Différences entre les versions de « Bertrand de Jouvenel »
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"The basic socialist feeling is not that things are out of proportion and thus unjust, that reward is not proportional to effort, but an emotional, revolt against the antagonisms within society, against the ugliness of men's behavior to each other." | "The basic socialist feeling is not that things are out of proportion and thus unjust, that reward is not proportional to effort, but an emotional, revolt against the antagonisms within society, against the ugliness of men's behavior to each other." | ||
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:« Le sentiment socialiste élémentaire n’est pas que les choses sont hors de proportion et donc injustes, que la récompense n’est pas proportionnelle à l’effort, mais une révolte émotionnelle contre les antagonismes au sein de la société, contre la laideur du comportement humain envers autrui. » | :« Le sentiment socialiste élémentaire n’est pas que les choses sont hors de proportion et donc injustes, que la récompense n’est pas proportionnelle à l’effort, mais une révolte émotionnelle contre les antagonismes au sein de la société, contre la laideur du comportement humain envers autrui. » | ||
:*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel], ''L'Éthique de la Redistribution'' (1956), Conf. 1, p. 11 | :*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel], ''L'Éthique de la Redistribution'' (1956), Conf. 1, p. 11 | ||
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« Le terme d'État - et c'est pourquoi nous l'évitons - comporte deux sens fort différents. Il désigne d'abord une société organisée ayant un gouvernement autonome, et, en ce sens, nous sommes tous membres de l'État, l'État c'est nous. Mais il dénote d'autre part l'appareil qui gouverne cette société. En ce sens les membres de l'État, ce sont ceux qui participent au Pouvoir, l'État c'est eux. Si maintenant l'on pose que l'État, entendant l'appareil de commandement, commande à la Société, on ne fait qu'émettre un axiome; mais si aussitôt l'on glisse subrepticement sous le mot État son autre sens, on trouve que c'est la société qui commande à elle-même, ce qu'il fallait démontrer. Ce n'est là évidemment qu'une fraude intellectuelle inconsciente. Elle n'apparaît pas flagrante parce que précisément dans notre société l'appareil gouvernemental est ou doit être en principe l'expression de la société, un simple système de transmission au moyen de quoi elle se régit elle-même. À supposer qu'il en soit vraiment ainsi - ce qui reste à voir - il est patent qu'il n'en a pas été ainsi toujours et partout, que l'autorité a été exercée par des Pouvoirs nettement distincts de la Société, et que l'obéissance a été obtenue par eux. » | « Le terme d'État - et c'est pourquoi nous l'évitons - comporte deux sens fort différents. Il désigne d'abord une société organisée ayant un gouvernement autonome, et, en ce sens, nous sommes tous membres de l'État, l'État c'est nous. Mais il dénote d'autre part l'appareil qui gouverne cette société. En ce sens les membres de l'État, ce sont ceux qui participent au Pouvoir, l'État c'est eux. Si maintenant l'on pose que l'État, entendant l'appareil de commandement, commande à la Société, on ne fait qu'émettre un axiome; mais si aussitôt l'on glisse subrepticement sous le mot État son autre sens, on trouve que c'est la société qui commande à elle-même, ce qu'il fallait démontrer. Ce n'est là évidemment qu'une fraude intellectuelle inconsciente. Elle n'apparaît pas flagrante parce que précisément dans notre société l'appareil gouvernemental est ou doit être en principe l'expression de la société, un simple système de transmission au moyen de quoi elle se régit elle-même. À supposer qu'il en soit vraiment ainsi - ce qui reste à voir - il est patent qu'il n'en a pas été ainsi toujours et partout, que l'autorité a été exercée par des Pouvoirs nettement distincts de la Société, et que l'obéissance a été obtenue par eux. » | ||
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« D’où le seul sentiment, chez (les gens de l’État), qui fasse l’unanimité de tous les partis et dans tous les pays : la haine farouche qu’ils nourrissent pour ce qu’ils nomment avec horreur : "l’individualisme". Ce mot désigne pour eux le cauchemar suprême, le soupçon qu’il subsiste quelque part un fragment de l’esprit humain qui échapperait à la sphère politique, au collectif, au communautaire, au domaine public : le leur. » | « D’où le seul sentiment, chez (les gens de l’État), qui fasse l’unanimité de tous les partis et dans tous les pays : la haine farouche qu’ils nourrissent pour ce qu’ils nomment avec horreur : "l’individualisme". Ce mot désigne pour eux le cauchemar suprême, le soupçon qu’il subsiste quelque part un fragment de l’esprit humain qui échapperait à la sphère politique, au collectif, au communautaire, au domaine public : le leur. » | ||
− | *[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel], cité par [ | + | *[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel], cité par [http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Revel Jean-François Revel], ''Le Regain démocratique'' (1992), p. 50 |
− | « Le Minotaure mobilise la population, mais c'est en période démocratique qu'a été posée le principe de l'obligation militaire. Il capte les richesses mais doit à la démocratie l'appareil fiscal et inquisitorial dont il use. Le plébiscite ne confierait aucune légitimité au tyran si la volonté générale n'avait été proclamée source suffisante de l'autorité [ | + | « Le Minotaure mobilise la population, mais c'est en période démocratique qu'a été posée le principe de l'obligation militaire. Il capte les richesses mais doit à la démocratie l'appareil fiscal et inquisitorial dont il use. Le plébiscite ne confierait aucune légitimité au tyran si la volonté générale n'avait été proclamée source suffisante de l'autorité [...]. La mise au pas des esprits dès l'enfance a été préparée par le monopole, plus ou moins complet, de l'enseignement. L'appropriation par l'État des moyens de production est préparée dans l'opinion. » |
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel] | *[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel] | ||
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« C'est à partir du moment où les opinions d'un journal se mettent à compter que le journal ne peut plus se permettre d'avoir une opinion. » | « C'est à partir du moment où les opinions d'un journal se mettent à compter que le journal ne peut plus se permettre d'avoir une opinion. » | ||
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel] | *[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel] | ||
− | + | « Le faux dogme de l'égalité, flatteur aux faibles, aboutit en réalité à la licence infinie des puissants. Jamais l'élévation sociale n'a comporté moins de charges, jamais l'inégalité réelle n'a été si abusive que depuis l'incorporation dans le Droit positif d'une égalité de principe entrainant la négation de tout devoir d'État. Nous voyons se développer les conséquences d'une pensée sommaire qui n'a voulu reconnaître dans tout le mécanisme social que des pièces élémentaires, les individus, et un ressort central, l'État. Qui a négligé tout le reste et nié le rôle des autorités spirituelles et sociales. [...] L'Etat et l'individu émergeaient triomphants d'une longue lutte menée en commun contre des puissances que l'un rejetait comme ses rivales et l'autre comme ses dominatrices. Comment se partageraients-ils la victoire ? L'individu garderait-il tout le bénéfice d'un double affranchissement, solution individualiste; ou bien l'Etat hériterait-il des fonctions auparavant remplies par les pouvoirs abolis, solution étatiste ? Le XIXème siècle a d'abord essayé la première solution : le Pouvoir, que rien ne bornait, se bornait lui-même, faisant confiance à un jeu des intérêts individuels pour procurer un ordre spontané, le meilleur possible. A la faveur de cette abstention, on a vu s'élever des puissances sociales nouvelles, non reconnues et trouvant dans l'absurde négation de leur existence la faculté d'un dérèglement infini. Et l'on a vu paraître les candidatures les plus fantastiques à l'autorité spirituelle : les plus frustes hérésies ont reparu sous couleur d'idées nouvelles, autour de quoi se sont formées ces Eglises militantes et violentes, les partis de nos jours. De sorte qu'enfin l'insolence des intérêts et l'incompatibilité des croyances ont nécessité la restauration d'un ordre. Ne disposant, comme moyen disciplinaire que du seul Pouvoir, il a fallu lui accorder une fonction de contrainte illimitée. » | |
− | + | *[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel], ''Du Pouvoir'', éd. Hachette, coll. Pluriel, Le livre de poche, 1977, première édition en 1972 | |
− | « Le faux dogme de l'égalité, flatteur aux faibles, aboutit en réalité à la licence infinie des puissants. Jamais l'élévation sociale n'a comporté moins de charges, jamais l'inégalité réelle n'a été si abusive que depuis l'incorporation dans le Droit positif d'une égalité de principe entrainant la négation de tout devoir d'État. Nous voyons se développer les conséquences d'une pensée sommaire qui n'a voulu reconnaître dans tout le mécanisme social que des pièces élémentaires, les individus, et un ressort central, l'État. Qui a négligé tout le reste et nié le rôle des autorités spirituelles et sociales. » | ||
− | *[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel] | ||
"As against previous or extrawestern ideals, the West is fast adopting the ideal of the equalization of incomes by State action." | "As against previous or extrawestern ideals, the West is fast adopting the ideal of the equalization of incomes by State action." | ||
*[http://en.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel], ''L'Éthique de la Redistribution'' (1956), Conf. 1 | *[http://en.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel], ''L'Éthique de la Redistribution'' (1956), Conf. 1 | ||
− | :« À l’encontre des idéaux antérieurs ou extra-occidentaux, l’Occident est en train de rapidement adopter l’idéal de l’égalisation des revenus par l’action de | + | :« À l’encontre des idéaux antérieurs ou extra-occidentaux, l’Occident est en train de rapidement adopter l’idéal de l’égalisation des revenus par l’action de l'État. » |
:*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel], ''L'Éthique de la Redistribution'' (1956), Conf. 1 | :*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel], ''L'Éthique de la Redistribution'' (1956), Conf. 1 | ||
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"While it is difficult for men to imagine the suppression of private property, that is, of something that all desire, it is natural to them to compare their condition with that of others." | "While it is difficult for men to imagine the suppression of private property, that is, of something that all desire, it is natural to them to compare their condition with that of others." | ||
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:*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel], ''L'Éthique de la Redistribution'' (1956), Conf. 1, p. 18 | :*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Jouvenel Bertrand de Jouvenel], ''L'Éthique de la Redistribution'' (1956), Conf. 1, p. 18 | ||
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Version actuelle datée du 14 mai 2023 à 16:12
Citations
"The basic socialist feeling is not that things are out of proportion and thus unjust, that reward is not proportional to effort, but an emotional, revolt against the antagonisms within society, against the ugliness of men's behavior to each other."
- « Le sentiment socialiste élémentaire n’est pas que les choses sont hors de proportion et donc injustes, que la récompense n’est pas proportionnelle à l’effort, mais une révolte émotionnelle contre les antagonismes au sein de la société, contre la laideur du comportement humain envers autrui. »
- Bertrand de Jouvenel, L'Éthique de la Redistribution (1956), Conf. 1, p. 11
« Le terme d'État - et c'est pourquoi nous l'évitons - comporte deux sens fort différents. Il désigne d'abord une société organisée ayant un gouvernement autonome, et, en ce sens, nous sommes tous membres de l'État, l'État c'est nous. Mais il dénote d'autre part l'appareil qui gouverne cette société. En ce sens les membres de l'État, ce sont ceux qui participent au Pouvoir, l'État c'est eux. Si maintenant l'on pose que l'État, entendant l'appareil de commandement, commande à la Société, on ne fait qu'émettre un axiome; mais si aussitôt l'on glisse subrepticement sous le mot État son autre sens, on trouve que c'est la société qui commande à elle-même, ce qu'il fallait démontrer. Ce n'est là évidemment qu'une fraude intellectuelle inconsciente. Elle n'apparaît pas flagrante parce que précisément dans notre société l'appareil gouvernemental est ou doit être en principe l'expression de la société, un simple système de transmission au moyen de quoi elle se régit elle-même. À supposer qu'il en soit vraiment ainsi - ce qui reste à voir - il est patent qu'il n'en a pas été ainsi toujours et partout, que l'autorité a été exercée par des Pouvoirs nettement distincts de la Société, et que l'obéissance a été obtenue par eux. »
- Bertrand de Jouvenel, Du pouvoir (1945)
« D’où le seul sentiment, chez (les gens de l’État), qui fasse l’unanimité de tous les partis et dans tous les pays : la haine farouche qu’ils nourrissent pour ce qu’ils nomment avec horreur : "l’individualisme". Ce mot désigne pour eux le cauchemar suprême, le soupçon qu’il subsiste quelque part un fragment de l’esprit humain qui échapperait à la sphère politique, au collectif, au communautaire, au domaine public : le leur. »
- Bertrand de Jouvenel, cité par Jean-François Revel, Le Regain démocratique (1992), p. 50
« Le Minotaure mobilise la population, mais c'est en période démocratique qu'a été posée le principe de l'obligation militaire. Il capte les richesses mais doit à la démocratie l'appareil fiscal et inquisitorial dont il use. Le plébiscite ne confierait aucune légitimité au tyran si la volonté générale n'avait été proclamée source suffisante de l'autorité [...]. La mise au pas des esprits dès l'enfance a été préparée par le monopole, plus ou moins complet, de l'enseignement. L'appropriation par l'État des moyens de production est préparée dans l'opinion. »
« C'est à partir du moment où les opinions d'un journal se mettent à compter que le journal ne peut plus se permettre d'avoir une opinion. »
« Le faux dogme de l'égalité, flatteur aux faibles, aboutit en réalité à la licence infinie des puissants. Jamais l'élévation sociale n'a comporté moins de charges, jamais l'inégalité réelle n'a été si abusive que depuis l'incorporation dans le Droit positif d'une égalité de principe entrainant la négation de tout devoir d'État. Nous voyons se développer les conséquences d'une pensée sommaire qui n'a voulu reconnaître dans tout le mécanisme social que des pièces élémentaires, les individus, et un ressort central, l'État. Qui a négligé tout le reste et nié le rôle des autorités spirituelles et sociales. [...] L'Etat et l'individu émergeaient triomphants d'une longue lutte menée en commun contre des puissances que l'un rejetait comme ses rivales et l'autre comme ses dominatrices. Comment se partageraients-ils la victoire ? L'individu garderait-il tout le bénéfice d'un double affranchissement, solution individualiste; ou bien l'Etat hériterait-il des fonctions auparavant remplies par les pouvoirs abolis, solution étatiste ? Le XIXème siècle a d'abord essayé la première solution : le Pouvoir, que rien ne bornait, se bornait lui-même, faisant confiance à un jeu des intérêts individuels pour procurer un ordre spontané, le meilleur possible. A la faveur de cette abstention, on a vu s'élever des puissances sociales nouvelles, non reconnues et trouvant dans l'absurde négation de leur existence la faculté d'un dérèglement infini. Et l'on a vu paraître les candidatures les plus fantastiques à l'autorité spirituelle : les plus frustes hérésies ont reparu sous couleur d'idées nouvelles, autour de quoi se sont formées ces Eglises militantes et violentes, les partis de nos jours. De sorte qu'enfin l'insolence des intérêts et l'incompatibilité des croyances ont nécessité la restauration d'un ordre. Ne disposant, comme moyen disciplinaire que du seul Pouvoir, il a fallu lui accorder une fonction de contrainte illimitée. »
- Bertrand de Jouvenel, Du Pouvoir, éd. Hachette, coll. Pluriel, Le livre de poche, 1977, première édition en 1972
"As against previous or extrawestern ideals, the West is fast adopting the ideal of the equalization of incomes by State action."
- Bertrand de Jouvenel, L'Éthique de la Redistribution (1956), Conf. 1
- « À l’encontre des idéaux antérieurs ou extra-occidentaux, l’Occident est en train de rapidement adopter l’idéal de l’égalisation des revenus par l’action de l'État. »
- Bertrand de Jouvenel, L'Éthique de la Redistribution (1956), Conf. 1
"While it is difficult for men to imagine the suppression of private property, that is, of something that all desire, it is natural to them to compare their condition with that of others."
- Bertrand de Jouvenel, L'Éthique de la Redistribution (1956), Conf. 1, p. 18
- « Alors qu’il est difficile pour les hommes d’imaginer la suppression de la propriété privée, c’est-à-dire, de quelque chose que tous désirent, il leur semble naturel de comparer leur condition à celle des autres. »
- Bertrand de Jouvenel, L'Éthique de la Redistribution (1956), Conf. 1, p. 18