Différences entre les versions de « Jean de La Fontaine »
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+ | Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille | ||
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+ | Et couverts d’une peau vermeille. | ||
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+ | Et le beau souvent nous détruit. »</poem> | ||
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+ | <poem>« '''L’homme est de glace aux vérités''' ; | ||
+ | '''Il est de feu pour les mensonges.''' »</poem> | ||
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+ | |section=Livre IX, 6 | ||
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+ | <poem>« Un Loup n’avait que les os et la peau ; | ||
Tant les Chiens faisaient bonne garde. | Tant les Chiens faisaient bonne garde. | ||
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau, | Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau, | ||
− | Gras, poli, qui | + | Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde. |
− | + | L’attaquer, le mettre en quartiers, | |
− | Sire Loup | + | Sire Loup l’eût fait volontiers. |
Mais il fallait livrer bataille, | Mais il fallait livrer bataille, | ||
Et le Mâtin était de taille | Et le Mâtin était de taille | ||
À se défendre hardiment. | À se défendre hardiment. | ||
− | Le Loup donc | + | Le Loup donc l’aborde humblement, |
Entre en propos, et lui fait compliment | Entre en propos, et lui fait compliment | ||
− | Sur son embonpoint, | + | Sur son embonpoint, qu’il admire. |
− | Il ne tiendra | + | Il ne tiendra qu’à vous, beau Sire, |
− | + | D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien. | |
Quittez les bois, vous ferez bien : | Quittez les bois, vous ferez bien : | ||
Vos pareils y sont misérables, | Vos pareils y sont misérables, | ||
Cancres, haires, et pauvres diables, | Cancres, haires, et pauvres diables, | ||
Dont la condition est de mourir de faim. | Dont la condition est de mourir de faim. | ||
− | Car quoi ? Rien | + | Car quoi ? Rien d’assuré : point de franche lippée : |
− | Tout à la pointe de | + | Tout à la pointe de l’épée. |
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. | Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. | ||
Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ? | Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ? | ||
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Qui le fait pleurer de tendresse. | Qui le fait pleurer de tendresse. | ||
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé. | Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé. | ||
− | + | Qu’est-ce là ? lui dit-il. — Rien. — Quoi ? rien ? — Peu de chose. | |
— Mais encor ? — '''Le collier dont je suis attaché''' | — Mais encor ? — '''Le collier dont je suis attaché''' | ||
'''De ce que vous voyez est peut-être la cause.''' | '''De ce que vous voyez est peut-être la cause.''' | ||
— Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas | — Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas | ||
− | Où vous voulez ? — Pas toujours, mais | + | Où vous voulez ? — Pas toujours, mais qu’importe ? |
— Il importe si bien, que de tous vos repas | — Il importe si bien, que de tous vos repas | ||
Je ne veux en aucune sorte, | Je ne veux en aucune sorte, | ||
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. | Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. | ||
− | Cela dit, maître Loup | + | Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.</poem> |
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|auteur=Jean de La Fontaine | |auteur=Jean de La Fontaine | ||
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<poem>« '''Ne faut-il que délibérer,''' | <poem>« '''Ne faut-il que délibérer,''' | ||
'''La Cour en Conseillers foisonne,''' | '''La Cour en Conseillers foisonne,''' | ||
− | '''Est-il besoin | + | '''Est-il besoin d’exécuter,''' |
− | ''' | + | '''L’on ne rencontre plus personne.''' »</poem> |
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|auteur=Jean de La Fontaine | |auteur=Jean de La Fontaine | ||
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|page=99}} | |page=99}} | ||
− | + | == Bibliographie == | |
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Version actuelle datée du 12 novembre 2024 à 14:59
Citations
« Certain Renard Gascon, d’autres disent Normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille
Des Raisins mûrs apparemment,
Et couverts d’une peau vermeille.
Le galand en eût fait volontiers un repas ;
Mais comme il n’y pouvait atteindre :
“Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.”
Fit-il pas mieux que de se plaindre ? »
« La Mort ne surprend point le sage ;
Il est toujours prêt à partir »
« Nous faisons cas du beau, nous méprisons l’utile ;
Et le beau souvent nous détruit. »
« L’homme est de glace aux vérités ;
Il est de feu pour les mensonges. »
« Un Loup n’avait que les os et la peau ;
Tant les Chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.
L’attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l’eût fait volontiers.
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
À se défendre hardiment.
Le Loup donc l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu’il admire.
Il ne tiendra qu’à vous, beau Sire,
D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? Rien d’assuré : point de franche lippée :
Tout à la pointe de l’épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin.
Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?
Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire ;
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse.
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
Qu’est-ce là ? lui dit-il. — Rien. — Quoi ? rien ? — Peu de chose.
— Mais encor ? — Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
— Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? — Pas toujours, mais qu’importe ?
— Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.
« Ne faut-il que délibérer,
La Cour en Conseillers foisonne,
Est-il besoin d’exécuter,
L’on ne rencontre plus personne. »
Bibliographie