année d'origine=1897
 
|éditeur=Mercure de France
 
|année=1972
 
|page=195}}
 
  
« [...] '''la ''folie'' des Croisades est ce qui a le plus honoré la raison humaine.''' »
+
La décrépitude ''originelle'' de cette bâtarde de tous les lâches est à faire vomir l’univers. Jézabel de lupanar, fardée d’immondices, monstrueusement engraissée de fornications, toute bestialité de goujat s’est assouvie dans ses bras et elle ressemble à quelque très antique Luxure qu’on aurait peinte sur la muraille d’une hypogée. »
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 +
|titre=La République des Vaincus
 
|auteur=Léon Bloy
 
|auteur=Léon Bloy
|titre=La Femme pauvre
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|publication=Le Pal
|année d'origine=1897
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|numéro=3
|éditeur=Mercure de France
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|date=25 mars 1885
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|page=161}}
 
 
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{{Center|Léon Bloy 5|}}
== Citationes de Léon Bloy ==
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== Citations sur Léon Bloy ==
  
 
« [...] '''Israël est la croix même sur laquelle Jésus est éternellement cloué ; il est donc le peuple porte-salut, le peuple sacré dans la lumière et sacré dans l’abjection, tel que l’ignominieux et resplendissant gibet du Calvaire.''' »
 
« [...] '''Israël est la croix même sur laquelle Jésus est éternellement cloué ; il est donc le peuple porte-salut, le peuple sacré dans la lumière et sacré dans l’abjection, tel que l’ignominieux et resplendissant gibet du Calvaire.''' »
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Citations

« Malheur à celui qui ne pleure pas. »

— Léon Bloy, « Dans les Ténèbres » (1918, posthume), dans Essais et pamphlets, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2017 (ISBN 9782221193303), p. 1314


« Combien d’âmes réellement vivantes dans ce grouillement d’êtres humains ? Une par cent mille, peut-être, ou par cent millions. On ne sait pas. Il y a des supérieurs, des hommes de génie même, si on veut, dont l’âme n’a pas été vivifiée et qui meurent sans avoir vécu. Un cœur simple dira chaque jour, en pleurant d’angoisse : “Où en suis-je avec l’Esprit de Dieu, l’Esprit-Saint ? Suis-je vraiment un vivant ou suis-je un mort à porter en terre ?”

C’est effrayant de penser qu’on subsiste au milieu d’une foule de morts qu’on croit des vivants ; que l’ami, le compagnon, le frère peut-être qu’on a vu ce matin et qu’on reverra ce soir, n’a qu’une vie organique, un semblant de vie, une caricature d’existence et qu’il est à peine distinct, en réalité, de ceux qui se liquéfient dans les tombeaux.

C’est intolérable de se dire, par exemple, qu’on a pu naître d’un père et d’une mère qui ne vivaient pas ; que ce prêtre que voici à l’autel n’est peut-être pas très différent d’un décédé et que le Pharmaque d’immortalité, le Pain qu’il a consacré pour que votre âme en reçoive la Vie éternelle, il va vous le donner d’une main de cadavre, en proférant d’une voix défunte les saintes paroles de la liturgie ! »

— Léon Bloy, « Dans les Ténèbres » (1918, posthume), dans Essais et pamphlets, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2017 (ISBN 9782221193303), p. 1312


« Je n’ai pas subi la misère, je l’ai épousée par amour, ayant pu choisir une autre compagne. »

— Léon Bloy, Journal, 6 mars 1917


« Plus on s’approche de Dieu, plus on est seul. C’est l’infini de la solitude. »

— Léon Bloy, « Méditations d’un solitaire en 1916 » (1917), dans Essais et pamphlets, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2017 (ISBN 9782221193303), p. 1233


« [...] je croasse dans les ténèbres au fond d’un désert où ne viendront m’entendre que ceux qui se sont éloignés de tous les chemins de la multitude. »

— Léon Bloy, « Méditations d’un solitaire en 1916 » (1917), dans Essais et pamphlets, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2017 (ISBN 9782221193303), p. 1232


« Toute grandeur est exilée au fond de l’Histoire et si Dieu veut agir manifestement, il faudra bien qu’il agisse de Lui-même, victorieusement comme il y a deux mille ans, lorsqu’il ressuscita d’entre les morts.

J’attends les Cosaques et le Saint-Esprit. »

— Léon Bloy, Journal, octobre 1915


« Le Sang du Pauvre, c’est l’argent. »

— Léon Bloy, « Le Sang du pauvre » (1909), dans Essais et pamphlets, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2017 (ISBN 9782221193303), p. 437


« Les plaisirs de ce monde pourraient bien être les supplices de l’enfer vus à l’envers, dans un miroir. »

— Léon Bloy, Journal, 29 mai 1908


« Qu’est-ce que le Bourgeois ? C’est un cochon qui voudrait mourir de vieillesse. »

— Léon Bloy, Journal, 20 septembre 1904


« À force d’avilissement, les journalistes sont devenus si étrangers à tout sentiment d’honneur qu’il est absolument impossible, désormais, de leur faire comprendre qu’on les vomit et qu’après les avoir vomis, on les réavale avec fureur pour les déféquer. La corporation est logée à cet étage d’ignominie où la conscience ne discerne plus ce que c’est que d’être un salaud. »

— « Avant-propos », Léon Bloy, L’Assiette au beurre, 16 mai 1903


« Tous les bourgeois vous diront qu’il n’y a pas l’épaisseur d’un cheveu entre les extrêmes. C’est pour cela qu’ils en ont horreur et qu’ils préconisent la médiocrité, le juste milieu, la bonne moyenne, le fil à couper le beurre [...]. »

— Léon Bloy, « Exégèse des lieux communs » (1902), dans Essais et pamphlets, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2017 (ISBN 9782221193303), p. 717


« Je l’ai déjà dit et je serai bien forcé de le dire encore : préférer ce qui est noble à ce qui est ignoble et ce qui est beau à ce qui est hideux ; chercher à comprendre, tenter la conquête de n’importe quoi, en sautant par-dessus bornes et clôtures ; vouloir vivre enfin ; voilà ce qui tombe sous l’anathème. »

— Léon Bloy, « Exégèse des lieux communs » (1902), dans Essais et pamphlets, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2017 (ISBN 9782221193303), p. 537


« Plus on est semblable à tout le monde, plus on est comme il faut. C’est le sacre de la multitude. »

— Léon Bloy, « Exégèse des lieux communs » (1902), dans Essais et pamphlets, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2017 (ISBN 9782221193303), p. 531


« À propos du Sacrifice perpétuel sur notre globe où une messe est toujours célébrée quelque part, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit : — C’est, sans doute, ce qui fait tourner la terre, me dit quelqu’un. Parole d’une simplicité angélique. »

— Léon Bloy, Journal, 16 juillet 1899


« Les francs-maçons, les protestants, les juifs, les catholiques ont bien pu enterrer le Catholicisme, — et sous quelle matière ! — mais ils n’ont pu le tuer tout à fait. L’indestructible générosité française ne le permet pas. « Dieu a besoin de la France », a dit de Maistre, qui n’était pas un Français. Il faudra bien, dans les ténèbres et les poussières du XXe siècle, qu’il y ait au moins une nation qui conserve, en quelques-unes de ses unités raisonnables, ce que l’Europe entière semble avoir perdu : le besoin vivant de la Lumière et de la Beauté. »

— Léon Bloy, Journal, mars 1899


« I. Je suis pour la Théocratie absolue, telle qu’elle est affirmée dans la Bulle Unam Sanctam de Boniface VIII.

II. Je pense que l’Église doit tenir en main les Deux Glaives, le Spirituel et le Temporel, que tout lui appartient, les âmes et les corps, et qu’en dehors d’Elle il ne peut y avoir de salut ni pour les individus ni pour les sociétés. »

— Léon Bloy, Journal, 19 mai 1897


« Combien en faudra-t-il encore de ces reniements, pour que se décide enfin à chanter le “Coq” de France ? Car c’est la France qui est désignée par le Texte Saint. La France dont le Paraclet a besoin ; la France où il se promène comme dans son jardin, et qui est la Figure la plus expressive du Royaume des cieux ; la France réservée, quand même, et toujours aimée par-dessus les autres nations, précisément parce qu’elle paraît être la plus déchue, et que l’Esprit vagabond ne résiste pas aux prostituées ! »

— Léon Bloy, La Femme pauvre (1897), éd. Georges Crès, 1924, p. 271


La Marianne, « le buste plâtreux d’une salope en bonnet phrygien qu’on trouvait partout [...]. »

— Léon Bloy, La Femme pauvre (1897), éd. Georges Crès, 1924, p. 248


« [...] la folie des Croisades est ce qui a le plus honoré la raison humaine. »

— Léon Bloy, La Femme pauvre (1897), éd. Georges Crès, 1924, p. 219


« Mon existence est une campagne triste où il pleut toujours. »

— Léon Bloy, La Femme pauvre (1897), éd. Georges Crès, 1924, p. 74


« Parlé, avec la sage-femme, de la vaccination, qui est, paraît-il, exigée par la loi, car toute liberté décampe. J’exprime fortement, quoique bien inutilement, mon horreur pour cette ordure, dont l’humanité s’est si bien passée, jusqu’au dernier siècle, et dont l’Angleterre nous gratifia. Le courant moderne est, d’ailleurs, aux inoculations de tout genre. On finira par putréfier les petits enfants de quarante sorte de vaccins. »

— Léon Bloy, Journal, 2 octobre 1895


« Il m’arrive de penser que le célèbre Microbe, explicatif de tous les maux, dont la médecine contemporaine fait si grand état, doit être et ne peut pas être autre chose que le plus subtil mensonge du vieil Ennemi. De quoi s’agit-il, en effet, sinon de prouver (!) que toutes les causes morbides sont naturelles, au lieu d’être SPIRITUELLES, comme l’avaient toujours cru les hommes en qui habitait le Dieu vivant ? Les physiologistes l’ont vu, ce microbe. Ils l’ont vu de leurs gros yeux. Ah ! les braves gens, qui se sont donné tant de peine pour arriver à ne pas comprendre que telle est la forme que prend pour eux le Principe même du Mal, l’antique Démon qui fut un Esprit céleste, et que leur microbe est le dernier travestissement de la Désobéissance ! »

— Léon Bloy, Journal, 29 mai 1892


« L’histoire des Juifs barre l’histoire du genre humain comme une digue barre un fleuve, pour en élever le niveau. Ils sont immobiles à jamais et tout ce qu’on peut faire c’est de les franchir en bondissant avec plus où moins de fracas, sans aucun espoir de les démolir. »

— Léon Bloy, « Le Salut par les Juifs » (1892), dans Essais et pamphlets, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2017 (ISBN 9782221193303), p. 977


« Il voyait le monde moderne, avec toutes ses institutions et toutes ses idées, dans un océan de boue. C’était, à ses yeux, une Atlantide submergée dans un dépotoir. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 341


« Je vois très clairement, reprit alors Marchenoir, le mal horrible de ce monde exproprié de la foi chrétienne, et je ne me connais pas d’autres pensées, quels que puissent être les mots qui me servent à exprimer celle-ci, que je porte comme un couteau dans la gaine de ma poitrine. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 291


« En attendant, le Christ est indubitablement traîné au dépotoir. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 250


« On est bien forcé d’avouer que c’est tout à fait fini, maintenant, le spiritualisme chrétien, puisque, depuis trois siècles, rien n’a pu restituer un semblant de verdeur à la souche calcinée des vieilles croyances. Quelques formules sentimentales donnent encore l’illusion de la vie, mais on est mort, en réalité, vraiment mort. Le Jansénisme, cet infâme arrière-suint de l’émonctoire calviniste, n’a-t-il pas fini par se pourlécher lui-même, avec une langue de Jésuite sélectivement obtenue, et la racaille philosophique n’a-t-elle pas fait épouser sa progéniture aux plus hautes nichées du gallicanisme ? La Terreur elle-même, qui aurait dû, semble-t-il, avoir la magnifiante efficacité des persécutions antiques, n’a servi qu’à rapetisser encore les chrétiens qu’elle a raccourcis. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 239


« Un homme couvert de crimes est toujours intéressant. C’est une cible pour la Miséricorde. C’est une unité dans l’immense troupeau des boucs pardonnables, pouvant être blanchis pour de salutaires immolations.

Il fait partie intégrante de la matière rachetable, pour laquelle il est enseigné que le Fils de Dieu souffrit la mort. Bien loin de rompre le plan divin, il le démontre, au contraire, et le vérifie expérimentalement par l’ostentation de son effroyable misère.

Mais l’innocent médiocre renverse tout.

Il avait été prévu, sans doute, mais tout juste, comme la pire torture de la Passion, comme la plus insupportable des agonies du Calvaire.

Celui-là soufflète le Christ d’une façon si suprême et rature si absolument la divinité du Sacrifice, qu’il est impossible de concevoir une plus belle preuve du Christianisme que le miracle de sa durée, en dépit de la monstrueuse inanité du plus grand nombre de ses fidèles !

Ah ! on comprend l’épouvante, la fuite éperdue du XIXe siècle, devant la Face ridicule du Dieu qu’on lui offre et on comprend aussi sa fureur !

Il est bien bas, pourtant, ce voyou de siècle, et n’a guère le droit de se montrer difficile ! Mais, précisément, parce qu’il est ignoble, il faudrait quel’ostensoir de la Foi fût archisublime et fulgurât comme un soleil...

Veut-on savoir comme il fulgure ? Voici. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 237


« Les catholiques déshonorent leur Dieu, comme jamais les juifs et les plus fanatiques antichrétiens ne furent capables de le déshonorer. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 236


« Il est vrai qu’on a pas encore abattu toutes les croix, ni remplacé les cérémonies du culte par des spectacles antiques de prostitution. On a pas non plus tout à fait installé des latrines et des urinoirs publics dans les cathédrales transformées en tripots ou en salles de café-concert. Évidemment, on ne traîne pas assez de prêtres dans dans les ruisseaux, on ne confie pas assez de jeunes religieuses à la sollicitudes maternelles de patronnes de lupanars de barrière. On ne pourrit pas assez tôt l’enfance, on assomme pas un assez grand nombre de pauvres, on ne se sert pas encore assez du visage paternel comme d’un crachoir ou d’un décrottoir... Sans doute. Mais toutes ces choses sont sur nous et peuvent déjà être considérées comme venues, puisqu’elles arrivent comme la marée et que rien n’est capable de les endiguer. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 234


« Le mal est plus universel et paraît plus grand, à cette heure, qu’il ne fut jamais, parce que, jamais encore, la civilisation n’avait pendu si près de terre, les âmes n’avaient été si avilies, ni le bras des maîtres si débile. Il va devenir plus grand encore. La République des Vaincus n’a pas mis bas toute sa ventrée de malédiction. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 234


« Jamais, sans doute, dans aucune société, l’héroïsme ne fut aussi généralement cocufié par la nature humaine. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 233


« Le christianisme, quand il en reste, n’est qu’une surenchère de bêtise ou de lâcheté. On ne vend même plus Jésus-Christ, on le bazarde, et les pleutres enfants de l’Église se tiennent humblement à la porte de la Synagogue, pour mendier un petit bout de la corde de Judas qu’on leur décerne, enfin, de guerre lasse, avec accompagnement d’un nombre infini de coups de souliers. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 233


« Ce monsieur Nathan était une petite putridité judaïque, comme on en verra, paraît-il, jusqu’à l’abrogation de notre planète. Le Moyen Âge, au moins, avait le bon sens de les cantonner dans des chenils réservés et de leur imposer une défroque spéciale qui permît à chacun de les éviter. Quand on avait absolument affaire à ces puants, on s’en cachait, comme d’une infamie, et on se purifiait ensuite comme on pouvait. La honte et le péril de leur contact étaient l’antidote chrétien de leur pestilence, puisque Dieu tenait à la perpétuité d’une telle vermine. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 220


« Je quitte votre maison dans une ignorance absolue de ce que je vais faire, mais avec la plus inflexible résolution de ne pas laisser la Vérité sans témoignage. Il est écrit que les affamés et les mourants de soif de justice seront saturés. Je puis donc espérer une ébriété sans mesure. Jamais, je ne pourrai m’accommoder ni me consoler de ce que je vois. Je ne prétends point réformer un monde irréformable, ni faire avorter Babylone. Je suis de ceux qui clament dans le désert et qui dévorent les racines du buisson de feu, quand les corbeaux oublient de leur porter leur nourriture. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 202


« Dans cette Légende d’or de l’histoire de France qu’il s’imaginait toujours entendre chuchoter à son oreille, comme un grand conte plein de prodiges, et qui lui semblait la plus synthétiquement étrange, la plus centralement mystérieuse de toutes les histoires — rien ne l’avait autant fasciné que cet énorme, terrible et enfantine épopée des temps Mérovingiens. La France préludait, alors, à l’apostolat des monarchies occidentales. Les évêques étaient des saints, dans la main desquels la Gentilité barbare s’assouplissait lentement, comme une cire vierge, pour former, avec la masse hétérogène du monde gallo-romain, les rayons mystiques de la ruche de Jésus-Christ. Du milieu de ce chaos de peuples vagissants, au dessus desquels planait l’Esprit du Seigneur, on vit s’élever, à travers le brouillard tragique des prolégomènes du Moyen-Age, une candide rangée de cierges humains dont les flammes dardées au ciel, commencèrent, au sixième siècle, la grande illumination du catholicisme dans l’Occident. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 179


« C’est la pente moderne attestée par le renflement scientifique de la plus turgescente vanité universelle. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 178


« Au dix-huitième siècle, qui fut, sans comparaison, le plus sot des siècles, on s’était persuadé que tous les moines vivaient dans les délices, que l’hypocrite pénombre des cloîtres cachait de tortueuses conspirations contre le genre humain, et que les murailles épaisses des monastères étouffaient les gémissements des victimes sans nombre de l’arbitraire ecclésiastique.

Au dix-neuvième, la bêtise universelle ayant été canalisée d’une autre sorte, cette facétie lugubre devint insoutenable. L’horreur se changeât en pitié et les criminels devinrent de touchants infortunés. C’est ce courant romantique qui dure encore. Rien de plus grotesque, et, au fond, de plus lamentable que les airs de miséricorde hautaine ou de compassion navrée des gens gavés du monde pour ces pénitents qui les protègent du fond de leur solitude et sans l’intercession desquels, peut-être, ils n’auraient même pas la sécurité d’une digestion ! »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 164


« Notre liberté est solidaire de l’équilibre du monde et c’est là ce qu’il faut comprendre pour ne pas s’étonner du profond mystère de la Réversibilité qui est le nom philosophique du grand dogme de la Communion des Saints. Tout homme qui produit un acte libre projette sa personnalité dans l’infini. S’il donne de mauvais cœur un sou à un pauvre, ce sou perce la main du pauvre, tombe, perce la terre, troue les soleils, traverse le firmament et compromet l’univers. S’il produit un acte impur, il obscurcit peut-être des milliers de cœurs qu’il ne connaît pas, qui correspondent mystérieusement à lui et qui ont besoin que cet homme soit pur, comme un voyageur mourant de soif a besoin du verre d’eau de l’Évangile. Un acte charitable, un mouvement de vraie pitié chante pour lui les louanges divines, depuis Adam jusqu’à la fin des siècles ; il guérit les malades, console les désespérés, apaise les tempêtes, rachète les captifs, convertit les infidèles et protège le genre humain.

Toute la philosophie chrétienne est dans l’importance inexprimable de l’acte libre et dans la notion d’une enveloppante et indestructible solidarité. Si Dieu, dans une éternelle seconde de sa puissance, voulait faire ce qu’il n’a jamais fait, anéantir un seul homme, il est probable que la création s’en irait en poussière.

Mais ce que Dieu ne peut pas faire, dans la rigoureuse plénitude de sa justice, étant volontairement lié par sa propre miséricorde, de faibles hommes, en vertu de leur liberté et dans la mesure d’une équitable satisfaction, le peuvent accomplir pour leurs frères. Mourir au monde, mourir à soi, mourir, pour ainsi parler, au Dieu terrible, en s’anéantissant devant lui dans l’effrayante irradiation solaire de sa justice, — voilà ce que peuvent faire des chrétiens, quand la vieille machine de terre craque dans les cieux épouvantés et n’a presque plus la force de supporter les pécheurs. Alors, ce que le souffle de miséricorde balaie comme une poussière, c’est l’horrible création qui n’est pas de Dieu, mais de l’homme seul, c’est sa trahison énorme, c’est le mauvais fruit de sa liberté, c’est tout un arc-en-ciel de couleurs infernales sur le gouffre éclatant de la Beauté divine. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 161-162


« Plus que jamais, il fut un désespéré, mais un de ces désespérés sublimes qui jettent leur cœur dans le ciel, comme un naufragé lancerait toute sa fortune dans l’océan pour ne pas sombrer tout à fait, avant d’avoir au moins entrevu le rivage. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 99


« Au fait, que diable voulez-vous que puisse rêver, aujourd’hui, un adolescent, que les disciplines modernes exaspèrent et que l’abjection commerciale fait vomir ? Les croisades ne sont plus, ni les nobles aventures lointaines d’aucune sorte. Le globe entier est devenu raisonnable et on est assuré de rencontrer un excrément anglais à toutes les intersections de l’infini. Il ne reste plus que l’art. Un art proscrit, il est vrai, méprisé, subalternisé, famélique, fugitif, guenilleux, et catacombal. Mais, quand même, c’est l’unique refuge pour quelques âmes altissimes condamnées à traîner leur souffrante carcasse dans les charogneux carrefours du monde. »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 93-94


« C’est peut-être l’effet le moins aperçu d’une dégringolade française de quinze années, d’avoir produit ces dominateurs, inconnus des antérieures décadences, qui règnent sur nous sans y prétendre et sans même s’en apercevoir. C’est la surhumaine oligarchie des inconscients et le Droit Divin de la Médiocrité absolue.

Ils ne sont, nécessairement, ni des eunuques, ni des méchants, ni des fanatiques, ni des hypocrites, ni des imbéciles affolés. Ils ne sont ni des égoïstes avec assurance, ni des lâches avec précision. Ils n’ont pas même l’énergie du scepticisme. Ils ne sont absolument rien. Mais la terre est à leurs pieds et cela leur paraît très simple.

En vertu de ce principe qu’on ne détruit bien que ce qu’on remplace, il fallait boucher l’énorme trou par lequel les anciennes aristocraties s’étaient évadées comme des ordures, en attendant qu’elles refluassent comme une pestilence. Il fallait condamner à tout prix cette dangereuse porte et les Acéphales furent élus pour chevaucher un peuple de décapités !

Aussi, la Fille aînée de l’Église, devenue la Salope du monde, les a triés avec une sollicitude infinie, ces lys d’impuissance, ces nénuphars bleus dont l’innocence ravigote sa perverse décrépitude ! Si l’Exterminateur arrivait enfin, il ne trouverait plus une âme vivante dans les quartiers opulents de Paris, rien aux Champs-Élysées, rien au Trocadéro, rien au Parc Monceau, trois fois rien au Faubourg Saint-Germain et, sans doute, il dé-daignerait angéliquement de frapper du glaive les simulacres humains pavés de richesses qu’il y découvrirait ! »

— Léon Bloy, Le Désespéré (1887), éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 2010 (ISBN 9782080712561), p. 79-80


« Elle a quinze ans aujourd’hui, notre République, et elle a l’air d’avoir quinze siècles.

Elle paraît plus vieille que les Pyramides, cette pubère sans virginité, tombée du vagin sanglant de la trahison.

La décrépitude originelle de cette bâtarde de tous les lâches est à faire vomir l’univers. Jézabel de lupanar, fardée d’immondices, monstrueusement engraissée de fornications, toute bestialité de goujat s’est assouvie dans ses bras et elle ressemble à quelque très antique Luxure qu’on aurait peinte sur la muraille d’une hypogée. »

— « La République des Vaincus », Léon Bloy, Le Pal, nº 3, 25 mars 1885
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Citations sur Léon Bloy

« [...] Israël est la croix même sur laquelle Jésus est éternellement cloué ; il est donc le peuple porte-salut, le peuple sacré dans la lumière et sacré dans l’abjection, tel que l’ignominieux et resplendissant gibet du Calvaire. »

— Remy de Gourmont, « Le Salut par les Juifs », Le Figaro, 20 septembre 1892


« Je connais, de Léon Bloy, un livre contre l’antisémitisme : Le Salut par les Juifs. Un chrétien y défend les Juifs comme on défend des parents pauvres. C’est très intéressant. Et puis, Bloy sait manier l’invective. Ce n’est pas banal. Il possède une flamme qui rappelle l’ardeur des prophètes. Que dis-je, il invective beaucoup mieux. Cela s’explique facilement, car sa flamme est alimentée par tout le fumier de l’époque moderne. »

Franz Kafka cité par Gustav Janouch, Conversations avec Kafka (1978), éd. Les Lettres nouvelles/Maurice Nadeau, 1978 (ISBN 9782862310022), p. 106


Bibliographie

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